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Les civils du Valenciennois dans la Grande Guerre 1914-1918
28 septembre 2018

Le 2 Novembre 1918 le drapeau canadien flotte sur la mairie.

 

     "Tôt le matin, le 2 novembre 1918, le 38e bataillon canadien, soutenu sur la droite par les troupes de 11ème Brigade qui passant au milieu de la 10e Brigade dans la nuit, et à gauche par le 72ème bataillon, traversa la ville jusqu'à sa limite Est.
Ce matin-là à dix heures, deux artilleurs canadiens, accompagnés de deux interprètes de français, ont grimpé dans la tour de l'Hôtel de Ville, amené le drapeau allemand et hissé le drapeau tricolore. Valenciennes était à nous."

(in JFB Livesay : Canada's hundred days)

     Le drapeau allemand n'a pas été détruit, c'est une prise de guerre comme le montre cette photo conservée par les Archives du Canada :

"The German flag which was taken down from the Hotel de Ville, Valenciennes, by some Canadian Artillery Officers". Nov. 1918."Drapeau allemand descendu de l'Hôtel de Ville par des officiers de l'artillerie Canadienne."

Il s'agissait du lieutenant Arthur Edward CHATWIN, MC. de la 14e brigade d'Artillerie de Campagne Canadienne, 58e batterie et du capitaine Wynn BAGNALL, MC. 14e brigade, 53e batterie.


3548 a003487-v8
Voir le sujet sur ce blog.

L'officier à droite (avec 3 clous sur son épaulette) est capitaine, et serait donc Wynn BAGNALL  :

BAGNALL W
(depuis le site Durham at war)

accompagné d'un militaire qui pourrait être CHATWIN, sans certitude. Voir sur mon autre blog sa citation pour la Military Cross.

Il semble que le drapeau français ait été hissé par l'un des interprètes français : Aubertin.

Il ne manquait plus qu'un drapeau aux couleurs des libérateurs, qui fut hissé juste après et qui est conservé au Musée Canadien de la Guerre sous le n° 19890086-409

flag

y est adjointe une étiquette :

tag

    "Ce drapeau a été réalisé par les citoyens de Valenciennes pour accueillir les Canadiens dans la ville. Ce fut le premier drapeau britannique qui ait été hissé au sommet de l'hotel de ville avec le drapeau français.
Il a été utilisé durant la réception de son Altesse Royale le Prince de Galles avec les généraux Horne, Currie et Watson ainsi que la 4e Division Canadienne qui a libéré la ville."

Hugh Crawford WALKEM Lt. Col, Commandant de la ville.

Le verso du drapeau porte sur l'ourlet du bas une inscription manuscrite à l'encre noire :

handwritten

 

Ce drapeau symbolise le Red Ensign Canadien, ancien drapeau du Canada -alors dominion britannique- en service de 1868 à 1921

re

 

Bien entendu l'Histoire, suivant les témoins, subit quelques variations :
Je compris également que le drapeau allemand de l’hôtel de ville avait été décroché à 10h10, qu’un jeune officier canadien avait grimpé pour attacher le drapeau tricolore à sa place, et qu’ensuite 2 interprètes français de la première brigade à être entrée dans la ville avaient hissé le drapeau britannique sur Valenciennes.

Sir Philip Armand Hamilton GIBBS pour le New York Times ( Voir l'article sur ce blog )

 

Victory parade, Fête de la délivrance

     Le 7 novembre, (voir ICI) le général Watson, commandant de la division qui s'est emparée heureusement de Valenciennes, et le Prince de Galles, arrivent en automobile.
La réception officielle peut commencer. La Municipalité présentera un drapeau français à titre de souvenir au Prince de Galles, et aux généraux Watson et Curie. Ces drapeaux (brodé aux armes de Valenciennes selon Thirioux, par les dames de Valenciennes dont l'épouse de Jules Billet faisant fonction de maire selon d'autres) porteront cette légende :

« La Ville de Valenciennes à ses libérateurs ».

      Effectivement, M. Damien remit à chacun des Généraux un diplôme, ainsi qu'un pavillon de soie aux couleurs françaises, sur lequel étaient peintes les armes de Valenciennes.

Des fleurs seront offertes par des enfants, petites filles et jeunes garçons, au Prince de Galles et aux autres généraux.
(in René Delame: mémoires)

 

 

Toujours à propos de drapeaux, et pour la petite histoire, René Delame raconte :

Le mot d'ordre était de faire le vide quand les Allemands donnaient un concert ou une fête quelconque, ce qui les exaspérait, et c'est pourquoi le Conseil ne se réunit pas le 7 janvier 1915, jour de la Fête du Roi de Bavière qui fut célébrée avec pompe.
La Mairie était décorée de drapeaux. Comme
il leur en manquait, les Allemands réquisitionnaient les drapeaux français pour les transformer. Lorsqu'ils se présentèrent à la Banque de France, M. Mathieu leur fit cette belle réponse :
« Le drapeau français ne se donne pas, il se prend sur le champ de bataille ».

 

 

 

 

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1 février 2017

Avant la fermeture totale du front

 

    Quand je dis simplement que Valenciennes a été occupée le 25 Août 1914 (soit 3 semaines après le début du conflit) et libérée le 2 novembre 1918 par les troupes Canadiennes, 4 ans, 2 mois et 8 jours plus tard soit après 1530 jours d'occupation, on pourrait imaginer une séparation des zones libre et occupée telle qu'on va la connaître ensuite, où de la mer du nord à la Suisse les tranchées se font face.

    Or dans les premiers temps, la situation n'est pas aussi figée qu'elle va le devenir : surgie du nord via la Belgique dont l'ennemi oublie qu'elle est neutre, la déferlante va s'étendre presque jusqu'à la capitale puis refluer quasiment à l'identique sur ce qui deviendra "le front", les deux adversaires découvrant ensuite qu'il reste une zone à combler à l'ouest, chacun tentant de déborder l'autre, dans ce qu'on appellera "la course à la mer". C'est alors seulement que le fameux front se révèle être une frontière infranchissable : il faudra attendre le 20 octobre 1914 soit quasiment deux mois pour que cette partie de France et de Belgique située globalement à l'ouest de Valenciennes subisse le même sort que les territoires déjà envahis et qui le sont restés.

    C'est ainsi que des villes comme Douai et Lille ont vu passer l'assaillant qui descendait du nord sur Paris, et ont ainsi eu l'impression d'être dans une zone épargnée par la guerre, puis l'ont vue revenir, avec une certaine incrédulité car les nouvelles qui leurs parvenaient de la capitale, propagande oblige, se voulaient rassurantes.

    J'ai décrit dans ce même blog l'odyssée et la fin tragique de l'abbé Augustin Delbecque, fusillé à Valenciennes le 17 septembre 1914, qui venait de faire -à vélo- l'aller-retour jusqu'à Dunkerque pour obtenir des consignes sur la conduite à tenir des hommes mobilisables qui se trouvaient en zone déjà occupée.

Source: Externe

    De même, l'odyssée du colonel Charlier, qui s'échappe de Maubeuge dont la place fortifiée capitule le 8 septembre 1914, lui permet de rejoindre Dunkerque le 11 septembre avec 300 hommes.

    On peut y ajouter le départ de mon grand-père maternel qui, "parti de Valenciennes le 21 Septembre 1914, a traversé les lignes allemandes pour se rendre à Beauvais (Oise) où il s'est présenté au Recrutement de cette ville le 2 octobre 1914. " Il est vrai qu'il avait à 37 ans reçu l'ordre ... d'attendre. Il sera absent 4 ans 3 mois 20 jours : il laisse sa femme et ses 4 filles nées en 1903, 1904, 1906 et le 25/06/1914.

    C'est donc bien qu'il y avait jusqu'à la fermeture complète de la ligne de front une toute relative possibilité de passage : en voici un autre exemple, raconté par René Delame.

     Dès les premiers jours de l'occupation, M. Léon Dreyfus, industriel, s'était mis à la disposition de M. Tauchon, Maire, pour s'occuper de diverses questions concernant, notamment, l'approvisionnement en farine.
Mais bientôt à ces occupations officielles, il allait en joindre d'autres d'un caractère différent.
Le 29 août 1914, circulant en ville il rencontra des jeunes gens, avenue de la Gare. Ceux-ci lui racontèrent qu'ils venaient de Lille et de Dunkerque, où on leur avait dit qu'ils pouvaient rentrer chez eux jusqu'à l'arrivée de leurs convocations militaires.
-Retournez là-bas de suite, leur dit Dreyfus, et prévenez vos camarades, car les Allemands arrêtent tous les jeunes gens et les enferment dans l'Église Notre-Dame en attendant de les envoyer en Allemagne.

Ce même jour, rentrant chez lui, il trouva une femme qui venait lui demander conseil.
Elle cachait son fils dans son grenier, de peur qu'il ne lui fût enlevé par les Allemands, mais elle craignait d'être dénoncée par une de ses voisines. Léon Dreyfus suivit la femme et s'efforça de convaincre sa voisine du danger de toute indiscrétion.
Puis il alla trouver le jeune homme dans sa cachette, rue de la Barre, et celui-ci lui exposa son désir de regagner la France non occupée. " Nous sommes, lui dit-il, plusieurs camarades dans le même cas, mais nous ne savons comment nous y prendre pour aller accomplir notre devoir en passant en France libre ".
Ému par cette situation, Léon Dreyfus lui promit de se renseigner sur les moyens de mettre ce projet de fuite à exécution.

Tandis que le jeune homme allait prévenir ses camarades et leur dire de se tenir prêts, Dreyfus se rendit chez le chef de gare des tramways de Saint-Amand à Hellemmes(1) . Là il apprit que le tramway qui partait à 13 heures chaque jour était exceptionnellement utilisé par les Allemands. Une seule fois il avait été arrêté par une patrouille qui avait interrogé les voyageurs, mais en général aucune enquête n'était faite pendant le trajet. Par contre le tramway de Valenciennes à Saint-Amand était très surveillé et seules les personnes munies d'un permis étaient autorisées à y monter.
Après avoir cherché les moyens les plus propres à éviter toute surprise, Léon Dreyfus et le chef de gare décidèrent de faire escorter le tramway d'Hellemmes par un cycliste qui le précéderait de 1 à 2 kilomètres et reviendrait alerter les voyageurs s'il apercevait une patrouille d'inspection.
Le dépôt de Lecelles fut chargé d'assurer ce service qui fonctionna régulièrement pendant tout le mois de septembre 1914.
Dès le lendemain de cette entrevue les jeunes protégés de Léon Dreyfus purent se mettre en route vers Saint-Vaast, Aubry, Wallers, Hasnon et Saint-Amand où un train leur permettrait de gagner Lille.

Telle fut la première évasion que favorisa Dreyfus.

(1) Cette ligne tramways à vapeur - ayant plutôt le caractère d'un chemin de fer départemental- à été exploitée par les Chemins de fer Economiques du Nord entre St Amand-les-Eaux et Hellemmes-lez-Lille de 1891 à 1933, longue de 32km, elle désservait :
la Gare de St Amand - Lecelles - Rumegies - Mouchin - Bachy - Cysoing - Bouvines - Sainghin - Lezennes - Hellemmes.

 Itinéraire

     Il n'était pas possible de sortir de Valenciennes sans autorisation, mais au-delà de St-Amand-les-Eaux (15 km), la surveillance était très relâchée (faute probablement de moyens humains), tandis que se déroulait la bataille de la Marne.

     Ainsi :

  • Douai, 35km à l'ouest de Valenciennes avait vu passer l'ennemi dans son mouvement vers Paris fin Août 1914, un petit nombre de soldats s'y étant installés pour un temps, mais ne sera occupé que lors de la retraite allemande, soit le 2 octobre 1914.
  • Lille, 50km au Nord-Ouest de Valenciennes, attaquée le 1er septembre 1914, sera une première fois investie la journée du 5, mais les Allemands continuent leur marche vers le sud, ceux-ci se représenteront comme pour Douai le 2 Septembre ; la ville sera sévèrement bombardée du 10 au 13 septembre, jour où l'ennemi entre dans la ville.
  • Dunkerque, où les autorités officielles avaient si peu conscience de la réalité au point de conseiller à des jeunes gens mobilisables de rentrer chez eux. Fin septembre, les ordres rapportés par l'abbé Delbecque et trouvés par les Allemands allaient dans le sens inverse.

     Pour bien marquer le niveau de méconnaissance, je reprend le récit de Delame au sujet de Léon Dreyfus :

Léon Dreyfus rencontrant M. Bouillon, conseiller municipal, apprit que trois artilleurs de Maubeuge étaient réfugiés rue Delsaux. Je me rendis avec eux à la cachette des soldats auxquels on procura des vêtements civils.
Mais sur ces entrefaites l'auto si utile aux transports en fraude des hommes avait été réquisitionnée ainsi que le chauffeur. Dreyfus obtint de Kintzel le 15 septembre, un laissez-passer pour Lille valable plusieurs jours, prétextant que la suppression de son auto rendait plus longues et plus difficiles les démarches nécessaires à l'approvisionnement de la ville.
   Et accompagné des artilleurs, il montait dans le tramway d'Hellemmes et débarquait le soir même à la Préfecture où M. Trépont, Préfet du Nord, sur les instances de notre concitoyen désireux de voir sa famille en France libre, l'autorisa à accompagner un courrier destiné au gouvernement Français, alors à Bordeaux.

     Le voyage devait se faire par Rouen et Le Mans. Ce trajet ne fut d'ailleurs pas sans incident. Signalés en cours de route nos voyageurs furent arrêtés à Mortain et obtinrent difficilement en pleine nuit d'être amenés devant un officier supérieur auquel ils purent montrer leurs papiers justificatifs et qui les relâcha avec excuses.

A Paris, Léon Dreyfus eut la surprise de constater que la population et même certains personnages officiels étaient dans une ignorance absolue de ce qui concernait les événements réels du front.
Ainsi, une personne à qui il parlait de la reddition de Maubeuge, lui conseilla avec indignation de s'abstenir de propager de fausses nouvelles. Même dans les milieux politiques les nouvelles arrivaient filtrées ; Dreyfus put le constater lors d'une visite à M. Mascuraud, récemment revenu de Bordeaux, dégoûté de la vie facile et scandaleuse qu'on y menait malgré la guerre.
Au cercle Républicain, où se trouvaient cependant quelques embusqués assez bien accueillis, notre concitoyen fut très froidement reçu, sa sortie des lignes ennemies demeurait incompréhensible aux Parisiens ignorant des conditions de la vie en France occupée.
Enfin, aux Invalides, où siégeaient les représentants du Gouvernement, l'optimisme régnait en maître. " Rentrez à Valenciennes, lui dit-on, dans trois jours les Français auront chassé les Boches " !
C'est une réponse analogue que m'avait faite le Préfet du Nord lorsque je lui avais conseillé de faire évacuer avant l'entrée des Allemands à Lille, les jeunes gens, les fonds de Banque, les autos, etc...

Heureux de ces nouvelles quasi officielles, Léon Dreyfus, joyeux, fit ses adieux à sa femme et à ses enfants, qu'il quitta pour retourner à Valenciennes "voir la rentrée triomphale de nos troupes ! ".
Grâce à un de ses amis, Ingénieur à la Compagnie du Nord, le voyage en France fut facile. Un train passant par Calais l'amenait à Lille, le 21 septembre, à une heure du matin. Tout le long de la route, la joie, l'enthousiasme des officiers et soldats français confirmaient les bonnes nouvelles données à Paris. Après quelques heures de repos à Lille, Léon repartait à 5 heures du matin pour Hellemmes où le tramway fonctionnait, toujours peu surveillé jusqu'à Saint-Amand.
Ce même jour à 16 heures, je me trouvais à Saint-Amand avec M.Turbot, qui y organisait le service postal, quand Dreyfus descendit du tramway tout heureux de nous annoncer les bonnes nouvelles de Paris.
Hélas ! Quelle désillusion pour notre ami, lorsque nous lui exposâmes les faits réels, bien différents des espérances gouvernementales.
Les Allemands s'installaient plus que jamais dans la région, et leur force ne paraissait absolument pas diminuer.

La suite de l'Histoire de Léon Dreyfus


     Dans un autre épisode, René Delame avait effectivement reçu de la part du Préfet du Nord à Lille une réponse montrant à quel point celui-ci méconnaissait la réalité :

     "En arrivant à Cysoing [le 15 septembre] la population nous regardait avec effroi, je m'aperçus seulement alors que j'avais oublié d'enlever le drapeau blanc et le drapeau allemand qu'avait exigé le Commandant Kintzel pour traverser les lignes.
Lille était en fête pour l'arrivée des Anglais. Dès notre arrivée nous nous rendons directement à la Préfecture où M. Trépont nous reçoit. Après l'avoir mis au courant de la situation, M. Durre [député du Nord] lui demande si nous pouvons compter sur la somme de 500.000 francs, pour sauver notre maire M. Tauchon.
Sa réponse ne se fit pas attendre, il refusait tout subside pour les Allemands, même s'ils devaient nous éviter les représailles.

     Ne pouvant rien obtenir, avant de le quitter, nous lui fîmes part de nos craintes, Lille devant bientôt avoir le même sort que Valenciennes. Nous lui conseillâmes de prendre ses dispositions pour faire partir les jeunes gens, les banques, les autos, etc...
Mais le préfet loin d'approuver ma manière de voir me dit:
«- Je vous défends de jeter la panique dans la population et de répandre ce bruit; dans 48 heures Valenciennes sera délivrée.
Je vais d'ailleurs faire démobiliser votre Sous-Préfet M. Cauwes pour qu'il reprenne son poste
«- Je souhaite que les circonstances vous donnent raison, lui répondis-je mais si vous aviez été témoin de l'invasion vous ne raisonneriez pas de la sorte" (voir cette page du blog)
Le sous-préfet Cauwes ne rejoindra Valenciennes qu'en décembre 1914, mais ne sera pas accepté par les autorités allemandes qui maintiendront le maire comme faisant-fonction ( il avait refusé la nomination).

 

     Pour illustrer les mouvements des deux belligérants, voici une animation pour la période du 25 août au 20 octobre 1914.
Elle a été réalisée à l'aide des cartes en grand format que vous retrouverez sur le site carto1418 qui positionne les unités combattantes sur le front jour par jour. La ville de Valenciennes est matérialisée par la tache sombre, et malgré les apparences n'a pas été abandonnée par la première armée allemande qui était intégrée au mouvement dirigé vers Paris. C'est ensuite la 6e armée située du coté de Sarrebourg et venue se joindre fin septembre au mouvement dit de "course à la mer", qui occupera définitivement ce secteur.

Cliquer sur l'image
pour une version plus grande (12Mo)
puis clic-droit pour taille réelle

Source: Externe

 

     La carte suivante présente les positions cumulées des armées allemandes du 25 août au 30 septembre, entre l'arrivée à Valenciennes et le retour sur les mêmes positions, avant la course à la mer.  La petite tache bleue à l'est de Valenciennes situe Maubeuge qui capitule le 8 septembre, et qui jusque-là retardait le 7e corps d'armée de réserve allemand..

pile05b
Merci à jmm pour ses cartes

 

    On comprend mieux le sentiment de sécurité qui prévalait à Lille,  ...... jusqu'au siège du 3 au 13 octobre 1914 et son intense bombardement.

 

    Dans le Journal Officiel du 27 Août 1914, la vie semble continuer normalement, puisque l'on y trouve les différentes subventions pour les consultations des nourrissons. Les sommes sont en francs 1914 (multiplier par 3,2 pour un équivalent en euros 2018). Les villes déjà occupées - dont Valenciennes- auraient bien eu besoin de ces subsides ....

JORF 19140827

 

 

22 avril 2017

Civils des territoires occupés : Ont bien mérité du pays.

 

Légion d'honneur attribuée à titre posthume, victimes civiles : 1922, 1923, 1924

 


Décret de 1922

MINISTÈRE DE L'INTERIEUR

 Par décrets du Président de la République en date du 2 Août et 16 septembre 1922,
  Vu les déclarations du conseil de l'ordre en date des 17 juillet et 2septembre 1922, portant que les promotions faites aux termes des présents décrets n'ont rien de contraire aux lois, décrets et règlements en vigueur ;
  Vu l'article 2 de la loi du 16 août 1920 ;
  Sur la proposition du ministre de l'intérieur,

  Sont nommés, à titre posthume, au grade de chevalier de l'ordre national de la Légion d'honneur :

 

   Suit une liste de noms avec les raisons d'attribution ; je ne fais que citer les noms, professions, villes et date de décès, les faits décrits sont visibles au Journal Officiel du 26/09/1922, (pp 9698 et 9699). A une exception près ce sont des habitants de l'Aisne.

 

  • M. Denoyon (Anatole-Alexis), conseiller d'arrondissement de Coucy-le-Château (Aisne). 25/12/1914.
  • M. Michel (Auguste-Charles), commandant de sapeurs-pompiers de Vailly (Aisne). 30/10/1914.
  • M. Desjardins (Jules), maire de Renoncourt (Aisne). après mars 1917.
  • M. Pechenard (Pierre-Louis), évêque de Soissons (Aisne). 25/10/1920.
  • M. Roquin (Daniel-Paul-Eugène), maire de Coucy le Château (Aisne). 16/01/1917.
  • M. Gladieux (Charles), employé de commerce à Vaux-Andigny (Aisne). 16/10/1918.
  • Mme Drubigny (Thérèse-Isalie), née Defer, cultivatrice à la Hérie (Aisne).01/03/1919.
  • M. Demoulin (Félicien-Emile), employé de chemins de fer à Chauny (Aisne). 13/07/1918.
  • M. Lemaire (Donation-Edouard dit Antony), propriétaire à Dizy-le-Gros (Aisne). 25/03/1918. (Cf otage Lithuanie)
  • M. Plateau (Auguste-Brice), conseiller municipal de Connigis (Aisne) (y né). Fusillé en 1914. (Le JO et la base Léonore disent "à Lannoy-Aisne' je ne l'ai trouvé nulle part.)
  • M. Letombe (Ernest-Louis), curé de Martigny, canton de Craonne (Aisne). 09/01/1919.
  • M. Leguery (Edouard-Gustave-Adolphe), Maréchal ferrant à Chouy (Aisne). 11/09/1914.
  • Mme Leblon, née Lefebvre (Flavie-Clémence), rentière à Saint-Martin-Rivière (Aisne). sd. (notée comme internée à Milejgany. Il n'y eut jamais de femme. Probablement Holzminden)(Cf otage Lithuanie)
  • M. Fricoteaux (Aristide-Eugène), maire de Anguilcourt-le-Sart (Aisne). sd. voir
  • M. Evrard (Henri-Emilien, dit Auguste), cultivateur A Anguilcourt-le-Sart (Aisne). 14/03/1916. voir
  • M. Derbois (Auguste Alphonse-Alexandre), garde champêtre à Anguilcourt-le-Sart (Aisne). 14/03/1916. voir
  • M. Bleuze (François-Achille, dit Alexandre), propriétaire herbager à Laigny (Aisne). 08/03/1916.
  • M. Cambray (Désiré), ouvrier de scierie à Pierremande (Aisne). 04/09/1917.
  • M. Baillia (Nicolas), demeurant à la Malmaison (Aisne). 15/07/1917
  • M. Watin (Adrien-André-Joseph), charpentier à Vaurexis (Aisne). 18/09/1914.
  • M. Watin (Léon-André), demeurant à, Vaurexis (Aisne). 18/09/1914.
  • M. Tourolle (Joseph-Cyrille-Adolphe), apprenti maçon, à Parfondeval (Aisne). 08/11/1918.
  • M. Oudelet (André-Clément), garçon boulanger à Monceau-les-Leups (Aisne). 15/04/1918. (voir)
  • M. Lebeau (Joseph-Donat), mécanicien à Chalandry (Aisne). 01/09/1914.
  • M. Fossier (Félix-Alexandre), maire de la Malmaison (Aisne). sd.
  • M. Caron (François, dit Victor), cultivateur à Vaurezis (Aisne). 18/09/1914.
  • M. Bonnaire (Charles), garde-champêtre à Festieux (Aisne). 13/04/1917.
  • M. Adam (Charles-Léon), garçon boulanger à Monceau-les-Leups (Aisne). 16/04/1918. (voir)
  • M. Winsback, pharmacien à Briey (Meurthe-et-Moselle). 21/08/1914.

 

 

 


Décret de 1923

MINISTÈRE DE L'INTERIEUR

  Par décret du Président de la République en date du 21 septembre 1923,
  Vu les déclarations du conseil de l'ordre en date des 6 mai, 9 août, 6 octobre 1922 et 25 août 1923, portant que les promotions faites aux termes du dit décret n'ont rien de contraire aux lois, décrets et règlements en vigueur ;
  Vu l'article 2 de la loi du 16 août 1920, complété par la loi du 14 avril 1923 ;
  Sur la proposition du ministre de l'intérieur,

  Sont promues ou nommées à titre posthume dans l'ordre national de la Légion d'honneur, les personnes ci-après désignées, décédées antérieurement au 16 août 1920 qui ont bien mérité du pays au cours de la guerre pendant l'occupation ennemie dans les régions envahies.

 

Le JORF

(pp 9900 à 9903) disponible sur Gallica n'est malheureusement pas suffisamment bien imprimé pour permettre une publication en version texte, en voici donc la liste des 397 noms, sachant que le texte original fait apparaître prénoms et communes, répartis par départements ayant connu l'occupation : 

Aisne (18 noms), Ardennes (29 noms), Marne (40 noms), Meurthe-et-Moselle (19 noms), Meuse (46 noms), Nord (203 noms), Oise (6 noms), Pas-de-Calais (7 noms), Seine-et-Marne (12 noms), Somme (10 noms), Vosges (2 noms).

 carte france front dep

 

    Cependant il y eut des oublis dans le décret de 1923, les 24 nominations parurent un an plus tard, avec le décret, énoncé de la même façon, du 7 décembre 1924. Il rectifie par exemple l'oubli de 3 des 13 civils de 9 à 86 ans (tous titulaires de la Légion d'honneur à titre posthume) assassinés par l'envahisseur à Crévecoeur-sur-Escaut le 27/08/1914. Le récit est disponible dans la revue Cambrésis terre d'histoire n°10, ainsi que dans le n°70, plus récent. J'avais détaillé ceux-ci dans une autre page de ce blog.

 
civils crévecoeur
Monument aux morts de Crévecoeur-sur-Escaut.

 

   Parmi les noms ci-dessous certains ont fait l'objet d'un développement sur ce blog, soit personnellement, soit dans une page plus générale, comme les victimes de Quérénaing du 25 aût 1914. Cette liste n'est bien entendu pas exhaustive des victimes de l'invasion.

 


Décret de 1923

  • AISNE
    • Au grade de chevalier : (18 noms)
      M. l'abbé DEGARDIN
      M. ANGUET, charpentier
      M. BOUDEVILLE Alfred, cultivateur
      M. BOUDEVILLE Pr., cultivateur
      M. DUPRESSOIR, cultivateur
      M. LOREAU, cultivateur
      M. PARIS, cultivateur
      M. VARQUIN, étudiant
      M. MARTIN, Instituteur
      M. LEFÈVRE, maire
      M. MAGNIER, maire
      M. POUTRE, maire
      M. RILLART DE VERNEUIL, maire
      M. CORNAT, manouvrier
      M. DUMÉNIL, manouvrier
      M. HEULLE, manouvrier
      M. BLEUZE, maréchal
      M. THILLOIS, rentier

 

  • ARDENNES
    • Au grade d'officier : (1 noms)
      M. BAUDELOT, commandant en retraite

    • Au grade de chevalier : (28 noms)
      M. l'abbé AUFFRAY
      M. l'abbé BOURGUIGNON
      M. l'abbé VUIBERT
      M. BONNEVILLE, cultivateur
      M. BOURSE, juge de paix
      M. CARBON, cultivateur
      M. CONDOINT, industriel
      M. DELBECK, maire
      M. FRÉAL, maire
      M. GEORGE, agent général d'assurances
      M. JACQUEMIN, industriel
      M. JAMEIN, notaire
      M. JONET, rentier
      M. LALLE, marchand de moutons
      M. LAROCHE, professeur
      M. LECAT, commissaire de police
      M. MANGON, industriel
      M. MAUS, ouvrier
      M. MORIGNY, commerçant
      M. MULOT, rentier
      M. NEOILLES, adjoint
      M. OGRE, retraité
      M. PIRON, cultivateur
      M. RATEAU, cultivateur
      M. REGNERY, filateur
      M. VAUTHIER, pharmacien
      M. VISSEAUX, maire
      Mme COUSIN née DUMONT

 

  • MARNE
    • Au grade de chevalier : (40 noms)
      M. ADAM, cantonnier
      M. BEDEL, cultivateur
      M. BOCQUILLON, manouvrier
      M. BOUCQUEMONT, cultivateurs
      M. BROCHOT, agriculteur
      M. BRULFERT, garde champêtre
      M. CANUS, agriculteur
      M. CANUS, ouvrier agricole
      M. COURGIBERT, propriétaire
      M. DÉCÈS, cultivateur
      M. DESPEZELIE, agriculteur
      M. FÉLIX, cultivateur
      M. FONTAINE, cultivateur
      M. GARNIER, journalier
      M. HENRIET, rentier
      M. HENRY, garde champêtre
      M. JACQUET, berger
      M. JAQUIN, adjoint au maire de Reims
      M. JONIOT, rentier à Neuvy
      M. LABARRE, cultivateur
      M. LAPLAIGE, cultivateur
      M. LAURENDEAU, manouvrier
      M. LEFÈVRE, caissier
      M. LEMOINE, cultivateur
      M. LOIR, cultivateur
      M. LOUVET, rentier
      M. MARTIN, retraité
      M. MARTIN A., cultivateur
      M. MARTIN L., cultivateur
      M. MARTIN R., cultivateur
      M. PHLLIPPON, maçon
      M. PRIEUR, cultivateur
      M. RENÉ, cultivateur
      M. ROGE, cultivateur
      M. SAVRY, scieur de long
      M. THOMAS, vigneron
      M. TRUFFAUT, manouvrier
      M. VERDIER, manouvrier
      Mlle BOUCHE
      Mme LHEUREUX née LECOMTE, journalière

 

  • MEURTHE-ET-MOSELLE
    • Au grade de chevalier : (19 noms)
      M. BAJOLET, maire
      M. BERTRAND, cultivateur
      M. CHENIQUE, cultivateur
      M. DURAND, receveur buraliste
      M. ERARD, cultivateur
      M. FAYOU, cultivateur
      M. GEORGES, cultivateur
      M. HIBLOT, chef magasinier
      M. HOTTIER, maire
      M. HUMBERT, notaire
      M. JACQUOT, camionneur
      M. LALLEMENT, cultivateur
      M. MAHY, commerçant
      M. MARIAS, prêtre
      M. NORRE, maçon
      M. PLÉCIS, retraité
      M. ROUSSELOT, maire
      M. VEILLON, maire
      M. VOUAUX, professeur

 

  • MEUSE
    • Au grade de chevalier : (46 noms)
      M. AGAGNE, cultivateur
      M. AUBIAT, garde champêtre
      M. BASTIEN, juge de paix
      M. BEAUDIER, cultivateur
      M. BOUCHE, journalier
      M. BOURGEOIS, cultivateur
      M. BRICLOT, cordonnier
      M. BRICLOT, bonnetier
      M. BRIY, journalier
      M. BROQUARD
      M. CHABOREL, cultivateur
      M. CHEVALIER
      M. CHOPINET, cultivateur
      M. COCLICNET, cultivateur
      M. COLLIGNON
      M. COMMENIL, marchand de bois
      M. FRANÇOIS
      M. GUINARD
      M. HENNEQUIN, menuisier
      M. JACQUEMART, cultivateur
      M. LAMBERT, cultivateur
      M. LECOURTIER, cultivateur
      M. LEGLAYE, manouvrier
      M. LEMOINE
      M. LEMOINE fils
      M. LEMOINE père
      M. MAURICE, manouvrier
      M. MEUNIER, journalier
      M. MICHEL, Jardinier
      M. PAQUIER
      M. PÉRICHON, jardinier
      M. PÉRIN
      M. PERRIN, dessinateur
      M. PIERRE
      M. PIERRON, charron
      M. POULAIN
      M. RAIWORT, cultivateur
      M. RAYER, manouvrier
      M. RENAUDIN
      M. SCHNECK, sculpteur
      M. SIVRY
      M. TABOURET, sculpteur
      M. THARCYS, cultivateur
      M. TOUSSAINT, cultivateur
      M. TOUSSAINT, directeur d'école
      Mme veuve HUTIN née VINSARD, cultivatrice

 

  • NORD
    • Au grade d'officier : (5 noms)
      M. BERTRAND, professeur
      M. BOSQUET, président de chambre à la cour d'appel de Douai
      M. BUISINE, professeur
      M. DUBUE, inspecteur d'académie
      M. FEBVRET, président de chambre à la cour d'appel de Douai

    • Au grade de chevalier : (203 noms)
      M. l'abbé BEHEYDT
      M. l'abbé DELESALLE
      M. l'abbé BOGAERT
      M. BAERT, maire
      M. BARBARE, chauffeur
      M. BARDOUX, commerçant
      M. BARROIS, professeur
      M. BASUYEAU
      M. BAUDRUPT, journalier
      M. BEAUCHÊNE, jardinier
      M. BEAUVILLAIN, tisseur
      M. BILLEAU, journalier
      M. BILLIAU, commissaire de police
      M. BINTEIN
      M. BLANCKE
      M. BLANQUART, adjoint
      M. BLAREAU, journalier
      M. BLAS, cultivateur
      M. BLEUSE, ouvrier métallurgiste
      M. BOCQUET, négociant
      M. BOS
      M. BOUCHARD, conducteur de train
      M. BOUCLY (écrit Bouchy), cantonnier
      M. BOUCQUILLON
      M. BOUDRUT
      M. BOURLET
      M. BRACQ
      M. BRASSEUR
      M. BRASSEUR, agriculteur
      M. BRASSEUR, cordonnier
      M. BRICOUT (écrit Bricourt), négociant
      M. BRIEX, pharmacien
      M. BUISINE, professeur
      M. BULTEZ, ouvrier d'usine
      M. BULTEZ, usinier
      M. CAILLE, négociant
      M. CAMBIER
      M. CANONNE, cultivateur
      M. CAPRON, employé
      M. CARLIER
      M. CARON, professeur d'équitation
      M. CATEAU
      M. CAZER, verrier
      M. CHAMBEAU, juge d'instruction
      M. CLOES, propriétaire
      M. COINCHON, journalier
      M. COPPENS, homme de peine
      M. COQUELET, étudiant
      M. COUDEUR, journalier
      M. COUDOUX, ajusteur
      M. CRÉPIN, cafetier
      M. CUVELLER, chiffonnier
      M. DACHET, tisseur
      M. DANGRE, employé
      M. DANVEAUX, ouvrier tisserand
      M. DAPVRIL
      M. DE ROUCY, maire
      M. DEBIÈVE, garçon brasseur
      M. DECONINCK
      M. DEHAYE, tailleur d'habits
      M. DELANNOY
      M. DELNARDE, cultivateur
      M. DELOFFRE (Marcelin), entrepreneur de maçonnerie à Le Cateau
      M. DELOS, propriétaire
      M. DELTOUR, cultivateur
      M. DERMY, cordonnier
      M. DEMON, cultivateur
      M. DEMORY, mineur
      M. DEMOULIN, mécanicien
      M. DENARTRES
      M. DENOYELLE, journalier
      M. DEPUYDT, ouvrier agricole
      M. DEVRETZ, cultivateur
      M. DHOINE
      M. DISSART, conseiller à la Cour d'appel de Douai
      M. DRAPIER, journalier
      M. DRECQ, cultivateur
      M. DRECQ, domestique
      M. DRUMEZ
      M. DUJARDIN, mineur
      M. DUMONT, cultivateur
      M. DUQUENNE, mouleur
      M. DUREZ, cultivateur
      M. DUROT
      M. EVRARD, cordonnier
      M. FLAMENT, ecclésiastique
      M. FONTAINE, cultivateur
      M. FONTENELLE, verrier
      M. FOSTIER, adjoint
      M. FREMEAUX, domestique
      M. FRÈRE, étudiant
      M. FRIXON, directeur d'école
      M. GABELLE, rentier
      M. GABET, forgeron
      M. GALLIEX, journalier
      M. GHARTIER, retraité
      M. GHESQUIÈRE, député
      M. GIAGNET, agriculteur
      M. GILLES, cultivateur
      M. GLACET, domestiques de ferme
      M. GOSSE (Joseph Anselme), cultivateur à Catillon
      M. GRACY, propriétaire
      M. GRÉSILLON, ouvrier agricole
      M. GRESSIER, cantonnier
      M. GRONIAU, cultivateur
      M. GUICHARD, bâtonnier des avocats du barreau de Lille
      M. HANNECART, ajusteur
      M. HAPPE
      M. HARDY, propriétaire
      M. HARICHEZ, maire
      M. HAVEZ, usinier
      M. HENNEBERT, ajusteur
      M. HENRY, journalier
      M. HENRY, ouvrier d'usine
      M. HERBAU, garçon meunier
      M. HERMAN, négociant
      M. HUVELLE, journalier
      M. JACQUET, journalier
      M. JUMAUX, ouvrier agricole
      M. LACROIX, commissaire de police
      M. LADRIÈRE, maître maçon
      M. LALART, commerçant
      M. LALLIER (Henri), comptable à Le Cateau
      M. LALYSSE, employé
      M. LAMBILLIOTE, médecin
      M. LANCELIN, mineur
      M. LEBEAU, blanchisseur
      M. LECOMTE, journalier
      M. LECRU, cordonnier
      M. LEDIEU-SARSY, menuisier
      M. LEDUC, tisseur
      M. LEGRAND
      M. LEJEUNE, commerçant
      M. LEROY, commissaire de police
      M. LESAGE
      M. L'HOMME (Vital Louis Alfred), pharmacien à Le Cateau
      M. MAILLOT
      M. MAIRESSE, usinier
      M. MARCHAND
      M. MARCHAND, employé
      M. MARÉCHAL
      M. MARLIÈRE, mineur
      M. MARTINIE, ouvrier maçon
      M. MASCAUX, brasseur
      M. MASSE, garde particulier
      M. MÉRESSE
      M. MEURISSE
      M. MICHAUX
      M. MICHAUX, industriel
      M. MONIER, journalier
      M. MONNECLAY, maire
      M. MOREAU, ouvrier agricole
      M. MOREAU, président du tribunal civil de Cambrai
      M. MOSSION, commissaire de police
      M. PAGNIEN (Alfred), employé, de Wasquehal
      M. PAMART, domestique de ferme
      M. PARSIS, chef de train
      M. PARSY, conducteur de train
      M. PERRON, fonctionnaire
      M. PIQUE, tailleur de grès
      M. PRÉAUX A., ajusteur
      M. PRÉAUX O.
      M. PREVOT, brasseur
      M. PROUVOST, industriel
      M. RAGOT, journalier
      M. RÉMY, cheminot
      M. ROSE, commerçant
      M. ROUSSEAU
      M. ROUSSELIE, boulanger
      M. RUFFIN, journalier
      M. SALONE, notaire
      M. SÉPULCHRE
      M. TAMBOISE, cultivateur
      M. TELLIEZ, journalier
      M. THIRLON, fonctionnaire
      M. TOUCHART-DELILLE, chauffeur-mécanicien
      M. TRIBOU, chauffeur
      M. TRICOTTEAUX, journalier
      M. VANQUATHEM, entrepreneur
      M. VINCENT, docteur en médecine
      M. VITASSE fils
      M. VITASSE père
      M. VITRANT
      M. WAYMEL, brasseur
      Mlle CAGNARD (Louise Aimable), répétitrice au collège Fénelon à Cambrai
      Mlle DACQMINE (Palmyre Hélène), doubleuse à Croix
      Mlle DE VEIRMAN (Pauline), ouvrière de filature à Lille
      Mlle DEDOURGE (Julie), domestique à Lesquin
      Mlle LEMOINE Henriette (née en 1905), ménagère à Crévecoeur-sur-Escaut
      Mlle POREZ (Thérèse)
      Mme BOONE née RENNERIE (Clémence Virginie), cabaretière
      Mme BOSSUYT née DANEL (Georgina), agricultrice
      Mme BOURGANNOT née DANHIEZ Clarice Joseph)
      Mme CORETTE née DUFRESNOY (Rosalie), ménagère à Crévecoeur-sur-Escaut
      Mme DISPA née DEMARCQ (Léonie), ménagère à Roubaix
      Mme FOSTIER née BAYARD (Marceline)
      Mme GILLES née Bourgonnot (Aurélie), cultivatrice
      Mme GOSSE née LENAIN (Clémence Justine), cultivatrice à Catillon
      Mme LAFRANCE née LACROIX (Flore Juliette)
      Mme LENQUETTE née MOTTE CLÉOPHA, journalière
      Mme MICHAUX née DENOYELLE (Clémence Augustine Joseph), ménagère à Crévecoeur-sur-Escaut
      Mme Vve HEYNDRICK née BOSSUT (Clémence Thérèse Pauline)
      Mme WASSELIL née DESHAYES (Clémence)*

 

  • OISE
    • Au grade de chevalier : (6 noms)
      M. DHOTEL, manouvrier
      M. LABICHE, manouvrier
      M. LECOMTE, manouvrier
      M. LERÈVRE, cultivateur
      M. PICART, cultivateur
      Mme JASENNÉ née FASSEUR, ménagère

 

  • PAS-DE-CALAIS
    • Au grade de chevalier : (7 noms)
      M. BUQUET
      M. LEMAÎTRE, médecin
      M. MICHEL
      M. SAINTLÉGER
      M. VICART, ouvrier d'usine
      M. WACQUEZ
      M. WALLECAN

 

  • SEINE-ET-MARNE
    • Au grade de chevalier : (12 noms)
      M. l'abbé FOSSIN
      M. COMBE, quincaillier
      M. DENIS, ouvrier agricole
      M. JOURDAINE, serrurier
      M. LEBEL, cultivateur
      M. LERICHE, cultivateur
      M. LIÉVIN ÉPICIER
      M. MENIL, cultivateur
      M. MILLARDET, peintre en bâtiment
      M. TERRE, coiffeur
      M. VAPAILLE, cultivateur
      Mme Vve CHOSSELAIR née BIZET, rentière

 

  • SOMME
    • Au grade de chevalier : (10 noms)
      M. l'abbé CARON
      M. l'abbé VILBERT
      M. BARBIER, cultivateur
      M. GELLE, maire
      M. JAZETS
      M. LAMARE
      M. LEQUAI-POURCHELLE, adjoint
      M. MERCIER, cultivateur
      M. PAILLARD, commissaire de police
      M. SOUSTRE, employé

 

  • VOSGES
    • Au grade de chevalier : (2 noms)
      M. ANTOINE
      M. FRANÇOIS


 
 
Décret de 1924 

  • ARDENNES
    • Au grade de chevalier : (1 nom)
      M. TAVERNIER (Nicolas Prosper), garde champêtre à Petites Armoises

 

  • MARNE
    • Au grade de chevalier : (1 nom)
      M. CRAPART (Albert Louis), cultivateur à Rieux

 

  • NORD
    • Au grade de chevalier : (22 noms)
      M. BEAUVOIS (Nicolas), ouvrier tisseur à Rieux
      M. BLAMPAIN (Napoléon), lamineur à Quérénaing
      M. CORETTE (Victor), journalier à Crévecoeur-sur-Escaut
      M. DUFRESNOY (Jean Baptiste), journalier à Crévecoeur-sur-Escaut
      M. FIERQUIN (Paul), ouvrier d'usine à Hautmont
      M. GHIENNE (Jean Baptiste), ouvrier maçon à Escaudœuvres
      M. HENNION (Jean Baptiste), bourrelier à Sautes
      M. HENNION (Pierre), veilleur d'usine à Lys-les-Lannoy
      M. LEBEAU (Alphonse Jean Baptiste), blanchisseur à Lys-les-Lannoy
      M. LEGRAND (Henri Fernand Joseph), processeur délégué à l'école supérieure de Valenciennes
      M. LEPERS (Désiré Louis), demeurant à Linselles
      M. LEPERS (Louis Désiré), cultivateur à Linselles
      M. MAISONGROSSE (Joseph Bernardin), employé des P. T. T. à Tourcoing
      M. MARLOT (Léon François Florimond), employé à Roubaix
      M. PRÉVOST (Ernest), herbager à Larouillies
      M. SALEMBIER (Floris Casimir Louis), ouvrier fileur à Lys-les-Lannoy
      M. SAMAIN (Gaston Renold), demeurant à Maubeuge
      M. SPEDER (Pierre Guillaume), directeur d'école primaire en retraite demeurant à Tourcoing
      M. THUILLEZ (Pierre Joseph Henri), garde champêtre à Rieux
      M. VANDECAPELLE (Emile Joseph), demeurant à Quesnoy-sur-Deûle
      M. VAUTIER (Louis François), comptable à Maubeuge
      Mme DUFRESNOY née CORBEAUX (Flore), demeurant à Crévecoeur-sur-Escaut

 Voir à leur sujet cette autre page de ce blog.

 

 

 

28 juin 2017

Otages en Lithuanie (II)

 

<< Ière partie                                                                                                  IIIe partie >>

 

   Les registres de la Croix-Rouge contiennent une liste de 989 noms établie le 20 février 1918 : 593 hommes et 396 femmes, otages venus de France occupée, déportés en Russie occupée et vers Holzminden, en représailles des Alsaciens détenus (en France non occupée) :

229b

     Est-ce le nombre exact de déportés, alors qu'on cite généralement 600 hommes (pour la Lithuanie) et 400 femmes (pour Holzminden) ?? Il semble pourtant que cette liste tienne compte des morts - en route ou sur place - comme par exemple Emile BAUDELOT, de Vrigne au Bois (Ardennes), le premier à décéder -dans le train- à Hohensalsa le 8 janvier 1918. Malgré l'acharnement de l'occupant à respecter les nombres prévus, (compter et recompter n'est pas une légende, non plus dans les camps de la guerre suivante) remplaçant ceux qui ne pouvaient embarquer par d'autres otages, c'est probablement le nombre le plus exact.

 

   Les pages sont disponibles à cette adresse sur le site du CICR, cote Civ 7781 à Civ 7799. Je n'ai relevé ci-dessous que quelques noms déjà cités et/ou du Valenciennois pour montrer la concordance :

Chez les hommes :

  • Civ 7783 St.Amand(-les-Eaux) : BARBIEUX Emile, NONON Paul, BOUCHART Charles, DUCATILLON Clément, DAVAINE Jean, HUMBERT Camille, MOUTIEZ Louis.
  • Civ 7789 BRUYRE Paul & D'HAUSSY Georges d'Artres, HARPIGNIES Maurice de Famars, CARPENTIER Aubert de Préseau, LECERF Arsène de Maing.
  • Civ 7790 Valenciennes : GRAVIS Henri, DUPONT de St.OUEN Fernand, LESQUESNE Charles, LEST Victor, GIRAULT Alexandre, EWBANK Georges, TROMONT Charles.

Chez les femmes :

  • Civ 7793 St.Amand(-les-Eaux) : DAVAINE Rose, BARBIEUX Emilie, LEFEBVRE Adèle, REOL Gabrièle.
  • Civ 7798 Valenciennes : GRAVIES Blanche, REGARD Eugénie, MEURIN Augustine.

  

  Le livre d'Émile FERRÉ "Nos étapes de représailles en Lithuanie", illustré par Charles MARIAGE et publié à Lille dans les années 1920 permet de découvrir des croquis des lieux et de reconstituer les parcours : ( voir la Ière partie  )

  • Arrivée à Żośle (lituanien : Žasliai; polonais : Zoszle)
         Venant de Kaunas (en polonais Kowno, en allemand Kauen) le train des otages arrive en gare de Koshedari (en lituanien Kaišiadorys, Koszedary en polonais, Кошедары en russe) et continue sur Zosle, où nul n'est prévenu de leur arrivée, le train repart donc pour Koschedary et revient le lendemain à Zosle, les passagers ayant passé la nuit dans le train sans nourriture.

    K-Z

  • De Żośle à Milejgany (lituanien : Mijaugonys, village de la commune d'Elektrenai) :
         Ferré parle de la plus terrible tempête de neige qu'il soit possible d'imaginer même en Russie, le 12 janvier 1918 à 9h1/2, les otages entament une marche de 4,5km selon les précisions apportées (voir le sujet "otages en lithuanie III").

    Zosle gare - Grange


        Une route probable en respectant la distance sur carte d'époque est en rouge. Comparer avec le même chemin sur la carte moderne ; la route 143 n'existait pas alors. On arrive à "Kalniniai Mijaugonys " (Haut Milejgany (?) par opposition à Kloniniai Mijaugonys qui se trouve de l'autre coté de l'autoroute A1). A noter que la forêt était moins étendue, seule la parcelle 18 existait.

        Faute de camp prévu pour les loger, ceux-ci furent forcés d'occuper une grange et un bâtiment attenant ouverts à tous les vents par un froid tel qu'ont connu les soldats de la Grande Armée, passée de Kowno à Vilna en juin 1812, et y repassant en décembre de la même année lors de la "retraite de Russie". Les Mémoires du Sergent Adrien Jean-Baptiste François BOURGOGNE, (12/11/1785, Condé-sur-l'Escaut (Nord) - 14/04/1867, Valenciennes) contiennent d'ailleurs un passage intitulé "De Wilna à Kovno".

    Arrivée Zosle


        L'un des dessins du livre de Ferré représente le cimetière de Milejgany, peut-être celui ci-dessous à 500m de l'endroit où se termine le trajet.

    Cimetière Milejgany cimetière Milejgany vue

       
        Il n'est guère possible de situer l'emplacement de la grange, même sur d'anciennes cartes.

    grange


    La même, dessinée par Auguste Théatre (les murs semblent de briques, ce qui est un peu contractoire avec les dessins de Ch. Mariage ci-après)

    ob_b5caba_dessin-aquarelle-milejgany-auguste-the
    (mise en ligne par le Musée Municipal de Sedan)

        

  •  A Milejgany :
    Dessins de F. De Haenen, d'après les croquis de Ch. Mariage (voir la première partie du sujet)

    annexe grange interieur grange

    L'intérieur dessiné par Auguste Théatre :

    ob_33899f_dessin-auguste-theatre-vue-interieur-c
    (mise en ligne par le Musée Municipal de Sedan)

  • De Milejgany à Jewie, nom polonais de l'actuel Vievis Lituanien et dont le nom russe est Евье.
        Arrivés le 12 janvier 1918, 160 otages (dont 17 prêtres sur les 52) partent pour Jewie le 18. Il leur faut bien entendu regagner la gare de Zosle, d'où le train les conduit en une heure à celle de Jewie. De là ils marchent 15 minutes jusqu'à une église orthodoxe, qui -dit Ferré- a subi le bombardement (lors de l'offensive germano-russe).

    M-J

    1607 Zasliai-Vievis
    Marche des otages jusqu'à l'église



        Il ne la nomme pas, mais il s'agit de l'Eglise de Notre-Dame de l'Assomption. Bâtie en 1843 elle remplace l'égise (orthodoxe) paroissiale que semble-t-il "Napoléon a brûlée en 1810". Ch. Mariage nous offre un dessin de cette église, permettant ainsi de la retrouver ; refaite récemment à neuf (avec une discorde sur la forme du bulbe), sise le long de la route européenne E85 qui relie la Baltique à la mer Egée, on peut -à la neige près- la voir comme il l'a vue :

    PetiteEglise Jewie  Vievis002

        Ce groupe restera séparé moins de deux mois de ceux restés à Milejgany : le 15 mars ils partent pour Ponary près de Vilnius, ou les retrouveront les autres otages moins ceux qui doivent être hospitalisés à Vilnius.

 

  • De Jewie à Ponary (en lituanien Paneriai) :

    V-P


         Le camp de destination, dont la localisation précise n'est pas certaine s'appelle Roon (parfois cité 'Block-Roon') ; ce n'est pas une localité, mais le nom d'un général et homme d'état prussien : Albrecht Theodor Emil von Roon (né près de Kolberg en Poméranie le 30 avril 1803 et mort à Berlin le 23 février 1879), le camp ne semble pas avoir été réutilisé, ce qui peut expliquer que le nom de l'endroit n'ait pas survécu.
    Parmi la grosse centaine de cartes étudiées (sur plus d'un siècle), une seule -allemande de 1918- fait figurer le nom un peu au sud de la gare de Ponary. Ferré qui signale l'endroit à 7km de Vilnius, donne également le nom de Nejlowoj, qu'il a été impossible de situer, mais cite fréquemment le vallon de Nowo-Siolsky qui semble donner une vue sur Vilnius.

    Roon

        L'auteur qui retrace des promenades dans les bois de pins aux alentours cite le nom "Ponary (Kaplitsa)". Kapliça [kaplit͡sa] veut dire chapelle en polonais. Il ne parle jamais du tunnel sur la voie ferrée (maintenant fermé), mais un dessin d'Auguste THEATRE, professeur de dessin, montre l'entrée ouest celui-ci, on aperçoit à gauche le sanatorium :

    Aquarelle Auguste THEATRE
    (mise en ligne par le Musée Municipal de Sedan)




  • A Ponary :

    Entrée de Roon

       

        C'est un camp de 4 baraques en bois vite baptisées Joffre, Foch, Pétain et Castelnau, séparées par l'avenue de la Victoire, qui n'a rien à voir avec un sanatorium comme on a pu le voir écrit, cependant Ferré parle bien d'un sanatorium voisin non terminé, qu'il a pu approcher avec ceux qui l'accompagnaient lors des promenades autorisées. Le tsar en avait débuté la construction en 1913, malheureusement il n'en reste rien. L'excellent site lituanien Mylimas Vilnius ("J'adore Vilnius") en signale l'emplacement qui se trouve être maintenant sur le réseau ferré de triage, non loin du tunnel.

    Sanatorium GGl t
    La gare de Ponary est signalée en bleu à gauche au sud des voies

        Ferré fait allusion à un petit groupe de déportés malades que l'on va rapatrier, faisant référence à un article de la Gazette des Ardennes que je n'ai pu retrouver ; il le confirme plus tard : ils sont partis le 14 avril. Grace aux notes prises par le recteur Georges LYON de Lille, on a la confirmation que 97 otages sont de retour en France occupée le 24 avril. le recteur rend d'ailleurs visite à l'un d'entre eux  M. GAGEDOIS de Dom-Sainghin qui peut lui raconter leurs souffrances.
    L'auteur donne le nombre d'otages restants : 438, déduction faites des morts et de ceux qui sont hospitalisés à Vilna.


      Les otages morts à Roon seront enterrés près de la chapelle dont Ch. Mariage a fait un croquis. Chapelle et cimetière existent toujours "à 2km environ de Roon" ; lors de l'enterrement de Jacquemain le 4 juin, Ardennais et 22e compagnon d'exil décédé, le cercueil "excessivement lourd" sera porté par 2 équipes de 6 qu'un chariot polonais remplacera à l'inhumation de Xavier LALLE le 19.

    Chapelle Ponary Paneriai_koplyčia

          La Sainte Chapelle de Jésus Crucifié (Šventoji koplyčia Jėzaus Nukryžiuotojo) et le cimetière font toujours l'objet de visites - guidées- en souvenir de la bataille qui eut lieu en 1831 entre Polonais et Russes lors de l'insurrection polonaise de 1830-31. Le cimetière contient des tombes anciennes, certainement d'habitants du voisinage, et il n'est pas exclu que les otages décédés et enterrés y soient toujours, je n'ai trouvé aucune information concernant un possible retour des corps.

    39_1280   52_1280

          Le jeudi 30 Mai 1918 est le jour de la Fête-Dieu. Après un Dimanche de Pâques (31 mars) "abominablement gris", les otages obtiennent le droit de se rendre à l'église de Biala-Waka actuellement Baltoji Vokė (autrefois en Lithuanien Naujoji Žagarinė ; en polonais : Biała Waka, en russe : Белая Вака):

    La Fête-Dieu fut un enchantement. Nous la célébrâmes, à la faveur d'une promenade collective, -nous obtînmes ces promenades à force de réclamations - dans l'Église de Biala-Waka à quelques lieues de notre camp. Départ à 3 heures 1/2. Traversée de la forêt où l'on cueille du muguet et de magnifiques ancolies. Vers 5 heures 1/2, nous sommes à destination. Joli village dont les maisons se groupent autour d'une église neuve et d'un château blanc. A l'église, Gallois est à l'orgue et la chorale à la tribune. Chant d'un couplet de Notre-Dame de France par Thiriez. Exécution d'une composition du Père Louis-Marie : Cor Mariae immaculatum, etc, etc. La cérémonie terminée, nous sommes reçus par le curé de Biala-Waka, debout sous l'auvent de sa maison de bois. Nous lui chantons les Stances du départ, de Gallois, paroles de Beltette. Le curé parait très impressionné, il nous dit : "Merci, messieurs les Français... je regrette de ne pas savoir bien votre langue, mais mon silence vous dit mon merci ! " On applaudit. On chante le Vivat flamand. Le curé remercie encore. Et nous voila partis visiter le château, vaste propriété, qui réunit dans son pourtour les maisons des serviteurs et des attachés à la glèbe. Des cigognes s'élèvent dans le ciel et vont se poser, en un vol plané d'une suprême élégance, dans les prairies avoisinantes. Garçons et fillettes, convenablement endimanchés, font la haie sur notre passage. C'est l'époque où les envois de France nous sont enfin parvenus et nous distribuons prodigalement biscuits et chocolats, à la surprise, je devrais dire à l'ahurissement des Prussiens qui occupent cette propriété-là, comme toutes les autres. Nous revenons par un soleil couchant d'une exquise douceur....

        J'ai choisi ce passage car il montre la volonté de tenir tête à leurs geôliers, et le plaisir qu'ils se font en étonnant les Prussiens n'est pas des moindres.

         Située au sud du camp sur la rivière Waka, l'église de la "Conversion de l'Apôtre St-Paul" est achevée en 1910 ; on la retrouve aujourd'hui dans un état comparable :

    Eglise BWb



    On retrouve également le château, pour le moment délaissé :

Chateau BWb

 

     A partir du 20 mai certains otages auront la possibilité de partit pour la Suisse via Rastadt ; 26, puis 78 choisirent cette destination mais resteront au moins un mois à la frontière avant de pouvoir la franchir, les derniers partis mettront plusieurs mois.
Les autres otages opteront pour le retour vers la France : partis le 8 juin, ils passent la frontière russo-allemande à Eydtkunen  actuellement Tchernychevskoïe (jusqu’en 1938 : Eydtkuhnen, et de 1938 à 1946 : Eydtkau), en russe Чернышевское,  ils y prennent leur première douche depuis le départ en janvier, et c'est un soldat -en uniforme allemand- de Ste Marie-aux-Mines (un Malgré-Nous) qui leur tend une serviette !

Holzminden servira de camp de transit, ils y retrouvent parmi les quelques 10.000 prisonniers les 400 femmes emmenées en même temps qu'eux (dont ils resteront séparés par des barbelés) d'où il repartiront ensemble après un court séjour pour Montmédy, il y resteront une semaine dans des casemates occupées par des russes et hériteront de leurs punaises (sic), les dames étant logées dans une église. Rentrés en France, (le 24 juillet à Valenciennes) il leur fut cependant interdit de prétendre par la suite à un rapatriement vers la France non occupée via la Suisse.

 

 

     Le livre d'Emile FERRÉ permet également de découvrir quelques visages des otages, parfois avec leurs noms :

Roon Comité du camp
De gauche à droite (en commençant par en haut) : WAARTH, CHATTELEYN, MOLINIÉ, LEMPEREUR, TIBERGHIEN, BACHELET, AUBRON, l'abbé LELEU, MOUCHET, EWBANK, NININ, FERRÉ, VITTINI, GUILBAULT, DELEPOULE, ROCHON, Abbé QUIEVREUX, FERRI, FICHAUX, MARTINET.

 

Roon Section 10 otages ardennais section 8 otages Roon

section otages Roon a section otages Roon b

Voir également cette photo et quelques détails sur Europeana

Europeana
L'otage marqué d'une croix est Charles CRÉQUY, voir plus bas.

 

artistes du camp
Les artistes du camp à Roon.
Debout (de gauche à droite) : MARIAGE Charles, FERRÉ Emile, THÉATRE Auguste, LESOURD Max.
- Assis : LEBOUCQ Georges, DUVIVIEZ Maurand.

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THÉATRE Auguste, né le 27 décembre 1867 à Vendresse (Ardennes), décédé le 31 mars 1956 à Sedan (Ardennes) professeur de dessin artistique que l'on voit ici sur une photographie faite par l'occupant pour délivrer les papiers d'identité obligatoires

Theatre A


avait fait également ce portrait non nommé :

ob_0f5d9a_dessin-auguste-theatre-portrait-prison
(mise en ligne par le Musée Municipal de Sedan)

Le musée de Sedan, contacté, a obligeamment mis en ligne le carnet de croquis d'Auguste Théâtre : des représentations de lieux, mais aussi des visages, malheureusement la plupart sans indication de nom. Sur cette page, en bas.

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Une autre photogaphie, aimablement transmise par l'arrière petit-fils de l'un de ceux hospitalisés à Vilnius : Furcy BOISE.

                  Oscar ou Apollon DUBOIS     Henry MANCEAU      Louis LENFANT            Albert RATEAU
                   Obrechies ou Aisonville         St Michel               Lambersart                 Savigny
otages
  Emile RANGON             Furcy BOISE         Jules LEROUX (ecclésiastique)      Emile FACQUIR           Alfred GERARDIN
    La Neuville                 Cartignies               Le Marais de Lhomme             Sedan                    Mont St Rémy

Les noms sont écrits au dos au crayon, peu lisibles avec le temps, et délicats à interprèter pour certains..

  -+-+-+-+-+-+-+-+-

On trouve aux Archives des Ardennes le portrait de CRÉQUY Charles de La Francheville (Ardennes) qui raconte :

CREQUY Charles"Otage de représailles des Allemands, j’ai été interné en Lituanie.

"Mobilisé, je suis renvoyé dès le 12 août 1914 dans mes foyers. Je reste en région envahie où je suis cultivateur. La France ayant emprisonné des ressortissants allemands au début de la guerre, l’Allemagne décide d’interner des otages civils français. Fin 1917, je me porte volontaire pour remplacer mon père. Le voyage vers Milejgany, en Lituanie, se déroule dans des conditions épouvantables.

"La vie au camp est précaire : hiver glacial, hygiène déplorable, rations alimentaires insuffisantes, corvées multiples… Je quitte la Lituanie le 8 juillet 1918 et le 23 de ce mois, je suis de retour dans les Ardennes.

"Charles CRÉQUY (1887-1956)"


 -+-+-+-+-+-+-+-+-

     Il est difficile d'avoir des certitudes sur le devenir des otages après la guerre, et plus encore sur la reconnaissance qui leur fut accordée, mais en cherchant les honneurs qu'ils avaient pu recevoir, j'ai trouvé, au Journal Officiel de la République du 26/09/1922, le nom d'une femme faite chevalier de la Légion d'honneur à titre posthume. Il s'agit bien entendu d'un internement à Holzminden, aucune femme n'ayant été internée en Lithuanie.

Femme à Milejgany, JORF 19220926 LHP

     Il en est de même de la baronne d'Huart de Longwy qui, selon le JO du 10/02/1924, aurait été déportée en Lithuanie, mais figure bien sur la lite d'Holzminden.

LEBLON Flavie

 

Figure au même JO l'un des otages masculins de Milejgany décédés à Vilnius : LEMAIRE Donatien Edouard

LEMAIRE Donatien JORF 19220923 LHP

 On peut espérer découvrir qu'il en a été de même pour les autres, et que les survivants n'ont pas été trop vite oubliés.....

D'une guerre l'autre.

     Le nom de Ponary/Paneriai (Ponar en yiddish) resurgira lors de la guerre suivante : c'est le lieu du massacre, quelques km à l'ouest de Roon, de 1941 à 1943 de près de 100.000 personnes : 70.000 juifs, 20.000 Polonais et 8.000 Russes par l'Einsatzgruppe 9 et ses auxiliaires lituaniens : les emplacements de citernes semi-enterrées d'un un ancien site soviétique de stockage de carburant constitueront leur lieu d'exécution et dernière demeure.

Biala-Waka verra de son coté, comme d'autres localités voisines, s'installer un camp de travailleurs issus du Ghetto de Vilnius.


De la difficulté des noms de villes :

    Le futur général De Gaulle (qui, alors lieutenant, passe avec le 33e RI à Valenciennes le 5 Août 1914 au matin en direction de Dinant où il sera blessé le 15 1) a été prisonnier -notamment- dans un camp de représailles en Lithuanie dont le nom est le plus souvent écrit Szczuczyn (prononciation polonaise: [ˈʂt͡ʂut͡ʂɨn]) qui désigne un village polonais de la gmina de Szamotuły dans la powiat de Szamotuły de la voïvodie de Grande-Pologne dans le centre-ouest de la Pologne. A moins que ce ne soit Szczuczyn, village de Pologne, situé dans le gmina de Szczuczyn (dont elle est le siège), dans le Powiat de Grajewo, dans la voïvodie de Podlachie.

C'est aussi l'orthographe du registre du CICR qui le recense durant sa captivité :

De Gaulle Szczuczyn
(... venant d'Osnabrück)

On peut même voir écrit sur le web qu'il s'agirait de Szczecin (Stettin en allemand, Sztetëno en cachoube, anciennement Stetin en français), le chef-lieu de la voïvodie de Poméranie occidentale, bien loin de la Lithuanie d'alors.

     Il s'agit en réalité de Chtchoutchyn (en biélorusse : Шчучын ; en lacinka : Ščučyn) ou Chtchoutchine (en russe : Щучин ; en polonais ... ... : Szczuczyn), de la voblast de Hrodna (Grodno), en Biélorussie.

On note que ce n'est plus en Lituanie actuelle, les frontières dans cette région ayant beaucoup bougé.

 

 

    Le journal officiel de la république française ne nous aide pas non plus, malmenant parfois l'orthographe des lieux de détention : on y trouve "Mileygany", "Milejany", "Milegamy" pour Milejgany ; "Roow" et jusqu'à "Bheronne" dans lequel il faut deviner le camp de Roon.

 

 

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Credits photos Wikipedia, Panoramio, Google, collection perso.


 

1 Je me suis toujours demandé ce qu'ont pensé tous les soldats de Lille -ou d'Arras comme ceux du 33e RI - et en général des départements occupés de l'ouest, lorsqu'ils ont appris l'invasion puis l'occupation de leur région et le fait que la frontière n'y était pas défendue....

19 juillet 2017

Otages féminins de représailles (V)

 

 << IVe partie                                                                                               VIe partie >>

 

    Après avoir traité des 597 otages masculins envoyé en camp de représailles en Lithuanie (pour les Allemands d'alors, "en Russie occupée"), il me fallait, outre une liste de 396 noms (voir IIe partie), un témoignage concernant les femmes déportées à Holzminden ; je n'en ai pas trouvé de direct, sous le nom de la narratrice, comme MM. Ferré, Abbés Bouxin et Leleu pour les hommes ; aucune femme déportée ne semble avoir écrit ou même simplement raconté : l'époque (et la reconstruction qui passe par la natalité) n'étaient pas favorables à de tels récits de la part de mères, d'épouses, de filles.

    Voici le récit qui figure dans la Revue des Deux-Mondes de novembre 1918 disponible sur Gallica : cliquer sur la page (655) pour avoir accès au site de la BnF, ou faites défiler les 14 pages. Il est signé Henriette Célarié, née Lemoine (1872 – 1958). Historienne, voyageuse -comme on disait alors- essayiste et romancière française qui a déjà publié en juin 1917 dans le même revue : "Emmenée en esclavage pour cultiver la terre - journal d'une déportée".
En janvier 1919 elle publie "Les otages civils dans les camps de représailles" ; entre-temps sort chez Bloud et Gay en septembre 1918 "En esclavage - journal de deux déportées" (340 pages).
Dans chacun des cas, les identités sont cachées "par une discrétion que l'on comprendra" (sic)......

De même l'opuscule qui édité par l'UGAFCPE (union des grandes associations françaises contre la propagande ennemie) sous le titre "Emmenées en esclavage" est assorti d'un avertissement en couverture :

avertissement

 

     Certains passages annoncent - de près- ce que seront les conditions de transport et de détention quelques 20 ans plus tard.

 

   Holzminden est certainement l'un des camps d'internement de civils les plus connus (et sur lequel le web est le plus prolixe). Il ne faut cependant pas confondre ce camp de 120 baraquements en bois implanté spécialement à l'écart de la ville avec l'ancienne caserne de cavalerie en dur, lieu d'internement de prisonniers de guerre (militaires) britanniques et théâtre d'une célèbre "grande évasion".
C'était un camp d'hommes, de femmes et d'enfants, non seulement français, mais également belges, polonais et russes ; de nombreux civils (masculins) du valenciennois ont été internés à travers tout l'Allemagne, voir sur ce blog

Zivilgefangenenlager Holzminden n'a pas servi lors de la guerre suivante, contrairement à d'autres, et l'emplacement a été rendu à la nature mais l'on retrouve la double rangée d'arbres de l'allée principale sur cette vue aérienne moderne :

Holsminden Zivil Lager

 

    Avant une exploitation plus complète des données, je rappelle noms et villes d'origine d'une partie de ces otages, embarquées à Valenciennes le 12 janvier 1918 après y avoir été regroupées, et dont j'ai relaté la situation dans le 1ère partie , en rappelant que l'orthographe des noms propres peut - comme toujours- avoir été altérée :
Mmes :

Devred, Aniche;
d’Haussay, Artres;
Lecompte, Vendegies;
Merlem, Aniche;
Picques, Somain-sur-Ecaillon;
d'Haussay, Monchaux;
Malet, Thiant;
Terifocq, Le Quesnoy;
Henion, Le Quesnoy;
Willot, Bavay;
Darche, Bavay;
Brasseur, Taisnières;
Vilain, Louvignies;
Cabaret, Le Quesnoy;
Moisy, Escarmain;
Hautecœur, Haussy;
Caudron, Haussy;
Filippi, Le Cateau;
Richard, Le Cateau;
Pegin, Le Cateau;
Delporte, Lewarde;
Duflos, Ecourt-Saint-Quentin;
Brogna, Remancourt;
Moriaux, Ecourt-Saint-Quentin;
Osaneaux, Caudry;
Richez, Caudry;
Qivy, Caudry;
Clouet, Denain;
Langaine (Wurth), Denain;
Sacclier, Denain;
Bricourt, Clary;
Boutin, Bertry;
Monsecourd, Oisy-le-Verger;
Conseile, Mastaing;
Boulet, Etrain;
Navet, Preux-au-Bois;
Didier, Pont-sur-Sambre;
Vinoy, Fontaine-au-Preux;
Risbourg-Chassart, Bouchain;
Wiart, Cambrai;
Tribout, Cambrai;
Parent, Cambrai;
Bricourt, Cambrai;
Charlet, Cambrai.
Mlle Noblecourt, Bousy;

 

    C'est -comme pour les hommes- le département du Nord qui compte le plus de femmes déportées : 182 ; viennent ensuite : Ardennes (101), Aisne (55), Meuse (22), Meurthe-et-Moselle (16), Pas-de-Calais (11), Somme (5). A moins d'une erreur de transcription dans les registres du CICR : Vosges, Marne et Haute-Marne, (1 chacun).

222 communes des départements envahis verront partir de 1 à 12 otages féminins.

    Pour le département du Nord, les 4 villes les plus touchées parmi les 94 recensées sont :
Douai (12), Lille (12), Tourcoing (10), Roubaix (6).

 

      A noter dans cette liste de femmes déportées 4 prénoms masculins : une erreur de typographie et 3 utilisations du nom/prénom du mari (Mme. X) dont par exemple : VANZEVEREN Alphonse de Tourcoing, dont il s'agit de l'épouse, Mathilde, née Braquerat ; il existait bien un teinturier à ce nom, rue Belle-Vue, 47, TOURCOING.

    Une seconde liste d'autant de noms a permis la rectification des erreurs les plus flagrantes, mais soulève beaucoup de questions quant à l'écriture des noms propres. Difficile de juger sans plus d'information, il n'y a que pour les localités que le problème se résout  (Les Carmins pour Escarmain). Il y a d'ailleurs dans cette liste une dizaine de noms qui ne correspondent de près ou de loin à aucun de ceux de la première et réciproquement.

 

 

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22 septembre 2016

Bombardements 1916

 

Précédent : 1915 Valenciennes et l'aviation Suivant : 1917

 

     Voulant agrandir, nous l'avons dit, le champ d'aviation, le mercredi 5 janvier 1916, l'un des propriétaires voisins, M. Henri Dupont, reçut l'ordre péremptoire de mettre, dans les vingt-quatre heures, sa maison de la Briquette à la disposition du parc d'aviation. Il ne pouvait emporter aucun meuble, aussi fut-il forcé d'accepter l'hospitalité de l'un de ses amis.
Il obtint cependant de laisser sa vieille cuisinière pour garder la maison.

     Le mardi 11 janvier 1916, à trois heures et demie du matin, une formidable explosion nous réveilla en sursaut, faisant trembler les maisons. Je pensais même qu'un dirigeable venait de laisser tomber une bombe sur le Musée tout proche, en entendant le fracas des vitres.
Le matin nous apprîmes que cette explosion avait eu lieu à Saint-Sauveur près de Lille, où les Anglais avaient fait sauter un dépôt de munitions.
Le lieutenant Kollmann, qui logeait chez moi, me dit que les Allemands étaient persuadés que les Anglais avaient creusé un souterrain. Il ajouta que le trou causé par l'explosion était grand comme notre place d'Armes, et que les usines qui se trouvaient à proximité étaient complètement détruites.
L'abbé Eberlé, que je rencontrai chez ma sœur, Mme Delcourt me dit qu'il y avait cent deux tués français, et vingt-huit allemands.
Le plus extraordinaire, c'est que nous ayons ressenti une telle secousse, Lille étant à 54 kilomètres de Valenciennes.
[il s'agit de l'explosion dite "des dix-huit ponts"

 

18ponts13

 

pour plus de voir par exemple ce site ]


Le jeudi 13 janvier 1916, un dirigeable français passant au-dessus de Saint-Saulve, abattit un avion allemand qui le poursuivait; celui-ci alla tomber à Quarouble. Malheureusement, à Wallers, un avion anglais était abattu, et les deux aviateurs tués.
De grands combats aériens devaient se préparer, car les Allemands activaient les travaux de l'aérodrome.


Le 10 mars 1916, les avions français venant plus souvent nous rendre visite, les Allemands se mirent sur leur garde, et plongèrent tous les soirs la ville dans l'obscurité.
Le Commandant Priess adressa au Maire la lettre suivante :

" Je vous prie de donner tout de suite, des ordres aux habitants de toutes les maisons, ayant des façades non garnies de volets  pour qu'ils abaissent les stores des fenêtres aux façades, dès la tombée de la nuit.
" Ceux qui n'en ont pas, devront s'en munir, les plus opaques que possibles.
" Les étalages des magasins ne devront plus être éclairés, ou avoir des stores épais.

Les Allemands, de leur côté, réquisitionnèrent des étoffes pour doubler les stores du Lycée de jeunes filles, afin qu'aucune lumière ne perçât. D'ailleurs, leurs avions faisaient des rondes le soir, et dès qu'ils apercevaient une lumière, les gendarmes se rendaient à l'immeuble indiqué pour faire un procès.

Le 12 août 1916, par une chaleur tropicale, nous reçûmes, à trois heures de l'après-midi, la visite de cinq avions français se dirigeant vers la Belgique. L'un d'eux, avec une hardiesse émotionnante, descendit à 300 mètres environ, au milieu des obus. Les soldats tiraient de leur côté sans atteindre ce vaillant aviateur, que nous suivions des yeux avec anxiété. Après avoir agité un drapeau rouge, il laissa tomber quelques bombes sur les voies de chemin de fer, qui furent endommagées. Malheureusement, quatre civils furent tués, dont un chef cantonnier; un autre ouvrier, transporté à l'hôpital militaire, subit l'amputation d'un bras. Ce ne furent pas les dernières victimes civiles de l'aviation. Il faut dire que beaucoup de Français, à mon exemple, je dois le dire, au lieu de se réfugier dans les caves, suivaient passionnément les péripéties poignantes de ces combats aériens.

Le dimanche 14 août 1916, la canonnade redoublant, la Commandature, qui s'attendait à recevoir la visite d'une quarantaine d'avions français et anglais, était très inquiète. Aussi, dans toutes les maisons, les officiers demandaient-ils à voir les caves pour s'y réfugier en cas de danger.


Les alertes d'avions furent très nombreuses depuis cette époque jusqu'en avril 1917, mais je ne les ai pas mentionnées, la population civile n'ayant pas eu à en souffrir.

Extrait du livre de René Delame : "Valenciennes Occupation allemande 1914-1918. Faits de guerre et souvenirs" Hollande & Fils ed. 1933

 

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15 avril 2018

A l'ouest rien de nouveau ....

      C'est le titre du livre bien connu de l'écrivain Allemand Erich Maria REMARQUE (22/06/1898 - 25/09/1970) : Im Westen nichts Neues écrit en 1929. Il y décrit principalement la guerre et ses abominations de façon réaliste. Une fois, cependant, il y évoque Valenciennes et le bon temps passé au repos :

 

 

 

 

 

extrait
A côté de moi siffle un petit obus. Je ne l'ai pas entendu venir et je suis saisi d'une vive frayeur. Au même moment une peur insensée s'empare de moi. Je suis là tout seul et presque perdu dans l'obscurité ; peut-être que depuis longtemps deux yeux m'observent d'un entonnoir et qu'une grenade est déjà prête à être lancée pour me mettre en pièces. Je cherche à me ressaisir. Ce n'est pas ma première patrouille et, de plus, elle n'a rien de particulièrement dangereux. Mais c'est la première fois que je vais en reconnaissance depuis mon retour de permission et je connais peu le secteur. Je me dis bien que mon émotion est stupide, que probablement dans l'obscurité rien ne me guette, autrement le feu ne serait pas si plat.
C'est en vain. Pêle-mêle, les pensées bourdonnent sous mon crâne : j'entends les exhortations de ma mère, je vois les Russes aux barbes flottantes s'appuyer au grillage ; j'ai devant moi l'image claire et merveilleuse d'une cantine avec des sièges, celle d'un cinéma de Valenciennes ; dans mon imagination douloureuse, je vois l'horrible bouche grise d'un fusil implacable qui se déplace sans bruit en me menaçant et qui suit les mouvements de ma tête. La sueur me coule par tous les pores.
Je suis toujours couché dans mon trou. Je regarde l'heure ; il ne s'est écoulé que quelques minutes. Mon front est mouillé, mes orbites sont humides ; mes mains tremblent et je halète tout bas. Ce n'est qu'un terrible accès de peur, une peur vile et intense d'allonger la tête et d'avancer.

 

     L'auteur - ou son personnage- revient de permission et contrairement à ce qui avait été avancé ne va pas sur le front Russe.  Peut-être n'est-il pas passé à Valenciennes, où de toutes façons personne ne se souviendrait l'avoir croisé, mais c'est une de ces réminiscences qui humanise le soldat, quelque soit sa nationalité.

 

 

27 juin 2018

04-Soldats français inhumés dans l'actuel carré militaire St Roch : de FERRAND à GRICH

◄ De CASTELAIN à FAVERGEON

FERRAND Léon Eugène
FOUQUÉ Florent Jean Marie
FRANQUET Emile Alexandre Amédée
GAUDRAN ou A. GUNDRAU
GERVOISE Elie Désiré
GOUHIER René Georges
GOUMENT Gaston Marcel
GRENET Barthélémy Edouard
GRENON Fernand
GRICH Addah

De GROFFOS à LEGRAND E. ►

 

Tombe n° 264 :

 

Source: Externe
FERRAND Eugène
Caporal 16e R.I.T.
Mort pour la France le 7-9-1914

FERRAND Léon Eugène né le 23/02/1878 à Montrouge (Seine) de Eugène Jean François et PIQUET Emélie Amandine. Matricule 913 classe 1898 il est incorporé le 15/11/1899 au 25e RI. nommé caporal en 1900, libéré en 1902, il accomplit deux périodes au 120e RI en 1905 et 1908.
Rappelé au 16e RIT lors de la mobilisation, il est porté disparu le 3/10/1914 à Courcelles-le-Comte (Pas-de-Calais). Voir le Journal de Marches et opérationsdu régiment pour les combats de Courcelles.
Décédé de ses blessures à l'hopital tenu au collège Notre-Dame rue des Capucins à Valenciennes le 7 octobre 1914, il est inhumé au cimetière St Roch, tombe commune, cercueil 11, avant la création de l'actuel carré militaire en 1923.

Plaque cimetière allemand
Cliquer pour accéder à la plaque de 1914

Comme toujours en pareil cas, la famille, qui n'a pas de nouvelles, s'adresse à la croix-rouge depuis la zone libre :

fiche cicr

 C'est en 1917 que l'annonce, au vu du document allemand leur sera faite :

DC7031

Son nom figure sur le livre d'or de Pantin dont le monument au cimetière communal porte cette seule inscription :

"LA PAIX GARDE EN SON LIVRE D'OR LES NOMS DE CEUX QUI SONT MORTS POUR ELLE"
     Une demande a été conjointement déposée auprès des sites Sépultures de Guerre et du Pôle des sépultures pour la mise à jour de la date de décès.

Tombe n° 226 :

Source: Externe
FOUQUET Florent
26e R.I.T.
Mort pour la France en 1914-1918

FOUQUÉ Florent Jean Marie né le 10/06/1875 à Vieuvy (Mayenne) de Florent et LAMBERT Virginie. Matricule 452 classe 1895, dispensé comme ainé de 7 enfants, il effectue un an de service au 130e RI en 1896-97, ainsi qu'une période en 1905 et une seconde au 26e RI en 1910.

Rappelé à l'activité au 26e Régiment d'Infanterie Territoriale à la mobilisation, il est tué "à l'ennemi" à Crespin (Nord) le 24 août 1914 alors que le régiment tente -avec d'autres forces en nombre très insuffisant- de contenir la première armée allemande qui vient de traverser la Belgique, pourtant neutre. Voir le cas de PREVERT sur ce blog

Comme toujours en pareil cas, les proches tentent une recherche depuis la France libre auprès du CICR : il existe deux fiches, l'une au nom de FOUQUET, renvoyant à une liste de Gazette des Ardennes du 11/06/1916, l'autre à celui de FOUQUÉ sans référence :

F Fouqué


Il est inhumé à Crespin avant d'être transféré dans l'actuel carré militaire du cimetière St-Roch créé en 1923.
Son nom figure au monument aux morts d'Hercé :

MaM Hercé

Une demande de rectification du nom et de la date de naissance a été déposée auprès du site des Sépultures de guerre.
Une demande de rectification du nom a été déposée auprès du pôle des Sépultures.


Tombe n° 217 :

Source: Externe
FRANQUET Emile
Sergent-Major 26e RIT
Mort pour la France 26-8-1914

FRANQUET Emile Alexandre Amédée né le 31/07/1876 à Paris (13e) de Napoléon Amédée Émile et RENAUX Alexandrine Elvire. Matricule 1148 classe 1896 au recrutement de la Seine (3e bureau), il effectue un service de 3 ans de 1897 à 1900 au 94e RI durant lequel il passe successivement caporal, sergent puis sergent-fourrier il effectue ensuite 2 périodes au 103e RI en 1903 et 1906, puis une dernière au 130e en 1912, à l'issue de laquelle il est nommé sergent-major.
Rappelé au 26e RIT à la mobilisation, il est porté disparu le 26 août 1914 à Crespin (Nord) alors que le régiment tente -avec d'autres forces en nombre très insuffisant- de contenir la première armée allemande qui vient de traverser la Belgique, pourtant neutre. Voir le cas de PREVERT sur ce blog.

Son état des services le déclare Mort pour la France "antérieurement au 11/06/1916 et inhumé au cimetière de Crespin". Il a fallu en fait attendre la publication d'une liste dans la Gazette des Ardennes du 11/06/1916 pour avoir indication de son décès, l'acte ayant été rédigé à Crespin, en zone occuppée jusqu'en novembre 1918. Les informations de ce type paraissant dans le journal de propagande se sont toujours révélés fiables.

    En attendant la famille s'était adressée à la croix-rouge qui ne disposera que de la même information, qui ne pouvait être connue en zone libre, la gazette y étant prohibée.

Fiche Franquet

Malgré la disponibilité de l'acte de décès après l'armistice, un jugement sera émis par le tribunal de la Seine en 1919 et transcrit à Paris 20e le 17/02/1920....

Son nom figure au Mémorial parisien de la Grande Guerre ainsi qu'au monument aux morts de Cachan (Val-de-Marne) où son acte de décès situe sa résidence.


Tombe n° 244 :

Source: Externe
GAUDRAN ou A. GUNDRAU
sergent 61e RI
Mort pour la France 15-7-1915

GAUDRAN ou A. GUNDRAU : pourquoi cette hésitation sur le nom quand on a la date de décès et le régiment, d'autant que l'acte de décès en mairie de Valenciennes précise Alphonse Gundran, sergent à la 8e compagnie du 61e Chasseurs Français (sic) décédé à l'ambulance du Lycée Henri Wallon, place de la République. En fait on ne sait si l'information provient des papiers de l'intéressé ou d'une transmission orale prêtant à confusion, et cette ambigüité est confortée par les documents du CICR où au et an sont souvent associés ; une fiche renvoie vers deux pages de registre qui ajoutent à la confusion :

fiche

DC2816
GANDRAU Alphonse

DC2983
GAUDRAU Alfons

Les deux confirment clairement le décès le 15/07/1915 par péritonite (Bauchfellentzündung) d'un sergent du 61e bataillon de chasseurs blessé par [éclat] de projectile d'artillerie dans la région lombaire droite (rechte Lendengegend) à l'hopital d'étape de la 6e armée situé à Valenciennes, ville principale de l'étape (E.H.O.), et inhumé (beerdigt) à Valenciennes
Un renseignement supplémentaire apparaît : geboren (né) 1887 Troyes (Champagne). Cependant aucun nom ne correspond dans les tables décennales 1883-92. (information qui n'aurait pas été transmise de l'hôpital vers la mairie ?)

Cependant en parcourant les registres de décès sans avoir de fiche de référence on trouve la preuve d'une inhumation dans le cimetière d'honneur allemand, Tome commune B avec cercueil n°35 au nom de GOUDRAU Alfonse :

dc7050

GAUDRAN ou A. GUNDRAU ou GANDRAU Alphonse ou GAUDRAU Alfons ou GOUDRAU Alfonse : 5 versions pour un même soldat ! On peut étendre la recherche à des noms phonétiquement voisins sur la base d'une prononciation gutturale, (Coudrau, Goudron sans plus de succès) ou en acceptant de modifier ou de perdre une information, mais rien de concluant pour autant.

          Je ne dispose pour l'instant que d'une seule hypothèse sérieuse que je développerai si aucune autre information n'apparait :
GAUTHROT Alphonse, sergent au 60e BCP, de Barberey (Aube), disparu le 11/07/1915 à Souchez

En tout état de cause et au vu de l'acte de décès, une demande de rectification a été formulée auprès du site sépulture de guerre et du pôle des sépultures.


Tombe n° 271 :

Source: Externe
GERVOISE Elie
Mort pour la France en 1914-1918

GERVOISE Elie Désiré né le 25 août 1876 à Paris 15e de Edouard Joseph et PERDRIAT Jeanne Françoise. Matricule 1454 classe 1896, centre de Paris 3e bureau, il effectue un service militaire de 3 ans au 67e RI de 1897 à 1900 suivi de 3 périodes au 26e RI en 1903 puis au 130E RI en 1906 et 1912. Rappelé à l'activité en Août 1914 au 26e RIT qu'il rejoint le 5, il sera tué le 24 août 1914 à Crespin alors que le régiment tente -avec d'autres forces en nombre très insuffisant- de contenir la première armée allemande qui vient de traverser la Belgique, pourtant neutre. Voir le cas de PREVERT sur ce blog.

     Sans nouvelle, la famille qui réside en zone libre s'adresse à la croix-rouge : 2 fiches de recherches (et une 3e plus classique) reprennent les renseignement fournis par la famille et la même référence, celle d'une liste parue dans la Gazette des Ardennes N°206 du 11/06/1916.

fiche2  fiche3


Ce n'est qu'en août 1916 que la famille sera prévenue. Bien qu'il existe un acte de décès à Crespin qui restera en zone occupée donc inaccessible jusqu'à l'armistice, la famille obtiendra un jugement le 20 juillet 1917, transcrit le 24/09/1917 à Paris-15e, déclarant constant le décès.

Son nom figure sur la plaque de l'ancien abattoir de Vaugurard :

MBV
Merci à Michev pour la photo

     Une demande a été conjointement déposée auprès des sites SdG et Pole des sépultures pour la mise à jour de la date de décès.
  Une double transcrition a été réalisée auprès du site MDH pour la rectification de la date de transcription du jugement de décès.


Tombe n° 278 :

Source: Externe
GOUHIER René
Soldat 126e RI
Mort pour la France le 1-10-1915

GOUHIER René Georges né le 9 juillet 1897 à Bézu St-Eloi (Eure) de Victor Ernest Alfred et VIELLE Léontine Désirée. Soldat au 126e RI, 1er bataillon, 1ère Compagnie, classe 1917 matricule 5094 (Seine 4e Bureau). En réalité il est "de la classe 1914" car il s'est engagé à 17 ans, pour la durée de la guerre, le 7 septembre 1914 à Paris (12e) au 126e RI. Il est porté disparu le 25 septembre 1914 à Neuville-St-Vaast (Pas-de-Calais). Le régiment prend part à cette date à une attaque dans le secteur de Thélus.

Il est décédé le 1/10/1915 à l'hôpital d'étape de la 6e Armée situé au Lycée Henri Wallon, place de la République à Valenciennes.

Les archives du CICR disposent de plusieurs fiches à son nom, dont deux font référence à un soldat présumé anglais (référence PA). N'ayant pas été évacué vers le camp de Wahn (mention d'ailleurs biffée sur la fiche MdH), c'est, malgré son nom sur une liste à en-tête du camp, à Valenciennes que la totalité de la captivité s'est déroulée. On apprend à la lecture des registres que le décès est dû à un empoisonnements du sang consécutif à la perforation du poumon par une balle.


Le document le plus détaillé énumère la liste des objets personnels qui seront restitués à la famille qui sera prévenue le 29/2 ou le 17/4/1916.

Fiche R

Il est inhumé dans le cimetière d'honneur édifié par les Allemands, tombe B, cercueil 41, avant d'être déplacé dans l'actuel carré militaire édifié en 1923.

Curieusement, l'acte de décès enregistré à Valenciennes en 1915, et resté inaccessible à la famille (en zone libre) jusqu'à l'armistice, ne semble pas avoir été pris en compte : il a fallu un jugement du tribunal de la Seine en décembre 1920 pour déclarer ce décès constant.

Son état des service fait état de deux décorations :
La médaille militaire à titre posthume et la croix de guerre avec étoile d'argent.

JO 19230104 bis

Son nom figure au monument aux morts de Montreuil (Seine St-Denis)


Tombe n° 291 :

Source: Externe
GOUMENT Gaston
Soldat 5e Génie
Mort pour la France en 1914-1918

GOUMENT Gaston Marcel, né le 14 septembre 1897 (et non le 4 comme indiqué sur son état des services et  sa fiche MDH) à Bretteville (du-Grand-Caux, Seine-Inférieure) de François Georges et MARICAL Alphonsine Amélie. Matricule 1449 classe 1917 au Havre, il est incorporé par anticipation le 10/01/1916 au 5e régiment de Génie, composé de "sapeurs du chemin de fer" affectés aux :

  • Missions d'avant-garde et d'arrière-garde.
  • Constructions de lignes nouvelles (lignes stratégiques), déviations, voies d'A. L. G. P. et de raccordements militaires, création, amélioration, agrandissement de gares.
  • Constructions d'embranchements particuliers pour les divers services : Artillerie, génie, intendance, « aviation », service de santé, service des routes.
  • Réparation d'ouvrages d'art détruits et construction d'ouvrages d'art neufs.
  • Exploitation et entretien de lignes préexistantes ou de lignes nouvelles.
  • A ce rôle de la guerre s'est ajouté, dès l'armistice, le travail considérable de remise en état des voies ferrées dans les régions libérées, où l'ennemi les avait, avant sa retraite, presque complètement détruites.

 C'est dans ce dernier cadre que l'on retrouve ces soldats dans le Valenciennois. 3 y sont décédés en 1919.

Gaston GOUMENT décède à 7h du matin le 09/03/1919 à l'Hopital Général de Valenciennes de broncho-pneumonie grippale (grippe dite espagnole). Son décès est enregistré à Valenciennes où il est inhumé.

Son nom figure (écrit GOUEMENT) sur le Mémorial aux Morts à l'intérieur de l'église de Bretteville du Grand Caux et est gravé "GOUMENT M." sur le monument aux morts de cette commune.

  Une demande a été déposée auprès du site Sépultures de Guerres pour mise à jour de sa date de décès.
  Une demande a été déposée auprès du Pole des Sépultures pour inscription de sa date de décès.


Tombe n° 301 :

Source: Externe
GRENET Barthélémy
Soldat 21e R.I.T
Mort pour la France le 24-8-1914

GRENET Barthélémy Edouard né le 17/02/1874 à Beaubec la Rosière (Seine-Inférieure) de Pierre Alcibiade et LEGRAIN Odile. Matricule 1504 classe 1894 à Rouen, il effectue un service de 3 ans (1895-98) au 36e RI, puis deux périodes en 1901 et 1904 au 39e RI et au 21e RI en 1911. Rappelé au 21e R.I.T. le 4 août 1914, il est tué à Orchies (Nord) le 24 août. Le 21e régiment d'infanterie territoriale faisait partie du très mince rideau de forces alliées opposées aux armées allemandes arrivant par la Belgique malgré sa neutralité.
"La tâche confiée aux Territoriaux était visiblement au-dessus de leurs forces, car le front à garder était immense, et l’extrême nécessité explique seule que le Commandement ait eu recours à un pareil expédient."

Voir le cas de ABRAHAM du 21e RIT pour les combats d'Orchies.


L'acte de décès dressé à Orchies le 26 août n'est plus disponible, la ville ayant été délibérément incendiée par représailles le 27 septembre 1914 sur ordre du Major Von Mehring. Quelques actes ont pu être reconstitués, car la municipalité avait dès le 10 septembre 1914 adressé copie de ces actes à la mairie de résidence, dont celui de Grenet à Beaussault (Seine-Inférieure). Malheureusement, en dépit des recherches effectuées en 1923, celui de Bathélémy Grenet ne sera pas reconstitué.

Il y est dit que "Le 25 août 1914 à 6h30 du matin, nous avons constaté dans le champ situé derrière la maison habitée par monsieur Cordonnier, faubourg de Douai qu'un soldat du 21e RIT en garnison à Rouen, porteur d'une plaque d'identité portant les indications suivantes : Grenet Barthelemy, 1894, Rouen (nord) 1504 est décédé hier lors de l'entrée des Allemands à Orchies"

     Enterré initialement à Orchies, Grenet Barthélémy sera réinhumé au carré militaire St-Roch à Valenciennes lors de la création de celui-ci en 1923.

Son nom figure au monument aux morts de Beaussault :

MaM


Tombe n° 243 :

Source: Externe
GRENON Fernand
Soldat 3e Escadron du Train
Mort pour la France le 6-12-1918

GRENON Fernand né le 4 février 1886 à Ste-Gemme (Charente-Inférieure) de Jean et BOUTIN Marie. Matricule 1163 classe 1906, classé "service auxiliaire" suite à une ancienne fracture, il est affecté au 14e Bataillon d'Artillerie à Pied pour 2 ans en 1907. Rappelé à l'activité il arrive le 3/08/1914 au régiment d'infanterie de Saintes (6e RI). Il passe au service automobile du 13e Régiment d'artillerie en 1915, au 19e Escadron du Train en 1916, puis au 3e Escadron du Train des Équipages Militaires, convoi automobiles Section TP (transport de personnel) n° 111 le 22/06/1917.

Il décède à l'Hotel-Dieu de Valenciennes le 6/12/1918 de grippe (probablement celle dénommée "espagnole") selon sa fiche MDH.

Il est inhumé à Valenciennes au cimetière St Roch et sera transféré dans le carré militaire lors de sa création en 1923.

Son nom ne semble figurer sur aucun monument aux morts.


Tombe n° 212 :

Source: Externe
GRICH Addah
Soldat 6e Tir.
Mort pour la France le 9-3-1919

GRICH Addah "soldat de deuxième classe Matricule 19468 au 6e Régiment de Tirailleurs Algériens, classe 1917 au recrutement d'Alger, est décédé à l'Hopital Général le 11 mars 1919" selon l'acte de décès dressé le 12 à Valenciennes, cause de la mort : grippe, congestion pulmonaire, complication cardiaque selon sa fiche Mémoire des Hommes (grippe de type H1N1 dite "espagnole").

Ce sont les seules informations dont on dispose.
Le "6e tirailleurs" s'est vu confier -selon son historique- des tâches plus modestes que la poursuite de l'ennemi ou l'occupation de la Rhénanie : la mise à disposition des municipalités pour des travaux d'utilité publique dans les régions libérées qui manquent de tout.
Le 6e régiment "de marche" de Tirailleurs Algériens (ex 3e régiment mixte de zouaves depuis mai 1918) a été dirigé sur Valenciennes le 24 Janvier 1919, il y relève à partir du 27 le 165e RI parti pour la garde sur le Rhin. Les bataillons sont affectés essentiellement à la surveillance frontalière et au service de place.

     Une demande a été conjointement déposée auprès du site SdG et du Pole des sépultures pour la mise à jour de la date de décès. (11 et non 9 mars 1919)


 

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FERRAND Léon Eugène
FOUQUÉ Florent Jean Marie
FRANQUET Emile Alexandre Amédée
GAUDRAN ou A. GUNDRAU
GERVOISE Elie Désiré
GOUHIER René Georges
GOUMENT Gaston Marcel
GRENET Barthélémy Edouard
GRENON Fernand
GRICH Addah

De GROFFOS à LEGRAND E. ►

 

 

10 mars 2019

Déporté Résistant au titre de la grande guerre

     Alors que la notion de déporté apparaît clairement durant la première guerre, même si elle se confond souvent avec internés et prisonniers, tous civils, les actes de résistance à l'envahisseur, quels qu'ils soient, ne débouchent pas sur la notion de "Résistance organisée" comme sera le cas durant la seconde guerre mondiale.

Le statut des déportés et internés résistants est défini par la loi du 6 août 1948.
Si dans l'article premier, je cite : "La République française reconnaissante s’incline respectueusement devant la mémoire des martyrs de la barbarie nazie et fasciste qui ont contribué à sauver la patrie, salue leurs familles et rend hommage aux rescapés de la Résistance dont elle proclame les droits.", rien dans les articles suivants ne lie le statut de déporté-résistant exclusivement à la guerre qui vient de se terminer.
L'article 2 commence par "Le titre de déporté résistant est attribué à toute personne qui, pour acte qualifié de résistance à l’ennemi, a été :
1° Soit transférée par l’ennemi hors du territoire national, puis incarcérée ou internée dans une prison ou un camp de concentration ;
2° Soit incarcérée ou internée par l’ennemi dans les camps et prisons du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle;"

     De fait, en parcourant les états de services militaires de certains hommes des territoires occupés durant la grande guerre - le plus souvent parce qu'ils ont été distingués dans les années 1920 -, mobilisables durant l'occupation mais qui n'ont pu rejoindre, ainsi que ceux dont l'état des services porte la mention "Non recensé en temps utile par suite d'un cas de force majeure"

NRTU


(parfois suivie dans le Nord de la formule "Retrouvé en pays reconquis"),
il arrive que l'on trouve mention de la reconnaissance vers 1957-58 de la qualité de déporté-résistant .

     Si ce n'est pas vrai pour tout ceux qui furent dans le même cas, c'est qu'il fallait prouver ces actes de résistance, notamment pour ceux qui ont tenté de rejoindre la France libre via la Hollande mais ont été capturés, qu'ils soient -probablement- encore en vie et que quelqu'un ou un organisme se charge de faire la demande.

Voici ceux dont j'ai connaissance, la liste sera complétée au fur et à mesure :

 
BISIAUX Lucien (M.), agriculteur à Fontaine-au-Pire (Nord). Médaille de la reconnaissance française, JORF du 19/06/1923.
  Bronze



Voulant se rendre en France non occupée pour être incorporé, a été arrêté, le 10 juin 1915, et fait prisonnier à la frontière de Hollande ; maintenu pour ce fait pendant deux mois en cellule à Aix-la-Chapelle, a été dirigé ensuite sur Darmstadt, où il a travaillé dans une ferme jusqu'à l'armistice.
BISIAUX Edouard Lucien né le 26/10/1897 à Caudry (Nord) de Jules et LERICHE Elise.
Il ne semble pas y avoir de fiche à son nom dans les archives du CICR. "Non recensé en temps utile par suite d'un cas de force majeure" (sic), il est affecté au 81e RI dont il sera libéré le 16/09/1919. Cependant, avec la guerre suivante, la notion de déporté résistant va apparaître, et son état des services (Matricule 2387, classe 1917 Cambrai) porte la mention suivante :

Déporté-Résistant

 
BEAUBE Paul-Émile (M.) Mouleur à Saint-Michel (Aisne). Médaille de la reconnaissance française, JORF du 11/03/1923.
  Argent

A logé et ravitaillé pendant 11 mois un aviateur français. Condamné aux travaux forcés à perpétuité (27 mois d'internement).

Né le 31/03/1889 à St Michel, de Jean Baptiste et FLEURY Zélie, il épouse Marguerite-Blanche Berteaux le 12/07/1888. Il est incarcéré à Rheinbach en Nov. 1916 et à Cassel/Wehlheiden en Jan. 1917.
De la classe 1909, il avait été ajourné puis exempté, maintenu tel car "en pays envahi à la mobilisation" (Hirson est envahi par la 2e armée allemande le 28 août 1914). Ce n'est qu'en 1957 qu'il sera comme de rares autres considéré comme déporté-résistant. (Etat des services : matricule 173, classe 1909 Saint-Quentin)

Beaube DR

 
DUPONT Charles-René-Edouard-Joseph (M.) Cultivateur à Bevillers (Nord). Médaille de la reconnaissance française, JORF du 11/03/1923.
  Argent


Arrêté en Belgique le 1er juin 1915 au moment où il tentait de franchir la frontière hollandaise emprisonné a refusé de dénoncer les personnes ayant facilité son départ et a été interné en Allemagne pendant trois ans et demi (Holzminden et Senelager).

Né à Bevillers le 11/03/1897, sa fiche aux archives de la Croix-Rouge porte la mention "fait prisonnier à Kalmetut", en réalité Kalmthout dans la province d'Anvers, à 3km de la frontière hollandaise. Probablement d'ailleurs ne savait-il pas que celle-ci était barrée par le "Dodendraag" (câble de la mort), clôture électrifiée dressée par l'occupant le long de la frontière belgo-néerlandaise, à moins qu'un passeur ne l'accompagnât.

doodendraad

"Non recensé en temps utile, cas de force majeure" (sic) il est appelé avec sa classe en 1919, et sert 3 mois au 3e dragons.
Son état signalétique et des services (matricule 1751, classe 1917 Cambrai) porte cependant un décompte de sa captivité comme déporté résistant, incluant celle-ci comme service militaire actif dans la zone de combat :

DR DupontIl décède à Etroeungt en 1973

 
FROEHLY Paul-Dominique (M.) Débitant de tabac à Lille (Nord). Médaille de la reconnaissance française, JORF du 11/03/1923.
  Argent



En juin 1917 à 18 ans a tenté de rentrer en France par la Hollande. Arrêté à Esschen a été emmené à Anvers et a subi 6 mois de cellule. A l'expiration de sa peine a été transporté en Allemagne et interné dans de camp de Holzminden jusqu'en novembre 1918.

Né le 22/04/1899 à Tourcoing de Joseph et FOVEAU Anselmia, le CICR le mentionne à Holzminden en novembre 1917.
"Non recensé en temps utile, cas de force majeure" (sic) il est appelé avec sa classe en 1919, et sert au 1er puis au 5e régiment de Cuirassiers.
Le décompte de ses campagnes est le suivant :
Contre l'Allemagne du 29/06/1919 au 23/10/1919,
Occupation de la Rhénanie du 24/10/1919 au 24/03/1921.
(il sera de nouveau mobilisé de septembre 1939 à juillet 1940)
Son état signalétique et des services (matricule 4249, classe 1919 Lille) porte cependant un décompte de sa captivité comme déporté résistant, incluant celle-ci comme service militaire actif dans la zone de combat :
ResistanceIl décède à Tourcoing le 21/12/1962
A noter que le nom est écrit FROCHLY dans les actes, jusqu'à la demande de rectification faite en 1982.
 
LEROY Alfred (M.), ouvrier métallurgiste à Bermerain (Nord). Médaille de la reconnaissance française, JORF du 19/06/1923.
 

Bronze

Fait prisonnier par les Allemands en 1915, au moment où il essayait de franchir la frontière de Hollande pour rejoindre les troupes françaises, a été incarcéré jusqu'à l'armistice.
LEROY Alfred né le 08/05/1895 à Anzin de Jean-Baptiste et PAYEN Ruffine. Initialement matricule 2131 à Reims pour cause de résidence à Auxonne, inscrit à Cambrai matricule 2276 classe 1915 "Non recensé en temps utile par suite d'un cas de force majeure" il est affecté le 18/07/1919 au 1er régiment de Dragons, libéré le 03/09/1919.
En 1954 il obtiendra le statut de déporté résistant eu égard au comportement qui lui vaut la citation ci-dessus ; de ce fait la période du 22/07/1915 au 19/11/1918, soit 3 ans, 9 mois 20 jours sera comptée (double) comme service militaire actif dans la zone de combat et dans une unité combattante.

DR1
Etat des services : matricule 2279, classe 1915 Cambrai

Il ne semble pas y avoir de fiche à son nom au CICR.

 

30 octobre 2018

De l'occupation à la libération.

 

     Le 31 octobre, les Allemands se faisaient battre par les Anglais, d'une part près d'Audenarde, en Belgique, et dans le secteur Valenciennes-Le Quesnoy.

Le 1er novembre, au sud de Valenciennes, les troupes anglaises et canadiennes franchissaient les passages de la Rhonelle, prenaient les villages de Maresches et d'Aulnoy, et atteignaient la ligne de chemin de fer dans les faubourgs sud de Valenciennes. Parlant des opérations dans la région de Valenciennes, le communiqué britannique disait : "Le 17° corps, sous le commandement du général Ferguson, et le 22°, sous les ordres du général Godley, ont enlevé les hauteurs au sud-est de Valenciennes, et, ce matin, poussant en avant, se sont emparés du village de Préseau. Plus au nord, les troupes canadiennes, commandées par le général Currie, après un dur combat aux lisières de Valenciennes, ont réussi à traverser la ville, qui est entièrement en notre pouvoir. "


Dès l'occupation de Valenciennes par nos alliés britanniques, l'officier supérieur français qui signe Pardiellan(1) pouvait la visiter. ll traduisait ainsi ses premières impressions : " Valenciennes est donc à nous. La ville a été reprise par la 4° division canadienne, a la suite d'une manœuvre très audacieuse que le succès a justifiée. Le cœur même de Valenciennes est intact ; mais on ne saurait en dire autant des faubourgs, ou plutôt des boulevards, car ils ont été assez malmenés. Celui de Famars, en particulier, a beaucoup souffert. Toutefois il faut se garder de porter un jugement définitif sur l'état de la ville, puisque, depuis quarante-huit heures, les Allemands la bombardent avec acharnement, en ayant soin de faire alterner des obus toxiques avec les projectiles incendiaires ; ensuite, il est très probable que l'ennemi a laissé dans certaines maisons des machines infernales. Hier, même, des incendies ont éclaté sur divers points du centre de la ville. L'hôtel de ville n'a pas été détruit ; c'est à peine s'il a été endommagé par un obus qui a brisé un motif décorant la façade. Plus heureux que les magasins de Cambrai et de Douai, ceux de Valenciennes ont leurs devantures intactes ; pas une vitre n'est cassée. Quant aux nombreuses collections qui faisaient la gloire de la ville, notamment ses admirables Watteau, l'ennemi les a mises en sûreté à Bruxelles, dit-il. Le tout est de savoir si on les y retrouvera. Les Allemands se sont montrés là tels qu'ils ont été partout ailleurs. Comme entrée de jeu, ils ont imposé une contribution d'un million. Puis sont venues des amendes sur le pied moyen de 80.000 marks par mois, sans préjudice d'une rafle aussi complète que possible du cuir, des matelas, du cuivre et de la lingerie. Ici, d'ailleurs, ils ont usé d'une manœuvre dont nous n'avions pas eu connaissance jusqu'à présent : dans tous les ménages où le mari et les fils étaient absents à un titre quelconque, ils ont ramassé les vêtements d'hommes et les ont expédiés en Allemagne. Cette opération avait été précédée naturellement d'une réquisition générale des effets et des chaussures existant dans les différents magasins de la ville. Grands amateurs de dentelles, les officiers allemands avaient trouvé le moyen de s'en procurer à des prix avantageux ; ils les réquisitionnaient et les payaient au poids, a raison de trois francs le kilo ! A une époque où ils ne savaient pas encore le moyen d'utiliser le papier, ils avaient pratiqué la saisie en masse des linons, batistes et fils à la main et s'en étaient servis pour fabriquer des sacs à terre. Dans ces derniers temps, ils recherchaient la lingerie commune et en donnaient le prix qu'on leur demandait. Tous ces articles partaient immédiatement à destination de l'Allemagne."


Le 3 novembre, sur le front de Valenciennes, la sévère défaite infligée aux Allemands pendant les deux journées précédentes les contraignait a abandonner leurs positions à l'est et au sud-est de cette ville. Les avant-gardes britanniques pénétraient dans les villages de Villers-Pol, Jenlain, Curgies, Estreux et Onnaing.


Le 4, une violente bataille se livrait entre la région à l'est de Valenciennes et les environs de Guise. Les Britanniques atteignaient, Sebourg et Sebourquiaux, la frontière belge. Au nord-est du Quesnoy, ils s'emparaient de Wargnies-le-Grand et de Wargnies-le-Petit. Plus au sud, ils marquaient dans la forêt de Mormal une avance de cinq kilomètres, jusqu'au village de Locquignol et au hameau des Grandes-Pâtures. Sur la lisière méridionale de la forêt, ils reconquéraient Landrecies. Nos alliés, après avoir traversé la forêt de Mormal, atteignaient Barzy-en-Thiérache, Grand-Fayt, Berlaimont, l'ouest de Bavay, Roisin et Fresnes.

le 4

Le 6 novembre, les Britanniques approchaient de Mons, de Maubeuge et d'Avesnes

in "Le panorama de la guerre"

(1) Il s'agit fort probablement de P. de PARDIELLAN, pseudonyme de Pierre Guillaume-Auguste VELING (1865-1929) Lt-Cel d'infanterie, auteur, outre ses interventions dans la presse, de livres à sujet militaire : "La vie militaire en Russie", "Aide-mémoire de l'officier français en Allemagne", "Guillaume II, son peuple et son armée à la fin de 1891" etc.

 

   Dans cette avancée britannique, les 4 divisions canadiennes forment, dans la première armée du général Horne, un "coin" qui s'enfonce dans la 17e armée allemande d'Otto von Below qui recule en protégeant sa retraite vers Mons ; Valenciennes est sur le chemin de la 4e division (en vert). Lorsque l'armistice fige les lignes de front la situation de nos libérateurs est la suivante.

douai_mons

     Les 5 armées de l'empire britannique (du Nord au Sud : 2e du Général Plummer, 5e du Général Birdwood, 1ère du Général Horne, 3e du Général Byng, 4e du Général Rawlinson), incluant les colonies, soient 64 divisions, se répartissent ainsi face à l'ennemi le 11/11/1918 à 11h :

Source: Externe

   Si la victoire est l'œuvre commune des alliés, la région allant pour le département du Nord de Cassel à Avesnes (130 km à vol d'oiseau) l'a été par les Britanniques, dont l'armée (dite Armée W) comprenait des soldats venus de fort loin : Canada et Terre-Neuve, Afrique du Sud, Kenya, Nigeria, Inde, Australie, Nouvelle Zélande. On peut se poser la question : en pareil cas, serions-nous allés à l'autre bout du monde  ???

1 décembre 2019

Invasion de Valenciennes : un Espagnol prisonnier des Allemands.

 

 Cette description du premier mois de la guerre est due à un ouvrier mécanicien espagnol, travaillant à Valenciennes, et - malgré la neutralité de l'Espagne - arrêté le 16/09/1914 pour refus de travailler et incarcéré comme Français comme en témoignent les archives du CICR : la fiche où il est enregistré comme Espagnol, renvoie au registre allemand où il est "Français".

fiche civ3235


  Son histoire parait en 1916 dans un livre dont je n'ai trouvé qu'un exemplaire à la Bibliothèque Nationale d'Espagne et dont j'ai traduit le premier chapitre.

couv

 

Dedicatoria

Dédicace

     A mis compañeros de cautividad de Zossen-Bunsdorf, Chemnitz y Gross-Poritsch, que sufrieron conmigo, que me confortaron espiritual y materialmente y que me ayudaron a recobrar la libertad, así como a cuantos me socorrieron durante los veintiún meses de mi calvario, dedica este libro de angustias y horrores.

Valentín Torras

     À mes compagnons de captivité à Zossen-Bunsdorf, Chemnitz et Gross-Poritsch, qui ont souffert avec moi, qui m'ont réconforté spirituellement et matériellement et qui m'ont aidé à retrouver ma liberté, ainsi que ceux qui m'ont aidé pendant les vingt et un mois de mon calvaire, je dédie ce livre d’angoisse et d’horreurs.

Valentin Torras

 Les événements décrits dans le premier chapitre reprennent avec fidélité l'invasion de Valenciennes et sont largement corroborés par les récits des autres Valenciennois.

 Ne voulant pas rompre l'harmonie du texte avec des commentaires, j'ai inséré ceux-ci sous forme d'une * qu'il suffit de survoler. Les parties soulignées renvoient à d'autres pages de ce blog.

UN ESPAGNOL PRISONNIER DES ALLEMANDS

CHAPITRE PREMIER : L'INVASION

À Valenciennes. - La mobilisation. - La guerre - Départ des troupes. – Les anglais. – Enthousiasme. - Les premières rumeurs. - Les premiers Allemands. - Exécutions. - Incidents. - Ma prison.

 Je vais relater, sans effet littéraire, parce que je suis un simple ouvrier, mais en essayant de rendre mon histoire aussi impartiale, claire et complète que possible, tout ce qui m'est arrivé depuis le début de la guerre européenne jusqu'à ce que, enfin libre, je mette les pieds sur le sol espagnol.
 Je m'appelle Valentín Torras y Glosa, je viens de Manresa, dans la province de Barcelone. J'ai plus de trente-six ans.
 Mon travail est celui de mécanicien. Je travaillais à Valenciennes, une ville de la Flandre française, près de la frontière belge, dans l’usine Cail*. J'étais heureux. J’étais bien payé, ils me considéraient beaucoup et j’avais déjà économisé quelques milliers de francs. Qui m'aurait dit que je passerai de ce modeste bien-être aux horreurs des camps de prisonniers de guerre allemands !
 
 À Valenciennes, il y avait quatre ou cinq autres Espagnols. Je ne sais pas ce qui leur est arrivé et s'ils ont participé à mon triste sort ou si l'ennemi les a respectés.
 J’allais travailler tous les matins à Denain par le train de Valenciennes. Je rentrais à mon logement dans l'après-midi. Le dimanche, on faisait des excursions aux environs. Tout le pays était m’était donc familier
 À la fin du mois de juillet, des rumeurs alarmantes ont commencé à circuler. Les journaux ont publié des colonnes serrées de dépêches qui parlaient de la probabilité d’une conflagration. Les gens ont discuté de la nouvelle, mais ne semblait pas alarmés à l'extrême. On se souvient des incidents d’Agadir et des déserteurs de Casablanca et on croyait que la diplomatie réglerait les différends. Il y avait du travail, de l'abondance, de la prospérité, de la paix. L'été était magnifique. Tout respirait le calme. La Belgique voisine a travaillé et s'est amusée, comme toujours. Les estaminets* ont fait de bonnes affaires. La récolte était excellente. Comment imaginer que dans quelques jours toute la région serait traversée par d'innombrables armées ennemies ?
 Dans les ateliers où je travaillais, les ouvriers, pour la plupart des pacifistes, disaient que le monde ne serait pas si fou au point de se détruire sans raison. Les plus instruits ont compté les causes apparentes de la querelle, les meurtres de Serajevo, ultimatum autrichien à la Serbie. Cependant, pas même les télégrammes dans lesquels on rendait compte du bombardement de Belgrade ne leur faisaient croire que la guerre approchait.
 
 Le 2 août, le bruit du canon a surpris Valenciennes. Les gens lisaient les avis de mobilisation et ne commentent guère. Beaucoup de gens se sont serré la main en silence. Les femmes avaient les yeux mouillés.
 Les cafés étaient remplis. Des milliers d’habitants se sont rassemblés aux portes de la caserne où était logé le 127ème régiment d'infanterie. Il a été déclaré que cette unité devrait partir pour l'Est.
 Car je dois dire que personne n'a supposé que la neutralité belge serait violée. Ils faisaient des prévisions sur la résistance de la barrière orientale. On cherchait des cartes de Lorraine dans les librairies. Dans les estaminets*, les taverniers donnaient des leçons de géographie aux buveurs agités. Ensuite, j'ai su que les places fortes de Verdun, Toul, Epinal et Belfort devraient être attaqués par les Allemands si les Français ne se précipitaient pas pour prendre l'offensive.
 J'ai naturellement participé à l'opinion des autres. Je pensais que si les choses tournaient mal, je pourrais aller en Belgique, pays neutre, avec mes économies et attendre que la tempête passe. Et pourtant, c'est en Belgique la foudre allait frapper !
 Le 3 août, le gouvernement a lancé une proclamation selon laquelle la mobilisation n'était pas une guerre. Il y avait encore de l'espoir. Toutes les usines, bien que dépourvues d'une partie de leur personnel, continuèrent à fonctionner. La tranquillité matérielle était absolue.
 Mais le 4, on apprend que l'Allemagne déclare la guerre à la France. Et l'esprit de la population s'est transformé. J'ai remarqué que l'inquiétude, l'agitation, remplacent une décision froide. Il faut finir* : on l'a entendu partout. C'est une phrase qui était dans toutes les bouches.
 Les principales usines et entreprises de Valenciennes ont accepté d'aider les femmes et les mères des personnes mobilisées. La mesure a été très appréciée et les soldats sont partis un peu plus heureux parce qu'ils savaient qu'en leur absence, ils auraient du pain.
 Le régiment no. 127 acclamé dans tout Valenciennes est parti par le train. Je n'ai pas vu cet adieu parce que j'étais encore au travail ; mais ils m'ont dit que c'était émouvant, et on comprend que c'était le cas.
 
 Les Allemands qui étaient à Valenciennes et qui n’étaient pas partis en juillet - nous avons remarqué que beaucoup d’entre eux, ceux qui étaient en âge de combattre, ont progressivement disparu au cours de la seconde moitié de ce mois - ont un délai de quarante-huit heures pour régler leurs affaires et regagner leur patrie. Personne n’était le moins du monde désagréable avec eux. Certains étaient très contrariés car ils vivaient à Valenciennes.
 Du 4 au 10 il ne s’est absolument rien passé. Mais l'attaque allemande sur Liège a alarmé beaucoup de monde. La tempête n’éclaterait pas en Lorraine ? Les Allemands penseraient-ils vraiment à passer par le nord et à nous attaquer ?
 Le 10, le général Percin, gouverneur militaire de Lille, ordonna à tous les étrangers, à l'exception des Belges et des Anglais, de quitter la région frontalière du nord et de se diriger vers Saint-Loup (Manche). Donnant la date limite du 14. C’est pourquoi j’ai pris mes dispositions de voyage ; mais une délégation de neutres se rendit à Lille, s'entretint avec Percin et obtint que la mesure soit rapportée. Percin a permis aux étrangers de bonne conduite qui avaient leur propre argent ou un travail assuré dans les maisons de Valenciennes de rester dans cette ville. Seuls les indigents ou sans occupation stable devraient aller à Saint-Loup.
 
 Le 18 août, il y eut un grand tumulte dans la ville parce que les Anglais approchaient. Ils ont eu une magnifique réception. On leur a jeté des fleurs, on leur a donné du chocolat, du tabac, de la bière. Ils ont été applaudis et acclamés. C'étaient des hommes forts, rasés, rouges, de grande taille, à l'air calme et bon enfant. Ils étaient admirablement équipés. Ils n'ont montré aucune émotion. Ils ont fait une excellente impression.
 Du 18 au 20 deux divisions d'infanterie sont arrivées, soit plus de 30.000 soldats. Les chefs, très élégants, ont beaucoup dépensé. Le 20, ils sont tous partis pour la Belgique. Pas un seul Britannique n'a été revu à Valenciennes, car après la bataille de Mons, les troupes de French se sont retirés vers Cambrai.
 Le 24, je suis allé en vélo au pont Jacob, à la gare. Rencontre avec deux compagnies du 26ème territorial. Les soldats semblaient très fatigués, mais pas abattus. Ils m'ont avoué qu'ils se retiraient de Condé devant la pression d'une brigade de 5 000 Allemands. Ils parlaient de revenir plus nombreux.
 Quand je suis rentré à Valenciennes, j'ai relaté ma rencontre. Personne ne voulait me croire. Comment les envahisseurs étaient-ils si proches ? Cependant, il n'a pas fallu longtemps pour savoir que je disais la vérité.
 Le soir, le maire de Valenciennes à harangué la foule depuis un balcon de la mairie. En résumé, il a déclaré qu'il n'y avait pas de danger, car le lendemain, il y aurait 20.000 Anglais à Valenciennes. Le brave homme avait tort. Le lendemain, il y avait à Valenciennes, non pas 20.000 Anglais, mais 40.000 Allemands. Ce n'était pas exactement pareil.
 
 L'entrée des Teutons à Valenciennes ? Je m'en souviendrai tant que je vivrais. Il était sept heures et demie du matin du 25 août. Le bruit du canon avait été entendu très loin pendant la nuit. Soudain, quatre coups de canons d’affilée nous ont fait comprendre que les envahisseurs arrivaient. Ces quatre obus - à balles - avaient été tirés sur quatre immeubles propriété de l’administration postale. Ils ont causé des dégâts matériels, mais je ne sais pas s'il y a eu des victimes.
 Après cette annonce peu rassurante ont commencé à passer des colonnes d'hommes gris avec des casques. Les gens les regardaient derrière les fenêtres. Il n'y avait presque personne dans les rues.
 Comme à Valenciennes nous n'avions pas de soldat, les Allemands n'ont pas trouvé la moindre résistance. Ils se sont installés dans des bâtiments publics et ont publié des affiches dans un français relatif, menaçant de terribles représailles s’ils étaient dérangés. La population a souffert en silence la loi de la guerre.
 
 À neuf heures du matin, il y eut une horrible tragédie au dehors. Il y a une ville très agricole au sud de Valenciennes appelée Quérénaing. La distance est d'environ trois kilomètres. Quelques retardataires anglais et une brigade errante du 26ème territoire s'y étaient réfugiés. Il n'y avait pas quatre-vingts hommes. L'officier qui les avait en charge, ayant aperçu, sur la route venant de Valenciennes, des patrouilles allemandes, sortit des charrettes de la ville et les retourna sur le pont de chemin de fer pour que les Allemands, arrêtés par l'obstacle, perdent du temps. Je connais très bien le site. La route est en bas et la voie ferrée est en hauteur, sur une rampe.
 L’avant-garde teutonne est arrivée. Ils ont été suivis par des batteries de petit calibre. Les franco-anglais ont résisté un peu de temps sous la protection des charrettes. Puis ils sont partis pour Le Cateau et les Allemands ne les ont pas beaucoup poursuivis.
 Mais un détachement de Teutons entra dans Quérénaing et découvrit les noms et adresses des propriétaires des charrettes. Ceux-ci ne s'étaient pas enfuis, à cause des brefs combats dont j'ai parlé, vous ne pouviez pas voyager sur la route sans recevoir une balle. Ils étaient en ville en attendant que le calme soit rétabli. Cela les a perdus. Les Allemands les ont tous tués - 20 hommes et 2 femmes - malgré leurs cris, leurs larmes et leurs supplications. L'exécution s'est déroulée contre le mur d'un château* appartenant à un commandant à la retraite, qui se trouvait à une centaine de mètres des dernières maisons de Quérénaing. Puis, tout le village a été incendié à une vitesse étonnante. Le maire était malade et n’a pu quitter son lit à temps. Il a été brûlé vif.
 
 Nous avons appris tout cela à Valenciennes parce que les survivants de Quérénaing se sont réfugiés dans la ville, où on les secourut comme on pouvait. J'ai parlé à l'un des fugitifs, qui m'a dit qu'il était très choqué que les Allemands aient respecté le château* du commandant à la retraite que j’ai mentionné.
 Mais deux jours plus tard, ce château* a été saccagé sur l'ordre d'un colonel allemand qui, si je me souviens bien, s'appelait Kentzel, ou quelque chose du genre. Tous les meubles ont été mis dans des voitures et envoyés en Belgique.
 Le 25 août, le maire de Valenciennes a publié une proclamation recommandant l'ordre absolu afin que la ville et ses habitants ne soient pas punis. L'avertissement n'était pas nécessaire.
 Il a commencé à passer, à partir du 26 août, d’innombrables colonnes de troupes de toutes armes, infanterie, cavalerie, artillerie, ingénieurs, pontonniers, mitrailleuses. C'était une marée humaine qui couvrait les champs et les routes. Comme j'étais neutre, je suis allé dans les environs pour voir le passage des armées allemandes. J'étais très calme et j'étais intéressé par le spectacle. Bien sûr, à l'intérieur, j'ai fait vœu pour le triomphe de la France, pays où je gagnais mon pain et pour lequel j'avais de l'affection.
 
 Les soldats allemands, en passant par Valenciennes, chantaient leurs hymnes guerriers, de préférence Deutschland über alles et la Garde sur le Rhin. Ils ont crié : "Allons à Paris". Ils semblaient sûrs du triomphe.
 Un jour, j'étais devant chez moi au Faubourg de Paris. Un capitaine marchait devant une compagnie. Il a regardé la plaque de ma rue et m'a dit en passant : "C'est encore loin Paris ?
 — Deux cent vingt kilomètres, Capitaine, répondis-je avec étonnement.
 — Mais ne sommes-nous pas en banlieue parisienne ? Dit-il en montrant le panneau de rue.
 — Non, nous sommes à Valenciennes - dis-je encore plus surpris. - C'est le nom de la rue.
 Il haussa les épaules d'un geste de doute et s'en alla. Je suis entré dans ma maison, faisant diverses réflexions.
 Je me souviens aussi qu'un général qu'on disait être un prince, en passant par Valenciennes, a jeté aux enfants des poignées de monnaie allemande. Il leur dit : "Vous voyez que l'Allemagne est généreuse !"
 
 Tous les entrepôts ont été vidés avec méticulosité et ordre. Ils ont commencé le pillage par ceux dont les propriétaires s'étaient enfuis, mais ont ensuite continué avec les autres. Le peuple, résigné, attend le retour des Français et de leurs alliés.
 On savait que Maubeuge, place forte de la frontière, près de Valenciennes, résistait au dur siège des Allemands. Mais le 7 septembre, à une heure de l'après-midi, des soldats de sa garnison sont arrivés près de Valenciennes.
 Ils ont dit que Maubeuge avait capitulé et qu'eux-mêmes et d'autres avaient réussi à s'échapper. Ils ont demandé s'il y avait beaucoup d'Allemands à Valenciennes. On leur a répondu qu'il n'y avait qu'un détachement de 200 hommes, mais qu'à chaque instant des troupes allemandes arrivaient de Belgique.
 J'estime qu'environ 2 000 soldats de Maubeuge se sont échappés avec des canons. Ils ont pris la direction de Douai. Un peloton d'entre eux a tendu une embuscade près d'Orchies et a fait feu contre une voiture où un général allemand et ses assistants. Les Allemands se sont vengés en abattant de nombreux habitants de cette ville. Ils ont dit que les coups de feu avaient été tirés par eux et non par des soldats réguliers.
 
 À cette époque également, les Allemands avaient abattu le prêtre des habitants de Maing. Maing est très proche de Valenciennes. Le pauvre marchait avec son vélo sur la route. Une sentinelle l'arrêta. Je ne sais pas ce qui s'est passé entre eux. La vérité est qu’une patrouille a emmené le prêtre à l’église Notre Dame de Valenciennes. Il a passé deux jours enfermé dans sa sacristie. Un prêtre catholique allemand allait lui tenir compagnie. Il croyait que rien ne lui arriverait à Valenciennes, mais il a été condamné à mort pour espionnage. Le malheureux se rendait à Valenciennes quand il a été arrêté, pour faire quelques courses et se renseigner auprès de plusieurs amis. Le maire a demandé sa grâce, qui lui a été refusée, et la sentence a été exécutée.
 
 Un après-midi, au Faubourg du Poirier, j'ai été témoin de l'incident suivant. Un officier allemand faisait du vélo. Il a cassé une roue et l'officier a commencé à jurer dans sa propre langue. Soudain, il s'est calmé. Il avait vu un petit garçon s'approcher, pédalant vigoureusement. Il s'est approché de lui, l'a arrêté, l'a forcé à descendre, a pris le vélo et a laissé celui qui était cassé derrière lui. Mais le garçon a commencé à pleurer et à dire que la bicyclette n'était pas la sienne, qu'il devrait la payer, qu'il manquait d'argent, que son père le frapperait. Je me suis approché pour le réconforter, quand j'ai entendu un grand bruit. C'est  l'officier qui revenait, monté sur le vélo du garçon. Je pensais que, ému par son désespoir, il allait le lui rendre. Mais les choses se sont passées différemment.
 Quand il était tout près, il a crié en français : "La ferme, Apache." Et il lui a tiré dessus avec un revolver. Le petit garçon est tombé par terre. La balle lui avait traversé le bras. Je suis venu l'aider. Pendant ce temps l'officier était parti, toujours à vélo. Je ne l'ai jamais revu.
 
 Le 23 septembre, un avion français a survolé Valenciennes. Des milliers de personnes sont descendues dans les rues et sur les places. Il y a eu des applaudissements, des acclamations. C'était un délire patriotique qui pouvait coûter très cher, car la garnison allemande s'inquiétait, sortait et pointait ses fusils vers les groupes. Quelques notables sont intervenus et il n'y a pas eu de catastrophe. L'avion a été perdu de vue, après avoir largué quatre bombes sur la gare, où il y avait mouvement de trains militaires allemands.
 Trois jours plus tard, mon malheur a commencé. Le 26, à cinq heures et demie de l'après-midi, je suis retourné à mon logement au Faubourg de Paris. Je n'ai pas dit que j'étais le seul invité chez une veuve.
 
 Peu après avoir été enfermé dans ma chambre, allongé sur mon lit, j’ai entendu frapper à la porte de la rue, frapper fort. Je ne savais pas pourquoi j'étais si alarmé. Sans aucun doute, les intuitions sont réelles.
 Un officier allemand est entré accompagné d'une patrouille. Et entre lui et moi il y eut le dialogue suivant en français:
 — Êtes-vous un mécanicien ?
 — Oui monsieur. J'ai travaillé à la maison Cail.
 — Bien. Nous avons besoin de vous. Venez avec moi
 — Pour quoi faire ?
 — Je n'ai pas à donner d'explications.
 — Excusez, monsieur l'officier. Je suis citoyen d'un pays neutre,
 — Ça n'a pas d'importance. Nous voulons que vous travailliez à la gare, où un atelier de réparation de locomotives a été installé.
 — Je ne peux pas vous obéir. Je suis Espagnol. L'Espagne n'est en guerre avec aucun pays. Laissez-moi ici. Vous trouverez d'autres travailleurs.
 L'officier était enragé. Nul doute qu'il n'était pas habitué à trouver de la résistance.
 "Vous n'êtes pas espagnol", cria-t-il avec colère. Vous êtes français.
 — Je suis espagnol et je vais le prouver.
 J'ai ouvert une malle et sorti mes papiers. Ils étaient en ordre. L'officier a regardé d’un bout à l’autre.
 — D'accord, dit-il après quelques instants. Nous allons faire l'inventaire de tout cela.
 Mes deux malles étaient ouvertes, j'avais mes vêtements, mes économies et quelques bijoux modestes. Le tout pouvait valoir environ 4 500 francs. L'officier a dicté et l'un des soldats a écrit. Ensuite, il a gardé tous mes documents, l'argent que j'avais dans mes poches et mon inventaire, et a répondu:
 — Nous allons l'envoyer dans votre pays par la Suisse. Suivez nous Nous allons vous emmener à la gare.
 — Et mes malles ? Dis-je avec une petite appréhension.
 — Elles seront également conduites à la gare. Mes hommes vont les porter.
 Ce fut ainsi. J’ai dit au revoir à la logeuse. Heureusement je ne lui devais rien. Je lui avais donné un peu d’argent à l’avance et j’avais encore quelques francs.
 A pied par les rues de Valenciennes nous arrivons à la gare. Les soldats nous ont suivis avec les deux malles.
 
 Il faisait déjà nuit lorsque nous sommes entrés sur le quai. L'officier m'a laissé avec ses hommes et est parti avec mes documents.
 C'était long Les coffres avaient été placés côte à côte, près d'un mur. Moi, assis sur un banc, j'ai pensé que je verrai bientôt l’Espagne.
 Ma conscience ne m'a pas accusé d'avoir mal agi en refusant de réparer des locomotives pour l'Allemagne. Tout d'abord, j'étais espagnol et les Allemands ne pouvaient pas me faire de mal légalement. De plus, j’étais dégoûté de faire quoi que ce soit contre la France, une nation où j'avais confortablement gagné ma vie. Enfin, je croyais, comme tout le monde, que d'ici la fin de l'année, il y aurait la paix. Je voulais garder mon emploi de mécanicien chez Cail. Mais si les Valenciennois me voyaient travailler pour les Allemands, les aider à réparer des locomotives, ils me détesteraient, ils me considéreraient comme un ennemi, et après la paix, la vie deviendrait impossible pour moi, non seulement dans la ville, mais dans la région entière.
 Je pensais à toutes ces choses quand deux officiers se sont approchés. L'un d'eux était celui qui s'était présenté l'après-midi à mon logement. L'autre est un inconnu.
 Le premier m'a pointé du doigt et a dit au second quelques mots en allemand, que, bien sûr, je ne comprenais pas. En même temps, il lui a donné un morceau de papier.
 — Et mes papiers ? Et mes malles ? ai-je dit.
 — Tout vous sera rendu à la frontière suisse. Suivez l'officier, répondit celui qui m’avait appréhendé dans l'après-midi.
 Et il s'est éloigné à grands pas. Puis il s'est retourné et m'a crié d'une voix ironique : Bon voyage ! Il s'est perdu dans l'ombre qui enveloppait une grande partie de la gare. Je ne l'ai jamais revu. Je ne connais pas son nom, s'il est encore en vie.
 
 L'autre officier m'a ordonné de le suivre, et ensemble nous sommes montés à bord d'un train de voyageurs, complètement vide, qui était sur le point de partir. Nous n'avions pas de billet, et ce n'était pas nécessaire. Personne ne nous l'a demandé.
 Je n'avais peur de rien. J'étais convaincu que le lendemain, au plus tard, je serais en Suisse. Cependant, j'étais inquiet pour les malles et j'ai demandé à l'officier ce qu'elles étaient devenues.
 — Tes malles ? - répondit-il. - Je ne sais rien du tout. Mon compagnon en aura pris soin.
 Le train a démarré. A chaque gare, il a fait des arrêts de plusieurs heures. J'avais faim et soif, mais je n'osais pas bouger. Fatigué, je me suis endormi. Quand je me suis réveillé, il faisait déjà jour et j'étais à Mons. L'officier était descendu. D'une fenêtre je l'ai cherché à travers la gare. Je devais le retrouver immédiatement, car il avait mes documents et je manquais de ressources.



Laissons l'écrivain espagnol Jacinto Octavio PICON de l'académie royale espagnole et qui a écrit le préface du livre faire le résumé de la suite :

 [Le lendemain] j'étais à Mons. Avec une brutalité inouïe, on me poussa contre un wagon, et, me soulevant, on me précipita entre des prisonniers français, belges, anglais, civils, militaires ; c'était un enfer où l'on était entassé, où les blessés agonisaient sur de la paille pourrie, parmi le sang, l'urine, les excréments, les vomissements. Brûlés par la fièvre, étouffés par la soif, sans air par une chaleur torride, sans soins, nous étions comme des bestiaux abandonnés dans des cavernes roulantes.
Nous arrivâmes, le 1er octobre, à cinq heures du matin, à Zossen-Bunsdorf.
Dans les wagons il y avait des morts et des mourants ; ceux qui pouvaient se tenir encore debout furent conduits au camp de prisonniers. J'étais du nombre.
 Ce camp se composait d'un grand espace clos par des fils de fer barbelés ; rien d'autre que la terre et la clôture. Nous y trouvâmes plus de 15.000 hommes : Français, Anglais, Russes et Belges. On remit à chacun de nous une assiette en fer blanc, une cuillère, une couverture et... « Arrangez-vous... »
Dans le sol sablonneux, les prisonniers avaient creusé, à l'aide des assiettes et des cuillères, des trous dont ils s'accommodaient pendant la nuit. Ceux qui n'avaient pas de trou dormaient à la belle étoile.
Je me présentai au commandant du camp pour expliquer mon cas ; il me répondit : « Vous êtes un menteur!... Vous êtes Français!... »

 Torras fut transporté de Zossen à Chemnitz ; le voyage avait été horrible ; on l'installa avec d'autres malheureux prisonniers, dans les écuries d'une caserne d'artillerie.
En janvier 1915, il fut interrogé par un officier allemand nommé D'Avignon, et le dialogue suivant s'engagea ;
— Tu n'es qu'un farceur!... Tu n'es pas Espagnol, mais Portugais !... Voici ton dossier ; tu vas le signer.
— Je ne signerai pas !... Je suis Espagnol !...
— Je te ferai fusiller !...
— Je ne signerai pas !...

 D'Avignon, poursuit Torras dans son récit, fit signe à un soldat qui me donna un coup de baïonnette, me blessant au cou. Le sang gicla. Je criai. La scène fut terrible. Le soldat m'empoigna, me jeta dans un cachot, Le sang continuait à couler et je perdis connaissance...
Quatre jours après on me reconduisit à l'écurie où je retrouvai mes compagnons d'infortune. Un Français put se procurer de la charpie et de l'iode ; il me pansa pendant plusieurs semaines et réussit à me guérir.

Nous étions là-bas 4.000 prisonniers environ, couverts de saleté et de vermine, assoiffés, affamés. A nos réclamations, le vieux capitaine répondait :
— C'est assez bon pour des coquins de Français comme vous autres!... »

 Torras a passé ainsi vingt et un mois. De Chemnitz il est envoyé à Gross-Poritsch. Dans tous les camps ou dépôts de prisonniers il a été témoin de véritables scènes de sauvagerie. Il raconte des faits qui font monter la rage au cœur, les larmes aux yeux !...

 

VT

 Il ne sera libéré que le 1er juillet 1916 au matin duquel il quitte le camp de Gross-Poritsch (maintenant Porajów en Pologne, à la frontière actuelle avec l'Allemagne, non loin de ce qui est devenu la Tchéquie) pour Dresde, Lindau, Munich et enfin la Suisse par le lac de Constance - qu'il doit payer pour traverser -, puis Berne d'où il finira par regagner l'Espagne.

 

 Le livre sera publié à partir de ses notes, qu'il avait pu soustraire à la dernière fouille lors de sa libération.

SE IMPRIMIÓ
Un Español prisionero
de los Alemanes
EN LA
TIPOGRAFÍA ARTÍSTICA
CERVANTES, 28
MADRID
1916


 N'ayant évidemment récupéré ni ses malles ni son pécule, il essayera d'obtenir des indemnisations de l'Allemagne. C'est au contraire celle-ci, qui, par l'intermédiaire du prince de Ratibor, ambassadeur d'Allemagne, déposera une plainte à la suite de la parution du livre, ce qui le fera comparaître en décembre 1917 devant un tribunal espagnol pour diffamations.......



30 octobre 2020

Soldats Allemands décédés à Valenciennes en 1918 (1ère partie)

 Entre le 25 Août 1914 -date de l'invasion de Valenciennes- et le 2 novembre 1918 -date de la libération de la ville-, de nombreux soldats allemands ont été soignés dans les divers hôpitaux "militarisés", initialement tenus par la Croix-Rouge puis par l'occupant lui-même ; certains d'entre eux y sont décédés et figurent dans les registres d'état-civil de la commune jusqu'à ce que les autorités d'occupation cessent de communiquer les décès à l'administration :
Jusqu'en juin 1917 les actes portent réglementairement le nom de 2 témoins (français) ; ce n'est qu'en octobre que la mairie consigne 30 actes succincts antérieurs au 8 septembre et portant la mention "Dressé sur l'ordre de la Commandanture" ; ils seront les derniers de la période d'occupation à être enregistrés.

C'est donc grâce à d'autres sources que je continue de les recenser, mettant à profit celles-ci pour compléter les listes de 1914 à 1917 qui avaient déjà été publiées et seront mises à jour.

cimetière allemand Valenciennes

1051 soldats allemands de la Grande Guerre sont actuellement connus comme décédés à Valenciennes.

L'inhumation se faisait au cimetière St Roch, voir sur ce même blog le sujet sur le cimetière durant la guerre.

Il n'y a pas eu à proprement parler de combats dans la ville lors de l'invasion d'Août 1914, depuis cette date il s'agit donc de blessés amenés du front dans les Lazarett et qui n'ont pu être sauvés. A partir de mi-octobre 1918 il s'agit de combats face aux alliés qui progressent jusqu'à investir la ville le 2 Novembre, des blessés décèderont après cette date lors du repli jusqu'à l'Armistice du 11/11/1918, puis des prisonniers en 1919.

Les sources -toujours signalées- sont :

  • Les Archives Départementales du Nord, registres des décès de Valenciennes,
  • Le site Denkmalprojekt,
  • Le site Frontflieger,
  • Photos & informations personnelles
  • Des historiques régimentaires, dont celui du Régiment d'Infanterie de Réserve n°55, pour le dernier mois de guerre,
  • Le site Verlustlisten 1. Weltkrieg.

 

  • Pour chaque soldat ci-dessous un lien sous le nom permet d'accéder à la source principale (signalée après celui-ci) figurent ensuite :
    • Grade et unité - dans la mesure des informations,
    • Date et lieu de naissance (id°),
    • Date et précisions sur le lieu de décès.
      • Informations complémentaires ; le cas échéant, un lien permet d'accéder à la source, si différente de la principale.
      • Lorsque j'en ai connaissance, le lieu d'inhumation est précisé ; selon le site Volksbund.de, près de la moitié des soldats allemands inhumés au cimetière de Frasnoy (Nord-France) venaient de Valenciennes. Je n'ai cependant pas obtenu de liste auprès de l'organisation chargée des tombes, qui m'a répondu "ne pas donner de renseignements aux chercheurs", et lors de ma visite au cimetière fin janvier 2020, le livre des noms (Namenbuch) était remplacé par un avis de leur antenne française de Metz indiquant la conservation du livre "à l'abri des conditions hivernales". Ce n'est qu'après le confinement que j'ai pu revenir (le 2/06/2020) et, toujours faute de livre, photographier chaque tombe, ce qui m'a permis de dresser un plan détaillé de l'implantation de celles-ci à Frasnoy

        Les informations retrouvées sur le site Volksbund.de étant le plus souvent parcellaires, j'ai étendu la liste des noms à ceux qui sont décédés dans les derniers combats avant l'Armistice, à Valenciennes ou dans les communes voisines exclusivement

  Certains renseignements sont rédigés en allemand, avec l'usage habituel des abréviations, parfois réduites à quelques lettres, comme
i.Kr. pour Tod infolge Krankheit (ou Kriegsverwundung) : Décédé des suites de maladie (ou de ses blessures de guerre).

  En ce qui concerne l'État-Civil de Valenciennes (noté ci-dessous "ECV") aux Archives Départementales du Nord, le lien renvoie via la cote du microfilm à la page d'accueil de celui-ci faute de lien pérenne avec cette vesion du site. Il convient donc pour le moment de relever les n°s d'acte et de vue.
L'historique du RIR55 ( dont il a déjà été question ici) n'étant pas numérisé, aucun lien n'est disponible.

 

  Liste der deutschen Soldaten, die zwischen 1914 und 1919 in der Stadt Valenciennes starben, entweder im Zivilregister eingetragen oder gesammelt, insbesondere auf der Website "DenkmalProjekt".
Manchmal geben die Einträge einige Informationen über diese Soldaten, wie z.B. ihre Einheit, die ich ebenfalls wiedergebe. Diese Soldaten wurden in der militärischen Abteilung des städtischen Friedhofs von Saint-Roch begraben.
Die Leichen wurden nach dem Krieg auf den Friedhof von Frasnoy überführt oder zu ihren Familien zurückgebracht.

 

 

Retour au tableau des nationalités par année

Voici les 205 noms connus au 22/02/2023 pour la 1ère partie de 1918 sur le total de 409, dans l'ordre des décès :
La liste de 1918 a dû être partagée en 2 pour des raisons techniques ;
ce lien permet de joindre l'autre demi-liste.
Sur le total de l'année 1918 (409), 203 sont recensés au cimetière militaire allemand de Frasnoy.

Une liste alphabétique au bas de la page renvoie vers les informations personnelles.  

 

  • SCHLIEPHACKE Albert      Source : Denkmalprojekt
      Grade & Unité  - ; I.R. 111
      Naissance  08.02.1890 Salzwedel
      Décès  01.01.1918 in Valenciennes - Frankreich
      Inhumation  pas d'information connue.
      • Infos complémentaires : 
        in Valenciennes bestattet, Grab 2058 (Tombe originelle, déplacé vers ???)
        Verlustlisten

 

  • SCHÄFER Camill      Source : Denkmalprojekt
      Grade & Unité  Ltn.d.R. ; -
      Naissance  13.04.1896 Randegg
      Décès  08.01.1918 Valenciennes
      Inhumation  pas d'information connue.

 

 

 

 

 

 

  • HUGUES Karl      Source : Denkmalprojekt
      Grade & Unité  Leutnant ; I.R. 84 / Flieger
      Naissance  10.05.1897, Oberhof (Mecklbg.)
      Décès  24.01.1918 Valenciennes
      Inhumation  pas d'information connue.

 

 

 

 

 

 

 

  • BARTHAUER Ernst      Source : Denkmalprojekt
      Grade & Unité  Ltn.d.R. / Flieger ; Jagdstaffel Schule V.H.L. I
      Naissance  10.02.1893 Brandenburg a. Havel
      Décès  27.02.1918 Flugpl. Famars Valenciennes
      Inhumation  pas d'information connue.

 

 

  • MÜLLER Aloïs      Source : Denkmalprojekt
      Grade & Unité  Leutnant der Reserve ; -
      Naissance  09.11.1893 Münster 09.11.1893 Münster
      Décès  06.03.1918 Famars
      Inhumation  pas d'information connue.
      • Infos complémentaires : -

 

 

 

 

 

 

 

 

  • BILLHARDT Oswin      Source : Denkmalprojekt
      Grade & Unité  Musketier ; Infanterie Regiment Herzog Friedrich Wilhelm von Braunschweig (Ostfriesisches) Nr. 78
      Naissance  20.12.1894 Grimma
      Décès  24.03.1918 Valenciennes
      Inhumation  pas d'information connue.
      • Infos complémentaires : 
        Militärfriedhof Valenciennes, Gr. 1365
        Verlustlisten

 

  • REICHENBACH Konrad, Graf      Source : Denkmalprojekt
      Grade & Unité  Ltn.d.R. ; Infanterie Regiment Graf Bülow von Dennewitz (6. Westfälisches) Nr. 55
      Naissance  13.08.1897 Gr.-Wartenberg
      Décès  24.03.1918 Famars (Valenciennes)
      Inhumation  pas d'information connue.
      • Infos complémentaires : 
        Lieu d'inhumation : Schloss Goschütz

 

 

 

 

  • OMPTEDA Ludwig, Freiherr von      Source : Denkmalprojekt
      Grade & Unité  Hauptmann ; Füsilier-Regiment "Königin" Nr. 86, 3. Komp.
      Naissance  21.11.1888 Altona
      Décès  30.03.1918 Valenciennes
      Inhumation  pas d'information connue.

 

 

 

 

 

 

 

 

  • RAAPKE Walter      Source : Denkmalprojekt
      Grade & Unité  Leutnant der Reserve ; Regimentsstab; Reserve-Infanterie Regiment Nr. 46
      Naissance  3.6.1888, Mocker, Thorn
      Décès  05.04.1918 Kriegs-Laz. Valenciennes
      Inhumation  pas d'information connue.
      • Infos complémentaires : 
        Verwundet am 21.3.1918 b. Doignies
        Verlustlisten

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  • MENGEL Ludwig      Source : Denkmalprojekt
      Grade & Unité  Unteroffizier ; -
      Naissance  16.01.1897 Laasphe
      Décès  11.04.1918 Valenciennes
      Inhumation  pas d'information connue.
      • Infos complémentaires : -

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  • SELL Michael      Source : Denkmalprojekt
      Grade & Unité  Sergt. ; -
      Naissance  26.02.1888 Schonungen (Ufr.)
      Décès  13.04.1918 Valenciennes
      Inhumation  pas d'information connue.

 

  • LANFER Wilhelm      Source : Denkmalprojekt
      Grade & Unité  Musketier ; Braunschweigisches Infanterie Regiment Nr. 92 , 1.MGK
      Naissance  Hengelage, Bersenbrück
      Décès  14.04.1918 Valenciennes KrLaz 122
      Inhumation  pas d'information connue.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  • NOBILING Fritz      Source : Denkmalprojekt
      Grade & Unité  Unteroffizier ; Feldartl. Regt. 108 VI. Batterie
      Naissance  24.07.1894
      Décès  03.05.1918 Valenciennes
      Inhumation  pas d'information connue.

 

  • BOLTHAUSEN Rudolf      Source : wiki-de.genealogy
      Grade & Unité  Leutnant der Reserve und Führer ; 8. Batterie des Reserve-Fuß-Artillerie Regiments 24
      Naissance  17.09.1888 Metzkausen
      Décès  06.05.1918 Valenciennes
      Inhumation  pas d'information connue.
      • Infos complémentaires : 
        Er starb im Kriegslazarett 7 in Valenciennes
        Verlustlisten

 

 

 

 

  • BERNARD Heinrich      Source : Denkmalprojekt
      Grade & Unité  Vizefeldwebel ; Infanterie Regiment von Lützow (1. Rheinisches) Nr. 25
      Naissance  25.10.1891, Mondorf
      Décès  09.05.1918 Kriegslazarett 7 Valenciennes
      Inhumation  pas d'information connue.

 

 

 

 

 

  • STRASSER Josef Anton      Source : Sterbe Bilder
      Grade & Unité  Gefreiter ; Reserve Infanterie regiment Nr 247, 4. K., I. Btn.
      Naissance  03.06.1894 Knetzenweiler
      Décès  15.05.1918 Valenciennes Kriegslazrett Abt.7,Gruppe 1
      Inhumation  pas d'information connue.

 

 

 

 

 

  • BRAUNE Wilhelm Hermann Friedrich      Source : Denkmalprojekt
      Grade & Unité  Unteroffizier der Reserve ; Infantrieregiment Nr. 26, 12. Kompanie
      Naissance  31J 8M 24T (=?05.09.1886) Neuenklitsche Jerichow II
      Décès  29.05.1918 in Frankreich; 6.45 vormittags,
      Inhumation  pas d'information connue.

 

 

 

 

 

 

 

  • BARTHEL Xaverius      Source : Denkmalprojekt
      Grade & Unité  Kanonier ; Feld-Artillerie Regiment (1. Oberelsässisches) Nr. 15, 3. Ersatz-Batterie
      Naissance  -
      Décès  08.06.1918 in Valenciennes
      Inhumation  pas d'information connue.
      • Infos complémentaires : 
        durch Fliegerbombe, kommandiert zur Fahnenjunkerschule Valenciennes

 

  • RANTKE Richard      Source : Denkmalprojekt
      Grade & Unité  Jäger ; Brandenburgisches Jäger-Bataillon Nr. 3 (Jäger-Sturm-Bataillon Nr. 3) 3. Komp.
      Naissance  Warnekow, Mecklenburg-Vorpommern
      Décès  09.06.1918 Valenciennes
      Inhumation  pas d'information connue.
      • Infos complémentaires : 
        verwundet am 09.06.1918 bei Valenciennes

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  • FRIEDRICH Albert      Source : Denkmalprojekt
      Grade & Unité  Vzfeldw. ; -
      Naissance  23.06.1892 Klemerwitz, Liegnitz
      Décès  09.07.1918 Valenciennes
      Inhumation  pas d'information connue.

 

 

 

 

 

  • RAITH August      Source : Denkmalprojekt
      Grade & Unité  - ; Maschinengewehr-Scharfschützen-Abteilung Nr. 77, 2.Komp
      Naissance  27.03.1896 Weilimdorf
      Décès  14.07.1918 Valenciennes
      Inhumation  pas d'information connue.

 

 

 

 

 

  • WEIßE Max      Source : Denkmalprojekt
      Grade & Unité  Musketier ; Königlich Preußisches Infanterie Regiment Landgraf Friedrich I. von Hessen-Kassel (1. Kurhessisches) Nr. 81, 1. MG-Komp.
      Naissance  30.11.1895 Hainichen, Chemnitz
      Décès  18.07.1918 Laz. Valenciennes
      Inhumation  pas d'information connue.
      • Infos complémentaires : 
        gestorben

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  • DERGWILL Hugo      Source : Frontflieger
      Grade & Unité  Flieger ; Jasta Schule I
      Naissance  03.01.1894 Ohligs
      Décès  17.08.1918 Valenciennes-Famars
      Inhumation  pas d'information connue.

 

 

  • MILTENBERG Wilhelm      Source : Denkmalprojekt
      Grade & Unité  Ltn.d.R. ; ?
      Naissance  18.05.1895 Berlin
      Décès  17.08.1918 Famars-Valenciennes
      Inhumation  pas d'information connue.
      • Infos complémentaires : -

 

 

  • CYRUS Heinrich Emil Richard      Source : Geni
      Grade & Unité  Unteroffizier ; Reserve-Inf.-Regt. No.215, 10. Komp.
      Naissance  22.05.1894 Bremen
      Décès  20.08.1918 St Saulve lazarett 122
      Inhumation  pas d'information connue.

 

  • MÜLLER Friedrich      Source : Denkmalprojekt
      Grade & Unité  Grenadier ; Gren.-Reg. Nr. 123, 8. Komp.
      Naissance  22.02.1898, Heilbronn
      Décès  22.08.1918 Kriegs-Laz. 7 in Valenciennes
      Inhumation  pas d'information connue.
      • Infos complémentaires : 
        Goldarbeiter, verstorben 17:13; verwundet 08.08.1918 zwischen Ancre und Somme, Frankr.

 

 

 

  • GÜNTNER Alois      Source : Denkmalprojekt
      Grade & Unité  Vizefeldwebel ; Württembergisches Reserve-Infanterie Regiment Nr. 248
      Naissance  27.11.1896 Rattstadt (Ellwangen)
      Décès  23.08.1918 Valenciennes
      Inhumation  pas d'information connue.
      • Infos complémentaires : 
        verwundet 08.08.1918 Bray sur Somme
        Verlustlisten

 

 

  • RUDZIK Erwin      Source : Denkmalprojekt
      Grade & Unité  Leutnant der Reserve ; Thüringisches Fußartillerieregiment Nr. 18 , 4. Batterie
      Naissance  24.10.1894, Königsberg i.Pr.
      Décès  23.08.1918 gest. im K.L. 7 I, Valenciennes
      Inhumation  pas d'information connue.

 

 

 

  • RUCH Franz      Source : Denkmalprojekt
      Grade & Unité  Ltn. ; ?
      Naissance  03.05.1896 Kassel
      Décès  28.08.1918 Valenciennes
      Inhumation  pas d'information connue.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  • WELTE Peter      Source : Denkmalprojekt
      Grade & Unité  Gefreiter ; Infanterie Regiment Graf Bülow von Dennewitz (6. Westfälisches) Nr. 55, 5. K.
      Naissance  27.06.1883, Waltershoven, Leutkirch
      Décès  02.09.1918 im Kriegslaz. 122 in Valenciennes
      Inhumation  pas d'information connue.

 

 

 

 

 

 

 

 

  • SCHNEIDER Jean Marcel      Source : Archives 57
      Grade & Unité  Unteroffizier ; Infanterie Regiment Nr. 447
      Naissance  09.01.1898 Fixem (Moselle) Kreis Diedenhofen
      Décès  05.09.1918 Valenciennes
      Inhumation  pas d'information connue.

 

  • WINTERFELD (von) Joachim      Source : Denkmalprojekt
      Grade & Unité  Flieger Leutnant ; 4. Richthofen Staffel
      Naissance  16.09.18xx, Wiesendorf, Calau
      Décès  05.09.1918 bei Valenciennes
      Inhumation  pas d'information connue.

 

 

  • MARWITZ von der      Source : Denkmalprojekt
      Grade & Unité  Leutnant der Reserve ; Ulanenregiment von Schmidt (1. Pommersches) Nr. 4. Führer der M.W.A.
      Naissance  -
      Décès  06.09.1918 Valenciennes
      Inhumation  pas d'information connue.
      • Infos complémentaires : 
        beim Kampf um die Stellung bei Bullecourt (Cambrai) schwer verwundet, verstorben im Lazarett

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  • CLASSEN Johannes 'Hans'      Source : Frontflieger
      Grade & Unité  Unteroffizier ; Bosta 22/ Bogohl 7
      Naissance  18.03.1896 Düsseldorf
      Décès  10.09.1918 Valenciennes
      Inhumation  pas d'information connue.
      • Infos complémentaires : 
        Réinhumé au cimetière allemand de Frasnoy : Carré 3 Tombe 131
        Implantation des tombes sur ce blog
        Er war Flugzeugführer der Staffel. Vermutlich Ende August wurde er schwer im Luftkampf bei Herbecourt bzw. Fontaine-lès-Cappy verwundet. Seinen Verwundungen erlag er am 10. September 1918 hinter der Front. Erstbestattungsort Valenciennes. Mit ihm flog der Beobachter Otto Planthafer aus Hamburg (über diesen sind keine weiteren Informationen bekannt).

 

  • REDEN Herbert von      Source : Denkmalprojekt
      Grade & Unité  Leutnant der Reserve ; -
      Naissance  16.07.1881 Hastenbeck, Hameln
      Décès  10.09.1918 Kriegslazarett Valenciennes
      Inhumation  pas d'information connue.

 

 

 

  • GUSSE Léon Joseph      Source : Archives 57
      Grade & Unité  Unteroffizier ; Reserve Infanterie Regiment Nr. 227
      Naissance  17.12.1794 Metz (Moselle)
      Décès  13.09.1918 Valenciennes
      Inhumation  pas d'information connue.

 

 

  • ADLER Richard      Source : Denkmalprojekt
      Grade & Unité  Unteroffizier ; Leibgarde-Inf.-Rgt. 115, 3. Komp.
      Naissance  05.02.1889 Heilbronn
      Décès  14.09.1918 Kriegs-Laz. in Valenciennes, Frankr.
      Inhumation  pas d'information connue.
      • Infos complémentaires : 
        Gest., verw. 30.08.1918 b. Cambrai
        Verlustlisten

 

 

 

 

  • EBELING Karl      Source : Denkmalprojekt
      Grade & Unité  Ulan ; 1./Ul.R. 17
      Naissance  20.11.1891
      Décès  15.09.1918 bei Valenciennes, Frankreich
      Inhumation  pas d'information connue.
      • Infos complémentaires : 
        bestattet Kriegsfriedhof Valeuxieuner (Valenciennes ?)

 

  • LONGMUSS Moritz      Source : Denkmalprojekt
      Grade & Unité  - ; 5. K. IR 115
      Naissance  28.06.1882, 36 J. Behringen, Arnstadt
      Décès  15.09.1918 Valenciennes, Frankreich
      Inhumation  pas d'information connue.

 

 

  • STIEWE F.      Source : Denkmalprojekt
      Grade & Unité  Reservist ; -
      Naissance  -
      Décès  20.09.1918 Laz. Valenciennes
      Inhumation  pas d'information connue.
      • Infos complémentaires : -

 

ADLER Richard
ADOLPHSEN Johannes Theodor
ALBERT Pierre Emil
ALETTER Wilhelm
ARNHEITER Ludwig
BADER Anton
BARTHAUER Ernst
BARTHEL Xaverius
BARTSCHT Arthur Max
BAUER Georg
BENECKE Hinrich
BENSEL Jakob
BERNARD Heinrich
BICKEL Bruno
BILLHARDT Oswin
BISCHOFF Richard
BOELOW Hubert Albert
BÖHE Julius
BOLTHAUSEN Rudolf
BORZYKOWSKI Johann Peter von
BRAUNE Wilhelm Hermann Friedrich
BRIESKORN Valentin
BRÜMANN Hans
CLASSEN Johannes 'Hans'
CONRAD Otto
CYRUS Heinrich Emil Richard
CZWIKLINSKI Johann
DERGWILL Hugo
DIETRICH Rudolf
DREYER Albert
EBELING Karl
EBSEN Georg
EGGELMANN Ernst
EILERS Franz Heinrich
EITEL Imanuel Gotthilf
ENGESSER Robert
ETTL Johann
FIDORA Gustav Emil
FINDT Franz
FISCHER Paul (Wilhelm ?)
FRIEDLEIN Georg
FRIEDRICH Albert
FRISCH Fritz
GIER Clemens Georg
GLÖCKNER-GENEUSS Karl
GOLDTREE Otto James
GÖRLITZ Georg
GOTTSCHALT Islin
GROSSE Hermann
GRUNWALD Karl
GÜNTNER Alois
GUSSE Léon Joseph
HAKE Heinrich
HANNE Heinr., sen.
HÄS Julius
HEIDGER Josef
HEIL Ernst
HEINRICHS Wilhelm
HENZE Gustav
HERGET Leo
HIMMEL Anton
HUGUES Karl
IHLE Friedrich Bruno
JOOSS Wilhelm
JUNG Fritz
KAMPMANN Friedrich
KAMZOL Joseph
KARLE Hermann
KEMP Philipp
KERN Gustav
KLÜWER Heinrich
KNIPFER Felix
KNOCHE/KNOCKE August Franz
KNOCHE Karl
KNÖFEL Franz
KOBER Franz
KOLLBERG Paul
KÖNIGER Friedrich
KÖNIG Johann Wilhelm
KÖPKE Heinr.
KOTSCHENREUTHER Balthasar
KOWALLA Stanislaus
KREUTZER Franz
KÜHNLE August
KUNDEL Ernst
LANFER Wilhelm
LEHNEIS Ernst
LEHN Wilhelm
LINKE Albert
LIPKA Ernst
LOCHMANN Georg
LONGMUSS Moritz
LORENZEN Jørgen
MARWITZ von der
MAURER Friedrich
MEIER August
MEIER Christian
MENGEL Ludwig
MEYER Hans
MIEDL Michael
MILTENBERG Wilhelm
MOSER Max
MÜLLER Aloïs
MÜLLER Christian
MÜLLER Felix
MÜLLER Friedrich
MÜLLER Friedrich
MÜLLER Wilhelm
MUREK Peter
NEUBIG Wilhelm
NEUSCHULZ Hermann
NOBILING Fritz
OELZE Richard
OGLODEK Stanislaus
OMPTEDA Ludwig, Freiherr von
PARTSCH Kurt
PASCHKE Gustav
PEETZ Franz
PFAB Johann
PFANNKUCHE Gerhard
PFEIFFER Rudolf
PREETZMANN Erich
PRINZHORN Karl
RAAPKE Walter
RAITH August
RANTKE Richard
RAPP Karl
REDEN Herbert von
REETZ Reinhold Martin Fritz
REHORN Wilhelm
REICHENBACH Konrad, Graf
REINEMUTH Georg
REITZKI Richard
RICHARD Erich
ROHRE Peter
RÖHRIG Georg
ROSENBAUER Johann
ROßA August
RÖSSLER Walter
RUCH Franz
RUDZIK Erwin
SALEWSKI August
SANDNER Josef
SCHAD Johannes
SCHÄFER Camill
SCHÄFER Gottlob
SCHARFE Arthur Abin
SCHECK Wilhelm Gottlob
SCHICK August
SCHILLING Paul
SCHLEGEL Arnold
SCHLIEPHACKE Albert
SCHMUHL Hans
SCHNEIDER Ernst
SCHNEIDER Friedrich
SCHNEIDER Jean Marcel
SCHÖFFEL Johann Eduard
SCHOLDRA Franz
SCHOLTZ Eberhard
SCHREIBER Otto
SCHULD Albert
SCHULTZ Gerhard
SCHUMACHER Anton
SCHUPP Albert
SEGGERN Heinrich von
SEIFRIED Karl
SELL Michael
SIMON Wilhelm
SOLLEDER Adalbert
SOPART Karl
STEINER Friedrich
STEINIG Heinrich
STEINMETZ Georg
STIEWE F.
STOETZNER Walter
STORGAARD Peter Lauritz
STÖR Wilhelm
STRASSER Josef Anton
STROHFUß Heinrich
TELKE Paul Robert
TEPPER Wilhelm
THIELE Curt
THIEME Rudolf
THOCZ (TKOTZ) Oskar
THOME Artur
TRAMPEL Karl
UTZ Emil
VOIT Thomas
VOß Hans
VREY Garrelt
WAGNER Gottlieb/Gottfried
WAGNER Paul
WALLENDORF Hugo
WEBER Karl
WEBER Richard
WEIßE Max
WELTE Peter
WIELAND Karl
WINTERFELD (von) Joachim
WINTER Xaver
ZARSS/ZARFS Paul
ZARSS/ZARFS Paul
ZEEB Wilhelm
ZEEB Wilhelm
ZEEB Wilhelm
27 janvier 2020

Gazette des Ardennes : soldats français inhumés en Août 1914 dans le Valenciennois

 La (si décriée) Gazette des Ardennes, éditée par l'occupant, et paraissant dans les territoires occupés, ne faisait pas que publier des articles de propagande, glorifiant l'occupant et dénigrant les alliés : elle délivrait des informations qui dans une très large mesure se révèlent authentiques : des articles de journaux français libres, que l'on retrouve dans ceux-ci, même si parfois le texte en est réduit à l'essentiel, et surtout des listes que j'ai détaillées ici :

  • Victimes civiles des bombardements alliés
  • Soldats français inhumés derrière la ligne de front,
  • Ceux décédés en Allemagne, (dans les hôpitaux des camps)
  • Personnes décédées en territoire occupé,
  • La transcription de "Nécrologies Françaises" (tirées de journaux parisiens),
  • Prisonniers Français faits par les Bulgares,
  • Prisonniers en Turquie,
  • Prisonniers en Autriche,
  • Prisonniers ou morts en Macédoine,
  • Infirmiers échangés par convois,
  • Prisonniers transférés en Suisse,
  • ou spéciales, comme celles donnant :
    • des nouvelles de PG Ardennais au camp de Friedrichsfeld,
    • la liste des victimes de la catastrophe des 18-Ponts à Lille le 11/01/1916,
    • les morts de Gallipoli,
    • les noms des évacués vers les Ardennes.

 Il est d'ailleurs dommage qu'elles n'aient pu être lues en zone non occupée, censure oblige la Gazette n'y était pas diffusée, car les renseignements concernant les prisonniers par exemple auraient rendu service aux familles avant que la Croix-Rouge ne puisse visiter les camps et rendre compte.

 Je me suis ici intéressé aux Soldats français inhumés derrière la ligne de front, pour la courte période où le front, quasiment non défendu, émaillé de troupes que rien ne préparait et qui se sont sacrifiées, reculait depuis la frontière belge en direction de Valenciennes.

 L'animation ci-dessous, créée à partir du site carto1418 montre l'arrivée de la 1ère Armée Allemande sur notre frontière après sa traversée de la Belgique : le 21 Août elle atteint Bruxelles, seules 3 divisions territoriales (82e et 84e puis la 88e qui remonte vers Lille) affectées à des travaux de défense vont s'opposer à elle, alors que le Corps expéditionnaire Britannique - en orange- recule depuis Mons vers Le Cateau : Le 25 Août Valenciennes est définitivement envahie jusqu'au 2/11/1918.

 

Source: Externe
 La zone en grisé va de Mons à Cambrai

 L'image suivante, superposition des précédentes, montre clairement l'enfoncement du front face aux 1ère et 2ème armée allemandes qui avancent avec -encore, comme le prévoyait le plan Schlieffen, connu de l'état-major français- l'intention pour la 1ère armée de contourner Paris, devenu camp retranché, par l'ouest.

19140808-31
Du 8 au 30 Août 1914

La 84e division d'infanterie territoriale, qui est la plus proche du Valenciennois, est constituée comme suit en Août 1914 :

Infanterie

  • 167e brigade d'infanterie – général Paul André Marie ROEDERER
    • 25e Régiment d'Infanterie Territoriale
    • 26e Régiment d'Infanterie Territoriale
  • 168e brigade d'infanterie – colonel Victor Amédée d'HARCOURT
    • 8e compagnie du 27e régiment d'infanterie territorial
    • 28e régiment d'infanterie territorial

Cavalerie

  • 2 escadrons du 14e régiment de Hussards

Artillerie

  • 2 groupes de 75 du 44e régiment d'artillerie de campagne

Génie

  • Compagnie 4/1T du 4e régiment du génie

 

 Chaque bataillon est fort d'un peu plus d'un millier de fusils, nombreux sont ceux qui vont perdre la vie dans cette défense de la région qui leur a été assignée.
 L'historique du 27e RIT clame d'ailleurs le besoin de reconnaissance apparemment non respecté, page 2 :

H27RITp2

 

 C'est donc dans la Gazette des Ardennes que j'ai relevé, puis contrôlé les noms, en choisissant les villes suivantes :
Aulnoy, Avesnes-le-sec, Bouchain, Bruay-sur-Escaut, Condé, Crespin, Denain, Douchy, Escaupont, Fresnes, Haspres, Haveluy, Hordain, Marly, Monchaux, Quarouble, Raismes, Sepmeries, St-Aybert, Thiant, Valenciennes, Vicoigne,
qui figurent sur les listes n° 4, 11, 47, 49 et 50 ci-dessous (cliquer sur l'image pour l'agrandir, sur le n° de liste pour accéder à la page de la Gazette sur le site de l'université de Heidelberg.)

liste 04b liste11b liste47b liste49b liste50b
Liste n°4
11/06/1916
Liste n°11
30/07/1916
Liste n°47
26/04/1917
Liste n°49
29/04/1917
Liste n°50
01/05/1917

 

Y figurent 171 informations dont :

  • 3 inconnus (du 26e RIT à Escaupont, du 127e RI à Thiant et un garde-voies à Bouchain),
  • une fosse contenant 4 inconnus (à Vicoigne) et
  • un soldat connu de son seul matricule 8750 (à Crespin) du 26e RIT que je n'ai pas encore identifié. Ce dernier pourrait-être celui de l'état-civil spécial de Crespin. Le n° est trop élevé pour un matricule au recrutement de la Mayenne (par exemple) c'est donc probblement celui "au corps" mais que l'on ne retrouve pas parmi les 211 soldats du 26eRIT, morts dans le Nord en Août 1914 et qui ont une fiche Mémoire des Hommes. (Précisons que ce matricule au corps n'est pas indexé)

Ces inconnus, s'il le sont restés, reposent probablement à la nécropole nationale d'Assevent parmi 57 autres :

Source: Externe

57inconnus


2 ne sont pas décédés :

  • HAMON Romain Pierre, 26e RIT
    Indiqué inhumé à Haspres, mais son Etat Signalétique et des Services (ESS) indique :
    "Rappelé à l'activité au 26eRIT, arrivé au corps le 4 Août 1914, parti aux armées le 7/8, affecté au 330e RI le 30 décembre 1915. Disparu le 28/02/1916 à Champlon. Fait prisonnier le 28/02/1916. Interné à Hamelburg. Rapatrié le 18/12/1918."
  • L'HERMELIN Vital Théodore, 26e RIT
    Indiqué inhumé à Condé-sur-l'Escaut, mais son ESS indique :
    "Rappelé à l'activité au 26eRIT, arrivé au corps le 4 Août 1914, parti aux armées le 12/8. Prisonnier à Crespin le 24/8/1914. Interné à Altengrabow. Rapatrié le 8/01/1919;"

 

6 n'ont pu être formellement identifiés (pas de fiche Mémoire des Hommes, et/ou pas d'ESS connu) :

  • MARCOTTE Julien Joseph, 26e RIT, indiqué "127e RI" sur la Gazette. Différence qui peut s'expliquer par l'intégration d'hommes restés au dépôt de Condé du 127RI et intégré au 26e RIT face à l'urgence.
    Décédé le 24/08/1914 à Condé-sur-l'Escaut.

 

 

  • DEMOR Louis, Garde-voies
    Décédé le 23/11/1914 à Bouchain.
  • DESPINOY Alfred, Garde-voies
    Décédé le ? à Bouchain.
  • GUILLOTIN Louis, Garde-voies
    Décédé le ? à Bouchain.

 


 Les 158 noms qui suivent et qui ont pu être contrôlés (fiche Mémoire des Hommes, ESS) sont cités dans l'ordre chronologique des décès.
Il y avait très peu d'erreur dans les patronymes, eu égard aux circonstances, aux moyens de l'époque et au fait que certaines informations transitaient par l'occupant peu au fait de la prononciation. L'exemple le plus caractéristique et qui mérite d'être signalé figure dans le registre spécial de Crespin, consacré uniquement aux soldats Français tués lors de l'invasion.

AD RENAULT Crespin

Il s'agit en réalité du soldat RENAULT Joseph Michel Florentin René, étudié ci-dessous.

  • Les régiments les plus fréquemment cités sont le 26e RIT (114) le 27e RIT (13) le 2e RIT (7) ainsi que 5 garde-voies.
  • Les lieux d'inhumations sont majoritairement Crespin (49), Haspres (35), Condé-sur-l'Escaut (25).
  • Les dates principales de décès sont le 24 Août 1914 (72) et le 25 Août (57). Les listes de la Gazette prennent en compte les soldats décédés après l'invasion, jusque fin 1914, dans les ambulances françaises devenues ensuite Lazarett de l'occupant.

Lorsqu'elle publiait ses listes, la Gazette des Ardennes n'était donc pas si menteuse (tout l'art de la propagande)


Les liens sous les noms conduisent à la fiche Mémoire des Hommes.

  • WALLERAND Jules, Douanier de la capitainerie de Blanc-Misseron, Corps militaire des Douanes, 2e Btn de Douaniers.
    Décédé le 24/08/1914 à St Aybert.
  • CRINON Louis, 1er Régiment d'artillerie à pied
    Décédé le 08/09/1914 à Quarouble.
  • ROY Léon, 27e RIT
    Décédé le 09/09/1914 à Denain.

 

 

 

24 décembre 2018

SAUVAGE Albert

 

Né le 21 mars 1896 à Vieux-Condé (Nord) de Albert et JEGAT Marie Rose, Albert Jean-Baptiste SAUVAGE apparaît dans la rubrique officielle du Journal Officiel du 13 mars 1923 :
Attribution de la Médaille de la Reconnaissance Française de 1ère classe (vermeil) :

Feu M. Sauvage (Albert Jean-Baptiste), à Condé-sur-Escaut (Nord) : a été tué par des soldats allemands après avoir fait preuve du plus pur patriotisme et du plus grand courage.

La citation n'est pas très détaillée, aussi faut-il aller rechercher son dossier d'attribution de la Légion d'honneur pour trouver la date de l'action et les circonstances :
Décret du 25 mars 1924, a été nommé chevalier de la Légion d'honneur (JO du 06/04/1924)

"A l'arrivée des Allemands à Condé, le 24 Août 1914, le jeune SAUVAGE Albert, âgé alors de 18 ans, s'est armé d'un fusil de guerre et a tiré sur les Allemands, leur tuant plus de 10 hommes ainsi que le sous-officier allemand qui s'était saisi de sa personne et qui voulait le désarmer.
Poursuivi par un cavalier allemand, il fut tué à coups de lance à la sortie de Condé, près de la gare, sur le territoire de Fresnes.

Avis favorable.
Lille le 29 décembre 1923.
Le préfet du Nord."

   L'acte de décès établi à Fresnes-sur-Escaut confirme la date et précise le lieu : "Les bateaux flamands" ; l'endroit a été largement modifié par la construction du canal à grand gabarit.
LBFtExtrait du cadastre napoléonien visible aux archives du département. Cliquer pour l'emplacement actuel du fort Franquet

En confirmation, l'acte de décès précédent est celui du sous-officier allemand :

sousoff

Seul le nom "SAUVAGE" figure sur le monument aux morts de Condé-sur-l'Escaut.

     Si les faits sont avérés tels que décrits dans le dossier de la Légion d'honneur, au delà du plus pur patriotisme et du plus grand courage, il y a l'important risque de représailles encourues par la population quand un civil - qualifié de franc-tireur - tue des Allemands. Je n'ai pas (encore ?) d'information à ce sujet.

 

2 janvier 2019

Civils récompensés, Médaille de la reconnaissance Française (2)

     Lorsqu'est créée en 1917 la Médaille de la reconnaissance Française, il s'agit de, je cite :

Remercier et distinguer les auteurs des actes de dévouement accomplis dans l'intérêt public, à l'occasion de la guerre et pendant la durée des hostilités.

     Les décrets parus au Journal Officiel de la République Française permettent aujourd'hui de retrouver les noms de ceux et celles qui l'ont reçue, malgré le peu d'information que représente la citation.
J'ai déjà traité le JO du 10/02/1924 dans ce blog, je fais de même ici avec celui du 11/03/1923.

3mrf

  • 100 noms de récipiendaires des 3 classes : Vermeil, Argent, Bronze,
  • 41 femmes et 59 hommes, tous civils,
  • de 4 départements occupés : AISNE (34), ARDENNES (1), NORD (63), SOMME (1),
    ainsi qu'une civile de PARIS, mais qui ne pouvait que se trouver au nord du front.

J'ai pu les répartir en 3 catégories :

  • Aide aux soldats : essentiellement ceux que la fermeture du front avait isolé de l'armée alliée.
    52 hommes et femmes sont dans ce cas, au moins 82 soldats sont ainsi hébergés et cachés, en ne comptant a minima que 2 pour la mention "plusieurs". (Français, Anglais, Russes).
    Certains ont également obtenu des Britanniques une médaille : The Allied Subjects' Medal, parfois une lettre de remerciements.

    Le maximum semble être le cas de "7 soldats cachés par la même personne durant toute la durée de l'occupation".

    Il s'agit également de jeunes gens désireux de passer par la Hollande pour rejoindre la France libre (non comptabilisés)
     
  • Espionnage dont la détention et le lâcher de pigeons, jusqu'à la possession d'oeufs :
    17 sont dans ce cas.
     
  • Civils condamnés, otages, déportés, exécutés ou décédés : 31.

 

Les voici, en commençant pour chaque catégorie, par les dames :

     Les peines encourues, appliquées avec sévérité comme savait le faire l'occupant, vont de la peine de prison de quelques mois à 20 ans, parfois assortis d'amende (à payer en Marks) ou de la déportation pour plusieurs années, à la peine capitale.

Seuls ceux qui survécurent jusqu'à leur libération peu après l'armistice verront leur temps écourté.

     Quelques cas ont été traités sur ce même blog, auquel cas un lien renvoie vers le sujet (nom souligné et repéré par *) ;
pour d'autres les archives du Ministère de la Défense, de la Croix-Rouge, de la Légion d'honneur permettent d'en savoir un peu plus sur le bénéficiaire, parfois les circonstances.
J'ai ajouté ce que je savais, indiqué sous leur citation, en complétant au fur et à mesure.

C'est parfois TOUTE LA FAMILLE qui est affectée:

  • DEMOULIN de Villers en Cauchies (Nord) : le père décédé en captivité, la fille et deux fils, l'un fusillé, l'autre décédé en captivité.

  • BERTEAUX - BEAUBE de St. Michel (Aisne) : les 2 parents, 2 filles (dont l'une figure au JO du 19/06/1923), un beau-fils. (marqués "¤"). (l'une des filles est traitée avec le JO du 19/06/1923).
    Un fils : BERTEAUX Georges Fernand, né en 1891, mort pour la France à Maricourt le 25/09/1914.

  • ALLIOTTE de Vieux-Condé (Nord) : les deux frères : Victor, arrêté à 15 ans, et Émile. Un 3e frère mort pour la France.

  • CAVALLIER père et fils de Crécy-sur-Serre.

 

Aide aux soldats, département du NORD

  COTTEREAU Mathilde (Mme Veuve, née Guilbert). À Douai (Nord)
  Argent


Pour avoir donné asile à trois soldats français a été emprisonnée par les Allemands à Douai et Valenciennes où elle à subi pendant 13 mois 1917-1918 toutes les rigueurs du régime cellulaire. Pendant sa détention tout ce qu'elle possédait chez elle a disparu.

Mathilde Augustine GUILBERT née le 07/03/1867 à Metz-en-Couture (Pas-de-Calais) de Adolphe et SOILLEUX Valentine, elle avait épousé à Arras le 29/05/1893 Achille Alexis COTTEREAU né le 30/04/1860 à Meaucé (Eure-et-Loir) et décédé à Armentières le 12/10/1906.
 
GRIÈRE Marie-Catherine (Mme Veuve, née Brugnet). Ménagère à Cambrai (Nord)
  Bronze A recueilli en août 1914 deux soldats français blessés les a soignés hébergés leur a procuré des vêtements civils et leur a facilité le retour dans les lignes françaises.
 
BRUYÈRE Juliette-Emilienne (Mme, née Bisseux). Herbagère à Fourmies (Nord)
  Vermeil



Pour avoir refusé d'être dénonciatrice a été sauvagement brutalisée par les gendarmes allemands puis pour rébellion condamnée à 2 ans. A son retour de captivité n'a pas craint de s'exposer à nouveau à la fureur de l'ennemi en cachant et hébergeant jusqu'à l'armistice trois soldats évadés.

Née le 28/12/1871 à Laigny (Aine) de Adolphe et PLISSON Eugénie, elle épouse BRUYERE Arcène en 1899 ; le CICR la localise à la prison de Siegburg le 24/08/1916.
 
CAPON Marie-Thérèse-Victoire (Mme, née Bourry). Ménagère a Douai (Nord)
  Bronze Du 1er octobre à fin décembre 1914 a caché un commissaire spécial du service des renseignements bloqué à Douai par l'occupation ennemie au risque d'être punie de prison et même de mort ; n'a pas hésité à le soustraire aux recherches des Allemands jusqu'à ce qu'il ait réussi à s'évader.
*
CARDON Marie-Louise (Mme, née Maton). Ménagère au Cateau (Nord)
  Argent Pour avoir caché et nourri pendant 13 mois un soldat anglais blessé a été condamnée à 20 ans de travaux forcés.
 
DEHAUT Julie-Pauline-Joséphine (Mme, née Fortrie). Ménagère à Roubaix (Nord)
  Argent

Condamnée à deux ans de prison pour avoir recueilli un soldat français. A subi deux années de cellule.

Née à Comines (Nord) le 13/08/1865 de Edouard et HOULIEZ, Julie elle épouse Charles DEHAUT le 06/04/1896 ; sa fiche de recherche au CICR donne les lieux de détention : la forteresse de Siegburg-Brückberg en juillet 1915 puis Düsseldorf (novembre 1916).
 
DEMAJAUX Blanche-Ismérie (Mme, née Gain). À Maubeuge (Nord)
  Bronze A facilité la rentrée en France de plusieurs jeunes gens en a fait évader quatre. Pour ces faits a été condamnée à six mois de prison.
 
DEPEAUX Philomène-Marie-Hélène (Mme, née Lesage). Ménagère à Lille (Nord)
  Vermeil



Ayant donné asile à des soldats français et caché leurs armes lors de la prise de Lille par les Allemands fut dénoncée par un traître et condamnée à mort le 15 juillet 1915 par le conseil de guerre. Après commutation de cette peine subit 26 mois de cellule en Allemagne où elle endura de graves privations qui ébranlèrent sa santé.

Née le 01/07/1966 à Caëstre (Nord) de Pierre et PETITPREZ Catherine. Elle épouse le 17/02/1912 à Lille Augustin Benjamin DEPEAUW de Blaringhem (Nord). En 1916 on trouve son nom sur une liste du CICR à Siegburg, cette même liste où figurent Louise de Bettignies et Jeanne de Belleville, ou Juliette Bruyère dans cette même page, puis à Limbourg a/Lahn en mai 1917. C'est à chaque fois son 3e prénom, Hélène, qui est utilisé.
 
DIBON Adrienne-Zoé-Maria (Mme, née Devriend). Cafetière à Lille (Nord)
  Bronze


Après la prise de Lille en 1914 a recueilli trois soldats français les cacha pendant 6 mois jusqu'au jour de leur départ pour la Hollande. Arrêtée en 1916 pour d'autres faits semblables traduite en conseil de guerre.

Née DEVRIENDT Adrienne Zoé Maria le 02/04/1882 à St-Sylvestre-Cappel (Nord) de Charles et THOORIS Prudence, mariée à François DIBON le 12/06/1909 ; né à Ercé-près-Liffré (Ille-et-Vilaine) le 12/10/1881, celui-ci fera toute la guerre au 50e puis au 207e R.A.C.
La seule fiche aux archives du CICR concerne Maria DEVRIENDT, sans certitude, et ne contient pas d'information de détention.

Elle décède à Cassel le 13 décembre 1937. Hormis la médaille de la reconnaissance française, elle avait reçu la médaille des défenseurs de Lille (guerre 1914-1918), et avait été citée (sans les faits lui valant le conseil de guerre) au JO du 04/16/1920 : Le Gouvernement porte à la connaissance du pays la belle conduite de
 
LELONG Antoinette-Sidonie (Mme, née Hainaut). Débitante de boissons à Cambrai (Nord)
  Bronze En 1915 a caché un soldat français pendant 8 mois a été pour ce fait arrêtée et emprisonnée du 23 décembre 1915 au 4 janvier 1916.
 
MEUNIER Hortense (Mme, née Fourcherot). À Hautmont (Nord)
  Argent


A caché chez elle d'août 1914 à janvier 1917 un soldat de l'armée britannique a été pour ce fait emprisonnée par les Allemands pendant dix-sept mois à Avesnes et à Valenciennes.
ASM_t
Elle recevra de la part des Britanniques la médaille d'argent récompensant ceux qui sont venus en aide aux soldats du Commonwealth derrière les lignes ennemies pendant la guerre; seulement 134 médailles ont été décernées en argent et 574 en bronze, la moitié des bénéficiaires étaient des femmes :
The Allied Subjects' Medal
.
 
NOISETTE Angèle-Aurélie (Mme, née Huide). Ménagère à Robersart (Nord)
  Bronze


Le 25 août 1914 a fait preuve d'initiative en signalant à des troupes anglaises un détachement de prisonniers français qui se repliaient et risquaient d'être exposés aux coups de ces derniers. Les a sauvés ainsi d'une mort certaine.

Angèle Aurélie RUIDE, née le 23/01/1894 à Ribeauville (Aisne) de Camille et MENNECHEZ Marie. Mariée à Constant Noisette à Robersart le 05/06/1916.
 
ADAM Fernand-Ghislain (M.) Mécanicien d'auto à Hautmont (Nord)
  Argent



Se trouvant en pays occupé et exempté du service militaire pour infirmité fit passer en Hollande un certain nombre de recrues ayant manifesté le désir de rejoindre leur corps. Dénoncé et arrêté en novembre 1915 subit en Allemagne 3 ans et demi de travaux publics.

Né à Hautmont le 25/12/1890 de Célestin et CANGE Héléna ; décédé à Hautmont en 1969.

ESS ADAMextrait de son Etat des Services

Une fiche aux archives du CICR permet de reconstituer, au moins en partie, ses détentions : Rheinbach en Juil. 1916, Cassel-Wehlheiden en Nov. 1916
 
ALLIOTTE Victor (M.) Mineur au Vieux-Condé (Nord)
  Argent


A, au péril de sa vie, servi de guide à des jeunes gens mobilisables qui désiraient franchir la frontière hollandaise. Arrêté et condamné par les Allemands le 7 décembre 1916 n'a été libéré qu'après l'armistice fin 1918.

Né le 22/04/1901 à Vieux-Condé, de Alfred et HARTTMANN Joséphine, décédé à Vieux Condé en 1968. Sa fiche de recherche au CICR signale qu'il n'a que 15 ans lorsqu'il a été arrêté. Fin juin 1917 il est au camp de Limbourg a/Lahn, transféré depuis la prison de Siegburg. Libéré, il effectue son service militaire au 6e bataillon de Chasseurs à cheval, et participera de mai à octobre 1923 à l'occupation de la Rhur.
  • Son frère Émile, né le 06/01/1895 est également arrêté, les archives du CICR le situent fin mai 1917 au camp de Limbourg a/Lahn, venant du camp de Rheinbach.

Les deux fiches portent la mention "fait prisonnier à Valenciennes le 24/4/1917", indiquant probablement ainsi la date à laquelle ils ont été transférés en Allemagne.

  • Leur frère Jules, né le 18/06/1892, soldat au 91e R.I. est porté disparu au Bois Bollante (Meuse) le 13 juillet 1915. (Sa fiche Mémoire des Hommes). Le jugement de décès sera transcrit le 08/04/1921.
 
BIRON Laurent-Cyprien (M.) Directeur d'école à Cambrai (Nord)
  Bronze Se trouvant à Cambrai pendant l'occupation allemande a caché deux ans un sous-officier français.
 * CARDON Gustave-Arsène (M.) Marchand de volailles au Cateau (Nord)
  Argent En 1914 a été sur le champ de batailles recueillir des soldats anglais blessés en a caché et nourri un pendant 13 mois. Condamné à 20 ans de travaux forcés. Libéré à l'armistice.
 
CARLIER Louis (M.) Marchand de cycles à Flers-en-Escrebieux (Nord) ancien maire de Flers-en-E.
  Bronze

A tenu caché et ravitaillé pendant toute la durée de l'occupation 7 militaires français échappés des mains des Allemands.

Né à Flines les Raches (Nord) le 12/09/1873 de Louis et VILLETTE Marie, conseiller municipal de Flers en Escrebieux, faisant fonction de maire pendant l'occupation. Fait Chevalier de la Légion d'honneur en 1938. Aucun détail ne figure dans son dossier.
 
DEMAILLY Charles-Eugène (M.) Agent d'assurances à Cambrai (Nord)
  Bronze A recueilli et nourri pendant un an demi un soldat du 25° R. I. territoriale.
 
DENIS Alexandre (M.) Chef de chantier aux établissements du Nord-Est à Trith-Saint-Léger (Nord)
  Argent
Condamné à 45 jours de cellule pour avoir ravitaillé des militaires prisonniers.

Il existe au CICR une fiche de recherche à son nom (âge 68 ans) en février 1918 le cherchant à Giessen. L'enquête conclut en avril qu'il n'y a jamais été, étant probablement resté en France occupée.
Il est né le 15/12/1849 à Nantes de Ange et KERVADEC Thérèse. La demande au CICR était déposée par sa soeur, Carmélite.
 
DEVENELLE Jean-Louis (M.) Maréchal ferrant à Englefontaine (Nord)
  Bronze

Condamné à 6 mois de discipline pour avoir prévenu un soldat anglais que sa retraite était découverte.

DEVENELLE Jules-Louis, né à Englefontaine le 24/07/1863 de Florenton et VAILLE Juliette. Pas de fiche au CICR, mais une attestation dans les archives britannique d'une lettre de remerciements pour l'aide apportée (P.O.W. Helpers)
 
DEVIDLER Julien (M.) Ingénieur à Cambrai (Nord)
  Bronze Fin août 1914 a recueilli quatre soldats français blessés du 26e R. I. territoriale et les a soignés avec l'aide du docteur Capon. A hébergé trois d'entre eux jusqu'en février 1915. Le quatrième étant décédé des suites de ses blessures. A caché un autre soldat d'août 1915 à avril 1916
 
FLAMAND Ildefonse-Antoine dit Alphonse (M.) Journalier à Rumegies (Nord)
  Bronze



En juillet 1917 a facilité la fuite de deux soldats anglais prisonniers et évadés. Arrêté le 4 novembre 1917 a été incarcéré à Saint-Amand, Malines puis Anvers (Belgique) où il fut condamné le 17 janvier 1918 à 6 mois de prison a été libéré le 12 juin 1918. A eu beaucoup à souffrir pendant sa détention.

FLAMENT Antoine Ildephonse, né à Maubray (B) le 24/03/1861.
 
HARDY Alfred-Aimé (M.) Coupeur tailleur à Anor (Nord)
  Bronze En septembre 1914 et en 1915 a caché et ravitaillé puis facilité le départ pour la Hollande de deux soldats français appartenant le premier à la garnison de Maubeuge et le deuxième a celle de Givet. A caché ces deux soldats pendant 7 mois.
 
HUARD Auguste (M.) Maçon à Trith-Saint-Léger (Nord)
  Bronze Emprisonné pour avoir hébergé et assisté un prisonnier russe évadé.
 
MOREAU Saurin-Jean-Charles (M.) Comptable à Cambrai (Nord)
  Bronze A fait évader de l'hôpital 106 à Cambrai puis a recueilli et hébergé pendant toute la durée des hostilités un soldat du 25° régiment d'infanterie.
 
FLINOIS Edouard-Pierre (Feu M.) Horloger à Cambrai (Nord)
  Bronze A recueilli et nourri pendant 2 ans 3 soldats français dont un blessé.

Aide aux soldats, départements de l'AISNE et des ARDENNES

 
FRICOTEAUX Cloride-Virginie (Mme Veuve, née Roger). À Anguilcourt-le-Sart (Aisne)
  Argent


A subi un an de réclusion pour n'avoir pas dénoncé aux Allemands deux tirailleurs restés dans les lignes ennemies en 1914. Sous la même imputation, son mari maire d'Anguilcout-le-Sart a été condamné à mort et fusillé à Laon le 14 mars 1916.

Née à Brissay-Choigny le 30/04/1868 de Louis et VASSEUR Virginie, elle épouse Aristide FRICOTEAUX le 06/02/1886 à Brissay-Choigny (Aisne).
On la trouve à Limbourg a/Lahn en mai 1917, venant de Laon où elle a été incarcérée le 15/02/1916.
Rappelons que les soldats ABDELKADER et BEN TUALI ont été fusillés le 16/02/1916 à Laon, ce qui a entraîné un mois plus tard l'exécution de MM. FRICOTEAUX maire, EVRARD adjoint et DERBOIS garde-champêtre d'Anguilcourt-le-Sart (Aisne) pour assistance. (Tous trois décorés de la Légion d'honneur à titre posthume : JO du 26/09/1922), leurs noms figurent au monument aux morts d'Anguilcourt.

Anguilcourt
(source:geneanet)

 
MILAN Lucie-Emilie (Mme Veuve, née Wargnier). Débitante à Pont-Saint-Mard (Aisne)
  Argent



A caché chez elle deux soldats du 148° régiment d'infanterie du 5 septembre 1914 au 7 février 1915 et a cherché à faciliter leur évasion. Arrêtée le 8 février 1915 avec son enfant et condamnée en Allemagne à dix ans de travaux forcés. A passé trois ans en prison à Aix-la-Chapelle et deux mois de cellule.

Née à Caumont (Aisne) le 18/12/1882 de Louis et TARGY Elisabeth, mariée en 1904 à Edouard MILAN né en 1882, décédé en 1907 au Portugal. 2 fiches dans les archives du CICR attestent de sa présence à Ziegenhain bei Cassel en novembre 1917 et janvier 1917.
 
PHILIPPE Emilie-Armande (Mme Veuve, née Morville). Vannière à Sorbais (Aisne)
  Argent




A caché chez elle et nourri un soldat français du 2 novembre 1914 au 25 janvier 1917. Ce militaire ayant été découvert. Mme Philippe passa au conseil de guerre et fut condamnée à quatre ans et demi de prison. Elle fit neuf mois de prison à Siegburg après avoir été dépouillée d'une somme de 1.445 fr par les Allemands qui détruisirent son habitation et son mobilier.

Armande-Emilia MORVILLE, née à Laigny le 03/02/1860 de Hyppolite et LAURENT Marceline, mariée en 1882 à PHILIPPE Louis décédé en 1902. Sa fiche aux archives de la Croix-Rouge confirme qu'en Mars 1917 elle était détenue à Siegburg. (NB : les archives du CICR l'indiquent née le 20/01/1854).
 
PINARD Marie (Mme Veuve, née Carlier). Ménagère à Dercy (Aisne)
  Bronze Lors de la retraite d'août 1914 a recueilli à son passage à Dercy un soldat du 15e régiment d'infanterie malade et incapable de marcher. L'a caché et nourri pendant quatre mois. Lui a procuré des vêtements civils a pu ainsi le faire échapper aux recherches des autorités allemandes.
 
PINGUET Marie-Juliette (Mme Veuve, née Délions). Domestique à Vouel par Tergnier (Aisne)
  Argent



En décembre 1916 a refusé de révéler à l'ennemi le refuge d'un soldat français caché à Vouel ; condamnée à 3 ans de prison par le conseil de guerre allemand de Chauny a été déportée en Allemagne et emprisonnée à Siegburg du 17 janvier 1917 au 8 novembre 1918. A supporté jusqu'à des menaces de mort avec un grand courage.

Née DELIONS Marie Juliette le 06/05/1878 à Viry-Noureuil (Aisne) de Louis et VEILLOT Françoise, mariée en 1895 à Saint-Sulpice PINGUET né en 1870 et décédé en 1910. Sa fiche aux archives du CICR (au nom de PINQUET et qui porte la date de naissance erronée du 26/05/1877) atteste de sa présence -venant de Chauny- à Siegburg en janvier 1917 puis à Limburg a/Lahn en mai 1917.
 
ALLART Héléna-Claire (Mme, née Danloue). Employée à Saint-Quentin (Aisne)
  Bronze Le 28 août 1914 a recueilli et caché un soldat français du 10e régiment d'infanterie territoriale jusqu'en mars 1917 époque de l'évacuation de la ville. A de même soustrait son mari sergent au même régiment aux recherches des autorités allemandes en le faisant passer pour son frère.
 ¤
BEAUBE Marguerite-Blanche (Mme, née Berteaux). Ménagère à Saint-Michel (Aisne)
  Argent

A logé et ravitaillé pendant 11 mois un aviateur français. Condamnée à 6 ans de travaux forcés (27 mois d'internement).

Née le 18/07/1888 à Wignehies de Charles et FAITROP Mathilde (ci-après), mariée à BEAUBE Paul Émile en 1910 ; celui-ci sera également déporté (voir plus bas). Elle figure dans les archives du CICR, à Siegburg en novembre 1916, (sur cette même liste figurent notamment Louise de Bettignies, Jeanne de Belleville et Mme DEPEAUW ci-dessus), au pénitencier (Strafanstalt) de Delitzsch puis au camp de Gardelegen en 1918. Le parcours semble être le même que celui de sa mère.
 ¤
BERTEAUX Mathilde-Amélie (Mme, née Faitron). À Saint-Michel (Aisne)
  Argent


Condamnée à 6 ans de travaux forcés pour avoir logé pendant quelques jours et avoir ravitaillé pendant 11 mois un aviateur français. Internée en Allemagne pendant 27 mois.

FAITROP Mathilde Amélie, née à Origny-en-Thiérache le 30/01/1866 de Hubert et DUBOIS Catherine, mariée à Charles Felix BERTEAUX (ci-dessous) le 21/02/1887, mère de Marguerite Blanche (ci-dessus), décédée en 1953. Les archives du CICR permettent de la localiser après son arrestation le 29/08/1916 : à Siegburg en Oct.& Nov. 1916, à Limburg a/Lahn en Juil. 1917, au pénitencier (Strafanstalt) de Delitzsch en Août 1918, à Gardelegenen Sept. 1918.
 
BOULANGER Elvire-Jeanne (Mme, née Philippe). Vannière à Sorbais (Aisne)
  Bronze

Condamnée à 6 mois de prison pour avoir contribué à cacher pendant plusieurs années un soldat français.

Sur la même page de registre de Siegburg que PHILIPPE Emilie ci-dessus, figure PHILIPPE El(a/o)ira cultivatrice, née le 24/06/1900 à Sorbais, bien jeune pour être déportée. Il y a hélas parfois des accumulations de petites erreurs dans les registres de prisonniers civils ... Seule PHILIPPE Germaine Léonie est née à Sorbais le 24/01/1900.
 
DESJARDINS Ida (Mme, née Frenois). À Lesquielles-Saint-Germain (Aisne)
  Bronze Condamnée le 27 avril 1915 par le conseil de guerre d'Etreux pour avoir hébergé un soldat anglais à 9 mois de cellule peine réduite par la suite à 6 mois fut emmenée dans le camp de représailles d’Arvath (Allemagne) où les privations ont gravement altéré sa santé.

Née le 13/04/1888 à Malzy (Aisne) de Théophile et TUBOEUF Marie, mariée à Eugène DESJARDIN en 1910.
 
GUÉANT Uranie-Marie (Mme, née Toupet). A Saint-Michel (Aisne)
  Argent



Condamnée par le conseil de guerre allemand siégeant à Hirson à trois ans d'emprisonnement pour avoir hébergé un aviateur français. A été internée à Siegburg. L'insuffisance de la nourriture et les mauvais traitements ont gravement altéré sa santé.

L'une de ses deux fiches aux archives du CICR la signale née à Agnicourt (Aisne) le 19/10/1878. En nov. 1916 et juin 1917 elle est internée à Siegburg, salle 1, baraque 8, en septembre 1917 à Limburg a/Lahn.

A noter : Elle avait déjà fait l'objet d'une citation pour la même médaille également d'argent au JO du 04/09/1921 qui précise que l'aviateur était venu en mission à St-Michel, et termine par "A fait preuve du plus louable dévouement patriotique".
 
SALANDRE Rosa (Mme, née Rousseau). À Vaux-sous-Laon (Aisne)
  Argent



Étant à Vouel a été condamnée le 9 décembre 1916 à 3 ans de prison pour n'avoir pas dénoncé un soldat français caché chez son père. A subi 23 mois de cellule à Siegburg. A supporté avec courage les mauvais traitements et les privations que l'ennemi lui a fait subir et qui ont gravement altéré sa santé.

Rose Hélène ROUSSEAU, née à Condren (Aisne) le 11/01/1887 de Joseph et BROYART Isménie, mariée  en 1905 à Raymond SALANDRE né en 1881. Emprisonnée initialement à Chauny, se trouvait à Siegburg en janvier 1917, puis à Limburg a/Lahn en mai 1917.(source CICR)
 ¤
BEAUBE Paul-Émile (M.) Mouleur à Saint-Michel (Aisne)
  Argent

A logé et ravitaillé pendant 11 mois un aviateur français. Condamné aux travaux forcés à perpétuité (27 mois d'internement).

Né le 31/03/1889 à St Michel, de Jean Baptiste et FLEURY Zélie, il épouse Marguerite-Blanche Berteaux (voir ci-dessus) le 12/07/1888. Il est incarcéré à Rheinbach en Nov. 1916 et à Cassel/Wehlheiden en Jan. 1917.
De la classe 1909, il avait été ajourné puis exempté, maintenu tel car "en pays envahi à la mobilisation" (Hirson est envahi par la 2e armée allemande le 28 août 1914). Ce n'est qu'en 1957 qu'il sera comme de rares autres considéré comme déporté-résistant.

Beaube DR

 
BERNARD Eugène-Albert dit Camille (M.) Herbager à Sorbais (Aisne)
  Bronze

Condamné à l’amende et à la prison pour avoir gardé chez lui pendant trois mois un soldat français blessé.

Né à Laigny (Aisne) le 28/09/1878 de Albert HUTIN Marie.
 ¤
BERTEAUX Charles-Félix (M.) Ouvrier de fonderie à Saint-Michel (Aisne)
  Argent


Condamné à 15 ans de travaux forcés pour avoir logé pendant quelques jours un aviateur français puis l’avoir ravitaillé pendant 11 mois. Interné en Allemagne pendant 27 mois.

Né le 19/11/1859 à Fourmies (Nord) de Eugène et ESCOTTE Sidonie, mariée à FAITROP Mathilde (ci-dessus) le 21/02/1887. Les archives du CICR gardent la trace de son passage à Rheinbach en Oct. 1916 et à Cassel/Wehlheiden en Jan. 1917. Il décède en 1945.
 
BOSSUS (M. l'abbé) Curé à Vaux-sous-Laon (Aisne)
  Vermeil



Pour avoir coupé des fils téléphoniques puis reçu et caché des soldats français a été condamné le 6 novembre 1915 à 15 ans de travaux forcés. A accompli 3 ans de cette peine dans les conditions les plus pénibles confondu avec les forçats allemands de droit commun et traité comme eux.

BOSSUS Gustave Nestor, né le 22/01/1874 à St-Quentin de Jean Baptiste et DAILLENCOURT Nestorine. Une première perquisition avait été faite le 19/10/1915 dans l'église et le presbytère.
Il est incarcéré à Diez puis à Giessen en Nov. 1916, à Cassel Wehlheiden en Janv. 1917.
(source CICR)
Surveillé de nouveau par l'occupant de 1940, emprisonné en 1941, il est tué le 23/04/1944 dans le bombardement de Laon où une rue porte son nom.
 
CONTANT Julien (M.) Employé à Saint-Quentin (Aisne)
  Bronze





En août 1914 a recueilli et caché un soldat anglais aux besoins duquel lui et sa femme ont pourvu jusqu'en octobre 1914. A la suite de dénonciation et de recherches de l’autorité allemande M. Contant a réussi à s'échapper et à se tenir caché pendant 27 mois malgré les recherches opérées de tous les côtés par l'ennemi pour le découvrir tandis que sa femme arrêtée et traduite devant un Conseil de guerre était condamnée à 12 ans de travaux forcés.
ASM_tIl existe aux Archives Nationales du Royaume-Uni deux Medal Cards attestant de la remise à Monsieur CONTANT Julien et à Mme CONTANT Marguerite de la médaille de bronze de récompensant ceux qui sont venus en aide aux soldats du Commonwealth derrière les lignes ennemies pendant la guerre ; seulement 134 médailles ont été décernées en argent et 574 en bronze, la moitié des bénéficiaires étaient des femmes : The Allied Subjects' Medal

Mme CONTANT Marguerite dispose d'une fiche aux archives de la Croix-Rouge : en novembre 1916 elle était au camp de Delitzsch, et en juillet 1915 à Siegburg-Brückberg.

Elie Fleury raconte dans le tome 1 de "Sous la botte" disponible sur Gallica l'histoire de trois soldats anglais dépassés par l'avance allemande en 1914 et cherchant de l'aide auprès des habitants de St-Quentin (voir également PREUX Théophile ci-dessous)

(....) avec leur camarade MacNell, ils avaient quitté leur uniforme et endossé des habits civils chez un honnête manouvrier du quartier Pontoile, M. Amédée Marié qui, ensuite, les avait congédiés en leur souhaitant bonne chance...
MacNell avait été recueilli aussitôt par le ménage Contant. Madame Contant était la sœur de notre fidèle valet de chambre, Octave Damaye.[dénoncé] Mac Nell fut arrêté le 20 octobre. M. Contant avait eu le temps de sortir de chez lui par derrière et, condamné à mort par contumace, se cacha chez les Damaye où les Allemands ne cessèrent de le chercher pendant près de trois ans. Il leur échappa finalement, mais quelle existence ! Sa femme, Madame Contant, fut condamnée par le conseil de guerre en quinze ans d'emprisonnement. Elle accepta sa condamnation avec une admirable sérénité. Et l'Anglais fut expédié en Allemagne.
N'ayant que le nom de ce dernier, (peut-être MacNeil) il n'a pas encore été possible de trouver sa trace dans un camp de prisonniers.
 
DELACOURT Joseph-Benjamin (M.) Inspecteur de police à Saint-Quentin (Aisne)
  Bronze



Resté à son poste a aidé des prisonniers français et alliés cachés en territoire occupé à rentrer en France avec la population évacuée en leur procurant des fausses cartes d'identité. A été en outre emprisonné pendant 3 semaines sous l’inculpation d'espionnage et relâché faute de preuves.

Né le 18/03/1874 à Prémont (Aisne) de Jean et MARLIOT Aimée.
 
DHIRSON Virgile (M.) Cultivateur à Saint-Algis (Aisne)
  Bronze


A hébergé pendant 15 mois un soldat français demeuré dans les lignes ennemies. Traduit devant un conseil de guerre est parvenu à se faire acquitter mais il avait subi 59 jours de détention préventive à la prison d'Hirson. Était veuf et père de cinq enfants.

Né le 22 mars 1867 à Saint Algis, de Joseph et MORLAIN Delphine, il épouse en 1892 GOSSE Espérance qui décède en 1912.
 
GRIMBERT Alexandre (M.) Débitant à Saint-Quentin (Aisne)
  Bronze S'étant soustrait aux réquisitions ennemies fut de ce fait condamné deux fois à l'emprisonnement avait hébergé pendant 3 mois deux soldats français restés cachés dans la ville de Saint-Quentin après le combat des 27 et 28 août 1914.

Né le 17/03/1862 à Paris 10e (sous réserves).
 
MARCQ Ernest (M.) Cultivateur ferme de la Belle-Perche à Landouzy-la-Cour (Aisne)
  Argent A caché en janvier et février 1915 un soldat blessé à Voulpaix en août 1914. En octobre 1916 a donné l'hospitalité à deux jeunes réfugiés belges qui le dénoncèrent ensuite pour espionnage. Condamné à cinq ans de prison pour avoir favorisé l’espionnage a été détenu à Longwy et Avesnes a été ensuite hospitalisé à Maubeuge jusqu'à l'armistice.
 
MORET Alphonse-Charlemagne (M.) Herbager à Erloy (Aisne)
  Argent


Condamné à trois ans de réclusion a été emmené et emprisonné durant vingt mois à Reinbach. Attitude courageuse soixante-dix-huit ans. Avait caché un soldat français chez lui.

Né le 22/001/1845 à St-Algis (Aisne)
 
PARADIS Alfred (M.) Chauffeur à la compagnie du Nord à Crépy-en-Laonnois (Aisne)
  Argent


Condamné à dix-huit mois de cellule par les Allemands pour avoir ravitaillé des soldats français cachés dans la forêt de Crépy-en-Laonnois. Déporté le 5 juillet 1915 en Prusse n'est rentré à Crépy-en-Laonnois qu'en octobre 1918.

Né à Crépy en Laonnois le 15/11/1895 de Adrien et GET Anna, son dossier de la croix-rouge fait état de la prison-forteresse de Siegburg-Brückberg en 1915, des camps de Wittlich en 1916 et de Limburg a/Lahn en 1917.
 
PIOT Léon-Julien (M.) Cultivateur à Béthancourt-en-Vaux (Aisne) maire de sa commune
  Vermeil




A facilité en septembre 1914 dans des conditions dangereuses pour lui le passage des lignes allemandes à deux groupes importants de soldats français. A cherché à faire évader un jeune Cherbourgeois de 16 ans qui repris par eux a été fusillé. Traduit devant un conseil de-guerre a failli avoir le même sort a été emmené comme otage pendant 22 mois à la frontière belge.

Né le 24/10/1863 à Béthencourt de Jules et LEMOINE Marie, Chevalier de la Légion d'honneur en 1923. Son dossier relate les faits pour lesquels il est décoré :
Le matin du 10 septembre 1914(1) averti de la présence de 173 soldats français arrivés dans la nuit, va les chercher seul à moins de 100 mètres de la route où passent les allemands et les conduit dans un endroit bien à l'abri (où il les fait ravitailler). Le soir donne aux officiers (148e Rgt d'infanterie) toutes indications utiles et des bûcherons du pays les conduisirent jusque vers Lagny-Oise où tout indique qu'ils ont pu traverser les lignes ennemies.
Le lendemain 25 hommes de divers régiments dont une dizaine de gendarmes arrivent à l'aube dans sa cour à 30 mètres du passage des allemands. Il les ravitaille provisoirement, les fait conduire en forêt où il leur procure des vivres avec l'aide des habitants de Caillouel.
Le 18 septembre il fournit encore des moyens d'évasion à un jeune homme qui malheureusement est arrêté par l'ennemi. M. Piot est arrêté à son tour. Traduits devant un Conseil de guerre, tout deux sont condamnés à mort. Ce n'est qu'après l'énergique intervention de M. Noël, maire de Noyon que M. Piot fut gracié.
A rendu les plus grands services à la population de la commune en sa qualité de maire, fonctions qui lui valurent en février 1917 [le 10](2) d'être enlevé comme otage. N'est rentré qu'après l'armistice épuisé et malade.
(1) A cette date, l'ennemi a déjà largement dépassé le village (rond bleu sur la carte ci-dessous) : la 1ere armée allemande aborde déjà Villers-Cotterets 50km plus au sud.

19140910 BeV
voir sur le site carto1418

(2) Sa fiche dans les archives du CICR précise le jour mais pas le lieu de détention

 
PREUX Théophile-Gustave (M.) Tisseur à Saint-Quentin (Aisne)
  Vermeil





Du 29 août 1914 au 7 février 1915 a recueilli et caché un soldat anglais qui découvert par l'ennemi fut fusillé. Condamné à mort par le conseil de guerre a vu sa peine commuée en 15 ans de travaux forcés. Emmené en Allemagne le 14 mars 1915 a été détenu dans les camps de Werden Dusseldorf et Cassel jusqu'au 20 novembre 1918 a subi avec courage les mauvais traitements qui lui ont été infligés et qui ont gravement altéré sa santé.
ASM_t
Né le 06/10/1866 à Estrée (Aisne) de Pierre et DUBAILLE Marie. 2 fiches aux archives du CICR confirment son incarcération à Werden en Août 1915 et à Cassel-Wehlheiden en novembre 1916. Sa medal card aux archives britanniques indiquent qu'il a reçu la médaille de bronze de récompensant ceux qui sont venus en aide aux soldats du Commonwealth derrière les lignes ennemies pendant la guerre ; seulement 134 médailles ont été décernées en argent et 574 en bronze, la moitié des bénéficiaires étaient des femmes :
The Allied Subjects' Medal.

Sur 3 soldats britanniques cachés, 2 ont été exécutés à St-Quentin le 8 mars 1915 et inhumés au cimetière du nord, celui caché par la famille Preux est :

Hughes, John
, Rifleman 10234 2/Royal Irish Rifles, 20 ans, né le 5 mars 1895 et domicilié à Crumlite.
Elie Fleury raconte cet épisode dans le tome 1 de "Sous la botte" disponible sur Gallica :
Voici comment il entra en relations avec les Preux. C'est Madame Preux qui parle :
— Le 29 août, un pauvre Anglais mal habillé était blotti rue Pontoile et pleurait, Mes enfants m'ont dit : « M'man, viens voir,» c'est un quiot Anglais, prends-le. — Nous aurons des ennuis, que je réponds. » Finalement, il vint à la maison. Quand je lui demandai comment il s'appelait, j'ai compris " Henri. " Il me dit que son père était mort au Transvaal et que sa mère restait veuve avec un fils de dix-sept ans et une fille de quatorze. Je le traitais comme un enfant. J'en ai eu dix-sept. Il m'en reste huit. Henri ne sortait jamais ; il n'eut ni un geste, ni un mot déplacés avec mes quatre jeunes filles ou ma belle-fille. La Ville me donnait dix sous pour lui comme à chacun de nous. Il n'était pas "frayant" et trouvait tout très bon. S'il a été élevé dans l'opulence, il ne nous l'a jamais fait voir (il était ouvrier mineur!). Le soir, il couchait sur la table où on lui mettait un matelas.
Trahis par une femme du quartier attirée par la récompense 2 passent en conseil de guerre :
Hands et Hughes passèrent donc devant le conseil de guerre, avec Preux, le 11 février 1915. Leur attitude fut très digne, surtout celle de Hughes.
— Pourquoi ne vous êtes-vous pas rendus ?
— Parce que notre roi nous a envoyés ici pour nous battre ou pour mourir.
— Vous connaissiez l'affiche ?
— Oui, mais on peut mettre ce qu'on veut sur une affiche, cela ne crée pas le droit.
(......)
Les deux Anglais, sur l'avis du conseil de guerre, furent condamnés à mort par " le chef de justice ", qui était, en l'occurrence, le général von Nieber ; Preux fut gratifié de quinze ans de forteresse ;
La sentence fut signifiée aux deux jeunes gens le matin même de leur exécution, c'est-à-dire le 8 mars 1915. Ils furent autorisés à se promener dans les couloirs de la prison. De 11 heures du matin à 3 heures de l'après-midi, sans forfanterie et sans adresser la parole aux autres détenus, ils chantèrent des chansons irlandaises et, au moment de partir, distribuèrent autour d'eux les menus objets dont ils pouvaient disposer. A défaut du trèfle irlandais, ils avaient épinglé à leur casquette quelques violettes avec une feuille de lierre que leur avait fait parvenir Madame Preux. John Hughes avait demandé en grâce à embrasser celle-ci — sa maman, comme il l'appelait. Impossible, lui répondit le directeur de la prison
L'abbé Verleye, professeur d'anglais à l'institution Saint-Jean, fut autorisé à voir Hughes, qui était catholique et dont il me dit qu'il avait d'excellents sentiments. A 5 heures de l'après-midi, une voiture bâchée vint prendre les deux condamnés à la prison pour les transporter à la caserne, près de la poudrière et sous la halle. Ils écoutèrent la sentence signée Bernstorff que lut en anglais le lieutenant Cohn, affecté à un service de ravitaillement à Lesdins. Ils se serrèrent la main et se dirent simplement : " Good Bye ! " Puis on leur banda les yeux et les trois hommes réglementaires furent placés devant chacun d'eux, à quelques pas. Le capitaine von Maretz commanda le feu. Ils tombèrent frappés chacun de deux balles dans la région du cœur et d'une balle dans la tête.

(Le 16 février 1921, la dénonciatrice passe devant la cour d'assises de l'Aisne, à Laon, et, reconnue coupable malgré ses dénégations, s'entend frapper de la peine de la relégation à vie dans une enceinte fortifiée.)

 
SALVADOR Antoinette-Marguerite-Rose (Mme, née Boulnois). À Condé-lès-Herpy par Château-Porcien (Ardennes)
  Argent


Condamnée à 15 mois de prison pour avoir en 1916 recueilli et nourri pendant onze mois deux soldats russes évadés avec l'intention de regagner les lignes françaises. A subi sa peine à Valenciennes. A dû abandonner trois enfants en bas âge.

Née à Coeuvres-et-Valsery (Aisne) le 17/06/1890 de Jules et MARTIN Sidonie, mariée à Louis Gabriel SALVADOR le 19/01/1907 à Nouvron-Vingré.

Détention et lâcher de pigeons (Espionnage) département du NORD

 * FAUX Céline (Mme Veuve, née Defossez). Au Vieux-Condé (Nord)
  Argent Condamnée à 10 ans de travaux forcés pour avoir caché son mari déposé à Bavay par un avion allié avec mission de relâcher munis de renseignements des pigeons voyageurs. A subi pendant sa détention les pires traitements.
 
BOSQUELLE Yvonne-Denise-Marie (Mme, née Wilmont). Cultivatrice à Rumegies (Nord)
  Vermeil


Ayant découvert dans une de ses terres une cage renfermant un pigeon a rempli le questionnaire et lâché le pigeon. Arrêtée pour ce fait fut condamnée à 12 ans de travaux forcés. Une de ses filles qui l'avait aidée dans sa tâche fût fusillée.
Yvonne Denise Marie Antoinette WILMONT, née le 03/03/1878 à Rumegies de Cyrille et EMAILLE Céline , mariée à Louis BOSQUELLE en 1877.
Je n'ai pas trouvé de fiche au CICR.
Il y a confusion entre Régina et Angèle LECAT, fusillée pour les faits reprochés. Régina fille de Mme Bosquelle, qui comme sa mère a fait de la prison, est décédée à Maubeuge en 1993.
 
DELEFORTRIE Irma (Mme, née Catel). Couturière à Marcq-en-Barœul (Nord)
  Bronze


En 1915 se trouvant en pays occupé par l'ennemi recueillit un pigeon voyageur porteur de demandes de renseignements sur les troupes allemandes ; le confia à un service de contre-espionnage qui fit parvenir aux armées alliées les renseignements demandés.

Née le 07/05/1875 à Camphin en Pévèle de Henri et LAINGNEL Louise, elle épouse DELEFORTRIE Joseph le 04/11/1899 à Marcq en Baroeul.
 
DEBOUVRY Anna-Maria-Hortense-Joseph (Mlle). Cultivatrice à Genech (Nord)
  Argent


Condamnée à un an de détention pour avoir trouvé un panier renfermant deux pigeons et les avoir relâchés. A souffert pendant sa détention de la faim et des mauvais traitements.

DEBOUVRY Anna Maria Hortense-Joseph née à Genech le 07/09/1873 de François et LECLERCQ Anne Marie.
 
DEBOUVRY Berthe-Eugénie-Joseph (Mlle). Cultivatrice à Genech (Nord)
  Argent


Ayant trouvé deux pigeons les a rendus à la liberté malgré un ordre de l'autorité allemande. Condamnée pour ce fait à un an de prison a souffert pendant sa détention de la faim et des mauvais traitements.

S'il s'agit de la soeur de la précédente, ses prénoms sont Berthe Virginie Marie, née à Genech le 12/02/1873.
 
DURIEUX Divine (Mlle). Ménagère à Maubeuge (Nord)
  Argent


Arrêtée et condamnée à mort pour détention de pigeons voyageurs par le Conseil de guerre allemand en 1915. Peine commuée en 10 ans de détention puis en deux ; subit le régime cellulaire des prisonniers pendant 14 mois.

Une fiche aux archives du CICR la signale détenue à Siegburg-Brückberg en juillet 1915 et en novembre 1916. Les 2 listes  la disent venant de Douai, mais il est plus que probable qu'elle soit née le 30/07/1860 à Louvroil, de Charles et LECLERCQ Laurence.
 
DUMONT Arthur-Joseph (M.) Instituteur en retraite à Genech (Nord)
  Vermeil


Pour avoir lâché des pigeons porteurs de renseignements relatifs aux armées allemandes a été condamné à 11 ans de travaux forcés. A toujours fait preuve du plus grand courage.

Né le 12/03/1859 à Louvencourt (Somme) de Cyr et CAUET Virginie. (pas de fiche CICR)
 
DUTERTE Emile-Joseph (M.) Quincaillier à Linselles (Nord)
  Argent





Le 17 juin 1915 à la suite d'une perquisition ayant amené la découverte à son domicile de quelques œufs de pigeons fut condamné à 350 marks d'amende. Ayant refusé de payer fût emprisonné pendant 40 jours et au bout de ce temps invité à transiger pour 50 marks. Sur nouveau refus fut traduit en conseil de guerre à Valenciennes et condamné à mort. Peine commuée en celle de déportation en Allemagne. Fut interné pendant toute la durée des hostilités.

Né le 07/07/1876 à Linselles de Louis et POLLET Maria. Les archives du CICR conservent 3 fiches : en août-septembre 1915 il est à Holzminden (n°4041, Baraque C. 11-87), l'une des fiches de recherche ("sans nouvelle depuis mars 1916") mentionne qu'il est ramené de Russie (sans précision(1)) à Holzminden et qu'il travaille dans un commando dépendant de Holzminden : l'entreprise d'équipements de chauffage Centralheizungswerke AG basée à Hanovre ; fin juillet 1916 il est à Limburg a/Lahn venant de Düsseldorf, il y est encore en juin 1918.
(1) Les otages déportés en Russie occupée étaient des civils encore libres, partis en janvier 1918 et revenus en juillet.
 *
LAFRANCE Laure-Juliette (Feue Mme, née Lacroix). Ménagère à Nomain (Nord)
  Vermeil

Condamnée à mort par les Allemands pour espionnage au profit des armées alliées a été fusillée à Tournai le 31 octobre 1917 [à 16h].

Née LACROIX Flore Juliette le 11/04/1886 à Wattrelos (Nord) de Jacques et VANDENBERGE Uranie, faite Chevalier de la Légion d'honneur à titre posthume par décret du 23/09/1923. C'est l'une des des 10 femmes fusillées pour espionnage par l'occupant.

Espionnage départements de l'AISNE et du NORD

 
DELACROIX Gabrielle (Mme Veuve, née Lefèvre). À Saint-Quentin (Aisne)
  Vermeil





A fait preuve du plus grand patriotisme en prêtant son concours au service organisé en région occupée pour renseigner les alliés sur les mouvements des-troupes allemandes. Arrêtée, le 25 août 1916 est traduite devant un conseil de guerre et condamnée à 10 ans de travaux forcés. A subi sa peine en Allemagne jusqu'à l'armistice. Son mari, arrêté dans les mêmes conditions, est condamné à mort et décédé dans la prison la veille du jour fixe pour l'exécution.

Née Gabrielle Angélina LEFEVRE le 17/05/1874 à Gricourt (Aisne) de Virgile et LEFEVRE Marie-Divine elle épouse Louis DELACROIX, né à Vendelles en 1864, le 11/12/1891. Elle décède à Strasbourg en 1966.
Les archives du CICR donnent des informations sur son parcours, les adresses de la famille à prévenir sont celles de sa belle-famille, Delacroix Marie-Louise et Joseph.
Après la prison de St-Quentin on la trouve à Siegburg en janvier 1917, Limbourg a/Lahn en mai 1917, le pénitencier (Strafanstalt) de Delitzsch puis le camp de Gardelegen en juillet 1918.

Les archives belges ont gardé la trace des membres du réseau Marié (voir le sujet sur ce même blog) Louis DELACROIX y a une fiche à son nom.

Source: Externe

 
DEMOULIN Philomène (Melle). Ménagère à Villers-en-Cauchies (Nord)
  Bronze



Pendant les années 1914-1916 a donné asile à des agents du service secret des armées alliées, son père et ses deux frères ont été, pour le même motif, emmenés en Allemagne. Un de ses frères a été fusillé. Son autre frère et son père sont morts en captivité.

Philomène DEMOULIN est née le 12 avril 1883 à Villers-en-Cauchies, de Edouard et MOREAU Philomène. Bien qu'indiqué "Melle" dans la citation, elle était mariée depuis le 26/06/1906 à Henri GARDEZ.
Celui-ci mobilisé, affecté au 3e R.I.T. à Maubeuge depuis le 3 Août 1914 est fait prisonnier à la reddition de la place le 7/9/1914 et ne sera rapatrié que le 3/12/1918, après avoir connu (notamment) les camps de Münster III & I, Senne III et Dulmen.
  • Son père Edouard Demoulin né le 28/07/1858 à Villers en C. est décédé à Mons (B) le 31 août 1916 à 58 ans.

Les deux frères sont :

  • Voltaire Demoulin, né le 1er décembre 1887 à Villers-en-Cauchies fusillé le 27/12/1916 à St-Quentin (29 ans)

Source: Externe

Il a été fait chevalier de la Légion d'honneur en 1923 (motifs non détaillés).
Le récit de l'exécution -fort mal organisée- figure dans le livre "Sous la botte" de Elie Fleury tome 2, disponible sur Gallica :

SLB_226

   
  •  Clotaire Demoulin né le 07/04/1897, décédé en 1918 (21 ans) ; on le retrouve dans les archives du CICR, au Strafanstalt (pénitencier de) Reigenbach en 1917, puis de celui de Brandenburg an der Havel en janvier 1918.
 
DELSART Léon (M.) Cultivateur à Nomain (Nord) ; maire de Nomain
  Argent

A été condamné par les Allemands a 10 ans de travaux forcés comme responsable d'une affaire d'espionnage ; est resté pendant 20 mois dans les prisons allemandes.

Né le 8 décembre 1883 au Quesnoy (Nord) de Antoine et BASET Suzanne, Léon Delsart poursuit ses études jusqu'au niveau du brevet, en 1903, il accomplit son service militaire au 8e Dragon à Sedan, nommé brigadier. Agriculteur à Nomain (Nord), il y exploite la ferme des Wattinettes (50 hectares) de 1909 à 1945.
Ses activités patriotiques lui valent d'être arrêté par les Allemands le 26/04/1917. Condamné par le conseil de guerre allemand aux travaux forcés à perpétuité, il est incarcéré pénitencier (Strafanstalt) de Rheinbach en décembre 1917, à Limburg a/Lahn en janvier 1918 puis au pénitencier de Brandenburg an der Havel, la défaite allemande provoque sa libération le 20 novembre 1918. 
Député du Nord de 1932 à 1936. (sources Assemblée Nationale et CICR)
 
DESORMEAUX Nestor (M.) Ajusteur a Vicq (Nord)
  Argent


Arrêté en 1915 pour avoir coupé les communications téléphoniques allemandes, a subi de longs mois de prison, puis de cellule, et enfin jusqu'à l'armistice, de travaux forcés.

Né le 03/05/1899 à Vicq, de Louis et MARIAGE Marie. Une fiche  aux archives du CICR le situe à Holzminden en février 1917.

Desormeaux Barthelemy, tué "par une balle allemande " le 01/12/1914 à Vicq est un cousin (au 5e degré) de Nestor Desormeaux
 
FIEVET Romain (M.) Trieur de laines à Roubaix (Nord)
  Argent


Arrêté pour espionnage le 18 avril 1917, et condamné à 10 ans de travaux forcés par le conseil de guerre allemand de Gand. Déporté en Haute-Silésie, y a été contraint au travail dans les mines jusqu'à l'armistice.

Né le 10/03/1892 à Roubaix, de Louis et HUYGENS Sophie. Les archives du CICR le situent successivement à Limburg a/Lahn puis au pénitencier (Strafanstalt) de Rheinbach en janvier 1918, enfin au camp de Brandenburg en avril 1918
 
FRANÇOIS Jean-Baptiste (M.) Garde de nuit à la Cie des mines d'Anzin à Bruille-Saint-Amand (Nord)
  Argent


Condamné à mort pour espionnage en janvier 1917. Sa peine ayant été commuée en celle des travaux forcés à perpétuité, fut envoyé au camp de Werden (Rhur) et mis en cellule jusqu'au 23 novembre 1918.

Né le 08/10/1857 à Nivelle (Nord)de Jean-Baptiste et GRAS Rosine. Sans information au CICR
 
GÉRARD Emile-Firmin (M.) Ajusteur à Vicq (Nord)
  Argent


Arrêté le 10 janvier 1916, pour avoir endommagé des fils télégraphiques. A été condamné à un an de prison cellulaire et interné à l'expiration de sa peine dans divers camps de l'Allemagne.

Né le 22/09/1896 à Quarouble (Nord) de Charles et FLAMME Eugénie. On le retrouve interné à Holzminden le 27/04/1917.
"Non recensé en temps utile par suite d'un cas de force majeure" (sic) il est appelé avec sa classe en 1919, et sert 3 mois au 127e RI.
Il recevra (JO du 06/04/1939) la Médaille des prisonniers civils, déportés et otages de la grande guerre
 
LEGROS Auguste-Augustin (Feu M.) Menuisier à Salomé (Nord)
  Vermeil


Arrêté le 24 février 1916 comme suspect d'espionnage, traduit en conseil de guerre, condamné à 1 an d'emprisonnement et 2 000 marks d'amende, a été emmené en Allemagne et interné au camp de Lüttringhausen, où il est décédé le 24 janvier 1917.

Né le 23/06/1850 à Salomé de Charles et FAUQUENOY Catherine. Interné d'abord à Friedrischfeld, il décède d'insuffisance cardiaque (Herzschwäche) à 66 ans au camp de Lüttringhausen.(source CICR)

Otages départements de l'AISNE et du NORD

 
PAROCHE Louise-Marie (Mme, née Lépissier). À Dizy-le-Gros (Aisne)
  Bronze
Emmenée comme otage et emprisonnée pendant 2 ans à Siegburg.

Née le 1er Août 1868 à Dizy le Gros, LEPISSIER Louise Marie épouse Joseph Abel PAROCHE à Dizy le 16/07/1888. Sa fiche aux archives du CICR la signalent faite prisonnier à Montcornet et internée à Limbourg a/Lahn, ou elle apparaît sur les registres de mai 1917, après un séjour à Siegburg.
 
BASTIN Léo (M.) Menuisier à Aniche (Nord) âgé de dix-sept ans à la déclaration de guerre
  Bronze

Agé de dix-sept ans à la déclaration de guerre, fut emmené comme otage en Allemagne. A subi pendant 50 mois les mauvais traitements des camps de représailles.

Né le 12 mars 1897 à Aniche de Léon et SCHMIDT Léa. La Croix-Rouge indique qu'il est "pris à Aniche le 23/9/1914". Il est interné à Hassenberg puis transféré à Holzminden dont il figure sur les listes de juillet 1915 comme Schreiner (charpentier). Il y apparaît dans le bulletin des réfugiés de novembre 1915 :
"Bastin Léo, baraque 49, Brœunschire"
puis dans celui d'avril 1916 (toujours sous l'intitlé "Holzminden":
"Bastin Léo Bar. 4, Osterwald Mayenfeld Arbeits Com. Dittorf, Aniche"
Il aurait donc été détaché dans une compagnie de travail, au camp d'Osterwald Meyenfeld près d'Hanovre, quelques 100km plus au nord, ouvert en juillet 1915 comme annexe d'Holzminden et qui compte en octobre 1915 1000 travailleurs agricoles, prisonniers civils des pays occupés.
 
FRAY Florimond-Louis (M.) Secrétaire général de mairie à Roubaix (Nord)
  Bronze



Otage de représailles, à quatre reprises différentes, à Lille du 2 au 15 novembre 1914, à Roubaix du 27 juillet au 8 septembre 1915, à Daigny du 27 avril au 15 novembre 1916, en Lithuanie, du 6 janvier au 2 juillet 1918, a supporté avec courage les plus dures épreuves.

Né le 2/09/1858 à Lille de Jean-Baptiste et FOUQUE Célina. Son nom apparaît dans la liste des otages de représailles en Lithuanie. Il décède le 27/01/1919.

Civils condamnés, déportés, décédés, départements de l'AISNE, du NORD et de la SOMME

 
BASELY Elise-Eva (Mme, née Lemaitre). Ménagère à Villers-sur-Nicole (Nord)
  Argent



Se trouvant en pays occupé en colonne de moisson résista courageusement aux brutalités d'un soldat allemand. Condamnée pour ce fait subit sa peine en cellule puis fut envoyée en colonne sur le front où par son attitude elle fit l'admiration de ses compagnes.

Née à Villers-Sire-Nicole le 25/02/1898 de Charles et LIENARD Alphonsine, mariée en 1920 avec BASELY Henri. Pas de fiche au CICR
 
BOUCNEAU Hélène-Estelle (Mme, née Wavrin).
  Bronze

Cultivatrice à Beaufort (Nord) condamnée à 3 ans de prison le 21 janvier 1917 pour avoir résisté à un ordre de balayer la route.

Née WAVRIN Hélène Stelle le 17/08/1866 à Ferrière-la-Petite (Nord) de Jules et JENOT Stelle, elle épouse Camille BOUCNEAU le 18/06/1892 à Mazinghien (Nord).
Sa fiche aux archives du CICR porte le nom BONCUEAU (confusions N/U fréquentes dans les registres allemands) et atteste de sa présence à Aix-la-Chapelle (Aachen) en février 1917.
 
FAYT Marie-Louise (Mme, née Tricoteux). À Baranton-sur-Serre (Aisne)
  Argent



Ayant refusé de livrer des armes à l'autorité allemande a été traduite pour ce fait en conseil de guerre condamnée à deux ans de cellule peine qu'elle a subie avec courage et dignité à la prison de Siegburg près Cologne. Le mari tué à l'ennemi, deux enfants en bas âge.

Née le 27/11/1891 à Toulis-et-Attencourt (Aisne) de Alexandre et GATEAU Marie, mariée à FAŸT Louis Polydore le 04/09/1909 à Barenton-sur-Serre (Aisne). Celui-ci, né le 01/05/1885 à Mesbrescourt-Richecourt (Aisne) avait effectué son service au 9e régiment de cuirassiers de 1906 à 1908. Rappelé au 245e RI à la mobilisation générale, il est tué le 22/11/1914 à La Neuvillette (sa fiche Mort pour la France).
Ils avaient eu 2 enfants : Antoinette Odile née le 18/08/1911 et Marie Germaine née le 08/08/1913, toutes deux à Verneuil-sur-Serre (Aisne).

Les registres du CICR situent Marie-Louise, après sa "capture" (Gefangennahme) à Autremencourt le 31/03/1916, d'abord à Siegburg en mai 1916 (avec Louise de Bettignies) et en novembre 1916, puis à Limburg a/Lahn en mai 1917 (avec la princesse de Croÿ et Mmes Fricoteaux et Guéant ci-dessus).
Elle décède en 1976.
Note : les enfants avaient donc 2½ ans et 4½ ans au départ de leur mère.
 
MATHIAS Marthe-Pauline (Mme, née Dupont). Directrice d'école à Buironfosse (Aisne)
  Argent Arrêtée le 3 novembre 1917 et enfermée pendant soixante-huit jours de cellule au pain sec et à l'eau sans feu. Condamnée le 11 décembre 1917 à un an et demi de réclusion et à 2.350 marks d'amende pour avoir rédigé un journal de guerre fait circuler des journaux français et avoir caché des objets d'art.
 
PEINGNEZ Anna-Victoria (Mme, née Lalou). Fabricante de broderies à façon à Paris
  Bronze


Condamnée à 9 mois de prison pour avoir manifesté des sentiments germanophobes et insulté un officier. Emprisonnée à Aix-la-Chapelle et Bonn ; a fait 3 mois de cellule à Cologne.

Le récit très détaillé de l'arrestation et de la détention de Mme Peingnez, épouse du maire de Beaurevoir (Aisne) est disponible sur Gallica : "La captivité d'une Française en 1916".  L'officier était le compte Albert von Hindenbourg, neveu du maréchal.
 
AGACHE Marthe-Juliette (Mlle). Employée de bureau a Lille (Nord)
  Bronze


Condamnée par les Allemands à cause de son ardent patriotisme; a observé pendant la longue durée de sa détention l'attitude la plus courageuse malgré les souffrances et les privations qu'elle dût subir.

Le dimanche 26 décembre 1915 paraissait dans le Bulletin de Lille n°117 l'avis suivant, reproduction d'une des nombreuses affiches émises par l'occupant :

Justice militaire Allemande
"Les dénommées Marthe Agache, de Lille, 35, rue Sainte-Catherine et Gabrielle Agache, née Rouzé, de Lille, rue Sainte-Catherine, 35, sont condamnées chacune à un an de prison, et Madame Marie Gérard, de Fives, rue Malsence, 58, à 6 mois de la même peine, pour s'être entremis dans l'envoi et la réception de correspondances illicites, avec des personnes de la partie du territoire français non occupé et du territoire neutre, contrevenant ainsi à la proclamation du commandant en chef, en date du 4.2.15."
"Pour la même raison, le voyageur de commerce Eugène Warny, de Tournai, rue Guillaume-Marlier, 43, est condamné à un an et six mois de prison."

Marthe Juliette AGACHE est née le 4/10/1880 à Lille de Henri et DEROUBAIX Sophie.
Gabrielle AGACHE née ROUZÉ le 9/04/1887 à Sainghin-en-Weppes a épousé Albert Florent Agache frère de Marthe. On retrouve les deux belles-soeurs côte à côte sur 3 listes aux archives de la croix-rouge : "capturées" le 26/11/1915 elles sont en janvier et novembre 1916 à Siegburg, le 8 février 1917 à Holzminden.
WARGNY Eugène, voyageur d'affaires (Handelsreiziger), né à Olsene (B) le 2/11/1887 ; en juin 1917 se trouve au camp de Senne, venant de Eberfeld.
 
DUBRAY Raymond-Joseph (M. l'abbé). Curé de Floyon (Nord)
  Argent


Malgré son grand âge a constamment donné l'exemple du courage et de la confiance a été à diverses reprises arrêté brutalisé et condamné à la prison et à l'amende en raison de ce que l’ennemi appelait « son influence néfaste ».

Né à Maubeuge, le 23 octobre 1848, de Victorien et GARIN Sophie, ordonné à la Noël de 1877, vicaire à Sebourg, curé de Flaumont en 1882, de Floyon en 1889, décédé le 16 février 1933.
Dubray
source geneanet

Express du midi 19220118
L'express du Midi (18/01/1922)

 
BALENGHIEN Émile (M.) Entrepreneur de plafonnage à Tourcoing (Nord)
  Bronze


Condamné à 7 mois de cellule par les Allemands pour avoir voulu rentrer en France libre par la Hollande. Libéré a subi une nouvelle condamnation à 10 jours de cellule et 3 mois de travaux forcés pour avoir refusé d'obéir aux ordres de l'ennemi.

Né à Lille le 31/05/1865 de Valentin et DESFONTAINES Séraphine il épouse LECOMTE Marie Juliette le 10/11/1898 ; les archives du CICR le situent, après sa "capture" à Courtrai le 05/04/1917, successivement à Siegburg puis à Limburg a/Lahn en juin 1917 puis à Holzminden en septembre 1917. Il y est accompagné de son fils, écolier de 17 ans, Etienne (Léon Emile) né à Tourcoing le 05/12/1900.
 
BARTIER François (M.) Tisserand à Troisvilles (Nord)
  Argent


Victime de brutalités de gendarmes et de soldats allemands parce qu'il refusait de travailler pour l'ennemi laissé évanoui et sans soins pendant plusieurs jours subit ensuite 1 an de prison cellulaire à Clèves (Allemagne)

Né le 05/04/1857 à Troisvilles de Jules et BOITTIAUX Joséphine ; le CICR le situe à Friedrichsfeld/Wesel venant de Kleve (Clèves) en mars 1917.
 
BAUDET Maurice-Jules-Arthur (M.) Industriel à Saint-Amand (Nord)
  Bronze


Adjoint au maire de Saint-Amand a été arrêté et détenu à diverses reprises par les Allemands. À fait preuve d'un absolu dévouement à l'intérêt de ses concitoyens pendant toute la durée de l'occupation allemande.

Né le 15/03/177 à Saint-Amand de Charles et BERTEAUX Céline, y décédé le 14/09/1929. (pas de fiche CICR)
 
BENOIT Georges-Jean-Baptiste (M.) Instituteur à Lille (Nord)
  Argent


Excellent patriote. Condamné à 10 ans de travaux forcés par un conseil de guerre allemand a été interné pendant 28 mois. Au cours de sa détention a conservé une attitude très courageuse malgré les privations qu'il dut endurer.

Né à Wisembach (Vosges) le 25/09/1861 de Jean Baptiste et BINNE Marie, il est à Rheinbach en juin 1916, à Cassel-Wehlheinden en janvier 1917, à Hameln en février 1918
 
BLIN Arthur-Edouard-Virgile (M.) Garde champêtre municipal à Harbonnières (Somme)
  Bronze





Demeuré à Harbonnières pendant la majeure partie des hostilités continua à exercer ses fonctions avec le plus grand dévouement ; lors de l'arrivée de l'ennemi assura le départ des blessés français auxquels il prodigua des soins. En septembre 1914 fournit d'utiles renseignements aux troupes françaises lors du recul des Allemands. Après de violents bombardements assura au péril de sa vie le ravitaillement des vieillards de la commune.

Né le 02/03/1869 à Harbonnières de Baptiste et CATILLON Ernestine.
 
BOUILLON Joseph (M.) Employé de bureau à Anzin (Nord)
  Bronze

Né en 1895 a tenté de rejoindre les armées françaises ; a été arrêté à Bruxelles et condamné à 6 mois de cellule qu'il a accomplis.

Né le 23/09/1895 à Douai de Fidèle et CAPIAUX Louisa.
 
BRASSEUR Thulia-Augustin (M.) Contremaître mécanicien à Lille (Nord)
  Bronze


Arrêté le 10 octobre 1915 condamné à 3 mois de cellule et à la déportation en Allemagne a subi en captivité des mauvais traitements et des privations qui l'ont rendu incapable de tout travail.

Né à Maubeuge le 30/08/1853 de Joseph et LEFEVRE Catherine, sa fiche aux archives du CICR le mentionne à la prison de Siegburg Brückberg et rentré à Maubeuge le 27/01/1916.
 
CAVALLIER Louis-Jules-Eugène (M.) Surveillant au lycée Lakanal à Sceaux
  Bronze




Se trouvant à Crécy-sur-Serre, Aisne, arrêté comme suspect à l'âge de dix-sept ans et demi contraint d’exécuter des travaux pénibles et dangereux fut déporté.

Né le 21/01/1897 à Crécy-sur-Serre de Louis Henri et FEVRIER Joséphine.  Il n'y a pas de fiche à son nom au CICR, mais on en trouve une au nom de son père, pharmacien à Crécy-sur-Serre, né à Mesnil-St-Nicaise (Somme) le 20/07/1870.
Louis Henri Sainte Marie CAVALLIER était interné à Siegburg en septembre et décembre 1916, à Limburg a/Lahn en mai 1917 : il avait été condamné à mort pour avoir caché un soldat français ; gracié, il fit 30 mois de travaux forcés. (citation au JO du 14 juillet 1919)
BOMI
Bulletin officiel du ministère de l'intérieur Décret du 30/10/1920
 
DAVAINE Séraphin (M.) Brigadier de police retraité à Saint-Amand (Nord)
  Bronze

Soixante ans à la guerre ancien agent de police a été emprisonné à deux reprises 24 heures pour refus d'obéissance ; maltraité à différentes reprises.

Né le 13/03/1854 à St-Amand de Séraphin et COPIN Julie.
 
DÉBATS Julien-Léon-Benoit (M.) Architecte a Lille (Nord)
  Bronze A fait preuve de courage civique en résistant aux exigences injustifiées de l’ennemi. Condamné pour ce fait et interné en Allemagne ; pendant 20 mois a supporté la prison et les privations sans jamais se laisser atteindre par le découragement.
 
DEMULLIEZ Henri (M.) Vicaire à Wattrelos (Nord)
  Bronze


Arrêté en septembre 1915 a fait 6 semaines de cellule a été ensuite détenu à Cologne puis au camp de Gütersloh, de Celle-Schloss et d'Havelberg n'est rentré en France que le 20 décembre 1918.

DEMULIER Emile Henri Joseph né à Tourcoing le 1/12/1876 François et SELOSSE Marie-Thèrèse, les noms des camps (déformés au JO, rectifiés ci-dessus) sont attestés par les archives du CICR ; sa fiche mentionne que le 12/04/1918 il était à l'abbaye de Beuron (Bade-Wurtemberg). il est décédé à Coudekerque-Branche le 20/10/1955.
 
DOUEZ Emile-Louis (M.) Commissaire de police à Lille (Nord)
  Bronze A été l'objet de nombreuses perquisitions en pleine nuit et à la suite de l'une d'elles a été emprisonné comme suspect d'espionnage. A été séquestré plusieurs fois dans des usines pour n'avoir pas voulu fournir des indications aux Allemands.
 
DUPONT Charles-René-Edouard-Joseph (M.) Cultivateur à Bevillers (Nord)
  Argent


Arrêté en Belgique le 1er juin 1915 au moment où il tentait de franchir la frontière hollandaise emprisonné a refusé de dénoncer les personnes ayant facilité son départ et a été interné en Allemagne pendant trois ans et demi (Holzminden et Senelager).

Né à Bevillers le 11/03/1897, sa fiche aux archives de la Croix-Rouge porte la mention "fait prisonnier à Kalmetut", en réalité Kalmthout dans la province d'Anvers, à 3km de la frontière hollandaise. Probablement d'ailleurs ne savait-il pas que celle-ci était barrée par le "Dodendraag" (câble de la mort), clôture électrifiée dressée par l'occupant le long de la frontière belgo-néerlandaise, à moins qu'un passeur ne l'accompagnât.

doodendraad

"Non recensé en temps utile, cas de force majeure" (sic) il est appelé avec sa classe en 1919, et sert 3 mois au 3e dragons.
Son état signalétique et des services porte cependant un décompte de sa captivité comme déporté résistant, incluant celle-ci comme service militaire actif dans la zone de combat :

DR DupontIl décède à Etroeungt en 1973

 
FLAMENT Alexandre-Albert (M.) Employé des postes à Laon (Aisne)
  Bronze


Condamné à 3 ans de prison pour avoir défendu une jeune fille malmenée par des Allemands. L'a été une seconde fois à 2 ans de travaux forcés a subi en entier les peines qui lui avaient été infligées.

FLAMANT Alexande Albert, né le 05/04/1874 à Vincy-Roeuil-et-Magny (Aisne) de Louis Léopold et ANTOINE Lucie, selon le CICR, fait prisonnier à La Neuville sous Laon le 30/01/1916, il est à Wittlich en novembre 1916 et à Limburg a/Lahn en juillet 1917.
 
FONTAINE Edouard-Cyrille (M.) Cultivateur à Fontaine-au-Bois (Nord)
  Bronze


A rendu service à la population de sa commune pendant le bombardement et l'évacuation grâce à son courage et à son sang-froid.

Né le 16/03/1875 à Fontaine-au-Bois, de Edouard et DUTRIEUX Adolonisse.
 
FROEHLY Paul-Dominique (M.) Débitant de tabac à Lille (Nord)
  Argent



En juin 1917 à 18 ans a tenté de rentrer en France par la Hollande. Arrêté à Esschen a été emmené à Anvers et a subi 6 mois de cellule. A l'expiration de sa peine a été transporté en Allemagne et interné dans de camp de Holzminden jusqu'en novembre 1918.

Né le 22/04/1899 à Tourcoing de Joseph et FOVEAU Anselmia, le CICR le mentionne à Holzminden en novembre 1917.
"Non recensé en temps utile, cas de force majeure" (sic) il est appelé avec sa classe en 1919, et sert au 1er puis au 5e régiment de Cuirassiers.
Le décompte de ses campagnes est le suivant :
Contre l'Allemagne du 29/06/1919 au 23/10/1919,
Occupation de la Rhénanie du 24/10/1919 au 24/03/1921.
(il sera de nouveau mobilisé de septembre 1939 à juillet 1940)
Son état signalétique et des services porte cependant un décompte de sa captivité comme déporté résistant, incluant celle-ci comme service militaire actif dans la zone de combat :
ResistanceIl décède à Tourcoing le 21/12/1962
A noter que le nom est écrit FROCHLY dans les actes, jusqu'à la demande de rectification faite en 1982.
 
GUERY Augustin-François (M.) Docteur en médecine a Fresnes (Nord)
  Bronze



Faisant fonction de maire pendant l’occupation a été l'objet de sévices de la part de l'autorité ennemie a comparu plusieurs fois devant Le conseil de guerre et a été emprisonné comme otage. A administré la commune dans les meilleures conditions et donné gratuitement ses soins aux malades et blessés de Fresnes et des environs.

Né le 04/07/1861 à Villers-Pol de Florimond et GRAPIN Mélanie.
 
POISSONNIER Henry (M.) Curé doyen à Crécy-sur-Serre (Aisne)
  Bronze


Arrêté comme otage le 17 janvier 1918 en captivité au camp d'Holzminden du 8 février au 31 juillet 1918 a supporté avec courage et dignité les mauvais traitements qui lui furent infligés par l'ennemi.
Prénommé Jean Louis Henri, né le 23/10/1857 de Jules et MOREAU Laurence à Origny Ste-Benoite (Aisne), il entre dans les ordres en 1881. Il est signalé le 21/02/1918 à Holzminden.(source CICR)
 
PUCHAUX Louis-Maurice (M.) Instituteur à Pleine-Selve (Aisne)
  Bronze




Resté à son poste pendant l'occupation est intervenu fréquemment auprès de l'autorité allemande en faveur des habitants et a collaboré au ravitaillement. A été condamné par le conseil de guerre de Maubeuge en juillet 1918 à 500 marks d'amende pour avoir fait évader son fils prisonnier civil. Fait prisonnier civil et incorporé à Cologne s'est évadé.

Né le 28/05/1866 à Benay (Aisne) de Charles et DUPONT Catherine.
 
MOUNY Jean-Baptiste (Feu M.) Cultivateur à Lappion (Aisne)
  Argent


Condamné par le conseil de guerre allemand à 18 mois de prison pour voies de fait envers un gardien allemand. Est décédé en 1917 au camp de Siegburg à la suite des mauvais traitements subis au cours de sa captivité.

MOUNY Jean-Baptiste "dit Fer(di)nand" né le 19/12/1864 à La-Ville-au-Bois-les-Dizy (Aisne) de Zéphyrin et LEROUGE Hortense, marié à JARDIN Augustine le 15/11/1884 à Lappion. Le CICR le dit -d'après les documents des camps- capturé à Sissone le 15/09/1916, à Siegburg en novembre 1916 où il décéde à 52 ans le 25/02/1917.
 *
SAUVAGE Albert-Jean-Baptiste (Feu M.) À Condé-sur-Escaut (Nord)
  Vermeil


A été tué par des soldats allemands après avoir fait preuve du plus pur patriotisme et du plus grand courage.


A voir sur ce même blog

 

 

 

13 octobre 2017

2 Novembre 1918 dans le New York Times du surlendemain.

 

 NYT bandeau

 

entete NYT

 Triste accueil à

Valenciennes

Effarés et affamés, les habitants racontent leurs souffrances à leurs libérateurs britanniques.

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"Les démons sont enfin partis !"
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"Ils ont tout volé, tout cassé, nous ont écrasés durant quatre ans."


Par Philip Gibbs.
Copyright 1918 New York Times Cie.

Par cable spécial
Avec l'armée britannique, le 3 novembre.

 

Dans son édition du 4 Novembre 1918, parait, sous la signature de Philip GIBBS, un article relatant les impressions de l'auteur recueillies le 2, jour de la libération de Valenciennes, et transmises le lendemain par câble spécial au New York Times. On admirera au passage le très court délai entre l'évènement et la publication outre-Atlantique.

L'auteur, Sir Philip Armand Hamilton GIBBS (1877-1962), n'est pas un inconnu : il a été le plus célèbre, et sans doute le plus important, des reporters de guerre officiels britanniques rattachés par leurs journaux au Quartier Général britannique sur le front occidental de 1915 à 1918. C'était aussi un romancier et un écrivain accompli.

Au début de la Première Guerre mondiale, le gouvernement britannique a imposé un système de censure aux journaux londoniens. Il était inattendu que des journalistes se soient vu interdire d'accompagner le Corps expéditionnaire britannique (BEF) en France.

Gibbs s'est rendu en France avec d'autres journalistes et a rejoint des éléments des forces britanniques en Belgique mais a finalement été forcé de quitter la zone de guerre. L'armée britannique a ensuite tenté une brève expérience d'exclusion de tous les journalistes du front occidental, en s'appuyant plutôt sur la publication de communiqués. Cette expérience s'avéra peu pratique, en grande partie à cause de l'opposition des journaux londoniens, et en mai 1915, Gibbs devint l'un des cinq correspondants de guerre officiellement accrédités pour rejoindre le quartier général du BEF. En accord avec leurs journaux, les journalistes ont été strictement contrôlés et leurs reportages censurés ; informés quotidiennement après du Quartier Général, on leur a parfois permis de se rendre sur le front pour mener des entrevues. Le nombre de correspondants officiels varient légèrement durant la guerre, mais Gibbs y reste jusqu'à l'armistice.

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Philip GIBBS est à droite sur la photo
(Bataille de la somme, Juillet-Novembre 1916© IWM Q 1062)

Il faut comprendre le "Triste accueil" de l'intitulé de l'article par le fait que Gibbs entre pour la première fois dans une ville qui n'est pas encore totalement libérée, comme ce fut le cas à Lille, et dont les occupants tentent encore de se protéger du bombardement. Voici la traduction de ce récit. J'y ai ajouté des notes (repérées en rouge) dont le contenu se dévoile en immobilisant le curseur sur leur numéro. Le style est parfois "journalistique" pour ne pas dire plus, j'ai donc tenté de rester "au plus près".

Après des combats acharnés de la part des troupes anglaises et canadiennes, la vieille cité de Valenciennes, sur le canal de l'Escaut, a été investie hier matin. À 7 h 50, le général[1] commandant les troupes canadiennes qui ont encerclé la ville a envoyé ce message historique :
«J'ai l'honneur de vous informer que Valenciennes est entièrement entre nos mains».




C’est une belle réussite que les troupes britanniques partagent avec les Canadiens. Les territoriaux et les régiments d’active du Yorkshire[2] ont fait l’objet de contre-attaques désespérées de l'ennemi vendredi après notre avance matinale dans les villages d'Aulnoy et Préseau, fortement tenus par un grand nombre de troupes allemandes avec pour ordre de défendre ces positions jusqu’à la mort.

Depuis le nord, toute avance a été rendu impossible par l'ouverture des vannes de l'Escaut qui a inondé ce côté de la ville[3] .
L’ennemi ne pouvait s’échapper que par le sud-est[4], de sorte qu'il y avait concentré tous ses hommes disponibles. Ils se sont battus avec beaucoup de courage et d'obstination, mais ce fut inefficace contre les Canadiens et les Anglais, soutenus par une immense concentration d'artillerie

Beaucoup d'Allemands morts gisent dans la petite rivière Rhonelle et 4.000 prisonniers ont été faits par les forces combinées. Les contre-attaques de l’ennemi appuyées par des chars[5] se sont complètement effondrées, de sorte que les Britanniques ont capturé les tanks et fait encore plus de prisonniers.

Je suis allé à Valenciennes hier matin[6] peu de temps après sa capture, quand il y avait encore de durs combats du côté sud-est, de sorte que tous les canons britanniques étaient en action avec un bruit énorme alors que je les côtoyais à la périphérie de la ville, le vol des obus passant au-dessus des maisons où chez de nombreux civils se mêlaient joie de savoir qu'ils étaient libres de nouveau, et peur de cette fureur des armes autour d'eux.

Des villages périphériques abandonnés

Le chemin de Douai à Valenciennes était plein d'obsédantes images de la guerre, parce que les troupes canadiennes et anglaises se sont battues à travers de nombreux villages le long de ces routes et que ces lieux n’en sont pas sortis indemnes.

Leurs habitants ont fui les plus proches de Valenciennes car les obus allemands ont fracassés leurs toits et leurs murs et ont fait des ruines de nombreuses maisons. Certaines ont été coupées en deux, de sorte que l'on regarde dans des pièces où des pianos de salon, les machines à coudre des femmes et les berceaux des enfants restent contre les murs les plus éloignés parmi les poutres brisées et le plâtre.

Seuls quelques soldats se déplacent parmi ces villages abandonnés, et hier, qui a été un jour exécrable, avec la brume humide traversant leurs murs crevés par les obus qui tremblaient comme des caisses de résonnance à l'arrière des canonnades, ils ressentaient la tragédie. En traversant Oisy et Aubry[7] vers La Sentinelle - banlieue de Valenciennes de ce côté de l'Escaut - il n'y avait guère d'âme vivante, à l'exception de silhouettes, étranges comme des ombres dans le brouillard humide, se glissant sous les murs : des soldats britanniques, comme on pouvait le deviner à la forme de leurs chapeaux d’acier.

Tout au long de la voie ferrée de Douai, les ponts ont été détruits par l'ennemi et forment des épaves monstrueuses au travers la ligne. Au-delà, dans ce voile épais de brume, les montagnes des noirs crassiers, comme des pyramides égyptiennes, apparaissaient vaguement. Les cheminées des usines faiblement dessinées au-dessus de celles-ci, comme si c'était une guerre au Lancashire.

Des gens sont arrivées traînant une voiture où s’empilaient des meubles, et je leur ai demandé : « Êtes-vous de Valenciennes ? »

« Non, monsieur ! » a dit un homme accroché aux cordes et il a nommé un autre village à proximité, en regardant en arrière d'une manière effrayée comme s'il était obsédé par un danger qui se situait là-bas.

Des chevaux morts, horriblement mutilés, gisent sur le bord de la route. La guerre est passée sur cette route peu de temps auparavant. C’était toujours très proche de Valenciennes, et cette ville était entre deux feux dont la majorité venait de notre part. Les canons étaient rassemblés dans ce brouillard que leurs éclairs poignardaient de soudaines rafales de flammes.

Les monstres ont soulevé leurs museaux et ont grondé depuis les champs boueux à proximité, secouant la terre et le ciel. Les batteries de campagne, installées en plein air, tiraient sans cesse et, en passant à quelques mètres d'eux, leurs coups aigus me frappaient les tympans comme des coups de marteaux.

Ensuite, nous sommes arrivés au canal de l'Escaut et nous avons vu Valenciennes s'étendre devant nous de l'autre côté - une ville longue et étroite, construite le long de la ligne de l'Escaut, de sorte qu'on la voit de bout en bout, avec ses églises, ses usines et ses tours au-dessus de ses toits surpeuplés.

Première vision de la cité de Froissart

Valenciennes, la vieille ville des dentellières[8], célèbre depuis mille ans à cause de l'histoire de ses habitants, des nobles hommes et femmes nés dans ses murs et de nombreux sièges, captures et conflits jusqu’à ce qu’il devienne la convoitise de princes voleurs et d’empires belliqueux !

Je pensais à Jehan Froissart[9], ce chevalier très vaillant et correspondant de la guerre médiévale, qui est né ici il y a 500 ans et est monté par ce pont quand il y avait un spectacle de chevalerie dans ses murs, et que les troubadours chantaient pour les dames de Valenciennes, avec leur propre dentelle autour de leur long cou blanc.

Le fantôme de Jehan Froissart m’accompagnait en traversant le pont[10] et j’ai vu pour la première fois sur cette belle ville des flammes s'élever de ses anciennes maisons du côté sud-est, j’ai entendu le vol de tous ces obus hurlant au-dessus de leurs toits, et le pilonnage des nombreux canons avait une résonance profonde comme les notes graves de tuyaux d'orgue extrêmement longs. Ce noble chroniqueur aurait eu le cœur triste de voir sa ville en péril, mais non sans jubilation en raison de sa libération après quatre ans passés sous une domination de fer.

Il y avait toujours des tirs de mitrailleuses quelque part sur droite – longues rafales en staccato - et j'avais entendu un colonel canadien dire que l'ennemi tenait encore un poste de mitrailleuse dans la banlieue de Marly. Nous avons gardé nos sens en alerte de tout impact de balle trop proche. Un Allemand prêt à mourir pouvait tirer à coup sûr de n'importe quelle fenêtre ou cave avant d’en payer le prix.

Mais où étaient les Valenciennois ? La solitude commençait à être oppressante. Ce n'était pas comme l'entrée à Lille. Il n'y avait aucune manifestation de joie dans cette ville libérée. La fureur des armes avait tenu les gens terrés dans leurs maisons.

Bientôt, ici et là, j'ai vu des visages apparaitre, puis une porte s'ouvrit, et un homme et une femme et des enfants maigres apparurent. La femme poussa une main décharnée dans la mienne et se mit à pleurer. Puis elle a parlé avec passion, avec un mélange étrange de colère et de chagrin.

« Ces démons sont enfin partis »

« Ô mon Dieu ! » disait-elle. « Ces démons sont enfin partis. Que ne nous ont-ils pas fait endurer ! »

Son mari me parla par-dessus l’épaule de son épouse.
« Monsieur, » dit-il « ils ont tout volé, tout cassé, nous ont brisés durant quatre ans. Ce sont des bandits et des brigands »

« Nous avons faim, » a dit une fille mince et un garçon plus petit à ses côtés, au visage blanc pincé, a dit : « Nous avons mangé tout notre pain, et j'ai faim. »

Ils avaient du café et m'ont proposé d’entrer boire avec eux, mais je ne pouvais pas attendre.

La joie d’être sauvé.

La femme tenait mes poignets serrés dans ses mains maigres en disant : « Nous sommes reconnaissants aux soldats anglais. Ce sont eux qui nous ont sauvés. »

Plus tard, à Valenciennes, deux dames passèrent, bien habillées et tout en noir[11]. Elles se pressaient vivement, comme si elles avaient peur de ces coups de feu au-dessus de leurs têtes, mais elles se sont retournés et ont souri en disant : « Nous sommes remplies de joie. Bravo les Anglais ! »


L'une d'elles a porté la main à son cœur de façon émue et a déclaré : « Depuis quatre ans, nous avons souffert. Il faudrait quatre ans pour vous raconter ce que nous avons souffert. Mon Dieu ! Mon Dieu ! »

Ces deux dames passèrent rapidement leur chemin. Ce sont les dernières personnes que nous avons rencontrées jusqu'à ce que nous arrivions place d'Armes, la Grand-Place de Valenciennes, où d'un côté se trouve l'Hôtel de Ville, magnifique avec une long façade de la Renaissance richement sculptée, et autour d’anciennes maisons construites pour beaucoup d'entre elles lors de la domination espagnole des Pays-Bas. Comme pour la pauvre ville d’Arras, si marquée, je constatais que le fronton de l’Hôtel de Ville avait été légèrement abimé par un obus[12] et que quelques maisons étaient percées de trous d’obus bien qu’elles ne soient pas en ruines.

Un groupe d'hommes se tenait dans une rue latérale à l'hôtel de ville : au premier coup d'œil, je devinai qu’ils appartenaient à la municipalité, il s’agissait de dignitaires de la cité, vêtus de noir, qui s'inclinèrent et nous serrèrent la main très chaleureusement, chacun voulant raconter l'histoire de Valenciennes sous la domination allemande et les derniers jours de terreur ; tous parlaient en même temps, de sorte qu'il était difficile de comprendre, d'autant plus que la canonnade redoublait de violence.

Mais je compris qu’un vieux monsieur venait de voir l’intérieur de sa maison détruit par un obus allemand. Il pointa du doigt une petite demeure aux pignons pointus de l’autre coté de la place en disant : « J’ai eu de la chance d’en réchapper ».

Je compris également que le drapeau allemand de l’hôtel de ville avait été décroché à 10h10, qu’un jeune officier canadien avait grimpé pour attacher le drapeau tricolore à sa place, et qu’ensuite 2 interprètes français de la première brigade à être entrée dans la ville avaient hissé le drapeau britannique sur Valenciennes.

Homme sauvé de la déportation

J’ai demandé après le maire de la ville, et un homme qui était resté à l’abri d’un mur a dit : « Je vous emmène si vous voulez bien attendre une minute. »

J’ai eu moins d’une minute à attendre avant qu’il ne réapparaisse en grand uniforme en disant :

« Je suis le pompier de Valenciennes, il y a eu dans la ville la nuit dernière de nombreux incendies qui brûlent encore, mais on ne peut rien faire parce que les Allemands ont vidé toute l'eau des canalisations, ainsi les caves sont inondées et les pauvres les gens ne peuvent pas se réfugier contre le bombardement. »

J’ai vu la misère à Valenciennes, je pataugeais jusqu’aux chevilles dans les rues inondées[13], et regardais dans les caves par les portes ouvertes au bas des maisons : elles étaient pleines d’eau. Des jeunes hommes s'approchèrent de moi, me serrant la main avec émotion, les larmes aux yeux.

« Nous sommes de ceux qui y ont échappé » dit l'un d’eux.

« Echappé de quoi ? » demandai-je : ils montrèrent une affiche sur le mur. L’ayant lue j'ai vu que c'était un ordre de mobilisation de tous les hommes âgés de 15 à 35 ans qui devaient se présenter au commandement allemand sous de sévères peines en cas de refus, pour être évacués à travers les lignes allemandes.

Cet ordre était daté du 31 octobre et la mobilisation devait avoir lieu le 1er novembre, la veille de notre capture de la ville. Vingt mille personnes avaient été expulsées de force le 3 octobre en direction de Mons, ne laissant que 5.000 personnes employées par l'ennemi au service municipal, entretenant les feux et l'approvisionnement en eau, le nettoyage et d'autres travaux.

Parmi ceux qui restaient, il y en avait beaucoup qui, après l'expulsion du 3 octobre, avaient été autorisés à rentrer, car ils étaient trop faibles pour continuer la marche, ou abandonnèrent, encombrant la ligne de la retraite allemande. Il y en avait aussi d'autres qui s'étaient échappés. Beaucoup de jeunes hommes s’étaient cachés. Un de ceux qui se tenaient près de moi était resté dans une armoire pendant plusieurs jours et lorsque les Allemands sont venus et ont fouillé la pièce, il s'est tapi derrière les vêtements, tremblant de peur d’être découvert.

Ils ont réclamé des nouvelles du monde extérieur « Quel est notre front ? » ont-ils demandé. «Quelles villes avons-nous capturées ? » Et quand je leur ai dit, ils ont soulevé leurs chapeaux et applaudi, car l’un était de Laon, un autre de Guise et un autre de Courtrai, dont ils n'avaient aucune nouvelle.

«Pendant quatre ans, dit un jeune homme, nous n'avons eu que les mensonges allemands. Connaître la vérité, c'est comme s’évader d’une sombre prison. »

Le pompier m'a touché le bras en disant : « Ne nous attardons pas ici. Ils recommencent à bombarder et trois civils ont été tués il y a une heure environ. Ce serait dommage de mourir si près de la paix. »

Il est parti d’un grand rire chaleureux et m'a conduit le long d'une route étroite vers un passage menant à un bâtiment où il y avait une longue salle voûtée meublée de tables et de lits. Le maire et ses assistants vivaient ici depuis quinze jours lorsque la bataille se rapprochait. La pièce était faiblement éclairée et il y avait là une rencontre internationale : des interprètes français qui hissé le drapeau britannique, des soldats canadiens, des officiers municipaux de Valenciennes et un ou deux officiers anglais.

Le secrétaire de mairie m'a raconté certains faits de l'occupation allemande. C'est une histoire similaire à celle de Courtrai, Cambrai, Lille et d'autres villes libérées. La domination allemande avait été sévère, il y avait continument des réquisitions, des amendes et des emprisonnements. La sévérité des amendes s'est accrue à mesure que l'Allemagne avait besoin de plus d’argent, et alors que dans les premiers temps les particuliers étaient condamnés à une centaine de marks[14] pour des délits insignifiants contre les règles militaires allemandes, ils ont dû payer jusqu' à 2.000 marks au cours des derniers jours.

Un homme a été ainsi condamné à une amende pour ne pas avoir mis les prix des marchandises dans sa vitrine.

Les réquisitions concernaient tout le cuivre, les matelas, la laine et le vin, il y a moins d'un mois, les soldats allemands complétèrent le sac de la ville en se rendant dans chaque magasin et en remplissant des sacs de dentelle de Valenciennes - un sac contenait pour 50.000 francs de dentelle - des mouchoirs de linon et des vêtements. C'était un vol officiel. Le pillage personnel par des soldats a été sévèrement puni et deux d’entre eux ont été fusillés pour cette raison.

Au cours de la dernière semaine de leur occupation, un seul régiment, le 9e[15], fut autorisé dans la ville, et ce principalement pour prévenir le pillage, car les troupes défendant Valenciennes prenaient position à l'extérieur. Mais malgré tout des maisons ont été pillées, surtout la nuit d'avant-hier, quand les Allemands se sont déchaînés et ont fait beaucoup de dégâts. De précieuses peintures ont été découpées dans leurs cadres par des officiers allemands à la recherche de souvenirs.

Pendant ces quatre années, les gens ont été mal nourris et seuls ceux qui avaient de l'argent pouvaient obtenir des choses qui dépassaient les nécessités les plus élémentaires de la vie. Le beurre valait 40 francs le kilo, le café 60 francs, le sucre 25 francs et le chocolat 80 francs.[16]

La population a été encouragée à travailler dans les jardins maraîchers et à cultiver des pommes de terre, des choux-fleurs, etc. les autorités allemandes ont alors réquisitionné tous leurs produits.

Le regard des femmes et des enfants qui, ici et là, bravant le tumulte des tirs qui les entouraient, s'approchaient des portes en criant « Bonjour Monsieur, bon jour (sic) et merci.» à tout soldat britannique qui passait, montrait qu'ils avaient vécu des jours de détresse. Les femmes avaient les traits tirés et les enfants avaient les joues creuses, bien que leurs yeux fussent merveilleusement brillants à cause de la joie qui avait succédé à leur peur.

À une fenêtre était assis un vieil homme entouré de jeunes femmes. La fenêtre s'ouvrit pendant que je passais, et le vieil homme tendit les deux mains vers les miennes. Alors qu'il les serrait contre lui, les larmes coulaient sur ses joues et il ne pouvait rien dire, bien que ses lèvres remuassent. C'était un bon vieillard, avec une petite barbe à l’impériale blanche comme un soldat de la Vieille Garde de Napoléon[17] ; l’une des dames que j'ai prise pour sa petite-fille m’a dit qu'il était capitaine d'artillerie pendant la guerre de 1870. En retournant dans la pièce, elle a ramené le portrait d'un jeune soldat où j'ai vu le fantôme de ce vieil homme enfant.

 


 

Les inondations :


Clic : Voir l'image dans son contexte

Un soldat canadien des transmissions répare un fil [téléphonique] dans une rue que l'ennemi avait inondée avant de quitter Valenciennes ; devant le soldat un panneau indique un abri où réfugier 15 personnes en cas de bombardement aérien (abri qui se trouve de fait sous les eaux !)

De nombreuses autres photos de cette journée sont visibles sur ce même blog, outre la page accessible en cliquant sur la photo ci-dessus, ainsi que ce sujet sur le 38th Canadian Battalion sur mon autre blog.

Ce n'est évidemment pas le seul article de journal relatif à la libération de Valenciennes, dernière grande ville sur la route de Mons (et renommée outre-Atlantique par sa dentelle). J'en ajouterai d'autres au fur et à mesure.

 

 

 

13 mars 2019

Réception des héroïnes françaises à Londres

J'ai traité séparément les histoires de :

En 1927 elles furent reçues à Londres en hommage à leur courage. Le journal "Le Grand Écho du Nord", né en 1890, interrompu durant la grande guerre et dont les presses réquisitionnées par l'occupant serviront à imprimer la "Liller Kriegszeintung" jusqu'en septembre 1918, reprend ses publications après l'armistice :
il rend compte de la réception des 3 héroïnes françaises.

  • La Une du numéro du 6 avril 1927 détaille
    • ce qui est prévu lors du séjour :
      • Mercredi 6 avril au soir : arrivée à la gare de Victoria (Londres) ; diner à l'hôtel.
      • Jeudi 7 : Excursions en auto dans les quartiers pittoresques de Londres.
        Dîner à l'Association France-Grande-Bretagne.
      • Vendredi 8 : A midi, à Mansion House, lunch offert par le Lord-maire.
        Thé et dîner à l'hôtel.
      • Samedi 9 : Lunch à l'hôtel ;
        thé offert par le "Anglo-French Luncheon Club" à 16 heures.
      • Dimanche 10 : Lunch à Hall Barn, chez le vicomte et la vicomtesse Burnham ;
        excursion en auto à Windsor et Hampton-Court : dîner à l'hôtel.
      • Lundi 11 : Départ de Victoria Station à 11 heures.
       
    • ainsi que la liste des 12 invités :
      • M. Sylvère Lebeau, maire de Le Cateau ; Mme Lebeau; Melle Jeanne-Marie Lebeau, 14 ans et René Lebeau, 13 ans.
      • M. Gaston Bracq, maire de Bertry ; Mme Bracq.
      • Mme Belmont-Gobert, de Bertry ; Mme Lesur (Angèle Belmont-Gobert) de St-Quentin.
      • Mme Marie-Louise Cardon de Le Cateau; Melle Gabrielle Cardon, 14 ans.
      • Mme Julie-Célestine Baudhuin, de Le Cateau ; M. Jules Baudhuin.
         
  • Mercredi 6 avril : le  trajet 
    M. Walton, journaliste du "Daily Telegraph", qui accompagne les invités dans leur déplacement à Londres est venu en auto chercher les invités de Bertry et les a conduits à Busigny où les y attendaient le reste des invités ; tous ont pris place à 9h dans un train express se dirigeant vers Calais via Lille où, arrivés à 11h15, ils prirent place dans le Varsovie-Calais. Le temps est maussade et l'état de la mer inquiète les voyageuses.

    19270407

    Comme le fait remarquer le reporter Jean-Serge Debus de l'Écho du Nord qui les accompagne, avec lui ils ne seront plus 13 !

    Le trajet jusqu'à la cote est accompli dans un wagon réservé, avec déjeuner au wagon-restaurant. Le groupe embarque ensuite sur le paquebot "Empress" pour Douvres. La mer se révèle houleuse et la traversée sera délicate pour les estomacs.
    Empress t

    Accueillis sur le quai par un délégation du 11e hussards
    [régiment du soldat Fowler], les invités gagnent, en wagon Pullman et par un temps magnifique, la gare de Victoria où ils sont accueillis par le colonel Lawson du Daily Telegraph.
    Mme Belmont-Gobert retrouve là sa sœur, Mme Georges, qui habite Londres avec son mari, ancien tommy.

    C'est en autocar via le Westend qu'ils gagnent ensuite le First Avenue Hôtel non loin de la City où leurs chambres sont réservées.
    1st ave Hotel
    source Historic England Archives

    L'hôtel situé au coin de Browtown Street et High Holborn a été détruit par les bombardements du blitz en 1940 ; il est maintenant remplacé par l'immeuble "First Avenue House"
     
  • Déroulement de la journée du Jeudi 7 :
    Après le copieux breakfast matinal, la fatigue de la veille oubliée, les volumineux journaux sur lesquels s'étalaient les photos passent de main en main.

    19270409

    Lady Malcolm, présidente du Comité de réception de l'Association France-Grande-Bretagne, emmena ensuite tout le monde dans des autos pour visiter la ville. C'est sous une pluie mélangée de brume que l'on a fait voir à nos concitoyennes la fameuse Tour de Londres, sa magnifique collection d'armures et de gardes en costumes du moyen-âge. On leur a montré, jalousement surveillés par les «guards» aux bonnets à poils, les inestimables joyaux de la Couronne britannique.
    Puis, dans Belgravia Square, le faubourg Saint-Germain de Londres, Lady Malcolm leur a offert un lunch intime dans son appartement. Sir Malcolm me déclarait : «Cette réception, voyez-vous, c'est un symbole. Ces quatre femmes ont eu une conduite superbe ; d'autres Françaises ont fait aussi plus que leur devoir, mais on ne peut récompenser tout le monde. Notre accueil, je vous l'assure, est un symbole.»
    On visita ensuite la Chambre des Communes et celle des Lords, où M. Wilson, surintendant du Parlement, restitua au maire de Bertry une pipe ancienne trouvée pendant la guerre et présumée appartenir au musée de Cambrai, puis, sous la conduite du doyen, le révérend Panon Foxiez, l'abbaye de Westminster, le Panthéon britannique, où reposent les rois et les grands hommes, et où dorment, sous une simple dalle, les guerriers inconnus.

    Une réception à Thelsen Hospital, équivalant les Invalides, ménagea une surprise à Mme Belmont. Après le thé offert par le vieux général et lady Lyttleton, en visitant l'édifice, elle reconnut un officier du 6e dragons, le major Mac Daierson, qui logea chez elle pendant six jours.

    Le soir, Mme Belmont-Gobert et sa fille Angèle trouvèrent, à l'hôtel en rentrant, un petit homme maigre et rasé : l'ancien hussard Patrick Fowler, qu'elles tinrent caché pendant 45 mois dans la grande armoire à linge. Mme Belmont embrassa en pleurant le soldat du placard. Patrick est en ce moment bûcheron en Ecosse et il sera demain à Mansion House, à la réception du lord-maire.
    La fin de la soirée est relatée dans le journal du lendemain (liaison par téléphone)

    « Elle avait son cœur dans sa gorge. ». ["with her heart in her throat"] C'est l'expression bien anglaise qui convient le mieux pour décrire l'émotion profonde de Mme Belmont-Gobert, lorsqu'elle s'est trouvée en présence de Patrick Fowler, qu'elle n'avait pas revu depuis plus de huit ans. La rencontre était véritablement émouvante, Patrick ne comprend pas le français ; il comprend le patois du Cambrésis. Des larmes lui montèrent aux yeux quand il me raconta, lentement, le martyre de sa détention dans les ténèbres de l'armoire ; ses craintes continuelles entre les quatre planches ; le travail opiniâtre de la fille de Mme Belmont pour nourrir la maisonnée ; ses ruses pour manger et pour sortir de l'armoire, la nuit, quand les Allemands dormaient. Tout nôtre monde veilla assez tard à l'hôtel. On évita de parler de la guerre. On y pensa intensément.
     
  • Vendredi 8 avril : réception officielle
    Les journaux du matin contiennent de longs récits de l'héroïque, attitude des quatre femmes. On raconte l'histoire stupéfiante de ce hussard qui eut, pendant quatre ans, l'armoire pour tout logement. On raconte aussi comment un autre Écossais, caché chez Mme Bauduin, découvert et condamné à mort, échappa à l'exécution parce que sa bienfaitrice s'écria devant la Cour martiale où les Allemands le traînaient : « Mon fils vient d'être tué sur le front, Dieu m'envoie celui-ci pour prendre sa place ».

    Puis, c'est le récit de la douloureuse tragédie au milieu de laquelle fut jetée Marie- Louise Cardon. La malheureuse femme vit succomber le caporal Hull, qu'elle avait abrité. Son mari, usé par les privations, mourut, et elle-même, après avoir été d'abord condamnée à mort, fut, incarcérée en Allemagne.

    MansionHouse


    C'est à Mansion-House, résidence du lord-maire [Sir Rowland Blades], que les quatre vaillantes Françaises, leurs décorations anglaises épinglées au corsage, furent conduites ce matin. Réception grandiose et émouvante. Tout près de l'armoire fameuse de Mme Belmont, le lord-maire, en costume d'apparat, toge rouge brodée de fourrure et lourd de chaînes d'or, était entouré de ses adjoints et du Maréchal de la Cité, tout chamarré. Deux assistants, en perruque blonde bouclée, portaient à ses côtés d'énormes « masses » d'or et des glaives ciselés.

    Seule photographie de l'agence Rol disponible sur Gallica

    Dans le hall égyptien, un millier d'invités, debout, applaudirent à tout rompre chacune des héroïnes présentées sur l'estrade.

    egyptian Hall

    Un enthousiasme indescriptible interrompit fréquemment le speech du lord-maire qui, en rappelant les sublimes exploits, souligna la valeur et le courage montrés de diverses manières pendant la guerre par des milliers de femmes de France.
    Après l'intervention de l'ambassadeur de France, M. de Fleuriau, l'ancien colonel du 11e hussards, puis un chef d'état-major qui eut son quartier général au Cateau, le maréchal Robertson, magnifièrent les grandes qualités de cœur et la conduite héroïque des femmes françaises, en affirmant que notre bonne amitié restera aussi forte dans la paix que dans la guerre. Par-dessus les bravos crépitants éclate la « Marseillaise ».

    C'était l'heure du lunch. Le lord-maire convia ses hôtes français à sa table richement servie. C'est alors que le père du caporal Hull, brave homme de 60 ans, qui perdit sa femme la semaine dernière, se trouva tout à coup face à face avec Mme Cardon.

    Sans mot dire, il lui prit la main, inclina le buste, et resta, plusieurs secondes, immobile dans cette attitude. Puis, se mettant à genoux, baisa l'un après l'autre les souliers de celle qui essaya en vain d'arracher son fils à la mort. La ferveur et le respect de cette prosternation sont intraduisibles. Il n'y eut personne dont les yeux restèrent secs...

    On vit encore des larmes sourdre à la fin du repas lorsque le sympathique maire du Cateau, M. Lebeau, retraça les épisodes de la lamentable odyssée des héroïnes, en montrant que les femmes courageuses et maltraitées par l'envahisseur furent légion et se fit l'interprète de ses concitoyennes pour dire leur reconnaissance après l'inoubliable cérémonie.
    « Des gestes semblables feront plus pour la fraternité des peuples qu'une série de conférences diplomatiques ». Et ce furent toujours les mêmes chaleureux applaudissements qui accueillirent le dernier discours, celui de M. Bracq, maire de Bertry, après que la lord-mayoresse eut levé son verre à la santé des admirables femmes de chez nous.


    Après les émotions de la journée on conduisit les héroïnes dans un des plus grands music-halls de Londres, le Coliseum. Il n'est point nécessaire de comprendre l'anglais pour s'intéresser aux évolutions des girls et des danseurs.

    La gracieuse artiste Florence Smithson eut une attention charmante en jetant du plateau à la loge d'avant-scène, occupée par nos concitoyennes, le gros bouquet de violette qu'elle portait à sa ceinture. Et c'est une ovation qui s'ensuivit.
    LondonColiseumt

  • Samedi 9 avril : une journée de repos et d'agréments

    Un brouillard épais, sale, s'insinuait dans les rues. Les horloges marquaient midi et c'était un crépuscule. Les lampes électriques, une à une, s'allumaient... Les Londoniens en ont depuis longtemps pris leur parti. Si vous parliez de ce brouillard, on vous répondrait que la véritable « soupe aux pois», jaune et opaque, est encore bien plus désagréable...
    Les hôtes du « Daily Telegraph » au confortable « First Avenue Hôtel », ont gardé une impression profonde de la cérémonie qui s'est déroulée à la Mansion House. Elle est d'ailleurs inoubliable. La reconnaissance de la région du Nord tout entière ira au grand quotidien britannique et au vicomte Burnham, son propriétaire, pour le beau mouvement d'opinion déclanché en faveur des quatre humbles femmes qui risquèrent leur vie pour en sauver d'autres...

    Le geste du peuple anglais est significatif. Il a rappelé qu'il y eut, dans notre Nord, plus et mieux que l'alliance des armes, celle de nos deux pays : il y eut le dévouement toujours obscur, souvent sublime, des femmes françaises. Les Tommies s'en souviennent.

    Ce matin, le petit groupe s'est rendu au jardin d'acclimation. Puis à « Five O'clock », le thé fut offert par un Club anglo-français, dans les salons du Princes Restaurant, à Piccadilly.

    princes arcade

    Mmes Belmont, Lesur, Cardon et Baudhuin et les maires du Cateau et de Bertry se déclarent enchantés d'avoir visité les principaux quartiers de la vaste capitale et, surtout, très touchées de l'accueil qui leur fut fait.
  • Dimanche 10 avril : L'hommage suprême de l'Angleterre

    Par une journée éclatante « glorieuse», comme disent les Anglais, nos héroïques compatriotes partirent ce matin, accompagnées par , M. Lebeau, maire du Câteau, et par M. Bracq, maire de Bertry, pour se rendre à l'invitation de lord et de lady Burnham, qui les recevaient dans leur magnifique château de Hall-Barn, à Beaconsfield, dans le comté de Buckinghamshire, à 25 milles de Londres.
    Hallbarn

    C'est une propriété dans le goût anglais du dernier siècle, une de ces nobles demeures au parc niché dans le feuillage, avec de calmes prairies, des troupeaux et un ciel tendre
    à la Constable.

    Au déjeuner, où assistaient l'ambassadeur de France, M. de Fleuriau, et une vingtaine d'intimes, l'ambassadeur prit la parole ainsi que M. Lebeau et M. Bracq. Une fois de plus, avec l'éloquente simplicité des émotions sincères, ils exprimèrent leurs remerciements pour la chaleureuse réception que l'Angleterre a réservée à nos héroïnes.

    Que l'on ne parle plus de la froideur britannique ! Aucune foule méridionale n'eût plus ardemment témoigné sa ferveur et son enthousiasme que ne le fit le peuple de Londres.

    Et que dire de la délicatesse généreuse de lord Burnham ! Il ne faut donc point être en peiné de l'avenir de l'Entente, tant que vivra en Angleterre et en France le souvenir héroïque des humbles dévouements de Mme Belmont-Gobert, de Mme Lesur, de Mme Bauduin et de Mme Cardon : elles ont mené vaillamment elles aussi la « guerre des femmes » comme Edith Cavell et comme Louise de Bettignies.

    Vers quatre heures du soir, les automobiles amenèrent le petit groupe franco-britannique au château de Windsor, résidence des souverains depuis plusieurs semaines. Sous la conduite du lord grand chambellan, on visita les appartements publics et privés. Que ces vieilles pierres sont lourdes de symbole, chargées de souvenirs ! Dans la tour Ronde, dans celle de la Jarretière, dans la tour du Diable, au pied de laquelle le grand Shakespeare fit jadis danser ses « joyeuses commères », vit encore le souvenir d'Edouard III et Elisabeth.

    Aux sons de cloche sur la longue terrasse, d'où l'on contemple un des paysages les plus beaux de la vieille Angleterre, les quatre héroïnes se promenèrent longuement. Elles admirèrent ensuite les appartements royaux. Dans tel salon, resplendissent des Rubens et d'incomparables Van Dyck ; dans tel autre, brille en un cadre unique, le pur regard de
    Martin Luther.

    Dans les appartements privés des souverains, le thé fut offert. Puis le grand chambellan, précédé de l'huissier de service, vint chercher les Français pour les mener près des souverains.
    19270411
    Avec cette simplicité charmante, apanage des grandes âmes, qui a conquis tout Londres, nos héroïnes ont paru en présence du roi et de la reine. Le prince de Galles, le prince Henri, étaient présents, eux qui ont fait aussi la guerre en Flandre.

    Une note charmante s'ajoutait à ce tableau : deux petits enfants auxquels leurs grands-parents voulaient donner une leçon de courage et de vertu ; l'honorable Lascelles, fils de la princesse Marie, et la petite princesse Elisabeth, fille de la duchesse d'York. L'un a quatre ans, et l'autre deux ans à peine.
    Elizabeth_II_1929
    La future Elisabeth II
    photographiée en 1929
    (source wikimedia)
    Et pourtant, c'est avec un sérieux émouvant qu'ils ont assisté à cette scène.

    Le roi et la reine, avec une familiarité affectueuse, ont serré la main de nos vaillantes Françaises et du hussard Fowler qui les accompagnait. Puis, pendant quelques minutes, ils ont parlé avec eux des temps douloureux révolus depuis bientôt dix ans déjà. A la fin de l'audience, les souverains ont remis à chacune de leurs interlocutrices et à Fowler, leur portrait enrichi des autographes royaux.

    Le retour s'est fait au crépuscule à travers cette campagne anglaise qui ressemble à un parc ombrageux aux arbres magnifiques.

    Demain nos héroïnes rentrent en France. Elles rentrent, le cœur gonflé de cette joie pure que connaissent les braves gens, les gens braves, qui, après avoir fait tout leur devoir, connaissent les douceurs de la reconnaissance.
  •  Lundi 11 avril : Le retour

    _Le train qui les amena mercredi soir les a reprises lundi matin à 11 heures à la gare de Victoria. A leur léger bagage s'ajoutaient les cadres qui sertissent les diplômes enluminés offert par le lord-maire de la cité.
    Sur le quai de la gare on fit les adieux. Les quatre femmes embrassèrent le hussard Fowler qui les a conduites au train. On remercia encore le « Daily Telegraph » pour sa généreuse inspiration. La gratitude de tous fut exprimée au colonel Lawson, administrateur du grand quotidien britannique et M. Walton, son envoyé spécial. De nombreux membres des Associations anglo-françaises, Ladies Malcolm, Burnham, Lyttleton, etc. étaient présents et offrirent des fleurs aux héroïnes. Puis, tandis que fuyait sous leurs yeux la campagne verte inondée par instants de soleil, nos amis prirent le lunch dans le wagon-salon où le dévoué interprète, M. Thomas Hunt Martin les accompagnait. La fatigue ne se sentait pas, et c'est même sans appréhension du mal de mer qu'ils allaient reprendre le bateau.

    19270412

    La traversée à bord de l' « Isle of Thanet » s'effectua dans de bonnes conditions.

    IoT

    On touchait Calais à deux heures dix bien exactement.
    En route pour Le Cateau et Bertry !

    _Un arrêt de trois quarts d'heure était prévu en gare de Lille pour attendre la correspondance du Dijonnais [train express Lille-Dijon]. Désireux de manifester tout son admiration à l'égard de nos courageuses compatriotes la direction du « Grand Écho » avait, à l'arrivée à Calais, invité le petit groupe à se rendre dans le hall du journal pendant l'arrêt à Lille. Le service d'ordre que M. Carré, commissaire central, avait, sur notre prière, bien voulu faire assurer par ses agents, évitait toute perte de temps, et dans la rue de Tournai attendaient les autos, cinq taxis verts à bande blanche que le distingué directeur de la Compagnie des Taxis-Transports de Lambersart, M. Magont, était venu lui-même mettre gracieusement à notre disposition. La petite caravane monta en voiture, saluée par un nombreux public.
    Avec diligence, les chauffeurs déposaient tout le monde, quelques minutes après, sur la Grande-Place devant notre journal. Dans le hall décoré de palmiers, très obligeamment prêtés par la maison Delesalle, rue Nationale, près d'une table où s'alignaient les coupes de Champagne, MM. Emile Ferré et Jean Dubar, directeurs du « Grand Écho du Nord », Dubuisson, administrateur, et Georges Ferré, attaché à la direction, entourés du personnel de la rédaction, accueillirent les invités.

    _Après que de grosses gerbes de fleurs furent offertes aux héroïnes, M. Emile Ferré au nom de la direction du journal, leur exprima ses souhaits de cordiale bienvenue et, en une brève allocution, s'associa à l'hommage qui leur fut rendu en Angleterre.
    Tout le monde remonta en autos et à cinq heures 20, dix minutes avant le départ du train qui devait les reconduire au Cateau et à Bertry, nos voyageurs s'installaient commodément dans les compartiments qui leur avaient été réservés, et où le « Grand Écho » qui les avait accompagnés dans leur beau voyage, leur dit un dernier adieu.

    _Tout Le Cateau est sur le quai de la gare pour recevoir les héroïnes : les familles, la section des Mutilés, les Démobilisés et les veuves de guerre, les affligés, les délégations avec des gerbes nouées de rubans tricolores ; M. Scailleux-Banse et les conseillers municipaux ; M. Loison, chef de gare et des groupes de cheminots, etc., etc.
    A l'arrivée du train, l'Harmonie municipale exécute la « Marseillaise ». Les héroïnes descendent. Elles sont acclamées. Elles quittent la gare avec difficulté, le service d'ordre est rendu impossible tellement il y a du monde. Un cortège se forme, composé des sapeurs-pompiers, des adjoints, du Conseil municipal, du groupe des héroïnes et des personnes les accompagnant, de toutes les sociétés locales, et prend le chemin de la Grande-Place, au milieu d'une haie compacte de curieux.

    _rrivées sur la place, les héroïnes défilent devant les sociétés ; la municipalité monte à l'Hôtel de Ville ; l'Harmonie Municipale exécute la « Marseillaise », et le maire, du haut du balcon, harangue ainsi la foule :

    Mes chers Concitoyens,
    Au nom des quatre héroïnes, Je vous apporte le tribut de gratitude de la nation anglaise, en souvenir de la manifestation dont nous avons été l'objet. Nous avons reçu un accueil inoubliable ; nous avons vécu un véritable conte de fées. A chaque pas, le public applaudissait la France. Les personnalités officielles anglaises m'ont recommandé de bien dire en France : « C'est plus que de l'amour que nous avons, c'est un véritable culte pour la Nation française. Notre amitié restera à jamais indissoluble. »

    _Les héroïnes sont très émues aussi, ce soir, de la réception de leurs compatriotes qui, pour la plupart, ont été témoins de leurs souffrances. En leur nom, je vous adresse à tous un chaleureux merci.
    Les applaudissements éclatent formidables. Les héroïnes rentrent ensuite dans le salon de l'Hôtel de Ville où M. Scailleux leur souhaite la bienvenue et leur dit combien Le Cateau est fier d'elles.

    _M. Bracq, maire de Bertry, remercie du plus profond du cœur de la réception faite à des femmes du peuple.
    Il était utile, dit-il, que ce soit la capitale du Cambrésis qui les reçoive et les magnifie. Les Anglais sont froids, disiez-vous naguère, c'est que vous ne connaissiez pas leur cœur et nous proclamons aujourd'hui que l'Entente cordiale n'est pas un vain mot. Les Anglais nous aiment pour notre dévouement. Il rappelle alors l'émotion, des assistants de Mansion House lorsque le père du soldat Herbert Hull s'agenouilla pour baiser les pieds de Mme Cardon, geste qui fit jaillir les larmes de toute l'assistance.
    « Au nom des héroïnes, dit encore le maire de Bertry, je vous adresse tous mes remerciements.
    Que cette manifestation serve à faire fleurir cette fleur sublime : la Paix. »

    _M. Lebeau, maire du Cateau, remercie également les sociétés locales et le Conseil municipal. « On sent ici, dit-il, dans cette réception chaleureuse, vibrer l'âme catésienne. Je ne puis vous décrire les réceptions qui nous ont été faites par leur caractère grandiose ; nous allions de ravissement en ravissement, tant au point de vue officiel que du peuple lui-même. Et la réception de Mansion House et du château de Windsor par le roi et la reine. Pour ceux qui connaissent la rareté de ces réceptions, ils en savent le prix. J'ai été touché par, l'amitié du peuple anglais. Partout, au Coliseum, où des fleurs nous ont été jetées et où le cri de « Vive la France » a été poussé par 10.000 personnes, alors que le groupe des officiers français de rugby faisait son entrée dans la salle et que l'orchestre jouait la « Marseillaise ». J'ai entendu beaucoup de Français de la colonie de Londres dire que c'est un véritable culte que le peuple anglais a pour la France. »

    Encore une fois, le maire du Cateau remercie toutes les personnes présentes il félicite les héroïnes, émues jusqu'aux larmes par cette chaleureuse réception de leur concitoyens.
    La foule se retire ensuite.

    _Aujourd'hui, les héroïnes regagneront leurs foyers paisibles, où, grâce à la générosité anglaise, elles sont assurées de couler désormais des jours heureux et exempts de soucis. Allons, tout est bien, et la vertu et le courage sont tout de même quelquefois récompensés.

     

 

12 décembre 2020

66e RI allemand au sud de Valenciennes : octobre 1918

  Le 3e régiment d'infanterie de Magdebourg portant le n° 66 (3. Magdeburgisches Infanterie-Regiment) se retire peu à peu, en menant des combats sporadiques pour une retraite "honorable", qui le conduira comme les autres à se considérer invaincu le jour de l'armistice (il est alors déjà en Belgique).
Je transcris après traduction (en bleu ci-dessous) la période qui suit les combats de septembre à Marcoing, au sud de Cambrai, et qui va du 1/10/1918 jusqu'à son arrivée - pour Noël - à Magdebourg.

 

Gesamtlage

 

Combats de retraite jusqu'à l'Armistice.
(du 1er octobre au 10 novembre 1918.)

Situation générale : Au cours du mois d'octobre, de terribles combats ont eu lieu sur tout le front. De grands succès partiels de l'ennemi obligent à des retraites répétées, qui doivent aboutir à l'occupation de la position Anvers-Meuse.

1er octobre : au matin, les restes du régiment sont relevés par le 7e R.I. bavarois. Ils marchent vers Carnières (à l'est de Cambrai), déjà sous le feu de l'artillerie lourde, où ils se retranchent pour défendre la ville. Le commandement est assuré par le capitaine Rieger, qui remplace le commandant en chef du régiment, congédié..
2 octobre : Marche vers le nord jusqu'à Douchy (sud-ouest de Valenciennes), où sont pris les logements. Un petit transport de remplacement en provenance de Magdebourg arrive dans l'après-midi.
3 octobre : poursuite de la marche vers Wavrechain [-sous-Faulx] (à l'ouest de Bouchain), où le repos est pris. Le soir, le régiment prend position au sud de Masnières, sur le fond marécageux du canal, envahi de nombreux petits bassins et mares.
4 octobre : Assez calme le jour, la nuit, incendies inquiétants, surtout sur les ponts du canal.
5 octobre : le matin, relevés par un détachement de tireurs d'élite armés de mitrailleuses, ils marchent vers Hornaing (nord-ouest de Denain), où ils sont logés. Des parties du ler bataillon et de la compagnie de mitrailleuses sont à Helesmes.

01
de Carnières à Hornaing


6 octobre : l'alerte est ordonnée. 260 remplaçants arrivent.
7 octobre : Départ en camion en direction de Douai. Les états-majors des bataillons II et III prennent leurs quartiers à Dorignies (nord de Douai), le Ier à Pont de la Deule. Toujours dans la nuit, les bataillons II et III.sont avancés sur le remblai de la voie ferrée à Quiery la Motte.
8 octobre : dans l'après-midi, les bataillons partent en relève sur la ligne de front. Sur ordre contraire, ils rentrent dans leurs quartiers.
9 octobre : 6 heures. Marche via Somain jusqu'à Hornaing, puis de nouveaux ordres jusqu'à Abscon (ouest du Denain), où nous occupons des quartiers précaires et exigus.
10 octobre : repos.
11 octobre : Dans l'après-midi, marche vers Noyelles [-sur-Selle ](au sud du Denain).
12 octobre : dans la matinée, les Ier et IIIe bataillons occupent la position avancée à l'est du Lieu-Saint-Amand, le bataillon n°II comme bataillon de réserve dans un creux à l'ouest de Noyelles. À l'approche de 9 heures, les pertes sont considérables en raison d'un coup direct.
A 13 heures, l'ennemi réussit à repousser les avant-postes après un feu d'artillerie intense. Vers le soir, l'ennemi est à nouveau repoussé. Un transport de remplacement (237 hommes) transféré au régiment est constitué en compagnies à Prouvy (sud-ouest de Valenciennes).
13 octobre : Une forte attaque est facilement repoussée car la ligne de front n'est pas incluse par le feu préparatoire ennemi. Noyelles est évacuée en raison de lourds bombardements.
14 octobre : les patrouilles constatent que l'ennemi a subi de lourdes pertes lors de l'attaque d'hier et qu'il a reculé sa position. Dans la soirée, le IIIe bataillon est soulagé par IIe. Lourds tirs nocturnes déstabilisants, surtout sur la zone arrière.
15-18 octobre : plusieurs avancées de patrouilles ennemies sont repoussées ; à 18 heures, dans le brouillard, un capitaine anglais est capturé.
19 octobre : à minuit, laissant derrière lui un détachement de protection, la position est évacuée. Le personnel et le IIIe bataillon déménagent à Rouvigny, le II à Prouvy, le I à Hurtebise-Ferme (sud-ouest de Valenciennes). L'ennemi pousse jusqu'à Denain.
20 octobre : à 12 heures, marche nocturne à travers la partie sud de Valenciennes jusqu'à Sebourg (sud-est de Valenciennes), où nous occupons des quartiers très modestes. Les remplacements - dont certains sont assez réduits - sont répartis entre les bataillons.
21-22 octobre : repos.

02
de Hornaing à Bermerain


23 octobre : Tôt le matin, l'alarme est sonnée et la marche vers Jenlain. En quelques heures seulement, ils ont marché jusqu'à Villers-Pol (au nord de Le Quesnoy). À 20 heures, le régiment repart vers un relais à la ferme Mortry (sur la voie ferrée le Quesnoy-Valenciennes). Tard dans la soirée, le régiment reçoit l'ordre de prendre Bermerain, occupé par l'ennemi, avec le 36e régiment de fusiliers. La situation n'étant pas claire et sur un terrain totalement inconnu, l'attaque a complètement échoué, car elle a également coïncidé avec une attaque anglaise. Une grande partie des IIe et IIIe bataillons est envahie et capturée par l'ennemi. Les restes des deux bataillons forment une nouvelle ligne avec le Ier au niveau du talus de la voie ferrée près de la Ferme Mortry.

Mortry Ferme b


24 octobre : le régiment est retiré sur la ligne Villers-Pol–Orsinval. le Ier bataillon et les restes du IIe en première ligne, les restes du IIIe en attente à Orsinval. L'ensemble du régiment dispose encore d'un effectif d'environ 200 fusils.
25 octobre : Généralement calme. A 10h avance jusqu’à à la Ferme de la Folie.

La Folie Ferme


26-30 octobre : activité d'artillerie lourde des deux côtés. Fréquents affrontements de patrouilles.
31 octobre : après avoir été relevé, le régiment s'installe dans la région de Jolimetz (sud-est du Quesnoy) et prend ses quartiers dans le village et les environs. Le régiment était la force d'intervention de la 4e Division d’infanterie. Il reconnaissait les voies d'approche dans un terrain très confus, sillonné de haies.


Du 1er au 3 novembre : calme. Le major Schrader reprend le commandement du régiment. Chefs de bataillons : I :Lieutenant de réserve Baldamus, II : Capitaine Rieger, III : Lieutenant de réserve Kühne.
4 novembre : 6h30. Un brusque tir roulant d’artillerie prépare une nouvelle attaque ennemie majeure. Comme toutes les communications vers le front sont interrompues, les IIe et IIIe bataillons occupent indépendamment l'abri d'artillerie situé à l'ouest de Jolimetz. Au nord du village, cependant, l’ennemi déjà très avancé, coupe complètement les compagnies déployées et trop peu nombreuses, de sorte que la majorité des officiers et des engagés sont faits prisonniers. Le Ier bataillon prend position à l'extrémité ouest du Rond Quesne (est de Jolimetz). L'artillerie ennemie et un grand nombre d'aviateurs bombardent chaque mouvement. Vers midi, le bataillon se retire sur ordre. Plusieurs tentatives de redéploiement sont faites en vain. Après une marche fatigante sous la pluie et dans l'obscurité, une halte est finalement faite à Obies (sud de Bavay). Le régiment entier ne compte plus qu'une soixantaine de soldats complètement épuisés et inaptes au combat. Le lieutenant Menkel remplace le commandant du régiment, qui est de nouveau malade.
5 novembre : grâce à l'arrivée des troupes dispersées, la force de combat atteint à nouveau 150 hommes. Dorénavant le contact est établi avec l'ennemi. Après la tombée de la nuit, la ligne est déplacée vers l'arrière. Le régiment prend ses quartiers comme réserve de brigade à Audiglies les Fermes (sud-ouest de Bavay) [Audignies ? au sud-est].
6 novembre : sous une pluie battante, changement de quartiers à La Longeville (sur la route Bavay-Maubeuge), de là à La Berlière plus tard dans la soirée. Le commandant du régiment est le capitaine von Sternfeld.
7 novembre : 8 heures. Marche vers le nord via Aulnois (Belgique) jusqu'à Blaregnies, où le train du régiment rejoint celui-ci.
Marche vers Quevy le Grand. Logement très pauvre et exigu, bivouac partiel malgré le froid et la pluie.
8 novembre : marche vers La Louverie (sic) [La Louvière] (ligne de chemin de fer de Mons-Vivelles (sic) [Nivelles]), où le régiment restera en tant que réserve de l'armée. Très mauvais endroit pour stationner.
9 novembre : Jour de repos par beau temps.
10 novembre : poursuite de la marche vers l'ouest jusqu'à Gouy-les-Pieton.

Bermerain-Armistice
de Bermerain à Gentinnes (Armistice)



Armistice et retour à la maison.
(du 11 novembre au 24 décembre 1918.)


 Situation générale : les négociations d'armistice commencent le 7 novembre, en même temps que des émeutes dans les garnisons navales, à Hambourg et à Munich. Le 9 novembre, la République est proclamée. L'empereur allemand se rend en Hollande. Le 11 novembre, à midi, [heure allemande] l'armistice entre en vigueur, après quoi l'armée occidentale allemande commence la marche derrière le Rhin.

11 novembre : marche vers Gentinnes (à l’ouest ligne ferroviaire Bruxelles-Namur). Le jour où le régiment traverse le site de la bataille de Waterloo, les nouvelles de l'armistice arrivent [NdT : celui-ci est à 20km plus au nord de la route Gouy-Gentinnes !] ! Ce n'est pas la faute du 66e si la guerre a connu une fin aussi ignominieuse !
2 novembre : le major Rebentisch, jusqu'alors commandant du génie de la division, prend le commandement du régiment. Marche supplémentaire vers Éghezée (au nord de Namur sur la voie ferrée vers Tirlemont).
13 au 18 novembre : jours de repos. Le 13, le commandant de la division exprime sa reconnaissance au régiment pour son attitude jusqu'à présent. De vilaines émeutes, comme dans beaucoup d'autres détachements, n'ont pas eu lieu avec le régiment pendant cette période d'excitation générale provoquée par les bouleversements. Conformément à l'ordre du Commandement suprême de l'Armée de terre un conseil de sécurité est élu (entre autres le sergent Lagemann et le sergent adjoint Kläring), qui s'efforce d'effectuer un travail objectif et calme en soutien aux officiers. Le comportement révolutionnaire bruyant des troupes de campagne qui se trouvent au même endroit n'a aucune influence sur les hommes du régiment.

19 novembre : marche sur Bierwart. Les véhicules du régiment sont richement décorés de drapeaux noir-blanc-rouge.
20 novembre : marche via Huy jusqu'à Ampsin sur la Meuse.
21 novembre : marche à travers la montagne jusqu'à St. Severin.
22 novembre : jour de repos.
23 novembre : nouvelle marche vers Sendrogne et Blindef (sud-est de Liège).
24 novembre : poursuite de la marche via Verviers jusqu'à Charneux (sud-est de Verviers).

Armistice-Cologne
de Gentinnes à Cologne


Du 25 novembre au 24 décembre : la frontière allemande est franchie à Michelhütte (sic) [non localisé]. L'espoir d'être bientôt transporté par chemin de fer [probablement depuis Herbesthal] jusqu'à la garnison n'est pas réalisé. Le régiment devra marcher à pied jusqu'à Magdebourg. Après 30 jours, dont 8 jours de repos, les 540 km de distance sont parcourus, bien que l'usure des chaussures compromette la capacité de marche des troupes.
L'itinéraire passe par Cologne, où le régiment est en service de police 24 heures sur 24, le champ de tir de Wahn, Neustadt, Attendorn, Meschede, au nord de Warburg, Einheit, Gandersheim, au nord des montagnes du Harz, via Jerxheim, Seehausen jusqu'à Magdeburg. L'accueil par la population est partout très chaleureux, les quartiers, cependant, sont souvent assez exigus. Au cours de la marche de retour, le licenciement des officiers et des engagés est commencé. 13 décembre : le Lt Eichblatt et 120 hommes (plus tard le 9ème/Landesjägerkorps [corps franc de chasseurs]) se présentent pour la formation d'une unité de volontaires.

24 décembre : de Gross et Klein Ottersleben, le régiment (fort de 6 officiers et 121 hommes) arrive à son ancienne garnison. La marche en musique et au son des cloches ressemble à une procession triomphale. À la sortie sud de Sudenburg, le commandant du bataillon de remplacement, à la Hasselbachplatz, des représentants de la Croix-Rouge, et à la Schroteplatz, les chefs des autorités accueillent les troupes. La participation des habitants à l'accueil est énorme.

___________


 Le lendemain, le démantèlement du régiment de campagne commence. Avec le licenciement des derniers fidèles, le 3e régiment d'infanterie de Magdebourg n° 66 a cessé d'exister en tant que troupe. Un petit nombre d'officiers, de fonctionnaires et de sous-officiers ont eu pour tâche de liquider le régiment, tâche fastidieuse et peu appréciée des fossoyeurs, d'enfermer dans des listes et des dossiers la vie jadis si étincelante d'une fière communauté : les dossiers du régiment reposent aujourd'hui dans la division de Magdebourg des archives du Reich, et même son nom appartient au passé.


Pendant la guerre 1914-1918, de notre régiment sont tombés
104 officiers
2592 sous-officiers et hommes de troupe





3 mai 2019

Evacuation de Cambrai, réfugiés à Valenciennes

 

 Dans son livre "Cinquante mois sous le joug allemand : l'occupation allemande à Cambrai et dans le Cambrésis" édité en 1919, Jules Hélot (Rouen 1850-Cambrai 1924), président de la Chambre de commerce de Cambrai, faisant-fonction de sous-préfet, raconte notamment l'évacuation - et le sac par l'occupant qui se retire - de Cambrai lors de l'avance des troupes britanniques (armée canadienne face à la IIe armée allemande du général Carlowitz, groupe d'armée von Boehn) dans les derniers mois de la guerre.
Une partie de la population reflue (sur ordre de l'occupant) vers Valenciennes avec pour but la Belgique, notamment Bruxelles, alors que le centre ville est presque totalement détruit.

Cambrai 1918_1    Cambrai 1918_2
L'hôtel de ville et rue Rang aux Poulets.              Rue des Trois pigeons et l'hôtel de ville.
(source Gallica, photos agence Rol)

 Ce sont ces dernières pages que j'ai extraites en surlignant les passages concernant Valenciennes. Le livre est disponible à la BnF, malheureusement sans version texte :

 

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Cambrai est libéré le 9 Octobre 1918, (ce que l'auteur ne sait pas encore)
cependant que l'ennemi, qui se retire et cherche au maximum
à protéger sa retraite, oppose une résistance plus vive entre Cambrai et Valenciennes.

 

 C'est d'abord à la nage que 2 soldats du 5e Canadian Mounted Rifles traversent l'Escaut au pied du pont de fer de Cantimpré le 9/10 à 3h du matin, pont en ruines que le reste du bataillon puis le 4e CMR emprunteront ensuite, l'ennemi ayant évacué la ville, avant que les troupes du Génie ne construisent un ponton. (in John Frederick Bligh Livesay: Canada's Hundred Days) :

"The 8th. Brigade was holding the west side of the canal, the 5th. C.M.R., Eastern Townships, being at St. Olle, when at three o'clock of this samemorning orders came to send a patrol across the canal with the view of establishing a bridgehead beyond. Two of our men swam the canal, landed on the other side, and proceeded to bomb out the enemy machine-gun post known to be established at the railway bridgehead. But they found the post deserted. The enemy had evacuated the city half an hour after midnight.
Linked arm in arm, our infantry streamed over this broken-down bridge and by 4.30 a.m. two companies were across.

By six o'clock Canadian Engineers had constructed a pontoon bridge, over which our field batteries crossed, and by 6.30 a.m. we had penetrated the Place d'Armes and an officer's patrol was sent to inform our surprised neighbors, troops of the XVII Corps on our right, that we were in possession."

 

Source: Externe

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 A ce dernier regret d'avoir quitté Cambrai s'ajoute le fait que Valenciennes a été largement épargnée par les bombardements : la fin était proche et l'ennemi refluait plus vite, l'artillerie canadienne - qui venait de s'illustrer dans la prise du Mont Houy - a fait son possible pour éviter les destructions et surtout de faire des victimes civiles, une plus grande partie de la population étant finalement restée.

 

10 mars 2020

Dr Albert SCHWEITZER, prisonnier civil ... dans un camp français !

 

 Le fait peut paraître étonnant, mais c'est pourtant la triste réalité, et s'il fallait une dernière preuve, elle est dans les archives de la Croix-Rouge :

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 La biographie du prix Nobel de la paix en 1952 est suffisamment présente sur le web pour ne pas la retracer ici (voir par exemple ce site), mais la détention de civils alsaciens, et les conditions de celle-ci, n'ont pas été sans effet sur les civils des territoires occupés dont un millier ont été emmenés comme otages de représailles : 396 femmes qui seront détenues au camp d'Holzminden et 596 hommes qui subiront les rigueurs de l'hiver lithuanien notamment au camp de Milejgany, dans des conditions inimaginables à cette époque (mais qui ne sont pas sans rappeler les conditions de détentions des soldats de 1870 prisonniers, par exemple à Minden - Le camp de 7000 prisonniers de Minden a pour commandant "un espèce de brute" qui met [les délégués de la croix-rouge de Valenciennes] carrément à la porte. Par bonheur, ils trouvent un aumônier qui leur fait visiter l'hôpital. Près de 300 marins de l'armée de la Loire viennent d'arriver avec les pieds gelés. Leurs jambes sont noirâtres, un certain nombre devront être amputés. ........in G.Piérard : "La Croix-Rouge Française dans l'arrondissement de Valenciennes de 1870 à nos jours" (1963))

Ces représailles étaient notamment destinées à forcer le gouvernement français à adoucir les conditions de détentions des civils allemands.

 Né le 14 janvier 1875 Kaysersberg dans l'actuel Haut-Rhin, Albert Schweitzer est de nationalité allemande, l'Alsace et la Lorraine ayant été annexées par l'Allemagne après la défaite de la guerre de 1870 déclarée - et vite perdue- par Napoléon III.
Pour une fois, la neutralité de la Belgique ayant été respectée, le Nord-Pas-de-Calais sera épargné.

carte-guerre-1870


C'est pourtant en Afrique Équatoriale Française qu' Albert Schweitzer choisit de s'installer en 1913 avec son épouse, près de Lambaréné, dans ce qui est alors la Colonie du Gabon, à 250 km de Libreville et à moins d'un degré de latitude sous l'équateur. Il y tient un dispensaire vite devenu hôpital de brousse.

gabon


 Lorsqu'éclate la guerre le 2 Août 1914, tout Allemand résidant sur le territoire français - métropole ou colonie- est considéré comme ennemi : 3 jours après le couple Schweitzer est mis aux arrêts avec interdiction d'exercer. Ce n'est qu'en novembre qu'ils pourront recommencer, difficilement, leur œuvre humanitaire.
En septembre 1917 ils sont pourtant arrêtés, emmenés par bateau jusque Bordeaux où les attend la dure réalité d'un camp de transit : 3 semaines de cellule avant de gagner le camp d'internement de Garaison (Hautes-Pyrénées) : un ancien collège religieux, fermé en 1903, où sont regroupées de nombreuses familles austro-allemandes et ottomanes. On pourra découvrir sur cette page  un aperçu de la vie dans ce camp.

A Garaison
Le Dr Schweitzer en détention à Garaison

 Devant les conditions de détention qu'il constate, le Docteur demande diplomatiquement à reprendre ses activités médicales dans le camp, les archives des Hautes-Pyrénées ont conservé copie de sa lettre.

Le 27 mars 1918 les époux Schweitzer seront transférés à St-Rémy de Provence, dans un camp d'internement réservé aux Alsaciens qu'ils quittent le 13 juillet 1918, pour être rapatriés -en Alsace toujours occupée- via la Suisse (accord de Berne du 24/04/1918 sur l'échange de prisonniers) ; c'est à la même époque que reviennent en France occupée les otages de représailles partis en Janvier.

 A noter que l'argent détenu par les prisonniers est mis sous séquestre à leur libération, une ordonnance du tribunal civil de Tarascon sera nécessaire en ce qui concerne l'argent détenu par le Docteur, dont les archives des Bouches-du-Rhône conservent le décompte : 568,85 marks. (Début 1919 1 Mk valait 0,67 franc, et déjà moins en octobre. 1 franc 1919 correspond à 1.3€ de 2018).

Il faudra cependant que le Dr Schweiter réclame (le 4/8/1919 depuis Strasbourg où il habite 5 quai St Nicolas) ces sommes (ainsi que 2 paquets de livres) par courrier auprès du Directeur du "Dépot des internés civils de St Rémy", avec lequel il semble avoir entretenu de bonnes relations, et qui obtiendra la levée du séquestre. 567 Mk finiront par lui être adressés par lettre chargée, en date du 14 octobre 1919. Il récupérera le reliquat en passant par St Rémy.

 

 

 

21 octobre 2016

Mai 1940

 

     Il y a 30 ans (en 1986) j'avais obtenu que mes parents rédigent leur exode de mai 1940, la seconde guerre formant à mon sens un tout depuis 1870 jusque 1945. Mon père (Jean DUBOIS) était agent SNCF (alors Chemin de Fer du Nord) et à ce titre mobilisé à son poste, ma mère travaillait au central téléphonique de Valenciennes, élément essentiel des communications, et avait une obligation de service, qui a pris fin avec un ordre de repli lorsque les correspondants ne répondaient plus.

     J'ai repris le texte intégral, sans aucune modification. Les protagonistes sont appelés comme on le faisait en famille, aussi à chaque fois ai-je rajouté une note (chiffre rouge en exposant : y placer le pointeur de souris pour une brève description).

Pour aérer les récits sans les dénaturer, j'insère les itinéraires au fur et à mesure, hélas sur une carte contemporaine, donc différant quelque peu du trajet d'époque : cliquer pour une image de taille raisonnable. Un projet de report sur carte de 1940 est à l'étude.

   Un résumé des itinéraires de cette "drôle de fuite" figurera en fin de page, après un arbre généalogique montrant les liens de famille.


 

 

MÉMOIRES D'UN ÉVACUÉ AU MILIEU DE ... MILLIONS D'AUTRES

(Période du vendredi 10 Mai au mercredi 17 Juillet 1940)

 

     Évacuation ? Repli ? ou ...Fuite ?

    Valenciennes le 10 Mai 1940 : 5 heures du matin, les avions allemands survolent la ville à basse altitude. Nous apprenons que la Belgique est envahie.
Vers 17 heures les Stukas piquent : des bombes tombent sur le Pont Villars et Avenue de liège : 21 civils sont tués dans la cave du café qui faisait l'angle de la Place Poterne et de l'Avenue de Liège.
Du 10 au 16 mai, la pagaille s'installe : nous voyons passer de nombreux réfugiés belges ainsi que des soldats (français) sans armes ni officiers.

 

Le 17 Mai, Valenciennes doit évacuer ses civils. Lieu de repli pour la population : la Bretagne, Quimper pour les employés des PTT. Mémée1, tante Marguerite2 et Thérèse3 quittent Valenciennes par le train vers 17h30 pour...???

 

Maman4 avec Tante Hélène5 ainsi que les employées des PTT quittent Valenciennes (sur ordre) dans des wagons à bestiaux : le train s'ébranle vers 22h30, direction Quimper. Après Orchies puis Calais, leur exode se termine à Merlimont-Village.

 

Moi (Jean DUBOIS6) je prends vers 24h00 le dernier train jusqu'à Douai, où j'arrive vers 5h le 18 Mai. J'y rencontre Mémée1, Tante2et Thérèse3, qui voulait absolument que je donne un "toup de poing" à un réfugié Belge qui l'avait accrochée avec son baluchon. J'arrive à les faire monter dans un train de marchandises, un des derniers, comble, et qui part sous les bombes. Elles iront à Amiens où elles prendront un autorail réservé aux cadres de la SNCF, et de là gagneront Paris puis Vire. En effet à Paris ceux qui avaient de la famille en province avaient le droit de prendre le train, et Vire était la ville où habitait Anne-Marie Bailleux7, sœur de Pierre-Marie8. L'ayant appris à Mézidon, j'y suis allé un dimanche (le 2/06, au plus tard le 9. NDR), mais trop "serrés" avec toute le famille Bailleux, elles étaient parties la veille pour Poullan.

 Quant à moi, je suis récupéré par l'ingénieur et nous rentrons à Valenciennes le 18 pour démonter les machines outils (que l'on devra remonter à notre retour).

exode Jean a 2


Le 20 mai nous recevons à 1h du matin l'ordre de repli ; nous partons par groupes, le mien à 9h, moi sur un vélo déglingué avec une valise de 30 kg. (J'avais donné mon vélo à un soldat puisque tout était prévu et je suis parti avec celui d'un ouvrier jusqu'à Dieppe où je l'ai expédié en gare et retrouvé à Mézidon, comment : ????).

 

A Hérin un sous-officier d'artillerie à qui j'avais demandé à combien tiraient les canons de 75 que l'on entendait m'a répondu :"15km, mais ne vous pressez pas, on vient de les refouler de 25km". Je n'ai pas compris. Après Douai puis Arras, où nous sommes séparés de 2 ou 3 gars dont l'un a retrouvé quelques minutes après sa femme tuée par une bombe, nous arrivons à St-Pol-sur-Ternoise où nous couchons dans une voiture de 2de classe (il y avait à l'époque 3 classes). 5 d'entre nous partent pour Berck.

 

Le mardi 21 mai, ayant perdu mes compagnons, j'arrive à Abbeville qui venait d'être bombardée : 3 à 4 000 morts dont certains encore dans les rues. J'y retrouve grand-père9 et grand-mère10 Dubois, Marguerite Dubois-Hainaux11 et Marc12 réfugiés chez Jeanne13 et Joseph Holin14 qui habitaient sur les bords de la Somme. La ville était aménagée pour recevoir les soldats permissionnaires en transit, Henri15 y était affecté en tant que sergent d'Intendance. On y a fait entrer tous les réfugiés, et le lendemain une division d'infanterie. Les allemands l'ont bombardée. Deux de l'atelier et leurs familles ont été enterrés là, je les retrouverai tous dans une tombe de 1mx1m en allant en septembre rechercher Mémée1, Tante2 et Thérèse3 revenues de Bretagne et arrêtées par la fameuse ligne de démarcation. Grand-père9 et grand-mère10 Dubois qui n'avaient pas voulu quitter Valenciennes étaient venus chez nous (5 rue Charles Quint NDR) du 5 au 17 mai mais quand je suis revenu le 18, pris de panique ils ont pris un train, sont arrivés à Abbeville puis sont partis pour Cabourg où étaient Auguste16, Marie-Louise17, Christiane18 et une sœur de Marie Louise. Ils sont passés en taxi à Mézidon, (tous sauf Auguste16 mobilisé) en direction de la Bretagne : Poullan. J'ai aussi rencontré à Abbeville Henri15 qui venait voir Marguerite11.

 

exode Jean b 2De Valenciennes à Dieppe en Vélo (près de 250km)

Le 22 mai au soir je couche à Dieppe (Seine-Inférieure) chez une vieille dame bombardée : celle-ci (70 ans) d'abord réticente devant mon allure (barbe de plusieurs jours, pas lavé, fatigué) me donne à manger et m'offre de coucher dans la serre. Je me suis réveillé le matin du samedi 23 glissé sous une table, plus un carreau à la serre, et la dame qui pensait que j'étais mort tué par le bombardement de nuit : je n'avais rien entendu ( Ah! jeunesse...!) J'ai abandonné le vélo et pris le train pour Paris par Rouen. J'arrive à Paris qui ignorait tout des événements et pars vers Droué (Loir & Cher) que j'ai quitté le 24 pour Mézidon où je suis arrivé le 25 mai au matin.

 

Le Journal 19400528
Communiqué officiel "rassurant" paru dans "Le Journal " du 28/05.
Comme en octobre 1914 la situation exacte autour de Valenciennes occupée était cachée, pour ne pas dire ignorée.
Les lieux cités rappellent étrangement ceux de 1914.
La poche de Dunkerque se resserre dans une autre course à la mer, Lille en sort le 28 .
Quant au front, il était le 27 précisément sur la ligne Somme-Aisne, 100km au sud de Valenciennes.
Cette fois, l'ennemi ne ratera pas Paris à 110km au sud.

A Droué où Joseph Holin14 avait eu un poste aux Ponts et Chaussées jusqu'en 1937, comme on connaissait des amis de Jeanne13 je suis allé voir, mais ils n'étaient pas arrivés à ce point de chute éventuellement prévu.
Mézidon étant le chef-lieu de repli officiel pour les ateliers de Valenciennes, j'ai travaillé à l'entretien des machines outils. Les ouvriers de Valenciennes travaillaient à la modification des wagons trémies de transport de ballast datant de 1900 (et dire qu'on a perdu la guerre quand même) Je suis logé à l'auberge de Mme YON, 1m60, 100kg.

Le mardi 11 juin (je crois) les raffineries de pétrole brûlent à Rouen : on se serait cru sous un ciel d'orage violent. L'atelier de Sotteville-les-Rouen évacué est arrivé à Mézidon comme nous (?). Bruits de canon vers Lisieux.
Le 13 au matin on nous rassure : "Restez à vos postes tout va bien" mais le soir à 19h30 "Repliez-vous par vos propres moyens". L'armée se repliait depuis le matin : un conseiller municipal de Mézidon surpris à 6h du matin en train de charger sa voiture fut arrêté comme défaitiste. On fusillait pour moins que ça.

exode Jean c2bt
De Dieppe à Mézidon


Le 13 juin au soir je suis parti vers Rennes dans une Peugeot 202, la voiture de Gustave Carlier de Villers-Pol (à coté de Valenciennes) forgeron à l'atelier, époux de Lucie Carlier, chez qui nous allions. Philibert Matta, soudeur, nous accompagne ; c'est un très brave et honnête type qui parlait le patois du Nord aux gens de Saintes et râlait de ne pas être compris "en français", mais qui est capable de trouver du pain et de l'essence partout !

 

En passant à Fougères, nous sommes bloqués par les gendarmes qui laissent passer camions, vélos et piétons, mais pas les voitures légères sans un nouvel ordre de mission.
Nous y avons vu le chef de gare saoul au possible qui expédie un train de la croix-rouge plein de soldats, mitrailleuses aux fenêtres. Il nous envoie au sous-préfet qui nous dit : "vous êtes des soldats en civil". Nous allons voir de ce fait le commandant de la place qui ne peut rien faire, nous mangeons et en sortant rencontrons des soldats anglais installés au coin d'une rue, dans une tranchée, fusil-mitrailleur pointé qui nous disent :"Allemands venir vite !". Les gendarmes sont toujours là, et nous laissent passer sans rien dire... c'est presque drôle.
Nous arrivons à St Armel près de Rennes, point de chute pour la nuit car là avaient été réfugiés en 1915 les grands parents d'un ouvrier, Eugène Luez, également de Villers-Pol. A Rennes courent des bruits d'armistice les 14 et 15 juin ; nous nous présentons, ou plutôt nous tentons de nous présenter à l'ingénieur de Rennes, mais les Stukas repèrent un train de munitions diverses poursuivi par les avions allemands depuis 2 jours et qui a été placé sur une voie de garage au milieu de 3 ou 4 trains de réfugiés. Ceci expliquera le nombre de victimes : 4500 morts, dont on ne parle plus jamais.

 

Nous remontons en voiture et couchons à Cadillac près de Bordeaux où nous rencontrons les "locataires" de la centrale de Melun qui donnent à Matta des boites de pâté trouvées dans un camion. L'ingénieur de Saintes m'avait dit : "Si vous pouvez, partez, car il y a à Saintes 15 000 habitants et 40 000 cheminots, nous allons crever de faim ". En route le verre d'eau (du puits) se vend aux réfugiés moins pour le profit que pour éviter le gaspillage.

 

Lundi 17 juin nous arrivons à St-Palais (Basses-Pyrénées). Il y a là des wagons pleins de matériel garés et pillés jusqu'à la frontière d'Espagne, et nous n'avons pas assez d'argent pour aller plus loin. A Arbouët, près de St-Palais où Gustave Carlier comptait trouver ses parents qui étaient remontés à Limoges (c'est le village natal de la femme du frère de G. Carlier) nous rencontrons la Princesse Douairière de Broglie et ses enfants : il ne leur restait qu'un château, les pauvres.

exode Jean d2 abtTrajet Rennes-Puyoo

Nous restons là quelques jours puis partons à pied vers Puyoo sur la route de Lourdes : 40km à pieds en 9h. Nous dormons sur la pelouse en face de la gare, puis prenons un train pour Bordeaux où nous voyons entrer les allemands musique en tête entre deux haies de "curieux" parmi lesquels beaucoup de soldats et officiers français en tenue (les résistants de 1945 NDA).

 

Le 18 ou 19 juin nous arrivons à Limoges par le train, d'où nous partons pour Neuvic-Entier, village natal de la mère de Lucie Carlier qui nous accueille à bras ouverts. On y retrouve les parents et la femme de G. Carlier. Nous couchons dans une ferme à coté, sur la paille et faisons la fenaison. Le patron, démobilisé, s'appelait JOFFRE...
Nous nous présentons à l'ingénieur du matériel roulant de Limoges qui nous fait donner une paire de godillots pris dans un wagon. Je casse d'un coup de pied la vitre du guichet parce que l'employé avait dit : " Encore des boches du nord" ; scandale et excuses du type, ah mais !

 exode Jean e2btDe Puyoo à Paris via Bordeaux

Le 12 Juillet, sur ordre, nous repartons pour notre lieu de travail habituel ?? Après bien des arrêts nous arrivons à Paris le 13, et y passons le 14 Juillet.
Le 15 à 7h nous quittons Paris... par un train de permissionnaires allemands. Je suis passé au contrôle de la police française en confiant mon bagage à Matta et en disant au brigadier :" Dubois, Inspecteur, Valenciennes "... Matta a eu plus de difficulté avec eux, je me suis retourné et j'ai dit :" Alors Matta, c'est pour aujourd'hui ou pour demain ?" et lui au flic :" T'as entendu l'ingénieur, tu vas m'faire révoquer" et il passe.

 

Dans le train une voiture était réservée aux cheminots ; elle était déjà comble, il a fallu pousser des français pour monter. Un officier allemand est monté en route, ils se sont levés pour lui faire une place.

 exode Jean f2bt
De Paris à Valenciennes

Arrivés à Douai vers 18h nous partons à pied pour Valenciennes. Nous avons couché à Abscon chez un cheminot et le 16 juillet pris le 1er train rétabli de la compagnie (des mines) d'Anzin. Nous arrivons à St-Waast vers 5h du matin : personne dans les rues, le couvre-feu n'est levé qu'à 6h30. On rencontre Clovis Bailleux19 ancien militaire de carrière, revenu de Vire pour la 2ème fois en vélo à 72 ans, qui me dit tout naturellement : "Ta femme est chez sa mère". J'arrive au 63 avenue de Verdun à 5h54 où Angèle20 et Hélène5 m'ouvrent la porte : je dis "Marie ?" Angèle me répond :"Al est cor couquée". Je grimpe 4 à 4 l'escalier et la trouve "muchée" sous les couvertures : elle croyait vu l'heure matinale et au bruit des godillots que c'était un soldat. Elle a pleuré, je lui ai dit que Thérèse était sauve à Poullan, elle a repleuré. Elle vivait là avec Angèle20 et Hélène5 qui avaient repris du service à la Poste de Valenciennes où avaient vécu d'autres employées du téléphone. Mémée1, Tante2 et Thérèse3 sont rentrées de Poullan par Abbeville le 18 septembre 1940.

 

Nous retrouverons la maison du 5 rue Charles-Quint pillée, fort probablement par des militaires français en déroute : il ne reste que l'étui du violon de maman, ma carabine Francotte a disparu, les porte-couteaux en forme d'animaux ont des pattes et des oreilles brisées...

 

Moralité : En cas d'invasion, restez chez vous ...

 Jean DUBOIS Mars 1986

 

 


 

 

Evacuation..

Après avoir tenté vainement de joindre le bureau de Solesmes évacué pour la caserne Vincent qui demandait le 6 à Romeries à 13h20, je (Marie DUBOIS4) suis partie le vendredi 17 Mai 1940 à 21h30 dans un wagon à bestiaux direction Quimper et arrivée à Pont d'Ardres le samedi 18 à 12h35. Nous prenons là un autobus pour Calais, faute de train, et couchons chez un particulier face à la mairie. Bombardés, nous nous réfugions en vitesse à l'Hôtel de ville de Calais.

Le lendemain, nous abandonnons nos valises au bureau des Postes de Calais (celui-ci sera bombardé et tout disparaîtra).

 

Dimanche 19 pas de train. A 14h nous trouvons un autobus pour Boulogne. Les terrasses des cafés sont pleines, les gens nous regardent d'un air ironique, ils ne veulent pas croire que les allemands arrivent. Nous gagnons Etaples puis Paris-Plage à pied, où nous couchons par terre sur de la paille au centre d'accueil : je priais tout haut toute la nuit, toujours bombardés, et j'avais perdu mes chaussures.

exode Marie Nord t


Lundi 20 depuis Etaples, autobus pour Berck. Nous y couchons chez un particulier (une grand-mère) où Angèle20 restera n'ayant pas voulu nous suivre. Mardi nous partons à pied pour traverser l'Authie, mais le pont a sauté et nous rebroussons chemin, c'est la débandade. Nous arrêtons en chemin une voiture des PTT de Douai, et arrivons à Trépied ; nous couchons dans la forêt dans le camion. Nous devons nous réfugier plusieurs fois sous celui-ci, car les avions passent et bombardent.
Nouvelle nuit chez un particulier, une ferme, sur la place de Merlimont-Village, où l'on étend de la paille dans la maison.. Mercredi et jeudi nous occupons le bureau de poste, le receveur partait en abandonnant tout. La villa "La Closerie" en face du bureau de poste est également occupée, j'y enferme Hélène5, les Allemands sont arrivés.
Nous restons là de vendredi à mardi 28 mai où nous assistons à l'enterrement d'un douanier de Cambrai qui s'est pendu pour ne pas répondre à l'appel.

 

Dimanche 2 juin, messe pour l'anniversaire de ma fille3. Jeudi 6 juin pas de changement. Un lieutenant allemand [Martin, voir plus bas] qui s'étonnait de me voir toujours pleurer s'étant fait traduire par un postier qui avait été prisonnier pendant l'autre guerre et parlait allemand, que je n'avais pas de nouvelles de ma petite fille et de ma mère, se rend à Valenciennes et rapporte des cerises de la maison, signe de son passage au 63 Ave de Verdun, personne, maison pillée .
Parties pour Abbeville en vélo voir après la famille. Nous avons vu Tante Marie21 et Sidonie22 à St-Pol sur Ternoise, Mais Abbeville est bombardée, impossible d'y rentrer.

Nous rentrons à Valenciennes le mercredi 12 juin avec les postiers de Douai (les allemands nous ont donné de l'essence) avec Mme Masfayon, Melle Canaguier, Mme Delmouly et Hélène5 nous ne nous sommes pas quittées.

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Rentrées au bureau le 27 juin. J'ai des nouvelles de Jean6 par M. Moreau. J'y ai rouvert les recouvrements, puis j'ai été déplacée au bureau d'Ordre avant de remonter au téléphone.
Samedi 29 juin j'ai des nouvelles de Maman1, Marguerite2 et Thérèse3 par Clovis Bailleux19 qui rentre en vélo de Vire.
Samedi 6 juillet étant dehors je vois une voiture allemande s'arrêter et klaxonner ; je pense "tu peux toujours courir". L'officier qui en descend en riant était le lieutenant allemand Martin qui prenait de nos nouvelles.
Lundi 8 juillet nouvelles par Mme Fleury, mardi 9 juillet nouvelles par M. Legros.
Mardi 16 Juillet tôt le matin retour de Jean6 qui me trouve au lit Avenue de Verdun où nous vivons à trois Hélène5, Angèle20 et moi. Il était temps, car nous vivions sans eau, sans pain ni électricité depuis notre retour jusqu'au 15-20 juillet

Mercredi 18 septembre à 18h, retour de Maman1, Marguerite2, et Thérèse3 ainsi que la famille de tante Jeanne13 que Jean 6 a été chercher à Abbeville.

 Marie DUBOIS-DUVERGER Mars 1986

 

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Parcours des postières : au bas mot 550km.

 


 POULLAN, fin du voyage

     Le récit de Marie se termine avec le retour des réfugiés depuis Poullan ; par "famille de Jeanne" il faut comprendre ses 3 enfants : Freddy (10 ans), Janet (9 ans) et Josée (8 ans). Ceux-ci resteront juqu'après la libération chez les "valenciennois". Ce n'est pas mentionné dans les récits, leurs parents les ayant très certainement confiés lors d'une rencontre à leur grand-mère qui se dirigeait vers la Bretagne.

     On possède peu de photos de cette courte période à Poullan : 2 "reçues le 12 août 1940" à Valenciennes et montrant les enfants en bonne santé, et celle ci-dessous prise "en mai 1940" sans date précise, probablement par Auguste Dubois 16, à l'occasion de la (première) communion des enfants Holin : qu'ils en aient eu l'âge ou pas, il faut y voir une volonté d'intégration à la communauté. Figurent sur cette photo devant l'entrée de l'égise de Poullan les 6 qui reviendront dans le Nord le 18 septembre 1940 : [Mémée1, Tante2 , Thérèse3, Freddy (10 ans), Janet (9 ans) et Josée (8 ans) HOLIN]

Poullan
Poullan Mai 1940

    5 autres membres : les grand-parents DUBOIS [grand-père9 et grand-mère10] leur fils et sa famille [Auguste16, Marie-Louise17, Christiane18] resteront à Poullan jusqu'à la libération. Le grand-père y mourra le 16 novembre 1940, enterré au cimetière communal jusqu'après la libération, Auguste et Marie-Louise y auront un fils, Jacques, né le 21 août 1942, et qui dispose d'autre photos de la période 1942-45.

     Le témoignage de ce dernier confirme (via des photos de juillet-août 1940) la présence de Marc12 à Poullan en même temps que Thérèse3. Il est probablement arrivé en même temps que ses grand-parents paternels auquel il a pu être confié à Mézidon, sans qu'il soit possible de connaitre sa date de retour, ainsi que de la sœur de Marie Louise citée plus haut (Claudia LALOUX, épouse PERRIER) qui acccompagnait Auguste16, Marie-Louise17, Christiane18 .

     Ce seront donc 13 personnes de ma famille ou apparentés accueillies à Poullan (maintenant Poullan-sur-Mer) et -d'après les témoignages recueillis- parfaitement admis et intégrés. Le témoignage de Jacques DUBOIS né en 1942, cite les familles GOURLAOUEN du bourg et KERIVEL de Kerguerrien. Le père, Auguste16, y faisait alors commerce de tissus ramené du Nord, en échange de produits du terroir breton.

Jean et Auguste avaient deux autres frères : Henri15 et Léon, mobilisés l'un dans l'intendance et l'autre dans la DCA. Faits prisonniers en juin 1940, ils reviendront de leurs stalags respectifs en mai 1945.

    Dans son récit Jean indique "tous sauf Auguste16 mobilisé" ce qui n'est pas exact : il était repassé le 31 janvier 1940 devant la commission de réforme de Valenciennes qui l'avait exempté ( il avait alors 37 ans, était l'aîné de 4 enfants dont deux mobilisés et un affecté spécial ). Cette décision est reportée dans son livret militaire en possession de son fils, son Etat Signalétique et des Services ayant brûlé dans l'incendie du centre de Valenciennes en mai 1940. A noter qu'il y figure aussi qu'il avait passé son permis de conduire le 4 mai 1940, ce qui lui permettra de partir en voiture, probablement de la Maison Billiet où il travaillait.

 


 

     Parcours Valenciennes-Poullan des DUBOIS-DUVERGER [Mémée1, Tante2 et Thérèse3] : quelques 900km, presque autant pour en revenir via Abbeville le 18/09/1940 (à peine 4 mois plus tard).

Thérèse 2b
Valenciennes-Poullan, mai 1940


     L'étape de retour par Abbeville pour le retour s'avère indispensable car les réfugiés devaient justifier d'un parent qui vienne les chercher sur une ligne (ici sur la Somme) qui n'était pas celle de démarcation entre les zones occupée et libre qui deviendront Zones Nord et Sud en novembre 1942, mais une amorce de découpage du territoire français : l'occupant ayant fait de la Belgique et des départements du Nord & du Pas-de-Calais une zone administrée militairement (Militärverwaltung in Belgien und Nordfrankreich), le passage interzones était contrôlé. A noter une "zone de peuplement allemand", interdite au retour des réfugiés.

113095773
D'après une carte d'Eric Gaba, voir.

 

Le parcours (aller) des grands-parents DUBOIS-DEBEVE [grand-père9 et grand-mère10] est sensiblement le même, au détour par Paris près :

DD 2b

 

       Que ces 13 personnes se soient finalement retrouvées tient essentiellement au fait qu'en cours de route, les réfugiés étaient orientés selon leur origine géographique. Bien entendu la destination de ceux du Nord n'était pas "Poullan", mais la Bretagne -le Finistère entre autres-, ce qui n'assurait pas pour autant le regroupement des familles.

circulaire
Extrait d'une circulaire préfectorale d'Indre-et-Loire du 18 mai 1940

      C'est ainsi qu'une partie de la municipalité de Valenciennes se retrouve à Quimper, et  que de nombreux Valenciennois  seront à St-Brieuc, que les Allemand investissent le 18 juin, avant qu'on ne les autorise -difficilement- à rejoindre leur lieu de départ quelques mois après.


 

 

arbre 2

    On retrouve dans cet arbre qui établit les liens familiaux l'ensemble des protagonistes (reconnaissables à leur n°). Sont ombrés ceux qui ont atteint Poullan.

 

     Le dernier ticket établi par Marie4 alors que le repli était déjà effectif, l'étui à violon, veuf de son instrument, les porte-couteaux orphelins de leurs pattes sont toujours en ma possession, ainsi que le saladier emprunté à Valenciennes par le lieutenant Martin pour ramener des cerises à Marie4 en exil à Merlimont et la boucle de ceinture portée par Marguerite2, représentant un lévrier, visible sur la photo devant l'église de Poullan.

 


Pour aller plus loin :

 

12 avril 2015

De l'Aisne à la Hollande

 

      C'est dans le livre "Les belles évasions" de P.Ginesty et M.Gagneur édité en 1919, que l'on trouve ce récit - plausible mais probablement enjolivé pour les besoin d'un immédiat après-guerre - d'un long trajet passant par Valenciennes et menant à la liberté. Malheureusement on ne sait rien du héros après qu'il ait recouvré cette liberté, et on ne pourra que constater que la fuite depuis Bruxelles et le passage en Hollande sont plus que sobrement décrits.

    Il n'empêche : il est passé par Valenciennes.....

      Août 1914, la Ve Armée du Général Lanrezac ayant reçu l’ordre de rompre et de se replier vers le sud pour ne pas risquer de se faire envelopper par les armées allemandes, le 205e RI se dirige depuis Guise vers Soissons par la Fère. Le récit fait de ces journées part l'Historique du Régiment donne un aperçu des difficultés rencontrées  lors de cette manoeuvre de repli :

Historique du 205e régiment d'infanterie. 1914-1918
Historique du 205e régiment d'infanterie. 1914-1918
Source: gallica.bnf.fr

 


    Le caporal-brancardier Joseph Cormégan, du 205e régiment d'infanterie, se trouva cerné, le 1er septembre 1914, à Bruyères-Montbérault, dans l'Aisne. Conduit à Laon, il fut employé à soigner des blessés. Le 25, il fut brusquement retiré des ambulances et mêlé à des prisonniers contraints à charger des obus dans des wagons. Cormégan protesta, puisqu'il appartenait au service sanitaire. Il fut éconduit rudement. Quelques jours plus tard, les circonstances firent, cependant, qu'on eut besoin de lui. Il fut envoyé à Bruyères pour y aller chercher des blessés français.


     Il avait vu le cas que faisait l'ennemi des conventions internationales. Il douta de son rapatriement et il estima qu'il valait mieux qu'il tentât par lui-même de recouvrer sa liberté. Il trouva le moyen de fausser compagnie aux soldats qui l'escortaient, et il se cacha dans les bois, où il resta deux jours. Il se dirigea enfin vers un village dont il a gardé un mauvais et un bon souvenir.

— Tout le long de mon dur voyage, dit-il, il en a été de même. Je n'ai pas toujours été bien reçu par ceux à qui je demandais quelques secours. Par contre, d'autres se sont courageusement exposés pour moi. Pour certains, en ma qualité d'évadé, j'étais quelque chose comme un pestiféré... Les règlements militaires allemands, en pays envahi, sont implacables... On n'a pas affaire qu'à des héros... Tout compte fait, cependant, ce sont des braves gens qui dominent. Le mauvais souvenir, ce fut le refus du premier habitant auquel il s'adressa de lui procurer des vêtements civils. L'homme ne tenait pas à se compromettre éventuellement. Mais une femme, dont le mari était soldat, n'hésita pas, elle, à venir en aide à ce compatriote en danger. Elle l'assista de tout son pouvoir. Elle lui fit don d'un costume en velours à côtes, et elle s'employa elle-même à détruire l'uniforme et à en cacher les lambeaux.

Après l'avoir réconforté, elle lui indiqua les chemins qui avaient chance d'être les plus sûrs. Gormégan gagna Marle. Là, il reçut l'hospitalité dans une ferme, chez de bons Français. A la vérité, il s'était sauvé sans avoir un plan arrêté. Il fallait maintenant étudier les possibilités de salut. Un examen attentif de sa situation lui montra les obstacles auxquels il allait se heurter. Si longue que fût la distance et si téméraire que fût ce projet, il n'y avait pas d'autre moyen de revenir en France que d'atteindre d'abord la Hollande. Mais passer à travers les Allemands, occupant notre Nord et la Belgique, était une entreprise qui ressemblait à un défi. Il était certain de rencontres périlleuses. Mais que faire, à présent, sinon tenter l'aventure ? De Marle, il alla, avec mille précautions, à La Capelle, où il fut encore hébergé. Cependant, les mesures prises par les envahisseurs se manifestaient de plus en plus rigoureuses. Cormégan ne voulut pas que son hôte expiât sa générosité. Bien qu'on cherchât à le retenir, ce fut de lui-même qu'il partit. Il se rendit à La Bouteille, à six kilomètres de Vervins. Mais il n'y put rester longtemps; sa présence n'était pas passée inaperçue. Le maire de ce bourg vint le trouver, et non sans quelque embarras, avec quelques circonlocutions d'abord, lui représenta que si les Allemands apprenaient qu'on le cachait, ils ne manqueraient pas de punir durement la commune... C'était sans doute une chose bien triste que de ne pouvoir lui offrir un abri.... Cormégan devait comprendre, toutefois, que l'intérêt général devait primer un intérêt particulier.

— C'est-à-dire, fit Cormégan, que vous aimez mieux que j'aille me faire pendre ailleurs, et sans désagrément pour vous... C'est bien, je ne prétends pas m'imposer. Ce refuge provisoire qui ne lui avait pas été accordé à La Capelle, il le chercha au Nouvion.

— Les bonnes surprises suivaient les autres, conte-t-il, en évoquant son odyssée. Au Nouvion, il trouva assistance, bien qu'il eût révélé son identité véritable. Une autre étape le mena au Cateau. Il espérait se perdre plus facilement au milieu de cette ville d'une dizaine de mille d'habitants, mais l'autorité militaire allemande y était particulièrement vigilante. Un méticuleux espionnage y était exercé. Cormégan jugea prudent, ayant constaté qu'il avait déjà été remarqué, de battre en retraite sur Le Nouvion. Il y put demeurer vingt-cinq jours, s'employant à des travaux, réunissant quelques ressources pour continuer sa marche hasardeuse.

— Ça allait trop bien, dit-il... Je ne veux pas savoir par qui... à quoi bon?... le fait est que je fus dénoncé à la mairie... Que voulez-vous ! Le joug boche est terrible à subir... Il faut comprendre l'état d'esprit de quelques-uns de ceux qui vivent sous un régime de terreur. Comme le maire de La Bouteille, celui du Nouvion m'admonesta, parlant des représailles qui pouvaient menacer ses administrés. Bref, il m'invita nettement à quitter au plus vite le pays... Soit ! Mais où aller?... C'est encore une femme, plus brave que d'autres, qui me tira d'embarras, trouvant, par son exemple, d'heureuses complicités... Quand je vous assure qu'il y a toujours de bonnes gens partout !... « On ne peut pourtant pas le laisser prendre,» fit-elle... Et elle s'entendit avec un habitant, réquisitionné pour conduire cinq voitures à Valenciennes... Je fus désigné comme le convoyeur de l'une d'elles, muni, par les soins de mon « patron », d'un laissez-passer allemand... Ça, par exemple, c'était plus que je n'eusse osé espérer ! Je pouvais marcher la tête haute... Je n'avais plus besoin de me terrer à la moindre alerte... Il fallut bien subir, en chemin, la grossièreté des Allemands qui vérifiaient nos papiers, mais nous étions en règle, et j'avais fait provision de patience. On arrive à Valenciennes. Cormégan en attendant qu'il puisse aller plus avant, trouve un gîte chez un serrurier, ayant deviné à qui il a affaire. Il se confie peu à peu à lui, et quand il lui révèle sa situation, le serrurier lui répond simplement :

— Je me doutais bien de quelque chose comme cela... Restez ici aussi longtemps que vous voudrez... Mais la kommandantur ordonne, sous le prétexte d'une visite médicale, le rassemblement de tous les habitants, quartier par quartier, à des heures déterminées pour chacun de ces groupements. C'est à la cathédrale qu'ils doivent se rendre. Des précautions sont prises pour que personne n'échappe à ce contrôle. Cormégan doit donc se présenter, lui aussi. Il prend le nom de Léon Gossard et se donne comme employé de chemin de fer, expliquant la perte de ses papiers par les circonstances. Il conte avec assurance l'histoire qu'il a forgée ; il donne des détails, qui ont un semblant de précision, sur les raisons prétendues de sa présence à Valenciennes. Il va passer, quand ses réponses aux dernières questions qui lui sont posées (il ignore, naturellement, tout ce qui se déroule dans les régions dont il dit être venu) le rendent suspect au commissaire allemand. Il est arrêté, sous le prétexte de la nécessité de vérifier ses déclarations et envoyé, entre deux gendarmes, à Bruxelles, où il est emprisonné. Ce à quoi il pense, malgré tout, c'est que les Allemands, par deux fois (bien que pour la seconde, les conditions aient été assez désagréables) l'ont rapproché de son but. Il aurait difficilement atteint Bruxelles, et l'y voici. Il est vrai qu'il y est entre quatre murs, et que, présentement, il ne parait pas beaucoup plus avancé. Mais ne faut-il pas compter sur un heureux hasard ?

     Cet heureux hasard se produit au bout de deux mois. Un ordre arrive, un jour : le soi-disant Léon Gossard, doit être reconduit à Valenciennes. Au moment où, ayant feint la plus grande docilité, il arrive à la gare, il parvient à détourner l'attention de ses gardiens et profite de cet instant pour s'échapper. C'est un acte d'audace qui a peu de chances de le mener loin. Cormégan réussit pourtant, son sang-froid aidant, à se tirer d'affaire. En prison, il a recueilli certaines indications précieuses sur l'assistance donnée à des prisonniers français évadés par des Belges particulièrement courageux. Jouant le tout pour le tout (car il se peut, depuis le temps que cet espoir lui a été donné, que la police allemande ait été prévenue et ait sévi) il se dirige vers la maison où il attend du secours. Des preuves de ce qu'il confie, il n'en peut pas offrir, mais sa véracité, dans le récit qu'il fait de ses aventures, paraît certaine. On le cache, d'abord ; on facilite son passage dans la province du Limbourg, où on le met en rapport avec des guides sûrs.

     Cette dernière partie du voyage comporte de nombreux incidents, des heures dramatiques, où il semble que la partie soit perdue. Dix fois, il est sur le point d'être repris. Pourtant, il échappe à tous les pièges. En mars 1915, il atteint enfin le sol hollandais. Il est libre.

       

     Il est vrai que les nombreux ordres, consignes, ordonnances que l'occupant affichait dans les communes des régions occupaient  atteignaient leur but : inspirer la peur aux habitants. Souvent énoncés dans les deux langues, fréquemment réitérés, menaçant les contrevenants des pires représailles, ils atteignaient le but escompté : faire régner l'ordre et la soumission. A la lecture des nombreuses affiches placardées à Valenciennes (plus d'une par jour, voir la page), on comprend que l'occupant aurait aimé que personne ne sorte, ne bouge de chez soi, s'il n'avait fallu travailler, semer, récolter (là encore les consignes étaient draconiennes) pour nourrir l'armée d'occupation.

En voici quelques exemples :

 

A la recherche des nouveaux venus : la menace de déportation n'était pas un vain mot

Valenciennes 19141027 c
Les Belges sont tout particulièrement visés, car dès 1915, ceux qui ne résident pas en Belgique
- et donc n'y payent pas d'impots, vont être spécialement (et considérablement) taxés,
bien qu'ayant le statut de réfugiés.

 

La chasse, entre autres, aux militaires ennemis (de l'Allemagne) :

Valenciennes 19141107 b

 

Affiche du contrôle qui avait lieu chaque mois !

Valenciennes 19150317 a

 

 


 

 

3 septembre 2023

Victimes civiles .... mais en 1940

     A peine plus de 20 ans (une petite génération) séparent la libération de 1918 et l'exode de 1940 ; les hasards des recherches généalogiques m'ont conduit au 21 mai 1940 : pour cette seule journée la base de données des victimes civiles recense 810 noms, dont 223 sont natifs du Nord.

Parmi ces victimes civiles, 4 d'une même famille d'Haulchin : le père, la mère et les deux filles.
Norbert DEBEVE, père de Céline DEBEVE ci-dessous, et ma grand-mère Nathalie DEBEVE étaient cousins issus de germains.

Le père : Joseph BRIDE 46 ans, 8 mois et 14 jours
Décédé le 21-05-1940 (Crépy, 62 - Pas-de-Calais, France)
Né le 07-09-1893 à Thiant (59 - Nord, France)

Céline Félicie BRIDE 18 ans, 11 mois et 0 jour
Décédée le 21-05-1940 à Crépy, 62 - Pas-de-Calais, France)
Née le 21-06-1921 à Haulchin (59 - Nord, France)

Maria Philomène BRIDE 15 ans, 10 mois et 14 jours
Décédée le 21-05-1940 (Crépy, 62 - Pas-de-Calais, France)
Née le 07-07-1924 à Haulchin (59 - Nord, France)
 

La mère - probablement blessée- est décédée 6 jours plus tard à 15km de Crépy.
Céline DEBEVE 41 ans, 5 mois et 23 jours
Décédée le 27-05-1940 (Saint-Pol-sur-Ternoise, 62 - Pas-de-Calais, France)
Née le 04-12-1898 à Haulchin (59 - Nord, France)
 

Ils sont inhumés dans la même tombe au cimetière d'Haulchin, leurs noms figurent au monument aux morts de la ville.

P1270715    Tombe DEBEVE LERAT BRIDE

 

A noter : la campagne contre l'Allemagne du père durant la Grande Guerre est comptabilisée du 2 août 1914 au 22 août 1919. (rédaction en cours sur le blog familial)

 

21 janvier 2011

LEFEBVRE Edouard et FAUX Léon

 

Le 29 Janvier 1918 le tribunal de Guerre Allemand condamne pour "Espionnage par pigeons voyageurs"

  • Edouard LEFEBVRE
  • Léon FAUX

Le 25 Février 1918 ils sont fusillés dans les remparts de Condé sur l'Escaut où un monument leur rend hommage.

LefevreFaux1

LefevreFaux2

  •  Face à leurs actes de décès, le registre d'état civil contient la note suivante :

 

 

Ville de Condé

           Extrait de la traduction en français d'une note écrite en allemand de la Commandanture de Condé n°707 du 25 février 1918.
                   "A la Ville de Condé
 
            " Les deux Français Lefebvre Edouard et Faux Léon, qui ont été condamnés à mort par le conseil de guerre de la Commandature pour espionnage, ont été exécutés ce matin.
       " Les deux corps seront rendus à la Ville pour faire le nécessaire pour l'enterrement
                                      "C. 25.2.18

                            " Le commandant d'étape (signé) : Lidl, général major
                                              Pour extrait conforme, à annexer au registre des actes de décès de l'année courante
                                                               Le Maire 

Condé le 25 février 1918        

 

 

  • Léon FAUX est né à Vieux-Condé le 1er mars 1882, de Napoléon et PLICHARD Clarisse, Matricule 1902 classe 1902 à Valenciennes, le registre a été détruit en 1940. Ouvrier mineur, il fait chevalier de la Légion d'Honneur à titre posthume par décret du 25 mars 1924. Son acte de décès établi sous l'autorité d'occupation mentionne simplement "est décédé dans les fortifications en cette ville".
     
    • "Mobilisé en Août 1914, est resté sous les drapeaux jusqu'en Octobre 1915. Placé en sursis d'appel, pour être employé dans les mines en octobre 1915."
       
    • "Etant en sursis d'appel et employé dans les mines du Pas-de-Calais, a été mis, en 1916 ou 1917, à la disposition de l'autorité militaire britannique qui l'a chargé d'une mission d'espionnage à Condé et Vieux-Condé, d'où il était originaire.
      Dénoncé aux Allemands qui occupaient le pays, a été fusillé à Condé, le 26 Février 1918."
       
    • Les Britanniques lui ont décerné la British War Medal.
       
    • Son épouse à reçu la Médaille d'argent de la Reconnaissance Française (JO du 13/03/1923)
      "Mme veuve Faux, née Defossez (Céline), au Vieux-Condé (Nord) : condamnée à 10 ans de travaux forcés pour avoir caché son mari déposé à Bavay par un avion allié, avec mission de relâcher, munis de renseignements, des pigeons voyageurs. A subi pendant sa détention les pires traitements."

 

  • Edouard LEFEBVRE est né à Condé-sur-l'Escaut le 27 Mars 1886, ouvrier mineur, il fait chevalier de la Légion d'Honneur à titre posthume par décret du 25 mars 1924. Son acte de décès établi sous l'autorité d'occupation mentionne simplement "est décédé dans les fortifications en cette ville".
     
    • "Mobilisé en Août 1914 jusqu'en 1916, mis en 1916 en sursis d'appel comme mineur pour travailler en France libre."
       
    • "Étant en sursis d'appel et employé comme mineur en France libre, a été mis en 1917 à la disposition de l'autorité militaire britannique qui l'a chargé d'une mission d'espionnage à Condé-Vieux-Condé d'où il était originaire.
      Dénoncé aux autorités allemandes d'occupation Lefebvre a été pris et fusillé à Condé le 26 Février 1918. "

     

  • A noter que les dossiers de la légion d'honneur ont interverti les dates de Naissance de Faux et Lefebvre, ce qui tendrait à montrer qu'ils ont été traités simultanément, et les citent fusillés le 26/02.
    De même, sur l'acte de décès de Léon FAUX la date de naissance est majorée d'un an.

 

Portraits arch 405
Portraits de LEFEBVRE (à gauche) et FAUX (à droite) conservées aux
Archives Générales du Royaume de Belgique
Commission des Archives des Services patriotiques établis en Territoire occupé au Front l'Ouest

 


     Ces mêmes Archives Générales du Royaume possèdent les photos recto-verso des dernières lettres adressées à leur famille par les condamnés le matin de leur exécution (Léon Faux la signe en écrivant 26 février, il s'agit bien du 25).
Malheureusement, ce sont des tirages sur plaque de verre sans contraste, de documents originaux qui ont été pliés en 8 puis maintenus à plat par des punaises (!), ce qui les rend peu facile à déchiffrer (encore plus sous le grand tampon des AGR), et je n'ai pu malgré mes efforts obtenir une copie lisible, aussi en ai-je fait une transcription dans laquelle j'ai repris la syntaxe originale, mais utilisé une orthographe exempte de fautes.
 

Mes chers parents.
Voila Léon Faux qui fait ses à Dieux à sa femme et à ses enfants.
Ma chère femme et mes chers enfants,
Voici les dernières paroles que je te dis par écrit ; je vais te quitter pour toujours, mais ne prend pas trop de chagrin, car il faut que tu vives pour élever nos enfants. Tu leur parleras souvent de leur Père qu'ils se rappellent de moi et les les embrasseras assez souvent pour moi. Maintenant chère femme voici ce que je peux donner pour souvenir à les enfants : tu donneras ma montre à Léon, et ma pipe et à blague à tabac à Eugène ; et mon cache-nez à Napoléon ; et à mes deux filles tu lui donneras les mouchoirs; et toi chère Céline tu prendras le panier et mon portefeuille pour toi, la bague ce sera pour mon frère Lucien ; et (partie barrée illisible).
Maintenant chère femme que nos enfants seront très sages avec toi leur maman, et tâche bien ma chère Céline d'être sérieux avec nos enfants, tu seras heureux avec eux, car il vont tous travailler pour toi.
Maintenant tu passeras la lettre à mon frère Lucien il passera à nos sœurs et à tes tan(???) et il pourra la lire à ton père que je fais mes à Dieux avant de mourir à toute la famille.
Maintenant chère Aline, et mes enfants, et mes frères et mes soeurs et mon père Eugène et mes tandres.
Au revoir * ma femme, au revoir mes enfants, au revoir toute la famille, au revoir et encore au revoir encore au revoir à toute la famille pour toujours
Enfin ma chère femme et mes enfants et mes frères et mes soeurs
Je vais mourir prenez courage.
Je vous embrasse pour la dernière fois (illisible p-e Avoire) à tous,
Le 26 février fusillé à Condé à 6 heures du matin.
                          Faux Léon

401t

 

 

 

Condé le 25 Février 1918
Chère femme
Voici ma lettre d'adieu car je vais te quitter pour toujours, ne prend pas trop  de chagrin car il faut que tu vives pour nos enfants ; tu leur parleras souvent de leur père et tu les embrasseras souvent aussi pour qu'il se rappellent de moi.
Maintenant chère femme voici ce que je laisse comme souvenir à mes enfants, chacun une montre à mes garçons, et chacun un rasoir, tu réclameras celui que Charles Abraham a en sa possession qu'il est à moi. Le petit mouchoir de pochette en tulle à ma fille. Ma belle pipe est pour Théodore et celle que j'ai en poche pour mon frère Adolphe.


Chère femme voici ma dernière demande que je te fais et j'espère que tu m'obéiras même en étant dans mon tombeau.
Je (... ... illisible ... pliure ...) te remarier car je pense qu'ils pourraient avoir un beau-père et qu'ils auraient de la misère, Tu auras du mal pour les élever pendant leur jeunesse et tu seras heureuse quand ils auront l'âge de travailler.


Enfin chère femme et chers enfants je vais mourir prenez courage. Je vous embrasse pour la dernière fois.
     Lefebvre Edouard

 

404t

 

 

    • La partie illisible à la pliure de la lettre pourrait être interprétée par "te demande de ne pas" au vu de ce qui suit.

       
    • Les deux lettres portent au verso un tampon du Tribunal de la Commandanture d'Etape n°113 (Gericht von Etappen Kommandantur Nr 113)  ainsi qu'une mention manuscrite en allemand.

 
 

7 février 2016

Les fusillés du valenciennois

 

     Même si l'expression "du valenciennois" peut paraître réductrice, ils ont tous un lien avec notre ville : la plaque du monument aux morts de Valenciennes qui les recense ne cite que les noms, en voici les détails avec, sous leur nom, un lien vers la page qui leur est consacrée.

 

 

 

 

DELBECQUE Augustin Curé de Maing (Nord).  Né à Lillers (Pas-de-Calais) le 02/11/1868.     Fusillé à Valenciennes au Faubourg de Paris le 17/09/1914 pour espionnage en revenant de Dunkerque
 
CAZER Hérasse  Verrier à Aniche (Nord)  Né à Aniche (Nord)  le 01/03/1855.     Fusillé à Valenciennes près du cimetière St Jean le 25/09/1914 accusé d'avoir tiré sur des soldats allemands
 
LEGEL Léon  "de Lourches"       Fusillé à Valenciennes près du cimetière St Jean le 25/09/1914 accusé d'avoir tiré sur des soldats allemands
 
CANONNE Alfred  Cultivateur, domicilié à Ors, rue de Landrecies (Nord).  Né à Honnechy (Nord) le 15/05/1856.      Fusillé à Valenciennes au Rôleur le 16/10/1917, pour avoir tenté de faire parvenir des nouvelles, par pigeon voyageur, aux troupes françaises.
 
COTTEAU Edmond  Menuisier à Ors (Nord).  Né à Honnechy (Nord) le 03/03/1884.     Fusillé à Valenciennes au Rôleur le 16/10/1917, pour avoir tenté de faire parvenir des nouvelles, par pigeon voyageur, aux troupes françaises.
 
HERBAUX Victor Meunier, domicilié à Valenciennes, faubourg de Paris, Chemin Latéral.  Né à Lille le 07/01/1882.      Fusillé au Rôleur à Valenciennes le 16/10/1917 pour avoir atterri par moyen d'un ballon libre derrière nos lignes, dans l'intention de faire de l'espionnage.
 
LEGRAND Henri Instituteur, évacué ;
en exercice à l'Ecole primaire supérieure de Valenciennes.
 Né à Quesnoy-s-Deule (Nord) le 07/02/1885.     Fusillé au Rôleur à Valenciennes le 23/02/1918 à 7 h 15 du matin, pour espionnage par pigeon voyageur.
 
BEAUVOIS Nicolas Tisserand, demeurant à Rieux (Nord).  Né à Rieux en Cambrésis (Nord) le 04/06/1854.     Fusillé au Rôleur à Valenciennes le 23/02/1918 à 7 h 15 du matin, pour espionnage par pigeon voyageur.
 
THUILLIEZ Pierre Employé communal, demeurant à Rieux (Nord).  Né à Carnières (Nord) le 01/11/1870.     Fusillé au Rôleur à Valenciennes le 23/02/1918 à 7 h 15 du matin, pour espionnage par pigeon voyageur.
 
MOHR Jules Inspecteur d'assurances à Valenciennes.  Né à Ham (Somme) le 06/12/1858.

    Fusillé au "Tir National" à Bruxelles (B) le 19/04/1916 pour espionnage.
 

GRESSIER Emile Cantonnier-chef à St-Amand-les-Eaux (Nord).  Né à Sars-et-Rosières (Nord) le 13/07/1860.     Fusillé au "Tir National" à Bruxelles (B) le 19/04/1916 pour espionnage.
 
PAGNIEN Alfred Ingénieur, résidant à Valenciennes.  Né à Valenciennes le 28/06/1878.     Fusillé à Gand (B) le 23/03/1918 pour espionnage.
       

 

     Comme on pourra le constater à la lecture de chacune des pages qui leur est consacrée, il n'ont pas été les seuls à être fusillés. Français, Belges ou Britanniques, certains avaient simplement "tenté" de servir leur pays, d'autres avaient mis au point de véritables réseaux d'espionnage, le plus souvent en liaison avec les services britanniques, ou des filières d'évasion vers les Pays-Bas.

        De nombreux noms dont j'ai traité le cas figurent aux monuments de Condé-sur-l'Escaut, Estreux ou St-Amand-les-Eaux par exemple : voir le sommaire.

 

      Les archives royales de Belgique signalent avec les fusillés dont elles rappellent la liste deux civils qui ont été condamnées à de lourdes peines de prison pour espionnage ou aide au passage de la frontière :

condamnés

DREYFUS Léon et LIENARD Albert : 10 ans de travaux forcés.

 

 

 

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