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Les civils du Valenciennois dans la Grande Guerre 1914-1918
12 décembre 2020

66e RI allemand au sud de Valenciennes : octobre 1918

  Le 3e régiment d'infanterie de Magdebourg portant le n° 66 (3. Magdeburgisches Infanterie-Regiment) se retire peu à peu, en menant des combats sporadiques pour une retraite "honorable", qui le conduira comme les autres à se considérer invaincu le jour de l'armistice (il est alors déjà en Belgique).
Je transcris après traduction (en bleu ci-dessous) la période qui suit les combats de septembre à Marcoing, au sud de Cambrai, et qui va du 1/10/1918 jusqu'à son arrivée - pour Noël - à Magdebourg.

 

Gesamtlage

 

Combats de retraite jusqu'à l'Armistice.
(du 1er octobre au 10 novembre 1918.)

Situation générale : Au cours du mois d'octobre, de terribles combats ont eu lieu sur tout le front. De grands succès partiels de l'ennemi obligent à des retraites répétées, qui doivent aboutir à l'occupation de la position Anvers-Meuse.

1er octobre : au matin, les restes du régiment sont relevés par le 7e R.I. bavarois. Ils marchent vers Carnières (à l'est de Cambrai), déjà sous le feu de l'artillerie lourde, où ils se retranchent pour défendre la ville. Le commandement est assuré par le capitaine Rieger, qui remplace le commandant en chef du régiment, congédié..
2 octobre : Marche vers le nord jusqu'à Douchy (sud-ouest de Valenciennes), où sont pris les logements. Un petit transport de remplacement en provenance de Magdebourg arrive dans l'après-midi.
3 octobre : poursuite de la marche vers Wavrechain [-sous-Faulx] (à l'ouest de Bouchain), où le repos est pris. Le soir, le régiment prend position au sud de Masnières, sur le fond marécageux du canal, envahi de nombreux petits bassins et mares.
4 octobre : Assez calme le jour, la nuit, incendies inquiétants, surtout sur les ponts du canal.
5 octobre : le matin, relevés par un détachement de tireurs d'élite armés de mitrailleuses, ils marchent vers Hornaing (nord-ouest de Denain), où ils sont logés. Des parties du ler bataillon et de la compagnie de mitrailleuses sont à Helesmes.

01
de Carnières à Hornaing


6 octobre : l'alerte est ordonnée. 260 remplaçants arrivent.
7 octobre : Départ en camion en direction de Douai. Les états-majors des bataillons II et III prennent leurs quartiers à Dorignies (nord de Douai), le Ier à Pont de la Deule. Toujours dans la nuit, les bataillons II et III.sont avancés sur le remblai de la voie ferrée à Quiery la Motte.
8 octobre : dans l'après-midi, les bataillons partent en relève sur la ligne de front. Sur ordre contraire, ils rentrent dans leurs quartiers.
9 octobre : 6 heures. Marche via Somain jusqu'à Hornaing, puis de nouveaux ordres jusqu'à Abscon (ouest du Denain), où nous occupons des quartiers précaires et exigus.
10 octobre : repos.
11 octobre : Dans l'après-midi, marche vers Noyelles [-sur-Selle ](au sud du Denain).
12 octobre : dans la matinée, les Ier et IIIe bataillons occupent la position avancée à l'est du Lieu-Saint-Amand, le bataillon n°II comme bataillon de réserve dans un creux à l'ouest de Noyelles. À l'approche de 9 heures, les pertes sont considérables en raison d'un coup direct.
A 13 heures, l'ennemi réussit à repousser les avant-postes après un feu d'artillerie intense. Vers le soir, l'ennemi est à nouveau repoussé. Un transport de remplacement (237 hommes) transféré au régiment est constitué en compagnies à Prouvy (sud-ouest de Valenciennes).
13 octobre : Une forte attaque est facilement repoussée car la ligne de front n'est pas incluse par le feu préparatoire ennemi. Noyelles est évacuée en raison de lourds bombardements.
14 octobre : les patrouilles constatent que l'ennemi a subi de lourdes pertes lors de l'attaque d'hier et qu'il a reculé sa position. Dans la soirée, le IIIe bataillon est soulagé par IIe. Lourds tirs nocturnes déstabilisants, surtout sur la zone arrière.
15-18 octobre : plusieurs avancées de patrouilles ennemies sont repoussées ; à 18 heures, dans le brouillard, un capitaine anglais est capturé.
19 octobre : à minuit, laissant derrière lui un détachement de protection, la position est évacuée. Le personnel et le IIIe bataillon déménagent à Rouvigny, le II à Prouvy, le I à Hurtebise-Ferme (sud-ouest de Valenciennes). L'ennemi pousse jusqu'à Denain.
20 octobre : à 12 heures, marche nocturne à travers la partie sud de Valenciennes jusqu'à Sebourg (sud-est de Valenciennes), où nous occupons des quartiers très modestes. Les remplacements - dont certains sont assez réduits - sont répartis entre les bataillons.
21-22 octobre : repos.

02
de Hornaing à Bermerain


23 octobre : Tôt le matin, l'alarme est sonnée et la marche vers Jenlain. En quelques heures seulement, ils ont marché jusqu'à Villers-Pol (au nord de Le Quesnoy). À 20 heures, le régiment repart vers un relais à la ferme Mortry (sur la voie ferrée le Quesnoy-Valenciennes). Tard dans la soirée, le régiment reçoit l'ordre de prendre Bermerain, occupé par l'ennemi, avec le 36e régiment de fusiliers. La situation n'étant pas claire et sur un terrain totalement inconnu, l'attaque a complètement échoué, car elle a également coïncidé avec une attaque anglaise. Une grande partie des IIe et IIIe bataillons est envahie et capturée par l'ennemi. Les restes des deux bataillons forment une nouvelle ligne avec le Ier au niveau du talus de la voie ferrée près de la Ferme Mortry.

Mortry Ferme b


24 octobre : le régiment est retiré sur la ligne Villers-Pol–Orsinval. le Ier bataillon et les restes du IIe en première ligne, les restes du IIIe en attente à Orsinval. L'ensemble du régiment dispose encore d'un effectif d'environ 200 fusils.
25 octobre : Généralement calme. A 10h avance jusqu’à à la Ferme de la Folie.

La Folie Ferme


26-30 octobre : activité d'artillerie lourde des deux côtés. Fréquents affrontements de patrouilles.
31 octobre : après avoir été relevé, le régiment s'installe dans la région de Jolimetz (sud-est du Quesnoy) et prend ses quartiers dans le village et les environs. Le régiment était la force d'intervention de la 4e Division d’infanterie. Il reconnaissait les voies d'approche dans un terrain très confus, sillonné de haies.


Du 1er au 3 novembre : calme. Le major Schrader reprend le commandement du régiment. Chefs de bataillons : I :Lieutenant de réserve Baldamus, II : Capitaine Rieger, III : Lieutenant de réserve Kühne.
4 novembre : 6h30. Un brusque tir roulant d’artillerie prépare une nouvelle attaque ennemie majeure. Comme toutes les communications vers le front sont interrompues, les IIe et IIIe bataillons occupent indépendamment l'abri d'artillerie situé à l'ouest de Jolimetz. Au nord du village, cependant, l’ennemi déjà très avancé, coupe complètement les compagnies déployées et trop peu nombreuses, de sorte que la majorité des officiers et des engagés sont faits prisonniers. Le Ier bataillon prend position à l'extrémité ouest du Rond Quesne (est de Jolimetz). L'artillerie ennemie et un grand nombre d'aviateurs bombardent chaque mouvement. Vers midi, le bataillon se retire sur ordre. Plusieurs tentatives de redéploiement sont faites en vain. Après une marche fatigante sous la pluie et dans l'obscurité, une halte est finalement faite à Obies (sud de Bavay). Le régiment entier ne compte plus qu'une soixantaine de soldats complètement épuisés et inaptes au combat. Le lieutenant Menkel remplace le commandant du régiment, qui est de nouveau malade.
5 novembre : grâce à l'arrivée des troupes dispersées, la force de combat atteint à nouveau 150 hommes. Dorénavant le contact est établi avec l'ennemi. Après la tombée de la nuit, la ligne est déplacée vers l'arrière. Le régiment prend ses quartiers comme réserve de brigade à Audiglies les Fermes (sud-ouest de Bavay) [Audignies ? au sud-est].
6 novembre : sous une pluie battante, changement de quartiers à La Longeville (sur la route Bavay-Maubeuge), de là à La Berlière plus tard dans la soirée. Le commandant du régiment est le capitaine von Sternfeld.
7 novembre : 8 heures. Marche vers le nord via Aulnois (Belgique) jusqu'à Blaregnies, où le train du régiment rejoint celui-ci.
Marche vers Quevy le Grand. Logement très pauvre et exigu, bivouac partiel malgré le froid et la pluie.
8 novembre : marche vers La Louverie (sic) [La Louvière] (ligne de chemin de fer de Mons-Vivelles (sic) [Nivelles]), où le régiment restera en tant que réserve de l'armée. Très mauvais endroit pour stationner.
9 novembre : Jour de repos par beau temps.
10 novembre : poursuite de la marche vers l'ouest jusqu'à Gouy-les-Pieton.

Bermerain-Armistice
de Bermerain à Gentinnes (Armistice)



Armistice et retour à la maison.
(du 11 novembre au 24 décembre 1918.)


 Situation générale : les négociations d'armistice commencent le 7 novembre, en même temps que des émeutes dans les garnisons navales, à Hambourg et à Munich. Le 9 novembre, la République est proclamée. L'empereur allemand se rend en Hollande. Le 11 novembre, à midi, [heure allemande] l'armistice entre en vigueur, après quoi l'armée occidentale allemande commence la marche derrière le Rhin.

11 novembre : marche vers Gentinnes (à l’ouest ligne ferroviaire Bruxelles-Namur). Le jour où le régiment traverse le site de la bataille de Waterloo, les nouvelles de l'armistice arrivent [NdT : celui-ci est à 20km plus au nord de la route Gouy-Gentinnes !] ! Ce n'est pas la faute du 66e si la guerre a connu une fin aussi ignominieuse !
2 novembre : le major Rebentisch, jusqu'alors commandant du génie de la division, prend le commandement du régiment. Marche supplémentaire vers Éghezée (au nord de Namur sur la voie ferrée vers Tirlemont).
13 au 18 novembre : jours de repos. Le 13, le commandant de la division exprime sa reconnaissance au régiment pour son attitude jusqu'à présent. De vilaines émeutes, comme dans beaucoup d'autres détachements, n'ont pas eu lieu avec le régiment pendant cette période d'excitation générale provoquée par les bouleversements. Conformément à l'ordre du Commandement suprême de l'Armée de terre un conseil de sécurité est élu (entre autres le sergent Lagemann et le sergent adjoint Kläring), qui s'efforce d'effectuer un travail objectif et calme en soutien aux officiers. Le comportement révolutionnaire bruyant des troupes de campagne qui se trouvent au même endroit n'a aucune influence sur les hommes du régiment.

19 novembre : marche sur Bierwart. Les véhicules du régiment sont richement décorés de drapeaux noir-blanc-rouge.
20 novembre : marche via Huy jusqu'à Ampsin sur la Meuse.
21 novembre : marche à travers la montagne jusqu'à St. Severin.
22 novembre : jour de repos.
23 novembre : nouvelle marche vers Sendrogne et Blindef (sud-est de Liège).
24 novembre : poursuite de la marche via Verviers jusqu'à Charneux (sud-est de Verviers).

Armistice-Cologne
de Gentinnes à Cologne


Du 25 novembre au 24 décembre : la frontière allemande est franchie à Michelhütte (sic) [non localisé]. L'espoir d'être bientôt transporté par chemin de fer [probablement depuis Herbesthal] jusqu'à la garnison n'est pas réalisé. Le régiment devra marcher à pied jusqu'à Magdebourg. Après 30 jours, dont 8 jours de repos, les 540 km de distance sont parcourus, bien que l'usure des chaussures compromette la capacité de marche des troupes.
L'itinéraire passe par Cologne, où le régiment est en service de police 24 heures sur 24, le champ de tir de Wahn, Neustadt, Attendorn, Meschede, au nord de Warburg, Einheit, Gandersheim, au nord des montagnes du Harz, via Jerxheim, Seehausen jusqu'à Magdeburg. L'accueil par la population est partout très chaleureux, les quartiers, cependant, sont souvent assez exigus. Au cours de la marche de retour, le licenciement des officiers et des engagés est commencé. 13 décembre : le Lt Eichblatt et 120 hommes (plus tard le 9ème/Landesjägerkorps [corps franc de chasseurs]) se présentent pour la formation d'une unité de volontaires.

24 décembre : de Gross et Klein Ottersleben, le régiment (fort de 6 officiers et 121 hommes) arrive à son ancienne garnison. La marche en musique et au son des cloches ressemble à une procession triomphale. À la sortie sud de Sudenburg, le commandant du bataillon de remplacement, à la Hasselbachplatz, des représentants de la Croix-Rouge, et à la Schroteplatz, les chefs des autorités accueillent les troupes. La participation des habitants à l'accueil est énorme.

___________


 Le lendemain, le démantèlement du régiment de campagne commence. Avec le licenciement des derniers fidèles, le 3e régiment d'infanterie de Magdebourg n° 66 a cessé d'exister en tant que troupe. Un petit nombre d'officiers, de fonctionnaires et de sous-officiers ont eu pour tâche de liquider le régiment, tâche fastidieuse et peu appréciée des fossoyeurs, d'enfermer dans des listes et des dossiers la vie jadis si étincelante d'une fière communauté : les dossiers du régiment reposent aujourd'hui dans la division de Magdebourg des archives du Reich, et même son nom appartient au passé.


Pendant la guerre 1914-1918, de notre régiment sont tombés
104 officiers
2592 sous-officiers et hommes de troupe





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