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Les civils du Valenciennois dans la Grande Guerre 1914-1918
3 juillet 2014

Canadiens en ville : 2 Novembre 1918

   Le 2 Novembre 1918, avec l'entrée du Corps Expéditionnaire Canadien s'achevait la libération de Valenciennes, après 1531 jours d'occupation, du 24 Août 1914 au 2 Novembre 1918.
          Les photos proviennent de la Bibliothèque Archives du Canada dont les légendes sont en italique, auxquelles j'ai adjoint détails et commentaires.

 

11/1918     o.3538

"View of Valenciennes from the air."
Vue aérienne de Valenciennes
 

a003469-v8

 

     Cette vue du centre ville a été prise depuis le clocher de l'église St Géry (et non d'un avion) ; elle montre une partie de Valenciennes qui va disparaître dans le grand incendie de Mai 1940 :

  • Au centre le toit et le campanile de la mairie, ce dernier tombera dans cet incendie avec la quasi totalité du bâtiment -sauf la façade- et ne sera pas remis en place. Subsistent les statues par Henri Lemaire :

frontonkc    campanile

à gauche l'Escaut qui reçoit un obus le 2 novembre
et tombe en partie sur le parvis de la mairie :
à droite la Rhonelle entourant
la statue de Valenciennes défendant la Patrie par Carpeaux.

P1180215

  • Un drapeau est accroché au campanile, il semble bien que ce soit le drapeau français (voir plus bas), le drapeau allemand a été décroché par des officiers d'artillerie canadienne.
  • A gauche de la mairie apparaissent dans la fumée les toits caractéristiques (en dents de scie) des maisons dites "espagnoles" à pans de bois. Elles seront démolies en 1924 et 1930 pour laisser place à des immeubles qui existent toujours à coté de celui qui a également résisté en 1940

    toits esp


    coinplArmes

coin PA

 

 Revenons à la vue du centre ville :

  • En biais à droite de la photo l'alignement des maisons de la rue des Récollets, dont la partie proche de St Géry subsiste.

    récollets

  • Au fond à droite la silhouette de la basilique Notre-Dame du St Cordon.

    StC

  • Au fond à gauche les toits du musée des Beaux-Arts.

    Musée

  • A noter sur les toits les concentrateurs du réseau téléphonique

concentrateur

 

 


 

"French civilians talking to Canadians in Valenciennes". November, 1918. 
Civils Français parlant à des Canadiens à Valenciennes

 

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     La photo a été prise du haut de la rue de Hesques, qui dans sa partie gauche n'a pas changé, le bas du coté droit, après le "Mont-de-Piété" datant de 1625, a été victime de l'incendie de mai 1940. Au fond la basilique Notre-Dame du St-Cordon, le tout rephotographié en Juillet 2014 :

3539T&N

 


 

"Cathedral at Valenciennes."

 

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    L'abside de la basilique N-D du St Cordon a subit quelques dégâts (ce n'est pas une cathédrale, l'évêché est à Cambrai)

     A noter que le clocher a été le lieu de visites touristiques de la part des soldats Canadiens qui passaient à Valenciennes et qui y ont laissé de nombreux graffitis. Ceux-ci ont dormi paisiblement jusqu'à la rénovation du clocher et n'ont pas été préservés, mais un relevé en a été fait par le Comité de Sauvegarde du Patrimoine Valenciennois

 


 

"The Hotel de Ville, Valenciennes. "

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     Une belle vue de la place d'Armes, (avec ses maisons dites "espagnoles" voir ci-dessus) au plus tard le 2 Novembre 1918 : la guérite allemande est renversée, peut-être par les débris de la statue de l'Escaut qui vient de recevoir un obus et la pancarte "Kommandantur est toujours accrochée au dessus de la première porte en arcade (voir sur cette autre page)

Le fronton de la mairie, où flotte le drapeau français, a perdu la statue de gauche :

campanile

 


 

"Civilians in Valenciennes cheer a Canadian ammunition column passing through the town". November, 1918
Civils acclamant une colonne canadienne de munitions passant par la ville

 

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     La scène se passe au débouché de la rue de Paris sur la place d'Armes, coin aussi célèbre que la Mercerie " Au coin de Rue" qui a subsisté jusqu'aux années 70. Les drapeaux sont nombreux, France, Commonwealth, États-Unis,  Italie (Armes du roi), etc., difficiles à deviner.
On le voit à peine, mais l'immeuble du "Coin de rue" a été touché au 2nd étage donnant sur la grand'place par un obus dont l'ouverture d'entrée est visible. On le distingue mieux sur cette photo, la "Taverne Lorraine" voisine  a également été endommagée :

Coin rue de Paris et place Armes

    Les panneaux indicateurs sont toujours en allemand, et un Wechselstube -Bureau de change- côtoie la Taverne Lorraine, à l'étage de celle-ci on distingue un opérateur de prise de vues avec caméra sur trépied, et l'on aperçoit un officier en képi : suivent-ils la progression de l'armée britannique ou préparent-ils la visite du Président de la République (Raymond Poincaré) le 10 ? Les vestiges trop visibles de l'occupant auront alors disparu. Le 7 pour la Victory parade des troupes Britanniques dont Canadiennes ?

 

opérateurPV

 

     L'entrée de la rue de Paris disparaîtra dans l'incendie du centre ville de Mai 1940, et la maison, en bois à droite, à l'entrée de la rue St-Géry ne résistera pas aux flammes :

la rue de paris

VALENCIENNES - Rue de Paris, angle de la Place d´Armes 1940

Ruedeparis

 

 


 

"Civilians driving to their homes through flooded streets of Valenciennes on a Canadian car." November, 1918. 
Civils conduits à leurs maisons à travers les rues inondées de Valenciennes dans une voiture canadienne.

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      Parmi les défenses passives, on retrouve comme dans les nombreux sièges de Valenciennes qui ont précédé, la volonté de l'occupant de gêner et ralentir les assaillants par l'inondation d'un certain nombre de terrains avoisinants, inondations qui se sont étendues dans la cité.

      J'ai choisi pour commencer ce message la photographie de civils qu'un soldat Canadien  transporte en automobile, pour les faire probablement traverser "à pied sec" et pour leur plus grande joie. La chance, puisque la seconde guerre - notamment l'incendie de  mai 1940 - et des plans successifs d'urbanisations de la ville ont effacé beaucoup de traces de cette époque, la chance a voulu que le carrefour où se tenait l'Excelsior Bar de Mme Lambour existe encore, ce qui m'a permis de réinsérer l'équipage dans le carrefour moderne aux maisons restaurées :

Excelsior Bar T&N

             Les Valenciennois d'aujourd'hui reconnaîtront certainement le carrefour ... qui se situait à l'origine au croisement des rues St Jacques et du Rempart ; si le tracé de la seconde est inchangé, la première a été amputée de plus de la moitié pour donner place à l'avenue Clemenceau, c'est donc au coin de cette avenue et de la rue du Rempart que se situe l'actuel immeuble. Reste le début de la rue St Jacques sur le tracé original, entre rue de Paris et l'avenue où repasse désormais le tramway.

 


 

"A little French girl walking hand in hand with two Canadians through flooded streets of Valenciennes." November, 1918.
Une petite fille Française marche main dans la main avec deux Canadiens à travers les rues inondées de Valenciennes

 

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     Les eaux commencent à se retirer et il est plus facile d'emprunter la rue du Rempart (photographiée ici au niveau du carrefour avec la rue St-Jacques d'alors, voir ci-dessus) dont les premières maisons n'ont pas beaucoup changé :

Ruedurempart

 

 


 

"A Canadian Signaller repairing a wire in a street flooded by the enemy before he left Valenciennes." November, 1918. 
Un soldat Canadien des transmissions répare un fil [téléphonique] dans une rue inondée par l'ennemi avant de quitter Valenciennes.

 

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     Reste à découvrir l'endroit où cette photo a été prise, peut-être non loin des précédentes...

     Devant le soldat un panneau indique un abri où réfugier 15 personnes en cas de bombardement aérien (abri qui se trouve de fait inondé)

abri
Fliegerdeckung für 15 Personen

      L'inscription est répétée sur le mur de la maison : il en existe encore une à Valenciennes, dans une autre rue :

P1150783

 


 

"A German machine gunner who fired his gun until killed by a Canadian sniper in Valenciennes." November, 1918. 
Un mitrailleur Allemand qui utilisait son arme jusqu'à ce qu'il soit tué par un tireur d'élite Canadien.

 

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    La scène a été photographiée place de la gare, en regardant l'angle des rue Tholozé  à gauche et de l'avenue du sénateur Girard (avenue Ferrand à l'époque)

Place de la gare - Avenue Ferrand et rue Tholosé

Pl Gare

     L'immeuble a été rebâti dans le style d'après 45, alors qu'il avait été reconstruit à l'identique après les dommages causés notamment par les explosions qui ont ruiné la gare au départ des Allemands.

 

a003454-v8

Le photographe avait fait un plan plus resserré de ce mitrailleur dont le cadavre ne semble gêner personne, pas plus civils que militaires ; une bâche - qui ne masque pas le visage- a été placée sur son corps. Près de lui sa mitrailleuse mg 08-15, calibre 7,92mm,  bande à peine engagée puisqu'on distingue la tirette d'engagement :

MG


tirette

     La scène peut sembler crue, mais mon père -12 ans à la libération- racontait que lui et ses 3 frères s'étaient habitués très vite aux cadavres allemands notamment place de ol'église du Faubourg de Paris. Ils avaient même été filmés par un cameraman, et affirmaient s'être vus "aux actualités". J'ai retrouvé l'extrait à l'Imperial War Museum qui m'en a communiqué copie et qui est maintenant disponible ICI dans une meilleure qualité sur le site deutsches filminstitut. 2 secondes à 8'08.

 

   J'en ai extrait une photo, mon père au premier plan du groupe avec une casquette, son frère ainé derrière le groupe à droite :

pourblogb

 

 


 

"Red Cross lorries unloading supplies for refugees in Valenciennes."
Des camions de la croix-Rouge déchargent des vivres pour les réfugiés de Valenciennes.

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   L'antenne de la Croix-Rouge est située Boulevard Pater, précisément au n°4, à la façade reconnaissable de nos jours :

Pater

    La rangée de maisons n'étant pas complètement bâtie en 1918, on aperçoit à gauche la silhouette du château d'eau de Valenciennes, qui n'a pas encore été rehaussé. Élevé en 1908, il verra sa capacité augment de 1000 mètres cubes en 1962 par adjonction d'un nouveau réservoir au-dessus de celui que l'on aperçoit.

La maison possédait un abri anti-aérien "Flieger Deckung" (probablement une cave solide) que surmonte désormais la pancarte "Canadian Red Cross"

RedCross

     A la maison voisine flottent deux drapeaux, un français et un américain improvisé auquel il semble manquer des étoiles :

drapeaux

 


 

 

"The Conde road near Valenciennes."
La route de Condé près de Valenciennes

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     Le soldat sur la droite (le photographe ? boite de plaques au coté ?) se tient devant l'entrée d'un abri anti-aérien pour 20 personnes "Flegerdeckung für 20 Personen" creusé en direction probablement d'une cave solide.

abri2

     Est-ce par précaution ? Il semble regarder vers Valenciennes, tournant le dos à Condé à une douzaine de kms, et se tient aux environs de l'actuel n° 180, rue Jean-Jaurès à Anzin. On distingue à gauche au fond l'église Ste Croix :

perspective Ste Croix vers #180

 


 

3545 a003476-v8

Cette photo nous replace devant la mairie,
avec la guérite culbutée par les débris de la statue de l'Escaut,
et un véhicule conduit par des soldats Français.
Aucune autre information à ce jour.


 

     Dans cette même série, on trouve quelques photos qui nous éloignent un peu de la ville, mais qui sont caractéristiques de la situation début Novembre :

  •  Une colonne de prisonniers

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  •  Des prises de guerre destinées au Musée Canadien de la Guerre

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  • Deux soldats et un panneau devant la gare de Mons, atteinte le 11/11, et où de plus en plus de villes sont barrées comme  inaccessibles :

3714 a003735-v8

 


 

Pour conclure , une affiche qui figure dans les collections du Canadian War Museum :

special town order
"Tenue et comportement corrects exigés !"

 

 

 

 

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