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Les civils du Valenciennois dans la Grande Guerre 1914-1918

11 septembre 2012

Le Testament de Guillaume

 

Extraits du livre de René Delame : "Valenciennes Occupation allemande 1914-1918. Faits de guerre et souvenirs" Hollande & Fils ed. 1933

 

Un document bien encombrant

 

27 Aout 1914 : La découverte.

            Le commandant Kintzel étant venu prendre le gouvernement de la ville, commença naturellement par une visite à notre édifice communal. Me trouvant en ce moment sur le seuil de la Mairie, il me pria de l'accompagner.
Notre pauvre Hôtel de Ville, si propre il y a quelques jours, ressemblait à une véritable écurie. Les marches des escaliers disparaissaient sous la paille et les immondices. Il fallait chercher un endroit pour poser le pied. Le commandant entra dans une grande colère en voyant les meubles éventrés ou renversés, le coffre-fort brisé, les débris de papier et les immondices de toutes espèces couvrant le parquet.
           En descendant, il se calma et me fit des excuses pour la façon dont s'étaient comportés les soldats.
Il me pria d'aller chercher le Maire, M. Tauchon. Il lui renouvela ses excuses, lui ordonnant de faire nettoyer la Mairie, et d'en reprendre possession. C'est à la suite de cette première entrevue que les Allemands trouvèrent, dans le bureau de police, de nombreux exemplaires du pamphlet, alors fameux, ayant pour titre: « Le Testament de Guillaume », que vendait un camelot le 14 juillet dernier, bien qu'il ne fût nullement question de guerre à cette époque, et qui avait été saisi. En tout cas, lors de ma visite au bureau de police, dans la nuit du 24 au 25 août, je n'avais pas remarqué ce paquet déposé dans un coin.


Ce Testament valut à la Ville une amende d'un million.

Voici le pamphet dont il est question :

TdG

 

Il en existe une version anglaise, sous le nom de "The Kaiser's Despair" ( Le désespoir du Kayser) au Canadian War Museum :

KD

 

 31 août 1914 : L'amende.

Le Conseil municipal se trouvait réuni dans son nouveau local provisoire, quand un officier demanda à parler au Maire.
Il fut aussitôt introduit, et déclara être délégué par le corps des officiers qui était gravement offensé par la découverte d'un imprimé injurieux pour leur empereur. Il adressa de vifs reproches à M. le Maire, puis il y eut un échange d'explications pénibles entre cet officier et les conseillers qui essayèrent de lui faire comprendre qu'il s'agissait d'un factum ridicule apporté par un camelot étranger à la ville, avant l'occupation.
M. le Maire ajouta que, bien loin d'en avoir favorisé la publication, il en avait ordonné la saisie pour en empêcher la vente. Il précisa même en disant aux personnes qui, à ce moment voulaient la libération du camelot : « S'il est du devoir de chacun de combattre un ennemi, il n'est jamais permis de l'outrager! » L'officier se retira en prononçant ces paroles: « Très honorable M. le Maire, je vais continuer mon enquête sur ces données nouvelles ».


Puis, quelques instants après, survint le Colonel Kintzel, et le dialogue suivant s'engagea entre le Maire et lui :


LE LIEUTENANT-COLONEL KINTZEL. - Comme vous l'avez pu voir lorsque je suis entré, j'ai la figure décomposée, car j'ai passé une mauvaise nuit. J'ai pensé sans cesse à vous, et je suis fort désolé. Il s'est passé un fait épouvantable. On a trouvé ce papier dans vos bureaux. C'est une insulte terrible contre notre empereur. Vous savez toute l'affection, tout le culte que nous avons pour le Kaiser, et c'est un cri unanime chez nous qu'il faut en tirer vengeance.
M. LE MAIRE. - Je connais ce factum, j'en ai défendu la vente et j'ai fait saisir tout ce qu'il y avait. Ce que je vous dis est vrai, je vous donne ma parole d'honneur. Je n'ai jamais menti et ne pourrais le faire, même pour sauver ma vie.
LE LIEUTENANT-COLONEL. - Je ne crois pas cela, car vous êtes de race latine, et vous savez mentir sans que cela se voie sur votre visage : Nous autres, Allemands, si nous mentions, on le verrait dans nos yeux.
M. LE MAIRE. - Je vous affirme sur le ruban que je porte à ma boutonnière que j'ai défendu la vente de ce factum. J'ai même répondu à ceux qui sollicitaient la levée de cette interdiction que l'on devait combattre des ennemis, mais non les insulter.
LE LIEUTENANT-COLONEL. -- Mais vous faites une guerre horrible. En Belgique, les soldats coupent le cou de nos blessés dans les hôpitaux; il en est de même de la Croix-Rouge, où on leur crève les yeux. Et voyez du reste cette cartouche, c'est une cartouche «dum-dum » (*). qui fait des plaies atroces, et votre armée se sert de ces armes, qu'on n'emploierait même pas contre des sauvages.
M. LE MAIRE. - Je vous affirme, Colonel, que la France ne se sert pas de ces cartouches. Notre nation est trop fière, trop honnête, trop civilisée pour les employer. Je ne crois pas aux atrocités dont vous nous parlez en Belgique; du reste, Si vous avez résolu de me fusiller, je suis prêt!
LE LIEUTENANT-COLONEL. - Non, j'ai eu avec vous des rapports très corrects, et j'ai pu obtenir de notre corps d'officiers que l'on se borne pour le moment à exiger de la Ville la somme de un million.
M. LE MAIRE. - C'est une somme énorme que l'on ne pourra pas trouver dans la Ville; vous n'ignorez pas que toutes les banques ont versé à la Banque de France toutes les sommes dont elles disposaient, et que la Banque de France a transporté au loin son encaisse. C'est seulement à Paris que l'on pourrait trouver cette somme.
LE LIEUTENANT-COLONEL. - Je vous donnerai alors un sauf-conduit pour aller la chercher à Paris.

A la suite de cet entretien, une délégation fut immédiatement désignée par le Conseil municipal pour se rendre à Paris.
Elle se composait de MM. Damien, P. Dupont fils, Turbot, Levrat, qui se mirent en route le 1er septembre 1914.

Mais la délégation ne put dépasser Cambrai, par ordre du général commandant du corps d'armée. A leur retour, le Maire les remercia.
« Ils avaient droit, dit-il, à toute la gratitude de leurs concitoyens. »

 (*)Le lieutenant-colonel utilise un fait de propagande maintes fois répété : l'occupant avait saisi des stocks de cartouches Lebel, dont les "modèles de stand"; la pointe de balle était creusée pour éviter les ricochets, ou son profil avait été modifié pour perdre en vélocité. On les retrouve fréquement dans les journaux allemands de l'époque, qualifiés de "dum-dum", contraires aux lois de la guerre :

DGK

DGKB

C'était peut-être une réponse de la propagande à la protestation Française contre les mêmes projectiles :

 

(l'Ouest-Eclair de Caen 17/08/1914)

 


 

Mardi 15 septembre : nouvelle tentative de financement.

Le Commandant Kintzel exigea de nouveau l'amende d'un million pour le fameux pamphlet sur Guillaume, sous peine de prise d'otages ou de représailles.
Il offrit à nouveau un sauf-conduit pour aller demander cette somme au gouvernement français.
Le Député Durre partait ce jour-là sans laissez-passer pour Paris, empruntant le tramway de Saint-Amand à Hellemmes.(1)
Chose extraordinaire, les Allemands avaient autorisé le tramway de Saint-Amand à Hellemmes à circuler, ce qui permit à bon nombre de jeunes gens de passer les lignes; mais ils le supprimèrent peu de temps après. Ayant seul l'autorisation de circuler en auto, le Conseil me délégua donc pour aller avec Durre à Lille, demander à M. le Préfet du Nord son appui afin d'éviter des représailles.

     Ayant passé les lignes allemandes je rejoignis M. Durre en route et le fis monter dans mon auto. Je lui remis comme cela était convenu le rapport qui nous était parvenu sur la chute de Maubeuge pour qu'il en donnât connaissance au gouvernement à Bordeaux. Nous fûmes surpris de passer aussi facilement les lignes des deux armées, ne rencontrant ni Français ni Allemands.


     En arrivant à Cysoing la population nous regardait avec effroi, je m'aperçus seulement alors que j'avais oublié d'enlever le drapeau blanc et le drapeau allemand qu'avait exigé le Commandant Kintzel pour traverser les lignes.
Lille était en fête pour l'arrivée des Anglais. Dès notre arrivée nous nous rendons directement à la Préfecture où M. Trépont nous reçoit. Après l'avoir mis au courant de la situation, M. Durre lui demande si nous pouvons compter sur la somme de 500.000 francs, pour sauver notre maire M. Tauchon.
Sa réponse ne se fit pas attendre, il refusait tout subside pour les Allemands, même s'ils devaient nous éviter les représailles.
 
     Ne pouvant rien obtenir, avant de le quitter, nous lui fîmes part de nos craintes, Lille devant bientôt avoir le même sort que Valenciennes. Nous lui conseillâmes de prendre ses dispositions pour faire partir les jeunes gens, les banques, les autos, etc...
Mais le préfet loin d'approuver ma manière de voir me dit:
«- Je vous défends de jeter la panique dans la population et de répandre ce bruit; dans 48 heures Valenciennes sera délivrée.
Je vais d'ailleurs faire démobiliser votre Sous-Préfet M. Cauwes pour qu'il reprenne son poste
«- Je souhaite que les circonstances vous donnent raison, lui répondis-je mais si vous aviez été témoin de l'invasion vous ne raisonneriez pas de la sorte

     Je laissai M. Durre avec le préfet et je rentrai à Valenciennes pour faire-part de ma réponse.
Naturellement le Commandant Kintzel n'en fut pas satisfait et dit à M. Tauchon de tenter une autre démarche à Lille auprès des banquiers.....

19140915


(1) Cette ligne tramways à vapeur - ayant plutôt le caractère d'un chemin de fer départemental- à été exploitée par les Chemins de fer Economiques du Nord entre St Amand-les-Eaux et Hellemmes-lez-Lille de 1891 à 1933, longue de 32km,  elle désservait :
la Gare de St Amand - Lecelles - Rumegies - Mouchin - Bachy - Cysoing - Bouvines - Sainghin - Lezennes - Hellemmes.

 

tramStA-H

 


 

Mercredi 16 septembre 1914 : conciliation ?

Deux notaires allemands remettent à la municipalité la convention suivante au sujet de cette fameuse amende de un million.

« Valenciennes le 15 septembre 1914

« La Ville de Valenciennes a été imposée le 31 août 1914 d'une contribution de guerre de un million de francs par M. le Lieutenant Colonel Kintzel, commandant des Etapes.
« Sur cette somme 500.000 francs ont été payés comptant.
« La Ville de Valenciennes s'oblige à payer le reste de cette contribution soit 500.000 francs en or ou en billets de la banque impériale d'Allemagne dans un délai de quatre mois après la cessation des hostilités et au plus tard dans un délai de quatre mois après la conclusion du traité de paix qui mettra fin à la guerre. Le paiement aura lieu au ministère de la guerre prussien à Berlin.
« La Ville de Valenciennes met toute sa fortune en garantie de la présente obligation.
« Le lieu du paiement est Berlin.
« A cette obligation est jointe une copie de la délibération du Conseil municipal de Valenciennes autorisant M. le Maire à la souscrire.

« Il n'est pas besoin d'une autre autorisation des autorités françaises pour donner toute validation à cette obligation.
« Signé :Kintzel-Billiet F. Damien ».


     Le Conseil félicita M. le Maire pour l'heureux résultat de ces négociations qui permettaient un paiement différé du solde de la rançon imposée à la Ville.


 

Lundi 28 septembre,  où l'on repasse la ligne :

      Je partis de nouveau à Lille avec M. Vergeot percepteur et M. Levrat caissier de la Banque de France, délégués par le conseil municipal. Il était 11 heures 1/2 du matin à l'issue de la réunion du Conseil municipal. quand nous quittâmes la Grand 'Place de Valenciennes.
Nous avions pris soin de mettre bien en règle tous nos saufs-conduits et de fixer de chaque côté de l'auto le fanion blanc et le fanion allemand exigés par l'autorité allemande  
Le passage des lignes ne fut pas aussi facile que la première fois; à Saint-Amand les troupes allemandes paraissaient agitées.
Le colonel nous arrêta sur la place et voulut absolument prendre l'auto. Nous lui montrâmes nos papiers qui étaient en règle et pendant qu'il s'entretenait avec M. Emile Davaine, nous partîmes ayant reçu son autorisation de continuer notre route. Mais nous étions bientôt arrêtés de nouveau par un premier poste, puis par un second à Lecelles où nous fûmes fouillés. Heureusement les 700 lettres des prisonniers de Maubeuge que j'avais cachées sous la voiture ne furent pas découvertes.
Enfin après bien des difficultés nous franchissons les lignes et apercevons la première sentinelle française, avec quelle émotion et quelle joie patriotique! Nous la faisons monter sur le marche-pied et arrivons dans un groupe de deux à trois cents hommes paisiblement assis sur le bord de la route. Ces malheureux ne se doutaient même pas qu'ils étaient si près de l'ennemi, quelle différence entre les deux avant postes.

     Plus loin, sur le talus du chemin de fer nous apercevons un sergent avec ses culottes rouges, nous lui faisons signe de descendre et prenons à part le capitaine en lui recommandant de se tenir sur ses gardes.
Nous sommes étonnés de voir si peu de troupes et comptons rencontrer à Tournai le reste du régiment.
Complète déception! Nous ne rencontrons aux portes de Tournai que deux gros gendarmes belges à la mine réjouie qui nous arrêtent et nous racontent qu'ils étaient à Ostende au moment de la découverte des espions allemands.
En traversant la Ville nous prenons pour tout déjeuner une tablette de chocolat et continuons notre route à toute vitesse.
En traversant Hellemmes, un cycliste, qui tenait sa droite, traverse juste au moment de notre passage. Sa machine roule sous l'auto et lui reste suspendu sur le capot, pendant vingt à vingt-cinq mètres. Nous le relevons, le transportons dans un estaminet, la foule arrive, et nous repartons après nous être assurés qu'il n'a rien. Pour être tout à fait rassurés nous faisons envoyer un médecin aussitôt notre arrivée à la Préfecture de Lille.

     A la Préfecture où M. Durre nous a rejoints, n'étant pas encore parti pour Paris, M. le Préfet Trépont nous reçoit et nous fait la même réponse. « Impossible, dit-il, de vous donner de l'argent pour les Allemands. » Puis il ajoute: « Voici d'ailleurs votre Sous-Préfet M. Cauwés, que j'ai fait démobiliser et qui bientôt va reprendre son poste ». Après lui avoir répondu qu'il était malheureusement dans l'erreur, nous le quittâmes pour commencer nos démarches chez les banquiers sans perdre une minute.
Nous allons directement au Crédit du Nord où le directeur fait ce qu'il peut pour nous aider à sauver notre maire. Avec lui nous allons chez M. Dubar président du conseil d'administration qui, après nous avoir écoutés avec bienveillance nous promet de réunir le conseil pour le lendemain à midi.
Pendant que M. Levrat va à la banque de France, je vais seul à la banque Verley-Decroix. M. Verley ne veut pas se rendre compte de la situation. Je lui explique qu'à Valenciennes son directeur a quitté la banque au moment de l'arrivée des Allemands emportant les titres et la comptabilité, et que les gendarmes ont pris possession de la banque, parlant même de faire sauter les coffres. Il serait donc préférable de mettre l'encaisse à l'abri en la prêtant à la Ville qui la lui rendrait après guerre. M. Verley fit alors venir son fondé de pouvoirs qui lui dit qu'il devait rester en caisse 75.000 francs, d'en remettre 70.000 à la Ville et de prendre le reste. Ne pouvant revenir à Valenciennes demander la signature du maire, ces messieurs me firent signer sur papier timbré la reconnaissance de cette somme sur ma fortune personnelle ce que je fis bien volontiers pour sauver la situation.
M. Vergeot de son côté fit d'autres démarches.

     Après une journée si fatigante, nous nous retrouvâmes à l'Hôtel de l'Europe où nous rencontrâmes Mlles Lepez, Regard et Auvray, qui toute trois se trouvant bloquées attendaient une accalmie pour rentrer à Valenciennes. Nous dînâmes ensemble et fûmes aussitôt entourés, surtout par des Anglais.
Puis, avant de monter dans nos chambres nous partageâmes l'argent : Levrat, 50.000; Vergeot, 100.000; moi, 50.000.
Le lendemain matin ces demoiselles pendant notre déjeuner se mettent à l'ouvrage pour coudre dans les cols de nos pardessus les 200.000 francs. Ce fut Melle Lepez qui s'occupa de moi.


Puis nous fîmes de notre côté une dernière démarche auprès des banquiers. M. Verley me remit les clés du coffre et me donna le chiffre. Nous nous arrêtâmes au Crédit du Nord, où ces Messieurs nous promirent un chèque de 100.000 francs sur Berlin.
M. le Préfet du Nord nous ayant bien recommandé de ne prendre aucun papier pour rentrer à Valenciennes, et éviter la saisie des 200.000 francs, nous fîmes au chauffeur la même recommandation.

     Nous quittâmes Lille à midi et demie et fîmes un grand détour en passant par Tournai, Condé, Vicq, Onnaing pensant éviter les avants postes pour rentrer. Le seul point dangereux était le passage à niveau d'Onnaing où nous dûmes descendre.
Le poste arriva immédiatement, nous entoura, sortit les coussins, visitant la voiture de fond en comble, nous regardions paisiblement sachant que les Allemands ne trouveraient rien.
Quelle ne fut pas notre stupéfaction en voyant sortir de la boite d'outils un paquet de lettres dissimulé dans les chiffons.
Aucun de nous n'ouvrit la bouche et nous nous éloignâmes laissant le chauffeur se débrouiller. Mais l'officier du poste vint à nous et pendant une heure nous questionna, examina nos papiers et finalement nous laissa passer. Nous poussâmes un soupir de soulagement et rentrâmes à Valenciennes sans échanger une parole.

19140928

Puis, nous rendîmes compte à M. le Maire de notre mission.
En résumé les établissements financiers de Lille avaient prêtés à la Ville de Valenciennes pour le paiement de sa rançon:

Crédit Lyonnais :   50.000 francs;
Société Générale : 100.000 francs;
Verley-Decroix :   70.000 francs;
Crédit du Nord : 100.000 francs;
Comptoir d'Escompte :   10.000 francs.


Il ne s'agissait plus maintenant que d'ouvrir le coffre de la succursale de la banque Verley-Decroix à Valenciennes...



Mercredi 30 septembre : Arrivée du Commandant Priess

           Ayant été désigné comme otage, je devais me rendre à midi à l'Hôtel du Commerce, aussi dès la première heure, je me mis à la recherche de Mme Lebeau, la femme du directeur qui n'avait osé rester à la succursale. Avec le mot que m'avait remis M. Verley, elle me donna les clés du coffre. Puis, en présence de Me Cartigny, notaire, de M. Levrat et de M. Meurs le coffre fut ouvert et un procès-verbal dressé.
Il restait exactement en caisse 73.810 francs. Je versai donc 70.000 à la ville et conservai 3.810 francs pour les appointements des employés.

HdCL'Hotel du Commerce,
à l'emplacement de l'actuel immeuble de La Poste

PdI


          L'heure était arrivée de me rendre à l'hôtel du Commerce, aussi laissai-je à Me Cartigny, mon notaire, le soin de régulariser en mes lieux et place ce prêt à la ville de Valenciennes dont j'étais moralement responsable et qui fut d'ailleurs remboursé à la banque quelque temps après l'armistice.

Quelques jours plus tard le Commandant Priess remit à M. le Maire une lettre réclamant le versement de 500.000 francs qui avait été stipulée payable quatre mois après la guerre, dans une reconnaissance remise à M. le Commandant Kintzel, précédemment gouverneur de la Ville.
Après bien des pourparlers, noous tombâmes d'accord pour que cette somme soit réduite à 300.000 francs.

 


Vendredi 16 octobre : Rebondissement.

         Le Commandant Priess écrivit de nouveau au Maire la lettre suivante:

        « Le Commandant vous fait connaître qu'il attend demain le 17 octobre, à midi, Je versement de la somme de 200.000 francs ainsi que le 31 octobre, celui de la somme de 219.300fr60 (2) en billets de Banque de France.
« En ce qui concerne la somme de 300.000 francs qui reste à payer dans huit jours, vous étiez tenus de fixer votre réponse jusqu'à lundi, le 19 octobre, à midi. Mais le Commandant vous avertit que les ordres donnés par le Chef d'Etat-Major ne peuvent être changés en aucune façon.

Puis le Commandant ajoutait:
« C'est à regret que je dois porter à votre connaissance ce qui suit:
« Un ordre du Grand Quartier général français tombé entre les mains des autorités allemandes, daté du 17 septembre 1914, signé : le Général de division Laffon de Ladebat, indique le paragraphe suivant:
     « Toute troupe de plus de trois Allemands en armes, rôdant en arrière des lignes sera considérée comme un groupe commettant des actes de banditisme.
« Par cet acte, la France s'est mise hors de la Convention de Genève. Elle ne peut donc plus attendre qu'elle soit traitée avec des égards. Nous nous voyons, par conséquent, forcés d'agir sans considérations.

« PRIESS, « Oberleutnant et Commandant. »


(2) Il s'agit là des impôts des contribuables que la ville se devait également de payer.


 Il donna ensuite connaissance de l'affiche en question, dont un exemplaire, rédigé en français et en allemand figure aux archives départementales du Nord (cote 9R183):


République Française,
Au Grand Quartier général,
Quartier général des Armées de l'Etat le 17 septembre 1914.
Direction de l'arrière.
ORDRE
  « Tout Allemand rencontré en arrière des troupes françaises, ayant quitté son uniforme et revêtu d'habits civils, sera considéré comme espion, et traité comme tel. La personne qui aura fourni volontairement lesdits habits, sera poursuivie comme complice devant le Conseil de Guerre.
« Tout Allemand rencontré sans armes en arrière des troupes françaises devra être appréhendé et enfermé dans un local sûr d'un village voisin, s'il ne peut être emmené de suite.
« Aucune autorité municipale ne peut refuser d'accepter en dépôt un prisonnier, sous peine de s'exposer à des mesures de rigueur. Si la capture est faite par les autorités civiles, ou si celles-ci connaissent la présence dans leur commune ou dans son voisinage d'un Allemand qu'elles n'ont pû arrêter, elles doivent en avertir de suite les autorités militaires les plus voisines, qui prendront les mesures nécessaires pour diriger les prisonniers vers l'intérieur du territoire.
« Tout Allemand rencontré en arrière de nos lignes, commettant des actes de banditisme sera exécuté sur-le-champ. Il en sera de même de tout Allemand armé qui ne se rendra pas à la première sommation.
« Toute troupe de plus de trois Allemands en armes, rôdant en arrière des lignes sera considérée comme un groupe commettant des actes de banditisme.
« Des patrouilles de gendarmes, des agents de la force publique, et de toute troupe feront d'ailleurs des tournées incessantes dans la région.
« Tout individu, civil ou militaire, quelle que soit sa nationalité, rôdant sur le terrain des champs de bataille et convaincu d'y avoir commis des vols sur les morts ou sur les blessés, dans des maisons abandonnées ou autres, etc... sera traduit en Conseil de guerre. La peine peut dans certains cas être la peine de mort.

« Le Général de Division,
« Directeur de l'arrière:
« LAFFON DE LADEBAT. »

 

Der General de division
Oberbefehlshaber des Etappendienst Laffon DE LADEBAT,
grosses Hauptquartier, den 17 september 1914

 (................), il fallait payer !!

Comme les fois précédentes, le Maire avait fait appel à la Banque L-.Dupont et Cie, et à la Banque Piérard, Mabille et Cie, qui nous répondirent qu'il ne leur restait en caisse que le strict nécessaire pour subvenir à leur clientèle et à leurs employés, mais que, devant le pressant appel de M. le Maire, ils mettaient une dernière fois à la disposition de la Ville: 
Banque L. Dupont et Cie : 200.000 fr.
Piérard, Mabille et Cie : 100.000 fr.
Le Percepteur avait en caisse :200.000 fr.
Mais alors, comment régler le 31 octobre les 219.309 fr. 60 pour les contribuables ? La question devenait de plus en plus angoissante.

Aussi, M. le Maire répondit-il la lettre suivante: 

« Monsieur le Commandant,

« Nous vous accusons réception de la lettre que vous nous avez envoyée pour nous faire savoir que votre Général exige dans le délai de huit jours le paiement de 500.000 francs, complément de la somme de un million demandée par le Commandant Kintzel, plus, fin du mois, la somme de 216.300 fr. 60, pour le solde des contributions d'octobre.
« Nous avons, de suite, en vertu d'un référé de M. le Président du Tribunal Civil, requis les banquiers de verser à la Caisse municipale toutes les sommes encore disponibles, qui existent dans leurs caisses.
« De cette façon, nous serons en mesure de verser le 26 de ce mois, 300.000 fr. plus 216.300 fr. 60, à la date du 31 octobre.
« Nous vous faisons remarquer qu'en dehors des contributions mensuelles que nous aurons déjà beaucoup de peine à payer, puisqu'elles dépendent de recettes éventuelles. Cet effort est le dernier que nous puissions faire, n'ayant plus aucun moyen de puiser à d'autres caisses et dans d'autres villes, l'argent dont nous pourrions avoir besoin.
« Veuillez constater, de plus, que depuis deux mois, nous avons nourri vos troupes et en même temps, distribué par jour, plusieurs milliers de portions d'aliments aux familles indigentes et aux ouvriers dépourvus de travail.
« Veuillez nous permettre, en terminant de vous dire que l'on a certainement mal interprété le sens de l'alinéa de l'affiche du Général français que vous avez porté à notre connaissance.
« Le mot « rôdeur », dans notre langue, s'interprète toujours en mauvais sens. Il exclut toute idée de combattant. Pour vous, comme pour nous, un soldat qui traverse les rangs ennemis pour couper ses communications, ou dans un but militaire, accomplit un acte noble et courageux: c'est un combattant! « Mais, celui qui « rôde» derrière les armées pour y commettre des actes de banditisme, s'appelle pillard. C'est dans ce sens, à notre avis, qu'il faut interpréter l'ordre du Général.

« Je vous remercie des sentiments personnels que vous voulez bien formuler envers moi.
« TAUCHON. » 



La Commandanture répondit le lendemain la lettre suivante:

« Le Commandant de Valenciennes,
A M. le Maire de la Ville de Valenciennes,


« Le Commandant a reçu votre lettre du 19 octobre, et il accepte vos propositions.
« Ainsi, vous avez à payer le 26 de ce mois, à midi la somme de 300.000 francs.
« Le 31 de ce mois, à midi, 216.309 fr. 60.


« Au nom du Commandant :
« VON MIKUSCH, Adjudant. »
Valenciennes, le 20 octobre 1914.

 

Ainsi, se termina l'incident du Testament du Kaiser, la Ville ayant évité des représailles terribles à ses concitoyens, en payant l'amende imposée.

 

 

 

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29 août 2012

Evacuation précipitée. (Marcel BOUILLON)

        L'un des membres du conseil municipal de la ville de Valenciennes durant la guerre, M. Marcel BOUILLON (Le Mans 13/12/1863- Valenciennes 1943), que René Delame fait souvent intervenir - notamment lors des bombardements aériens de 1918 - nous a laissé un petit opuscule de 23 pages, dont le contenu mérite d'être largement diffusé, ce qui à mon sens n'est qu'hommage envers l'auteur et le conseil municipal tout entier. Marcel BOUILLON est inhumé au cimetière St Roch de Valenciennes en compagnie de son épouse et de membres de la famille de celle-ci, la tombe est entretenue par la municipalité de Valenciennes.

P1460026

 

 

Imprimé en petit format sur un papier "d'après-guerre" qu'il faut maintenant manier avec précaution, édité à Lille : imprimerie du "Réveil du Nord" en 1918, en voici des extraits :

Évacuation et Bombardements
DE VALENCIENNES
Octobre-Novembre 1918


Le jeudi 10 octobre 1918, vers trois heures du soir, l'affiche suivante fut apposée sur nos murs par ordre de la Commandanture :

 


 

      Cette nouvelle se propagea comme une traînée de poudre, et porta à son comble la terreur et l'affolement dans la population.

Quitter sa maison par ordre, tout abandonner, souvenir de famille, meubles, linge, ustensiles de ménage, les mille choses utiles ou agréables qui garnissent la maison et font aimer la vie, quitter tout cela, pour partir à pied sur les routes boueuses, vers un pays que personne ne connaissait. Nivelles en Belgique, à 75 kilomètres de Valenciennes, tous ceux qui n'étaient pas ici ne peuvent s'imaginer la désolation que cet ordre apporta dans les familles, d'où les hommes valides étaient partis et dans lesquelles il ne restait que des femmes, des vieillards, des malades et des enfants incapables de marcher.
   Cependant, l'ordre est formel : il faut partir en abandonnant les malades alités que l'hôpital recueillera provisoirement, en abandonnant son père ou sa mère, s'ils ne peuvent pas se traîner, si l'on a pas le bonheur de posséder une poussette pour les transporter ou assez d'argent pour soudoyer un conducteur de voitures boches qui demandait couramment 1.000 à 2.000 marks pour vous conduire à Mons.

      Notre horreur de l'évacuation était d'autant plus grande que nous connaissions trop, par les tristes spectacles que nous avions eu sous les yeux, toutes les misères qu'elle engendre.
En effet, dès août 1914, nous avions vu arriver à Valenciennes, des milliers de belges et d'habitants des communes frontières, fuyant l'invasion devant les Allemands victorieux.

      Plus tard, en novembre 1914, nous vîmes arriver ici les habitants des nombreuses communes situées sur la ligne de feu entre Arras et Albert. C'était surtout des populations agricoles qui arrivaient chez nous, dénuées de tout, les Allemands leur ayant tout pris, chevaux, charriots, bestiaux et linge.
Ensuite ce fut le tour des habitants du Bassin minier Lens-Hénin-Liétard, chassés de chez eux par le bombardement.

      Et en dehors de ceux que je cite, combien de milliers étaient passés par notre ville, combien en est-il enterré dans nos cimetières ?
Mais la grande désolation, le spectacle le plus triste qui puisse se voir, celui qui arrachait des larmes aux plus endurcis, c'est l'arrivage en masse, au début de septembre 1918, des habitants des villes de Cambrai et de Douai et des communes si populeuses situées entre ces villes et Valenciennes.

      Ces malheureux, chassés de leurs maisons par les Allemands, ont dû faire la route à pied par un temps abominable, des femmes, des enfants, des vieillards ont mis plusieurs semaines à faire ce trajet, et nous arrivaient dans un état de dépression moral et physique impossible à décrire, en eux toute volonté était annihilée ; jeunes et vieux, il fallait les conduire par la main comme des enfants à leur logis provisoire, et si les dévouements si nombreux qui se sont trouvés à Valenciennes, dans ces moments critiques, ne leur avaient pas porté à manger jusque sur leur couche, ils n'auraient certainement eu, ni le courage ni la volonté d'aller chercher eux-mêmes leurs nourritures.

      Dans la première quinzaine de septembre surtout, les arrivages furent formidables, certains jours, nous eûmes à secourir plus de dix mille évacués arrivant exténués et dénués de tout.
Mais grâce à la direction énergique et intelligente de Messieurs Arthur Gabet et Maurice Delame, auxquels je suis heureux ici de rendre hommage, et aux concours dévoués de tout notre personnel qui, sans murmurer, travaillait souvent 15 et 18 heures par jour, tous les évacués ont trouvé à Valenciennes un gîte pour la nuit, de la soupe et du café chaud, du pain, du saindoux, du lait et des biscuits pour les enfants, toutes nos provisions de réserve furent fraternellement partagées, malheureusement pour eux il n'en fur pas ainsi partout ailleurs.
      Mais les vivres que nous leurs donnions ne pouvaient leur suffire que pour deux ou trois jours et le lendemain il leur fallait se remettre en route pour faire place aux nouveaux arrivants.
Quelle triste chose que ces départs d'évacués, et leurs défilés dans nos rues. Jamais je n'ai ressenti d'angoisse plus poignante, même au plus fort du bombardement.
      Il faut avoir vu des femmes seules avec cinq ou six enfants en bas âge, poussant une voiturette disloquée, dans laquelle étaient entassés, avec les plus jeunes enfants, les provisions et le linge indispensable, les autres enfants suivant, accrochés au tablier de la mère, déjà fatiguée d'avoir fait deux ou trois kilomètres.
      Et d'autres poussettes où, sur l'entassement des paquets est posé un matelas sur lequel est étendue une vieille personne, une infirme ou une malade que ses enfants n'ont pas voulu abandonner.
Que tout cela était triste et pitoyable !


Mais revenons à l'évacuation de Valenciennes.

Nous avons dit plus haut que la première affiche allemande ordonnant l'évacuation fut apposée le jeudi 10 octobre, vers trois heures, le vendredi 11, vers midi, une deuxième affiche, en gros caractères était collée sur nos murs.
En voici le texte :

 

Après la lecture de cette affiche, et sachant ce qui s'était passé récemment à Cambrai et à Douai, la population comprit qu'il n'y avait plus rien à espérer et qu'il fallait en hâte se préparer à partir.

(......)

Resté à Valenciennes, il ne m’appartient pas de décrire toutes les misères endurées sur la route par nos malheureux concitoyens

(.....)

 

MERCREDI 16 OCTOBRE. – Un ami qui arrive de Mons, vient me prévenir que ma femme est assez gravement malade et que ma présence est indispensable auprès d’elle, je me décide à partir de suite.

Ce voyage que je n’oublierai jamais, fut navrant.

     Tout le long de la route pêle-mêle avec l’armée allemande en retraite, c’est un défilé ininterrompu d’évacués, il pleut et ces malheureux s’esquintent à traîner leurs poussettes et leurs brouettes par la pluie et dans la boue épaisse souvent de 20 à 30 centimètres, car le pavé de la route est réservé aux chariots, aux hommes et aux chevaux de l’armée allemande et à chaque instant les évacués sont rejetés sur les côtés de la route où leurs poussettes enfoncent jusqu’à l’essieu et souvent se brisent.

Dans ce cas arrivé à des centaines de personnes, les malheureux propriétaires désolés, n’ont plus qu’à abandonner leur véhicule dans le fossé avec son chargement, souvent toute leur fortune qu’ils ont eu tant de peine à amener jusque là.

     Spectacle plus triste encore, à chaque pas on rencontre, assis sur l’herbe mouillée de fossés, des malades incapables d’aller plus loin, attendant un secours problématique, ou la mort qui sera pour eux, une délivrance.

Et toujours sur la roue, la longue cohorte des soldats et des évacués, poussés par la fatalité, marchent jusqu’à l’épuisement de leurs forces pour arriver le soir à un gite problématique, car ils savent que beaucoup d’entre eux, ne trouveront même pas une grange pour se mettre à l’abri et devront coucher dehors ; aussi combien parmi eux ne reverront jamais leur maison.

 

JEUDI 17 OCTOBRE. – Arrivés à Mons très tard, le lendemain j’en suis reparti de très bonne heure, à pied cette fois, après avoir décidé de ramener ma femme qui veut revenir.

     Sur la route le spectacle est toujours le même, les évacués sont de plus en plus nombreux, car on fait évacuer depuis hier, Anzin, Bruay, Onnaing, Quarouble, Blanc-Misseron et beaucoup d’autres communes. Pour comble de malheur, il pleut continuellement et la route est couverte d’une boue gluante qui empêche d’avancer.

 


 

 

             Puisqu'il s'agit du récit de Marcel BOUILLON, j'en profite pour ajouter à son propos la petite histoire tirée du recueil de Lucien FERNEZ, qui parfois égratigne gentiment un certain nombre de Valenciennois dans ses opuscules intitulés "Souvenirs de l'invasion à Valenciennes 1914-1918", publiés dès 1919, y relatant quelques faits, marquants ou personnels.

 

 

BOUILLON
---x---

    Ce n'est pas un enfant de Valenciennes et quoique inconnu la veille, il a mijoté, bouilli et est devenu consommé et succulent. et en 1914 Bouillon était fait à point pour, comme conseiller municipal, ayant mis de coté ses idées les plus avancées vu les circonstances douloureuses dans lesquelles on se trouvait, pour prendre place à la table du Ravitaillement auprès de ses ennemis politiques d'hier.
   Apprécié, goûté, gourmé par le parti socialiste, il figurait en tête du menu car il était considéré par son parti comme le futur maire de Valenciennes.

    C'est un ennemi de la procession séculaire de Notre-Dame du Saint-Cordon, qui avait lieu avant la guerre en Septembre. Thellier de Poncheville, Billet, Delame, Mabille, Dupont, ses collègues au Conseil municipal, y portaient un cierge allumé et y faisaient retentir le glorieux magnificat. Marcel Bouillon y répondait par le chant de l'Internationale.
  Il est considéré par certains de ses collègues comme un suppôt de Satan, dégageant une odeur de souffre ; d'autres, moins timorés, l’appellent Bouillon Pointu.

    Depuis le début des hostilités, les divergences politiques et religieuses se sont fondues et Bouillon, qui porte un nom prédestiné au Ravitaillement, a marché la main dans la main avec les processionnards. Et Bouillon est en tête du menu comme Président du Comité d'alimentation pour la distribution des denrées de la rue Saint-Géry et comme Président de viande de la Boucherie municipale. Malgré les difficultés de l'heure présente, on était dans la quiétude, lorsqu'il y a quelques jours, pour être précis le 15 Août, dans la matinée, le jour de l’Assomption, anniversaire de l'enlèvement de la Vierge par les Anges, on apprenait  avec stupeur qu'un gredin de belle envergure, pour commémorer ce beau jour, avait enlevé la caisse de la boucherie au Comité d'Alimentation, munitionnée d'environ 28.000 fr.

    Tous les grands manitous étaient dans la consternation ; Delame invoquait tous les saints du Paradis, Gabet levait les bras au ciel et Bouillon écumait. Toutes les lamentations ne faisant pas retrouver le magot, le Maire publia, par voie d'affiches, un avis qui promettait une prime de 1.000 fr. à celui qui pourrait donner des indications sur le ou les voleurs. Cela fit l'effet au juge d'instruction qui a l'air d'un gaillard à poigne, l'effet d'un cataplasme sur une jambe de bois et il trouva un remède plus énergique. Le samedi 19 Août, à huit heures du soir, heure de l'Hôtel-de-Ville, il fit incarcérer, menottes aux mains, le sieur Bourdon, caissier, qu'il inculpe de vol. Souhaitons qu'on retrouve la somme et que le Comité d'alimentation ne gobe pas le bouillon.

Août 1916.

 

 

 

27 février 2012

Les chiens durant l'occupation

LES CHIENS, TAXES ET RÉQUISITIONS

Extraits du livre de René Delame : "Valenciennes Occupation allemande 1914-1918. Faits de guerre et souvenirs" Hollande & Fils ed. 1933

 


Les réquisitions et l'impôt sur les chiens jetèrent un grand  trouble dans la population.
D'abord les Allemands qui étaient grands chasseurs réquisitionnèrent  les chiens de chasse et les chiens bergers pour leurs gendarmes, en affichant l'avis suivant:

« Par ordre de la Commandanture, tous les chiens bergers, de garde, chiens-loups, de chasse, doivent immédiatement être déclarés à la Mairie, salle du Tribunal de simple police.
Les déclarations sont reçues jusqu'au 28 septembre à midi.


« Valenciennes, le 27 septembre 1915 ».

Le lendemain une nouvelle affiche paraissait ainsi conçue:

« Les chiens visés dans l'affiche d'hier, et déclarés à la. Mairie, devront être présentés par leurs propriétaires sur le Marché aux Bestiaux, le mercredi 29 septembre, à 10 heures du matin (heure allemande).

 
 
« Valenciennes, le 28 septembre 1915. »

Les Allemands purent ainsi faire leur choix et prendre les meilleures bêtes.
Nous ne pensions plus à ce nouvel ennui, quand l'arrêté suivant fut affiché sur les murs de la Ville, il s'agissait de la perception d'une taxe sur les chiens :

« Dans la région des opérations et des Etapes située en France en supprimant tous les décrets allemands et français relatifs à la taxe sur les chiens, et particulièrement les lois et décrets français du 2 mai 1885, 4 août 1885 et 3 août 1861, il est ordonné ce qui suit :

« 1° Tout possesseur d'un chien devra payer annuellement avant le 1er avril 1916, une taxe à la Commandanture du lieu ou d'Etape ou à l'Autorité désignée par elle.

« Sont exemptes de cette taxe les troupes, autorisées, et les personnes appartenant ou attachées à l'armée allemande.

« 2° Les chiens imposables sont classés en deux catégories :

        Catégorie I, porte sur les chiens qui gardent les troupeaux, les chiens de trait et ceux de garde proprement dits.

        Catégorie II, porte sur tous les chiens qui ne sont pas compris dans les catégories suivantes (chiens d'agrément, ou servant à la chasse, etc.),

Dans les cas douteux, les chiens sont rangés dans la deuxième catégorie. Les taxes seront fixées par les Commandants en chef des Armées.

« 3° Jusqu'au 1er avril 1916, les possesseurs de chiens devront faire une déclaration à la Commandanture du lieu ou d'Etape, ou à l'Autorité désignée par elle.
« Quiconque deviendra possesseur d'un chien après le 1er avril 1916, ou quiconque viendra dans une commune avec un chien, devra en faire la déclaration dans un délai de deux semaines, et en même temps payer la taxe pour la totalité de l'année courante, si toutefois cette taxe n'a pas été acquittée. Dans ce cas, la quittance devra être produite. Les jeunes chiens devront être déclarés, et seront imposables dix semaines après leur naissance.
« Quiconque cesse d'être possesseur d'un chien devra également en faire la déclaration dans le délai de deux semaines.

« 4° Le nom et la demeure des contribuables ainsi que le nombre et la catégorie des chiens doivent être inscrits sur un registre spécial de perception.
« Contre paiement de la taxe, il sera délivré une carte spéciale en guise de reçu. Les Commandants en chef des Armées décideront, s'il y a lieu d'établir des plaques de taxe.

« 5° Les Commandants du lieu ou d'Etape ordonneront la présentation et la visite des chiens pour faire constater qu'ils sont exempts de maladies contagieuses. Ils prendront également les mesures nécessaires pour la guérison ou la destruction des chiens malades.

« 6° Dans le cas où les contribuables auraient déjà acquitté la taxe sur les chiens pour l'époque à partir du 1er janvier 1916, en vertu des prescriptions antérieures, il sera tenu compte comme suit des sommes perçues:

        « a) si la taxe a été perçue à la Commune française, elle sera remboursée par cette dernière.

        « b) si la taxe a été payée à l'Autorité allemande, elle sera déduite de la somme due en vertu du présent arrêté.

« 7° Les Communes recevront un quart du produit des taxes perçues.

« 8° Les prescriptions nécessaires à l'exécution du présent arrêté seront dictées par les Commandants en Chef des Armées.

En ce qui concerne les territoires occupés de Longwy et Briay, le Gouverneur de Metz se substituera au Commandant en Chef de l'Armée.

« 9° Toute contravention aux paragraphes 1 et 3 ainsi qu'aux prescriptions émises par les Commandants en Chef des Armées, le Gouverneur de Metz ou les Commandants de lieu ou d'Etapes, en vertu des paragraphes 5 et 8 sera punie d'une amende jusqu'à 1.500 marks ou de détention jusqu à six semaines ou d'emprisonnement jusqu'à six mois.

« De plus le chien pour lequel les prescriptions concernant la taxe, la déclaration ou la présentation n'auraient pas été observées pourra être confisqué ou détruit.


« Grand Quartier Général, 1er janvier 1916,
  « Der Generalquartiermeister,
« FRHR. Von FREYTAG,
« Generalleutnant ».


« En vertu des paragraphes 2, titre 2 et titre 4, du décret précité, le Commandant supérieur de l'Armée ordonne ce qui suit, concernant le territoire de l'Armée :

L'impôt s'élève à 

Dans les localités   ayant 

  ayant  de  3.000 habitants et au-dessous. plus de 3.000 habitants

Pour le chien de 1re catégorie d'impôt .   

M.: 5.
  M.: 10.

Pour chaque chien en plus en 1re catégorie d'impôt

  M.: 10.
  M.: 20.

Pour le chien de 2e catégorie.

  M.: 20.   M.: 30

Pour chaque chien en plus en 2e catégorie d'impôt.

  M.: 30.   M.: 30

« S'il y a deux chiens appartenant à différentes classes d'impôts, un chien de la première catégorie sera considéré comme premier chien.

« Dans les localités ayant 3.000 habitants et au-dessous, une quittance sera délivrée aux contribuables contre paiement de l'impôt, dans les localités ayant plus de 3.000 habitants, les contribuables recevront en outre une plaque d'impôt, qui devra être fixée bien visiblement aux colliers des chiens.

« En cas de perte, une nouvelle plaque sera demandée dans les 15 jours au bureau, où le paiement de l'impôt a été fait, en présentant la quittance; la plaque sera remise contre paiement de la somme de deux francs.


  «Fait au Quartier Général de l'Armée,
« Le 7 février 1916
« Le Général commandant d'Armée ».
  S.47



Cet arrêté fut bientôt suivi de l'avis suivant:

« Comme complément à l'ordre du Général en Chef de l'Armée en date du 7-11-17 il est ordonné ce qui suit :

« Tous les Propriétaires de chiens ou personnes qui ont des chiens de garde, doivent pour le 8 mars 1916, déclarer tous leurs chiens en indiquant l'âge, le sexe, la race ainsi que l'usage.
« Doivent être déclarés tous les chiens qui, au 1er mars 1916, avaient 10 semaines ou qui atteindront cet âge dans le courant du mois prochain.
« Les classifications des chiens dans les deux catégories d'impôt seront faites par la Commandanture après présentation des chiens. Le paiement de la taxe sera effectué en bon argent à la Commune qui remettra les fonds à la Commandanture.
« Les jours de revue des chiens seront publiés, ainsi que l'époque à partir de laquelle on devra payer les impôts.
« Les chiens devront être amenés à la revue isolément par une personne sure (propriétaire ou représentant); tenus par une laisse munis d'une muselière. On prendra des précautions spéciales pour les chiens qui mordent.
 « Les contraventions seront punies conformément aux prescriptions générales de l'ordre ci-dessus mentionné.


   « PRIESS ».



Naturellement, cet impôt sur les chiens fut discuté à la séance du Conseil du 28 février 1916.

LE MAIRE. -Nous ne savons si nous pouvons accepter la part qu'il plaît aux Allemands d'attribuer à la Ville.
MABILLE DE PONCHEVILLE. -Le percepteur peut-il recevoir un impôt allemand?
J. BILLIET. -Peut-être s'il s 'agissait d 'un impôt français qu'ils percevaient à leur profit. Mais l'affiche commence par proclamer l'abrogation des lois françaises applicables à la matière.
Donc, c'est un impôt allemand.
M. DOUAY. -Cet impôt est contraire à la Convention de La Haye. Aux termes de l'annexe de cette Convention, l'occupant seulement a le droit de percevoir les impôts d’État et non ceux dus aux Communes.
M. DERRUDER. -Je prie M. le Maire de faire une démarche pour que la taxe ne soit pas exigée en monnaie d’État, mais en bons communaux. Cet impôt, ajoute-t-il, est l'arrêt de mort d'un grand nombre de nos toutous.
UN CONSEILLER. -Les Allemands préfèreront 30 marks à la mort d'un chien. Cependant la vie humaine ne comptant pas pour eux, pourquoi voulez-vous qu'ils ajoutent plus de prix à la vie d'un caniche?

Cependant la plupart de nos concitoyens préférait tuer les chiens plutôt que de verser de l'argent aux Allemands. Aussi, les vétérinaires eurent-ils fort à faire.
Comme l'en avait chargé le Conseil, M. le Maire avait adressé à la Commandanture la lettre suivante:

« Valenciennes, le 1er mars 1916,

« Monsieur le Colonel,
« Aux termes de la Convention de La Haye, l'impôt sur les chiens étant un impôt municipal, ne peut être perçu par l'occupant.
« Il ne peut en tout cas, être perçu par la municipalité, puisqu'il entre en contradiction avec les lois et décrets français, et serait certainement, après la guerre, l'objet d'une action en répétition.
 « D'autre part, votre mesure va amener le sacrifice pénible d'animaux toujours aimés dans les familles.
 « Nous vous prions donc de rapporter l'ordre que vous avez donné ou, si vous persistez à vouloir cette perception, la faire par vos bureaux et ne pas exiger le paiement en monnaie d’État lequel nous paraît actuellement irréalisable.


   Le Maire de Valenciennes,
   Docteur TAUCHON.


La Commandanture envoya la lettre avec l'inscription suivante au dos:

« Retourné à la Mairie de Valenciennes, conformément à l'ordonnance de la VIe armée du 7 février 1916. Toutes les lois et ordonnances relatives à la taxe des chiens sont annulées. Il faut alors suivre exactement les prescriptions de la Commandanture.


  « Valenciennes, le 2 mars 1916,
  « Signé : PRIESS,
  « Oberstleutnant und Commandant ».


L'abbé Eberlé, qui était officier avant d'être prêtre, logeait depuis un an chez ma sœur, Madame Delcourt, 50, rue de Paris. Il lui fit demander si l'acquisition d'un petit chien ne lui serait pas désagréable.
Comme elle était gravement souffrante, elle lui fit répondre que cela lui déplairait beaucoup. Mais l'abbé Eberlé d'ajouter: « Eh bien! à moi, cela me serait très agréable! »
Il se rendit chez le vétérinaire, M. Poutrain, pour faire son choix, mais les chiens manquaient, ils venaient d'être tués, il se rejeta sur le roquet jaune du gardien du square Watteau, lequel voulait s'en défaire, ne pouvant payer la taxe exorbitante de 30 marks. L'abbé Eberlé, en allant dire sa messe chaque matin à St-Géry, l'avait remarqué et pris en affection. C'est ainsi qu'il l'installa chez Mme Delcourt où il se comporta d'ailleurs très bien.

Au 10 mars, il restait dans le périmètre de Valenciennes 925 chiens qui avaient été déclarés, ce qui était encore beaucoup trop.

 

 

AVIS : DESTRUCTION DES CHIENS

 

« Il y a lieu de croire qu'à la suite de l'introduction de l'impôt des chiens, un certain nombre de propriétaires de chiens veulent se débarrasser de leurs chiens en les tuant.
« Celui qui a cette intention est tenu de livrer à l'Autorité allemande les chiens pour lesquels il ne veut pas payer d'impôt.
« Il faut indiquer à la Mairie pour le 16 mars 1916 quels chiens ne seront pas taxés, mais doivent être abattus. La Mairie en fournira la liste le 17 à la Commandanture, qui donnera ensuite des ordres conséquents. Cette déclaration ne libère pas de l'obligation de présenter les chiens aux jours qui seront indiqués.
« L'Autorité Allemande dispose des chiens livrés. Aucune indemnité ne sera donné pour les animaux livrés.
« L'abatage des chiens par leurs propriétaires ou le fait de s'en débarrasser en leur donnant la liberté, seront punis d'une amende pouvant s'élever à 1.000 marks, ou d'une peine de prison jusqu'à 3 mois.

 

« Signé: PRIESS ».

 

A la séance du Conseil municipal du 17 mars 1916, le Maire nous dit qu'il a cru devoir faire un retour en arrière sur la taxe des chiens. Il est pénible, dit-il, à la Municipalité de faire percevoir cette contribution par les bureaux de l'Hôtel de Ville. Aussi, a-t-il adressé à la Commandanture une nouvelle note dont voici le texte :

« Valenciennes le 17 mars 1916
« Monsieur le Colonel,
« Permettez-moi de revenir encore à la question de la taxe sur les chiens.
« Cette taxe constitue un impôt municipal auquel l'autorité allemande n'a pas droit.
« Nous ne devons donc pas collaborer à la perception d'un impôt contre lequel nos lois et règlements nous obligent à protester.
« Nous vous prions donc d'en opérer le règlement par vos bureaux.


Signé: Le Maire de Valenciennes ».

 

M. BOUILLON. -Il faudrait d'abord ne pas s'immiscer dans la perception. Il ne peut être question de toucher ce quart pour le remettre aux: propriétaires des chiens. Ceux qui ont fait passer leur amitié pour les chiens au-dessus de la haine pour l'Allemand ne sont pas intéressants.

M. DOUAY. -Encaisser une quotité quelconque de la taxe, ce serait ratifier l'abus commis. Il faut refuser, puisque la, taxe perçue, contrairement aux conventions internationales doit être pour le tout sujette à répétition.

Le Conseil, après en avoir délibéré, décida d'encaisser la part de la taxe mise à la disposition de la Ville par l'autorité allemande, pour la tenir aux ordres de l'Etat français.
Puis, comme pour les chevaux, il y eut la revue des chiens, comme l'indique l'affiche suivante ainsi conçue :

 

REVUE DES CHIENS

 

« Complément à l'ordonnance du 29 février 1916

« La revue des chiens à Valenciennes aura lieu place des Forains pour les propriétaires de chiens, dont le nom commencé par la lettre :
« A et C, le 24 mars 1916 de 3 heures à 6 heures;
« D, le 25 mars 1916, de 9 heures à 12 heures;
« E et K, le 26 mars 1916, de 9 heures à 12 heures;
« L et M, le 27 mars 1916, de 9 heures à 12 heures;
« Net Z, le 27 mars 1916, de 3 heures à 6 heures.
« Tous les chiens doivent être présentés.
« Les listes d'impôt seront déposées à la Mairie à partir du 3 avril. L'impôt doit être payé à la Mairie pour le 8 avril 1916.

« Etappen-Kommandantur 6/JIV 130.
 « Valenciennes, le 14 mars 1916.
 « PRIESS,
 « Oberstl. und Kmdt. »

 

 

Ceci prouve que la Commandanture ne tint aucun compte de la lettre du Maire du 17 mars 1916.
Un ordre du 20 mars 1916 vint d'ailleurs confirmer l'établissement de la taxe, bien qu'elle fut contraire au droit international.
Ce qu'il y avait de plus pénible encore, c'est que les Mairies étaient tenues d'en assurer le recouvrement.

« Etappen-Kommandantur 6/JIV
« Valenciennes, le 20 mars 1916.
« A la Mairie de Valenciennes,

« Suivant l'ordre du Général en chef de l'armée, en date du 9 février 1916, toutes les lois et ordonnances françaises relatives à la taxe des chiens sont supprimées. Il faut donc donner suite à l'ordre de la Kommandantur d'Etape, en date du 29 février 1916, qui exige le recouvrement de la taxe par les Maires.

« PRIESS,
« Obersleutnant und Kommandant. »

 

Le 26 mars 1916, le capitaine Kolb parla à M. Billiet de la perception de cette-taxe; lui disant qu'il donnait ordre à la Mairie d'en faire le recouvrement.
M. J. BILLIET lui répondit que cela ne se faisait pas ailleurs. Le capitaine termina l'entretien en disant : « Trouvez un moyen, c'est à vous d'en faire la perception ».
M. le Maire en fut naturellement très ennuyé, ayant fait le nécessaire pour ne pas exécuter cet ordre. Mais sans se décourager il tenta une dernière démarche, à la suite de laquelle, il reçut la lettre suivante :

 

« Etappen-Kommandantur 6/XIV.
« E. H. O., 28 mars 1916.
« A la Mairie de Valenciennes,

« Dans votre lettre du 25 mars 1916, vous vous élevez contre la coopération de la commune à la perception de l'impôt des chiens, imposé à la population du territoire occupé par ordonnance du général-Quartier-Master, en exprimant la crainte que la coopération demandée pour la perception de l'impôt puisse être considérée suivant le principe des lois françaises, comme un abus de vos fonctions officielles vis-à-vis de votre pays.
« Les exemples exprimés par vous ne peuvent être considérés comme autorisés et n'ont effectivement aucun fondement
« D'abord, il ne s'agit pas ici d'un impôt allemand à introduire, mais d'un impôt imposé par l'armée occupante à la population du territoire occupé, dont l'admissibilité est reconnue par la Convention de La Haye V-18-X. 07, art. 48-49, et il ne peut y avoir aucun doute que pour le recouvrement de cet impôt, l'armée occupante peut prétendre à la coopération des autorités restées en fonction dans le territoire occupé :
« L'art 52 de cette convention reconnaît expressément qu'il peut être réclamé des services aux communes.
« Le service demandé ici à la commune consiste dans la coopération à la perception des taxes imposées que l'armée occupante doit' se servir en première ligne des autorités locales pour la perception des impôts; cela ressort même d'ailleurs de l'art. 48 de la Convention.
« Au surplus, la Mairie pourra toujours attirer l'attention de ses concitoyens sur ce point que la perception des impôts par les autorités locales, signifie une dureté moindre pour les habitants que si les impôts étaient perçus par les organismes de l'armée occupante.
« Dans un livre des droits de la guerre que j'ai sous les yeux (La loi de la guerre continentale), publié sous la direction de la section historique de l'Etat-Major de l'armée de Paris 1913, il est dit textuellement à l'article 79 :
« L'occupant doit s'efforcer d'assurer le concours du plus « grand nombre de fonctionnaires. »
« D'après tout ceci, vos scrupules apparaissent donc comme non fondés, et je dois, par conséquent, m'en tenir à la perception de l'impôt sur les chiens avec la coopération des communes ordonnées par moi.

« PRIESS. »

 

En effet, à la suite de cette lettre, la Ville recevait de la Commandanture l'ordonnance suivante :

« Valenciennes, le 2 avril 1916.
« A la Commune de Valenciennes,

« Les quittances ci-jointes (980 exemplaires) portant le cachet de la Commandanture pour l'impôt des chiens, doivent seulement être remises avec le cachet de la Mairie et si l'impôt est payé en argent d'Etat. Les chiens pour lesquels il ne sera pas payé d'impôt pour le 8 avril 1916 doivent être amenés à la Commandanture pour le 9 avril 1916 pour leur destruction.
« L'impôt total de la Commune doit être payé à la Commandanture pour le 9 avril 1916.

« KOLB,
« Haupman und Adjudant. »



A la suite de cette lecture, le Maire nous dit:
« Nous avons résisté autant qu'il était possible de le faire :Nous avons la main forcée.

M. DERUDDER. -M. le Maire, vous avez fait votre devoir jusqu'au bout en protestant vivement contre cette taxe, mais puisqu'elle doit être perçue, je regrette que M. Fournier, notre receveur municipal qui a toujours bien mérité de la Ville et de la Patrie soit chargée de cette perception humiliante. J'estime qu'il faudrait lui épargner cette peine, et faire recevoir cet impôt allemand par quelqu'un de ceux qui n'ont pas assez compris leur devoir de citoyen. .

M. BILLIET. -L'ordre des Allemands est formel, la perception doit être faite par le fonctionnaire attribué.

 

C'est un petit employé, et non M. Fournier qui fera le service, mais la même obligation subsistera toujours d'effectuer ce service à la Mairie. Pour faire suite à la perception qui eut lieu dans la salle de simple police, la Commandanture faisait afficher l'avis suivant:

 

TAXE SUR LES CHIENS

 

« Les personnes qui ont acquitté l'impôt sur les chiens sont priées de se présenter à la Mairie (Tribunal de Simple police) munies de leurs quittances pour y prendre la plaque de contrôle.»

 

Pour les personnes qui avaient conservé leur chien, n'ayant pas de monnaie d’État, la Commandanture fit paraître les deux avis suivants :

« Etappen-Kommandantur 6/XIV.
« Valenciennes, le 24 avril 1916.
« A la Mairie de Valenciennes,

« Exceptionnellement, il est permis que les sommes non encore payées pour l'impôt des chiens soient payés en bons d'émission à la Mairie le 29 avril 1916, au plus tard.. Elles devront être versées à la Commandanture le 30 avril 1916.
« De même pour la commune, rendra à la Commandanture toutes les quittances pour lesquelles aucun paiement n'aura été effectué. La liste des impôts de la Commune sera présentée pour contrôle.
« A l'avenir, la Commune s'occupera toujours d'observer strictement les prescriptions des art. 3 et 4 de l'ordonnance.
« Toutes les additions et tous les retranchements des chiens devront être signalés à la Commandanture, le premier de chaque mois.
« Pour les chiens supprimés, il faut rendre la plaque de la Commandanture.
« La Commandanture tient à la disposition de la Commune, le 6 mai 1916, la part qui lui revient de l'impôt du 29 avril 1916.
« Des ordres seront donnés au début de Mai, concernant les chiens qui n'ont pas acquitté l'impôt.

« PRIESS. »

 

 

Les propriétaires des chiens, qui n'ont pas encore acquitté l'impôt faute d'argent d'Etat sont exceptionnellement autorisés à effectuer le paiement en bons de ville, à condition de le faire avant le 29 avril 1916.



Puis, les Allemands arrêtèrent tous les chiens qui n'avaient pas leur plaque pour les conduire en fourrière. Mais beaucoup de propriétaires, ne voulant pas s'acquitter de cette taxe, préférèrent les noyer. Aussi, la Commandanture adressa-t-elle à la Mairie, la lettre suivante :

« Etappen-Kommandantur 6/XIV.
« Valenciennes, le 7 avril 1916.
« A l'Administration municipale,

« On a observé ces jours derniers que des cadavres de chiens flottent sur les canaux.
« C'est ainsi qu'aujourd'hui on a compté cinq cadavres de chiens à la grille de la rivière qui traverse le Parc municipal.
Sur le canal de Valenciennes à Condé, flottent également différents cadavres de chiens.
« L'Administration municipale est invitée par la présente note à s'occuper de faire enlever ces cadavres. A l'avenir, une surveillance régulière des canaux au sujet des chiens doit être exercée. »

 

Cette dernière note mit fin à cette question des chiens, mais la perception continua à se faire régulièrement.

 

 

  • On trouve un décret sur ce sujet dans le

du 16 Mars 1916.

 

  • En Mai 1916, une affiche parut à Artres, on pouvait récupérer la peu de l'animal..... :
Artres

 

 

13 août 2011

L'affiche Rouge de Bruxelles

 

          Les Allemands avaient célébré le Vendredi Saint 21 Avril 1916 en collant sur tous les murs de Bruxelles une grande affiche rouge annonçant les dernières condamnations pour "trahison en temps de guerre "

fac-simile d'après Belgium; a personal narrative

  • En voici le texte :

Avis

Ont été condamnés par jugement des 11 et 12 avril 1916 du tribunal de campagne:

(a) Pour trahison commise pendant l'état de guerre en pratiquant l'espionnage et en y prêtant aide, à la peine de mort:

    1. Oscar Hernalsteens, dessinateur a Bruxelles;
    2. François Van Aerde, dessinateur industriel, a Anvers;
    3. Jules Mohr, inspecteur d'assurances, a Valenciennes;
    4. Emile Gressier, inspecteur des ponts et chaussées à Saint-Amand.

(b) Pour avoir prêté aide à l'espionnage :

    5. Georges Hernalsteens, serrurier à Bruxelles-Boitsfort, aux travaux forcés a perpétuité;
    6. Gustave Desmul, ouvrier du chemin de fer à Gand, à 15 ans de travaux forcés ;
    7. Albert Liénard, entrepreneur a Valenciennes, à 10 ans de travaux forcés;
    8. Oscar Delnatte, directeur de cinématographe à Roubaix, à 15 ans de travaux forcés;
    9. Constant Pattyn, terrassier a Lille, à 12 ans de travaux forcés ;
  10. Jacques Drouillon, marchand de volaille à La Plaigne, à 10 ans de travaux forcés.
  11. Lucien Cabuy, peintre à Bruxelles, a 15 ans de travaux forcés ;
  12. Joseph Vermeulen, propriétaire de briqueterie a Meirelbeke, près de Gand, à 10 ans de travaux forcés ;
  13. Joseph Goosenaerts, professeur à Gand, à 10 ans de travaux forcés ;

  Alfred Gaudefroy, marchand de diamants à Bruxelles, a été acquitté.


"Les condamnés à mort avaient consenti, moyennant payement, à pratiquer I'espionnage pour compte du service d'information de I'ennemi. Longtemps, conformément aux instructions qui leur avaient été remises, ils ont observé nos troupes, mouvements de troupes, transports par chemin de fer, autos, etc., et transmis ou fait transmettre les renseignements ainsi obtenus au service d'information de l'ennemi.

Les autres condamnés ont pratique l'espionnage ou y ont prêté aide de la même manière, mais dans une moindre mesure.

Les condamnés à mort Hernalsteens, Mohr et Gressier ont été exécutés.

En vertu du droit de grâce, la peine du mort prononcée contre Van Aerde a été commuée en travaux forcés à perpétuité."

Bruxelles, le 19 avril, 1916.

Jporte l'avis précédent à l'attention de la population
de tout le territoire placé sous mon autorité.

Bruxelles, le 20 avril, 1916.
Le gouverneur général de Belgique,
Baron von Bissing,
General
oberst.

 

 

8 août 2011

Monuments aux Morts

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Curgies
Estreux
Gussignies
Marly-lez-Valenciennes
Odomez
Orchies
Quiévrechain
Raismes
Rumegies
Saint-Amand-les-Eaux
Saint-Saulve
Saultain
Sebourg
Valenciennes
Vicq
Vieux-Condé

 

 

                        La liste des victimes civiles inscrites sur les monuments aux morts des communes ne rend pas toujours compte du nombre exact de civils décédés du fait de la guerre, et ceux-ci ne sont pas toujours "Morts pour la France".

          Voici ces monuments ainsi que les noms, au fur et à mesure de leur rencontre, en indiquant ceux pour lesquel existe une fiche "Mort pour la France" sur le site Mémoire des Hommes.(pour autant la recherche nominative n'étant pas aisée, ne pas avoir trouvé la fiche n'est pas une preuve : merci de m'avertir si vous avez de plus amples informations)

 

MARLY LEZ VALENCIENNES

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  • 28 noms :
    • ALLARD Raymond Désiré
    • AUDUBERT Lucrece
    • AVONTS Clément
    • BARBET Flore
    • BRUYERE Simone
    • BURGNIES Eugénie
    • BURGNIES Jeanne
    • BURGNIES Jeannine
    • CARLIER Emile
    • CHEVAL Augustin
    • CHIMOT Marthe
    • COPIN Louis
    • DEFLANDRE Remy
    • DEHECQ Paul
    • DELALEUX Jean-Baptiste
    • DELBOVE Jules
    • DEPASSE Marie
    • DUVAL Maria
    • FRANSON Virginie
    • GALLEZ Amélie
    • HOURDEAU Alberta
    • HOURDEAU Alfréda
    • LECOR Aimé
    • OBJOIE Hortense
    • PAMART Hector
    • PHILIPPE Gaston
    • SOUFFLET Désiré
    • VOLO Marthe

 

CURGIES

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P1370252b

 

  • 8 noms :
    • BISIAUX Louis
    • DELBOVE Emile
    • DREMAUX Victor
    • FOUGNIES Berthe
    • HOT Louis
    • LOCOGE Arthur
    • TISON Charles
    • VALLE Jules

 

SEBOURG

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  • 10 noms :
    • DELCROIX Albert
    26-06-1918
    • PATOU Druon
    05-11-1918
    • HOUZE Emile
    06-11-1918
    • HOT Auguste
    30-05-1917
    • CANIAUX Malvina
    26-05-1918
    • LIERMAIN Aldebert
    25-10-1918
    • CABY Marcel
    26-10-1918
    • JOSPIN EDMOND
    05-11-1918
    • GRAVELLE Albert
    10-11-1918
    • VANHOUTTEGHEM Henri
    10-11-1918

 

SAINT-SAULVE

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  • 10 noms :
    • BAVAY Maurice
    • BLAVIER Virginie
    • DENIS François
    • DUSSART Elizabeth
    • BOUCHEZ Augustine
    • LUSSIEZ Berthe
    • MAES Joseph
    • MEUNIER Raymond
    • RAULIER Augustine
    • COUTIEZ Jeanne Simone

 

SAULTAIN

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    • 7 noms :
      • BLAREAU Henri
      • COCHE Chrysoline
      • DEHON Desiré
      • HACCART Héloîse
      • LEGROS Pierre
      • MOUFTIER Maria
      • RIQUET Rosine

 

             7 Noms que l'on retrouve sur la plaque commémorativde dans l'église :

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St AMAND LES EAUX

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      • 36 noms :
        • ANGLES BERANGER Léon
        • BERTEAUX Léon
        • BERTHE Julia
        • BERTHE Zélie
        • BOSQUET Adolphe
        • CASTEL Marie-Thérèse
        • COQUERIAUX Jules
        • CROMBEZ Victoria
        • DE BETTIGNIES Louise page de ce blog
        • DELCROIX Célie
        • DELHAYE Marie-Thérèse
        • DELOFFRE Léon
        • DUBOIS Alfred
        • DUMORTIER Philomène
        • FLAMME Léontine
        • FLAMME René
        • GUERIT Ernest
        • HAUTCOEUR Alphonse
        • HENRY Fernand
        • HOUZE Emile
        • HUART Jules
        • LECOCQ Marceau
        • NAVEZ Juliette
        • OSTADT Pierre
        • OSTE Pierre
        • PICQUE Maria
        • PIQUE Joséphine
        • PLATEAU Elice
        • PLUMECOCQ Alice
        • PLUMECOCQ Henri
        • QUENOY Louis
        • RAVEZ Charles
        • THURU Alexandre
        • VERGIN Pierre
        • WALLERS Maurice

 

RUMEGIES

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ODOMEZ

 

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      • "...Et 10 personnes victimes de l'évacuation." (1918)

 

GUSSIGNIES

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P1370901

      • 8 noms :
        • 1917   DENIS Léon
        • 1918   BATON Louis
        • 1918   DELFOSSE Clément
        • 1918   DRUART Eusébe
        • 1918   FUMIERE Julien
        • 1918   LECOMTE Ernest
        • 1918   LOISEAU François
        • 1918   WAROQUIER Gustave

 

QUIEVRECHAIN

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      •  12 noms :
        • LEFEVRE Arthur
        • LOORIUS Auguste
        • LOUBATIER Georges
        • MERCIER Georges
        • MESTDAGH-PALIGA M.
        • NEUMANS Marie-Th.
        • NEUMANS Solange
        • NOWAK Georgette
        • PRONNIER Benjamin
        • PRONNIER-MOREAU R.
        • SEMIKINE-DOLNY M.
        • STHOREZ Emile
      •  Figurent également sur ce monument les victimes de l'explosion du dépot de munitions du 1er juin 1918 (voir le récit)

        Les_noms
      •  22 noms :
        • AUVERLOT Arsène
        • BLEECKX Jules
        • BRISON Emile
        • CHARLES Jules
        • CHUPIN Francine
        • DELEUWE Florent
        • DELFERRIERE Sidonie
        • DEMOUTIER Alfred
        • DOCHEZ François
        • DUEE Emile
        • DUPONT Dieudonné
        • GARIDA Jules
        • JOLY Gervais
        • LACHAPELLE Arthur
        • LECOMPTE Julie
        • LEMAIRE Pauline
        • PRISSETTE Marthe
        • RABAUX Jules
        • RICHARD Charles
        • TRELCAT Louise
        • VANDERVOORDT Cornelie
        • VILLE Aimable
      •  On trouve également une fiche "Mort pour la France"  le 1/6/1918 au nom de GAUDU Jules, sans qu'on puisse savoir s'il résidait à Crespin ou à Quiévrechain, le quartier " Le Blanc-Misseron" étant à cheval sur les 2 communes.

GAUDU_Jules

 

 

ORCHIES

     Sur le monument aux morts, ainsi que sur la plaque à l'intérieur de l'église (celle-ci inaugurée le 6/09/1827 sera incendiée le 25/09/1914, reconstruite, de nouveau incendiée le 27/05/1940 et rendue au culte en 1953).

 

OrchiesMaM

 

        •  16 noms :
            • Tués par bombes d'avion
              • BERAUD Marie
              • BLEUZET Georges
              • CAGNARD Lucius
              • CLAINQUART Lucien (seulement à l'église)
              • COURBET Jules
              • COURBET Julies
              • OCQUEMAN Henri
              • SIMOULIN Louis

            • Victimes de l'incendie (du 25 septembre 1914)
              • BAILLEUL Charles
              • DECAMACE Pauline
              • LECUTIER Augustine 78 ans
              • ROSSIGNOL Stephanie 81 ans
              • PICQUET Germaine 21 ans

            • Otages
              • DEMESSINE Georges
              • PLUCQUE Augustin
              • WAYMEL Henri

Orchies Civils

 

 

 


VIEUX-CONDÉ

    Dans l'église de Vieux-condé, deux très belles plaques émaillées rappelant les militaires (de la paroisse) morts pour la patrie et les  victimes de l'invasion tués le 24 Août 1914, jour de l'arrivée des Allemands.

Vx Condé

    Un nom a été rajouté au bas de la première plaque, de façon un peu anarchique à l'époque de la photo : BRINKHUIZEN Alcide. (voir sa fiche sur Mémoire des Hommes). N'oublions pas qu'il s'agit des paroissiens de Vieux-Condé, et que lui ou sa famille ne désiraient peut-être pas figurer sur une plaque dans une église.

  •  15 noms de victimes de l'invasion, il s'agit pour les 2 derniers de soldats du 26e RIT-voir l'affaire de Condé-Macou et le monument aux morts du cimetière de Macou. Les autres sont des civils, dont j'ai précisé le lieu de décès, "en leur maison" sauf mention contraire :

    • DUC Charles (Jean-Baptiste Edmond), né à Hornu le 21/07/1861, négociant. Décédé rue Victor Hugo.

    • DUSSENNE Léopold, né à Vieux-Condé le 24/03/1860, forgeron, décédé rue Carnot.

    • CHOQUET Charles, né à Vieux-Condé le 08/06/1866, cultivateur, décédé "en la rivière de l'Escaut"

    • DUBRAY Zénon (Constantin), né à Lez Fontaine le 15/12/1874, journalier, décédé rue de l'Escaut.

    • BOUSSANGE Raymond (Eugène), né à St Mihiel le 14/07/1862, journalier, décédé rue d'Hergnies.

    • CHENEAU Joseph, né à Paris le 16/11/1843, retraité, décédé rue de l'Escaut.

    • BACRO Eugène (Gustave), né à Sebourg le 15/07/1853, journalier, décédé rue du Jard.

    • CRUNELLE Auguste : pas d'acte de décès à Vieux-Condé (peut-être Péruwelz).
       
    • DELFOSSE Billy, né le 15/09/1854, retraité des mines, décédé le 08/09/1914, rue Victor Hugo.

    • MENU Léonie M(me).,  épouse Décout, née à Vieux-Condé le 31/10/1858, décédée rue du Colonel Denfert.

    • SURRANS Mlle : pas d'acte de décès à Vieux-Condé.

    • RELEVART Jules, né à Denain le 08/06/1863, coiffeur, décédé rue Dervaux.

    • DUPRIEZ Achille (Joseph), né  Hergnies le 21/04/1876, mineur, décédé rue de l'Escaut.

    • AURÈGE Marius (AURÈCHE à l'état-civil). Soldat du 26e RIT Classe 1895, Mle 1257, Seine III, décédé rue Castiau.

    • ROSSET Jacques, Soldat du 26e RIT (Regiment de la Mayenne), Classe 1895, Mle 1180, décédé rue Castiau.

Vx Condé Civils

 

    On remarquera également le nom de Léon FAUX, qui semble avoir été rectifié (de sa présence parmi les initiales "L" ?). Voir sa page sur ce même blog.

Vx Condé Faux

 

 

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27 juillet 2011

Bombardements de 1918

 

Précédent : 1917 Valenciennes et l'aviation  

 

BOMBARDEMENTS ALLIES A VALENCIENNES 

 

Extraits du livre de René Delame : "Valenciennes Occupation allemande 1914-1918. Faits de guerre et souvenirs" Hollande & Fils ed. 1933

             "A partir de 1918, les aviations françaises et anglaises, montrèrent une grande activité. Les visites qu'ils nous rendaient se faisaient de plus en plus fréquentes.

Janvier
Février
Mars
Mai
Juin
Juillet
Août
Septembre
Octobre
Novembre

 

  •    Janvier 1918
        Non signalé par Delame, mais paru dans la Gazette des Ardennes du 10/01/1918, un bombardement en date du 04/01/1918 :3 blessés : DELACROIX Jeanne, DUPREZ Adolphe, SIMON Joseph

    GdA 1918-018

  • Février 1918

             C'est ainsi que le 2 février 1918, un aviateur allemand, poursuivi par des avions anglais, ne voulant pas se rendre, engagea la bataille. Il fut bientôt abattu et les bombes qu'il avait à bord tombèrent sur Saint-Vaast, tuant ou blessant les personnes dont les noms suivent : 
    La femme Biretti, 54 ans, 1, rue du Torrent, fut tuée dans son domicile, par éclat qu'elle reçut dans le dos.
    La jeune Marguerite Taxin, 14 ans 1/2 fut également tuée en face de son domicile, deux autres jeunes filles, Paule Maire, 11 ans, et Elaquet Marcelle, 3 ans, furent grièvement blessées.
    Herbeaux Joseph, 54 ans, domicilié à Aubry, fut tué.

    Quant aux aviateurs, ils furent brûlés dans leur appareil, lors de l'atterrissage.
          Au camp d'aviation, il y eut toute la nuit une grande agitation, jusqu'à 4 heures du matin, car les aviateurs alliés tentaient d'y jeter des bombes.

         En consultant les actes de décès, on retrouve les noms exacts des tués enregistrés le 2 février à 14h :
    • WAXIN Marguerite, née à Valenciennes le 19 juin 1903,
    • HERBAU Pierre Joseph, né à Rumegies le 5 novembre 1855,
    • BAVAI Adéline, veuve POIRETTE Célestin, née à Valenciennes le 25 janvier 1863.

      à 19h est enregistré le décès de
    • FLOQUET Marcelle, née à Valenciennes le 19 mai 1915.

         A noter que les actes, en résistance au changement d'horaire imposé par l'occupant commencent par "Heure actuelle de l'Hotel de Ville"

    Heure HdV

    Le 9 février, la Gazette des Ardennes, journal édité par l'ocupant, publie dans sa rubrique habituelle le compte rendu suivant :

    GDA 1918-087

 

 

  • Mars 1918

    La Gazette des Ardennes du 27 mars signale des blessés à Marly-les-Valenciennes le 17 mars 1918 :

    • HERMAIN Emile-Joseph, 70 ans, blessé. (Deux fils et un gendre sont prisonniers de guerre)
    • DEHECQ Marcel, 4 ans, blessé.
    • POLY Fernand, 19 ans, blessé.
    • HUREZ Henri, 68 ans, blessé. (Son fils est soldat dans l'armée française)
    • VANDIPENDAELE-FONTAINE Henriette, 24 ans, blessée. (Deux frères et un beau-frère sont soldats dans l'armée française)

            Pendant la grande offensive allemande de mars 1918, les aviateurs qui connaissaient la présence du Kaiser sur le front, redoublèrent d'activité.

    C'est ainsi que le 27 mars 1918, les aviateurs anglais vinrent, par un beau clair de lune, lancer à plusieurs reprises des bombes sur la gare de Valenciennes.
    • La première bombe tomba en face de l'hôpital établi au lycée Wallon, et fit un trou énorme, traversant l'aqueduc du bras de décharge, dont la voûte avait 0 m. 80 d'épaisseur, plus une couche de 0 m. 80 de terre, ce qui prouvait une fois de plus, que les caves n'offraient qu'un abri très précaire.
    • La seconde bombe tomba à cinquante mètres de là, sur la grille du même hôpital.
    • Trois autres bombes furent lancées dans la cour du Lycée sans causer d'accident de personnes, mais il y eut des dégâts matériels considérables. Malheureusement les voies et les gares ne furent pas touchées, les avions se trouvant à une très grande hauteur. Il s'en fallut de cinquante mètres que le dépôt de gaz asphyxiants d'Iwuy ne sautât.
      Les canons sur auto, circulant sur le boulevard se mettaient à la poursuite de ces avions, tâchent de les atteindre, et c'est avec la plus grande anxiété que je suivis toutes les phases de cette bataille aérienne.

 

 

  • Mai 1918
    Le Samedi 18 mai 1918, par un temps splendide et très chaud, onze avions français et anglais vinrent nous rendre visite à 10 h 1/2 du matin. Ils commencèrent par lancer quelques bombes sur le village de Trith, tuant six civils. Ils planèrent ensuite sur Valenciennes, où stationnait en gare, un train de munitions qu’ils essayèrent de faire sauter. Malheureusement, les bombes tombèrent à peu de distance, faisant quelques victimes, ainsi qu'on le voit dans le rapport circonstancié de la police :
    Quatre bombes viennent d'être jetées sur la Ville.
    • La première atteignit une petite remise, appartenant à M. Mineur, teinturier, rue Cahaut.
    • Une seconde tomba sur l'un des bâtiments de M. Lefebvre, blanchisseur dans la même rue. 
    • Une troisième dans un terrain vague, à 200 mètres environ du nouveau pont de l'avenue Villars. .
    • Enfin, la quatrième, à environ 300 mètres du champ d'aviation, en face de l'immeuble portant le numéro 69 de l'avenue de Cambrai.
      Les dégâts furent considérables. Quatre ménages qui habitaient les immeubles portant les numéros 27, 29, 33, 35 de cette avenue se trouvèrent sans abri. De nombreuses vitres furent brisées, tant dans la rue Cahaut, qu'au Clos des Villas.

    Les victimes au nombre de sept furent : 
    1. Vaillaux Adèle, 58 ans, rue Cahaut, 35, blessée grièvement, admise à l'Hôtel-Dieu.
    2. Belot Alphonsine, Epouse Terrez, 26 ans, rue Cahaut, 27, blessée aux cuisses, admise à l'Hôtel-Dieu.
    3. Vandeville Marcel, 23 ans, hôtelier en garage, près de ]a Citadelle, blessé grièvement, soigné chez lui. 
    4. Malesse Clémence, 24 ans, batelière en stationnement à la Citadelle, soignée chez elle. 
    5. Caillez Joseph, 30 ans, peintre, demeurant rue Gillis, blessé légèrement au cou.
    6. Gagneaux Malvina, 26 ans, ménagère demeurant rue Cahaut, blessée sur différentes parties du corps, admise à l'Hôtel-Dieu.
    7. Darras Georges, né le 12 septembre 1865, à Noreuil, évacué de ladite commune, domicilié à Valenciennes, 18, rue des Maillets, tué. Ce dernier était occupé à charger des décombres, avenue de Cambrai, et son cadavre fut transporté à la morgue (Hôtel-Dieu).
    MM. les docteurs Trouillet et Hédot, qui s'étaient rendus sur les lieux, donnèrent leurs soins aux blessés.

    19180518
    Gazette des Ardennes du 29/05/1918


    Le dimanche de la Pentecôte, 19 Mai 1918, par un temps clair, une grande activité aérienne se manifesta de nouveau. Une première attaque eut lieu vers 10 heures. Les avions survolaient la ville, et furent reçus par une salve d'artillerie très nourrie : mais, aucun d'eux ne fut atteint. Nouvelle visite d'avions à 11 h. 1/2, certains des projectiles tombaient dans le quartier de la gare ; l'un d'eux éclata derrière la statue des Carpeaux, brisant les vitres du voisinage ; deux hommes furent tués au lieu dit le Vert-Gazon, banlieue ouest de Valenciennes.
    Un officier qui passait sur le boulevard sonna chez moi, pour s'abriter, disant qu'il craignait plus les éclats d'obus allemands que les bombes françaises ou anglaises. Ce qu'il y eut de surprenant, c'est qu'il n'y ait pas eu plus de victimes, les canons contre avions placés autour de la ville et au champ d'aviation, tirant en l'air sans s'inquiéter des civils.
    Le directeur de l'école du Faubourg de Paris, qui se trouvait à proximité du champ d'aviation, entendant siffler les bombes, eut la présence d'esprit de faire coucher tous les enfants. Il évita ainsi de graves accidents.
    La visite que nous eûmes à 6 h. 1/2 du soir, fut plus sérieuse, car elle fit cette fois des victimes, et d'importants dégâts. Vers 4 heures de l'après-midi, étant très fatigué, je me reposai dans mon jardin en compagnie de mon ami Dupont et de mon frère Maurice, quand nous entendîmes la sirène, suivie aussitôt d'une violente canonnade. Nous vîmes alors six avions français et anglais, qui se trouvaient à une très grande hauteur et formaient le triangle. Le Capitaine dirigeant cette escadrille, qui se trouvait en queue, lança une fusée. Ce fut alors le signal d'une pluie de bombes. Tout danger passé, nous retournâmes dans le jardin, et nous vîmes une énorme colonne de fumée. M. Dupont, crut que c'était sa banque, située rue du Quesnoy, qui brûlait, et chacun de nous courut sur le lieu du sinistre; une bombe était tombée sur l'imprimerie de MM. Seulin et Dehon, à proximité de l'église Notre-Dame, et en un instant, elle était en flammes. Il faut dire que les Allemands y avaient caché un dépôt d'essence. Les rues furent barrées, et une pompe appartenant à la ville de Saint-Quentin fut mise immédiatement en batterie, mais les Allemands ayant réquisitionné les lances en cuivre pour les remplacer par des lances en zinc plus larges, la pression ne fut pas assez forte pour noyer le foyer de l'incendie, de sorte que les pompiers durent s'exposer pour protéger les maisons voisines. Il se trouvait dans cette imprimerie six millions de bons de Valenciennes sur le sort desquels M. Dugardin, notre sous-préfet, était très inquiet, mais l'officier Krown, chargé de ce service avait eu soin de les faire mettre à l'abri.
    Le feu avait une telle intensité, que la maison du notaire Roger et la remise du docteur Bourlon, situés à proximité, commençaient à brûler. Celle-ci, malgré les efforts des pompiers pour la protéger, fut bientôt la proie des flammes. Pendant ce temps, les soldats allemands parcouraient les appartements de M. Roger, pour voler ce qui leur tombait sous la main, sous prétexte de sauvetage. Le Commandant arriva à temps pour les en faire sortir, pendant que M. Roger sauvait ses minutes. Le clocher de Notre-Dame, situé à trente mètres à peine de l'incendie disparaissait dans ce tourbillon de fumée et de flammes ; un officier supérieur vint me dire alors d'enlever tout ce qui se trouvait dans l'église, qui courait un grand danger. Je prévins immédiatement le Maire et J. Billet, qui, avec le Doyen donna des ordres aux pompiers de visiter les combles du clocher, où déjà quelque poutres étaient en flammes.
    Elles furent immédiatement coupées avec des haches, et jetées sur le pavé.
    Chez M. Dupont père, l'écurie située rue du Quesnoy, qui touchait par derrière au bâtiment Dehon et Seulin, commençait également à brûler ; la bombe étant tombée à quelques mètres de là.

    Naturellement, cette attaque ne se passa pas sans accidents. Les brancards circulèrent et les prêtres donnèrent l'absolution de côté et d'autres.
    Voici d'ailleurs le l'apport de la police à ce sujet : 
    " J'ai l'honneur écrit l'inspecteur Hot, de porter à la connaissance de M. l'adjoint faisant fonction de Maire de la Ville de Valenciennes, que des renseignements qui me sont fournis par le brigadier Havez, du service de la Sûreté, il résulte que des bombes ont été jetées sur la ville hier, 19 courant, vers 6 h. 1/2 du soir, aux endroits ci-dessous désignés, occasionnant les dégâts et accidents suivants. 
    1. Rue Capron, sur la maison d'habitation de M. Dreyfus : toiture effondrée, nombreuses vitres brisées. 
    2. Rue Askièvre, nombreux immeubles atteints. 
    3. Rue Delsaux, face l'immeuble portant le n° 1. 
    4. Rue Delsaux, sur la toiture de l'immeuble portant le n° 72 de la maison Watelle. 
    5. Rue Louis-Cellier, plusieurs maisons effondrées. 
    6. Rue Comtesse, plusieurs maisons effondrées. 
    7. Rue du 22-septembre, plusieurs maisons et une écurie endommagées, un cheval tué. 
    8. Rue de la Barre, sur l'immeuble portant le n° 22, maison en partie effondrée, un hangar effondré. 
    9.  Rue du Grand-Fossart, n° 9, chez M. le Docteur Mariage. 
    10.  Rue des Ursulines et rue de Hesques : un violent incendie s'est déclaré dans l'imprimerie Seulin-Dehon, ainsi que chez M. Roger, notaire.

    Ont été victimes : 
    1°   Crombez Alfred, 44 ans, prisonnier civil, en logement rue de la Halle, tué. 
    2°   Gauchez Désiré, 78 ans, rue Comtesse n° 3, tué. 
    3°   Druon Jean-Baptiste, 56 ans, enclos du Béguinage, tué. 
    4°   Chaval Romarin, 23 ans, rue du Chauffour, tué. 
    5°  Duhem Victor, 44 ans, rue d'Audregnies, 12, blessé grièvement (mort des suites de ses blessures). 
    6°   Quentin Louis, 13 ans, cour Emile-Durieux, jambe droite arrachée. . 
    7°   Leroy Elise, 22 ans, place Froissard, 15, blessée légèrement. 
    8°   Dutrieux Alexandre, 18 ans, rue de la Halle, blessé. 
    9°   Chastin Adèle, femme Ghislain, 39 ans, rue Delsaux. 62, blessée légèrement à l’œil droit. 
    10°  Masset Alfred, 14 ans, rue Delsaux, 57, blessé grièvement (décédé). 
    11°  Defert Joséphine, 13 ans ; allée des Soupirs, légèrement blessée à la jambe gauche. 
    Deux militaires ont été tués, quatre sont blessés.

    19180519
    Gazette des Ardennes du 29/05/1918


    Le lendemain matin, 20 Mai 1918 le toit de la maison Dreyfus, située rue Capron fut complètement éventré par un obus. L'officier qui depuis un an et demi logeait dans cette maison, ne voulut cependant pas la quitter, et y fit faire quelques réparations de fortune.

    Naturellement, le Conseil municipal eut à s'occuper des dégâts causés par ces bombes.
    M. Billiet, adjoint, fit faire par M. Armbruster, architecte de la ville, le relevé de toutes les maisons qui avaient été touchées, celles qui étaient encore habitées, et celles qui ne l'étaient plus.
    Il proposa de faire les réparations à la charge de la ville, pour les personnes qui n'en avaient pas le moyen, mais contre remboursement dans l'avenir.
    A Trith où il y avait eu également beaucoup de victimes, dont six jeunes filles travaillant à la cartoucherie, l'officier fit venir aux funérailles un piquet de 60 hommes, les familles refusèrent la musique. Les Allemands profitaient de ces incidents pour exciter la population contre les Anglais.
    Une commission spéciale fut nommée, se composant de MM. Jules Billiet, adjoint aux travaux, Henri Armbruster, architecte, Marcel Bouillon, délégué de l'administration, conseiller municipal, Albert Fortier et Alexandre Brasseur, entrepreneurs.
    Cette commission avait pour mission de se transporter sur les lieux des accidents et de prendre les mesures nécessaires, sur la demande des propriétaires, pour faire procéder au déblaiement, puis la note ou mémoire établi par le bureau des travaux était scrupuleusement vérifiée.
    MM. Albert Fortier, Alexandre Brasseur, Henri Armbruster présents à la réunion du 25 mai, soumirent cette question des responsabilités à la compétence du Conseil municipal, avant d'entreprendre les visites dans les immeubles sinistrés.

    En conséquence, celui-ci prit la délibération suivante :
    " Considérant que de nombreuses dégradations résultant de faits de guerre ont atteint un grand nombre d'immeubles de la Ville et de ses faubourgs, qu'elles nécessitent des réparations urgentes, soit au point de vue de la sécurité publique soit dans un intérêt public, par exemple pour conserver une habitation à des évacués. 
    " Que de nombreuses difficultés peuvent se présenter, soit pour apprécier la nature, la nécessité et l'urgence des travaux réclamés, soit pour déterminer à quelle concurrence de quelles sommes la ville devrait consentir des avances pour en assurer l'exécution, soit à d'autres fins imprévues. 
    " Considérant qu'en dehors de ces cas particuliers, fréquentes sont les occasions où les lumières et l'autorité d'un groupement comprenant les spécialistes, peuvent servir utilement en la matière, les intérêts de la ville. 
    " Considérant que le nombre des Conseillers municipaux présents à Valenciennes étant réduit à treize, il devient indispensable de recourir à une commission mixte.

    " En conséquence : 
    "Approuvant la proposition de l'Administration municipale, décide que la Commission des travaux sera complétée par l'adjonction de nouveaux membres pris en dehors du Conseil.
    " Confirme dans leurs fonctions ou nomme aux fonctions de commissaires aux travaux : MM. Billiet, Armbruster, Bouillon, Fortier, Brasseur.
    " Dit que cette commission aura charge et mandat de pourvoir en matière de travaux et en. cas de péril ou d'intérêt public, soit aux nécessités dérivant des faits et risques de guerre, soit à toutes vérifications, études et mains-d'œuvre utiles à la ville dans les meilleures conditions de sécurité, et de surveillance compatibles avec les circonstances.

    19180520
    Gazette des Ardennes du 29/05/1918



    Le lendemain, 21 mai 1918, comme il fallait s'y attendre, par deux fois, la sirène nous réveilla, l'électricité fut coupée, et sans fausse honte, chacun cette fois, descendit dans sa cave, après la leçon de la veille. Mais cette fois, les avions, après avoir essayé une violente canonnade continuèrent leur chemin sans avoir été touchés.
    A la suite des accidents produits par les bombes, la Mairie recevait le 24 mai 1918, de la Commandanture, l'avis par lequel la Gendarmerie était chargée de trouver des caves pouvant autant que possible résister aux bombes. Une inscription sur la rue devaient les désigner comme telles. Les habitants de ces maisons étaient priés d'en permettre l'accès en tout temps.
    En effet à la suite de cette circulaire, lorsque la sirène signalait l'approche des avions, vous pouviez toujours entrer dans une cave pour vous mettre à l'abri. Aussi, dès la moindre alerte, les rues étaient-elles désertes. Des soldats allèrent même de maison en maison, pour faire le recensement des caves indiquant le nombre d'hommes que l'on pouvait y mettre, s'assurant également de leur solidité.

    Les attaques aériennes se multipliaient, le temps étant particulièrement propice.


    Il y eut ce matin du 22 mai 1918, des cérémonies très impressionnantes, les obus ayant fait quinze victimes civiles. J'avais demandé, pour rendre ces funérailles plus imposantes, qu'elles fussent faites officiellement dans une seule paroisse ; mais ma proposition ne fut pas acceptée par le Conseil municipal.
    Les Allemands, dans leurs journaux, disaient que de leur côté, ils avaient jeté 175.000 kilos de projectiles sur Dunkerque, Calais, Saint-Omer et Compiègne. Mais ce qu'il y avait surtout d'effrayant, c'était la rapidité avec laquelle ces attaques se produisaient, ne laissant que très peu de temps pour se mettre à l'abri ; c'est ainsi qu'à Trith, une mère de six enfants, lavant tranquillement son linge fut transpercée par une bombe.
    D'ailleurs, la population fut assez impressionnée des dernières attaques, qui firent tant de victimes.

    Le dimanche 26 mai 1918, je visitai les combles de la maison de M. Roger, notaire, qui avait été détruits par les bombes, et l'incendie de l'imprimerie Seulin et Dehon, quand on commença à tirer le canon au polygone de Sebourg.
    "Immédiatement, il voulut descendre dans sa cave, je le rassurai, lui disant qu'il n’y avait aucun danger. Il me regarda, et me dit : "Je ne vous cacherai pas que maintenant j'ai peur, mais cela se passera. " 
    Qui connaît M. Roger sait qu'il n'était pas impressionnable, et que le danger ne lui faisait pas peur, mais cela prouve l'état d'esprit dans lequel se trouvait notre population après quatre années d'occupation, exposée à toutes les vexations, et toujours sous le coup d'une mort terrible.


    Le lundi 27 mai 1918, fut une journée assez agitée. Ecrivant comme tous les soirs mes notes dans ma chambre à coucher, les gendarmes frappèrent à ma porte pour me prévenir que l'on apercevait encore de la lumière au travers de mes jalousies, et qu'il fallait éteindre immédiatement.
    A peine, venais-je de m'endormir, qu'à 1 h 1/2 du matin, j'entendis appeler sur le boulevard. Sans allumer, j'ouvris ma fenêtre et demandai au soldat allemand ce qu'il voulait. Il me répondit qu'il venait prévenir le général de Fünckel arrivé chez moi depuis la veille avec ses trois officiers d'ordonnance, que son régiment était en gare. Je descendis donc lui ouvrir et le conduisis dans la. chambre du généraL Me trouvant seul avec ce soldat, il m'avoua qu'il était venu prévenir son général que des aviateurs devaient venir cette nuit même, et dans la journée, jeter des bombes sur la ville, et qu'il fallait descendre dans la cave. Je fus surpris que les Allemands fussent si bien renseignés, mais il pensait que des ordres avaient été trouvés sur des aviateurs français ou anglais.

    Toujours est-il qu'à 1 h. 1/2 de l'après-midi, au moment où nous allions nous mettre à table chez mon beau-frère Pierre Delcourt, des bombes tombèrent avant même que la sirène ait donné le signal de se mettre à l'abri. Par prudence, nous descendîmes vingt minutes dans la cave : les Allemands ne tirèrent presque pas contre ces avions. En quelques minutes, les aviateurs jetèrent 17 bombes, entre le faubourg de Paris et la gare, des femmes et des enfants qui n'avaient pas eu le temps de se garer furent horriblement mutilés. Le spectacle était affreux à voir !

    • Une bombe tomba dans le quartier populeux de la rue Neuve. Une mère me dit qu'en entendant le sifflement de la bombe, elle mit son enfant à terre, et se coucha sur lui. Tous deux furent ainsi sauvés, les éclats passant au-dessus d'elle, et blessant grièvement sa mère. 
    • Sur le chemin de la Digue, il y eut également plusieurs victimes dont une de nos ouvrières, Mme Gilles et sa petite fille qui furent toutes deux tuées. J'étais au bureau de police, quand son mari affolé de ne pas la voir rentrer, vint voir si elle n'était pas parmi les victimes. Inutile de dépeindre la douleur de cet homme. lorsqu'il apprit la triste nouvelle.
    • Un batelier de la C. R. B., qui par erreur, était passé par Valenciennes, se rendant à Douai, fut tué sur son bateau, ainsi que sa femme en passant à l'écluse Notre-Dame, et leur fillette fut grièvement blessée. Il restait à bord une autre fillette que des bateliers voisins recueillirent. Ce bateau contenait un chargement de choucroute.

    Voici les noms des victimes de ce raid d'aviation : 
    Tués :
    1. Victor Plichon. 
    2. Berthe Lussiez. 
    3. Odette Gilles 
    4. Henri Bernier. 
    5. Gilbert Mascaut. 
    6. Flore Gisse. 
    2 soldats allemands.

    Blessés :
    1. Laplace. 
    2. Fabienne Cochez. 
    3. Jeanne Brouillon. 
    4. Louis Lamalce 
    5. Maria Laplace 
    6. Augustin Nef. 
    7. Augustin Quillin.
    8. Maurice Blas. (voir en 1917, le 30/09)
    9. Auguste Benois.
    10. Léonard Sautiez.
    11. Clémence Duchappart. 
    12. Gustave Jacob.
    13. E. Froissaint. 
    14. Maria Figue. 
    15. Arsène Dubois. 
    16. Valentine Pols.
    Trois soldats italiens prisonniers.

    Pour le soir, une autre attaque était attendue. 80 avions allemands étaient prêts à s'envoler au premier signal pour leur livrer bataille.
    • Plusieurs bombes tombèrent encore sur la ville, sans toutefois faire de victimes,
    • rue du Bois, une dame fut cependant blessée au bras et à la figure, rue des Echelles, rue de l'intendance, les bâtiments de l'ancienne poste furent très endommagés.
    • Place Saint-Jean au "Soldatenheim ", une bombe tomba dans la cour, tous les carreaux de M. Henry, de la Chambre de commerce, et ceux du bureau de M. Turbot volèrent en éclat.

    A Maubeuge, que le Kaiser quittait, Hindenburg et Ludendorff venant d'y faire une conférence, il y eut également de nombreuses bombes lancées. Hautmont en reçut dix pour sa part, mais nous n'en connûmes pas le résultat, toute communication étant devenue impossible.

    19180527
    Gazette des Ardennes du 7 juin 1918


    Le 29 mai 1918 :

    19180529
    Gazette des Ardennes du 7 juin 1918



    Le jeudi 30 mai 1918, par un beau clair de lune, les avions vinrent de nouveau nous empêcher de dormir ; les attaques se renouvelèrent trois fois, la première à minuit, la seconde à deux heures et la troisième à trois heures du matin.
    • J'eus encore le tort de ne pas descendre à la cave, car une bombe tomba près de chez moi, tuant deux sentinelles sur le champ de manœuvres. Il faut dire que sous les arbres, des camions chargés de munitions étaient dissimulés : il s'en fallut de quelques mètres pour que le but cherché fut atteint.
    • Deux autres bombes tombèrent, l'une près de l'usine de M. de Vienne, rue de l'Epaix, dans le Marais : il n’y eut que des dégâts matériels.
    Aussi les Allemands faisaient-ils construire directement dans les rues des descentes pour s'abriter dans les caves ; les soldats qui ne s'y réfugiaient pas en cas d'alerte, étaient punis de quinze jours de prison.
    Les sirènes annonçant l'arrivée d'avions, émurent à tel point la population et les Allemands eux-même, que souvent, sans même prendre le temps de se vêtir, tous se précipitaient dans les caves.
    C'est ainsi que dans certaines maisons se déroulèrent des scènes vraiment comiques. Pour ne citer que celle qui se produisit cette nuit chez M. Dupont fils, 1, boulevard Watteau, où le colonel qu'il logeait descendit en costume de nuit ayant simplement mis ses bottes ornées d'éperons ; les bonnes étaient en chemises de nuit.

    19180530
    Gazette des Ardennes du 7 juin 1918


    FUNÉRAILLES DU BATELIER ET DE SA FEMME 
    L'événement triste de la journée fut les funérailles du batelier et de sa femme, tués par une bombe sur leur bateau "Zoé".
    Le deuil était conduit par leurs filles, âgées de quinze et treize ans. Puis, suivaient MM. Turbot, Président de la Chambre de Commerce et du District, Gorter, délégué hollandais, et moi-même. 
    Comme il n'y avait plus de fleurs en ville, on prit celles de mon jardin, pour faire les deux grandes couronnes offertes par le Comité.
    La fille aînée fut très courageuse, jusqu'au moment où le cortège passa devant l'écluse Notre-Dame, où avait eu lieu l'accident. Nous dûmes la soutenir jusqu'au cimetière, où elle faillit avoir une syncope. Cette scène était d'autant plus impressionnante qu'à la sortie du cimetière, la sirène se faisait à nouveau entendre, et que de nouvelles bombes tombaient autour de nous.
    Sur la Place Verte, deux enfants furent tués, et un autre grièvement blessé.

    A la réunion du Conseil Municipal, M. Derruder évoqua ce souvenir, et s'exprima en ces termes : 
    " Sur cette liste de décès, il y a des noms qui méritent une place à part dans le souvenir : ce sont les victimes tragiques des journées que nous traversons. Frappées par la guerre, elles ont le droit de vivre dans notre mémoire avec ceux qui ont donné leur vie pour le pays. C'est pourquoi le Conseil me permet d'exprimer la pensée émue de tous, et de m'incliner avec respect et pitié devant le deuil que laissent dans notre population, ces jeunes gens, ces vieillards, ces femmes, ces enfants, existences chères et précieuses, immolées cruellement. Mais s'ils sont tombés avec tant d'autres pour la patrie, leur sang, sang du sacrifice, nous est une assurance qu'elle ne tombera pas. Et, bien que les événements actuels soient graves et nous rendent pensifs pour la patrie, nous sommes confiants silencieusement et sûrs de l'avenir quand même, parce que la cause française est celle de la civilisation et de la justice, et la victoire de la France sera la victoire de Dieu ".


    Le vendredi 31 mai 1918, les attaques aériennes continuèrent plus vigoureusement, ce qui, cependant, raffermissait encore notre courage. Mais le public s'énervait et ne voulait même plus descendre dans les caves.
    Dans la matinée, à onze heures, nouvel avertissement : les canons tiraient sur onze avions qui survolaient la gare. Comme dans la nuit, nous entendîmes le sifflement lugubre des bombes qui tombaient, sans que nous en connaissions le résultat.
    II était curieux de voir la Grand’Place, au premier signal de la sirène, se vider en un clin d'œil, et Français comme Allemands se précipitaient dans les caves. Il y avait même des personnes qui, depuis plusieurs jours, n'osaient sortir de chez elles. Cette fois les bombes tombèrent au village de Petite-Forêt, où il eut trois blessés, et sur l'usine Franco-Belge à Raismes. Les Allemands profitaient de l'affolement pour lancer des nouvelles alarmantes, et déprimer la population., 
    C'est ainsi que ce soir-là, les Allemands nous annonçaient leur marche en avant de Château-Thierry, indiquant le nombre de prisonniers qui s'élevait à 45.000, le matériel de guerre se montant à 400 canons, et plus de mille mitrailleuses.
    Ils ne dissimulaient pas leur puissant moyen d'attaque, qui consistaient à lancer de lourd obus à gaz dans les tranchées, paralysant ainsi toute action.

    A la séance du Conseil municipal du 3 juin 1918, M. Damien, adjoint, faisant remarquer qu'il y avait eu en mai, vingt-sept de nos concitoyens tués par les bombes :
    Seize hommes ; cinq femmes ; une fillette ; cinq garçons.
    M. Derruder, Conseiller, lui répondit :
    " Ce n'est pas le moment d'élever la voix, et de dire combien nous sommes émus de constater autant de victimes pour la Patrie. Mais nous sommes sûrs qu'elle triomphera dans une aurore nouvelle. Ce sera alors, la victoire française, la Victoire de Dieu ".


  • Juin 1918
    -Voir également l'explosion de Blanc-Misseron-

    Le jeudi 6 juin 1918, à 9 h. 1/2 du soir, me trouvant dans mon jardin, comme la sirène se faisait entendre plus tôt que d’habitude, et la canonnade commençait immédiatement, je fus entouré de projectiles allemands, qui tombèrent à peu de distance sans me blesser toutefois.
    A peine endormi, à deux heures du matin, la sirène me réveillait à nouveau, mais tranquillement, je demeurai couché.
    A onze heures du matin, nouvel avertissement : ce fut un sauve qui peut général, et la Grand'Place se vida en un clin d'œil : officiers, soldats et civils, se précipitaient dans la première cave qu'ils trouvaient ouverte.
    Une bataille en règle s'engagea avec neuf de nos avions, qui venaient bombarder le quartier de la gare, laissant tomber une quinzaine de bombes, qui occasionnèrent bien des victimes, si nous en croyons le rapport suivant de la police :
    "J'ai l'honneur de porter à la connaissance de M. l'Adjoint, faisant fonctions de Maire de la ville de Valenciennes, que des renseignements qui me sont fournis par le service de police, il résulte que les bombes jetées sur la Ville ce matin, sont tombées aux endroits ci-dessous désignés :
    • " A proximité de la Centrale Electrique, au Marais de l'Epaix, ainsi que dans les voies de garage, aux environs du dépôt des machines.
    • " Dans les dépendances du Nouvel Hôtel-Dieu, à Saint Waast-là-Haut.
    • " Sur l'établissement de M. Dubois, Industriel, 96, rue Péclet.
    • " Près des écoles libres du faubourg de Lille, (à environ trois mètres des écoles).
    • " Casernes des Douanes, rue Emmanuel-Rey.
    • " Avenue Dampierre (côté gauche) face la rue Constant Moyaux.
    " Ont été victimes les personnes ci-dessous :
    1. Colmant Gustave : 56 ans, bourrelier, demeurant, 57, rue du Rempart. Blessé sérieusement à la jambe gauche. Colmant travaillait dans son jardin au Marais de l'Epaix.
    2. Thoret Alfred, 54 ans, ouvrier fondeur, demeurant, Coron du Loyen, à Anzin, tué.
    3. Duchemin Louis, 18 ans, fondeur (évacué de Guise), Impasse Marceau, à Anzin, blessé à la tête, transporté à 1'Hôtel-Dieu.
    4. Meresse Edmond, 42 ans, fondeur, demeurant, coron du Loyen, à Anzin, tué.
    5. Lemoine Léon, manœuvre, cour Levassenr, à Anzin, blessé à la tête.
    6. Azard Jules, 59 ans, fondeur (évacué de Guise), rue Jules-Ferry, à Anzin, blessé sur différentes parties du corps. Transporté à 1'Hôtel-Dieu.
    7. Meresse Léon, 17.ans, 236, rue de Condé, à Anzin, blessures légères.
    8. Labjoie Maurice, 20 ans, 99, rue Saint-Louis, à Anzin, blessures légères."                      Ces sept personnes étaient occupées dans l'établissement de M. Dubois.
    9. Barbieux Aimé, 64 ans, célibataire, demeurant 310, rue de Condé, à Anzin, tué, avenue Dampierre.
    " Plusieurs bombes sont tombées également rue Constant Moyaux, à Anzin.
    " Ont été victimes :
    1. Opry Jules, 50 ans, rue Constant-Moyaux, 12, Anzin, tué.
    2. Opry Marie-Thérèse, 6 ans, rue Constant-Moyaux, 12, Anzin, tuée.
    3. Opry Gaston, 9 ans, rue Constant-Moyaux, 12, Anzin, blessé.
    4. Delattre Louis, 50 ans, 8, rue Constant-Moyaux, Anzin, blessé.
    5. Lebrun Marguerite, 11 ans, 8, rue Constant Moyaux, Anzin, blessé.
    6. Poix Joachin, 70 ans, 8, rue Constant-Moyaux, Anzin, blessé.
    7. Une jeune fille de Bruay, dont le nom est demeuré inconnu, a été tuée rue Saint-Louis, à Anzin.
    8. Un jeune homme, du nom de Melice, fut tué, rue des Agglomérés, également à Anzin.
    " De même, le 7 juin, des renseignements qui me sont fournis par le service de police, il résulte que les bombes jetées sur la Ville, ce matin, vers onze heures et demi, sont tombées aux endroits ci dessous désignés :
    " 1° Dans l'établissement Grimbert, situé entre le boulevard Bauduin-de-Constantinople, la rue de l'Epaix, et le canal de décharge.
    " 2° Dans les voies de garage situées derrière la rue de l'Epaix, l'usine d'équarissage de M. Trampont et le canal de décharge. A cet endroit des wagons de munitions ont explosé, communiquant le feu à trois immeubles de la rue de l'Epaix : le Chalet et deux petites maisons appartenant à la Cie des Chemins de fer du Nord.
    " 3° Deux bombes, place Poterne, l'une sur le boulevard face à l'estaminet Gravelle, et l'autre dans le vieil Escaut.
    " 4° Une sur la maison d'habitation de Mme Stemmer, cabaretière, Chemin des Alliés.
    Des dégâts matériels ont été occasionnés en beaucoup d'endroits de la Ville, notamment dans les rues du Chauffour, Gambetta, Josquin Desprez, Duponchel, Péclet, Ecluse Folien, Chemin du Halage :
    " P. S. Deux bombes sont tombées également sur l'établissement des fers à cheval. Dégâts matériels.
    " On ne signale jusqu'ici, aucunes autres personnes civiles tuées ou blessées.
    " Signé : Wantelet, inspecteur de police.
     

    19180606 1918-364
    Gazette des Ardennes du 14 juin 1918

  • Enfin, le 8 juin 1918, des bombes jetées sur la Ville, ce jour, vers six heures du soir, tombèrent aux endroits ci-après désignés :
    1. Une dans la cour de l'immeuble portant le n° 23 de la place Verte, angle de la rue des Incas ; le bâtiment est occupé par des militaires (bureau des Flack Kraftfahrschule). Dégâts matériels. Pas de blessés.
    2. Trois dans le parc situé derrière la nouvelle tuyauterie. Pas de blessés.
    3. Cinq ou six le long du canal, près du chantier de construction de bateaux et du magasin de ravitaillement. Au petit Bruxelles, une jeune fille de 15 ans, du nom de Peters Caroline, batelière, en stationnement au chantier a été blessée légèrement à la jambe droite.
    4. Une, rue de Beaumont, 24, dans le jardin de M. Fontaine. Pas de blessés.
    5. Une, sur l'angle gauche de la caserne Vincent., rue de Lille. On ignore s'il y a eu des blessés.
    6. Une, rue Derrière-les Murs, Impasse Badin, sur des immeubles appartenant à M. Dolet. Pas de blessés.
    7. Une sur la voie publique, rue Davaine, face le magasin à fourrage. Pas de blessés.
    8. Une, avenue des Flandres, contre le Lycée Wallon. Deux militaires auraient été tués.
    9. Une, avenue des Monnayeurs, sur une baraque de cantonnement servant aux blessés.
    10. Une, cour du Vert-Soufflet, grands dégâts matériels.
    11. Enfin, une dernière tombée dans le jardin de l'immeuble portant le n° 40 de la rue de l'Epaix. Pas de victimes.
     


    Le vendredi 7 juin 1918, dès une heure du matin, la sirène nous avertissait de descendre dans nos caves, et j'écoutais de mon lit le ronflement des moteurs d'avions qui passaient sans jeter de bombes. Puis, ce même matin, à onze heures, la sirène se faisait de nouveau entendre, et le canon accélérait son tir de minute en minute. Une grande bataille se livrait au-dessus de nos têtes, je crus donc plus prudent de descendre dans les caves de la Mairie, d'où j'entendis le sifflement de dix-sept bombes lancées par les neuf avions qui survolaient la ville. Je me risquais cependant au dehors ; pendant que les canons tiraient sur les avions de tête, l'un d'eux se détachant du groupe descendait pour lâcher ses bombes sur un train de munitions qui se trouvait derrière l'usine de fers à cheval de M. Gauthier, située sur le Chemin des Alliés, à proximité de la gare. Presque aussitôt, nous entendîmes les détonations se multiplier, indiquant que le but était atteint ; peu à peu, celles-ci devinrent de plus en plus fortes, accompagnées du sifflement des obus qui éclataient. La sirène nous annonça, comme d'habitude, par trois appels, que les avions s'étaient éloignés, et que le danger étant écarté, la population pouvait sortir des caves. Mais bientôt, nouvelle alarme jusqu'ici inconnue. Les cloches sonnèrent à toute volée. pour prévenir la population que c'était la première fois que les obus qui éclataient, étaient chargés de gaz asphyxiants, et qu'il fallait en hâte monter dans les greniers. Dans les rues, affolement général, les femmes avaient déjà leur mouchoir sur la bouche, les enfants sortaient des écoles avec leurs maîtres, courant pour rentrer chez eux. Les officiers sortaient et se sauvaient dans leur auto, dans la direction de Famars, prenant même des civils, semant la terreur, et criant : " Sauvez-vous, voilà les gaz ". Me trouvant Place Saint Jean, dans les bureaux de la C.R.B., M. Turbot et moi, montâmes avec les employés dans les greniers de la quincaillerie de MM. Mallez et Cie, qui étaient très élevés.


                 Nous avions cependant eu la précaution de prendre avec nous un seau d'eau, en cas de besoin. De là-haut, nous dominions le foyer de l'incendie. Des gerbes de feu, et des colonnes de fumée, s'élevaient à une grande hauteur, et tout autour de nous, les projectiles sifflaient. Le spectacle était saisissant, mais notre situation était en même temps, très périlleuse. Le vent soufflait dans la direction de Saint-Saulve, et nous n'eûmes pas à craindre l'effet terrible de ces gaz.
    Sur la Grand’Place, jouait la musique militaire, qui continua son concert au milieu des explosions.
    Chez M. Branquart, qui habitait rue de Mons, un éclat d'obus, pesant trois kilogrammes, encore fumant, traversa le plafond ; toute la famille était heureusement dans la cave.
    Pendant ce temps, avait lieu à l'Eglise Notre-Dame, l'enterrement d'une vieille dame de la rue de Famars. Mais dès que les cloches sonnèrent, annonçant les gaz, la famille et les assistants se précipitèrent dans le clocher, abandonnant le corps.
    La cérémonie se termina dans l'après-midi, tout danger étant écarté.
    L'affolement fut si grand au pensionnat Jeanne d'Arc, en entendant sonner les cloches, que la maîtresse fit monter les enfants dans le grenier et y porta des seaux d'eau, disant aux enfants qui n'avaient pas de mouchoir, de mouiller leur robe et de la retourner sur leur tête.

    Voici d'ailleurs les instructions que la Commandanture avait données au Maire M. Billiet :
    " Pour les signaux : trois coups prolongés de la sirène indiquent l'urgence de se mettre à l'abri dans une cave.
    " Le tocsin indique qu'il y a urgence de monter dans un grenier.
    " En ce deuxième cas, il est prudent de boucher les fenêtres au moyen de linges mouillés, parce que le vent peut soulever des tourbillons jusqu'au faîte des maisons. En cas de danger, se couvrir le visage avec des linges imbibés d'eau chargée (si possible) de carbonate de soude ou de potasse. On conseille aussi l'emploi de l'ammoniaque ou du vinaigre."
    Au Lycée Wallon, transformé en hôpital, les infirmières se hâtèrent d'évacuer les blessés et les transportèrent au collège de jeunes filles, malgré de nombreux projectiles.
    Cette catastrophe eut été terrible, si quelques instants avant le bombardement, un train complet de gaz asphyxiants n'avait pas été dirigé sur le front.
    Ce qui était consolant au milieu de toutes ces émotions, était de voir la figure souriante des personnes qui s'abordaient, en disant : " Cette fois, ça y est, la bombe a été bien placée."
    A sept heures du soir, nouvelles explosions dans la. direction de Blanc-Misseron : la Commandanture y envoya aussitôt les pompiers.
     
    Le samedi 8 juin 1918, à Blanc-Misseron, les pompiers de Valenciennes, qui n'étaient pas encore rentrés, essayaient de circonscrire l'incendie, qui, chaque fois, se rallumait, avec les nouvelles explosions.
    La situation était pour eux très périlleuse ; un pompier de Saint-Quentin y fut blessé grièvement.
    Beaucoup de civils, croyant tout danger écarté, étaient revenus pour rechercher des meubles, quand les gaz firent explosion à nouveau. On ne connut jamais le nombre des victimes.
    Le baromètre restait au beau fixe, et dans l'après-midi, le temps semblait s'éclaircir, quand me trouvant dans mon jardin, à six heures et demie du soir, écoutant le canon que l'on entendait dans la direction de Denain, la sirène donna le signal de descendre dans les caves.
    Je dus forcer à descendre ma femme de journée " Marthe ", ainsi que le jardinier. Nous fermions la porte, quand nous entendîmes le sifflement des premières bombes, suivies d'un fracas épouvantable, la poussière pénétrant même dans la cave. Presque au même instant, une seconde bombe éclata avec une plus grande violence.
    Dès que les trois coups de sirène furent sonnés, nous sortîmes pour voir les dégâts. La bombe était en effet, tombée à cent mètres de chez nous dans une maison occupée par les " Flag ", rue des Incas. Le mur et les bureaux furent complètement démolis : officiers et soldats sortirent devant nous de la cave, encore tout émus.

    Une autre bombe était tombée rue de Beaumont chez M. Giard, dont les habitants, par un hasard providentiel, ne furent pas tués, car ils rentraient précipitamment chez eux par la grande porte quand la bombe tomba, brisant tout. Quelques minutes après l'explosion, j'entrai dans les appartements, ramassant sur la pelouse une hélice. Le spectacle était indescriptible : portes et fenêtres arrachées, les meubles déchiquetés. les glaces brisées, les plafonds et murailles criblés de projectiles.
    Mais, bientôt, les gens du quartier se mirent à l'ouvrage, déblayant les maisons et ramassant les éclats de verre qui jonchaient le terrain.
    En résumé, il fut lancé, dans cette attaque, quatorze bombes qui, heureusement, ne blessèrent qu'une fillette et tuèrent deux Allemands.
    Le soir, de mon balcon, je voyais, vers minuit, un grand incendie dans la direction de Saint-Amand, et dans le lointain, la sirène sifflait, annonçant le passage des avions.
    Le lendemain, j'apprenais, en effet, que le camp des prisonniers de Rosult avait brûlé, ainsi qu'une scierie mécanique contenant une quantité considérable de bois.
    M. Legrand, maire de Lecelles, qui la veille déjeunait chez moi, me racontait que dans les campagnes, il n'y avait malheureusement pas de sirène, de sorte que les accidents étaient beaucoup plus fréquents.
    La Commandanture de Saint-Amand avait donné ordre aux maires de pendre dans les rues de leur commune, de distance en distance, de vieux chaudrons, auxquels étaient attachés des bâtons, de façon à ce que dès qu'un avion était en vue, les habitants puissent tambouriner et avertir la population de descendre dans les caves. Naturellement, les gamins ne manquèrent pas de donner l'alarme à tout instant, de sorte qu'il fallut supprimer ces avertisseurs par trop primitifs, pour éviter les paniques.
    Dans la direction de Blanc-Misseron, les gendarmes qui gardaient les routes, et surtout les dépôts de munitions des II° et XVII° armées, avaient des cornets pour avertir la population.
     

    19180608 1918-374
    Gazette des Ardennes du 18 juin 1918



    Le dimanche 9 juin 1918, je me rendis chez M. Meurs, capitaine des pompiers de Valenciennes, qui revenait de Blanc-Misseron, pour lui demander des renseignements sur les explosions ; en son absence, sa femme me fit un récit terrifiant :

    Il n’y avait plus un seul habitant, la plupart des maisons ayant été détruites. Une douzaine brûlaient encore, à la suite d'une nouvelle explosion. Les Allemands voulaient par-dessus tout protéger leurs magasins d'approvisionnements, contenant une douzaine de millions de denrées pour les troupes du front.
    Pendant la nuit, on vint prévenir les pompiers de se sauver immédiatement dans les champs, une explosion étant à craindre d'une minute à l'autre.
    Pendant qu'elle me faisait ce récit, la sirène siffla. Je voulais partir, mais Mme Meurs me supplia de descendre avec elle dans sa cave ; les obus commençant à tomber, j'acceptai son offre.
    M. et Mme Gabet habitaient la maison voisine, et trouvant la cave de Mme Meurs plus grande et plus sûre que la leur, ils avaient percé une porte de communication. Leurs caves étaient transformées en chambre à coucher : ils y descendaient chaque nuit avec leur bonne, et une demoiselle de leurs amies.
    Cette fois, c'était l'usine électrique qui était visée, car une bombe tomba à cinquante mètres de distance.
     

    LUMIÈRES
    La Commandature voyait de l'espionnage partout, aussi faisait-elle paraître de nombreuses circulaires relatives surtout aux lumières ; voici l'une d'entre elles, en date du 4 juin 1918 :
    " Maintes fois, les habitants, lors d'une attaque nocturne, s'éclairent sans veiller le moins du monde à intercepter la lumière et mettent ainsi en danger leurs habitations et le voisinage.
    " On fera connaître à tous les habitants qu'il est sévèrement interdit d'éclairer les chambres en cas d'alarme.
    " Les contrevenants seront immédiatement signalés et sévèrement

    De leur côté, les aviateurs, avant de lancer leurs bombes, pendant la nuit, laissaient tomber un petit parachute, qui éclairait les points qu'ils voulaient bombarder. C'est ainsi qu'ils purent viser le dépôt de bois du Rosult. A Mortagne, un dépôt de munitions sauta également, il se confirma même que c'était un avion volant très bas, qui lança sa bombe sur le dépôt de munitions de Blanc-Misseron.
    Enfin, le ciel se couvrit, et nous pûmes dormir tranquillement pendant quelques jours.
    De leur côté, les Allemands ne restaient pas inactifs, car le 12 juin 1918, nous voyions partir du champ d'aviation de la Briquette, une escadrille se composant de dix appareils, et se dirigeant vers le front.
    Les autres villes eurent le même sort que nous. C'est ainsi que Cambrai avait reçu, la semaine précédente, quarante-cinq bombes dans la même journée. Les avions étaient revenus neuf fois, causant des dégâts considérables, car les bombes étaient de gros calibre. Dans la nuit du 17 juin 1918, nous eûmes cinq alertes, à partir de une heure et demie du matin. A la première, je rencontrai dans la cave, le colonel que je logeais, son officier d'ordonnance, son ordonnance et son chien. Mais à la seconde alerte, je remontai me coucher, et je pus voir les aviateurs repérer les points qu'ils voulaient bombarder.
     


    EXAMENS
     Pour que les enfants des écoles puissent passer tranquillement leurs examens, la Commandantur envoya à la Ville, la note curieuse, suivante :
    " 18 juin 1918,
    " La cave de la rue du Quesnoy, 139, est mise à la disposition de la Ville, pour les examens à passer, et cela, pour une durée de trois semaines, à partir du 1er juillet.
    " Signé : Scabelle,
    " Oberstleutnant.

    Le Commandant, à la suite de l'explosion et de l'incendie de la gare de débord, qu'un avion français ou anglais avait fait sauter, écrivit au Maire, le 18 juin 1918, la lettre suivante :
    " Monsieur le Maire,
    " Lors de l'incendie provoqué le 7 juin dernier, à la gare de Valenciennes, par des explosions, les sapeurs-pompiers réunis de Valenciennes et de Saint-Quentin, se sont distingués, non seulement de nouveau, mais davantage encore, par le mépris de la mort. Intrépides et courageux, ils ont attaqué l'incendie et l'ont maîtrise.
    " J'ai assisté à leur lutte du commencement à la fin, et ai été témoin du valeureux courage et des efforts inlassables des sapeurs-pompiers.
    " Je remercie le Commandant des sapeurs-pompiers, les sous-officiers et les sapeurs, et vous félicite, M. le Maire, ainsi que la Ville de Valenciennes, de posséder cette distinguée compagnie. "
    A quoi M, Billiet, Maire, répondit :
    " Monsieur le colonel Scabel,
    " Je m'empresse de transmettre à M. le Commandant des sapeurs-pompiers réunis de Valenciennes et de Saint-Quentin, la lettre de félicitations que vous nous faites l'honneur de nous adresser.
    " Commandant, sous-officiers et sapeurs sauront apprécier le haut témoignage d'estime que vous leur accordez. Je me fais leur interprète pour vous adresser, M. le Commandant d'Etape, leurs vifs remerciements.

     
    Cela n'empêche que les aviateurs continuèrent à venir nous rendre visite. Le mercredi 26 juin 1918, à trois heures du matin, la sirène nous réveilla, mais les avions passèrent sans jeter de bombes. Le soir, vers neuf heures et demie, ils repassèrent après avoir bombardé Tournai et les environs. Leur passage fut également marqué à la Briquette, où un homme fut tué dans une cave dans laquelle vingt et une personnes se trouvaient réfugiées ; la maison fut détruite, mais les autres personnes ne furent point blessées. A Famars, deux femmes furent tuées. A Trith, un conseiller municipal mourut d'un éclat d'obus. Une bombe tomba à vingt mètres du dépôt de benzine du champ d'aviation, sans malheureusement l'atteindre.

    jeudi 27 juin 1918, malgré le vent, la première visite des avions ne se fit qu'à onze heures du matin, ce qui nous permit de dormir un peu. Cette fois, il y avait dans les airs un véritable combat d'avions, faisant usage de leurs mitrailleuses. A deux heures, nouvelle attaque. Cette fois, ce fut le quartier de l'église Saint-Michel qui reçut les bombes. Rue Saint-Martin, le ménage Tampère, finissait son repas, et. la femme mettait la vaisselle en place, quand ils entendirent le sifflement des bombes. Saisissant chacun un enfant dans les bras, ils se précipitèrent dans leur cave. Au même instant, deux bombes pulvérisaient leur maison.
     
    Nous consolâmes ces pauvres gens de notre mieux, leur disant qu'ils recevraient du Comite tout ce dont ils auraient besoin. Mais le Commandant ne voulut leur désigner un logement que le soir à six heures.
    Naturellement, dans le quartier, plus une seule vitre. Un peu plus loin, une autre bombe tomba. Une vieille femme sourde, Mme Gardevoine, n'ayant pas entendu la sirène, continua à travailler tranquillement dans son jardin. Un éclat lui fendit l'arcade sourcilière, elle mourut aussitôt. Une bombe tomba sur le marché aux bestiaux, à quelques mètres d'un dépôt de benzine. Malheureusement, quelques instants après nous vîmes passer deux jeunes aviateurs anglais qui avaient été abattus à Saint-Saulve, leur hélice ayant été brisée. Ils avaient, cependant, eu le temps de lancer leurs bombes avant d'atterrir. Voici d'ailleurs, le relevé des bombes qui furent lancées dans ce quartier :
    • Deux bombes, rue Saint-Martin, chez M. Tampère.
    • Une, dans le jardin de M. Baudson, où Mme Gardevoine fut tuée.
    • Une, dans un jardin, rue de l'Epaix, n° 40.
    • Deux, dans les ateliers de fer à cheval, où un soldat fut tué, et l'autre grièvement blessé.
    • Une, dans la pâture voisine : deux vaches furent tuées, et un cheval blessé.
    • Deux dans la nouvelle Tuyauterie.
    • Deux dans un champ voisin.
    • Enfin, une dernière sur le marché aux bestiaux,
      soit au total treize bombes.

    Grande19180627 1918-417
    Gazette des Ardennes du 6 juillet 1918

             GdA 1918-438
    Gazette du 18 juillet 1918

  • Juillet 1918

    Le 1er juillet 1918, à sept heures et demie du matin, la grosse artillerie, que les Allemands venaient d'installer sur la plaine de Mons, tirait bien avant que la sirène n'annonçât l'arrivée de huit avions alliés. Le tir était admirablement réglé, et nous pouvions suivre des yeux, l'éclatement des obus sous les avions qui durent s'éloigner. Mais la proximité de ces grosses pièces faisait trembler nos maisons. L'escadrille allemande, à la première alerte s'était lancée à leur poursuite, et une bataille aérienne s'engagea au-dessus du village de La Sentinelle. Huit autres avions anglais venant de Saint-Amand se joignirent à leurs camarades, et tous ensemble repassèrent les lignes sans aucune perte, après avoir jeté quelques bombes sur le chemin de fer, à Wallers et à Saint-Amand, causant des dégâts importants.

    Le 9 juillet 1918, je rentrais à huit heures et demie du soir de Saint-Saulve, où j'avais été pour organiser le marché aux légumes, quand j'entendis un avion allemand descendre en coup de vent. Me trouvant dans ma roseraie, je levai la tête, et vis cet avion en flammes à trois ou quatre cents mètres de hauteur, et les aviateurs poussaient des cris déchirants, ce qui était horrible.
    Je n'eus que le temps de me reculer, l'avion tombait à quelques mètres de moi. Le soldat qui était en avant sauta, et alla s'abattre contre le mur de mon voisin, M. Rolland. Le sergent, pris sous l'avion en flammes fut carbonisé. Ils revenaient du front ; l'appareil sortait d'une usine de Hanovre, et portait le n° 137.
    Immédiatement, l'équipe des Flack arriva, éteignit l’incendie en jetant de la terre afin de dégager le corps du sergent, avec beaucoup de peine.
    Le public commençait à envahir le jardin, quand les gendarmes arrivèrent, pour expulser les curieux et moi-même.
    Le commandant de place arriva aussitôt, ainsi que les autorités allemandes. En sortant, le commandant me dit simplement :
    " Il fait beau en ce moment, la vie des hommes ne compte guère ".

    Le lendemain matin, une équipe de prisonniers anglais vint pour dégager l'appareil qu'une sentinelle avait gardé toute la nuit. Ils retrouvèrent un pied de la victime sous les décombres. Je me rappellerai toujours cette vision de mort, ayant failli être écrasé par ce bolide.
    Pendant tout le mois de juillet, les avions ne cessèrent de venir nous rendre visite, volant tous très bas et très vite. Nos fenêtres en tremblaient. Il y avait à cette époque une grande offensive dans la direction de Reims et Château-Thierry.

    Il y eut particulièrement, dans la soirée du 17 juillet 1918, un coucher de soleil merveilleux, qui se termina par un violent orage qui, se mêlant au canon, formait un véritable tableau de guerre.

    La nuit du 19 juillet 1918, fut particulièrement agitée, les avions ayant survolé la ville quatre fois entre minuit et trois heures du matin. Les canons de la plaine de Mons et des environs nous empêchaient de dormir et nous ne prenions plus la précaution de descendre dans nos caves.
    A neuf heures et demie, nouvelle visite d'avions, qui venaient surveiller le mouvement des troupes, l'Empereur assistant au début de la grande offensive à l'ouest de Reims, à Châtillon-sur-Marne ; Cuchery, Marleyx, Bouilly.
    A l'est de Sillery, à Main-de-Massiges, sa présence indiquait bien que les Allemands pensaient percer le front, les soldats ayant reçu l'ordre d'avancer de vingt kilomètres ; mais Foch veillait.
    Nous remarquions que tous les hommes valides partaient au front et étaient remplacés par des femmes, dans les bureaux.

    Le samedi 20 juillet 1918, les avions, profitant du clair de lune, ne cessèrent de nous réveiller. De minuit à trois heures, ce fut un véritable concert, les canons de différents calibres se mêlant à ceux du front, qui, depuis plusieurs jours, n'avaient pas pris une seconde de repos. Mais cette fois, les Allemands déchantaient, avouant eux-même avoir abandonné la première ligne de défense entre Villers-Cotterêts et les bords de l'Oise. Les Américains et les Français auraient repris vingt villages, et fait bon nombre de prisonniers.
    Inutile de dire que cet aveu même des Allemands nous causa un très grand soulagement.

    Pour expliquer leur défaite, les Allemands disaient dans leurs journaux, que la Marne était un fleuve patriotique qui défendait Paris. Ils avaient, disaient-ils, simplement poussé une pointe en avant pour démoraliser les troupes françaises, mais ils obtinrent l'effet contraire, en offrant aux troupes françaises et américaines, l'occasion de resserrer leurs liens d'amitié, et de gagner leur première grande victoire.

    La nuit du 22 juillet 1918, fut également agitée, la sirène nous prévenait à chaque instant de descendre dans nos caves par trois coups de sifflet. Nous entendîmes des bombes tomber dans le lointain, et le soir, à sept heures et demie, une escadrille passa si haut au-dessus de chez nous, que les obus éclataient bien au-dessous sans les atteindre.
    Dans leur communiqué, les Allemands disaient avoir repoussé l'ennemi avec succès, ayant abandonné Château-Thierry, pendant la nuit, sans même que l'on s'en aperçut. Cette retraite tactique fut admirablement exécutée, écrivaient-ils dans leurs journaux.

    Comme le disait un jour Lloyd Georges à la Tribune : " Souhaitons encore beaucoup de victoires semblables aux Allemands. " 

S'ils étaient contents, nous l'étions également.

 

  • Août 1918

    Au début d'août, la visite des avions se fit de plus en plus fréquente, principalement de dix à deux heures de l'après-midi, nous entendîmes un jour, une forte explosion, dans la direction de Bouchain. Nous apprîmes, le lendemain, que deux cent wagons avaient sauté à Lourches, qu'un dépôt avait également sauté à Quaregnon, près de Mons.

    Une très grande activité régnait sur le front, et les chauffeurs qui en revenaient nous disaient qu'il y avait de véritables ruisseaux de sang. Les blessés étaient si nombreux qu'un ordre arrivait à huit heures du soir de la Commandantur, ordonnant de livrer l'église Saint-Géry, le lendemain matin à neuf heures pour recevoir ces blessés.
    Aussi, M. le Doyen Jansoone travailla-t-il avec ses vicaires et quelques fidèles jusqu'à deux heures et demie du matin. A la première heure, une équipe d'ouvriers vint enlever les chaises, les matelas étaient apportés, et à l'heure indiquée, l'église était transformée en lazaret.
    Dans les bureaux, passait une équipe pour remplacer les embusqués par des femmes qui nous arrivaient de plus en plus nombreuses.

    Dans la nuit du 11 août 1918, comme toutes les nuits d'ailleurs, la sirène nous réveilla trois fois, ainsi que l'éclatement des obus des escadrilles qui survolaient la ville. Le colonel qui logeait chez moi fut lui-même très étonné de cette activité. Aussi, la Gazette des Ardennes ne manqua pas l'occasion de frapper le moral de la population en accusant les Anglais de tirer inutilement sur des civils. La ville de Douai était parmi les plus éprouvées, cinq à dix personnes étant journellement tuées.

    Le 12 août 1918, à la réunion du Conseil municipal, M. Damien, adjoint, annonça que notre concitoyen, le lieutenant Nungesser, était nommé Officier de la Légion d'Honneur, à l'âge de 26 ans, pour avoir abattu son 31° avion, et lui adressa les félicitations du Conseil municipal, le Journal Officiel inséra la citation suivante :
    " Nungesser Charles-Eugène-Jules-Marie, de l'armée active. Lieutenant au 2° régiment de hussards, pilote aviateur.
    " Incomparable pilote de chasse, d'une science exceptionnelle et d'une éclatante bravoure, en qui se reflètent la force et l'inflexible volonté de la race.
    " Dans la cavalerie, où, dès les premiers engagements, il gagna la médaille militaire, puis dans un groupe de bombardement, où de quotidiennes prouesses le firent plusieurs fois citer à l'ordre du jour, et décorer de la Légion d'Honneur, enfin, dans une escadrille de chasse, qu'il illustre depuis trente mois de ses prodigieux exploits, s'est partout imposé comme un superbe exemple de ténacité d'audace et d'orgueilleux mépris de la mort. Eloigné à plusieurs reprises du front par des chutes et des blessures qui n'ont pu entamer sa farouche énergie, est rentré chaque fois dans la bataille avec une âme plus ardente, et est monté de victoire en victoire jusqu'à la gloire d'être Je plus redoutable adversaire de l'aviation allemande : trente et un avions abattus, trois ballons incendiés, deux blessures, seize citations ".

    La Ville de Valenciennes, voulant plus tard, commémorer sa mémoire, lui éleva [après la guerre] un monument près de l'emplacement de l'une des anciennes portes de la ville.

    Le 14 août 1918, par une belle nuit étoilée, les aviateurs vinrent surveiller le mouvement des troupes allemandes qui venaient de la frontière hollandaise, et allaient renforcer le front. La veille, les pompiers de Valenciennes avaient été appelés à Cambrai, pour y éteindre l'incendie du grand dépôt de la Marckentenderai, provoqué par l'explosion d'un train de munitions.
    "Il était assez curieux, nous dirent-ils, de voir cent cinquante pompiers venus de Caudry, Denain, Valenciennes, commandés par un officier allemand, pour éteindre l'incendie mis par nos alliés. Il fallait obéir, mais le foyer de l'incendie était tel qu'ils ne purent protéger les marchandises prises aux lors de la chute de Péronne ".

    Le lendemain, le délégué hollandais, M. Gorter, qui s'était rendu avec le capitaine Neuerbourg à Cambrai, nous dit que les dégâts avaient été considérables, tant au point de vue du ravitaillement que des munitions, les cinquante-six bombes lancées dans la nuit du lundi au mardi, ayant pour la plupart porté.

    Le 16 août 1918, voyant une équipe couper toutes les fleurs de mon jardin, j'en demandai la raison. C'était par ordre de la Commandature, pour une grande kermesse que donnaient les dames de la Croix-Rouge allemande chez le général inspecteur, habitant la villa des "Glacis" propriété des Dupas.

    Ce soir-là, avait lieu une grande attaque, car nous entendions le canon dans la direction de Lens. La fête battait son plein, quand la sirène vint annoncer l'arrivée des avions. Ce fut, naturellement, un branle-bas général, les bombes commençant à tomber, et les canons ripostant.
    En face de l’Hôpital-Général, il y avait un dépôt d'essence, trois bombes le manquèrent de peu, la sentinelle eut les deux jambes coupées, une maison fut détruite, une jeune fille eut son lit criblé d'éclats d'obus, mais ne fut pas atteinte, et tous les carreaux de l’Hospice furent cassés. En gare, quatre bombes manquèrent également de peu un train de munitions.

    Recevant par avion de nombreuses circulaires, les Allemands voyaient partout de l'espionnage, aussi firent-ils paraître le 1er août l'avis suivant :
    " Art. 1. -Les habitants qui possèdent des sacs aux dépêches, ou qui sont informés de leur existence, sont obligés de les remettre immédiatement à la Commandanture compétente, et de déclarer ce qu'ils savent sur le lieu de dépôt de tels sacs.
    " Art. 2. -Les contraventions à cette ordonnance seront punies d'emprisonnement jusqu'à un an et d'amende pouvant atteindre 1.000 marks ou de l'une de ces peines, à moins qu'une peine plus grave ne soit encore encourue d'après d'autres lois pénales.
    " Art. 3. -Sont compétents les tribunaux militaires et les commandants allemands."
     

    GDA 1918-538
    Gazette des Ardennes du 29 août 1918


    En août, sans repos chaque nuit, nous avions la visite d'escadrilles, celle du 23 Août 1918, par un beau clair de lune fut particulièrement mouvementée.
    Jusqu'à 2 h. 1/2 du matin, il nous fut impossible de dormir, les obus et les bombes tombant autour de nous, brisant les vitres.
    • L'aérodrome, sur lequel deux ou trois cents avions allemands avaient été concentrés, fut particulièrement visé, quatorze bombes tombèrent à peu de distance dans les jardins ouvriers.
    • L'une d'elle atteignit la maison portant le n° 157 de l'avenue de Famars, habitée par la famille Desenez, il y eut de grands dégâts, mais personne ne fut blessé..
    • Dans le Marais de l'Epaix, à proximité du café à "Grenouille", douze bombes étaient tombées vers 8 heures du matin sur la voie ferrée où travaillaient des ouvriers français et anglais, tuant dix d'entre eux, et en blessant une quinzaine :

      • [NDR] 7 noms figurent dans les registres de décès à cette date, avec l'indication "Décédé sur la voie de chemin de fer, gare de débord, canton sud" et la mention "prisonniers civils", ce sont :

        • GOSSELIN Maurice
        • KENDEL Ahmed
        • LEDIEU Victor
        • COLLET Jules Joseph
        • GAMEZ Julius
        • GAISSE Marcel
        • DELFOSSE Alphonse

         

    • Un peu plus loin, dans une autre équipe de prisonniers militaires italiens, une bombe tomba, tuant sept soldats et en blessant une trentaine. Aussi, l'autorité militaire allemande organisa-t-elle immédiatement un service d'ambulance pour transporter les victimes.
    En résumé, il y eut dans cette matinée treize morts et quarante-cinq blessés civils. Anzin ne fut pas épargné ; dix bombes avaient été lancées tuant un homme et une femme.
    Dans leur communiqué, les Allemands, sur les six cents bombes lancées, n'accusèrent que trois tués seulement.

    Avec M. Jules Billiet, Maire, nous allâmes sur le lieu du sinistre, faisant une visite aux personnes bombardées. Toutes avaient un moral excellent, heureuses d'avoir échappé à la mort.
    Les premières bombes étaient tombées à l'entrée de la rue Famars, entre les nos 6 et 8. Au n° 11, les meubles avaient été déchiquetés.
    • Au n° 9, chez M. Williams, et au n° 6, chez M. Lesieur, les maisons étaient effondrées.
    • Au n° 84, habité par la famille Petit, le père pour la première fois, était également descendu dans sa cave : de grosses pierres bouchaient le soupirail.
    • Au n° 86, habité par Mme Thibault, la mère entendant siffler les bombes avait pris précipitamment ses deux enfants dans ses bras, le père fermait la porte, quand la bombe éclata. Je leur demandai leurs impressions. Ils me répondirent qu'ils s'étaient blottis dans un coin de la cave en entendant l'effondrement de leur maison, se demandant s'ils étaient encore en vie.
    • Au n° 119, habité par un évacué de Trécault, M. Degand Vasseur passait la tête pour regarder, quand il entendit le sifflement de la bombe. Il eut le temps de se coucher sur le plancher, les éclats passèrent au-dessus de sa tête.

    Nous continuâmes notre visite, M. Billiet adressait un mot de consolation à chaque sinistré.
    En résumé, il était tombé :
    • 20 bombes, avenue de Famars,
    • 8 avenue du Jolimetz,
    • 5 au Petit Bruxelles,
    • 3 au Concours hippique,
    • 5 au Marais de l'Epaix.
    41 bombes au total.

    Le lendemain matin, je pensai à tous ces malheureux que je venais de visiter la veille, quand à 8 h. 1/2 j'entendis le sifflement d'une bombe en même temps que la sirène. Je n'eus que le temps de m'allonger. Au même instant, sautait un train de munitions, et le dépôt de benzine à la nouvelle tuyauterie.
    Une énorme colonne de fumée s'éleva, puis les explosions continuèrent toute la matinée. Les pompiers furent comme toujours, appelés pour aider l'autorité allemande. Deux bombes avaient été lancées sur un train qui venait d'entrer en gare, l'une en tête, l'autre à la queue, de sorte qu'il fut impossible de détacher les wagons.
    Les aviateurs revinrent vers 10 h. pour se rendre compte de leur exploit.
     

    GdA 1918-548
    Gazette des Ardennes du 3 septembre 1918

     


    Le 26 août 1918, à la stupéfaction des Allemands et des Valenciennois, malgré un grand vent, un avion français monté par deux Américains, descendait à 30 m. au-dessus du champ d'aviation.
    Soldats et sous-officiers pensaient à une panne de moteur, et se réfugiaient dans les caves dans la crainte d'être mitraillés. Quant aux canons contre-avion, ils ne pouvaient tirer si bas, ce qui ne les empêcha pas de lui envoyer trente-deux obus, lorsqu'il s'éloigna.
    Malheureusement, il nous revint qu'il avait été abattu près de Solesmes, et que tous les clichés qu'ils avaient pris étaient perdus. Tous admirèrent le sang-froid et le courage de ces aviateurs.
     

    Le 29 août 1918, par une belle matinée d'été, le marché venait à peine de s‘ouvrir, qu'à 8 heures du matin, une escadrille fit son apparition. En un clin d’œil, marchands et acheteurs se précipitèrent dans les caves.
    A peine remis de cette alerte, à 9 heures, nouvel appel de la sirène, suivi cette fois du canon. Je me réfugiai dans la cave de l'octroi, et Je vis le commandant de l'escadrille lancer une fusée pour donner l'ordre de lâcher les bombes. Ce fut alors un sifflement et un fracas extraordinaire.
    J'allai aussitôt voir les dégâts causés par les bombes, qui n'étaient pas tombées bien loin de nous.
    • D'abord, dans le square Watteau, heureusement, le monument fut épargné. L'église Saint-Géry était convertie en hôpital, les petits blessés en sortirent pour voir passer les avions ce qui motiva probablement le lancement des bombes. Quatre ou cinq furent tués en se sauvant.
    • Rue Saint-Jacques, une énorme bombe tomba sur la toiture de M. Patou : heureusement toute la famille était dans la cave, le toit et le premier étage avaient été complètement détruits.
    • Avenue du Sénateur Girard, en face de la Chambre de Commerce, une bombe tomba également sur la maison Meyer, servant de magasin au Marketenderei ; une voiture passait, le cheval fut tué ainsi que son conducteur. Il y eut également quatre Allemands tués à la Chambre de Commerce servant d'hôpitalta1.
    • Une autre bombe était tombée sur la maison de M. Jean Roguin, causant de grands dégâts, ainsi que sur celle de M. Willot, son voisin. D'ailleurs, tout ce quartier de la gare eut beaucoup à souffrir.
    • Une autre bombe tomba sur le jardin de l'Hôtel-Dieu, cassant toutes les vitres. Providentiellement, les éclats ne firent aucune victime. La sœur Marguerite pansait tranquillement un blessé quand un éclat d'obus lui raflant la tête, vint briser sa cuvette à pansement.
    • Une autre tomba au milieu de l'Esplanade, près de laquelle stationnait un train de la Croix-Rouge. Toutes les vitres du quartier volèrent en éclats.
      Cette pauvre famille Mohr qui, quelques jours auparavant avait eu sa maison détruite par une bombe, était venue s'installer rue d'Anzin, où une autre bombe vint casser toutes les vitres de sa nouvelle demeure.
    • D'autres bombes tombèrent au Faubourg de Paris, au passage à niveau, ainsi qu'au champ d'aviation.
    • Rue Cahaut [au 21 NDR], Mlles Germaine Renée DOR, 24 ans, et Aimée Noelle DOR, 20 ans, s'étaient réfugiées dans leur cave, quand une bombe tomba devant le soupirail, la maison s'écroula, et l'on retrouva les deux sœurs entrelacées dans les bras l'une de l'autre, écrasées sous les décombres.

      GdA 1918-551
      Gazette des Ardennes du 4 septembre 1918

      GdA 1918-572
      Gazette des Ardennes du 13 septembre 1918

    Tout ceci n'était que le prélude de grands événements qui se préparaient. Les évacuations forcées recommençaient, 400 malades et 1100 évacués arrivaient de Saint-Amand, aussi, le Maire M. Davaine nous demanda-t-il de lui venir en aide en lui procurant des couvertures et du linge, ce que lui accorda la C. R. B. sur le fonds d'évacuation.


    Le 30 août 1918, la bataille dans la direction de Douai était très intense, les blessés affluaient de plus en plus, aussi la Commandanture réquisitionna-t-elle l'église Saint-Michel, celles de Notre-Dame et de Saint-Nicolas ne suffisant plus.
    • En même temps, les aviateurs vinrent le soir à 7 h. 1/2 nous lancer dix-huit bombes, l'une tomba sur un wagon vide qui prit feu, et la flamme atteignit un train de munitions qui sauta.
    • Un peu plus loin, à l'équarrissage de M. Trampont, transformé en dépôt de benzine, tout sauta également durant cette nuit, les détonations se succédèrent sans interruption, se mêlant au bruit du canon du front qui faisait rage, et semblait se rapprocher.
    • Dans la matinée un wagon de gaz sauta, et les cloches commençaient à sonner quand on put le détacher.
    Ces attaques sans arrêt, ébranlaient le moral des troupes allemandes, qui commençaient à se décourager. Jamais, nous n'avions jusqu'ici constaté un tel état d'esprit. On leur avait dit que les Anglais mouraient de faim, et ils trouvaient dans les tranchées quantité de ravitaillement. On leur disait également que les troupes américaines n'existaient pas, que les sous-marins feraient sombrer tous leurs navires, et les Allemands les rencontraient sur le front. Aussi, commençaient-ils à se rendre compte qu'ils étaient perdus.

    A midi et demie, la Commandanture faisait appeler d'urgence M. Billiet, Maire, et M. Thiroux, secrétaire, pour leur dire que l'autorité militaire était émue du bruit qui circulait en ville au sujet de munitions qui seraient cachées dans les caves des églises, ajoutant que c'était pour ce motif que ces édifices avaient été réquisitionnés pour y mettre des blessés.
    M. Billiet répondit au Commandant qu'il n'existait pas de caves sous les églises, mais ne voulant pas s'en rapporter à lui, il exigea malgré cela, qu'ils allassent avec un officier de police pour s'en rendre compte

 

  • Septembre 1918

    Pendant toute la journée du 1er septembre 1918, des avions invisibles volant à une très grande hauteur, lancèrent des paquets de tracts, écrits en allemand. Il en tomba un dans mon jardin, et je n'eus même pas le temps de le ramasser, des soldats ayant franchi la grille pour le prendre, car ils recevaient 30 pfennigs par exemplaire.

    Le 3 septembre 1918, le temps s'étant éclairci, vingt-trois avions en deux escadrilles vinrent nous rendre visite à 7 h. 1/2 du soir. Je me trouvais dans le jardin, les regardant venir de Saint-Amand, les voyant s'approcher, je crus prudent de descendre dans la cave, où je rencontrai le Général et son fils. Au même instant, les bombes tombèrent faisant un fracas épouvantable. Dès que les avions furent passés, nous remontâmes, mais déjà des colonnes de fumée s'élevaient et des détonations formidables se faisaient entendre. Le Général, chargé des munitions, se précipita au téléphone. Quatre trains de munitions sautaient.

    Le matin, je m'étais rendu au Marais de l'Epaix avec M. Bouillon, conseiller, pour ravitailler les prisonniers anglais, et nous faisions précisément la remarque qu'étant à proximité des voies de triage où étaient garés les munitions, il ne fallait pas être surpris par une bombe : nous fûmes littéralement arrosés. Aussi, y eut-il quelques victimes.
    • En face de la Nouvelle Tuyauterie, boulevard Eisen, M. Ernest Dubois, 47 ans, qui n'avait pas voulu se mettre à l'abri dans une cave fut tué.
    • Avenue de Mons, un jeune homme de 18 ans, eut les jambes coupées.
    • Deux civils furent également tués par l'explosion du train de munitions.
    La nuit tombant, le ciel était illuminé par les fréquentes explosions qui s'entremêlaient avec celles du front. Aussi, les aviateurs revinrent-ils à 10 h. 1/2 contempler leur œuvre.

    Le lendemain matin, 4 septembre 1918, après une nuit agitée, vers 8 heures, une première escadrille survola la ville sans jeter de bombes. Je me trouvais à 10 h, 1/2 au bureau de police, quand la sirène nous annonça une nouvelle escadrille. Les avions volaient très bas, et les projectiles les encadraient. A chaque instant, nous pensions qu'ils allaient être touchés. Ils venaient de Denain droit sur nous, aussi trouvai-je prudent de descendre dans la cave.

    Puis en remontant, nous assistâmes à une bataille aérienne très impressionnante, les aviateurs alliés mitraillaient les aviateurs allemands qui les pourchassaient. Nous voyions tomber un avion en feuille morte, puis un second, puis un troisième.
    Etaient-ce des Allemands, ou des Alliés, nous n'en savions rien ; la bataille n'en était pas moins fort émotionnante.

    Une heure après, nous vîmes passer sur la Grand’Place un bel Américain, qui n'étaient heureusement pas blessé. Il fut conduit à la Commandanture, puis à la prison Saint-Jean. Il était escorté d'un soldat allemand, et la foule le regarda sans mot dire, dans la crainte de sévères punitions.

    • La maison de M. Duquesne, 24, rue de Famars, avait été presque entièrement démolie, et celle de M. Lebon, son voisin, en partie ; M. Duquesne fut légèrement blessé à la tête. Un cheval attaché à une voiture qui stationnait en face fut tué.
    • Un peu plus loin, au bureau du pain, salle Watteau, cinquante personnes attendaient pour être servies. Mon frère Maurice qui pointait les cartes n'eut que le temps de se mettre sous la table, la bombe, heureusement, tomba de l'autre côté du mur de la cour.
    • Une bombe tomba à proximité, au pont Delsaux, chez M. Paul Debrault.
    • Une autre en face de l'église Notre-Dame, tuant la sentinelle et détériorant le clocher.
    • D'autres bombes tombèrent dans différents quartiers ne causant que des dégâts matériels.

    Nous remarquâmes que tous les aviateurs venaient de la direction de Cambrai, et commettaient tous la même faute. Ils suivaient la ligne du chemin de fer, qui à son entrée en ville fait un coude pour entrer en gare, et reprend ensuite la direction de la Belgique, de sorte qu'ils lançaient toujours leurs bombes sur la ville, au lieu de les lancer sur la gare.

    GdA 1918-567
    Gazette des Ardennes du 11 septembre 1918


    Le 5 septembre 1918, nous terminions notre déjeuner chez mon frère Maurice, quand à 2 h. 1/2 la sirène nous fit descendre dans sa cave. Les bombes, cette fois, tombèrent dans la région de Saint-Waast, à la fosse Dutemple et à la ferme de M. P. Cartigny, où il y eut un soldat tué, trois grièvement blessés, ainsi que plusieurs Russes prisonniers.
    Dans l'après-midi, nous vîmes passer sur la Grand’Place, quatre jeunes Américains qui venaient de tomber entre les mains des Allemands.

    Le 6 septembre,  peine avais-je installé tant bien que mal plusieurs évacués de Cambrai, de mes amis, qu'à onze heures et demie, la sirène nous obligea à descendre dans les caves, les avions venant jeter quelques bombes.

    Le samedi 14 septembre, le temps couvert permit de continuer sans redouter les bombes; d'où à Vicq l'affluence était si grande que les malheureux évacués durent passer la nuit à la belle étoile, ou dans une grange du village.
    La Commandature avait promis trois trains par jour pour emmener en Belgique ces cinq mille personnes, qui attendaient leur embarquement depuis deux jours. Un seul train de soixante wagons partit dans la soirée, et l'arrivée du train de Solesmes et du Cateau augmenta encore l'encombrement.
    Fatigué et malade à la suite de tant d'émotions, je gardais la chambre. Je commençai à me reposer, quand tout à coup la
    sirène
    et le canon me firent descendre dans la cave, et j'entendis tomber huit bombes.
    Elles causèrent des dégâts dans le quartier Saint-Michel ; une bombe tomba avenue Sénac-de-Meilhan, une avenue Duchesnois et une rue du Roleur. D'autres tombèrent à proximité de la gare,
    à la nouvelle tuyauterie, et dans le marais de l'Epaix.
    Un soldat qui se trouvait avec une voiture de foin, en face de l'octroi de la porte de Mons, fut tué.


    Pendant les évacuations de Douai et de Cambrai, nous ne fûmes pas trop troublés par les aviateurs. Ils reprirent leurs attaques le 18 septembre 1918, en venant bombarder le dépôt de benzine du champ d'aviation de Saultain, qu'ils firent sauter.

    Ils y revinrent le 23 septembre 1918, à 3 heures du matin, faisant une excellente besogne. Pendant une heure ils survolèrent la ville, ce qui nous valut un bombardement en règle, les canons guidés par les projecteurs ne cessant de tirer sur les avions qui volaient très bas. A Saultain, ils étaient à la hauteur des maisons, cherchant le champ d'aviation qui se trouvait derrière la propriété de M. de Preux. Là se trouvaient les gros appareils de bombardement abrités sous trois grandes tentes. La première bombe tomba sur l'un de ces hangars qui prit feu immédiatement, car le plein d'essence avait été fait pendant la journée pour une expédition.

    Par ce grand vent les flammes faisaient sauter les réservoirs et les appareils des deux tentes voisines, puis enfin le dépôt de munitions, qui se trouvait caché dans un bosquet. Il y eut en tout une vingtaine d'appareils détruits.

    Pendant ce temps les escadrilles allemandes de la Briquette s'élevèrent, engageant un véritable combat au-dessus de nos têtes. Les mitrailleuses se répondirent, mais nous n'attendîmes pas les chutes, ayant trouvé prudent, cette fois, de descendre à la cave.

    GdA 1918-639
    Gazette des Ardennes du 12 octobre 1918

  • Octobre 1918

    En Octobre notre Musée se trouva alors nettement en danger, car les batteries allemandes se trouvaient à quelques centaines de mètres de là sur le champ de manœuvre et à la porte de Quesnoy.
    Ces batteries tiraient sur celles des Canadiens, campées à la fosse Dutemple, presque vis-à-vis, sur la rive gauche de l'Escaut.
    De plus, les avions lançaient des bombes jour et nuit dans ces parages.

    Dimanche 6 octobre. Le soir,
    il y avait à Notre-Dame un grand salut pour mettre la ville sous la protection de Notre D.ame du Saint-Cordon.
    M. le Doyen fut heureux d'annoncer à ses paroissiens que l'Allemagne acceptait de discuter les conditions de Paix proposées par Wilson, un an auparavant. Les Allemands qui assistaient à ce salut solennel, baissaient la tête, mais au fond, ils étaient enchantés. Pendant cette allocution,le canon redoublait, faisant trembler les vitres.

    Il est impossible de décrire les scènes douloureuses qui se déroulaient sous nos yeux.
    Me rendant au faubourg de Cambrai, à l'enterrement du père de M. Branquart, je rencontrai une vieille femme de quatre-vingt-dix-sept ans, traînée par son fils; un peu plus loin, deux autres de quatre-vingts ans, l'une traînée par sa fille et ses petits-enfants, l'autre par un vieillard qui faisait peine à voir, ne pouvant plus avancer. Je leur indiquai le Lycée Wallon, où ils auraient un gîte et une soupe chaude. A peine y étaient-ils arrivés que des aviateurs,volant très bas, lancèrent des bombes sur la gare; l'une tomba justement sur le clocheton du Lycée Wallon, blessant trois évacués et cassant les vitres.
    Inutile de dépeindre l'affolement de ces pauvres évacués qui se croyaient à l'abri. A cinq heures et demie, place SaintJean, je vis passer une cinquantaine de soldats anglais qui venaient d'être faits prisonniers et qui me firent signe que tout allait bien


    Dans la nuit du 7 octobre, c'est à peine si nous pûmes fermer l 'œil ayant été constamment réveillé par la sirène car les avions lancèrent quantité de bombes dans le quartier de la gare.
    • Une bombe tomba chez M. Van Kalk, au Maréchal Ferrand.
    • Une à la citadelle près du Pont-Neuf.
    • Une sur le mur de la gendarmerie.
    • Une rue du Rempart. Heureusement, personne ne fut blessé

    Le 8 octobre Douai et Cambrai venaient d'être évacués, et Valenciennes était sur le point de l'être. Les Mines venaient je partir dans l'après-midi. Depuis un certain temps, les pauvres prisonniers anglais, sans forces, étaient occupés à démonter les coffres des banques pour les expédier à Bruxelles. Leur départ eut lieu le 9, sous les bombes, sous la conduite de MM. Dupont qui passèrent la nuit en gare, dans leur compartiment. M. Paul Dupont père, M. Louis Dupont et sa famille, voulant accompagner les coffres, montèrent à huit heures du soir dans leur compartiment, pensant que le train allait partir, mais les avions étant venus jeter une soixantaine de bombes à 25 mètres de la gare, ils crurent que leur dernier jour était arrivé.

    Le 17 octobre, les Allemands aui faisaient sauter tout ce qui les gênait, massacrèrent la chapelle de Notre-Dame des Affligés, et d'autres immeubles, sans s'inquiéter s'il y avait encore des habitants.
    C'est ainsi qu'une vieille femme périt dans les décombres.
    Cependant en Ville, le plus grand calme régnait, mais l'usine électrique ne fonctionnant plus, nous n'étions plus avertis par la sirène de l'arrivée des avions, qui jetèrent sept bombes sur la gare.

    Le vendredi 25 octobre 1918, l'une d'entre elle tomba sur le dôme du Musée, cassant les vitres.

    le Jeudi 31 octobre. Après une nuit agitée, nous nous attendions à une attaque anglaise et à la délivrance si ardemment attendue. A deux heures du matin, une bombe éclata à quelques mètres de notre cave, qu'elle ébranla.
    Je me rendis dans notre quartier, pour voir les dégâts. Les murs étaient éventrés, et l'intérieur des maisons déchiqueté. Il y avait même, dans les arbres de la rue des Incas, des rideaux qui y avaient été projetés

  • Novembre 1918
    Le 1er novembre, l'attaque se déclancha à six heures du matin, la ville étant entourée d'un cercle de feu. C'était un roulement indescriptible avec fracas de vitres et de briques. Nos lits tremblaient, mais nous n'étions nullement impressionnés, songeant à notre délivrance.
    De la rue Vieille-Poissonnerie, où nous avions notre quartier dans les caves de
    M. Gabet, à la Chapelle Saint-Géry, il y a environ 200 mètres. Ne voulant pas passer la Toussaint sans assister à la messe, nous nous y rendîmes en longeant les murs, et accélérant le pas. Les obus éclataient au-dessus de nos têtes et de gros morceaux tombaient à nos pieds. Dans la petite chapelle, il y avait vingt personnes, quand M. le doyen, Mgr. Jansoone, commença la messe qu'il dit le plus rapidement possible.
    Au moment de la communion, trois bombes tombèrent à quelques mètres causant de grands dégâts. Nous restâmes cependant
    impassibles, et dès que le doyen eut donné la bénédiction,
    il se retourna en disant : « Que tout le monde descende à la cave
    immédiatement »

    Mais ce fut le 2 novembre que les bâtiments coururent les plus grands dangers. Les Canadiens venaient de pénétrer en ville à sept heures du matin. Les Allemands en se retirant s'arrêtèrent à Marly, et comme dernier adieu envoyèrent des obus sur le boulevard et sur le Musée, je vis tomber du fronton de l'Hôtel-de-ville, la statue représentant l'Escaut, et me précipitai ensuite vers le Musée où un obus avait éventré la salle des gravures.

 

Précédent : 1917 Valenciennes et l'aviation  

 

 

 

  
 

23 juillet 2011

Monument aux Morts - Valenciennes

  • Lors d'un récent hommage aux soldats Français et du Commonwealth de la Grande Guerre

 

PICT1984

PICT1989t

 

  •  Le monument et le gisant dont le linceul est un drapeau :

    statue
    gisant
  •  Derrière ceux-ci un hommage aux civils fusillés :

  (cliquez sur le nom pour plus d'information)

 

  • Avant l'inauguration du monument actuel, Boulevard Carpeaux, un monument avait été érigé au cimetière St Roch :

    MaM 14-18 St Roch
    "AUX HEROS DE LA GRANDE GUERRE
    1914 1915 1916 1917 1918"

  • La liste des 871 noms des Morts pour la France de la Grande Guerre au jour de l'inauguration (le dimanche 2 novembre 1924, voir  après la liste de noms), liste également déposée sur le site MémorialGenweb, où de nombreux détails complémentaires figurent.
     (pour les morts des autres guerres, me contacter)

P01-1020604 P02-1020603 P03-1020602 P04-1020601 P05-1020600 P06-1020599 P07-1020598 P08-1020597 P09-1020596 P10-1020595 P11-1020594

  

ADAM Émile
ADAM Eugène
ADAM Eugène
ALGLAVE Florimond
ALONDEAU Henri
AMORY Émile
ANCEL Hippolyte
ANSELME Léon
ANTOINE André
ANTOINE Jules
ARBOUX Achille
ARGAUX Gaston
AUDEBERT Marcel
AUDUBERT Georges
AUVERDUN Gaston
BACHELET Alexandre
BACHIMONT Jules
BAERT Alphonse
BAILLEUL Pierre
BAILLEUX Adolphe
BAILLEUX Ferdinand
BAILLON Eugène
BAILLY Albert
BAILLY Paul
BALLEUX Eugène
BALLEUX Léon
BARBET Abel
BARBET Charles
BARBET Jean
BARBET Paul
BASQUIN Louis
BASSEZ Albert
BASTIEN Marceau
BATAILLE Albert
BATAILLE Auguste
BAUDOUR Louis
BAUDUIN Gaston
BAUDUIN Jules
BAVAY Eugène
BEAUMONT Georges
BEAUMONT Jean
BEAUVOIS Paul
BECK Maurice
BEGHIN Léon
BELURIÉE Désiré
BENAULT Ernest
BENIAUX Henri
BERGER Adhémar
BÉRIN Constant
BÉRIOT Fernand
BERNARD André
BERNARD Auguste
BERNARD Jules
BERTOUILLE Victor
BÉTHOUART Henri
BIGARÉ Georges
BILLEMONT Gaston
BILLIET Étienne
BILLIET Roger
BIREMBAUX Arsène
BISIAU Henri
BISIAU Michel
BISSIAU Adolphe
BLANQUART Émile
BLAS Alfred
BLAS Émile
BLAS Jean
BLAS Jules
BLONDEAUX Marcel
BOCQUET Georges
BODART Émile
BOISSART André
BOISSART Louis
BOISSART René
BOLLENGIER Isaïe
BOMBLED Marcel
BONEILL Rene
BONENFANT Henri
BONENFANT Paul
BONNIER Léon
BOQUET Auguste
BOQUET Pierre
BOTTIAU Alphonse
BOUCAUT Léon
BOUCHERIE Paul
BOUCLY Nestor
BOUCLY Paul
BOUCQ Valéry
BOUILLON Félix
BOULAN Élie
BOULANGER Ernest
BOULEAU Joseph
BOULET Joseph
BOULET René
BOULINGUIEZ Victor
BOULVIN Félix
BOURDON Albert
BOURDON Paul
BOUSCARY Paul
BOUSSER Marcel
BOUTEFEU Alphonse
BOUTELIER Maurice
BOUTRIAUX Jules
BOUTRY Pierre
BRASSELET Auguste
BRAUX Gustave
BRETEZ Jean
BRICOUT Arthur
BRIFFAUT Édouard
BRIGNOLI Jean
BRISSET Marcel
BRIZARD Auguste
BROUILLARD Désiré
BROUILLARD René
BRUNEBARBE Georges
BRUNIAUX Edmond
BRUNIAUX Marcel
BRUX Paul
BRUYÈRE Charles
BRUYÈRE Léon
BUISINE Maurice
BULTÉ Gaston
BULTEZ Paul
BURETTE Auguste
BURETTE Jean
BURETTE Louis
BURGGRAEVE Louis
BURY Léonnard
BUSIGNIES Élie
BUSIGNIES Émile
BUSIN Alphonse
BUSIN Robert
CACHEUX Léon
CAFFENNE Alfred
CAILLERET Victor
CAILLOUX Paul
CALONNE Jean
CAMBRELENG Albert
CANIPEL Émile
CANTIN Adolphe
CARDON Albert
CARDON Gustave
CAREZ Jules
CARION Jules
CARION Léon
CARLIER Achille
CARLIER Adolphe
CARLIER Gaston
CARLIER Jérémie
CARLIER Joseph
CARLIER Louis
CARLIER Michel
CARTIGNY Charles
CARTIGNY Fernand
CARTON Léon
CARTRY Henri
CASTEGNIER Arthur
CASTIAN Georges
CATALA Louis
CATTIAUX Lucien
CAUDERLIER Maurice
CELLIER Louis
CHAMBODUT Henri
CHARLET Albéric
CHARTIER Emile
CHARVET Joseph
CHAUDESAIGUES Henri
CHEVAL Georges
CHIARAMONTI Félix
CHIGAR Jules
CHINOT Marcel
CHIPPEY Alfred
CHOIN Augustin
CHOQUET Alexandre
CHOTTEAU Paul
CLAUSE Louis
CLIQUET Charles
COENS Marcel
COGET Émile
COILLOT Désiré
COLBEAU Édouard
COLICHET Raymond
COLIN François
COLLIGNON Émile
COLLOT Georges
COMON Roméo
CONTRERAS François
COQUELET Léon
COQUELET Louis
CORDIER Victor
CORNIL André
CORNIL Félix
CORNU Octave
COUCKERCKE Louis
COUEZ Camille
COULON Albert
COULON François
COUPÉ Émile
COUPÉ Fernand
COUSIN Barthélemy
COUTIEZ Jean
CRAUC Léopold
CRÉPIN Henri
CRÉTEUR Charles
CRETEUR Georges
CRETEUR Henri
CRÉTEUR René
CRETIN Gaston
CRETIN Ludovic
CROISIER René
CROY Léon
CUISINIEZ Robert
CUVELIER Arsène
CUVELIER Henri
DALLENNE Arthur
DANCRE Fernand
DANHIÈRE Léon
DANHIEZ Henri
DANIEL Edmond
DANJOU Henri
DARRAS Georges
DAUBRESSE Augustin
DAUPHIN César
DAUPHIN Félix
DAVID Joseph
DAYEZ Henri
DE LA
DE VIENNE
DEBRABANT Georges
DECAUDIN Olivier
DECOURTET Henri
DEFAUX Jean
DEFOSSE Paul
DEFRANCE Joseph
DEGARDIN Henri
DEGRÉAUX Henri
DEGRÉAUX Léon
DEGREMONT Arthur
DEHAY Edmond
DEHON Jules
DELACROIX Paul
DELANNOY Alexandre
DELANNOY Joseph
DELANNOY Louis
DELANNOY Paul
DELATTRE Raymond
DELATTRE René
DELBECQ Fernand
DELBECQ Jean
DELCOURT Marc
DELEEUW Félix
DELÉPINE Gaston
DELESTIENNE Adolphe
DELESTIENNE Jean
DELFORTRIE Louis
DELFOSSE Émile
DELFOSSE Léon
DELGRANGE Henri
DELGRANGE Hippolyte
DELGRANGE Théophile
DELHAYE Charles
DELHAYE Clovis
DELHAYE Joseph
DELHAYE Paul
DELIGNE Constant
DELOT Alfred
DELSARTE Charles
DELSARTE Georges
DELSAUT Robert
DELVAL Georges
DELVALLÉE Ferdinand
DELVALLÉE Victor
DELVIURIEZ Arthur
DEMARET Gilbert
DEMENEZ Émile
DEMEYER Victor
DEMOL Pierre
DEMONCHY Arnold
DEMORY Odéi
DENEVAULT Raymond
DENIS Alfred
DENIS René
DENNERY André
DEPRET Firmin
DEQUESNE Jules
DERCHE Antoine
DEROME Albert
DERQUENNE Charles
DERVAUX Louis
DERVIN Camille
DESBONNETS Jean
DESCAMPS Gaston
DESCARPENTRIES Joseph
DESJARDINS Georges
DESMOULIN Jean
DESMOUTIER Henri
DESSAINT Charles
DETOURBE Alfred
DÉTREZ Augustin
DEUDON Aimable
DEVAUX Ernest
DEVELAY Philippe
DHAINAUT Léon
DHAMELINCOURT Aimé
DHERBOMEZ Maurice
DHOUAILLY Léon
DIDION Joseph
DIÉRYKX VISSCHERS Jean
DION Lucien
DOFFE Alcide
DOLET Henri
DOMART Jules
DOMBRET Maurice
DOR Charles
DOR Jules
DORIRY Albert
DRANCOURT Abel
DRANCOURT Émile
DRAP Louis
DRAPIER François
DREMIÈRE Jules
DREUMONT Fernand
DREUMONT René
DRUESNE Henri
DRUESNES Théodule
DUBOCAGE Jules
DUBOIS Alfred
DUBREUCQ Raoul
DUBUS Edmond
DUCATEZ Paul
DUCLENT Fernand
DUFOUR Auguste
DULIEU Alexandre
DULIEU Jules
DUNK Albert
DUNK Gustave
DUNKE Arthur
DUPAS Jacques
DUPIN Oscar
DUPONT Arthur
DUPONT Arthur
DUPONT Henri
DUPONT Jacques
DUPONT Jules
DUPONT Marc
DUPONT Théodule
DUPONT DE SAINT OUEN Gérard
DUREUX Henri
DURIEUX Élie
DURIEUX Louis
DUSSART Charles
DUTERNE Jules
DUVANT Edmond
ÉMAILLE Alphonse
ÉVRARD François
EVRARD Léon
FACON Paul
FACON Pierre
FAGNIART Henri
FAILLE Paul
FALCE Victor
FAUCHOUX Raoul
FAYOLA Gaston
FÉLIX Achille
FINCK Henri
FINET Charles
FLAMENT Jules
FLAMENT Louis
FLAMME Jules
FLEURIN Ernest
FOLLET Auguste
FOLLET Léon
FONTAINE Alexandre
FOUGNIES Émile
FOURMEUX Arthur
FOURMY Léon
FOURNIER Désiré
FOURNIER Louis
FOYOT Charles
FRANÇOIS Alphonse
FRANÇOIS Armand
FRANÇOIS Fénelon
FRANÇOIS Maurice
FRANKINET Édouard
FRAPPART Eugène
FRAPPART Jules
FROMONT Arthur
FROMONT Auguste
FROMONT Gustave
GABELLE Émile
GABET Alfred
GABET Jean
GABET Joseph
GABET Marcel
GALIOT Georges
GALLOIS Louis
GARDAVOIR Léon
GARDINAL Henri
GASTE DIT CASTEL Fernand
GAUTHIEZ Lucien
GAUTIER Jean
GELEZ Alfred
GELEZ Georges
GELLÉ Alexis
GENOUX Adolphe
GEORGE Maurice
GEORGE René
GEORGEL Antoine
GERMAIN Jean
GIARD André
GIARD Michel
GILLIARD Maurice
GITS Henri
GIVERT Émile
GLINEUR Alfred
GLINEUR Robert
GLORIA Géry
GOMY Camille
GORGUET Gustave
GOSSELIN Albert
GOSSELIN Edmond
GOUGET Georges
GOUT Guillaume
GRAFTIEAUX Maximilien
GRAS Daniel
GRATEPANCHE Julien
GRATTEPANCHE Alfred
GRATTEPANCHE Louis
GREFFE Charles
GRÉGOIRE Gustave
GRESSIER Louis
GREVIN Albert
GROMAS Alphonse
GRUSON Albert
GUÉRIN Albert
GUILLAUME Jean
GUILLAUME Robert
GUILLEZ Arthur
GUILLEZ Louis
GUIOT Henri
GUITTARD Thibaut
GUSTIN Alfred
GUSTIN Jean
HAESMANS René
HAGEMAN Maurice
HAINAUX Maurice
HARMANT Albert
HARMANT Charles
HAUTCOEUR Arthur
HAUTOIT Célestin
HAY Achille
HELLE Fernand
HELLIN Marcel
HENNETON Georges
HENRY Éloi
HERBAUT Alexandre
HERBIN Henri
HERDEWYN Émile
HERLEMONT Gaston
HERNOUD André
HERNOULD Charles
HERRENT Hubert
HEUILLE Alcide
HIANCE Pierre
HINCK Albert
HINCK Émile
HIRSOUX Alfred
HOHWEILLER Émile
HOLIN Julien
HOLLANDE Georges
HOLLANDE Henri
HOLLANDE Jules
HOLLANDE Robert
HOURIEZ Charles
HOYAUX Alfred
HOYAUX Camille
HUBERT Charles
HUBERT Théodule
HUET Alfred
HULOT Pierre
HUMILIER André
HUREZ Jules
HUREZ Léon
HURIAUX Albert
HUS Édouard
HUTIN Alfred
HUVELLE Georges
JALAIN Fernand
JANSSENS Émile
JÉRONNEZ Adolphe
JONGBLOED Léon
JONGBLOED Paul
JONNART Gaston
JONQUOIS Paul
JOURDAN Henri
JOURDAN Paul
JOUVENEAUX Auguste
JUSTE Léon
KEIP René
KYNDT Jules
LACQUEMENT Octave
LAFOSSE Frédéric
LAGACHE Louis
LAGNEAUX Alfred
LALANDE Émile
LALOU Abel
LALOU Arthur
LALOU Edmond
LALOU Georges
LALOUX Clément
LALOUX Paul
LAMBERT Désiré
LAMBERT Fernand
LAMBERT Léon
LAMBERTY Charles
LAMENDIN Daniel
LANCELOT Clovis
LANDA Louis
LANGLAIS Jules
LANGRAND Fernand
LANGRAND Paul
LANSMAN Alphonse
LANTREBECQ Charles
LAPLACE Julien
LAPLACE Octave
LATEUR Alfred
LATINUS Fernand
LAUDE Henri
LAURENT Raoul
LAURETTE Désiré
LAUVERGEON Gaston
LAVAL Léonard
LEBAS Alfred
LEBEAUX Jacques
LEBLANC Louis
LEBRUN Fernand
LECAILLE Albert
LECERF Charles
LECHAT Camille
LÉCHELLE Maurice
LECHEVIN Roméo
LECLERCQ Lucien
LECLERCQ Viçtor
LECOCQ Émile
LEDENT Alfred
LEDENT Alphonse
LEDENT Arthur
LEDOUX Paul
LEDUC André
LEDUC Henri
LEDUC Victor
LEFEBVRE Alfred
LEFEBVRE Alphonse
LEFEBVRE Émile
LEFEBVRE Gustave
LEFEBVRE Louis
LEFEBVRE Louis
LÉGER Édouard
LÉGER Léon
LÉGER Noël
LEGRAND Émile
LEGRAND Henri
LEGRAND Henri
LEGRAND Joseph
LEGRAND Louis
LEJAY Clément
LEJEUNE Adhémar
LELEU Arthur
LELEU Jules
LELEU Paul
LELIÈVRE Eugène
LELONG Maurice
LEMAHIEU Marius
LEMAIRE Léon
LEMOINE Émile
LEMOINE Émile-Parfait
LENGLET Émile
LENNE Désiré
LENNE Louis
LENQUETTE Vulmar
LERICHE René
LERMISSION Gabriel
LEROUX Armand
LEROUX Maurice
LEROY Aimé
LEROY Édouard
LEROY Jean
LEROY Paul
LEROY Rameau
LEROY René
LESAINT Sylvain
LESIEUX Gustave
LETENDART Élie
LEVY Léon
LÉVY Pierre
LHUISSIER Gaston
LIBRE Jules
LIBRE Jules
LIENARD Julien
LIETARD Gustave
LIEVIN Jean
LOBRY Nestor
LOILLIEUX Charles
LOISELEUX Constant
LOOTEN Auguste
LOREAULT Charles
LOUCHEUX Paul
LUCAS Jules
MACQUART Achille
MAGRY Joseph
MAGUET Gustave
MAGY Maurice
MAHIEU Henri
MAHIEU Pierre
MAILLARD Ernest
MAILLARD Eugène
MAILLARD Marcel
MAILLARD René
MALAQUIN Alfred
MALÉCOT Alphonse
MALIAR Désiré
MANCHE Alfred
MANIER Henri
MANIEZ Victor
MARCHAL Louis
MARCUS Léon
MARETS Léon
MARIAGE Auguste
MARIN Paul
MARLIÈRE Abel
MARMOUSET Émile
MARONNIER Émile
MARQUER Joël
MARTIN Louis
MASCLET Lucien
MASSE Léon
MASSE DE LA FONTAINE Gust
MASSINON Édouard
MASUVE Adolphe
MAUSSET Jules
MAWART Camille
MEMBRE Georges
MENIELLE Émile
MERCIER Maurice
MERCIER Pierre
MERLIN Henri
MERLIN Jean
MERVILLE Narcisse
MICHEAUX Auguste
MICHEAUX Léon
MICHEL Louis
MICHIELS Alexandre
MILLANCOURT Jules
MINET Charles
MINOT Gaston
MIOT Paul
MIRLAND René
MIROUX Albert
MIROUX Léon
MIROUX Léon
MOHR Raphaël
MOIZAN Eugène
MONCEUX Albert
MONCEUX Charles
MONIER Antoine
MORAGE Ferdinand
MOREAU André
MOREAU Dominique
MOREL Hippolyte
MOUCHE Maurice
MOUTON Édouard
MOYAUX Pierre
MOYEN Lucien
MULLER Albert
MULLER Auguste
MUREZ Étienne
MUREZ Ferdinand
NEF Georges
NICODEMME Georges
NICOLAS Eugène
NISON Désiré
NOEL Émile
NOLLIN Georges
NORABE Hubert
OLIVIER Alfred
OSTER Henri
PACHE Charles
PAINTENDRE Nicolas
PAINVIN Alfred
PAINVIN Gondran
PARENT François
PARIS Victor
PATOUX François
PATTE Léon
PATTE Louis
PATTE Robert
PECQUEUX Georges
PENANT Georges
PEPIN Émile
PÉRONNE Henri
PETIT Apollon
PETIT Émile
PETIT Marcel
PEZIN Lucien
PHILIPPE Oscar
PICHOIS Marcel
PICHON Robert
PIÉRARD André
PILLION Numa
PILLOIS Maximilien
PINET Charles
PINNING Charles
PLICHON Victor
PLOUCHARD Bruno
POIX Alfred
POMPON Armand
PORTE Henri
PORTIER Georges
POSTILLE Étienne
POSTILLE Prudent
POTTEAU Charles
POTTIER Émile
POTTIEZ Louis
POULAIN Albert
POUPART Fernand
PREUX Victor
PRÉVOST René
PRUVOST Fernand
QELEZ Jules
QUANTILI Audemond
QUAREZ André
QUEMPE Gaston
QUENNESSON Maurice
QUILLET Albert
QUIVY Émile
QUIVY Jules
RABELLE André
RAIMOND Raymond
RASET Léon
RASEZ Élie
RAVIART Henri
REGHIM Marius
RÉGNIER Célestin
REGUÈME Henri
RÉMY Albert
RÉMY Mauriçe
RENARD Jules
RENARD Zénon
REUMONT Jules
REUMONT Kléber
RICHEZ Maurice
RINGOT Albert
RIQUET Léon
RISBOURG Henri
ROCHE Victor
ROGER Georges
ROLÉ Adolphe
ROMBAUX Marc
ROPPE Jules
ROSIGNEUX Henri
ROSSIGNON Jules
ROTY André
ROUTARD Henri
RUDANT Louis
RUFFIN Émile
RUFIN Jules
SAINT PAUL Georges
SAINT QUENTIN Émile
SALAUN Louis
SANIEZ Florent
SAROT Clodomir
SAUDRAIS Ernest
SAUDRAIS Marcel
SAUTIÈRE Ernest
SCAVAIL Marcel
SCHENIDRE Charles
SCHNEIDER Louis
SCHNEIDER Prosper
SÉGARD Émile
SÉGARD Octave
SEIGNER Octave
SELLE François
SELLE Jules
SENECHAL Marcel
SERGEANT Alfred
SIMAR Alfred
SOHIEZ Jules
SPAR Auguste
STEFFE Émile
STIÉVENARD Marceau
SUEUR Raymond
SULTER Paul
TABARY René
TAHON Désiré
TAISNE Léonce
TAQUET Alfred
TAQUET Alphonse
TAQUET Auguste
TAQUET Désiré
TAQUET Marcel
TAVERNE Henri
TAVERNE Henri
TELLE Paul
THÉBAULT Ferdinand
THELLIER DE
THIÉRY Henri
THIÉTARD Paul
TIBERGHIEN Louis
TIÉTARD Georges
TIÉTARD Joseph
TIRLEMOND Louis
TISON Georges
TISON Jules
TISSOT Joanny
TORDEUX Xavier
TORREZ Eugène
TOURIL Octave
TOURILLE Adolphe
TOURILLE Arthur
TOURILLE Auguste
TRAMPONT Maurice
TRÉHEUX Henri
TRÉHOUT Charles
TRIBOUT Ernest
TRINQUET Arthur
TROMONT Marcel
TURBEZ Noel
ULMO Lucien
VAILLE Paul
VAN BRUSSEL
VAN RAAY
VANDEBEULQUE Joseph
VANDENBERGHE Élie
VANDESQUILLE Alexandre
VAN DORPE Marius
VANDROMME Gabriel
VANGRAMBEREN Michel
VANHOOF René
VANIEZ Georges
VAN LEUVEN Désiré
VERDIER Félix
VERDIER François
VERDIER Henri
VÉRET Léonce
VERMEILLE Henri
VERNUS Paul
VÉRON Octave
VERVERS André
VEUBELOT Arthur
VIEILLE Marcel
VIGNAUD Léon
VILETTE Émile
VINCENT Léon
VINCHON Émile
VOITON Albert
VRAND François
WAGRET Henri
WAILLIEZ Désiré
WALLON Arthur
WANTY Alfred
WANTY Léon
WATTIEZ Jules
WAUTIER Amédée
WEILL Jean
WÉRY Henri
WESTERLOP Joseph
WIBAUT Florimond
WIDIEZ Maurice
WILMORT Charles
WOITTEQUAND Apollon
WOLFER Auguste

 

     Certains d'entre eux apparaissent dans le livre d'or du Collège Notre-Dame, dont ils étaient, avaient été élèves ou enseignants, dont j'ai commencé la transcription  sur ce blog

      "C'est au lendemain de l'Armistice qu'une Commission extra-municipale pour l'embellissement de la ville en avait été présenté une première maquette due à la collaboration de l'architecte Henri Armbruster et du sculpteur Elie Raset. Le projet avait été adopté. En septembre 1920, la mauvaise situation financière de la ville avait amené le Conseil municipal à l'accéder l'idée d'une souscription publique pouvant couvrir une partie des 120 000 francs prévus pour le monument. En décembre, le principe et le financement ayant été votés, on assista au début de l'exécution : une maquette en grandeur réelle, mais réalisée en plâtre et en bois, fut installée au Cimetière St Roch qui était l'emplacement prévu pour le monument définitif. Certes, des voix s'élevaient au Conseil municipal pour protester par avance contre une récupération politique, patriotique et militaire, ...au moment de l'inauguration. Mais elles étaient minoritaires et le principe de cet hommage n'était pas remis en cause pourvu qu'il restât pacifiste ! En août 1922, on imagine le monument, cette fois devant l'entrée du cimetière. Quelques mois plus tard, la décision d'inscrire dans la pierre les noms de toutes les victimes fit affluer les demandes. On passa rapidement de six cents à plus de huit cents (861 noms furent solennellement appelés le jour de l'inauguration). On ne pouvait plus conserver l'idée initiale de la stèle au pied de laquelle gisait un Poilu. Il fallait agrandir. C'est ainsi qu'on en vint à l'hémicycle que nous connaissons - encore élargi après la dernière guerre, en 1951/53 - et à son emplacement sur un lieu plus vaste, le square de la Dodenne.
 
     "Mais le devis se montait maintenant à 206 861 francs. On lança donc une nouvelle souscription publique. Le Monument au Morts de Valenciennes pouvait être inauguré le dimanche 2 novembre 1924, Jour des Morts et jour anniversaire de la délivrance de Valenciennes. En présence des autorités civiles, religieuses et militaire, le Maire, Jules Billiet, dans un beau discours, exalta l'assemblée à faire taire des discordes fraternelles et à demeurer unie, dans l'intérêt commun, comme les héros l'avaient été dans la tranchée, dans la bataille, dans la mort.

      "Douloureusement recueillie, tendre dans les plis de pierre qui l'enveloppent, Valenciennes veille désormais pieusement sur son enfant, un Poilu de bronze ayant le revêtu le drapeau pour manteau. Le sculpture de Raset, parfaitement mise en scène par l'architecture sobre d'Armbruster, assiste dignement aux cérémonies commémoratives. Ni revancharde, ni héroïque, ni glorieuse, ni véhémente, elle est un appel au respect devant le sacrifice; elle salue, affligée, ceux qui sont morts pour leur patrie; elle est un désir de paix."

(extrait de Jean-Claude Poinsignon, "Bienvenue dans l'Athènes du Nord, Petite histoire des statues de Valenciennes", Éditions Spratbrow, 1998)

 


  

           Un monument aux morts est inaccessible pour le moment : c'est un grand tableau très réaliste, don de Lucien Hector Jonas représentant "Le poilu crucifié" - ou plutôt "ressuscité"- qui se trouvait dans le transept gauche de la basilique Notre-Dame du Saint-Cordon (actuellement fermée) et actuellement en l'église St-géry, entouré de 2 colonnes de noms reproduits ci-dessous dans l'ordre alphabétique.

En-dessous du tableau est gravé ce verset de l'Epitre aux Hébreux 4.15 :

"Il compatit à toutes nos infirmités, pour nous ressembler Il les a toutes éprouvées sauf le péché."

LJ
Photo de Jean Poncet publiée sur le site HainautPédi@

 

AUDEBERT Marcel   HOLLANDE Henri
AUDUBERT Georges   HOLLANDE Jules
BAILLEUX Fernand   HUREZ Léon
BECK Maurice   JONQUOIS Paul
BERNARD André   LAMBERT Léon
BILLEMONT Gaston   LATEUR Alfred
BILLIET Roger   LÉCHELLE Maurice
BILLIET Étienne   LEFEBVRE Alfred
BLONDEAUX Marcel   LEFEBVRE Alphonse
BOUCLY Paul   LEMOlNE Émile
BOULET René   LEROY Aimé
BRUYÈRE Charles   LUCAS Jules
BRUYÈRE Léon   MAHIEU Henri
CANTIN Adolphe   MAHIEU Pierre
CARDON Albert   MAILLARD Emile
CARLIER Joseph   MARLIÈRE Abel
CARLIER Michel   MASCLET Lucien
CELLIER Louis   MASURE Adolphe
CHARLET Albéric   MEMBRE Georges
COQUELET Henri   MOREAU André
CRÉTEUR René   MOREAU Dominique
DEHON Jules   NICOLAS Eugène
DEROME Albert   PATTE Léon
DERQUENNE Charles   PATTE Louis
DEVIENNE Robert   PATTE Robert
DOLET Henri   PIÉRARD André
DOR Charles   POMPON Armand
DOR Jules   PRÉVOST René
DREMIÈRE Jules   PRUVOST Fernand
DUCATEZ Paul   RABELLE André
DUCLENT Fernand   REUMONT Jules
DUPAS Jacques   ROGER Georges
DUPONT Jacques   SEGARD André
DUPONT Marc   SÉGARD Émile
FACON Paul   SOHIEZ Jules
FACON Pierre   SULTER Paul
FAILLE Paul   TAQUET Marcel
FLORENT Georges   THELLIER_DE_PONCHEVILLE Georges
FOLLET Auguste   TORDEUX Xavier
GUILLAUME Jean   TRÉHEUX Henri
GUILLET Edmond   TRIBOUT Ernest
HERLEMONT Gaston   WAGRET Alphonse
HERNOULD André   WALLON Arthur
HERNOULD Charles   WIDIEZ Maurice

 


 Le cimetière St Roch dispose face à l'entrée principale d'un monument aux morts de la paroisse St Nicolas :

 

MaMStNic

 

    Monument dont le modèle original, plus "orné", était destiné à l'église St Nicolas, transformée en auditorium du même nom depuis la réouverture de l'église St Géry voisine :

projet

94 noms classées d'abord par année de décès y figurent :

 1914

ARMAND Charles
BASSET Albert
BISIAU Henri
BONENFANT Paul
BOTTIAU Alphonse
BOURDON Paul
CHOQUET Alexandre
COUPÉ Émile
CRETEUR Henri
DAUBRESSE Augustin
DEFAUX Louis
DELGRANGE René
DELGRANGE Théophile
DESMOUTIER Henri
DUPONT Jules
DUVANT Edmond
EVRARD François
FAYOLA Gaston
FLAMME Jules
FROMONT Arthur
HIANCE Pierre
HOLLANDE Robert
OLIVIER Alfred
PAINVIN Alfred
PAINVIN Gondran
PETIT Apollon
PHILIPPE Oscar

 1915

ANCEL Hippolyte
BAVAY Eugène
BOISSART René
BUISINE Maurice
BUSIGNIES Elie
BUSIN Robert
CASTIAN Georges
COULON François
DANJOU Henri
DELBECQUE Ernest
DELGRANGE Charles
DUPONT Arthur-Émile
GELEZ Georges
GERVOIS Auguste
GREF César
HINCK Albert
HOLLANDE Georges
LEFEBRE Emile
LERNOULD Paul
LESNES Léon
MAGY Maurice
MASSON Aimé
MILLIEZ François
MOYAUX Pierre
PEPIN Émile
SENECHAL Marcel
SPAR Auguste
VERMEILLE Henri
VERNUS Paul

 1916

ADAM Eugène
BAERT Alphonse
BISIAU Michel
BOISSART André
BOQUET Auguste
BOQUET Hippolyte
DUNK Gustave
DUPAS Jacques
DUPAS René
EVRARD Léon
LECHEVIN Roméo
SAINT-PAUL Georges

1917

BONEILL René
CORDIER Victor
DUPONT Arthur-Désiré
GABELLE Émile
GENOUX Adolphe
LELEU Paul
LEROUX Armand
VIGNAUD Léon

 1918

CACHEUX Maurice
DEBRABANT Georges
DEFRESNES Marius
DEMURIEZ Arthur
GELEZ Alfred
LANDAS Louis
MAILLARD Désiré
MANGE Alfred
PENNING Charles
ROMBAUX Marc
TORREZ Eugène
VANDROMME Gabriel
VANLEVEN Désiré
VEUBELOT Arthur
WAILLIEZ Désiré
WALLON Arthur
WATTIEZ Jules

1919

COURTIER Jean

 

 


    L'église du Sacré-Coeur a vu sa plaque aux morts, posée en 1924 et absente depuis longtemps, refaite et apposée à l'endroit d'origine en 2015 (voir également sur ce blog le sujet consacré à l'abbé Delbecque) :

Sacré-Coeur
A
LA MEMOIRE
DES ENFANTS DE LA PAROISSE MORTS POUR LA FRANCE

Abbé MEURISSE Joseph
Capitaine DELFOSSE
Capitaine TROMONT
Capitaine HERRIOT
Capitaine MACQUART
Capitaine LAMY
Lieutenant DRANCOURT

BAILLEUX Eugène
CARLIER Ferdinand
CATTIAU Lucien
CHAUDESAIGUES Henri
COLAU Georges
CHIARAMONTI René
COUVREUR Joseph
COUTELIER Gaston

DANHIEZ Achille
DELSAUT Robert
DEPRET Firmin
DELFORGE Louis
DRUELLE Louis
FELIX Henri
GEORGES Maurice
GREVIN Albert
GUMEZ Nestor
MEURISSE Albert
PETIT Marcel
ROUTARD Henri
ULMO Fernand
VERVERT André
Que par la Miséricorde de Dieu ils reposent en paix

 

DELBECQUE CAZER LEGEL CANNONNE COTTEAU HERBAUX LEGRAND BEAUVOIS THUILLIEZ MOHR GRESSIER PAGNIEN
12 juillet 2011

VANDERNOTTE Charles

 

         Charles Anthème Joseph Paul VANDERNOTTE naît le 19  juin 1886 rue Verte à ANZIN (Nord), de Paul VANDERNOTTE et Catherine DELATTRE. Son père est horticulteur, et lors du recensement de 1906 il est employé dans l'entreprise paternelle. Engagé volontaire le 22 mars 1906, au titre du 76° Régiment d'Infanterie, son père étant décédé entre-temps, il est - comme "fils unique de veuve"- renvoyé dans la disponibilité en 1907

A la mobilisation générale du 2 Août 1914, il est rappelé et affecté au 127° RI, régiment de Valenciennes. Blessé, il est évacué le 9 septembre à l'hôpital temporaire de Chartres et envoyé en convalescence dans sa famille par ordre du Général commandant la 1ère région militaire.

Son Etat Signalétique et des Services militaires porte ensuite simplement :

"Détaché armée britannique interprète de l'Intelligence Folkestonne (sic) unité mobilisée du 11-3-16. Envoyé en congé illimité le 21-11-19 par le 127° inf. se retire à Anzin"

Il a été blessé avec le 127°RI, probablement au combat d'ESTERNAY (Marne) du 7 Septembre lors de la première bataille de la Marne, ou lors de la poursuite au combat de MARGNY.

 

Itinéraire
Agrandir l'itinéraire du 127°RI du 7 au 10 septembre 1914

Libéré, il reprendra ses activités civiles comme Architecte Paysagiste à Anzin, mention que porte l'ESS, et décède dans sa ville le 28 février 1950.

RIEN cependant sur la période où il sert d'interprète, il est simplement indiqué "aux armées" du 11-3-1916 au 11-11-1918.

 

Et pourtant ..............

Citons un extrait du livre de Robert Boucard "La guerre des renseignements".  Si le ton de ce livre paru en 1939 est caractéristique d'une époque qui n'a pas perdu le souvenir de la grande guerre et qui voit poindre la seconde, les informations fournies se recoupent aisément :

"Quel était donc en Hollande le chef direct de tous ces braves ? Quel était le chef d'Alfred Pagnien, le chef de José, le chef de Jean Logiest??

-Un soldat français du 327e régiment d'infanterie.

On l'appelait Liévin-Lahaut, dit "Méphisto", matricule L.L. 7602. On l'avait surnommé "le Napoléon du renseignement". Il régnait, 6 rue Oprit, à Flessingue [Vlissingen, Pays-Bas], sur des escouades d'agents formés à son image.

Un regard direct, une moustache à la Guillaume II, une séduisante barbe blonde, un entrain endiablé, un cran à toute épreuve, "Méphisto" était véritablement le mousquetaire moderne. Adoré de ses hommes, il les conduisait en se jouant de la bataille secrète, avec une sûreté de technique que plus d'un officier d'Etat-Major aurait pu lui envier.

Cent fois il a risqué sa vie. Sa tête était mise à prix. Les Allemands ont essayé, à diverses reprises, de l'empoisonner. Un jour, ils lui firent boire du cognac additionné d'aconit, et "Méphisto" dut s'aliter pendant plusieurs semaines.

Il recevait, négligemment accoudé à son bureau. Derrière la chaise du visiteur se trouvait une grande armoire. Installé dans cette armoire, Terrin, son fidèle collaborateur, un tireur émérite, se tenait aux aguets, l'oeil à la serrure et le doigt sur la gâchette du revolver. Terrin ne perdait pas un mot du colloque et au moindre geste suspect il intervenait....

La vie "militaire" de "Méphisto" pourrait donner naissance à un roman d'aventures aux prodigieuses péripéties. Choyé par les Anglais, nommé officier de l'ordre de l'empire britannique, il fut félicité par tous les états-majors alliés. On lui écrivait de Folkestone : "Ceux qui se dévouent comme vous ne seront pas oubliés, soyez-en certain?"

Et puis la paix est venue.....

Quand il rentra chez lui, dans le nord de la France et récupéra son cabinet d'architecte, les bonnes âmes le regardèrent de coté, lui, le héros, l'entraîneur d'hommes, le collaborateur magnifique et désintéressé de notre état-major général, en murmurant :

-Encore un embusqué, il passa toute la guerre en Hollande ...

La gratitude n'est pas la vertu cardinale des officines de renseignements. Vingt ans après, celui que "l'on ne devait pas oublier" n'a pas reçu la plus infime décoration française. Bien mieux, lorsqu'il demanda à la mairie une carte de combattant, on la lui refusa, sous le prétexte administratif que les agents secrets ne figurent pas sur la liste des unités combattantes, telle qu'elle a été dressée par le ministère de la Guerre.

Amer et désabusé "Méphisto" : M. Charles Paul Vandernotte, architecte paysagiste à Anzin, repense au passé et cherche à s'évader du présent ...."

On peut effectivement chercher en vain son nom dans la base Léonore qui recense les titulaires de la Légion d'Honneur.

 

  • Il est question de lui dans la biographie de Pagnien écrite par la baronne Paulo de Moffarts, dont vous trouverez une transcription sur ce blog
  •  Sous le pseudonyme de LIEVIN-LAHAUT on peut trouver un sauf-conduit belge établi par Léon GOFFART, consul général de Belgique à Flessingues (Pays-Bas) le 24 mai 1916, l'autorisant à se rendre en Angleterre.

    Au faux nom s'ajoute une date et un lieu de naissance "de circonstance" : le 16 juin 1877 à Salzinnes-Namur, domicilié à Gentbrugge.

 

  • Parmi les actions du réseau Mephisto : l'expédition de Zeebrugge du 23 avril 1918, préparée depuis la réception le 5 février d'une note de l'état-major de Folkestone donnant l'ordre de fournir, dans les plus brefs délais toutes les précisions techniques utiles sur les travaux d'art existant le long de la côte belge depuis Nieuport jusqu'à la frontière de Hollande .

    "José", membre du réseau transmettra cette demande à l'un de ses amis, l'ingénieur principal MAQUET de Bruxelles ; en effet celui-ci ingénieur en chef du génie maritime avait dressé un plan de 27m de long, donnant toutes les coupes de la côte qu'il réussira a faire photographier, José adressant 18 clichés à Folkestone.

    Ils recevront, fait rare, les félicitations du Major Cecil Aylmer CAMERON CBE, DSO en poste à Folkestone.

  • Le service local de "Mephisto" à Zeebrugge fournit les informations sur le repaire de submersibles qui fera l'objet d'une action spéciale lors de l'expédition du 23 avril visant à rendre le port impraticable et surnommée "L'embouteillage de Zeebrugge". Le pilote LENNARTS, le pêcheur BAAS et le téléphoniste CASZAUD remettent leur plis à des navires hollandais passant à la limite des eaux territoriales. Eux non plus ne recevront aucune récompense des Etats alliés.

 

 

 

 

26 juin 2011

LECAT Angèle

 

 

 Angèle Adelaïde LECAT est née le 10 janvier 1889 à Rumegies (Nord). Domiciliée 158 rue Dassonville à Rumegies.

"En Juillet 1917 a hébergé et facilité la fuite de deux soldats anglais prisonniers de guerre évadés qui tentaient de gagner la Hollande.
                   Le 29 Août de la même année un pigeon voyageur et un questionnaire ayant été découverts par la jeune BOSQUELLE Régina, Mademoiselle LECAT Angèle a fourni par ce moyen aux troupes alliées les renseignements d'ordre militaire demandés.
                   Arrêtée à Rumegies au début d'octobre 1917 pour le premier fait, a été incarcérée à Malines, Anvers et St-Amand où elle fut condamnée à 6 mois de prison.
                   Poursuivie a nouveau sous l'inculpation d'espionnage devant le Conseil de Guerre de St-Amand, elle fut condamnée à mort et fusillée dans cette ville le 25 Mars 1918.
                   A eu jusqu'à sa mort une attitude très digne."

 

  • Faite Chevalier de la Légion d'honneur à titre posthume le 25 Mars 1924, Croix de guerre et Médaille de la Reconnaissance Française, British War Medal.
    Son dossier dans la base Léonore

 

 

  • Voici ce qu'en dit René Delame dans son livre  : "Valenciennes Occupation allemande 1914-1918. Faits de guerre et souvenirs" Hollande & Fils ed. 1933

           Les aviateurs français et anglais, nous l'avons dit, laissaient souvent tomber par parachute, des paniers contenant des pigeons voyageurs.
Le 1er septembre 1917, Angèle Lecat, fille d'un riche cultivateur de Rumegies, patriote dans l'âme, jolie, brune, pleine de santé, ayant ses cinq frères sur le front, n'hésita pas à répondre elle-même par écrit au questionnaire, signant les renseignements militaires demandés : c'était la mort.


          Les Allemands en ayant eu connaissance, la conduisirent à Malines le 20 novembre; elle fut mise en cellule avec un " mouton" (espion déguisé). Elle ne sut résister aux nombreux pièges qui lui furent tendus et avoua le fait. Son procès se termina le 2 février 1918, et elle fut condamnée à mort.
Le recours en grâce qu'avait sollicité Angèle Lecat ne fut jamais envoyé. Le commandant Von Hellingen, de la Commandature de Saint-Amand, dirigea le procès avec une haine féroce. Il s'était même vanté, paraît-il, de ne pas quitter la région sans une tête française.


Il quitta son poste dans l'après-midi du 25 mars 1918, jour de l'exécution d'Angèle Lecat.
Le commandant allemand qui le remplaça aussitôt, déclara que s'il eût été là, il eût tout fait pour sauver la tête de cette jeune fille.


L'exécution fut très émouvante.
             A cinq heures du matin, le peloton vint chercher cette pauvre fille pour la conduire au Clos, situé à un kilomètre de là. Les scènes qui se passèrent sur le trajet furent terrifiantes. Mlle Lecat se cramponnait aux soldats qui la traînèrent sur le lieu d'exécution. Eux-mêmes étaient très émus. Là, les scènes de douleur furent plus violentes encore, les soldats ne pouvant arracher la pauvre fille de leurs bras. Ils se virent dans l'obligation de lui donner un narcotique quelconque pour l'endormir. Un soldat ayant refusé de tirer fut immédiatement envoyé au front. C'est ainsi que fut fusillée Mlle Lecat, pour avoir voulu servir sa Patrie.

           Aussi, après l'armistice, le 17 juillet 1919, la ville de Saint-Amand et la commune de Rumegies, où son corps fut reconduit, s'associèrent pour faire à cette héroïne des funérailles imposantes. La famille avait auparavant fait ouvrir le modeste cercueil de sapin vermoulu, pour replacer le corps dans un autre plus convenable. Sa sœur Marie, qui assistait au transfert, fut stupéfaite de voir, après dix mois de sépulture, le corps et les membres en parfait état de conservation. La figure était d'un rose naturel, ainsi que les jambes. Ce fait, vraiment miraculeux, vengeait la barbarie allemande. J'ai tenu à signaler ce fait qui est authentique et qui m'a été certifié par M. Waymel, de Rumegies, grand mutilé de guerre.
Les cordons étaient tenus par quatre soldats français. Derrière le char funèbre, couvert de fleurs, un sous-officier portait sur un coussin la Croix de Guerre avec palme, dont voici la citation:


" Grand Quartier de l'Est. Ordre 1541.
" Le Maréchal de France, commandant en chef des armées de l'Est, cite à l'ordre de l'armée Mlle Angèle Lecat, de Rumegies (Nord). Jeune fille d'une abnégation et d'un patriotisme admirables, a payé de sa vie les services exceptionnels qu'elle a rendus à la France. "
Le Grand Quartier, le 6 avril 1919. "

Signé: Maréchal PETAIN. "


M. Cauwez, sous-préfet de Valenciennes, au nom du Gouvernement de la République, salua une dernière fois la dépouille mortelle de l'héroïne.
M. Waymel, maire de Rumegies, retraça les faits qui amenèrent son arrestation, lui donnant la place d'honneur au pied du monument aux Morts pour la Patrie.


M. le docteur Dupré parla au nom des démobilisés et des combattants de 1870, et enfin Mlle Maria Pottier, au nom de ses compagnes et amies, lui apporta le témoignage de sa sympathie et de son admiration.
Puis, pendant que la musique jouait la Marseillaise, la foule émue défila devant la tombe de cette grande Française. Pour compléter cette affaire de pigeons, si douloureuse, il importe, au point de vue historique, d'en écrire la genèse.


               La sœur de la victime, Marie Lecat, épouse de Paul Mounier, avait hébergé, nourri et vêtu des prisonniers anglais qui s'étaient évadés. Une dizaine de personnes de Rumegies les avaient ravitaillés, dont Mlle Philomène Lecat et sa sœur. Connaissant un peu d'anglais, Mlles Eugénie Waymel et Fontaine leur servaient d'interprètes; voulant leur faire franchir les lignes, Angèle Lecat les conduisit en Belgique. Malheureusement, ils furent arrêtés à la frontière hollandaise et mis en prison. Que se passa-t-il ? Personne ne le saura jamais. En tout cas, comme ils connaissaient le trafic de pigeons, il est possible que sous les menaces, ils aient été forcés de dévoiler leur secret. Toujours est-il que toutes ces personnes furent arrêtées et mises en cellule à Malines et Anvers.


Mme Yvonne Bosquelle, également condamnée à mort, vit sa peine réduite à 12 ans de prison.
Mlle Régina Bosquelle fut condamné à 5 ans de prison.
M. Casimir Delannoy, 5 ans de prison; il mourut en captivité.
Mme Wasevil, 5 ans de prison. Elle mourut également en captivité.

 

 Le 3 Juin 2012, en l'honneur d'Angèle Lecat, à l'initiative de la Directrice et de ses élèves, l'école de Rouvray (Yonne, près d'Auxerre) a été baptisée "Ecole Angèle Lecat", à l'issue d'une cérémonie rassemblant les personnalités et des représentants de la famille :

 P1440890 
P1440892

Les détails sur le site de l'école Angèle LECAT ; que tous soient ici remerciés.

 

  • Le 29 juin 1919 paraissait au Journal Officiel de la république française la citation d'Angèle LECAT à l'ordre de l'armée :

 

  • Sa tombe au cimetière de St. Amand-les-Eaux auprès de ses parents.

    TombeALecat

    plaque
    (Merci à MJL)

 

 

 

 

22 juin 2011

Fusillés cités dans la London Gazette

 

 

  La London Gazette publie dans 3 suppléments de 1919 (1er Août, 29 Août, 15 Septembre) les noms de 2725 volontaires (essentiellement Belges, Français, parfois avec confusion des nationalités, et quelques Britanniques) attachés à l'Armée Britannique en France, section I, section II et C.O.A. (qui connait la signification de ces catégories ?)


Parmi ces noms figurent ceux de 26 citoyens Français décédés dont

 

  • BARBARE Albert



    • Né le 26 Juillet 1874 à Villers-Plouich dans le Nord, chauffeur au service des Eaux à Marcoing, il sera fait Chevalier de la Légion d'Honneur à titre posthume par décret du 31 octobre 1923
    • Il est titulaire de la British War Medal

 

  •  BLONDIAUX Achille, Joseph

    • Né le 1er Mars 1857 à Noyelles ( Nord ) , journalier à Noyelles sur Escaut, il sera fait Chevalier de la Légion d'Honneur à titre posthume par décret du 9 Avril 1924.
    • Classe 1877 il est clairon au 129° de ligne.

    • Il appartenait à un service d'espionnage au profit des armées alliées. Cité dans un ordre du Maréchal Sir Douglas Haig du 6 novembre 1918 pour services rendu durant la campagne, il a reçu 2 médailles.

      Il est fusillé à St-Quentin le 27 Décembre 1916.

       
    • "M. BLONDIAUX, par son attitude courageuse et patriotique, a rendu les plus grands services à son pays."

     
  •  COOL Casimir, Emile

    • Né le 2 Août 1875 à Anzin ( Nord ), Soldat au 2° Régiment d'Infanterie Territorial, était en sursis.
    • Ayant été envoyé en mission par l'Armée Britannique, a été fusillé en région occupée par l'ennemi le 11 Mai 1917. [NDR : il a été fusillé à Charleroi (Belgique)]
    • Il est titulaire de la British War Medal.
    • Sa tombe à Bruay-en-Artois :

      Cool Casimir cimetière Bruay

 

  •  DELACROIX Louis Joseph

    • Né le 19 Novembre 1871 à St. Quentin ( Aisne ), fait Chevalier de la Légion d'Honneur à titre posthume (1930 ?).

 

  • FRANCOIS Lucien

    • Né le 8 Octobre 1890 à Crévecoeur (Nord ), employé au chemin de fer du Nord à Cambrai, il est fait Chevalier de la Légion d'Honneur par décret du 9 avril 1924.
    • Engagé volontaire de 1909 à 1912 au 133° RI, affecté spécial aux Ch. de fer du Nord en 1914 il est mobilisé sur place.
    • "Etant resté en territoire envahi, s'est employé à signaler aux Armées alliées les mouvements des troupes allemandes, à traduire en français les ordres reçus par ces derniers et à les communiquer à l'autorité anglaise. Arrêté au cours d'une de ces missions particulièrement dangereuses, fut fusillé par l'ennemi le 17 Décembre 1916."
    • Il est titulaire de la médaille militaire et de la British War Medal.

 

  • LEFEBVRE Edouard et FAUX Léon


  • MASSE Philippe
    • Né le 17 septembre 1869 à Marcoing (Nord). Garde particulier à Marcoing. Fait Chevalier de la Légion d'honneur à titre posthume par décret du 31 Septembre 1923.

  • MONIER Henri
    • Né le 12 Janvier 1896 à Bermeraing (Nord). Journalier. Fait Chevalier de la Légion d'honneur à titre posthume par décret du 31 Octobre 1923.

  • TREDEZ Paul
    • Né le 31 Mars 1881 à Sainghin en Weppes (Nord) Soldat au 7° RI . Détaché au Service de Contre-Espionnage Britannique, tué le 1er Juin 1917 au cours d'une mission en avion.
    • Déclaré " Mort pour la France".

 

 

 

 

 

 

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