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Les civils du Valenciennois dans la Grande Guerre 1914-1918
25 janvier 2011

RAISMES-VICOIGNE (Nord) fin août 1914

 

Les excations de RAISMES-VICOIGNE : 1.- Les civils fusillés
(25 août 1914)

 (A suivre : les militaires)

 

La ville est cernée de tous côtés. Les Allemands arrivent à Raismes par le bois et la rue du Marais, à 7h.1/2 du matin. En passant devant la maison de M. Paul Piérard, qui se tenait à la fenêtre du premier étage, un officier le mit en joue. Il se retira précipitamment ; à peine était-elle refermée qu'une balle, traversa le châssis, à l'endroit où il se trouvait, et fait explosion dans la poutre du plafond (Plusieurs morceaux de cette balle ont été retrouvés et conservés).

Sur la place les troupes se divisèrent en trois groupes.

La population d'abord trompée, et croyant à l'arrivée des Anglais se porte joyeusement au devant d'eux, puis, après s'être rendu compte de la méprise, se terre dans les maisons. A l'angle de la rue des Maraicaux un détachement assez important se dirige vers la rue de Valenciennes, où passent encore quelques retardataires du 27° territorial et du 127°.

Une courte escarmouche coûte la vie à deux Français. L'un nommé Pierre Menet, du 81° régiment d'infanterie territoriale, tué sur le coup, et l'autre, Jules Baconnet, mort quelques jours après de ses blessures. Quatre autres sont blessés, les pertes des Allemands qui parurent plus fortes, ne purent être exactement dénombrées, car ils emportèrent leurs morts et leurs blessés.

Pendant ce temps, le reste de la troupe se dirigeait vers la Grand'place en tiraillant dans la rue, sans doute pour intimider les habitants. Sur la place, une centaine d'hommes rangés sur trois rangs mirent genoux en terre en face de l'auberge de la Clef d'Or, et firent feu pendant quelques minutes sur cette auberge, et sur les maisons voisines, qui furent criblées de balles. Après quoi, ils procédèrent au pillage de ces habitations et des magasins de la place, jetant dans la rue ce qu'ils ne pouvaient emporter.

Un espion aurait informé les Allemands que des officiers français étaient dans cette auberge : Ce fut le prétexte de cette fusillade, ils y avaient en effet séjourné, mais venaient de partir.

Une forte portion de l'avant-garde allemande, environ une compagnie, avait, dès l'arrivée sur la place, bifurqué vers Vicoigne où des Uhlans, envoyés en éclaireurs, par la rue longeant la brasserie Sorlin, avaient rencontré quelque résistance.

Il se trouvait en effet, à l'angle de la route de Saint-Amand et de la rue de l'Abbaye, dans la propriété de M. Maurice, un petit groupe de cavaliers du 7° [escadron du 14e régiment] de hussards, qui tua six Allemands, et eut lui-même cinq tués. Les deux autres purent s'échapper, non sans peine, car l'un d'eux passa une demie journée dans un aqueduc, sur la route, ayant de l'eau jusqu'au cou, et dissimulé dans les herbes. Quelques Uhlans fatigués firent la sieste sur l'aqueduc où se trouvait caché ce héros. Ces deux hommes étaient: Gustave Rondeau, originaire de l'Eure, et Louis Duez, de Boulogne-sur-Seine, tous deux purent regagner les lignes françaises.

Les hussards avaient utilisé, pour barrer le passage, un arbre récemment abattu et placé à quelque distance. Les Allemands accusèrent ensuite les habitants d'avoir aidé les soldats à le traîner sur la route. Saisissant alors quelques-uns d'entre eux, sans aucun procès, après les avoir promenés dans la rue du hameau, ils les fusillèrent contre le mur d'une grange touchant à l'abreuvoir. Les malheureux se jetaient à leurs genoux, en protestant de leur innocence, mais ce fut en vain.
Il fut interdit de les relever, et ces tristes victimes restèrent deux jours sans sépulture, pendant que les débris calcinés de la grange incendiée recouvraient leurs corps. Ils furent ensuite enterrés tout habillés, dans le parc de M. Maurice, et les morts allemands à peu de distance.

Noms des fusillés de Vicoigne :

  • Jean·Baptiste BOUR, 29 ans ;
  • Eugène DEMORY, 28 ans ;
  • Odile BAILLY, 23 ans ;
  • Jules BRUNO, 20 ans ;
  • Auguste COUDEUR, 53 ans ;
  • Henri CUVELIER, 36 ans ;
  • Henri COUDOUX, 35 ans ;
  • Joseph LAJOUCKERE, 18 ans ;
  • Achille COLLET, 33 ans.

Les Allemands plantèrent une croix de bois sur la tombe de leurs compatriotes, et forcèrent les habitants de la commune d'y apporter chaque jour des fleurs.

Fous de terreur, car leur chef avait été tué, les Allemands brûlèrent une douzaine de maisons, et tuèrent à bout portant un vieillard

  • Juvénal EVRARD, âgé de 81 ans,

    qui, prenant les Allemands pour des Anglais, s'avançaient au-devant d'eux, un drapeau tricolore à la main ! Les Allemands pénétrèrent ensuite dans le château de M. Maurice.

Après l'avoir pillé de fond en comble, ils y burent et mangèrent jusqu'à trois heures de l'après-midi, et y mirent ensuite le feu.

Tandis que ces faits se déroulaient à Vicoigne, le gros des troupes défilait dans Raismes, et à un certain moment, fit halte pour déjeuner. Pendant cette halte, dix habitants furent arrêtés encore, sous prétexte qu'un coup de feu aurait été tiré, qui, en tout cas, n'avait blessé personne.

Après un jugement très sommaire, trois d'entre eux furent exécutés dans un champ au bout du Marais, non sans avoir été traînés à travers le village, roués de coups, brûlés avec les cigares de leurs conducteurs. Les autres otages après avoir été forcés d'assister à cette sauvage exécution furent traînés et brutalisés quelque temps, puis relâchés (1).

Ces crimes contraires au droit des gens, furent commis par la 7° compagnie du régiment de grenadiers Poméraniens n° 9.
Le défilé des troupes dura une grande partie de la journée. On estime qu'un corps d'armée environ passa par Raismes.

Les exécutions de Vicoigne furent ordonnées par von Bismarck, petit-fils du fameux Chancelier, qui prit lui-même un des cadavres et le jeta dans l'abreuvoir. Il figura après guerre sur la liste des coupables réclamés par les alliés.

Habitants exécutés rue du Marais :

  • Charles RUFFIN ;
  • Léon CLOET ;
  • Leon LANDUYT.

Noms des personnes prises comme otages dès le début de la matinée, et relâchées après une longue souffrance de plusieurs heures:

  • Léon HALLEY ;
  • François BIREMBEAUX ;
  • LAMBIN, instituteur ;
  • LEROY, cabaretier ;
  • Elie NEVE, employé, pris à Vicoigne ;
  • Gustave LABBE, ouvrier ;
  • Gustave GRAVAIS et son fils ;
  • Joseph COASNE ;
  • MARET.

Extrait du livre de René Delame : "Valenciennes Occupation allemande 1914-1918. Faits de guerre et souvenirs" Hollande & Fils ed. 1933

 

  • Les lieux :

61200848

 

La rue des Maraicaux est aujourd'hui la rue Gustave Delory
La rue du Marais (actuellement rue Léopold Dussart) se situe un peu avant dans la progression des Allemands vers Raismes depuis Bruay.

 

  • L'emplacement où les civils ont été exécutés :

P1020057

P1020061

  •  Ce site traite du monument et de sa construction .
  • Une carte postale d'époque :

Vicoigne(BMV)

  • La tombe du cimetière "du Prussien"

P1060149

P1060150

  • Les fusillés de la rue du Marais figurent sur le monument dans l'église de Raismes :

eglisederaismes


eglisederaismes2

 

  • Comparaison des noms provenant des différentes sources :
    Récit de Delame Plaque de Vicoigne Carte Postale Cimetière du Prussien N° d'acte de décès. 1914 Raismes
    BOUR Jean·B.te BOUR Jean·B.te BOUR Jean·B.te BOURG Jean·B.te

    136

    DEMORY Eugène DELORY Eugène DEMORY Eugène DEMORY Eugène 137
    BAILLY Odile BAILLY Odile BAILLY Odile BALLY Odile  138
    BRUNO Jules BRUNEAU Jules BRUNO Jules BRUNEAU Jules  134
    COUDEUR Auguste COUDEUR Auguste COUDEUR Auguste COUDEUR Augustin  133
    CUVELIER Henri CUVELIER Henri CUVELIER Henri CUVELIER Henri  135
    COUDOUX Henri COUDOUX Henri COUDOUX Henri COUDOUX Henri  129
    LAJOUCKERE Joseph LAJONCHERE Joseph LAJOUCHERE Joseph LAJONCHERE Joseph  132
    COLLET Achille COLLET Achille COLLET Achille COLLET Achille  131
                     
    EVRARD Juvénal EVRARD Juvénal     EVRARD Juvénal  130
                     
        VAN DE MAELE Pierre VAN DE MAELE Jean VAN DE MAELE Pierre  139
                     
                Eglise de Raismes  
    RUFFIN Charles RUFFIN Charles     RUFFIN Charles  127
    CLOET Léon CLOET J.Baptiste     CLOË J. B.te  126
    LANDUYT Léon LANDUYT Norbert     LANDUYT Norbert  125

     J'ai vérifié ci-dessus les décès des civils : tous ont un acte de décès à l'Etat-civil de Raismes.

 

 

  • Extrait de la liste des personnalités réclamées après guerre ( Liste des personnes désignées par les Puissances alliées pour être livrées par l'Allemagne en exécution des articles 228 à 230 du traité de Versailles et du protocole du 28 juin 1919 )

Bismarck

 

  • Extrait du New York Times du 8  octobre 1919

NYT_Oct_8_1919

  • Extrait de "Current History" publié en 1920 par le New York Times (vol 11):

currenthistoryfo11newyuoft_0246

 

  •  Revue commerciale du Levant, 1922.

    RCL 1922

  • L'Excelsior 1919

    Excelsior 1919


  •  Mémoires du préfet du Nord Félix Trépont (1863-1949)

    Mémoires Trépont
    (source)

 (A suivre : les militaires)

 

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