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Les civils du Valenciennois dans la Grande Guerre 1914-1918
26 novembre 2016

Cimetière St-Roch (Valenciennes) durant la guerre.

 

 

 

GdA 1918-211
Gazette des Ardennes du 6 avril 1918

 

     Lorsque la municipalité de Valenciennes - obéissant à la loi de 1791 interdisant tout inhumation en ville (entendez par là autour des églises situées en ville) - fait la même année l'acquisition d'un terrain au hameau de St Roch pour y créer le cimetière du même nom, elle n'imaginait certainement pas l'ampleur que celui-ci allait prendre, car devant les besoins, la Ville acquiert en plusieurs fois jusque 1900 les terrains sur la rive droite du vieil Escaut jusqu'à la limite de St-Saulve pour donner l'emplacement tel que nous le connaissons actuellement et qui s'est agrandi dans les années 70 du terrain disponible sur la rive gauche, portant la superficie à près de 10 hectares.

Vue IGN
source : IGN

carrés militaires

 Plan

     En 1915, l'ensemble des tombes n'occupait pas tout le terrain disponible, ainsi les Allemands entreprirent de créer "tout au bout" (carrés M & N actuels et peut-être D) le cimetière militaire, non seulement pour leurs soldats, mais également pour les alliés décédés sur le territoire de la commune durant les 4 années d'occupation ; ainsi que le dit l'article de la Gazette, les tombes des premiers soldats inhumés se situaient dans la partie existante du cimetière ; l'inauguration a eu lieu le 12 décembre 1915.

Inauguration

     Les premiers travaux ont révélé la présence à cet endroit d'une nécropole antique. Les recherches ont été reprises en 1918 par Maurice Hénault, (une grande partie des objets recueillis fut perdue lors de l'incendie de de 1940) puis une nouvelle fois en 1947, révélant une centaine de sépultures et des objets permettant de dater celles-ci de l'époque Franque et Gallo-Romaine.

Cimetière mérovingien

    Plus que l'implantation des tombes anciennes, c'est celle du cimetière militaire qui nous intéresse ici sur le plan ci-dessus provenant d'un article de 1983 de Philippe Beaussart en ligne sur Persée : "Sur le cimetière mérovingien de Saint-Roch à Valenciennes".

51aNE St Roch
Sur cette carte britannique de 1917 (dont disposaient les soldats Canadiens en 1918) :
en bleu le terrain du cimetière,                                
le rectangle rouge situe le cimetière militaire allemand, 
le vert l'actuel cimetière militaire britannique.             

    Après la guerre, le cimetière militaire est dispersé : les soldats allemands seront ré-inhumés au cimetière (Deutschen Soldatenfriedhof) de Frasnoy notamment, ceux du Commonwealth sont rassemblés dans un carré spécifique "St.Roch Communal Cemetery", Français et Russes également dans des carrés attenants ; les voici repérés sur cette vue aérienne (mission IGN 1932). Les carrés nationaux ont été créés, le cimetière allemand originel a disparu, restent les rangées d'arbres. Cette partie ne sera réutilisée que dans les années 1970.

cimetière St Roch 1932
A)llemagne-déplacé-, C)ommonwealth, R)ussie, F)rance

 

  • Commonwealth, entretenu par le CWGC (882 identifiés).
  • Russe (et Roumain, Serbe et Hongrois) que je traite ICI  (212 tombes).
  • Français (105 noms), traités ICI

      Avec l'aide du fonds Maurice BAUCHOND (Musée des Beaux-Arts de Valenciennes), de la collection numérisée de la Bibliothèque Municipale de Valenciennes et celui de la bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC) ainsi que de ma collection personnelle, il est possible de faire une promenade dans le cimetière :

Après lancement du diaporama, cliquer sur l'icône PE pour voir celui-ci en plein écran (Echap pour revenir au blog)

    L'une des tombes voisines du monument décrit dans l'article de la Gazette des Ardennes, porte le nom de Marcel DORIZON, prisonnier français mort le 27/04/1915, dont j'ai traité le cas particulier sur ce même blog.

 Il n'a pas été facile de déchiffrer les noms inscrits sur le monument de pierre bleue : il est décrit comme portant des noms sur chacune de ses 4 faces. A ce jour, seules les faces avant et droite (voir photo ci-dessous) s'avèrent déchiffrables, dévoilant 178 noms.

MaM allemand

Face avant :

  • Dans la partie ovale entourée de lauriers on peut lire :

"Zum Gedenken an die Opfer des Krieges
 die auf dem Ehrenfriedhof ruhen"

Sei getreu bis in den Tod
(Apokalypse 2-10)


"À la mémoire des victimes de la guerre
 qui reposent dans le cimetière d'honneur"

Soyez fidèle jusqu'à la mort
Apocalypse 2-10

 La dernière phrase, tirée de la Bible, se complète parfois par "et je te donnerai la couronne de vie" : so will ich dir die Krone des Lebens geben.

  • La partie inférieure contient sur 4 colonnes une liste de 50 noms, surmontant l'inscription :

Diese Soldaten ruhen im Massengrab auf dem französischen Friedhof
Ces soldats reposent dans la fosse commune du cimetière français

 Il semble en effet qu'au début des hostilités (qui pour les 2 camps devaient se terminer avant Noël 1914), les premiers morts aient été rassemblés dans une tombe commune (Massengrab, ou Kameradengrab) pourtant déjà surmontée d'un monument portant les noms et les régiments, c'est celui qui est décrit plus bas. Il n'y a aucun numéro de tombe, mais en croisant les archives, on trouve parfois un n° (d'ordre d'ensevelissement ?) jusqu'à ce que les tombes suivantes deviennent individuelles.

On retrouve également 50 noms sur la tombe commune n°4, carré n°2, au cimetière allemand de Frasnoy où la plus grande partie de ceux inhumés à Valenciennes ont été regroupés.

Les dates de décès (retrouvées d'après les noms) vont du 04/09/1914 (Valenciennes a définitivement été investie le 25 Août) au 26/10/1914.

 En croisant les différentes données, on obtient la liste suivante (noms et initiale de prénoms sans autre information), avec parfois une erreur de gravure (Fiermann au lieu de Ziermann, ...) :

plaque bas avec fond

 

 

 Face droite :

 On y lit sur 4 colonnes les noms de 128 soldats allemands, suivis (pas toujours) de l'initiale du prénom, du numéro de tombe individuelle, et dans de rares cas (4), du grade ou de la spécialité. Je les recopie ci-dessous tels qu'on peut les reconnaitre, avec là encore quelques erreurs de gravure possibles (MARSUR pour MASUR, LAUKUER pour LAUKNER, "G" dur et K confondus...) mais qui coïncident avec la date de décès des soldats de ma base de données.

       
   
  Niebuhr S. 59 Röcker K. 103 Lamp J. 139
Knauf A. 78 Schnier A. 61 Hein K. 104 Kabisch B. 140
  Berlet R. 62 Schmitz T. 105 Just B. 141
Kaltenegger H. 111 Ruffert J. 63 Birkeneder M. 106 Hostert M. 143
  Maass H. 64 Buschenhagen G. 107 Allendorf G. 144
Lehmann G. Arzt 90 Hadrzynski L. 65 Borchers R. 108 Mahr E. 145
  Baass M. 66 Siebigs H. 110 Händel A. 146
Linker L. 118 Spörl J. 67 Pohritzsch K. 112 Cegielny P. 147
Weidmann P. 119 Brohseit E. 68 Krüger E. 113 Kusserow A. 148
  Schulz A. 69 Widera K. 114 Theissen J. 149
       
Biermann A. 6 Jhle G. 70 Schlecht K. 116 May E. 150
Köck M. 8 Ziegler J. 71 Truckenbrud A. 117 Jmme F. 151
Wiedmann K. 10 Pauli A. 72 Seebacher S. 120 Stiller A. 153
Voigt M. 11 Kröning E. 73 Matloch V. 121 Martin M. 154
Ebelt R. 34 Schmieg G. 74 Godehardt M. 122 Kaufmann W. 155
Lange F. 35 Banzer F. 76 Lardong F. 123 Seeger 156
Fitzinger A. 36 Walgenbach P. 77 Jänichen O. 124 Böttger F. 157
Raffel W. 37 Von Hofen G. 78 Fix P. 125 Bergner K. 158
Brüsewitz P. 38 Paetz G. 79 Niebauer J. 126 Fritzke E. 159
Andler A. 41 Schäfer A. 80 Fend H. 127 Marsur J. 160
       
Rattey W. 39 Schlund H. 82 Eckert H. 128  
Genetzki K. 40 Möltgen M. 83 Schummer J. 129  
Buhlmann H. 42 Schneider P. 85 Möbius F. 130  
Bitsch G. 43 Liebl V. 86 Schumacher H. 131  
Hartinger J. 44 Treitz G. 87 Braun J. 132  
Klöhn H. 45 Lindinger A. 88 Raider J. 133  
Schmitt O. 46 Schmitt A. 89 Hofmann F. 135  
Herber 47 Landwehr J. 99 a Morweiser K. 136  
Seemann E. 48 Bocker A. 91 Ziegler A. 137  
(Namenlos) 49 Raaf R. 92 Nopens J. 138  
       
Krawczyk S. 50 Giesemann F. 93 Wersler R. Offizier Stellvertreter 139  
Stendle A. 51 Krämer M. 94    
Kreh F. 52 Baumann A. 95 Kehrer J. Leutnant 152  
Neuss K. 53 Kasper A. 96    
Franke A. 54 Jugenwegen J. 97 Luyken F. Hauptmann 9 a  
Hoffmann H. 55 Vetter A. 98    
Rüdenbender J. 56 Gerlach W. 99    
Malik P. 57 Purschke F. 100    
Deutschmann 58 Rossnagel G. 101    
Laukuer R. 60 Wohlschlegel E. 102    
       
     

 Cette fois les dates de décès s'échelonnent du 19/10/1914 au 06/10/1915 ; le monument a été inauguré le 12 décembre 1915.

Ces soldats figurent dans les listes disponibles sur ce blog, avec les informations recueillies :

1914 : sujet n°
45
1915 : sujet n°
47
1916 : sujet n°
50
1917 : sujet n°
56
1918a : sujet n°
164
1918b : sujet n°
165
1919 : sujet n°
73
1940-45 : sujet n°
173

 

     Les deux derniers monuments portent des plaques assez lisibles, l'une aux alliés, l'autre aux soldats allemands décédés en 1914. Les voici retranscrites, aux fins de comparaisons avec les informations disponibles, notamment celles de l'état-civil de Valenciennes dont j'ai effectué les relevés ICI ce qui permettra ensuite de recouper les informations, au moins pour 1914. En cas d'erreur de lien aux AD59 (ils ne sont pas encore tous pérennes) utiliser la cote du document avec le n° d'acte, toujours correct.

P laqueD

Hier Ruhen tapfere deutsche Krieger
Ici reposent de braves soldats allemands
tombés en sept et oct 1914

  FISCHER Ch.
3 B.F.A.R 43
(05/10/1914)
MARKLE Karl
13 A.K.3 San K.
(21/10/1914)
 
  FRANK H. Feldwebel
J.R. 27
(20/09/1914)
MARTENS W.
6.K. J.R.81
(22/09/1914)
 
BAARS Willy
2.K. GardeJag.Bat
(01/10/1914)
FRANZ F. Sergant
J.R. 28
MEINHARDT E.
3.K. R.J.R. 116
(20/10/1914)
ROHWEDER W.
1.K. R.J.R. 76
(28/09/1914)
BADEN Karl
1.K. J.R. 121
FRIEDRICH W.
10.K. R.J.R. 35
(17/09/1914)
MERKE Ernst
4.ESK. 2 Leib Hus. R.
(08/10/1914)
SPECHTMANN Unterof
6.K. J.R. 31
(28/09/1914)
BÄDER Johann
Füs. R. 35
(24/10/1914)
GÜNSCH A.
1.K Füs R. 36
(01/10/1914)
MUCH Friedr.
2.K J.R. 26
(12/10/1914)
STEINBRECHER L.
21.Mun.Kol. F.A.R. 18
(27/09/1914)
BECKS Heinr.
2.K J.R. 153
(03/10/1914)
GUSTER A.
2.K.1. J.R. 35
(25/09/1914)
MÜLLER Feldwebel
12.K. R.J.R. 66
STEINER Aug.
8.K.1. J.R. 13
(25/09/1914)
BERGMANN W.
3.K. 1 Garde R.z.F
(11/10/1914)
GUTZMANN G. Unterof
12.K J.R. 118
(01/10/1914)
MURSCHEL W.
13 A.K. 3.San.K.
(25/10/1914)
URBANSKI Joh.
8.K R.J.R. 27
(26/09/1914)
BESECKE Rob.
1.K J.R. 9
(16/10/1914)
HENNING Otto
2.K. L.J.R. 35
(24/09/1914)
NETTELNBRECHER W.
2.K. J.R. 15
(28/09/1914)
VOGT Peter Unterof.
9.K. J.R. 81
(01/10/1914)
BUHLER K. Unteroff
8.K. J.R. 121
(14/10/1914)
HONTSCH G.
2.Esk. 5 Leib Hus. R.
(25/09/1914)
NEUMANN P.
10.K. J.R. 8
(01/10/1914)
VOLMER Herm.
5.B. F.A.R. 22
(30/09/1914)
BUSCH Franz
12.K. J.R. 17
(18/10/1914)
JUNGE Ernst
9.K. 1.Garde R.z.F
(11/10/1914)
OPPERMANN G.
Jäg. z. Pf. 7
(22/10/1914)
WEBER Rud.
2.K. Leib Gren.R. 100
(03/10/1914)
BUSCH O. Unteroff.
7.K. L.J.R. 55
(25/09/1914)
KNAPP Heinr.
1.K J.R. 79
(25/09/1914)
PROPP Rud.
5.K. J.R. 49
(07/09/1914)
SLUTE Franz
(vermutlich)
DATER
2.K. R.J.R. 27
KÖSSNER
4.B.1.garde R.A.R
(12/10/1914)
PRUFER
7.K. L.J.R. 66
? Erk. Marke 148
Fus. R. 90
ECKERT Heinr.
F.A.R. 13
(25/10/1914)
KOVALESKI Joh.
8.K. Fus. R.A.R
(14/10/1914)
REISSE K. Radf. F.K.
bayr. Jäg. Bat. 1
(01/10/1914)
PAPLEMAN Jul.
Gefang. franz. Sold.
FIERMANN V.
3.K. J.R. 56
LUND Jabok
1.K R.J.R 86
(28/09/1914)
RESENBERGER
7.K. Bayr. R.J.R. 3
(17/10/1917)
Geb. im Dep. Bernay
Gebürtig aus Bernay

 

Une date (il n'y en a pas sur le monument) figure sur la transcription lorsque j'ai retrouvé le soldat allemand dans la base de données du cimetière de Frasnoy, en limitant les recherches par analogie aux plus probantes, compte tenu des données de l'état-civil.  (En cours .................)

 

  • Un soldat Français figure en fin de liste :
    PAPLEMAN Jul. dont le nom au registre de décès est PAPLENACE Julien.

    Il est cependant né PAPHENUCE Julien Auguste le 6/12/1879 à St-Paul-sur Risle (Eure). Il est originaire (gebürtig) de Bernay (Eure) qui est son centre de recrutement, né (Geburtsort) à Bernay, d'après la plaque, ce qui n'est pas le cas (à 30km près).
    Il fait partie des Morts pour la France, où il est dit décédé à La Neuville (Marne) le 15/9/1914, son État des Services (Matricule 700) le signalant disparu à cette date.
    Les archives du CICR conservent plusieurs fiches de recherche sur les prisonniers de guerre qui le concernent et renvoient le cas échéant à la même page de registre (P 3655) :
    Outre le nom toujours déformé (PAPHENNCE, PAPHEMUCE) il y est indiqué blessé à la jambe et se trouvant au FeldLazaret 6 de la 12e armée allemande à Guignicourt.
    Renseignement communiqués à son épouse à Sassy.

    P3655


    Aucune de ces informations ne reflétant la réalité du décès, il faudra un jugement du tribunal de Falaise transcrit à Sassy (Calvados) le 15/05/1920 qui le déclarera décédé à sa date de disparition, ignorant donc que le blessé a été emmené dans une ambulance allemande jusque Valenciennes où il décède effectivement 14 jours plus tard.
    Il n'est actuellement pas possible de situer sa sépulture.


  • On trouve comme toujours quelques différences avec ce qui est noté à l'état-civil, sans que je sache qui a raison, par exemple :
    • BACKS Heinrich, gravé Becks
    • LUSTER Albert, gravé Guster A., décédé le 25/09/1914.
    • LUND Jakob, gravé Jabok, écrit LÛND à l'état-civil.

    Les documents transmis à l'état-civil de Valenciennes ne permettaient peut-être pas une lecture correcte (écriture manuscrite, fraktur, papiers endommagés....), de plus le monument a peut-être été gravé sur place par un français, ayant le même problème de déchiffrement.

  • Certains noms (18) ne figurent pas dans les registres de l'état-civil, ils ont donc été soit inscrits dans d'autres communes, soit relevaient de l'état-civil militaire.

  • Certains noms ne figurent pas dans les listes du site www.volksbund.de, que ce soit à Frasnoy ou ailleurs (Assevent, Wambrechies notamment) ; peut-être les corps ont-ils été restitués aux familles, mais comme le précise le site :
    • les documents disponibles n'ont pas permis de déterminer un emplacement de tombe. Étant donné qu'au 20ème siècle, les services français s'occupant des sépultures ont réalisé des travaux de déplacement des corps enterrés dans les lieux environnants pour rassembler ceux-ci dans des cimetières communs, il est possible qu'il ait été inhumé dans la fosse commune du cimetière militaire de .................. créé par le Volksbund.

         Voici les noms tels que j'ai pu retrouver au cimetière de Frasnoy, présentés dans la même disposition que sur la plaque :

      FISCHER Christian MÄRKLE Karl  
      FRANK Heinrich MARTENS Wilhelm  
    BAARS Willi  - MEINHARDT Erich ROHWEDER Wilhelm
     - FRÄDRICH Wilhelm MERKE Ernst SPEHTMANN Heinrich
    BAEDER Karl GÜNSCH Abert MUCH Friedrich STEINBRECHER Ludwig
    BACKS Heinrich LUSTER Albert  - STEINER August
    BERGMANN Wilhelm GUTZMANN Georg MURSCHEL Wilhelm URBANSKI Johann
    BESECKE Robert HENNIG Otto NETTELNBRECHER Wilhelm VOGT Peter
    BÜHLER Karl HÖNTSCH Arthur NEUMANN Paul VOLMER Hermann
    BUSCH Franz JUNGE Karl OPPERMANN Gustav WEBER Rudolf
    BUSCH Otto KNAPP Heinrich PROPP Rudolf  -
     - KÖSSNER Karl Hermann Ludwig BRÜDER Robert  -
    ECKERT Heinrich KOVALEWSKI Johann REIẞL Konrad  
     - LUND Jakob RESENBERGER Michael  

 


 

    Les liens sous les noms qui suivent renvoient soit vers les fiches correspondantes de Mémoire des Hommes soit sur ce blog où je détaille leur parcours, reconnaissable au numéro qui renvoie vers la tombe actuelle, ou encore de la Commonwealth War Graves Commision quand c'est possible, ce qui permet d'accéder à plus d'information : date de décès, date et lieu de naissance. 

 

S 1914

Tués
Sept. Oct. 1914

BOURGES Isaïe  266 26e R.I.T
QUESNE Casimir  231 26e R.I.T.
BOURSIER François Réserviste
RECOURT Eugène  233 7e R.I.T.
FERRAND Eugène  264 16e R.I.T. caporal
SALLARD Eugène 26e R.I.T.
HOCHU Louis  232 84e R.I.
TERREUX E.H. 21e R.I.T.
LEDUC L.F. 1er R.A.T.
TRICHON Eugène 27e R.I.T.
LUNEL Auguste  254 27e R.I.T.
DAVIS Lionel 6e Dragons
MARTIN Auguste  267 27e R.I.T.
HAWE Robert 2e Hussards
MONTRON Ernest  269 26e R.I.T.
HUGHES Denis 79th Brigade R.F.A
PETIT Marcel  265 27e R.I.T.
HULL Harald Wilsh. Reg.
ENGE Albert deutscher Soldat
2° Cie, I.R. 153
  • Parfois l'orthographe des noms propres reste sujet à caution, ainsi
    • BOURCIER et non BOURSIER, François (le lien mène vers la bonne fiche MDH et le nom a été rectifié à l'état-civil)
    • MONTRON Ernest Victrice [Saint Victrice, né probablement dans la région de l'Escaut, embrassa d'abord la carrière des armes, fut évèque de Rouen vers 400 et donc fit le chemin inverse], dont le nom conforme aux actes de naissance et de décès et à la fiche MDH a une tombe au nom de MOUTRON. Une demande de rectification (avec modification de la plaque tombale) est en cours.

 

  • Les numéros qui suivent certains noms sont ceux de la tombe au cimetière actuel, et le lien renvoie vers une photo de celle-ci (collection privée).

  • 4 soldats sont britanniques :
    • HUGHES Denis : on trouve sous ce nom un soldat du 2e Bataillon du Royal Dublin Fusiliers, décédé le 05/09/1914, toujours inhumé à Valenciennes.
    • BULL H.A. (et non HULL) soldat du 1er Bataillon du Wiltshire Regiment, décédé le 14/09/1914, toujours inhumé à Valenciennes.
    • DAVIS Lionel du 6th Dragoon Guards (Carabiniers).
    • HAWE Robert du Royal Dublin Fusiliers.

  • Le soldat allemand ENGE Albert du 153e Régiment d'infanterie, n° (matricule ?) 189 est décédé à l'hôpital qui se tenait dans l'actuel Lycée Watteau, le 4/09/1914. Ce nom ne figure pas sur le site Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsorge, il a probablement été rendu à sa famille.

 

    On voit également au pied du même monument un écusson (aux couleurs nationales ?) mais illisible. Si la photo a bien été prise durant la guerre, cette plaque "Aux morts pour la Patrie", où le mot "France" apparait, n'a pu être apposée que temporairement :

R écusson

 

 

     A noter qu'une photo de 1915 d'origine allemande dans les albums Valois mis en ligne par la BDIC montre une tombe sans localisation :

Hier ruhen 3 tapfere französischer Soldaten
Ici reposent 3 braves soldats français
Érigé par la llléme compagnie, 2éme section, du 55me Landsturm
et crédité ailleurs du quotidien suisse : La Guerre Mondiale.

1915 3 soldats F

 

L'enterrement de Wilhelm KAUFMANN décédé le 26/09/1915, inhumé tombe individuelle n°155.

Kaufman

Date d'acte ou de trans-
cription
N° d'Acte (propre ou voisin) Nom Prénom Informations militaires Précision lieu de décès Date de décès Vue N° Date de Naissance Lieu de Naissance
28 sep 1915 607 KAUFMANN
cliquer pour plus d'infos
Wilhelm Pionnier 6° détachement du service d'autos de l'Etape Vimy (am Felsenkeller)
Position allemande dite "Felsenkellerweg"
26 sep 1915 155 25 sep 1885 Muelheim Reg Bez Dusseldorf (sic)
probablement Mülheim bei Dusseldorf

 

 

Je ne connais pas avec précision le nombre de tombes de ce carré militaire, mais par exemple :

  • MEIER Christian, né le 07.6.1888 à Wulften, décédé le 25.03.1918 Krgs.-Laz. VII in Valenciennes, réserviste du 78 régiment d'infanterie a été inhumé tombe n°819  "EinzelTombe" (Tombe individuelle originelle).

 ou encore

  • SCHLIEPHAKE Albert, né le 08.02.1890 à Salzwedel, décédé le 01.01.1918 à Valenciennes du 111e régiment d'infanterie :  "in Valenciennes bestattet, Grab 2058" (enterré à Valenciennes, tombe n°2058)

Voir sur ce même blog le sujet relatif à l'actuel carré militaire

 

 

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12 novembre 2016

Le p'tit Quinquin

 

Desrousseaux

Il n'est nul besoin de présenter la Marseillaise du Nord, berceuse (canchon dormoire) écrite en ch'ti en 1853 par le poète lillois Alexandre Desrousseaux (1820-1892) (photo ci-contre de l'agence Meurisse ; source Gallica).

Pour bien illustrer ce qu'elle représente pour les gens du Nord (de la France) voici d'autres paroles écrites par un prisonnier et parues dans le Journal des Réfugiés du Nord du 23 août 1916 pour célébrer le retour au pays.

 

RduPays

En voici les paroles, peu lisibles sur l'original :

                Air du Ptit Quinquin, de Desrousseaux


                            1er Couplet
Amis Caimberlots on' cainchonnette
Jé m'sus bin promis d'vos avertir
N'avé d'aimbitieux ni d' déshonnête
Al' peut malgré tout vos divertir
Fait sus un'ai qui soulage
Al' va parler du village
No coer d'el prison s'envol'ra
Jusqu'à no mason.

                                 Refrain
       C'est mi qui vos l'dis
       Qui vos l'erdis
       Mes bons amis,
       La guerre au pays
       A' n' dur'ra mi toudis.

                            2e Couplet
C' n'est mi ré d'parler pourvu qu'in r'vienne,
Qu' tous nos avons dit d'un air gaillard :
J'vorau, mes amis, qu'in s'in souvienne
In s' faisint moins d' bile et moins d' pétard
Puisque c'est ainsi qu'in l'nomme
Dit'z au "cafard" : min bonhomme
T' véras m'vir ed'main
Aujourd'hui t' peux passer tin c'min!

                            3e Couplet
El' jour attindu, lé v'la qu' t'approche
I'n peut pus tarder, ça c'est certain :
No fimme al' va v'nu, avec el' mioche,
Nos r'querre à la gare un bé matin ;
Quind nos saut'rons pà l' portière,
Avec un' larme à l' paupière,
D' joie et d'émotion
In imbrass'ra l' population.

                            4e Couplet
El' gosse i' nos f'ra s' baise à bouquette
Comme in sait les faire à no pays
I dira naïf, lorgnint l' musette :
C'est i' vrai papa qu' t'erviens d' Paris ?
Mère' m'a dit qu' si j'étais sage
T'a'lais m' rapporter d' voyage
Un bé tis dada,
Et pis cor du biscuit d' soldat.

                            5e Couplet
J'ara du rabiot dins les caresses
Qu'ins f'ra d' tous côtés, mêm' sus les yeux ;
L' fimme al' nos dira dins ses tindresses :
T'as dû t'innuyer dis min tiot fi'ux ?
Nos li répondrons, no tiote
Caracho, rabot', rabote
C'est bin intindu
In va rattraper l' timps perdu.

FERNAND DE CODRY

    Il s'agit ici comme indiqué du patois de Cambrai, plus proche du picard que le rouchy, dans lequel l'auteur n'a pas abusé - par exemple des "Ch" - n'accentuant pas ainsi les déformations du français.
On remarquera simplement l'antépénultième vers du 5e couplet "Caracho, rabot', rabote" directement issu du russe хорошо, работа работа (bien, travail travail), évoquant ainsi la proximité avec des prisonniers de cette nationalité.

 

    Pour qui veut se remémorer "Le p'tit Quinquin", j'ai choisi une version du grand Raoul (de Godewaersvelde) qui s'est fait la voix douce et la chante bien comme une berceuse, certaines autres interprétations prêtant fort peu à l'endormissement :

{Refrain}
Dors, Min p'tit quinquin,
Min p'tit pouchin, Min gros rojin
Te m'fras du chagrin
Si te n'dors point ch'qu'à d'main


Ainsi, l'aut' jour eun' pauv' dintellière,

In amiclotant sin p'tit garchon
Qui d'puis tros quarts d'heure, n'faijot qu'ed braire,
Tâchot d'lindormir par eun' canchon.
Ell' li dijot : Min Narcisse,
D'main, t'aras du pain d'épice
Du chuc à gogo
Si t'es sache et qu'te fais dodo !
{au Refrain}


Et si te m'laiche faire eun'bonn'semaine

J'irai dégager tin biau sarrau,
Tin pantalon d'drap, tin giliet d'laine...
Comme un p'tit milord te s'ras farau !
J't'acat'rai, l'jour de l'ducasse
Un porichinell' cocasse,
Un turlututu,
Pour jouer l'air du capiau-pointu...
{au Refrain}


Nous irons dins l'cour Jeannette-à-Vaques

Vir les marionnett's. Comme te riras,
Quand t'intindras dire : "Un doup pou' Jacques !"
Pa' l'porichinell' qui parl' magas.
Te li mettras din s'menotte,
Au lieu d' doupe, un rond d'carotte !
It' dira merci !...
Pins' comme nous arons du plaisir !...
{au Refrain}


Et si par hasard sin maite s'fâche,

Ch'est alors Narcisse, que nous rirons !
Sans n'n'avoir invi', j'prindrai m'n air mache
J'li dirai sin nom et ses surnoms,
J'li dirai des fariboles
I m'in répondra des drôles
Infin un chacun
Verra deux pestac' au lieu d'un
{au Refrain}


Allons serr' tes yeux, dors min bonhomme

J'vas dire eun' prière à P'tit Jésus
Pou' qu'i vienne ichi, pindant tin somme,
T'fair'rêver qu'j'ai les mains plein's d'écus,
Pour qu'i t'apporte eun' coquille,
Avec du chirop qui guile
Tout l'long d'tin minton,
Te poulèqu'ras tros heur's de long !...
{au Refrain}


L'mos qui vient, d'Saint'Nicolas ch'est l'fête

Pour sûr, au soir, i viendra t'trouver
It' f'ra un sermon, et t'laich'ra mette
In d'zous du ballot, un grand painnier.
I l'rimplira, si t'es sache,
D'séquois qui t'rindront bénache,
San cha, sin baudet
T'invoira un grand martinet
{au Refrain}


Ni les marionnettes, ni l'pain n'épice

N'ont produit d'effet. Mais l'martinet
A vit' rappajé l' petit Narcisse,
Qui craignot d'vir arriver l'baudet
Il a dit s'canchon dormoire...
S'mèr' l'a mis dins s'n ochennoire :
A r'pris sin coussin,
Et répété vingt fos che r'frain.
{au Refrain}

{Refrain}
Dors, mon petit bébé,
Mon petit poussin, mon gros rouquin
Tu me feras du chagrin
Si tu ne dors pas jusqu'à demain.


Ainsi l'autre jour une pauvre dentellière,

En langeant son petit garçon
Qui depuis trois-quarts d'heure, pleurait sans arrêt,
Tâchait de l'endormir par une chanson.
Elle lui disait : Mon Narcisse,
Demain, tu auras du pain d'épice
Du sucre à gogo
Si tu es sage et que tu fais dodo !
{au Refrain}


Et si tu me laisses faire une bonne semaine

J'irai dégager ton beau sarrau,
Ton pantalon de drap, ton gilet de laine...
Comme un petit milord tu seras faraud !
Je t'acheterai, le jour de la fête paroissiale
Un polichinelle cocasse,
Un turlututu,
Pour jouer l'air du Chapeau-pointu...
{au Refrain}


Nous irons dans la cour de Jeannette-aux-Vaches

Voir les marionnettes. Comme tu riras,
Quand tu entendras dire : "Un sou pour Jacques !"
Par le polichinelle qui parle mal.
Tu mettras dans sa menotte,
Au lieu de sou, un rond de carotte !
Il te dira merci !...
Pense comme nous aurons du plaisir !...
{au Refrain}


Et si par hasard son maître se fâche,

C'est alors, Narcisse, que nous rirons !
Sans en avoir envie, je prendrai mon air méchant,
Je lui dirai son nom et ses surnoms,
Je lui dirai des fariboles
Il m'en répondra des drôles
Enfin, chacun
Verra deux spectacles au lieu d'un
{au Refrain}


Alors, ferme tes yeux, dors, mon bonhomme

Je vais dire une prière au Petit Jésus
Pour qu'il vienne ici, pendant ton somme,
Te faire rêver que j'ai les mains pleines d'écus,
Pour qu'il t'apporte une brioche,
Avec du sirop qui dégouline
Le long de ton menton,
Tu te pourlécheras pendant trois heures !...
{au Refrain}


Le mois prochain, de Saint Nicolas c'est la fête

Pour sûr, le soir, il viendra te trouver.
Il te fera un sermon, et te laissera mettre
Sous la cheminée un grand panier ...
Il le remplira, si tu es sage,
De "je-ne-sais-quoi" qui te rendront heureux,
Sinon, son baudet
T'enverra un grand martinet.
{au Refrain}


Ni les marionnettes, ni le pain d'épice

N'ont produit d'effet. Mais le martinet
A vite calmé le petit Narcisse,
Qui craignait de voir arriver le baudet
Il a dit sa berceuse ...
Sa mère l'a mis dans son berceau,
A repris son coussin [de dentellière],
Et répété vingt fois ce refrain.
{au Refrain}

 A noter que le "doup' (double)" dont il est question dans la version patoise est une survivance du doublon de l'occupation espagnole.

double

 

 

     La version proposée n'a probablement pas été la seule à s'inspirer de la musique très connue de Desrousseaux, et le thème du P'tit Quinquin reste fédérateur ; ainsi dès septembre 1940 parait le bulletin de l'Amicale des Réfugiés du Nord (au sens très large) :

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     J'avais déjà présenté dans un sujet sur les rapatriés cette photo de 1916 l'agence de presse Rol, parue dans Gallica et légendée ainsi :

Un petit quinquin [au milieu des bagages sur le quai de la gare], réfugié du Nord,
rapatrié à Evian

Rol

 


 

    Le même Journal des Réfugiés du Nord du 23 août 1916 présente une autre de "Nos Marseillaises", en l'occurence "Les Enfants de Valenciennes", dont je n'ai retrouvé aucun enregistrement tel que nous l'entendions lors de concerts, dans les kiosques à musique des jardins de la ville ; si un lecteur dispose d'une version, merci d'avance.

EdV

 

 

5 novembre 2016

Les Bataillons de Travailleurs Civils (ZAB)

     En 1921 parait aux éditions Thery Gustave, 99 rue de Mons, l'Almanach de l'arrondissement de Valenciennes pour l'année suivante. Il renoue avec la tradition des "Armena d'Valinciennes" qui paraissaient avant la guerre. Sous la plume d'un certain M.T. le récit ci-dessous, que l'auteur signale être en vente 1,25f (100 fr le cent) - et qui est peut-être plus complet - relate les conditions de réquisition des travailleurs civils.

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     Comme toujours je le retranscris tel quel, laissant le lecteur apprécier, tout en tenant compte de l'époque où il a été écrit, et du ressentiment de l'auteur. Ainsi, le terme camp de concentration est à prendre au sens premier (de regroupement) et non d'extermination, même si les méthodes utilisées ont tendance à se confondre avec d'autres vécues à la guerre suivante. Quant à la rafle, c'est bien de cela dont il s'agit. Quelques croquis (de l'auteur ?) émaillent le récit, j'y ai ajouté quelques documents.

 


Les Z.A.B.



Comment les Boches obligèrent les prisonniers Civils à travailler pour eux

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« A ceux des Français qui seraient enclins à une pitié excessive envers les allemands, je dédie ces lignes. Écrites sans animosité ni haine, elles leur rappelleront que, même partisans de la paix comme tout humain doit l'être, nous serions coupables d'oublier trop vite le martyr ignoble, imposé par eux aux civils — hommes et enfants — des régions envahies. » M. T.



Récit des premières et inoubliables journées qu'ont endurées les Civils français enlevés par les Allemands et contraints au travail par les mesures les plus sauvages

Il est nécessaire, avant d'entrer dans le détail du sujet que je vais développer, que le lecteur sache ce que signifient les trois lettres Z. A. B. ou Zivil-Arbeiter-Bataillon ; elles veulent dire : Bataillon d'Ouvriers Civils.

Hélas ! Ce bataillon d'ouvriers civils, ces « ouvriers » comme ils avaient le toupet de les appeler, devaient être, tels des forçats, conduits au travail sous la garde de soldats armés, suivis et surveillés par des « postes ». Ceux-ci mettaient la baïonnette au canon selon la bonne humeur et le caprice de leurs chefs, ou encore pendant les quelques jours qui suivaient une évasion.

Je commence le récit : ne cherchant pas les grandes phrases et écrivant sans aucune prétention, il sera aussi bref que possible. Ma narration n'aura qu'un seul mérite, celui de la sincérité.
     Je crois cependant intéressant de rappeler ici que les actes de sauvagerie commis par les allemands, en violation des droits des civils vis-à-vis des lois de la guerre, ont suivi de très près la réponse négative des Alliés aux propositions de paix des Allemands.
On a dit que sur ce refus, Hindenburg, vexé, aurait fait savoir qu'il mobiliserait 200.000 civils français et belges pour remplacer des employés allemands aptes à servir au front.

     Je ne sais si cela est vrai, en tout cas les faits qui se sont passés semblent confirmer ce que j'ai pensé et laissent supposer que le Maréchal boche n'était pas étranger à cette nouvelle mesure de coercition bien allemande, car la menace fui aussitôt mise à exécution. L'Allemagne, oublieuse de toute dignité, allait une fois de plus donner aux nations civilisées, une preuve de sa triste mentalité et de sa barbarie.

Le dernier appel.

     Nous sommes en Octobre 1917 ; c'est la troisième fois que je me rends à l'appel ; les Autorités Allemandes, dans les régions envahies, exercent ainsi leur contrôle sur les hommes dès l'Age de 17 ans.
     A la Mairie, la salle dans laquelle se passe cette révision mensuelle est, il me semble, plus triste, plus sombre que de coutume ! Le visage des allemands me parait aujourd'hui plus dur, plus sévère encore qu'à l'ordinaire ; on dirait que quelque chose est dans l'air. Est-ce une illusion ?
     Toujours sous l'appréhension de quelque désagréable surprise (on ne sait jamais à quoi s'en tenir avec ces gens-la) nous avons le pressentiment qu'il va se passer quelque chose d'anormal, de grave : la figure enrognée (sic) de nos ennemis, le ton hargneux de ces êtres diaboliques, tout nous fait penser que leurs griffes vont se resserrer sur nous et que nous allons devenir leur chose.

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Cette affiche de convocation d'avril 1917, semblable aux autres,
répartissait les lieux de contrôle, comme le Salon des 4-coins cité plus bas


     Hélas, oui ! Les quelques minutes qui allaient suivre devaient nous prouver que nos appréhensions étaient malheureusement fondées. Une phrase, tant de fois répétée durant l'invasion, jette un peu de froid dans les divers groupes que forment les jeunes gens, anxieux de ce qui va se passer : « On va ramasser les hommes !.»
« On va ramasser les hommes ! » Il faut avoir vécu ici, sous la botte de l'envahisseur, pour comprendre et savoir apprécier tout ce que cette annonce (souvent lancée à tort par les allemands eux-mêmes dans le seul but de semer la crainte au sein de nos familles) avait pour nous de redoutable.
     On entend, s'approchant de la salle, un bruit de bottes éperonnées ; c'est le gendarme boche, représentant de l'autorité germanique, qui s'amène. Hautain et narquois, il s'avance et prend place, en maître, à la table déjà occupée par un agent de police français. Devant le prussien tout puissant le silence se fait.
L'appel commence et chacun de nous, au fur et à mesure que son nom est crié, s'avance sans broncher vers le gendarme pour lui présenter sa carte d'identité, carte sur laquelle celui-ci doit apposer le cachet de présence. Mais, contrairement à l'habitude, son Altesse BHURY, exécuteur des ordres de son grand chef Hindenburg, de temps à autre (selon les têtes, sans doute, et peut-être bien aussi selon les bourses) conserve la carte et fait signe à l'intéressé d'aller dans la cour y attendre des ordres en conséquence. Dès lors, je suis fixé : on en ramasse !
     A mon tour d'être appelé ; le cœur me bat bien fort, mais à quoi bon, le moment n'est pas aux sentiments, soyons ferme. Ma carte ne m'étant pas rendue, je vais rejoindre les autres camarades déjà groupés. Nous n'attendons pas longtemps car, sitôt le nombre d'hommes jugé suffisant, nous sommes avisés que nous devons nous rendre le lendemain matin au Faubourg de Paris, Salon des Quatre Coins, munis de linge et de vivres...  Cette fois plus de doute, nous sommes pris !

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Le salon des 4 coins en 1914, situé au coin de l'actuelle rue du Faubourg de Paris à droite de l'église.
Photo Maurice Bauchond (MBAV)

S4C2Le même carrefour en novembre 1918, la configuration différait d'aujourd'hui :
voir sur ce même blog
le café n'a pas été reconstruit.


Pareille séance à la même heure et avec le même programme était jouée dans les communes environnantes. C'était la rafle !

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Le lendemain, rassemblés, gardés militairement, nous partons du lieu de rassemblement à destination du camp de concentration, situé dans une vaste usine de Marly ; nous quittons ce local la nuit-même pour être embarqués en chemin de fer. Où nous mène-t-on ?
     Une anxiété plus grande nous gagne et nous nous demandons quel sort nous est réservé ? Le mutisme de nos gardiens ne fait qu'aviver nos craintes. Savent-ils bien eux-mêmes ce que l'on va faire de nous ? Les soldats qui nous gardent ont ordre de se taire pendant les vingt-quatre heures que durera le trajet pour franchir les vingt kilomètres qui nous séparent de Marly à Solesmes !!

Une journée et une nuit en wagon, lassés comme des colis, tels furent nos débuts.... Et qu'était-ce, hélas ! comparé à ce qui nous attendait le lendemain de notre arrivée.

A Solesmes

     Le lendemain matin, nous sommes en gare de Solesmes, encore tassés dans les wagons ; on se demande toujours ce que les allemands vont faire de nous ? Enfin, dans le courant de la journée, on nous fait descendre sur le quai et, tous placés par rangs à peu près égaux, nous quittons la gare pour prendre la direction d'un petit village près de Solesmes.
Saint-Python ! C'est là que nous sommés « casernés ». Les soldats, après avoir organisé leur service de garde, nous laissent libres (libres, mais bien gardés) pour nous caser et préparer un coin à seule fin d'y passer la nuit à l'abri.
     Dans ce vieux moulin où nous sommes, le désordre est à son comble. Le soir, grâce au désarroi du début d'installation, favorise l'évasion de quelques prisonniers qui ont un peu de culot et aussi beaucoup de chance.
     Je dis beaucoup de chance, car je me rappelle la déveine d'un camarade qui avait réussi à s'approcher du mur de clôture et à l'escalader : grande fut sa surprise de ne pas s'être fait mal en sautant, le malheureux était tombé juste dans les bras d'un caporal boche qui veillait au dehors.
     Si l'obscurité fut favorable aux courageux qui s'étaient promis de décamper elle ne le fut pas moins aux soldats voleurs du Kaiser qui en profitèrent pour mettre leurs grandes qualités de cambrioleurs en pratique. Je veux parler, entr'autres, d'un grand escogriffe de boche aux allures affreusement bestiales (le futur chef cuisinier du camp) qui, à la nuit tombante, fit sortir tout le monde dehors, soi-disant pour une distribution de pain. Cette manœuvre ne s'exécutant pas assez promptement, il eut vite fait de s'armer d'un gourdin dont il menaça chacun de nous, procédé qui eut le don de faire accélérer un peu les traînards, il est vrai.

     Passant ensuite l'inspection de toutes les chambres pour s'assurer que pas un n'était resté, il trouva dans un coin un des nôtres couché, lequel, malade, se refusait à descendre.
Comme remède le gourdin se leva, prêt à retomber sur le crâne du malade, s'il n'obtempérait pas.
     Ce malheureux, devant la menace du gourdin et l'attitude peu rassurante de la brute, comprit qu'il était préférable de faire comme les autres ; il se leva et voulut prendre son veston qui lui servait d'oreiller, veston dans la poche duquel était son argent. Mais l'allemand, flairant quelque chose à fouiller et une rapine à faire, furieux et menaçant, leva à nouveau son bâton sur lui et l'obligea à partir au galop, lui abandonnant son vêtement. Quand l'homme revint, le portefeuille était disparu. Le soldat du Kaiser, en sujet digne de ses aïeux voleurs de pendules, avait prouvé ses qualités de détrousseur.

Le Lendemain !

     De très bonne heure, après nous avoir groupés dans la cour et placés par Kommandantur de provenance, on fait un appel au cours duquel les boches déjà constatèrent quelques absents « envolés pendant la nuit ».
On nous divisa, les boches jugeant sans doute le groupe par trop nombreux pour tenter le premier essai. Une portion composée de civils de Valenciennes et Marly, fut mise en route, et tel un troupeau de moutons qu'on mène à l'abattoir, on nous fît prendre la direction de Solesmes. Notre calvaire commençait ?
     Chemin faisant, certains d'entre nous qui s'écartaient un peu trop pour un quelconque motif, firent connaissance avec la crosse des « Mauzer » de nos gardiens.
Ainsi nous arrivons à la gare et c'est là que doit avoir lieu la première distribution d'outils.
On aurait dit que les allemands se doutaient que cette tentative serait vaine car, sans trop insister à notre refus de prendre pelle ou pioche, ils nous font faire demi-tour et laisser là les outils. Nos gardes sourient, mais leurs regards ne nous disent rien de bon. Ils méditent quelque chose... Que vont-ils décider à notre égard ? Quels ordres supérieurs et criminels ces êtres sournois ont-ils reçus ?
     Nous savons, que nos ennemis veulent notre travail et que savoir exiger est une des qualités dont ils se parent ; devant un refus de nous renouvelé, n'iront-ils pas jusqu'à la rigueur et les coups, en dépit des lois de la guerre et des principes élémentaires de l'humanité. Le boche est capable de tout, pour se faire obéir ; malheur à qui lui résiste. Il va bientôt nous le prouver. Nous sentons bien cela, nous savons bien aussi que nous risquons gros jeu à braver leur colère, mais nos cœurs de français, nos sentiments, notre devoir, tout nous dit de résister.
     On nous remet en route... Pour exécuter leur sinistre besogne, les soudards, nous font quitter la gare de Solesmes pour gagner un endroit isolé où, à l'abri des regards indiscrets et de témoins gênants, ils seront beaucoup plus à leur aise pour nous « mater » à l'allemande.
Par la voie ferrée, le troupeau des condamnés est emmené. Quelle lugubre et pénible promenade nous faisons là ; un vent sec cingle nos sombres visages. L'hiver, hâtif, vient joindre ses persécutions à celles de nos bourreaux.
     Nous marchons depuis longtemps déjà quand, près d'un petit village appelé St-Waast-en-Cambrésis, la colonne s'arrête. Nôtre appétit est mis en éveil par l'odeur que dégage prés de nous une cuisine de campagne qui bout ; nos boyaux chantent, mais ce qui cuit là n'est pas pour nos ventres affamés : c'est la soupe de nos gardiens.
De suite nos yeux se portent dans la direction du sol où gisent des outils neufs, pelles et pioches en tas, bien préparés.
     Certainement, la leçon va recommencer. L'emplacement est désert et vraiment bien choisi pour la scène de cruauté qui va se dérouler.
Un caporal nous demande si nous voulons travailler ? Toujours même réponse! Alors on nous place sur deux rangs le long des rails, et les soldats le fusil en bandoulière, mais tenant chacun un bâton, tournent autour du groupe et se chargent de faire redresser les jambes qui commencent à fléchir. De nouveau nous résistons aux menaces.
     L'obstination bien française des prisonniers civils n'était pas faite pour adoucir l'humeur farouche des sbires allemands ; furieux d'une telle résistance à leurs ordres, ces monstres, sans aucun souci de l'humanité, sans aucune retenue, allaient user contre nous des « moyens » odieux et sûrs qu'ils avaient en réserve dans leurs cerveaux obtus et dominants. Nous subissions la question en 1917 et nos tortionnaires, aussi féroces que les disciples de Loyola, nous l'appliquaient avec autant de raffinement que sous l'inquisition. Mentalité bien allemande, qui ne comprendra jamais le mépris qu'elle suscite chez des êtres fiers et dignes...
     Ils nous font alors ôter vestons et gilets, ce qui n'est pas agréable par et ce temps déjà frais d'Octobre. Sous le vent de bise nous grelottons, niais nous résistons !
Ils nous font ensuite tenir un bras en l'air, jusqu'à épuisement. C'est dur, pénible, mais nous résistons!
     A ce moment une locomotive arrive, un gros légume, appelé téléphoniquement s'amène. On nous fait aussitôt rhabiller. Que va-t-il se passer ?
De cette machine descend un officier supérieur ; il s'approche  de nous et, s'exprimant en français, nous dit : « Alors, vous ne voulez pas travailler, c'est bon; mais, dites-moi pourquoi ?»
     Personne ne répond... Puis, s'adressant personnellement à l'un du groupe, il veut lui faire comprendre que travailler pour les Allemands, n'est pas agir contre ses sentiments de bon français. D'ailleurs, ajoute-t-il, il y a intérêt et avantage à accepter de bonne grâce les exigences de l'Autorité Allemande. « Si vous travaillez, vous gagnez quatre marcks par jour et vous êtes libre... tandis que si vous refusez...»

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Après les valets, c'était le maître : et pour nous, après l'outrage des soldats, c'était l'insulte basse et grossière de l'officier teuton.
Et le butor, une dernière fois, s'adressant à tous, vocifère. «Voulez-vous, oui ou non, travailler ? »
Le ton employé est gros de menace...
Toujours personne ne répond. L'officier enfin fixé, se rendant compte que ses paroles ne parviennent pas à nous décider ni à nous convaincre, lance méchamment un ordre aux soldats — ordre dont nous ne devinions pas la gravité — et remonte furieux, sur sa locomotive, qui démarre aussitôt machine en arrière... Perfidement, en véritable boche, l'officier vindicatif emporte avec lui le secret et la responsabilité du crime qui allait se commettre, hors sa présence mais par ses ordres.
C'est ici que devait commencer le "dressage" à la boche.

Les barbares à l'œuvre.

     Un sous-officier du génie passe devant nous et fait sortir des rangs un de nos camarades, désigné par lui ; il l'amène devant un tas de pelles et de pioches. il tient un outil dans la main et le brandit devant la figure de notre malheureux compagnon.
 Nous sommes transis de froid, éreintés par la fatigue, et de plus brisés par l'émotion. Un drame Se prépare !!
 Par trois fois, l'allemand pose la question tant de fois déjà répétée :
 — « Voulez-vous travailler ?
 — Non !
  — « Voulez-vous travailler ?
 — Non !
  — « Voulez-vous travailler ?
 — Non !
Le dernier « Non » n'est pas aussitôt prononcé qu'un bruit mat et flou se fait entendre...
     Notre malheureux camarade s'effondre, assommé par la brute, qui vient de lui asséner un violent coup de manche d'outil sur la ligure...
Impassibles et impuissants, les yeux hagards, nous assistons à ce drame, à cet assassinat... Nous pensons à nos mères que nous avons vu pleurer quand on nous a enlevés... Quelle douleur serait la leur si elles nous savaient ainsi maltraités.
Et maintenant, au tour d'un autre ! Le bourreau en prend un deuxième dans le tas à qui il refait les mêmes sommations ; celui-ci, comme le précédent subit héroïquement les mènes outrages et tombe sous les coups du sauvage.
     Ces deux refus mettent le soudard au comble de la fureur ; il se dirige alors vers un troisième civil, mais ne persiste pas dans cette manœuvre, trop lente à son goût parce qu'individuelle. Le massacre en masse lui apparaît comme plus efficace et devant donner des résultats beaucoup plus rapides, il change de tactique. Se retournant brusquement, il lance un ordre à ses hommes demeurés lâchement l'arme au pied pendant toute cette scène d'atrocités.
     L'ordre du massacre aussitôt donné est exécuté. Les postes (des fantassins) prennent leur fusil par le canon en même temps que les soldats du génie (non armés) s'emparent de pioches ou de pelles. Les coups de pelle ou de crosse pleuvent dru comme grêle, les cris et les plaintes montent, du tas humain sur lequel les brutes s'acharnent.
Nous sommes furieusement bousculés, bestialement frappés, roués de coups ; dans la mêlée qui nous fait tous rouler à terre, au milieu des outils épars, nous nous sentons vaincus par la brutalité sauvage de nos bourreaux et nous nous relevons fourbus, hébétés, ahuris, chacun un outil en main.
     Le moment fut terriblement dur et affreux ; si quelques-uns de nous pleuraient, c'était de rage ! L'humiliation nous faisait plus souffrir que la douleur. On comprenait qu'il n'y avait rien à faire, que toute résistance était devenue inutile et qu'il fallait céder aux exigences du plus fort. L'Allemagne venait encore de remporter une victoire !
     Si dramatique que fût celle scène, elle eût pu encore être plus sanglante. Je me souviens avoir vu ce jour là un des nôtres qui, dans un élan de révolte et de vengeance avait à son tour levé sa pioche pour en frapper un soldat. Il en fut empêché par nous-mêmes et ceci fort heureusement car alors je ne sais ce qu'il en serait advenu.

     Quel tableau plus écœurant pourrait mieux démontrer combien il est vrai que pour les allemands la force doit primer le droit. Leur orgueil et leur mentalité, dans ce coin retiré et désert, à l'abri de tout témoin et de tout secours, nous apparurent dans toute leur hideur ; la lâcheté et la méchanceté de ces êtres sans cœur se lisait dans leurs yeux de fauves lorsqu'à bras raccourcis ils frappaient leurs victimes sans défense..... des enfants !!
     Ce même jour, dans plusieurs endroits, où avaient été amenés des prisonniers civils, pareils actes de barbarie étaient commis, mais de façons différentes. Ici, on faisait déshabiller, on faisait coucher à plat ventre sur une table et on frappait avec une cravache sur le dos du malheureux jusqu'au moment où celui-ci se résignait à accepter le travail imposé.
     Là, on liait les civils aux arbres, les poignets enroulés de fil de fer et, à chaque réponse négative, on resserrait les liens suppliciers jusqu'au moment où la victime, les poignets meurtris, chancelante et vaincue par la douleur, obtempérait aux ordres.
Le Maire d'une certaine commune fut condamné à la déportation pour avoir osé protester contre des faits semblables, contraires aux lois de l'humanité. Honneur à lui, car ceux-là furent rares.
Le lendemain, en gare de Solesmes, un civil s'avisa de refuser encore l'outil qu'on lui présentait. Mal lui en prit !! Un caporal lui asséna an coup de crosse si violent sur l'épaule qu'il en brisa son arme et que le malheureux, assommé sur le coup, dut être transporté sur une civière ; les boches eurent le soin de le faire passer devant nous, à seule fin que ce spectacle nous servit de nouvelle leçon.
     Et voilà comment et par quelles mesures odieuses des civils furent contraints au travail.
Qui dira jamais, qui pourra jamais me faire croire, à moi qui fus témoin et victime de cette scène de sauvagerie, que les allemands sont des gens comme des autres... Non, mille fois non, cette engeance n'est pas de bonne fabrication, sa race n'est pas d'Europe civilisée.  Elle tient du cannibale et du fauve... Le soldat boche est un bandit sanguinaire, qui tue pour s'amuser et avoir le plaisir de voir souffrir.
     L'uniforme de cette armée de tortionnaires, déshonoré, doit disparaître ; le militarisme allemand, coupable de tant de crimes, doit mourir.
Deutschland uber alles ! chantaient-ils quand l'ivresse les rendait plus gais et un peu moins sauvages. Pour une fois, soyons d'accord ; reconnaissons-leur cette suprématie sur nous et disons avec eux : «Pour la sauvagerie, l'Allemagne est au-dessus de tout !»

     Camarades de misère, Z. A. B. de 1917, sachez vous souvenir des forfaits de cette bande cruelle et barbare. Maudissez à jamais l'armée allemande !

M.T.

 

Vals Solesmes2b
Le trajet de Valenciennes à St-Vaast en Cambrésis,
via Marly, Solesmes et St-Python
Carte Michelin d'époque.

 

Ce n'était pas la première réquisition de travailleurs civils, les ZAB ayant été créés en avril 1916.  

 

Le 23 janvier 1917, les Allemands convoquèrent les jeunes gens de 16 ans, à l'appel des hommes, ce qui motiva une recrudescence d'évasions.

POUR EMPÊCHER L'EXODE DES OUVRIERS

Afin de réduire les évasions des ouvriers civils, qui faisaient partie des bataillons de travailleurs, le général inspecteur pour la région de l'Etape de la première armée décida:
« Que pour chaque fugitif de la région mentionnés ci-dessus, qui fait partie d'un des bataillons civils étant sous mes ordres, un membre masculin de sa famille ou de sa parenté, ou un habitant de son dernier domicile, sera incorporé par contrainte au bataillon d'ouvriers civils et y sera retenu jusqu'à ce que le fugitif soit rentré au bataillon.
« Celui qui procurera au fugitif de la nourriture, du logis, ou une assistance quelconque, ou qui négligera de dénoncer sans délai au commandant militaire au plus proche, le séjour d'un fugitif dont il a reçu connaissance, sera puni d'un emprisonnement jusqu'à un an, ou d'une amende pouvant s'élever jusqu'à 3.000 Mks, ou d'une de ces deux peines. La tentative sera punie de même ».

Les Allemands surveillaient de plus en plus la population.

     C'est ainsi qu'à la réunion des maires du 31 mars 1917, le commandant Priess leur demanda d'apporter à la réunion du 7 avril, les listes établies par année de naissance, et dans chaque année les noms par ordre alphabétique, indiquant les hommes et femmes de 15 à 60 ans, et indiquant les infirmes et les malades

in René Delame : "Valenciennes Occupation allemande 1914-1918.
Faits de guerre et souvenirs" Hollande & Fils ed. 1933

 

Si ces travailleurs étaient effectivement rétribués, ce n'était pas par l'occupant

La Commandanture avait employé quelques ouvriers civils, réclame à la ville le paiement de leurs salaires, s'élevant à la somme de 43.000 francs, du 15 janvier au 9 février, soit 1.800 francs par jour.
Naturellement, nous devons nous incliner et les Allemands à chaque amende, obligent la Ville à faire un nouveau tirage de bons.

(in Delame op. cit.)

 

 

 

 

 

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