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Les civils du Valenciennois dans la Grande Guerre 1914-1918
28 juillet 2014

Voyage de Raymond Poincaré du 8 au 10 Novembre 1918

 

 

Journal Officiel de la République Française du Mardi 12/11/1918, p 9817.

 

   Le Président de la République, parti de Paris vendredi soir, [8 Novembre] s'est rendu en Belgique.

   Il est arrivé à Bruges samedi matin par voie ferrée et a été reçu, sur le quai de la -gare, par sa majesté le roi Albert, S. A. le prince royal et le général Degoutte. Il est monté en auto découverte avec le roi et, par les rues pavoisées, s'est rendu à l'hôtel de ville. Sur tout le passage, la foule n'a cessé d'acclamer le roi et le Président et de trier : « Vive la France ! Vive la Belgique ! » Le bourgmestre a adressé au Président une allocution très chaleureuse, à laquelle M. Poincaré a répondu en exprimant son admiration au roi Albert et à la Belgique, ainsi que ses remerciements à la population de Bruges.

   Les membres de la colonie française sont venus se présenter au Président, puis il a visité avec le roi le palais provincial, les halles, la chapelle du Saint-Sang et a pu revoir, heureusement intacts, les trésors artistiques de Bruges. Partout les habitants de la vieille ville flamande ont fait au représentant de la France un accueil enthousiaste. Il en à été de même à Ostende où le roi a ensuite conduit le Président et où ils sont allés visiter les batteries allemandes de la côte. Les officiers des bateaux français se trouvant dans le port ont été présentés au Président. Le président de la colonie française lui a adressé une allocution émouvante.

   M. Poincaré a remis un certain nombre de décorations à des officiers belges, qui avaient été l'objet de citations ; il a décerné notamment la plaque de grand officier de la Légion d'honneur au général Giloin, chef d'état-major général de l'armée belge.

    Après avoir déjeuné chez le roi et la reine, avec le général Degoutte, le général de Boissoudy, le général Giloin, etc., le Président s'est rendu avec le roi à Thourout et de là à la grosse pièce allemande de Langenboom [sic, en réalité Leugenboom] qui tirait sur Dunkerque et qui a été abandonnée intacte par ses servants, avec ses munitions.

    Le roi et le Président ont terminé leur journée à Roulers où a eu lieu une cérémonie militaire des plus impressionnantes. Sur la grande place, encadrée de maisons en partie détruites par la récente bataille, étaient rangées des troupes françaises. Derrière elles, des soldats au repos, français et belges, mêlés à la population, se pressaient en grand nombre. Aux fenêtres en ruines, sur les pignons délabrés, sur les toits crevés, partout pendaient des grappes humaines. Quand le roi et le Président passèrent à pied devant les troupes, ce furent dans cet immense et pittoresque amphithéâtre, des applaudissements sans fin. Le Président remit la cravate de la Légion d'honneur au général de Boissoudy, commandant, sous le commandement en chef du roi, l'armée française de Belgique, et d'autres croix et médailles militaires à des officiers et à des soldats, puis les troupes défilèrent devant les deux chefs d'Etat et le roi reconduisit le Président à la gare, où un bataillon de chasseurs à pied rendait les honneurs.

    En prenant congé du roi, le Président lui a renouvelé ses vives félicitations pour les grands succès de l'armée belge. Le roi a, de son côté, répété au Président combien il était heureux et fier de commander à des troupes françaises.

    Hier dimanche [10 Novembre], à huit heures du matin, le Président est arrivé à Douai, où il a été reçu par MM. Goniaux et Guislain, députés, et par la commission qui remplace la municipalité non encore réinstallée et dont un membre lui a adressé un éloquent discours de bienvenue. La ville n'est plus tout à fait aussi déserte qu'à la récente visite que lui avait faite le Président après la libération. Un petit nombre des habitants y est rentré, mais la plupart sont encore en Belgique ou en Hollande.

    De Douai, le Président, accompagné du préfet du Nord, de M. Guislain, député, et du général anglais Hunter Westen, commandant le 8e corps, s'est rendu à Orchies, puis à Saint-Amand. La première commune fut incendiée par les Allemands dès 1914; la seconde a été systématiquement bombardée par eux ces jours derniers, après qu'ils y avaient amassé des vieillards, des enfants et des infirmes, évacués de force des villes voisines. Le long de la route, les habitants, dispersés par ce bombardement, revenaient en traînant des charrettes ou des brouettes, chargées d'objets de literie ; les Anglais recueillaient sur leurs camions de vieilles femmes fatiguées et de petits enfants ; tous ces pauvres gens avaient la joie de la délivrance peinte sur leur visage et, reconnaissant le Président au passage, le saluaient aux cris répétés de : « Vive la France ». M. Davenne, maire de Saint-Amand, a prononcé un discours émouvant, auquel le Président a répondu, comme à Douai et à Orchies, par des paroles cordiales.

    Il s'est ensuite arrêté à Raismes, où une musique canadienne jouait la Marseillaise et où toutes les maisons étaient, comme celles des autres communes, joyeusement pavoisées. Le maire a, comme ses collègues des municipalités voisines, chaleureusement remercié le Président et demandé que les Allemands fussent obligés de réparer, non seulement en argent, mais en nature, les immenses dommages causés dans la région.

    Le Président est arrivé à Valenciennes vers midi, et y a été reçu avec un enthousiasme indescriptible. Sur la grande place de l'hôtel de ville, admirablement décorée, étaient rangés, sous le commandement du général Horne, commandant la première armée, des soldats canadiens que le Président a passés en revue. Le maire ayant été emmené comme otage par les Allemands, c'est un des adjoints qui a souhaité la bienvenue à M. Poincaré qui s'est, à son tour, adressé à la foule pour lui exprimer les sentiments de la France et qui a fait un vif éloge de l'armée britannique et des troupes canadiennes.

    Le Président, qui avait fait apporter un déjeuner froid à Valenciennes, a invité à sa table, les généraux anglais, les représentants de la municipalité, M. Mélin, député de Valenciennes, le préfet du Nord, le général de Laguiche, etc..

    Il est ensuite parti pour le Quesnoy, où il a été reçu par MM. Daniel Vincent et Pasqual, députés, par la municipalité, et où la population, libérée depuis quatre jours seulement, après capitulation du millier d'Allemands qui formaient sa garnison était toute frémissante de joie patriotique. Des troupes néo-zélandaises avaient tenu à rendre les honneurs au Président et des soldats étaient, en outre, massés sur les trottoirs, groupés aux fenêtres et juchés jusque sur les toits.

    Puis, le Président, accompagné de MM. Daniel Vincent et Pasqual, s'est rendu à Landrecies, où il a rencontré le général Rawlinson et où il a reçu de la population délivrée le même accueil émouvant. M. Daniel Vincent et le maire l'ont remercié de sa visite en termes chaleureux et il leur a répondu en flétrissant les procédés de l'ennemi qui, en quittant la ville, l'a en grande partie détruite par obus incendiaires.

    De Landrecies, le Président est revenu, par Valenciennes, à Denain, où il a été reçu par M. Lefebvre, député et maire. La nuit était tombée, et, comme les Allemands avaient coupé les conduites de gaz et détruit tout l'outillage électrique, la mairie était très pittoresquement éclairée par des torches. Après avoir répondu à l'allocution de M. Lefebvre, remercié la municipalité et félicité la population, le Président a appris aux habitants de cette cité ouvrière l'abdication de l'empereur Guillaume, qu'ils ignoraient encore. La nouvelle a été accueillie par des applaudissements frénétiques.

    Le président, accompagné du maire, a alors traversé toute la ville à pied pour aller reprendre son train à la gare, car le génie anglais avait déjà poussé la voie jusqu’à Denain. Dans les rues obscures, à peine éclairées par un rayon de lune, une foule immense a entouré le président, en se pressant pour lui serrer les mains et en poussant de vivats. Puis, elle a entonné la Marseillaise et ce cortège nocturne est allé grossissant jusqu’à la gare, où une compagnie anglaise rendait les honneurs et où les scènes les plus touchantes se sont produites jusqu’au départ du train présidentiel.

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Itinéraire présidentiel décrit par le JO

 

  On trouve deux photos de cette visite sur le site de l'ECPAD.

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Ce mouchoir de fine batiste à la gloire des Américains est dans ma famille depuis la libération :

 

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     Voici maintenant le récit de la journée du 10 Novembre à Valenciennes, les Canadiens ont largement participés aux manifestations, même si l'on devine bien qu'ils auraient voulu "en faire un peu plus", notamment pour affirmer leur Nation auprès du Président.

    Devant l'afflux des évacués qui regagnaient Douai et Cambrai, la Municipalité décida de rétablir les marchés. Les Canadiens, de leur côté, avaient installé une cantine dans les magasins du Gagne-Petit, pour ravitailler les enfants.

A midi, [le vendredi 8 Novembre] arrivait l'agent de liaison, le lieutenant Malleterre, fils du général Malleterre, venant nous annoncer la visite du Président de la République pour le dimanche 10, à midi. Il nous annonça que le Président descendrait à Douai, s'arrêterait à Saint-Amand, puis à Valenciennes, où il déjeunerait, pour repartir à une heure vers Le Quesnoy, Landrecies, et regagner Paris.

Les maisons intactes étaient rares. Deux maisons furent de suite en vue, celle de M. Verdavaine, rue d'Oultremann, et celle de mon frère Maurice, Rue des Foulons.

Naturellement, la visite du Président de la République obligea le clergé à remettre au lundi midi la cérémonie du Te Deum [qui devait être chanté le dimanche à Saint-Gery, en actions de grâce, auquel les autorités canadiennes devaient assister.].

Le samedi 9 novembre, les invitations suivantes étaient envoyées aux autorités civiles et militaires en ce sens :

« Monsieur,
« Nous avons l'honneur de vous inviter à la cérémonie d'actions de grâce qui sera célébrée en l'Eglise Saint-Géry, le 11 novembre à midi.
« Veuillez agréer l'assurance de notre respectueux dévouement.

« Le Vicaire Général : DUBAR. »

 De son côté, la Ville faisait afficher l'avis suivant, annonçant la visite du Président de la République:

« Visite de M. le Président de la République Française.

« M. Poincaré, Président de la République française visitera Valenciennes le 10 novembre. Il arrivera par les Rues Ferrand et de Paris sur la Place d’Armes à midi et quittera la Ville à 13 heures 30. « Les habitants sont priés de pavoiser leurs demeures, et de saluer sur son passage le Premier Magistrat de la République. Les fonctionnaires et membres des différentes administrations présents à Valenciennes sont invités à monter sur l'estrade élevée devant l'Hôtel-de-Ville.

« Il n’y aura pas de réception.

« Valenciennes, le 9 novembre 1918
« L'Administration Municipale:
F . DAMIEN et J . BILLIET, Adjoints »

 

     Puis, dans l'après-midi, un officier du Quartier général, vint en régler les détails, accompagné de la Mission Française. Le Président ne voulait pas de réception. Il ne devait y avoir qu'un piquet d’honneur composé de cent hommes et trois officiers. Les Canadiens auraient bien voulu faire les honneurs, mais ils devaient obéissance au général commandant le corps d'Armée. Une seule musique se tiendrait sur le côté.
M. Damien, premier adjoint, étant malade, M. Jules Billiet fut chargé de prononcer le discours adressé au Président sur l'estrade.

    Dans la soirée, arriva le premier courrier de France, l’Inspecteur, M. Droulers, venant de Lille avec dix sacs de dépêches. Jules Billiet lui offrit naturellement l'hospitalité. L'inspecteur nous raconta que sur la route, il avait dû deviner les villages qu'il traversa, tels qu'Aubigny-au-Bac, où il ne restait qu'une simple couche de poussière rougeâtre.

    La population augmentait d'heure en heure avec le retour des évacués qui prenaient possession de la première maison venue, la leur étant détruite. Ce fut la cause de bien des discussions, car le véritable propriétaire rentrant également, trouvant sa maison occupée, mettait difficilement le nouvel occupant à la porte.

    Mais la question ravitaillement fut notre principale préoccupation, heureusement la première voiture de viande frigorifiée nous arriva, et nous pûmes faire une distribution générale, le chemin de fer était déjà rétabli jusqu'à Raismes et nous l'attendions à Valenciennes d'un moment à l’autre.

    Au point de vue militaire, nous assistions au passage des troupes canadiennes et écossaises, musique en tête, se dirigeant vers le front pour la relève. Hommes et matériel imposaient, et l'on avait le sentiment que rien ne pouvait leur résister, surtout après avoir assisté à la retraite allemande.

    Nous apprenions avec joie, que les Alliés marchaient de victoire en victoire, Mons était repris [par le Corps expéditionnaire Canadien] ainsi que Maubeuge et Fourmies.

     Le dimanche 10 novembre, fut une journée glorieuse pour la ville de Valenciennes, le Président de la République étant venu fêter la délivrance, et féliciter ses concitoyens de leur vaillante endurance.

    Il était exactement dix heures trois-quarts, quand je dus aller voir chez Mme Verdavaine si tout était prêt pour le lunch. Je me trouvai alors en présence des officiers britanniques du Grand-Quartier, qui, déchargeant leurs bagages, me dirent qu’ils regrettaient vivement de ne pouvoir mettre à ma disposition que la salle à manger, mais elle était trop petite pour recevoir le Président et sa suite. Je leur répondis que je n'avais pas le temps de discuter. C'est alors que j'allai chez mon frère Maurice, 17, rue des Foulons, à quelques pas delà. M. Dugardin, faisant fonctions de sous-préfet vint me rejoindre, et trouva que c'était la meilleure solution.

     Au même instant, arrivait de Paris l’auto qui apportait le lunch. Avec le maître d’hôtel, j’allai examiner les pièces qui étaient bondées de meubles. Je me précipitai chez le Commandant de Place pour lui demander dix hommes. Le commandant Walkens lui-même y mit la main, et à midi, la table était mise et les appartements garnis de plantes vertes.

    Au même moment, le Président de la République faisait son entrée sur la Grand'Place, ornée de drapeaux, le piquet de cent Ecossais et leur musique entonnant la «Marseillaise», pendant que les autorités et les fonctionnaires attendaient sur l'estrade. L'Etat-major canadien se tenait aux côtés de la Garde d’Honneur.

     Après avoir salué Jules Billiet et le général Horne, le Président Poincaré passa devant le détachement, et monta sur l'estrade aux applaudissements de la foule, pendant que notre cloche [Jeanne] de Flandres [la bancloque] sonnait à toute volée.

C'est alors que Jules Billiet lui adressa l'allocution suivante :

 « Monsieur le Président,

« En l'absence si regrettée de notre Maire, M.Tauchon, que sa vaillance, son énergie, sa droiture, ont désigné à la vindicte de nos envahisseurs, mais, aussi à l’admiration de tous ses concitoyens, et de M. Damien, premier adjoint, que ses fonctions ont appelé à soulager tant d’infortunes, à relever tant de courage et que la maladie retient chez lui en ce jour, je suis heureux et fier, de saluer, au nom de la ville de Valenciennes, le premier Magistrat de la République Française.

« Nous avons accueilli avec des transports de joie les chefs illustres et les admirables troupes qui ont délivré notre cité du joug de l’étranger ; mais nos généreux alliés comprendront que notre cœur déborde d'allégresse au jour où la France, que vous incarnez, Monsieur le Président, vient reprendre possession elle-même de ses enfants, après une victoire définitive.

« Cette joie, et ici, je parle également au nom de tous mes concitoyens qu'une évacuation forcée a jetés loin de leurs foyers, cette joie, à laquelle nous aspirions depuis de longues années, nous n’aurions pas voulu qu'elle fut diminuée par le moindre regret.

« Nous l'avons souvent affirmé : nous voulions tout supporter plutôt que de devoir notre délivrance à la conclusion d’une paix boiteuse.

« Car nous avions confiance dans le Gouvernement qui a fait l’Union de la Patrie, comme nous l'avons faite ici pour notre chère Cité.

« Nous avions confiance dans la valeur de nos généraux et de nos soldats, confiance dans l'aide puissante apportée par les valeureuses armées de nos alliés, confiance en la providence, qui n’abandonne jamais ceux qui luttent pour le droit et la justice.

« Je m’en voudrais de ne pas signaler à la reconnaissance du pays tant de nos concitoyens et de nos concitoyennes, qui ont sacrifié pour toute la région, leur temps, leur fortune, et parfois leur santé, se donnant à la cause commune avec un dévouement inlassable.

« Mais aux félicitations que publiquement nous adressons à ceux qui, chez nous, se sont dévoués pour le bien public, permettez-moi Monsieur le Président, d’ajouter le témoignage de notre sympathie et de notre admiration aux familles de ces fils héroïques de la France, qui ont si vaillamment combattu, et dont un si grand nombre a versé si généreusement son sang pour le salut de notre chère Patrie ;

 « Nous avons eu l'occasion d'exprimer à M. le général commandant en chef de la première armée britannique les sentiments de vive gratitude que nous éprouvions pour les troupes merveilleuses qui nous ont libérées du joug de l'ennemi et qui, avec un empressement admirable, viennent porter remède à tous les maux qui nous accablent. Nous voulons vous dire ici aujourd'hui, Monsieur le Président, combien cette heure-ci nous paye largement de toutes les souffrances endurées, et combien votre présence nous réconforte.

« Nous saluons en vous la France qui a été, qui est, et qui restera le terme de nos affections.

« Pendant les jours heureux qui suivront la conclusion de la paix, comme pendant les années terribles que la guerre nous a fait supporter, nous aurons à cœur de justifier la fière devise que nos aïeux ont eu la gloire d’inscrire sur notre drapeau :

« Valenciennes a bien mérité de la Patrie. »

 

     Le Président répondit à cette allocution, faisant l'éloge des Canadiens qui avaient délivré la ville. Faisant d'abord allusion au télégramme de la municipalité de Valenciennes, lui annonçant la libération de la ville, télégramme qui l'avait profondément touché, il dit qu'il n'avait pas voulu tarder à apporter le témoignage de la reconnaissance du Gouvernement à ceux qui restaient, regrettant de ne pas voir à leur tête, le Docteur Tauchon, leur vaillant Maire, enlevé comme otage à cause de son courage. Le Gouvernement de la République et les Gouvernements Alliés feront, dit-il, tout leur possible pour hâter sa délivrance.

    Le Président remit à Jules Billiet une somme de 10.000 frs qu'il venait de recevoir de la Croix-Rouge de Toronto, qu'il s'était empressé de remercier. Mais nous fûmes un peu déçus qu’il ne remit pas à notre ami Billiet faisant fonctions de Maire, la juste récompense de son dévouement, qu'il avait d'autant plus méritée, que ses deux fils étaient tombés au Champ d’Honneur. Plus tard, cette omission fut réparée, mais ses concitoyens en éprouvèrent une déception. Puis, le président se rendit à pied par la place d’Armes au 17 de la rue des Foulons, chez mon frère Maurice, qui était évacué sur Bruxelles, où il fut très satisfait de la réception. C’est alors que le colonel vint m’inviter à déjeuner, et me présenta au Président. Le déjeuner, simplement servi, fut très cordial, le Président parlant surtout de l’Armistice, et la Paix, qui devait être signée le soir même, sinon ce serait la guerre à outrance.

     « Déjà, nous disait-il, à Berlin, éclate la révolution, le Kaiser et son fils viennent d’abdiquer, la Bavière veut la république, et l'empereur d'Autriche, aspire à prendre le trône de Pologne laissant son pays se débrouiller. C’est enfin, la dislocation et la disparition de l'empire germanique, qui voulait nous écraser. Jusqu’au 14 juillet 1918, le Gouvernement français n’était pas certain de la victoire, elle ne faisait plus aucun doute dès le 15.» Puis, à l'heure indiquée, le Président nous quitta, se dirigeant sur Le Quesnoy et Landrecies.

    Le général Watson, commandant la division canadienne voulant continuer la réception, avait invité à un thé pour treize heures trente, le Conseil municipal, les fonctionnaires et quelques personnalités, en tout : quarante personnes.
Il avait pris son quartier chez M. Louis Piérard, place Saint-Géry, derrière le square Froissart...[etat-major de la 4° Division Canadienne, voir]

     Un piquet se tenait devant la porte d’entrée, et quand nous arrivâmes avec M. Jules Billiet en tête, la musique entonna la Marseillaise, ce qui nous causa une grande impression. Cette réception fut charmante, un orchestre symphonique se faisant entendre en sourdine derrière les plantes vertes, et les officiers nous dirent quelques vieilles poésies et chansons françaises, encore d'actualité au Canada.

     Puis à six heures, le général Watson nous pria de nous rendre au théâtre, où eut lieu une représentation de comédies anglaises, à laquelle assista le Prince de Galles,

Cette journée du 10 novembre 1918, fut pour Valenciennes une journée de gloire.

(in Delame : "Valenciennes Occupation allemande 1914-1918. Faits de guerre et souvenirs" Hollande & Fils ed. 1933)

    On retrouve sur le site canadien ""Office national du film"", un court film de 2 minutes montrant le président sur la Grand'Place de Valenciennes, durant le discours de M.Billiet et la réponse de M. Poincaré, ainsi que l'arrivée à la réception canadienne place St-Géry, derrière le monument Froissart dont on devine les arcades. (Au delà de 1'23, la musique que l'on voit jouer se produit non pas à Valenciennes, mais sur la grand'place d'Arras.)

 

 

3602 a003558-v8
Le président répond à l'allocution de M. BILLIET
Le dernier civil à droite est René DELAME.
(remarquer le chien au pied de l'estrade,
certainement pas un chien errant ... ???)

3603 a003513-v8
L'estrade officielle pendant que parle le Président.

 

3605 a003515-v8
Le Président, M. Billiet à droite et des officiels.

3604 a003514-v8
Le Président et M. Billiet et les officiels se rendent à pied
de la mairie au domicile de Maurice DELAME,
17 rue des Foulons.

La rue des Foulons a eu la chance d'être préservée, l'ensemble des maisons y est encore à l'identique permettant de revivre l'instant.

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Le 17 Rue des Foulons

 

 

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On retrouve M. BILLIET sur la Grand'Place de Mons,
merci à durieu1 d'avoir localisé cette entrevue.

Mons

 


 

 

 

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26 juillet 2014

La libération : La gare

 

 

GARE DE VALENCIENNES

     La destruction de notre gare mérite d'être mentionnée, car elle prouve la rage que mirent les Allemands à la faire sauter avant leur départ.

La gare de Valenciennes, la plus ancienne du réseau du Nord, avait été construite en 1848. Elle servait comme impasse pour relier Paris à Bruxelles ; puis en 1872, elle était devenue gare de passage.

     Jusqu'en 1907, un modeste bâtiment en bois suffisait pour assurer le service, les exigences militaires ayant fait écarter la construction en pierre.

En 1890, cette place forte ayant été déclassée, la compagnie envisagea la construction d'une gare monumentale, dans le style de notre hôtel-de-ville.

     Grande fut notre émotion, quant à l'approche de l'ennemi nous vîmes partir le dernier train. Comme il fallait donner à chaque voyageur un laissez-passer, je m'étais installé au bureau de police pour les délivrer : beaucoup de jeunes gens en âge de devancer l'appel s'y précipitèrent pour aller s'engager.

Quel contraste, quand le 26 août 1914, le commandant alle­mand Kintzel me fit appeler pour me remettre la première proclamation afin de la faire traduire et afficher en ville.

Il s'était installé sur une table du buffet pour la rédiger. L'officier d'ordonnance me fit alors cette réflexion très juste, que si le même fait s'était présenté en Allemagne, les voies auraient été détruites, rendant impossible tout trafic. Il ajoutait que leurs troupes allaient pouvoir arriver par chemin de fer, ce qui leur ferait gagner beaucoup de temps dans leur marche sur Paris. ­

     En effet, quelques jours plus tard, nous vîmes entrer en gare la première machine qui n’avait pu être évacuée, conduite par un ingénieur de l'usine «Franco-Belge ».

Pendant les premiers jours d'occupation, ce fut un véritable pillage dans la gare des marchandises.

Que de nuits nous passâmes dans cette gare avec les dames de la Croix-Rouge, attendant les trains des évacués, sous ce hall mesurant 105 mètres de longueur, sur 24 de portée.

     Je me rendais au début d'octobre 1918, dans les magasins de la C.R.B [The Commission for Relief in Belgium] au faubourg de Paris, lorsque j'entendis des explosions terribles : c'était les pionniers qui faisaient sauter la gare et les ponts.

Les photos prouveront avec quelle rage ils détruisirent les voies, comme nous aurions dû le faire avant leur arrivée.

     Dès l'armistice la Compagnie du Nord se mit à l'œuvre, mais elle ne reconstruisit plus le hall, qu'elle remplaçât par des passages souterrains et des abris sur les quais.

Les Allemands ayant enlevé toutes les conduites de cuivre servant au transport de la force hydraulique, la compagnie en profita pour réaliser une installation moderne de type électrique Mors.


(in Delame : "Valenciennes Occupation allemande 1914-1918. Faits de guerre et souvenirs" Hollande & Fils ed. 1933)

 

     Les photos sont effectivement nombreuses, tant aux Archives du Canada, qu'en provenance du musée de la guerre de Londres ; elles ont souvent servi à l'émission de cartes postales anciennes. Rebâtie à l'identique, moins l'imposante marquise métallique qui protégeait quais et voies, elle n'a extérieurement pas changé.

 

1900
Une vue de l'ancienne gare en bois envoyée pour le nouvel an 1915 par un soldat Allemand de la 6e Armée

1912
La gare en 1912

 


Différentes vues de la gare détruite en 1918

 

panorama garePanorama de la gare à l'arrivée des soldats Canadiens.
Reconstitution à partir des images du film ICI à 6'04.
(cliquer, puis "afficher l'image")

 

3544 a003475-v8

3549 a003452-v8

 

gare 09 IWM

gare 11 IWM

 

1919

191905
en mai 1919 (photo tirée à l'envers)


 

 

1967
La gare dans les années 1960 ...

 

2010
... et de nos jours

 

 

26 juillet 2014

Réquisition : 1918 Les statues

 

 

Delame ( "Valenciennes Occupation allemande 1914-1918. Faits de guerre et souvenirs" Hollande & Fils ed. 1933) raconte la saisie des dernières statues de la ville en 1918 :

 

ENLÈVEMENT DES STATUES -MONUMENT DE LA VICTOIRE

Jusqu'ici, les Allemands avaient respecté le monument de la Victoire, œuvre du sculpteur Crauck qui faisait le plus bel ornement de la petite place Verte. Dans l'après-midi du 25 février 1918, le Lieutenant Kollmann me pria de prévenir officiellement M. Billiet qu'il avait reçu des ordres supérieurs pour l'enlever et le fondre, ainsi que le « Brennus» du jardin de la Rhônelle et le « Joueur de Billes» du sculpteur Raset. Il ajouta qu'afin d'éviter tout ennui avec la population, il se chargerait de l'enlèvement. Je lui répondis que pour mettre la Ville à couvert, il fallait un ordre écrit, et que, de toute façon, M. Billiet adresserait à la Commandanture une requête, afin de conserver ses sculptures artistiques.

En me quittant, il ajouta qu'il en serait de même du monument «Duchesnois », à Saint-Saulve, et du monument « Fontaine », à Anzin, et qu'il ne pouvait rien contre les ordres supérieurs.

Après en avoir conféré avec le conservateur allemand, il fut décidé que le. « Joueur de Billes» et le « Brennus» seraient pris, et que la « Victoire » serait laissée à la Ville, seuls le socle et la colonne devant être fondus.

En effet, le samedi 6 avril 1918, les Allemands apportaient, sur la petite place Verte, des madriers pour construire un grand échafaudage devant servir à l'enlèvement de la statue.

J'obtins qu'elle fût déposée dans mon jardin du boulevard Watteau, espérant la sauver. En effet, les Allemands l'apportèrent le 18, mais le soldat allemand, pour avoir plus de bronze, scia, sous la plante des pieds, le socle en forme de boule sur lequel elle reposait.

Je me rendis immédiatement à la Commandanture pour reprendre le socle : il était naturellement trop tard. A cinq heures, le Commandant Von Witzendorff, accompagné du Capitaine Krauss vinrent la voir, afin de donner suite à ma réclamation ; il voulut faire un mot d'esprit et me répondit: « Vous n'avez qu'à l'asseoir ».

Cet enlèvement leur coûta cher : trois soldats furent tués en la descendant. De plus, la colonne qu'ils croyaient pleine n'était formée que d'un bloc de ciment recouvert d'une mince couche de bronze.

La Municipalité replaça la « Victoire » sur son socle le 14 juillet 1932, au milieu d'une nombreuse assistance.

 

  • Le monument de la Défense Nationale :

colonne de la défense
Le monument avant-guerre

Mdabattu
Les ruines du monument.

PICT3660    PICT3661
Monument actuel

 

  •  Le monument à La Duchesnoy, tragédienne, née Catherine Raffin (St-Saulve 11777, Paris 1835) :

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Le monument à La Duchesnoy avant 1914

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Un enlèvement qui n'a pas plu !

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Le monument après la guerre 14-18

P1000426
La seconde guerre mondiale est passée par là, une fois de plus le bronze a été récupéré
par l'occupant ; ne reste que le socle, à l'avenir incertain, quasi-oublié,
le long d'une ancienne voie ferrée, au bas marais de St Saulve.

  •  Le monument à Pierre-Joseph Fontaine :

Fontaine
A Anzin, le monument à l'inventeur d'un parachute
destiné à freiner la chute des cages de mines.

 

  • Le monument de Brennus : chef gaulois du IVe siècle avant Jesus-Christ, à qui l'on attribue "Vae victis!"

Brennusb    brennus
A l'entrée du Boulevard Carpeaux, par Henri Gauquié, et une copie vendue sur le net il y a quelques années

 

  • Le joueur de billes d'Elie Raset (Valenciennes 1874-1956) :

billes  billes2

 

 

     Disparurent également en 1917 la plupart des cloches (écoles, usines, églises), après moult tractations pour conserver les plus historiques dont la bancloque (cloche du ban) dite "Jehanne de Flandre" ; enlevés aussi en avril 1918 les 1200 réverbères en fonte de la commune, plongée dans le noir. Les grilles et balustrades des balcons échapperont à la saisie pour cause de libération ........

     Comme expliqué plus haut, les oeuvres du Musée des Beaux-Arts, ainsi que celles qui avaient été razziées à Lille, Douai, etc,  seront emmenées pour être ensuite restituées au fur et à mesure de leurs découvertes.

     Seule la tapisserie du Tournoi, enlevée en octobre 1914 comme appartenant au roi de Saxe sera restituée par celui-ci un mois plus tard, (mais c'est une autre histoire).

 

25 juillet 2014

Réquisitions : 1917 Le cuivre

 

    Nous donnons en entier l'ordonnance que fit paraître le Commandant en Chef, Von Der Marwitz, le 13 juin 1917, concernant la réquisition d'objets en cuivre :

 

 

 

 § 1. -Les objets d'installation et de ménage en cuivre et d'alliages de cuivre mentionnés ci-dessous sont saisis et seront enlevés prochainement.

 
    1°  Les pompes à l'eau et les conduites qui ne servent plus dans les maisons.  
    2°  Les barres de rampe avec leurs poteaux et soutiens dans les bureaux et magasins, aux devantures, etc.  
    3°  Les lettres et caractères pour l'indication des noms et maisons de commerce.  
    4°  Les patères.  
    5°  Les rosettes et les crochets de rideaux, ainsi que les glands de cordons à rideaux.  
    6°  Les tringles et les anneaux des portières et des rideaux.  
    7°  Les balustrades et les grilles aux fenêtres et aux portes de toute sorte, aussi celles des chemins de fer souterrains, des voitures de tramway, des automobiles, des yachts, des bateaux, des devantures, des portes de magasins, des tourniquets, des portes d'ascenseurs, etc.  
    8°  Les garnitures en fer blanc aux portes de toute sorte, .aux comptoirs, aux bureaux, aux tables de débits et aux piliers.  
    9°  Les baguettes des tapis d'escaliers, avec leurs rosettes et pitons.  
    10°  Les balustrades aussi bien que les rampes fixées aux murs et leurs soutiens.  
    11°  Les chauffe-lits.  
    12°  Les boutons d'ornement fixés (vissés ou goupillés) aux grilles, aux balustrades, aux porte-manteaux en fer ou en bois, aux porte-parapluies, et aux lits.  
    13°  Les bougeoirs des pianos.  
    14°  Les enseignes des coiffeurs.  
    15°  Les tendoirs, les engrenages et les toits des marquises.  
    16°  Le blindage des appareils de chauffage.  
    17°  Les enseignes des boites à lettres qui ne sont pas maçonnées dans les murs.  
    18°  Les panneaux et les liteaux des rampes et des balustrades de balcon.  
    19°  Les porte-manteaux et les porte-parapluies à barres pleines ou creuses.  
    20°  Les rampes et poignées aux baignoires et aux bassins de natation.  
    21°  Les poids au-dessus de 100 grammes.  
    22°  Les poignées et les tiges servant au fonctionnement des vasistas et des coulisses à ventilation, etc.  
    23°  Les garnitures intérieures et extérieures (pas de gonds) des portes de toute sorte, des encadrements de portes, etc., etc.  
    24°  Les garnitures intérieures et extérieures (pas de charnières) des fenêtres des vitrages et des vitrines.  
    25°  Les garnitures intérieures et extérieures (ni gonds ni charnières) des fenêtres, des vitrages et des vitrines, des guichets, des cabines d'ascenseurs, des rampes d'ascenseurs et des cabines téléphoniques.  
    26°  Les enseignes de noms et de maisons commerciales (aussi celles de chemins de fer, de bateaux, de machines, etc. mais non les plaques indiquant la force motrice ou la capacité des machines).
 
    27°  Les garnitures de piliers aux façades, n'étant pas maçonnées.  
    28°  Les marteaux de portes.  
    29°  Les boutons et les poignées des portes de toute sorte avec leurs garnitures, s'ils ne sont pas mobiles, c'est-à-dire s'ils ne servent pas comme loquets au fonctionnement direct d'une serrure.  
    30°  Les vasistas et les grillages.  
    31°  Les porte-serviettes, les porte-éponges, les savonniers, les crochets à linge et les paniers à linge.  
    32°  Les garnitures de piliers, etc. aux comptoirs, aux tables de débits, aux buffets, etc.  
    33°  Les égouttoirs et les autres ustensiles des tables de débits ct des buffets.  
    34°  Les appareils de décoration des étalages et des magasins, les appareils de chauffage transportables, les cendriers, les étagères en n'importe quel métal et pour n'importe quel usage, les porte-bras pour l'essayage des gants, les bras à chapeaux, les crochets, tourniquets à cartes. Les encadrements métalliques, les plaques en laiton aux bureaux de (misse, les supports pour étagères, les attaches parapluies, les supports d'étagères dans les étalages et devantures avec leurs garnitures de récipients, pour café, thé, cacao et chocolat et les distributeurs. Les entonnoirs des moulins à café, les écuelles d'ornement et de pâtisserie, les boîtes et les corbeilles de pâtisserie, les couvercles de timbales, les cadres et les vases de décoration, les plateaux de balances.  
         
   § 2. -Les objets mis à la disposition des personnes faisant partie de l'armée allemande, ou les objets qui se trouvent en dépôt entre les mains de ces personnes, seront aussi saisis et enlevés.  
  De la saisie sont exempts:  
    a)  les ustensiles servant au culte;  
    b)  les objets pour lesquels les Commandantures de Place ou d'Etapes donneront par écrit l'exemption à cause de leur valeur artistique ou historique.  
     
   § 3. -Les personnes ayant en dépôt des objets saisis, répondent de leur conservation et de leur sûreté, leur emploi régulier est permis jusqu'à l'enlèvement, la vente est défendue.  
     
   § 4. -Les personnes ayant en dépôt des objets saisis, sont tenus à les remettre aux jours et lieux indiqués par les Commandantures de Place ou d'Etape. Les objets d'ajustage fixe ou de transport difficile, dont la remise à l'endroit indiqué serait impraticable ou matériellement impossible, devront être annoncés par les possesseurs pour être démontés ou enlevés.  
  Des personnes chargées par la Commandanture de Place ou d'Etape passeront dans les maisons pour constater si tous les objets mentionnés sont rendus.  
     
   § 5. -L'enlèvement des objets saisis qui se trouvent dans des bâtiments ou logements abandonnés, sera réglé par les Commandanture de Place ou d'Etape. Cette disposition s'applique également au cas où des autorités ou des militaires allemands auraient été installés dans les bâtiments ou logements abandonnés.  
     
  § 6. -Les commandants de Place ou d'Etape feront inscrire les objets rendus dans les listes qui porteront le lieu, la rue, le n° de la maison, le propriétaire, le nom du métal et les poids des objets.  
  Les Maires recevront aussitôt que la saisie est faite, ces listes avec des feuilles collectives pour leur commune.  
  Les garnitures en matière non saisie ne seront pas mises en compte lors du pesage  
     
   § 7. -Des objets dont le remplacement est absolument indispensable sont à demander à la Commandanture de Place ou d'Etape. Leur livraison s'effectuera autant que possible contre paiement en bons communaux.  
     
   § 8. -Sera puni d'emprisonnement jusqu'à 5 ans et d'une amende jusqu'à 10.000 marks ou de l'une de ces deux peines:  
    a)  qui, en contravention au § 3, déplacera des objets saisis ou les soustraira d'une autre manière à la saisie.  
    b)  qui, en contravention au § 4, ne remettra ou n'annoncera les objets saisis.  
   Les tentatives seront punissables.  
     
   En sus de la peine, la confiscation des objets de contravention sera prononcée, qu'ils appartiennent ou non au contrevenant.  
     
  Le Général Commandant en Chef  
  Von Der MARWITZ.  
  AH. Qu. le 13 juin 1917.

 

 

 

 

Les Allemands envoyèrent ensuite à la Municipalité l'ordonnance suivante :

Commandanture d'Etapes 158
Valenciennes, le 28 juin 1917,

    Toutes les poignées en cuivre dans le bâtiment de la Commandanture doivent être remplacées par d'autres, de même toutes les pièces métalliques devront être démontées et remises au Sous-officier Bitzer.
Les travaux doivent être entrepris immédiatement.
Signé: FREIMAN.

 

     Naturellement, beaucoup de nos concitoyens, plutôt que de donner leurs cuivres préférèrent les jeter à l'eau, ce qui porta au comble l'irritation de la Commandanture, qui voulut faire supporter par la Municipalité les amendes encourues par les personnes prises en défaut.


     Rien qu'à Anzin, les habitants avaient déjà détruit presque 4.000 kilos. C'est ainsi que je fus étonné de recevoir le 2 juillet 1917 la visite de M. Tauchon: il venait me prier de me rendre à la Mairie, afin de voir ce qui était advenu de nos beaux lustres et de demander au lieutenant Kollmann de nous dicter notre conduite dans cette question des cuivres.
Je me rendis d'abord à la Mairie, et constatai que tous les boutons de portes avaient été changés, et que la nuit précédente les beaux lustres de la salle des mariages avaient été démontés par nos ouvriers et remis dans un coin du garage.

De là, j'allais chez le lieutenant Kollmann qui me répondit qu'en Allemagne la même mesure avait été prise, les cuivres ayant été tous enlevés, mais que la population en revanche, exigeait qu'il en soit de même dans les régions envahies: c'est pourquoi une nouvelle ordonnance avait été édictée.
Quant aux lustres il me promit de faire revenir l'expert allemand qui donnerait son avis et tâcherait de les sauver : mais nous savions parfaitement qu'il ne restait aucun espoir.

in René Delame : "Valenciennes Occupation allemande 1914-1918. Faits de guerre et souvenirs" Hollande & Fils ed. 1933

 

Avis 19170410
source BDIC

 

Le tour des statues et des cloches allait bientôt venir .....

 

25 juillet 2014

La libération : Infirmières Canadiennes à Valenciennes

 

"Canadian Nursing Sisters in Valenciennes." Nov. 1918
Infirmières militaires Canadiennes à Valenciennes

3607 a003516-v8

     Difficile de situer l'endroit, peut-être à l'entrée de la rue de Paris que l'on retrouve parée de drapeaux sur cette autre photo. Elles se tiennent devant l'officine d'un barbier allemand pour Officiers, les autres devant s'adresser "Passage Boca" : passage de 50m, couvert par une verrière, aujourd'hui à l'abandon, et voué à la destruction, qui reliait l'entrée de la rue Derrière-la-tour à la rue des Foulons et "diagonalement opposé" (schräg gegenüber) à l'entrée de la rue de Paris sur la place d'Armes.

boca

La date est probablement celle des photos qui suivent : 10 Novembre.

 


 

 "Canadian Nursing Sisters in Valenciennes, talking to soldiers outside a Y.M.C.A. " Nov. 10th, 1918
Infirmières Canadiennes parlant à des soldats devant une antenne de l'Association Catholique des Jeunes Hommes.

Valenciennes O3609

Aucune indication de lieu. Le 10 novembre est le jour de la visite à Valenciennes du Président Poincaré.

 


 

"Three Canadian Sisters in Valenciennes, Nov. 10th, 1918, talking to a civilian."
3 infirmières Canadiennes à Valenciennes le 10/11/1918, discutent avec une habitante

3610 a003519-v8

"Canadian Sisters talking to a French Nun, who cared for our wounded in Valenciennes." Nov. 1918. 
Infirmières canadiennes parlant avec une religieuse Française qui a soigné nos blessés à Valenciennes

3611 a003520-v8

"C.C.S. Nursing Sisters in Valenciennes."
Infirmières du Casualty Clearing Station (Centre de soin) à Valenciennes

3620 a003525-v8
Voulu ou pas, le miroir intact de la boutique
(sur laquelle on a indiqué la direction de Mons en Belgique)
nous renvoie le visage de l'une des infirmières :

Nurse


 

 "Ward scene of a Canadian Casualty Clearing Station in Valenciennes. Nov. 1918. "

 

     Le  Poste d'évacuation sanitaire N°4 a été créé à Winnipeg in Mars 1916 par le Collège médical du Manitoba. Il a été placé sous les ordres du lieutenant-colonel S.W. Prowse. Son autorisation a été publiée dans l'ordonnance générale 69 du 15 mars 1916.
Embarqué à Halifax le 20 juin 1916 sur le MISSANABIE il a débarqué en Angleterre le 28 juin 1916. Il se composait de 8 officiers et de 76 hommes du rang. Il a été rattaché à l'Hôpital de la Croix-Rouge Canadienne Princess Patricia's à Ramsgate, du 15 janvier au 1er juin 1917. Il est arrivé en France le 2 juin 1917 et a cessé de fonctionner le 1er avril 1919. Le 4e Poste d'évacuation sanitaire a été dissous par l'ordonnance générale 211 du 15 novembre 1920.

3629 a003534-v8

C'est l'une des salles du lycée Watteau, aménagé en hopital dès le début du conflit. On voit ci-dessous le réfectoire, transformé en salle d'hopital durant l'occupation (source : Gabriel Pierard "La croix-rouge Valenciennoise" et collection perso.)

GP

refectoire

 


Les deux paires de photos suivantes (une plus "sérieuse" que l'autre") ont été prises dans la cour du Lycée de Jeunes filles (Lycée Watteau) dans lequel s'était installé le Poste d'évacuation sanitaire N°4.

 

"Officers of No. 4 Casualty Clearing Station in Valenciennes." November, 1918. 

3686 a003614-v8

3687 a003613-v8

"O.C. and Nursing Sisters, 4th C.C.S. ["C" asualty "C"learing "S"tation] Valenciennes." November, 1918  

3688 a003600-v8

3689 a003601-v8
Je n'ai pas encore confirmation de l'identité de l'officier qui se tient au centre.
Les journaux de marche sont signés
Captain Ross MITCHELL

 

 

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18 juillet 2014

Réquisitions : 1917 Enlèvement des cloches

 

 

RÉQUISITION DES OBJETS EN BRONZE, DES CLOCHES,
PERQUISITION DANS LES ÉGLISES


     Les églises ne furent pas épargnées : une équipe se rendit le 21 août 1917 dans chacune d'elles, pour examiner les coffres-forts et les cloches.
Mgr Jansoone, doyen de Saint-Géry, s'en émut et en fit la remarque aux prêtres allemands qui, chaque matin, venaient dire leur messe.
Ils lui répondirent que depuis longtemps, en Allemagne, les églises n'avaient plus de cloches : quant aux coffres-forts, on les prendrait également, car tout ce qui pouvait servir à faire des canons serait enlevé.

     Mgr Jansoone fit immédiatement une démarche pour conserver la plus ancienne des cloches, qui datait de 1610. Cette question de cloches agita également la population, qui tenait à conserver sa « Jeanne de Flandres ».
Jules Billiet vint me chercher le 25 août de bonne heure, afin de faire un démarche auprès du Lieutenant Kollmann, pour éviter à la Ville l'humiliation de livrer ses cloches.
Il nous reçut très correctement, comme d'habitude, nous disant qu'il avait reçu des ordres pour ne pas blesser les sentiments religieux de la population, et qu'il s'entretiendrait avec la Commandanture pour prendre à sa charge le transport et la démolition. Il fut décidé qu'une cloche serait laissée à chaque église, pour le service du culte.

     Pour mieux se rendre compte des cloches qui avaient un caractère artistique, sur la demande de M. Jules Billiet, le Lieutenant Kollmann téléphona au Lieutenant Hitterman, devant nous, pour en faire prendre des photographies, avant de prendre une détermination. Il fit commencer par Notre-Dame, où se trouvait la cloche portant « Jeanne de Flandre », qui datait de l'an 1358 et avait déjà été sauvée lors de l'écroulement du beffroi.
Le 23 août 1917, la Municipalité recevait l'ordre suivant:


« A l'Administration municipale de Valenciennes,
« La Mairie doit faire descendre elle-même toutes les cloches jusqu'au poids de 125 kilos (cloches d'écoles, cloches d'usines, de petites chapelles, etc.) et les envoyer au Bureau de rassemblement des métaux, à Valenciennes, avenue du Quesnoy, 4.
« En même temps, on fournira à la Commandanture la liste de ces cloches et le reçu de leur livraison pour le 1er septembre.

« HITTERMANN, Premier Lieutenant. »


     Cette circulaire, adressée conjointement aux municipalités et aux curés, mit en éveil leur susceptibilité.
M. Billiet se rendit immédiatement à la Commandanture, dévoilant nettement ses sentiments personnels, patriotiques et religieux qui l'empêcheraient de se prêter à une exécution de ce genre.
Puis un rapport fut demandé à M. Bauchond, conservateur adjoint du Musée, afin d'apporter quelques précisions sur le côté artistique de ces cloches. Voici la copie de ce document intéressant:

MUSÉE DES BEAUX-ARTS
« Valenciennes, le 27 août 1917.
« Monsieur le Maire,
« J'ai l'honneur de vous donner la, liste des cloches qui se trouvent dans les églises de Valenciennes et qui, à mon avis, présentent un intérêt historique et artistique permettant d'en demander la déconsignation :

Eglise Notre-Dame-du-Saint-Cordon
1° Cloche du Ban, ou Bancloche, vulgairement appelée « Jeanne de Flandre ».
 Cette cloche provient du beffroi écroulé en 1843; elle est l'œuvre de Guillaume de Saint-Omer, et a été fondue en 1358. Elle servait à annoncer les proclamations du magistrat et les solennités de la Ville.


 2° Cloche du XVIe siècle, portant l'inscription : « Jhenne sus nomée à ma bénédiction. Che nom me fut doné en l'an MCCCCCXXXIII. »
 Cette cloche, très précieuse, provient de Notre-Dame-la-Grande. Elle porte les armes de l'abbaye d'Hasnon (de sable à quatre clefs d'argent) et de Jean Thiéry, abbé d'Hasnon de 1519 à 1534 (de sable au chevron d'or à trois besons de même).

Eglise Saint-Géry
 3° Cloche du XVIe siècle, provenant du beffroi, très curieuse, fondue en 1592. Elle porte des sceaux, des armoiries et une inscription en vieille langue tudesque.
 4° Cloche du XVIe siècle fondue en 1592.
 Il y a de plus dans le chœur, servant à l'office pour annoncer l'élévation, une petite cloche très belle du XVIe siècle, avec une inscription (parent à Tournai), une guirlande très fine et des médaillons (St-Jean-Baptiste).

Eglise Saint-Nicolas
5° Cloche du XVIe siècle, très remarquable, provenant du beffroi, portant l'inscription : « Philippe Regu, Alexan. Parmens, Belez, Guhec 1592, Le Coyvre de Rosel de Rouchy Lujüs, pas prosfect D. Anto. Du duc de Parme, du prévost de Capue, de la Ville ».
 6° Cloche du XVIe siècle, 1592, avec l'inscription: « Tempora lobructus tacites quece senescinius aimo ».
7° Cloche aux armes de la Ville: « Lyon et Cygne », armes de l'Abbaye, armoiries d'Antoine Vernious, abbé de Vicoigne, XVIe .siècle.

Notre-Dame du Sacré-Cœur, église du Faubourg de Paris
« 8° Cloche du XVIIe siècle, avec l'inscription: « L'an 1686, Jacques Perdrix m'a faite à Valenciennes ».
« 9° Collège Notre-Dame. Cloche du XVIIIe siècle, avec l'inscription: « M. Antoine Miroux, chapelain du Béguinage Perdrix, nous a faite l'an 1757. »

M. Bauchond appelait l'attention sur ces deux dernières.

     A la réunion des Maires, le 1er septembre 1917, le Capitaine Hiltermann entra dans une colère furieuse, menaçant les Maires de punitions sévères si, pour le lundi, les cloches n'étaient pas livrées. Jules Billiet essaya de le calmer, lui disant que c'était à l'autorité allemande à s'en charger. Très ennuyé, il vint me trouver le soir, à sept heures et demie, pour me prier de l'accompagner le lendemain matin à dix heures, dans les bureaux du Lieutenant Kollmann, afin de le mettre au courant de cet incident, une réunion devant avoir lieu le soir à cinq heures à la Commandanture avec le capitaine Hiltermann, pour régler cette question.
Entre temps, M. Thiroux avait été appelé à la Commandanture, l'officier s'étant imaginé qu'on s'était moqué de lui. De son côté, M. Billiet ayant été le voir deux fois sans le rencontrer, lui avait écrit pour lui faire part de son entrevue avec le Lieutenant Kollmann.
Aussi, il se calma et envoya la réponse suivante :


 Monsieur le Maire de la Ville de Valenciennes,
     Je vous confirme la réception de votre lettre du 1er septembre, dans laquelle vous cherchez à expliquer l'inexécution d'un ordre qui vous a été donné par la Commandanture le 23 août. Si vous aviez lu attentivement, comme vous le deviez, cet ordre, vous auriez vu qu'il ne s'agissait que des cloches des particuliers (usines) et des cloches communales (écoles). On vous confiait le soin de démonter ces cloches, parce qu'elles n'ont aucune relation avec le culte.
Je regrette de n'avoir pas été chez moi lors de vos visites, et je suis certain que si j'avais été là, ce malentendu ne se serait pas produit.
En m'en rapportant à l'ordre donné le 23 août, je vous prie de me faire savoir le mardi 4 septembre, à midi, que les cloches d'écoles et d'usines ont été démontées et livrées.

HILTERMANN,
Premier Lieutenant et Aide de camp.


     A la suite de cette lettre, un employé de la Ville fut désigné pour assister à l'enlèvement des cloches des écoles, afin d'éviter les accidents et les dégradations, les Allemands se chargeant de ce pénible travail.
Mais les incidents n'étaient pas terminés, car le Grand Quartier Général examinait la valeur artistique des anciennes cloches des églises.
Le Lieutenant Kollmann nous apprit que le Grand Quartier reconnaissait la valeur artistique pour les cloches suivantes, qui seraient exemptées de réquisition :

  • « Jehanne de Flandre », 1438, Notre-Dame,
  • La cloche flamande de 1483, église Saint-Géry,
  • Les cloches de Perdrix de Valenciennes, 1686, et une autre de 1576, au Sacré-Cœur de Dampierre.

     Puis le lieutenant Kollmann nous indiqua comment il allait procéder pour les autres cloches. La Ville devait désigner un représentant, qui fut M. Bauchond, afin de signaler les cloches qui avaient une valeur artistique, un expert allemand devant également donner son avis et déciderait de leur sort.

    M. Kollmann nous ayant dit qu'il commencerait le jeudi, ne voulant pas froisser les sentiments religieux, nous allâmes chez Mgr Jansoone, doyen de Saint-Géry, pour le prévenir que l'on délibérerait à propos de son église. Il nous répondit qu'il en avait fait le sacrifice, et que les Allemands pouvaient commencer.
Le lieutenant Kollmann nous avait également avisé que l'on prendrait les tuyaux d'orgue dont les jeux étaient morts, et qu'un spécialiste passerait pour le démontage, mais tous furent enlevés.
Je présentai donc, avant l'enlèvement des cloches, MM. Bauchond, expert, et Savois, interprète.

     On commença, comme il avait été dit, par les cloches de Saint-Géry, l'une de 1831, l'autre de 1856.
Le dimanche 30 septembre, celles de Notre-Dame sonnèrent pour la dernière fois, pour annoncer la Grand'messe
Le 16 novembre, des ouvriers commencèrent les échafaudages pour descendre les grosses cloches que M. le Doyen espérait garder; aussi, l'entrée du grand portail fut-elle interdite pour huit jours.

     Par contre, la cloche de l'Hôtel de Ville, qui était condamnée, l'échafaudage étant même préparé pour la descendre, fut laissée à la Ville sur la demande de M. Bauchond, conservateur adjoint au Musée, qui fit valoir sa valeur historique. Elle sonnait depuis 1386 pour nos ancêtres.
Sur la proposition de M. Billiet, le Conseil, à l'unanimité, adressa ses remerciements à M. Bauchond.


     A Saint-Saulve la cloche ne pouvant être descendue, les soldats la cassèrent sur place pour la fondre ensuite.
S'attaquant à nouveau aux églises, la Commandanture décida d'enlever les tuyaux d'orgues, on commença par les registres morts et finalement tout fut enlevé.


(in Delame : "Valenciennes Occupation allemande 1914-1918. Faits de guerre et souvenirs" Hollande & Fils ed. 1933)

 

En 1925, 2 cloches sont replacées dans le clocher de la basilique :

clochesNDSC

 

      On trouvera sur cette page du site de Notre-dame du St Cordon des informations sur les cloches de la basilique, et notamment écouter le son caractéristique de la Bancloque : , faute de l'entendre réellement : la basilique est fermée pour restauration depuis 2008 et pour encore probablement très longtemps.

3 juillet 2014

Canadiens en ville : 2 Novembre 1918

   Le 2 Novembre 1918, avec l'entrée du Corps Expéditionnaire Canadien s'achevait la libération de Valenciennes, après 1531 jours d'occupation, du 24 Août 1914 au 2 Novembre 1918.
          Les photos proviennent de la Bibliothèque Archives du Canada dont les légendes sont en italique, auxquelles j'ai adjoint détails et commentaires.

 

11/1918     o.3538

"View of Valenciennes from the air."
Vue aérienne de Valenciennes
 

a003469-v8

 

     Cette vue du centre ville a été prise depuis le clocher de l'église St Géry (et non d'un avion) ; elle montre une partie de Valenciennes qui va disparaître dans le grand incendie de Mai 1940 :

  • Au centre le toit et le campanile de la mairie, ce dernier tombera dans cet incendie avec la quasi totalité du bâtiment -sauf la façade- et ne sera pas remis en place. Subsistent les statues par Henri Lemaire :

frontonkc    campanile

à gauche l'Escaut qui reçoit un obus le 2 novembre
et tombe en partie sur le parvis de la mairie :
à droite la Rhonelle entourant
la statue de Valenciennes défendant la Patrie par Carpeaux.

P1180215

  • Un drapeau est accroché au campanile, il semble bien que ce soit le drapeau français (voir plus bas), le drapeau allemand a été décroché par des officiers d'artillerie canadienne.
  • A gauche de la mairie apparaissent dans la fumée les toits caractéristiques (en dents de scie) des maisons dites "espagnoles" à pans de bois. Elles seront démolies en 1924 et 1930 pour laisser place à des immeubles qui existent toujours à coté de celui qui a également résisté en 1940

    toits esp


    coinplArmes

coin PA

 

 Revenons à la vue du centre ville :

  • En biais à droite de la photo l'alignement des maisons de la rue des Récollets, dont la partie proche de St Géry subsiste.

    récollets

  • Au fond à droite la silhouette de la basilique Notre-Dame du St Cordon.

    StC

  • Au fond à gauche les toits du musée des Beaux-Arts.

    Musée

  • A noter sur les toits les concentrateurs du réseau téléphonique

concentrateur

 

 


 

"French civilians talking to Canadians in Valenciennes". November, 1918. 
Civils Français parlant à des Canadiens à Valenciennes

 

3539 a003470-v8

 

     La photo a été prise du haut de la rue de Hesques, qui dans sa partie gauche n'a pas changé, le bas du coté droit, après le "Mont-de-Piété" datant de 1625, a été victime de l'incendie de mai 1940. Au fond la basilique Notre-Dame du St-Cordon, le tout rephotographié en Juillet 2014 :

3539T&N

 


 

"Cathedral at Valenciennes."

 

3540 a003471-v8

    L'abside de la basilique N-D du St Cordon a subit quelques dégâts (ce n'est pas une cathédrale, l'évêché est à Cambrai)

     A noter que le clocher a été le lieu de visites touristiques de la part des soldats Canadiens qui passaient à Valenciennes et qui y ont laissé de nombreux graffitis. Ceux-ci ont dormi paisiblement jusqu'à la rénovation du clocher et n'ont pas été préservés, mais un relevé en a été fait par le Comité de Sauvegarde du Patrimoine Valenciennois

 


 

"The Hotel de Ville, Valenciennes. "

3541 a003472-v8

     Une belle vue de la place d'Armes, (avec ses maisons dites "espagnoles" voir ci-dessus) au plus tard le 2 Novembre 1918 : la guérite allemande est renversée, peut-être par les débris de la statue de l'Escaut qui vient de recevoir un obus et la pancarte "Kommandantur est toujours accrochée au dessus de la première porte en arcade (voir sur cette autre page)

Le fronton de la mairie, où flotte le drapeau français, a perdu la statue de gauche :

campanile

 


 

"Civilians in Valenciennes cheer a Canadian ammunition column passing through the town". November, 1918
Civils acclamant une colonne canadienne de munitions passant par la ville

 

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     La scène se passe au débouché de la rue de Paris sur la place d'Armes, coin aussi célèbre que la Mercerie " Au coin de Rue" qui a subsisté jusqu'aux années 70. Les drapeaux sont nombreux, France, Commonwealth, États-Unis,  Italie (Armes du roi), etc., difficiles à deviner.
On le voit à peine, mais l'immeuble du "Coin de rue" a été touché au 2nd étage donnant sur la grand'place par un obus dont l'ouverture d'entrée est visible. On le distingue mieux sur cette photo, la "Taverne Lorraine" voisine  a également été endommagée :

Coin rue de Paris et place Armes

    Les panneaux indicateurs sont toujours en allemand, et un Wechselstube -Bureau de change- côtoie la Taverne Lorraine, à l'étage de celle-ci on distingue un opérateur de prise de vues avec caméra sur trépied, et l'on aperçoit un officier en képi : suivent-ils la progression de l'armée britannique ou préparent-ils la visite du Président de la République (Raymond Poincaré) le 10 ? Les vestiges trop visibles de l'occupant auront alors disparu. Le 7 pour la Victory parade des troupes Britanniques dont Canadiennes ?

 

opérateurPV

 

     L'entrée de la rue de Paris disparaîtra dans l'incendie du centre ville de Mai 1940, et la maison, en bois à droite, à l'entrée de la rue St-Géry ne résistera pas aux flammes :

la rue de paris

VALENCIENNES - Rue de Paris, angle de la Place d´Armes 1940

Ruedeparis

 

 


 

"Civilians driving to their homes through flooded streets of Valenciennes on a Canadian car." November, 1918. 
Civils conduits à leurs maisons à travers les rues inondées de Valenciennes dans une voiture canadienne.

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      Parmi les défenses passives, on retrouve comme dans les nombreux sièges de Valenciennes qui ont précédé, la volonté de l'occupant de gêner et ralentir les assaillants par l'inondation d'un certain nombre de terrains avoisinants, inondations qui se sont étendues dans la cité.

      J'ai choisi pour commencer ce message la photographie de civils qu'un soldat Canadien  transporte en automobile, pour les faire probablement traverser "à pied sec" et pour leur plus grande joie. La chance, puisque la seconde guerre - notamment l'incendie de  mai 1940 - et des plans successifs d'urbanisations de la ville ont effacé beaucoup de traces de cette époque, la chance a voulu que le carrefour où se tenait l'Excelsior Bar de Mme Lambour existe encore, ce qui m'a permis de réinsérer l'équipage dans le carrefour moderne aux maisons restaurées :

Excelsior Bar T&N

             Les Valenciennois d'aujourd'hui reconnaîtront certainement le carrefour ... qui se situait à l'origine au croisement des rues St Jacques et du Rempart ; si le tracé de la seconde est inchangé, la première a été amputée de plus de la moitié pour donner place à l'avenue Clemenceau, c'est donc au coin de cette avenue et de la rue du Rempart que se situe l'actuel immeuble. Reste le début de la rue St Jacques sur le tracé original, entre rue de Paris et l'avenue où repasse désormais le tramway.

 


 

"A little French girl walking hand in hand with two Canadians through flooded streets of Valenciennes." November, 1918.
Une petite fille Française marche main dans la main avec deux Canadiens à travers les rues inondées de Valenciennes

 

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     Les eaux commencent à se retirer et il est plus facile d'emprunter la rue du Rempart (photographiée ici au niveau du carrefour avec la rue St-Jacques d'alors, voir ci-dessus) dont les premières maisons n'ont pas beaucoup changé :

Ruedurempart

 

 


 

"A Canadian Signaller repairing a wire in a street flooded by the enemy before he left Valenciennes." November, 1918. 
Un soldat Canadien des transmissions répare un fil [téléphonique] dans une rue inondée par l'ennemi avant de quitter Valenciennes.

 

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     Reste à découvrir l'endroit où cette photo a été prise, peut-être non loin des précédentes...

     Devant le soldat un panneau indique un abri où réfugier 15 personnes en cas de bombardement aérien (abri qui se trouve de fait inondé)

abri
Fliegerdeckung für 15 Personen

      L'inscription est répétée sur le mur de la maison : il en existe encore une à Valenciennes, dans une autre rue :

P1150783

 


 

"A German machine gunner who fired his gun until killed by a Canadian sniper in Valenciennes." November, 1918. 
Un mitrailleur Allemand qui utilisait son arme jusqu'à ce qu'il soit tué par un tireur d'élite Canadien.

 

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    La scène a été photographiée place de la gare, en regardant l'angle des rue Tholozé  à gauche et de l'avenue du sénateur Girard (avenue Ferrand à l'époque)

Place de la gare - Avenue Ferrand et rue Tholosé

Pl Gare

     L'immeuble a été rebâti dans le style d'après 45, alors qu'il avait été reconstruit à l'identique après les dommages causés notamment par les explosions qui ont ruiné la gare au départ des Allemands.

 

a003454-v8

Le photographe avait fait un plan plus resserré de ce mitrailleur dont le cadavre ne semble gêner personne, pas plus civils que militaires ; une bâche - qui ne masque pas le visage- a été placée sur son corps. Près de lui sa mitrailleuse mg 08-15, calibre 7,92mm,  bande à peine engagée puisqu'on distingue la tirette d'engagement :

MG


tirette

     La scène peut sembler crue, mais mon père -12 ans à la libération- racontait que lui et ses 3 frères s'étaient habitués très vite aux cadavres allemands notamment place de ol'église du Faubourg de Paris. Ils avaient même été filmés par un cameraman, et affirmaient s'être vus "aux actualités". J'ai retrouvé l'extrait à l'Imperial War Museum qui m'en a communiqué copie et qui est maintenant disponible ICI dans une meilleure qualité sur le site deutsches filminstitut. 2 secondes à 8'08.

 

   J'en ai extrait une photo, mon père au premier plan du groupe avec une casquette, son frère ainé derrière le groupe à droite :

pourblogb

 

 


 

"Red Cross lorries unloading supplies for refugees in Valenciennes."
Des camions de la croix-Rouge déchargent des vivres pour les réfugiés de Valenciennes.

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   L'antenne de la Croix-Rouge est située Boulevard Pater, précisément au n°4, à la façade reconnaissable de nos jours :

Pater

    La rangée de maisons n'étant pas complètement bâtie en 1918, on aperçoit à gauche la silhouette du château d'eau de Valenciennes, qui n'a pas encore été rehaussé. Élevé en 1908, il verra sa capacité augment de 1000 mètres cubes en 1962 par adjonction d'un nouveau réservoir au-dessus de celui que l'on aperçoit.

La maison possédait un abri anti-aérien "Flieger Deckung" (probablement une cave solide) que surmonte désormais la pancarte "Canadian Red Cross"

RedCross

     A la maison voisine flottent deux drapeaux, un français et un américain improvisé auquel il semble manquer des étoiles :

drapeaux

 


 

 

"The Conde road near Valenciennes."
La route de Condé près de Valenciennes

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     Le soldat sur la droite (le photographe ? boite de plaques au coté ?) se tient devant l'entrée d'un abri anti-aérien pour 20 personnes "Flegerdeckung für 20 Personen" creusé en direction probablement d'une cave solide.

abri2

     Est-ce par précaution ? Il semble regarder vers Valenciennes, tournant le dos à Condé à une douzaine de kms, et se tient aux environs de l'actuel n° 180, rue Jean-Jaurès à Anzin. On distingue à gauche au fond l'église Ste Croix :

perspective Ste Croix vers #180

 


 

3545 a003476-v8

Cette photo nous replace devant la mairie,
avec la guérite culbutée par les débris de la statue de l'Escaut,
et un véhicule conduit par des soldats Français.
Aucune autre information à ce jour.


 

     Dans cette même série, on trouve quelques photos qui nous éloignent un peu de la ville, mais qui sont caractéristiques de la situation début Novembre :

  •  Une colonne de prisonniers

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  •  Des prises de guerre destinées au Musée Canadien de la Guerre

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  • Deux soldats et un panneau devant la gare de Mons, atteinte le 11/11, et où de plus en plus de villes sont barrées comme  inaccessibles :

3714 a003735-v8

 


 

Pour conclure , une affiche qui figure dans les collections du Canadian War Museum :

special town order
"Tenue et comportement corrects exigés !"

 

 

 

 

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