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Les civils du Valenciennois dans la Grande Guerre 1914-1918
12 mars 2023

Raismes-Vicoigne suite : les militaires

précédemment : les civils fusillés


S'agissant des militaires, la recherche est délicate sans nom précis, sauf pour ceux cités par Delame (voir le récit dans le sujet sur les civils) :

  • RONDEAU Gustave Louis Auguste : né le 23/12/1890 à Neuville-sur-Touques (Orne) d'Alfred Louis Auguste et de GUÉRIN Valentine Joséphine; de la classe 1910, il est incorporé au 14e Régiment de Hussards le 10/10/1911. Libéré le 8/11/1913, il est rappelé dans le même régiment lors de la mobilisation générale. Son état des services signale une action d'éclat dans la nuit du 14 au 15 mars 1917 qui lui vaut la croix de guerre.
    Selon ce même document, il est "tué à l'ennemi par la suite d'un bombardement ennemi antérieurement au 4 avril 1917 et inhumé au cimetière de Châlons [en-Champagne] (Marne), avis de décès du 22/06/1917".
    Sa fiche Mémoire des Hommes le dit tué le 30 avril 1917 à Mourmelon-le-Grand (Marne), date qui est celle indiquée dans le Journal de Marches et Opérations du 14e RH.

    Il est inhumé à la , tombe 2246 sous le seul prénom Auguste.
    Il figure au monument aux morts de la ville d'OCCAGNES (Orne), ainsi qu'au Monument aux Morts du 14e Régiment de Hussards à Alençon (Orne).

  • DUEZ Etienne Louis : né le 07/02/1891 au 16, rue Gustave Courbet, Paris-16e de Désiré Jean Baptiste et TOUZOT Catherine Philiberte ; de la classe 1911, il s'engage pour 3 ans au 14e régiment de Hussards ; trompette, puis cavalier. Maintenu au corps il est au même régiment à la mobilisation.
    Le 25 août 1914 il est blessé à la cheville à Vicoigne. Soigné jusqu'au 7 septembre, il ne réintègre le service actif qu'en février 1915 au 115e RI ; il reçoit une balle à la pointe du cœur le 17 août 1915 "aux Marquises" alors qu'il est prévu qu'il passe au 21e colonial.

    les marquises
    Extrait de carte du JMO de la 119e Brigade: réduit des Marquises


    Soigné jusqu'en février 1916 il est alors détaché successivement à la Maison Clément à Lyon, puis à la Société des Moteurs Salmson à Billancourt. Muté au 21e RI en juillet 1917 il est démobilisé par le 23e colonial et mis en congé le 28/07/1919.
    Il aura été cité à l'ordre de l'armée : "Se trouvant blessé [en 1915] et dans les lignes allemandes a réussi à en sortir et à rejoindre son corps". La médaille militaire ainsi que la croix de guerre lui sont conférées en 1916.

    Citation DUEZ E JO 19160418 p3288

    Affecté après la guerre au 8e régiment de chasseurs à cheval, classé service auxiliaire par la commission de réforme en 1924, il est passe successivement au 1er puis au 11e régiment du Génie en 1925 pour recevoir finalement une affectation spéciale à la compagnie des chemins de fer métropolitains de Paris, et ce malgré les séquelles de sa blessure au thorax.
    Nouveau passage devant la commission de réforme le 5 octobre 1938, après le divorce prononcé le 07/07/1938 d'avec Alice CHAUTARD, épousée le 03/02/1917.
    Il décède à Paris 4e, au 71 rue St Martin le 07/08/1941. Il n'a que 50 ans, mais probablement très handicapé des suites de sa blessure aux Marquises.

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C'est bien du 14e régiment de Hussards basé à Alençon dont il s'agit ici, deux escadrons, les 7e et 8e ont été incorporés à la 84e Division d'Infanterie Territoriale jusqu'à sa dissolution début juillet 1915. Le 8e escadron est affecté à la région de Valenciennes, alors que -ne l'oublions pas- ce n'est pas le chemin attendu de l'invasion ; or c'est bien toute la première armée allemande (230 600 combattants), la seconde armée en flanc gauche, qui, traversant la Belgique, est à Bruxelles le 21 Août et fonce via Mons -que le Corps Expéditionnaire Britannique devra évacuer- en direction de Cambrai : il n'y a devant elle que des divisions territoriales (n°s 81, 82 et 84) affectées à des travaux de défense.

Aufmarsch im Westen 1914
Zones de concentration des armées allemandes à partir du 6 août 1914
et leurs mouvements jusqu'au 20. (source)

 

24 Aout 1914
24 Août 1914 (source)

On ne s'étonnera donc pas de quelques flottements -voire lacunes- dans la rédaction des journaux de marche, d'autant que les unités dispersées seront ponctuellement renforcées par des soldats d'autres unités rencontrés "par hasard", voire des douaniers (armés à l'époque). Il est question parfois de position "entre Marchiennes et St Amand" (15km), de disparition "à Bourghelles" dernier lieu pour lequel on a pu trouver un témoignage en 1914, mais une inhumation à Raismes (30km). 
Ajoutez à cela une désorganisation, comme celle qui sera fatale à 2 cavaliers anglais tués "par méprise" (sic le JMO de la 84eDIT du 22/08/1914)

C'est ainsi que l'on retrouve face à l'invasion des "pépères" de l'infanterie territoriale : la 84e DTI comprenait outre les 2 escadrons de hussards et des unités d'artillerie du 44e RAC, la 167e brigade (25e et 26e RIT) et la 168e brigade (27e et 28e RIT).
Pourtant, les deux cités par Delame, Menet et Baconnet, sont du 81e RIT appartenant à la 88eDIT (175e Brigade : 81e et 82e RIT ; 176e Brigade : 83e et 84e RIT). Le 24 août 1914 à 17h le 81e RIT est sur la ligne Templeuve-Douai-Seclin, à l'ouest de la 84 DIT. Au soir du 24, pour le seul 81eRIT on dénombre semble-t-il aucun tué mais 81 hommes et 2 sous-officiers disparus.

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En croisant les données de Mémoire des Hommes (Morts pour la France et JMOs), les actes d'état-civil disponibles, les États des Services, les recherches des disparus, notamment au CICR, on peut dresser une liste plus précise :

  • GONNET Almyre Vital né le 09/04/1878 à Champéon (Mayenne) de Prudent et AUBERT Eléonore Perpétue. De la classe 1898, il effectue son service au 13e régiment de Cuirassiers ; rappelé au 26e régiment territorial d'infanterie à la mobilisation, il est porté disparu le 24 août 1914 dans la forêt de Raismes. Cette date sera celle du décès fixé par jugement déclaratif du 6/11/1920 par le tribunal de Mayenne, transcrit le 18/09/1920 à Champéon.


  • BACONNET Jules Auguste né le 15/02/1878 à St-Nazaire (Loire Inférieure) de Jean Marie et BACQUEL Jeanne Marie. De la classe 1898, il effectue son service au 90e de ligne. Marié le 31/01/1910 à Fégréac avec Clémentine Marie GUIHO. Rappelé à la mobilisation au 81e Régiment territorial d'Infanterie, il est "aux armées" le 14/08/1914 et porté disparu le 24/08/1914 à Bourghelles (Nord). Il sera déclaré décédé à Raismes le 31/08/1914 par un Avis Officiel du Bureau de Renseignement des Familles en date du 2/07/1918.
    La ville n'étant pas libérée, ils n'avaient cependant pas connaissance de l'acte de décès n°141, enregistré à l'état-civil de Raismes, où il est dit "décédé à l'ambulance de la Société Franco-Belge à Raismes". Il faudra malgré tout un jugement du tribunal de St-Nazaire du 24/01/1919, transcrit le 02/02/1919 à Fégréac où réside la famille pour officialiser la date de décès. Entre-temps la famille aura fait des recherches auprès de la croix-rouge, où l'on trouve une fiche de recherches (négatives, s'étendant de juin 1915 à juillet 1917). Initialement inhumé dans le cimetière de Raismes, il repose actuellement dans le carré mixte du cimetière principal de Douai, tombe 293.


  • MENET Pierre Marie né le 09/06/1873 à Vigneux (Loire-inférieure) de Piere et ROLAND Marie. De la classe 1893 il effectue son service au 154e de ligne. Rappelé à la mobilisation au 81e régiment d'infanterie territoriale, il est porté disparu le 24 Août à Bourghelles (Nord). Avis officiel du19/04/1917. Déclaré tué à l'ennemi, date et lieu inconnus, inhumé au cimetière de Raismes le 02/07/1917.  N'ayant jamais pu trouver aucun échange de documents entre les zones libre et occupée, l'information n'a pu provenir en 1917 que de la croix-rouge : une fiche de recherche (à l'instigation de la Société de Secours aux Blessés Militaires) le présume  initialement interné au camp d'Erfurt. La parution dans la Gazette des Ardennes (voir ci-dessous) permettra d'envisager une inhumation à Raismes ; il repose actuellement dans le carré mixte du cimetière principal de Douai, tombe 294.


  • LEGEAY Paul Camille né le 18/07/1885 à Montreuil le Henri (Sarthe) de Louis Frimbault et de LEMOINE Agathe Marie Aimée. De la classe 1905, il effectue son service au 1er régiment de Chasseurs. Marié en 1912. Parti "au front le 16 août 1914 avec le 14e régiment de Hussards, 7e escadron 3e peloton, il est porté disparu le 24 août 1914 "entre Marchiennes et St-Amand [les Eaux]". Déclaré "tué à l'ennemi", décès constaté le 25 août 1914 place de Vicoigne, commune de Raismes (avis du 6 mai 1919) (Acte de décès à Raismes n°128). La famille aura fait en 1914 une demande de recherche auprès de la croix-rouge, le tenant pour disparu le 20/8 au combat de Marville (B). L'acte de décès sera transcrit à Montreuil-le-Henri le 18/09/1921. Initialement inhumé dans le cimetière de Raismes, il repose actuellement dans le carré mixte du cimetière principal de Douai, tombe 307.

A noter : Les noms des 3 soldats ci-dessus figure dans la liste de "Soldats français inhumés derrière le front allemand" publiée comme beaucoup d'autres dans la Gazette des Ardennes, ici du 26 avril 1917, avec une erreur sur le régiment de Legeay :

GdA R-V

 

Mais le 14e hussards a eu d'autres pertes sur cette courte période : 6 dont LEGEAY cité plus haut,

  • JOSEPH Fernand Isaac né le 25/11/1884 à Briey (Meurthe et Moselle) de Benoit et BLOCQ Henriette. De la classe 1904 il effectue son service au 6e régiment de chasseurs. Rappelé à la mobilisation au 14e régiment de hussards, il décède des suites de blessures de guerre à l'Hôpital auxiliaire n°2 de Valenciennes (Collège de jeunes filles boulevard Pater) le 28 août 1914 à 3h du matin. (Acte dressé à Valenciennes). Initialement inhumé à Valenciennes, il est transporté le 21/04/1901 au cimetière de Montmartre. Bien que sa fiche Mémoire des Hommes indique que l'acte de décès a été transmis à Paris 14e, lieu du domicile, je n'ai pas trouvé trace de transcription. Son nom figure au livre d'or de Paris 14e et sur la plaque commémorative de Paris.


ainsi que 4 cavaliers du 14e RH qui pourraient bien correspondre aux 4 soldats inconnus inhumés au cimetière de Vicoigne et signalés par la Gazette des Ardennes du 26 avril 1917. S'il ne semble plus y avoir une fosse commune à Vicoigne, il y a au cimetière de Raismes une tombe sans nom ni information, réputée contenir les restes de soldat(s) français.

  • CHOPLIN Georges Henri né le 06/04/1886 à La Chapelle-Huon ( Sarthe) de François Eugène et CHAVE Héloïse Henriette. de la classe 1906 il effectue son service au 1er régiment de chasseurs. Rappelé à la mobilisation au 14e régiment de hussards, parti au front le 16 août 1914, il est porté disparu le 24/08/1914 "entre Marchiennes et St-Amand [les-Eaux]". Un jugement rendu le 18/06/1921 par le tribunal de St-Calais (Sarthe) et transcris à Conflans (Sarthe) le déclare décédé le 24/08/1914. (Pas de registre disponible en ligne). Entre-temps la famille s'est adressée à la croix-rouge comme en témoignent les fiches de recherche. L'une d'elle fait état d'une disparition -supposée- au combat d'Hasnon (Nord) les 25-26 août.


  • MARCADÉ Adrien Auguste né le 05/10/1890 à Laval (Mayenne) de Pierre Alphonse et BOCHLER Caroline. De la classe 1910 il est incorporé au 14e régiment de hussards. Rappelé à l'activité par le décret de mobilisation générale il arrive au corps le 02/08/1914 et est porté disparu le 24 du même mois à Marchiennes. Le décès est fixé au 24/08/1914 par jugement déclaratif rendu par le tribunal de Laval, et transcrit à l'état-civil de Laval le 12/11/1920. Une fiche de recherche auprès de la croix-rouge témoigne de l'inquiétude des familles.


  • QUENTIN Charles Henri né le 04/12/1887 à Conflans (Sarthe) de Ernest Philippe et HAUDEBOURG Céline Henriette. De la classe 1907, il effectue son service au 1er régiment de chasseurs. Rappelé à l'activité par suite de mobilisation générale au 14e régiment de Hussards, parti au front le 16/081914 il est porté disparu le 25 Août 1914 à Virton (Belgique). Un jugement déclaratif de décès rendu par le tribunal de St-Calais le 14/08/1920 et transcrit le 04/09/1920 sur les registres de la mairie de Conflans fixe le décès à la date du 24 août 1914.

    • En recherchant parmi les fiches de la croix-rouge une fiche au nom de QUENTIN Charles soldat au 14e RH, mais 4e escadron, fait état d'un prisonnier de guerre à ce nom au camp de Darmstat en 1917. Curieusement cet homonyme est déclaré avoir été fait prisonnier le 25/08/1914 à Valenciennes (l'état des service laisse cependant le lieu de capture en blanc) par contre des liste datées 28/11/1914 et 16/12/1914 établies au camp d'Altengrabow reprennent Valenciennes comme lieu de capture. Il en est de même pour une liste du camp de Mainz du 5 juin 1915.

      La date de naissance (16/04/1887) ne correspond pas, mais le régiment le lieu et la date prêtent à confusion. On sait maintenant qu'il s'agit de QUENTIN Charles Auguste né le 16 mars 1887 à St Fraimbault-sur-Pisse (Orne), mort pour la France à l’hôpital d'évacuation de Metz le 12/12/1918, des suites de maladie contractée en captivité.

    • Les fiches de recherches concernant QUENTIN Charles Henri, mélangent d'ailleurs les informations avec celles concernant Charles Auguste "pris à Valenciennes le 25/08". Jusqu'à une fiche ou une demande se Mme Quentin de St Calais porte la mention "8/4 (1915) réponse d'Altengrabow - y est" puis "15/4 communiqué famille". Une autre fiche précisant bien la date de naissance de Charles Henri (04/12/1887) reçoit le 9/03/1917 la réponse d'Altengrabow " il n'y est pas" - communiqué à la famille le 21/03/1917.

       On imagine facilement les inquiétudes et (dés)espoirs de la famille.

 

  • VALLÉE Alfred Henri Constant né le 27/04/1885 à Maisoncelles (Sarthe) de Henri Valentin et PASQUIER Valentine désirée. De la classe 1905, il effectue son service au 1er régiment de chasseurs. Il épouse en 1909 FOUQUET Cécile Désirée. Rappelé à la mobilisation au 14e régiment de hussards, parti au front le 16/08/1914 il est porté disparu le 24 août 1914 entre Marchiennes et St Amand-les-Eaux. Le décès sera fixé à cette date par jugement du tribunal de Vendôme et transcrit le 5 mars 1921 sur les registres de l'état-civil de la mairie de Savigny-sur-Braye (Loir et Cher) dont j'attends copie de l'acte, les jugements du tribunal de Vendôme ayant été détruit lors d'un bombardement de 1945. Une fiche de recherche au CICR indique : "Doit s'être battu en Belgique. Sans nouvelle depuis le 24 août 1914. Disparu ce jour avec tout son peloton"


Les 11 soldats ci-dessus ont été déclarés "Morts pour la France"


 

Coté allemand, Delame indique qu'ils emmenèrent leurs morts, et effectivement on ne note rien dans les registres d'état-civil, ce qui complique les recherches. Le régiment de poméramiens a bien été identifié : Colbergsches Grenadier-Regiment Graf Gneisenau (2. Pommersches) Nr. 9, 7. Kompagnie. (7e Compagnie du 9e Régiment de Grenadiers Colbergeois «comte Gneisenau», 2e régiment d'infanterie poméranien). J'ai trouvé 5 décès en date du 25 Août 1914 à Raismes, avant qu'ils ne se dirigent vers Cambrai, puis Moislains et Proyart.

  • Uffz. MARSAL Hans  né le 3.10.1891 à Anklam. Inhumé à Frasnoy

  • Gren. FLEHN (ou FIEHN) Karl né le 29.4.1892 à Fiddichow. Pas de tombe connue selon Volksbund.de

  • Gren. LEMKE Max né le 7.4.1892 à Pan(z/g)erin. Pas de tombe connue selon Volksbund.de

  • Gren. TANK Reinhold né le 10.2.1892 à Brunn. Pas de tombe connue selon Volksbund.de

  • Gren. TOBIAS (ou TOBAIA) Stanislaus né le 20.9.1888 à Banken/Bankau. Pas d'information.

 

Le même jour, le Grenadier-Regiment zu Pferde Freiherr von Derfflinger (Neumärkisches) Nr. 3 (Regiment de Grenadiers à cheval No. 3 -Baron von Derfflinger, ou 3e régiment de Dragons) déplore 4 blessés au 3e Escadron près de Raismes :

  • Gefreiter GEHRTZ Erich, né à Amthal, district de Thorn

  • Grenadier HASE Friedrich, né à Hohenbüssow, district de Demmin

  • Grenadier PAASCH Fritz, né à Ruman, district de Czarnikau

  • Grenadier WINTER Johannes né à Kaudenborn

 

 précédemment : les civils fusillés


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