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Les civils du Valenciennois dans la Grande Guerre 1914-1918
13 octobre 2017

2 Novembre 1918 dans le New York Times du surlendemain.

 

 NYT bandeau

 

entete NYT

 Triste accueil à

Valenciennes

Effarés et affamés, les habitants racontent leurs souffrances à leurs libérateurs britanniques.

______________
"Les démons sont enfin partis !"
______________

"Ils ont tout volé, tout cassé, nous ont écrasés durant quatre ans."


Par Philip Gibbs.
Copyright 1918 New York Times Cie.

Par cable spécial
Avec l'armée britannique, le 3 novembre.

 

Dans son édition du 4 Novembre 1918, parait, sous la signature de Philip GIBBS, un article relatant les impressions de l'auteur recueillies le 2, jour de la libération de Valenciennes, et transmises le lendemain par câble spécial au New York Times. On admirera au passage le très court délai entre l'évènement et la publication outre-Atlantique.

L'auteur, Sir Philip Armand Hamilton GIBBS (1877-1962), n'est pas un inconnu : il a été le plus célèbre, et sans doute le plus important, des reporters de guerre officiels britanniques rattachés par leurs journaux au Quartier Général britannique sur le front occidental de 1915 à 1918. C'était aussi un romancier et un écrivain accompli.

Au début de la Première Guerre mondiale, le gouvernement britannique a imposé un système de censure aux journaux londoniens. Il était inattendu que des journalistes se soient vu interdire d'accompagner le Corps expéditionnaire britannique (BEF) en France.

Gibbs s'est rendu en France avec d'autres journalistes et a rejoint des éléments des forces britanniques en Belgique mais a finalement été forcé de quitter la zone de guerre. L'armée britannique a ensuite tenté une brève expérience d'exclusion de tous les journalistes du front occidental, en s'appuyant plutôt sur la publication de communiqués. Cette expérience s'avéra peu pratique, en grande partie à cause de l'opposition des journaux londoniens, et en mai 1915, Gibbs devint l'un des cinq correspondants de guerre officiellement accrédités pour rejoindre le quartier général du BEF. En accord avec leurs journaux, les journalistes ont été strictement contrôlés et leurs reportages censurés ; informés quotidiennement après du Quartier Général, on leur a parfois permis de se rendre sur le front pour mener des entrevues. Le nombre de correspondants officiels varient légèrement durant la guerre, mais Gibbs y reste jusqu'à l'armistice.

GIBBS iwm
Philip GIBBS est à droite sur la photo
(Bataille de la somme, Juillet-Novembre 1916© IWM Q 1062)

Il faut comprendre le "Triste accueil" de l'intitulé de l'article par le fait que Gibbs entre pour la première fois dans une ville qui n'est pas encore totalement libérée, comme ce fut le cas à Lille, et dont les occupants tentent encore de se protéger du bombardement. Voici la traduction de ce récit. J'y ai ajouté des notes (repérées en rouge) dont le contenu se dévoile en immobilisant le curseur sur leur numéro. Le style est parfois "journalistique" pour ne pas dire plus, j'ai donc tenté de rester "au plus près".

Après des combats acharnés de la part des troupes anglaises et canadiennes, la vieille cité de Valenciennes, sur le canal de l'Escaut, a été investie hier matin. À 7 h 50, le général[1] commandant les troupes canadiennes qui ont encerclé la ville a envoyé ce message historique :
«J'ai l'honneur de vous informer que Valenciennes est entièrement entre nos mains».




C’est une belle réussite que les troupes britanniques partagent avec les Canadiens. Les territoriaux et les régiments d’active du Yorkshire[2] ont fait l’objet de contre-attaques désespérées de l'ennemi vendredi après notre avance matinale dans les villages d'Aulnoy et Préseau, fortement tenus par un grand nombre de troupes allemandes avec pour ordre de défendre ces positions jusqu’à la mort.

Depuis le nord, toute avance a été rendu impossible par l'ouverture des vannes de l'Escaut qui a inondé ce côté de la ville[3] .
L’ennemi ne pouvait s’échapper que par le sud-est[4], de sorte qu'il y avait concentré tous ses hommes disponibles. Ils se sont battus avec beaucoup de courage et d'obstination, mais ce fut inefficace contre les Canadiens et les Anglais, soutenus par une immense concentration d'artillerie

Beaucoup d'Allemands morts gisent dans la petite rivière Rhonelle et 4.000 prisonniers ont été faits par les forces combinées. Les contre-attaques de l’ennemi appuyées par des chars[5] se sont complètement effondrées, de sorte que les Britanniques ont capturé les tanks et fait encore plus de prisonniers.

Je suis allé à Valenciennes hier matin[6] peu de temps après sa capture, quand il y avait encore de durs combats du côté sud-est, de sorte que tous les canons britanniques étaient en action avec un bruit énorme alors que je les côtoyais à la périphérie de la ville, le vol des obus passant au-dessus des maisons où chez de nombreux civils se mêlaient joie de savoir qu'ils étaient libres de nouveau, et peur de cette fureur des armes autour d'eux.

Des villages périphériques abandonnés

Le chemin de Douai à Valenciennes était plein d'obsédantes images de la guerre, parce que les troupes canadiennes et anglaises se sont battues à travers de nombreux villages le long de ces routes et que ces lieux n’en sont pas sortis indemnes.

Leurs habitants ont fui les plus proches de Valenciennes car les obus allemands ont fracassés leurs toits et leurs murs et ont fait des ruines de nombreuses maisons. Certaines ont été coupées en deux, de sorte que l'on regarde dans des pièces où des pianos de salon, les machines à coudre des femmes et les berceaux des enfants restent contre les murs les plus éloignés parmi les poutres brisées et le plâtre.

Seuls quelques soldats se déplacent parmi ces villages abandonnés, et hier, qui a été un jour exécrable, avec la brume humide traversant leurs murs crevés par les obus qui tremblaient comme des caisses de résonnance à l'arrière des canonnades, ils ressentaient la tragédie. En traversant Oisy et Aubry[7] vers La Sentinelle - banlieue de Valenciennes de ce côté de l'Escaut - il n'y avait guère d'âme vivante, à l'exception de silhouettes, étranges comme des ombres dans le brouillard humide, se glissant sous les murs : des soldats britanniques, comme on pouvait le deviner à la forme de leurs chapeaux d’acier.

Tout au long de la voie ferrée de Douai, les ponts ont été détruits par l'ennemi et forment des épaves monstrueuses au travers la ligne. Au-delà, dans ce voile épais de brume, les montagnes des noirs crassiers, comme des pyramides égyptiennes, apparaissaient vaguement. Les cheminées des usines faiblement dessinées au-dessus de celles-ci, comme si c'était une guerre au Lancashire.

Des gens sont arrivées traînant une voiture où s’empilaient des meubles, et je leur ai demandé : « Êtes-vous de Valenciennes ? »

« Non, monsieur ! » a dit un homme accroché aux cordes et il a nommé un autre village à proximité, en regardant en arrière d'une manière effrayée comme s'il était obsédé par un danger qui se situait là-bas.

Des chevaux morts, horriblement mutilés, gisent sur le bord de la route. La guerre est passée sur cette route peu de temps auparavant. C’était toujours très proche de Valenciennes, et cette ville était entre deux feux dont la majorité venait de notre part. Les canons étaient rassemblés dans ce brouillard que leurs éclairs poignardaient de soudaines rafales de flammes.

Les monstres ont soulevé leurs museaux et ont grondé depuis les champs boueux à proximité, secouant la terre et le ciel. Les batteries de campagne, installées en plein air, tiraient sans cesse et, en passant à quelques mètres d'eux, leurs coups aigus me frappaient les tympans comme des coups de marteaux.

Ensuite, nous sommes arrivés au canal de l'Escaut et nous avons vu Valenciennes s'étendre devant nous de l'autre côté - une ville longue et étroite, construite le long de la ligne de l'Escaut, de sorte qu'on la voit de bout en bout, avec ses églises, ses usines et ses tours au-dessus de ses toits surpeuplés.

Première vision de la cité de Froissart

Valenciennes, la vieille ville des dentellières[8], célèbre depuis mille ans à cause de l'histoire de ses habitants, des nobles hommes et femmes nés dans ses murs et de nombreux sièges, captures et conflits jusqu’à ce qu’il devienne la convoitise de princes voleurs et d’empires belliqueux !

Je pensais à Jehan Froissart[9], ce chevalier très vaillant et correspondant de la guerre médiévale, qui est né ici il y a 500 ans et est monté par ce pont quand il y avait un spectacle de chevalerie dans ses murs, et que les troubadours chantaient pour les dames de Valenciennes, avec leur propre dentelle autour de leur long cou blanc.

Le fantôme de Jehan Froissart m’accompagnait en traversant le pont[10] et j’ai vu pour la première fois sur cette belle ville des flammes s'élever de ses anciennes maisons du côté sud-est, j’ai entendu le vol de tous ces obus hurlant au-dessus de leurs toits, et le pilonnage des nombreux canons avait une résonance profonde comme les notes graves de tuyaux d'orgue extrêmement longs. Ce noble chroniqueur aurait eu le cœur triste de voir sa ville en péril, mais non sans jubilation en raison de sa libération après quatre ans passés sous une domination de fer.

Il y avait toujours des tirs de mitrailleuses quelque part sur droite – longues rafales en staccato - et j'avais entendu un colonel canadien dire que l'ennemi tenait encore un poste de mitrailleuse dans la banlieue de Marly. Nous avons gardé nos sens en alerte de tout impact de balle trop proche. Un Allemand prêt à mourir pouvait tirer à coup sûr de n'importe quelle fenêtre ou cave avant d’en payer le prix.

Mais où étaient les Valenciennois ? La solitude commençait à être oppressante. Ce n'était pas comme l'entrée à Lille. Il n'y avait aucune manifestation de joie dans cette ville libérée. La fureur des armes avait tenu les gens terrés dans leurs maisons.

Bientôt, ici et là, j'ai vu des visages apparaitre, puis une porte s'ouvrit, et un homme et une femme et des enfants maigres apparurent. La femme poussa une main décharnée dans la mienne et se mit à pleurer. Puis elle a parlé avec passion, avec un mélange étrange de colère et de chagrin.

« Ces démons sont enfin partis »

« Ô mon Dieu ! » disait-elle. « Ces démons sont enfin partis. Que ne nous ont-ils pas fait endurer ! »

Son mari me parla par-dessus l’épaule de son épouse.
« Monsieur, » dit-il « ils ont tout volé, tout cassé, nous ont brisés durant quatre ans. Ce sont des bandits et des brigands »

« Nous avons faim, » a dit une fille mince et un garçon plus petit à ses côtés, au visage blanc pincé, a dit : « Nous avons mangé tout notre pain, et j'ai faim. »

Ils avaient du café et m'ont proposé d’entrer boire avec eux, mais je ne pouvais pas attendre.

La joie d’être sauvé.

La femme tenait mes poignets serrés dans ses mains maigres en disant : « Nous sommes reconnaissants aux soldats anglais. Ce sont eux qui nous ont sauvés. »

Plus tard, à Valenciennes, deux dames passèrent, bien habillées et tout en noir[11]. Elles se pressaient vivement, comme si elles avaient peur de ces coups de feu au-dessus de leurs têtes, mais elles se sont retournés et ont souri en disant : « Nous sommes remplies de joie. Bravo les Anglais ! »


L'une d'elles a porté la main à son cœur de façon émue et a déclaré : « Depuis quatre ans, nous avons souffert. Il faudrait quatre ans pour vous raconter ce que nous avons souffert. Mon Dieu ! Mon Dieu ! »

Ces deux dames passèrent rapidement leur chemin. Ce sont les dernières personnes que nous avons rencontrées jusqu'à ce que nous arrivions place d'Armes, la Grand-Place de Valenciennes, où d'un côté se trouve l'Hôtel de Ville, magnifique avec une long façade de la Renaissance richement sculptée, et autour d’anciennes maisons construites pour beaucoup d'entre elles lors de la domination espagnole des Pays-Bas. Comme pour la pauvre ville d’Arras, si marquée, je constatais que le fronton de l’Hôtel de Ville avait été légèrement abimé par un obus[12] et que quelques maisons étaient percées de trous d’obus bien qu’elles ne soient pas en ruines.

Un groupe d'hommes se tenait dans une rue latérale à l'hôtel de ville : au premier coup d'œil, je devinai qu’ils appartenaient à la municipalité, il s’agissait de dignitaires de la cité, vêtus de noir, qui s'inclinèrent et nous serrèrent la main très chaleureusement, chacun voulant raconter l'histoire de Valenciennes sous la domination allemande et les derniers jours de terreur ; tous parlaient en même temps, de sorte qu'il était difficile de comprendre, d'autant plus que la canonnade redoublait de violence.

Mais je compris qu’un vieux monsieur venait de voir l’intérieur de sa maison détruit par un obus allemand. Il pointa du doigt une petite demeure aux pignons pointus de l’autre coté de la place en disant : « J’ai eu de la chance d’en réchapper ».

Je compris également que le drapeau allemand de l’hôtel de ville avait été décroché à 10h10, qu’un jeune officier canadien avait grimpé pour attacher le drapeau tricolore à sa place, et qu’ensuite 2 interprètes français de la première brigade à être entrée dans la ville avaient hissé le drapeau britannique sur Valenciennes.

Homme sauvé de la déportation

J’ai demandé après le maire de la ville, et un homme qui était resté à l’abri d’un mur a dit : « Je vous emmène si vous voulez bien attendre une minute. »

J’ai eu moins d’une minute à attendre avant qu’il ne réapparaisse en grand uniforme en disant :

« Je suis le pompier de Valenciennes, il y a eu dans la ville la nuit dernière de nombreux incendies qui brûlent encore, mais on ne peut rien faire parce que les Allemands ont vidé toute l'eau des canalisations, ainsi les caves sont inondées et les pauvres les gens ne peuvent pas se réfugier contre le bombardement. »

J’ai vu la misère à Valenciennes, je pataugeais jusqu’aux chevilles dans les rues inondées[13], et regardais dans les caves par les portes ouvertes au bas des maisons : elles étaient pleines d’eau. Des jeunes hommes s'approchèrent de moi, me serrant la main avec émotion, les larmes aux yeux.

« Nous sommes de ceux qui y ont échappé » dit l'un d’eux.

« Echappé de quoi ? » demandai-je : ils montrèrent une affiche sur le mur. L’ayant lue j'ai vu que c'était un ordre de mobilisation de tous les hommes âgés de 15 à 35 ans qui devaient se présenter au commandement allemand sous de sévères peines en cas de refus, pour être évacués à travers les lignes allemandes.

Cet ordre était daté du 31 octobre et la mobilisation devait avoir lieu le 1er novembre, la veille de notre capture de la ville. Vingt mille personnes avaient été expulsées de force le 3 octobre en direction de Mons, ne laissant que 5.000 personnes employées par l'ennemi au service municipal, entretenant les feux et l'approvisionnement en eau, le nettoyage et d'autres travaux.

Parmi ceux qui restaient, il y en avait beaucoup qui, après l'expulsion du 3 octobre, avaient été autorisés à rentrer, car ils étaient trop faibles pour continuer la marche, ou abandonnèrent, encombrant la ligne de la retraite allemande. Il y en avait aussi d'autres qui s'étaient échappés. Beaucoup de jeunes hommes s’étaient cachés. Un de ceux qui se tenaient près de moi était resté dans une armoire pendant plusieurs jours et lorsque les Allemands sont venus et ont fouillé la pièce, il s'est tapi derrière les vêtements, tremblant de peur d’être découvert.

Ils ont réclamé des nouvelles du monde extérieur « Quel est notre front ? » ont-ils demandé. «Quelles villes avons-nous capturées ? » Et quand je leur ai dit, ils ont soulevé leurs chapeaux et applaudi, car l’un était de Laon, un autre de Guise et un autre de Courtrai, dont ils n'avaient aucune nouvelle.

«Pendant quatre ans, dit un jeune homme, nous n'avons eu que les mensonges allemands. Connaître la vérité, c'est comme s’évader d’une sombre prison. »

Le pompier m'a touché le bras en disant : « Ne nous attardons pas ici. Ils recommencent à bombarder et trois civils ont été tués il y a une heure environ. Ce serait dommage de mourir si près de la paix. »

Il est parti d’un grand rire chaleureux et m'a conduit le long d'une route étroite vers un passage menant à un bâtiment où il y avait une longue salle voûtée meublée de tables et de lits. Le maire et ses assistants vivaient ici depuis quinze jours lorsque la bataille se rapprochait. La pièce était faiblement éclairée et il y avait là une rencontre internationale : des interprètes français qui hissé le drapeau britannique, des soldats canadiens, des officiers municipaux de Valenciennes et un ou deux officiers anglais.

Le secrétaire de mairie m'a raconté certains faits de l'occupation allemande. C'est une histoire similaire à celle de Courtrai, Cambrai, Lille et d'autres villes libérées. La domination allemande avait été sévère, il y avait continument des réquisitions, des amendes et des emprisonnements. La sévérité des amendes s'est accrue à mesure que l'Allemagne avait besoin de plus d’argent, et alors que dans les premiers temps les particuliers étaient condamnés à une centaine de marks[14] pour des délits insignifiants contre les règles militaires allemandes, ils ont dû payer jusqu' à 2.000 marks au cours des derniers jours.

Un homme a été ainsi condamné à une amende pour ne pas avoir mis les prix des marchandises dans sa vitrine.

Les réquisitions concernaient tout le cuivre, les matelas, la laine et le vin, il y a moins d'un mois, les soldats allemands complétèrent le sac de la ville en se rendant dans chaque magasin et en remplissant des sacs de dentelle de Valenciennes - un sac contenait pour 50.000 francs de dentelle - des mouchoirs de linon et des vêtements. C'était un vol officiel. Le pillage personnel par des soldats a été sévèrement puni et deux d’entre eux ont été fusillés pour cette raison.

Au cours de la dernière semaine de leur occupation, un seul régiment, le 9e[15], fut autorisé dans la ville, et ce principalement pour prévenir le pillage, car les troupes défendant Valenciennes prenaient position à l'extérieur. Mais malgré tout des maisons ont été pillées, surtout la nuit d'avant-hier, quand les Allemands se sont déchaînés et ont fait beaucoup de dégâts. De précieuses peintures ont été découpées dans leurs cadres par des officiers allemands à la recherche de souvenirs.

Pendant ces quatre années, les gens ont été mal nourris et seuls ceux qui avaient de l'argent pouvaient obtenir des choses qui dépassaient les nécessités les plus élémentaires de la vie. Le beurre valait 40 francs le kilo, le café 60 francs, le sucre 25 francs et le chocolat 80 francs.[16]

La population a été encouragée à travailler dans les jardins maraîchers et à cultiver des pommes de terre, des choux-fleurs, etc. les autorités allemandes ont alors réquisitionné tous leurs produits.

Le regard des femmes et des enfants qui, ici et là, bravant le tumulte des tirs qui les entouraient, s'approchaient des portes en criant « Bonjour Monsieur, bon jour (sic) et merci.» à tout soldat britannique qui passait, montrait qu'ils avaient vécu des jours de détresse. Les femmes avaient les traits tirés et les enfants avaient les joues creuses, bien que leurs yeux fussent merveilleusement brillants à cause de la joie qui avait succédé à leur peur.

À une fenêtre était assis un vieil homme entouré de jeunes femmes. La fenêtre s'ouvrit pendant que je passais, et le vieil homme tendit les deux mains vers les miennes. Alors qu'il les serrait contre lui, les larmes coulaient sur ses joues et il ne pouvait rien dire, bien que ses lèvres remuassent. C'était un bon vieillard, avec une petite barbe à l’impériale blanche comme un soldat de la Vieille Garde de Napoléon[17] ; l’une des dames que j'ai prise pour sa petite-fille m’a dit qu'il était capitaine d'artillerie pendant la guerre de 1870. En retournant dans la pièce, elle a ramené le portrait d'un jeune soldat où j'ai vu le fantôme de ce vieil homme enfant.

 


 

Les inondations :


Clic : Voir l'image dans son contexte

Un soldat canadien des transmissions répare un fil [téléphonique] dans une rue que l'ennemi avait inondée avant de quitter Valenciennes ; devant le soldat un panneau indique un abri où réfugier 15 personnes en cas de bombardement aérien (abri qui se trouve de fait sous les eaux !)

De nombreuses autres photos de cette journée sont visibles sur ce même blog, outre la page accessible en cliquant sur la photo ci-dessus, ainsi que ce sujet sur le 38th Canadian Battalion sur mon autre blog.

Ce n'est évidemment pas le seul article de journal relatif à la libération de Valenciennes, dernière grande ville sur la route de Mons (et renommée outre-Atlantique par sa dentelle). J'en ajouterai d'autres au fur et à mesure.

 

 

 

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