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Les civils du Valenciennois dans la Grande Guerre 1914-1918
28 juin 2017

Otages en Lithuanie (II)

 

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   Les registres de la Croix-Rouge contiennent une liste de 989 noms établie le 20 février 1918 : 593 hommes et 396 femmes, otages venus de France occupée, déportés en Russie occupée et vers Holzminden, en représailles des Alsaciens détenus (en France non occupée) :

229b

     Est-ce le nombre exact de déportés, alors qu'on cite généralement 600 hommes (pour la Lithuanie) et 400 femmes (pour Holzminden) ?? Il semble pourtant que cette liste tienne compte des morts - en route ou sur place - comme par exemple Emile BAUDELOT, de Vrigne au Bois (Ardennes), le premier à décéder -dans le train- à Hohensalsa le 8 janvier 1918. Malgré l'acharnement de l'occupant à respecter les nombres prévus, (compter et recompter n'est pas une légende, non plus dans les camps de la guerre suivante) remplaçant ceux qui ne pouvaient embarquer par d'autres otages, c'est probablement le nombre le plus exact.

 

   Les pages sont disponibles à cette adresse sur le site du CICR, cote Civ 7781 à Civ 7799. Je n'ai relevé ci-dessous que quelques noms déjà cités et/ou du Valenciennois pour montrer la concordance :

Chez les hommes :

  • Civ 7783 St.Amand(-les-Eaux) : BARBIEUX Emile, NONON Paul, BOUCHART Charles, DUCATILLON Clément, DAVAINE Jean, HUMBERT Camille, MOUTIEZ Louis.
  • Civ 7789 BRUYRE Paul & D'HAUSSY Georges d'Artres, HARPIGNIES Maurice de Famars, CARPENTIER Aubert de Préseau, LECERF Arsène de Maing.
  • Civ 7790 Valenciennes : GRAVIS Henri, DUPONT de St.OUEN Fernand, LESQUESNE Charles, LEST Victor, GIRAULT Alexandre, EWBANK Georges, TROMONT Charles.

Chez les femmes :

  • Civ 7793 St.Amand(-les-Eaux) : DAVAINE Rose, BARBIEUX Emilie, LEFEBVRE Adèle, REOL Gabrièle.
  • Civ 7798 Valenciennes : GRAVIES Blanche, REGARD Eugénie, MEURIN Augustine.

  

  Le livre d'Émile FERRÉ "Nos étapes de représailles en Lithuanie", illustré par Charles MARIAGE et publié à Lille dans les années 1920 permet de découvrir des croquis des lieux et de reconstituer les parcours : ( voir la Ière partie  )

  • Arrivée à Żośle (lituanien : Žasliai; polonais : Zoszle)
         Venant de Kaunas (en polonais Kowno, en allemand Kauen) le train des otages arrive en gare de Koshedari (en lituanien Kaišiadorys, Koszedary en polonais, Кошедары en russe) et continue sur Zosle, où nul n'est prévenu de leur arrivée, le train repart donc pour Koschedary et revient le lendemain à Zosle, les passagers ayant passé la nuit dans le train sans nourriture.

    K-Z

  • De Żośle à Milejgany (lituanien : Mijaugonys, village de la commune d'Elektrenai) :
         Ferré parle de la plus terrible tempête de neige qu'il soit possible d'imaginer même en Russie, le 12 janvier 1918 à 9h1/2, les otages entament une marche de 4,5km selon les précisions apportées (voir le sujet "otages en lithuanie III").

    Zosle gare - Grange


        Une route probable en respectant la distance sur carte d'époque est en rouge. Comparer avec le même chemin sur la carte moderne ; la route 143 n'existait pas alors. On arrive à "Kalniniai Mijaugonys " (Haut Milejgany (?) par opposition à Kloniniai Mijaugonys qui se trouve de l'autre coté de l'autoroute A1). A noter que la forêt était moins étendue, seule la parcelle 18 existait.

        Faute de camp prévu pour les loger, ceux-ci furent forcés d'occuper une grange et un bâtiment attenant ouverts à tous les vents par un froid tel qu'ont connu les soldats de la Grande Armée, passée de Kowno à Vilna en juin 1812, et y repassant en décembre de la même année lors de la "retraite de Russie". Les Mémoires du Sergent Adrien Jean-Baptiste François BOURGOGNE, (12/11/1785, Condé-sur-l'Escaut (Nord) - 14/04/1867, Valenciennes) contiennent d'ailleurs un passage intitulé "De Wilna à Kovno".

    Arrivée Zosle


        L'un des dessins du livre de Ferré représente le cimetière de Milejgany, peut-être celui ci-dessous à 500m de l'endroit où se termine le trajet.

    Cimetière Milejgany cimetière Milejgany vue

       
        Il n'est guère possible de situer l'emplacement de la grange, même sur d'anciennes cartes.

    grange


    La même, dessinée par Auguste Théatre (les murs semblent de briques, ce qui est un peu contractoire avec les dessins de Ch. Mariage ci-après)

    ob_b5caba_dessin-aquarelle-milejgany-auguste-the
    (mise en ligne par le Musée Municipal de Sedan)

        

  •  A Milejgany :
    Dessins de F. De Haenen, d'après les croquis de Ch. Mariage (voir la première partie du sujet)

    annexe grange interieur grange

    L'intérieur dessiné par Auguste Théatre :

    ob_33899f_dessin-auguste-theatre-vue-interieur-c
    (mise en ligne par le Musée Municipal de Sedan)

  • De Milejgany à Jewie, nom polonais de l'actuel Vievis Lituanien et dont le nom russe est Евье.
        Arrivés le 12 janvier 1918, 160 otages (dont 17 prêtres sur les 52) partent pour Jewie le 18. Il leur faut bien entendu regagner la gare de Zosle, d'où le train les conduit en une heure à celle de Jewie. De là ils marchent 15 minutes jusqu'à une église orthodoxe, qui -dit Ferré- a subi le bombardement (lors de l'offensive germano-russe).

    M-J

    1607 Zasliai-Vievis
    Marche des otages jusqu'à l'église



        Il ne la nomme pas, mais il s'agit de l'Eglise de Notre-Dame de l'Assomption. Bâtie en 1843 elle remplace l'égise (orthodoxe) paroissiale que semble-t-il "Napoléon a brûlée en 1810". Ch. Mariage nous offre un dessin de cette église, permettant ainsi de la retrouver ; refaite récemment à neuf (avec une discorde sur la forme du bulbe), sise le long de la route européenne E85 qui relie la Baltique à la mer Egée, on peut -à la neige près- la voir comme il l'a vue :

    PetiteEglise Jewie  Vievis002

        Ce groupe restera séparé moins de deux mois de ceux restés à Milejgany : le 15 mars ils partent pour Ponary près de Vilnius, ou les retrouveront les autres otages moins ceux qui doivent être hospitalisés à Vilnius.

 

  • De Jewie à Ponary (en lituanien Paneriai) :

    V-P


         Le camp de destination, dont la localisation précise n'est pas certaine s'appelle Roon (parfois cité 'Block-Roon') ; ce n'est pas une localité, mais le nom d'un général et homme d'état prussien : Albrecht Theodor Emil von Roon (né près de Kolberg en Poméranie le 30 avril 1803 et mort à Berlin le 23 février 1879), le camp ne semble pas avoir été réutilisé, ce qui peut expliquer que le nom de l'endroit n'ait pas survécu.
    Parmi la grosse centaine de cartes étudiées (sur plus d'un siècle), une seule -allemande de 1918- fait figurer le nom un peu au sud de la gare de Ponary. Ferré qui signale l'endroit à 7km de Vilnius, donne également le nom de Nejlowoj, qu'il a été impossible de situer, mais cite fréquemment le vallon de Nowo-Siolsky qui semble donner une vue sur Vilnius.

    Roon

        L'auteur qui retrace des promenades dans les bois de pins aux alentours cite le nom "Ponary (Kaplitsa)". Kapliça [kaplit͡sa] veut dire chapelle en polonais. Il ne parle jamais du tunnel sur la voie ferrée (maintenant fermé), mais un dessin d'Auguste THEATRE, professeur de dessin, montre l'entrée ouest celui-ci, on aperçoit à gauche le sanatorium :

    Aquarelle Auguste THEATRE
    (mise en ligne par le Musée Municipal de Sedan)




  • A Ponary :

    Entrée de Roon

       

        C'est un camp de 4 baraques en bois vite baptisées Joffre, Foch, Pétain et Castelnau, séparées par l'avenue de la Victoire, qui n'a rien à voir avec un sanatorium comme on a pu le voir écrit, cependant Ferré parle bien d'un sanatorium voisin non terminé, qu'il a pu approcher avec ceux qui l'accompagnaient lors des promenades autorisées. Le tsar en avait débuté la construction en 1913, malheureusement il n'en reste rien. L'excellent site lituanien Mylimas Vilnius ("J'adore Vilnius") en signale l'emplacement qui se trouve être maintenant sur le réseau ferré de triage, non loin du tunnel.

    Sanatorium GGl t
    La gare de Ponary est signalée en bleu à gauche au sud des voies

        Ferré fait allusion à un petit groupe de déportés malades que l'on va rapatrier, faisant référence à un article de la Gazette des Ardennes que je n'ai pu retrouver ; il le confirme plus tard : ils sont partis le 14 avril. Grace aux notes prises par le recteur Georges LYON de Lille, on a la confirmation que 97 otages sont de retour en France occupée le 24 avril. le recteur rend d'ailleurs visite à l'un d'entre eux  M. GAGEDOIS de Dom-Sainghin qui peut lui raconter leurs souffrances.
    L'auteur donne le nombre d'otages restants : 438, déduction faites des morts et de ceux qui sont hospitalisés à Vilna.


      Les otages morts à Roon seront enterrés près de la chapelle dont Ch. Mariage a fait un croquis. Chapelle et cimetière existent toujours "à 2km environ de Roon" ; lors de l'enterrement de Jacquemain le 4 juin, Ardennais et 22e compagnon d'exil décédé, le cercueil "excessivement lourd" sera porté par 2 équipes de 6 qu'un chariot polonais remplacera à l'inhumation de Xavier LALLE le 19.

    Chapelle Ponary Paneriai_koplyčia

          La Sainte Chapelle de Jésus Crucifié (Šventoji koplyčia Jėzaus Nukryžiuotojo) et le cimetière font toujours l'objet de visites - guidées- en souvenir de la bataille qui eut lieu en 1831 entre Polonais et Russes lors de l'insurrection polonaise de 1830-31. Le cimetière contient des tombes anciennes, certainement d'habitants du voisinage, et il n'est pas exclu que les otages décédés et enterrés y soient toujours, je n'ai trouvé aucune information concernant un possible retour des corps.

    39_1280   52_1280

          Le jeudi 30 Mai 1918 est le jour de la Fête-Dieu. Après un Dimanche de Pâques (31 mars) "abominablement gris", les otages obtiennent le droit de se rendre à l'église de Biala-Waka actuellement Baltoji Vokė (autrefois en Lithuanien Naujoji Žagarinė ; en polonais : Biała Waka, en russe : Белая Вака):

    La Fête-Dieu fut un enchantement. Nous la célébrâmes, à la faveur d'une promenade collective, -nous obtînmes ces promenades à force de réclamations - dans l'Église de Biala-Waka à quelques lieues de notre camp. Départ à 3 heures 1/2. Traversée de la forêt où l'on cueille du muguet et de magnifiques ancolies. Vers 5 heures 1/2, nous sommes à destination. Joli village dont les maisons se groupent autour d'une église neuve et d'un château blanc. A l'église, Gallois est à l'orgue et la chorale à la tribune. Chant d'un couplet de Notre-Dame de France par Thiriez. Exécution d'une composition du Père Louis-Marie : Cor Mariae immaculatum, etc, etc. La cérémonie terminée, nous sommes reçus par le curé de Biala-Waka, debout sous l'auvent de sa maison de bois. Nous lui chantons les Stances du départ, de Gallois, paroles de Beltette. Le curé parait très impressionné, il nous dit : "Merci, messieurs les Français... je regrette de ne pas savoir bien votre langue, mais mon silence vous dit mon merci ! " On applaudit. On chante le Vivat flamand. Le curé remercie encore. Et nous voila partis visiter le château, vaste propriété, qui réunit dans son pourtour les maisons des serviteurs et des attachés à la glèbe. Des cigognes s'élèvent dans le ciel et vont se poser, en un vol plané d'une suprême élégance, dans les prairies avoisinantes. Garçons et fillettes, convenablement endimanchés, font la haie sur notre passage. C'est l'époque où les envois de France nous sont enfin parvenus et nous distribuons prodigalement biscuits et chocolats, à la surprise, je devrais dire à l'ahurissement des Prussiens qui occupent cette propriété-là, comme toutes les autres. Nous revenons par un soleil couchant d'une exquise douceur....

        J'ai choisi ce passage car il montre la volonté de tenir tête à leurs geôliers, et le plaisir qu'ils se font en étonnant les Prussiens n'est pas des moindres.

         Située au sud du camp sur la rivière Waka, l'église de la "Conversion de l'Apôtre St-Paul" est achevée en 1910 ; on la retrouve aujourd'hui dans un état comparable :

    Eglise BWb



    On retrouve également le château, pour le moment délaissé :

Chateau BWb

 

     A partir du 20 mai certains otages auront la possibilité de partit pour la Suisse via Rastadt ; 26, puis 78 choisirent cette destination mais resteront au moins un mois à la frontière avant de pouvoir la franchir, les derniers partis mettront plusieurs mois.
Les autres otages opteront pour le retour vers la France : partis le 8 juin, ils passent la frontière russo-allemande à Eydtkunen  actuellement Tchernychevskoïe (jusqu’en 1938 : Eydtkuhnen, et de 1938 à 1946 : Eydtkau), en russe Чернышевское,  ils y prennent leur première douche depuis le départ en janvier, et c'est un soldat -en uniforme allemand- de Ste Marie-aux-Mines (un Malgré-Nous) qui leur tend une serviette !

Holzminden servira de camp de transit, ils y retrouvent parmi les quelques 10.000 prisonniers les 400 femmes emmenées en même temps qu'eux (dont ils resteront séparés par des barbelés) d'où il repartiront ensemble après un court séjour pour Montmédy, il y resteront une semaine dans des casemates occupées par des russes et hériteront de leurs punaises (sic), les dames étant logées dans une église. Rentrés en France, (le 24 juillet à Valenciennes) il leur fut cependant interdit de prétendre par la suite à un rapatriement vers la France non occupée via la Suisse.

 

 

     Le livre d'Emile FERRÉ permet également de découvrir quelques visages des otages, parfois avec leurs noms :

Roon Comité du camp
De gauche à droite (en commençant par en haut) : WAARTH, CHATTELEYN, MOLINIÉ, LEMPEREUR, TIBERGHIEN, BACHELET, AUBRON, l'abbé LELEU, MOUCHET, EWBANK, NININ, FERRÉ, VITTINI, GUILBAULT, DELEPOULE, ROCHON, Abbé QUIEVREUX, FERRI, FICHAUX, MARTINET.

 

Roon Section 10 otages ardennais section 8 otages Roon

section otages Roon a section otages Roon b

Voir également cette photo et quelques détails sur Europeana

Europeana
L'otage marqué d'une croix est Charles CRÉQUY, voir plus bas.

 

artistes du camp
Les artistes du camp à Roon.
Debout (de gauche à droite) : MARIAGE Charles, FERRÉ Emile, THÉATRE Auguste, LESOURD Max.
- Assis : LEBOUCQ Georges, DUVIVIEZ Maurand.

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THÉATRE Auguste, né le 27 décembre 1867 à Vendresse (Ardennes), décédé le 31 mars 1956 à Sedan (Ardennes) professeur de dessin artistique que l'on voit ici sur une photographie faite par l'occupant pour délivrer les papiers d'identité obligatoires

Theatre A


avait fait également ce portrait non nommé :

ob_0f5d9a_dessin-auguste-theatre-portrait-prison
(mise en ligne par le Musée Municipal de Sedan)

Le musée de Sedan, contacté, a obligeamment mis en ligne le carnet de croquis d'Auguste Théâtre : des représentations de lieux, mais aussi des visages, malheureusement la plupart sans indication de nom. Sur cette page, en bas.

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Une autre photogaphie, aimablement transmise par l'arrière petit-fils de l'un de ceux hospitalisés à Vilnius : Furcy BOISE.

                  Oscar ou Apollon DUBOIS     Henry MANCEAU      Louis LENFANT            Albert RATEAU
                   Obrechies ou Aisonville         St Michel               Lambersart                 Savigny
otages
  Emile RANGON             Furcy BOISE         Jules LEROUX (ecclésiastique)      Emile FACQUIR           Alfred GERARDIN
    La Neuville                 Cartignies               Le Marais de Lhomme             Sedan                    Mont St Rémy

Les noms sont écrits au dos au crayon, peu lisibles avec le temps, et délicats à interprèter pour certains..

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On trouve aux Archives des Ardennes le portrait de CRÉQUY Charles de La Francheville (Ardennes) qui raconte :

CREQUY Charles"Otage de représailles des Allemands, j’ai été interné en Lituanie.

"Mobilisé, je suis renvoyé dès le 12 août 1914 dans mes foyers. Je reste en région envahie où je suis cultivateur. La France ayant emprisonné des ressortissants allemands au début de la guerre, l’Allemagne décide d’interner des otages civils français. Fin 1917, je me porte volontaire pour remplacer mon père. Le voyage vers Milejgany, en Lituanie, se déroule dans des conditions épouvantables.

"La vie au camp est précaire : hiver glacial, hygiène déplorable, rations alimentaires insuffisantes, corvées multiples… Je quitte la Lituanie le 8 juillet 1918 et le 23 de ce mois, je suis de retour dans les Ardennes.

"Charles CRÉQUY (1887-1956)"


 -+-+-+-+-+-+-+-+-

     Il est difficile d'avoir des certitudes sur le devenir des otages après la guerre, et plus encore sur la reconnaissance qui leur fut accordée, mais en cherchant les honneurs qu'ils avaient pu recevoir, j'ai trouvé, au Journal Officiel de la République du 26/09/1922, le nom d'une femme faite chevalier de la Légion d'honneur à titre posthume. Il s'agit bien entendu d'un internement à Holzminden, aucune femme n'ayant été internée en Lithuanie.

Femme à Milejgany, JORF 19220926 LHP

     Il en est de même de la baronne d'Huart de Longwy qui, selon le JO du 10/02/1924, aurait été déportée en Lithuanie, mais figure bien sur la lite d'Holzminden.

LEBLON Flavie

 

Figure au même JO l'un des otages masculins de Milejgany décédés à Vilnius : LEMAIRE Donatien Edouard

LEMAIRE Donatien JORF 19220923 LHP

 On peut espérer découvrir qu'il en a été de même pour les autres, et que les survivants n'ont pas été trop vite oubliés.....

D'une guerre l'autre.

     Le nom de Ponary/Paneriai (Ponar en yiddish) resurgira lors de la guerre suivante : c'est le lieu du massacre, quelques km à l'ouest de Roon, de 1941 à 1943 de près de 100.000 personnes : 70.000 juifs, 20.000 Polonais et 8.000 Russes par l'Einsatzgruppe 9 et ses auxiliaires lituaniens : les emplacements de citernes semi-enterrées d'un un ancien site soviétique de stockage de carburant constitueront leur lieu d'exécution et dernière demeure.

Biala-Waka verra de son coté, comme d'autres localités voisines, s'installer un camp de travailleurs issus du Ghetto de Vilnius.


De la difficulté des noms de villes :

    Le futur général De Gaulle (qui, alors lieutenant, passe avec le 33e RI à Valenciennes le 5 Août 1914 au matin en direction de Dinant où il sera blessé le 15 1) a été prisonnier -notamment- dans un camp de représailles en Lithuanie dont le nom est le plus souvent écrit Szczuczyn (prononciation polonaise: [ˈʂt͡ʂut͡ʂɨn]) qui désigne un village polonais de la gmina de Szamotuły dans la powiat de Szamotuły de la voïvodie de Grande-Pologne dans le centre-ouest de la Pologne. A moins que ce ne soit Szczuczyn, village de Pologne, situé dans le gmina de Szczuczyn (dont elle est le siège), dans le Powiat de Grajewo, dans la voïvodie de Podlachie.

C'est aussi l'orthographe du registre du CICR qui le recense durant sa captivité :

De Gaulle Szczuczyn
(... venant d'Osnabrück)

On peut même voir écrit sur le web qu'il s'agirait de Szczecin (Stettin en allemand, Sztetëno en cachoube, anciennement Stetin en français), le chef-lieu de la voïvodie de Poméranie occidentale, bien loin de la Lithuanie d'alors.

     Il s'agit en réalité de Chtchoutchyn (en biélorusse : Шчучын ; en lacinka : Ščučyn) ou Chtchoutchine (en russe : Щучин ; en polonais ... ... : Szczuczyn), de la voblast de Hrodna (Grodno), en Biélorussie.

On note que ce n'est plus en Lituanie actuelle, les frontières dans cette région ayant beaucoup bougé.

 

 

    Le journal officiel de la république française ne nous aide pas non plus, malmenant parfois l'orthographe des lieux de détention : on y trouve "Mileygany", "Milejany", "Milegamy" pour Milejgany ; "Roow" et jusqu'à "Bheronne" dans lequel il faut deviner le camp de Roon.

 

 

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Credits photos Wikipedia, Panoramio, Google, collection perso.


 

1 Je me suis toujours demandé ce qu'ont pensé tous les soldats de Lille -ou d'Arras comme ceux du 33e RI - et en général des départements occupés de l'ouest, lorsqu'ils ont appris l'invasion puis l'occupation de leur région et le fait que la frontière n'y était pas défendue....

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