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Les civils du Valenciennois dans la Grande Guerre 1914-1918

13 octobre 2017

2 Novembre 1918 dans le New York Times du surlendemain.

 

 NYT bandeau

 

entete NYT

 Triste accueil à

Valenciennes

Effarés et affamés, les habitants racontent leurs souffrances à leurs libérateurs britanniques.

______________
"Les démons sont enfin partis !"
______________

"Ils ont tout volé, tout cassé, nous ont écrasés durant quatre ans."


Par Philip Gibbs.
Copyright 1918 New York Times Cie.

Par cable spécial
Avec l'armée britannique, le 3 novembre.

 

Dans son édition du 4 Novembre 1918, parait, sous la signature de Philip GIBBS, un article relatant les impressions de l'auteur recueillies le 2, jour de la libération de Valenciennes, et transmises le lendemain par câble spécial au New York Times. On admirera au passage le très court délai entre l'évènement et la publication outre-Atlantique.

L'auteur, Sir Philip Armand Hamilton GIBBS (1877-1962), n'est pas un inconnu : il a été le plus célèbre, et sans doute le plus important, des reporters de guerre officiels britanniques rattachés par leurs journaux au Quartier Général britannique sur le front occidental de 1915 à 1918. C'était aussi un romancier et un écrivain accompli.

Au début de la Première Guerre mondiale, le gouvernement britannique a imposé un système de censure aux journaux londoniens. Il était inattendu que des journalistes se soient vu interdire d'accompagner le Corps expéditionnaire britannique (BEF) en France.

Gibbs s'est rendu en France avec d'autres journalistes et a rejoint des éléments des forces britanniques en Belgique mais a finalement été forcé de quitter la zone de guerre. L'armée britannique a ensuite tenté une brève expérience d'exclusion de tous les journalistes du front occidental, en s'appuyant plutôt sur la publication de communiqués. Cette expérience s'avéra peu pratique, en grande partie à cause de l'opposition des journaux londoniens, et en mai 1915, Gibbs devint l'un des cinq correspondants de guerre officiellement accrédités pour rejoindre le quartier général du BEF. En accord avec leurs journaux, les journalistes ont été strictement contrôlés et leurs reportages censurés ; informés quotidiennement après du Quartier Général, on leur a parfois permis de se rendre sur le front pour mener des entrevues. Le nombre de correspondants officiels varient légèrement durant la guerre, mais Gibbs y reste jusqu'à l'armistice.

GIBBS iwm
Philip GIBBS est à droite sur la photo
(Bataille de la somme, Juillet-Novembre 1916© IWM Q 1062)

Il faut comprendre le "Triste accueil" de l'intitulé de l'article par le fait que Gibbs entre pour la première fois dans une ville qui n'est pas encore totalement libérée, comme ce fut le cas à Lille, et dont les occupants tentent encore de se protéger du bombardement. Voici la traduction de ce récit. J'y ai ajouté des notes (repérées en rouge) dont le contenu se dévoile en immobilisant le curseur sur leur numéro. Le style est parfois "journalistique" pour ne pas dire plus, j'ai donc tenté de rester "au plus près".

Après des combats acharnés de la part des troupes anglaises et canadiennes, la vieille cité de Valenciennes, sur le canal de l'Escaut, a été investie hier matin. À 7 h 50, le général[1] commandant les troupes canadiennes qui ont encerclé la ville a envoyé ce message historique :
«J'ai l'honneur de vous informer que Valenciennes est entièrement entre nos mains».




C’est une belle réussite que les troupes britanniques partagent avec les Canadiens. Les territoriaux et les régiments d’active du Yorkshire[2] ont fait l’objet de contre-attaques désespérées de l'ennemi vendredi après notre avance matinale dans les villages d'Aulnoy et Préseau, fortement tenus par un grand nombre de troupes allemandes avec pour ordre de défendre ces positions jusqu’à la mort.

Depuis le nord, toute avance a été rendu impossible par l'ouverture des vannes de l'Escaut qui a inondé ce côté de la ville[3] .
L’ennemi ne pouvait s’échapper que par le sud-est[4], de sorte qu'il y avait concentré tous ses hommes disponibles. Ils se sont battus avec beaucoup de courage et d'obstination, mais ce fut inefficace contre les Canadiens et les Anglais, soutenus par une immense concentration d'artillerie

Beaucoup d'Allemands morts gisent dans la petite rivière Rhonelle et 4.000 prisonniers ont été faits par les forces combinées. Les contre-attaques de l’ennemi appuyées par des chars[5] se sont complètement effondrées, de sorte que les Britanniques ont capturé les tanks et fait encore plus de prisonniers.

Je suis allé à Valenciennes hier matin[6] peu de temps après sa capture, quand il y avait encore de durs combats du côté sud-est, de sorte que tous les canons britanniques étaient en action avec un bruit énorme alors que je les côtoyais à la périphérie de la ville, le vol des obus passant au-dessus des maisons où chez de nombreux civils se mêlaient joie de savoir qu'ils étaient libres de nouveau, et peur de cette fureur des armes autour d'eux.

Des villages périphériques abandonnés

Le chemin de Douai à Valenciennes était plein d'obsédantes images de la guerre, parce que les troupes canadiennes et anglaises se sont battues à travers de nombreux villages le long de ces routes et que ces lieux n’en sont pas sortis indemnes.

Leurs habitants ont fui les plus proches de Valenciennes car les obus allemands ont fracassés leurs toits et leurs murs et ont fait des ruines de nombreuses maisons. Certaines ont été coupées en deux, de sorte que l'on regarde dans des pièces où des pianos de salon, les machines à coudre des femmes et les berceaux des enfants restent contre les murs les plus éloignés parmi les poutres brisées et le plâtre.

Seuls quelques soldats se déplacent parmi ces villages abandonnés, et hier, qui a été un jour exécrable, avec la brume humide traversant leurs murs crevés par les obus qui tremblaient comme des caisses de résonnance à l'arrière des canonnades, ils ressentaient la tragédie. En traversant Oisy et Aubry[7] vers La Sentinelle - banlieue de Valenciennes de ce côté de l'Escaut - il n'y avait guère d'âme vivante, à l'exception de silhouettes, étranges comme des ombres dans le brouillard humide, se glissant sous les murs : des soldats britanniques, comme on pouvait le deviner à la forme de leurs chapeaux d’acier.

Tout au long de la voie ferrée de Douai, les ponts ont été détruits par l'ennemi et forment des épaves monstrueuses au travers la ligne. Au-delà, dans ce voile épais de brume, les montagnes des noirs crassiers, comme des pyramides égyptiennes, apparaissaient vaguement. Les cheminées des usines faiblement dessinées au-dessus de celles-ci, comme si c'était une guerre au Lancashire.

Des gens sont arrivées traînant une voiture où s’empilaient des meubles, et je leur ai demandé : « Êtes-vous de Valenciennes ? »

« Non, monsieur ! » a dit un homme accroché aux cordes et il a nommé un autre village à proximité, en regardant en arrière d'une manière effrayée comme s'il était obsédé par un danger qui se situait là-bas.

Des chevaux morts, horriblement mutilés, gisent sur le bord de la route. La guerre est passée sur cette route peu de temps auparavant. C’était toujours très proche de Valenciennes, et cette ville était entre deux feux dont la majorité venait de notre part. Les canons étaient rassemblés dans ce brouillard que leurs éclairs poignardaient de soudaines rafales de flammes.

Les monstres ont soulevé leurs museaux et ont grondé depuis les champs boueux à proximité, secouant la terre et le ciel. Les batteries de campagne, installées en plein air, tiraient sans cesse et, en passant à quelques mètres d'eux, leurs coups aigus me frappaient les tympans comme des coups de marteaux.

Ensuite, nous sommes arrivés au canal de l'Escaut et nous avons vu Valenciennes s'étendre devant nous de l'autre côté - une ville longue et étroite, construite le long de la ligne de l'Escaut, de sorte qu'on la voit de bout en bout, avec ses églises, ses usines et ses tours au-dessus de ses toits surpeuplés.

Première vision de la cité de Froissart

Valenciennes, la vieille ville des dentellières[8], célèbre depuis mille ans à cause de l'histoire de ses habitants, des nobles hommes et femmes nés dans ses murs et de nombreux sièges, captures et conflits jusqu’à ce qu’il devienne la convoitise de princes voleurs et d’empires belliqueux !

Je pensais à Jehan Froissart[9], ce chevalier très vaillant et correspondant de la guerre médiévale, qui est né ici il y a 500 ans et est monté par ce pont quand il y avait un spectacle de chevalerie dans ses murs, et que les troubadours chantaient pour les dames de Valenciennes, avec leur propre dentelle autour de leur long cou blanc.

Le fantôme de Jehan Froissart m’accompagnait en traversant le pont[10] et j’ai vu pour la première fois sur cette belle ville des flammes s'élever de ses anciennes maisons du côté sud-est, j’ai entendu le vol de tous ces obus hurlant au-dessus de leurs toits, et le pilonnage des nombreux canons avait une résonance profonde comme les notes graves de tuyaux d'orgue extrêmement longs. Ce noble chroniqueur aurait eu le cœur triste de voir sa ville en péril, mais non sans jubilation en raison de sa libération après quatre ans passés sous une domination de fer.

Il y avait toujours des tirs de mitrailleuses quelque part sur droite – longues rafales en staccato - et j'avais entendu un colonel canadien dire que l'ennemi tenait encore un poste de mitrailleuse dans la banlieue de Marly. Nous avons gardé nos sens en alerte de tout impact de balle trop proche. Un Allemand prêt à mourir pouvait tirer à coup sûr de n'importe quelle fenêtre ou cave avant d’en payer le prix.

Mais où étaient les Valenciennois ? La solitude commençait à être oppressante. Ce n'était pas comme l'entrée à Lille. Il n'y avait aucune manifestation de joie dans cette ville libérée. La fureur des armes avait tenu les gens terrés dans leurs maisons.

Bientôt, ici et là, j'ai vu des visages apparaitre, puis une porte s'ouvrit, et un homme et une femme et des enfants maigres apparurent. La femme poussa une main décharnée dans la mienne et se mit à pleurer. Puis elle a parlé avec passion, avec un mélange étrange de colère et de chagrin.

« Ces démons sont enfin partis »

« Ô mon Dieu ! » disait-elle. « Ces démons sont enfin partis. Que ne nous ont-ils pas fait endurer ! »

Son mari me parla par-dessus l’épaule de son épouse.
« Monsieur, » dit-il « ils ont tout volé, tout cassé, nous ont brisés durant quatre ans. Ce sont des bandits et des brigands »

« Nous avons faim, » a dit une fille mince et un garçon plus petit à ses côtés, au visage blanc pincé, a dit : « Nous avons mangé tout notre pain, et j'ai faim. »

Ils avaient du café et m'ont proposé d’entrer boire avec eux, mais je ne pouvais pas attendre.

La joie d’être sauvé.

La femme tenait mes poignets serrés dans ses mains maigres en disant : « Nous sommes reconnaissants aux soldats anglais. Ce sont eux qui nous ont sauvés. »

Plus tard, à Valenciennes, deux dames passèrent, bien habillées et tout en noir[11]. Elles se pressaient vivement, comme si elles avaient peur de ces coups de feu au-dessus de leurs têtes, mais elles se sont retournés et ont souri en disant : « Nous sommes remplies de joie. Bravo les Anglais ! »


L'une d'elles a porté la main à son cœur de façon émue et a déclaré : « Depuis quatre ans, nous avons souffert. Il faudrait quatre ans pour vous raconter ce que nous avons souffert. Mon Dieu ! Mon Dieu ! »

Ces deux dames passèrent rapidement leur chemin. Ce sont les dernières personnes que nous avons rencontrées jusqu'à ce que nous arrivions place d'Armes, la Grand-Place de Valenciennes, où d'un côté se trouve l'Hôtel de Ville, magnifique avec une long façade de la Renaissance richement sculptée, et autour d’anciennes maisons construites pour beaucoup d'entre elles lors de la domination espagnole des Pays-Bas. Comme pour la pauvre ville d’Arras, si marquée, je constatais que le fronton de l’Hôtel de Ville avait été légèrement abimé par un obus[12] et que quelques maisons étaient percées de trous d’obus bien qu’elles ne soient pas en ruines.

Un groupe d'hommes se tenait dans une rue latérale à l'hôtel de ville : au premier coup d'œil, je devinai qu’ils appartenaient à la municipalité, il s’agissait de dignitaires de la cité, vêtus de noir, qui s'inclinèrent et nous serrèrent la main très chaleureusement, chacun voulant raconter l'histoire de Valenciennes sous la domination allemande et les derniers jours de terreur ; tous parlaient en même temps, de sorte qu'il était difficile de comprendre, d'autant plus que la canonnade redoublait de violence.

Mais je compris qu’un vieux monsieur venait de voir l’intérieur de sa maison détruit par un obus allemand. Il pointa du doigt une petite demeure aux pignons pointus de l’autre coté de la place en disant : « J’ai eu de la chance d’en réchapper ».

Je compris également que le drapeau allemand de l’hôtel de ville avait été décroché à 10h10, qu’un jeune officier canadien avait grimpé pour attacher le drapeau tricolore à sa place, et qu’ensuite 2 interprètes français de la première brigade à être entrée dans la ville avaient hissé le drapeau britannique sur Valenciennes.

Homme sauvé de la déportation

J’ai demandé après le maire de la ville, et un homme qui était resté à l’abri d’un mur a dit : « Je vous emmène si vous voulez bien attendre une minute. »

J’ai eu moins d’une minute à attendre avant qu’il ne réapparaisse en grand uniforme en disant :

« Je suis le pompier de Valenciennes, il y a eu dans la ville la nuit dernière de nombreux incendies qui brûlent encore, mais on ne peut rien faire parce que les Allemands ont vidé toute l'eau des canalisations, ainsi les caves sont inondées et les pauvres les gens ne peuvent pas se réfugier contre le bombardement. »

J’ai vu la misère à Valenciennes, je pataugeais jusqu’aux chevilles dans les rues inondées[13], et regardais dans les caves par les portes ouvertes au bas des maisons : elles étaient pleines d’eau. Des jeunes hommes s'approchèrent de moi, me serrant la main avec émotion, les larmes aux yeux.

« Nous sommes de ceux qui y ont échappé » dit l'un d’eux.

« Echappé de quoi ? » demandai-je : ils montrèrent une affiche sur le mur. L’ayant lue j'ai vu que c'était un ordre de mobilisation de tous les hommes âgés de 15 à 35 ans qui devaient se présenter au commandement allemand sous de sévères peines en cas de refus, pour être évacués à travers les lignes allemandes.

Cet ordre était daté du 31 octobre et la mobilisation devait avoir lieu le 1er novembre, la veille de notre capture de la ville. Vingt mille personnes avaient été expulsées de force le 3 octobre en direction de Mons, ne laissant que 5.000 personnes employées par l'ennemi au service municipal, entretenant les feux et l'approvisionnement en eau, le nettoyage et d'autres travaux.

Parmi ceux qui restaient, il y en avait beaucoup qui, après l'expulsion du 3 octobre, avaient été autorisés à rentrer, car ils étaient trop faibles pour continuer la marche, ou abandonnèrent, encombrant la ligne de la retraite allemande. Il y en avait aussi d'autres qui s'étaient échappés. Beaucoup de jeunes hommes s’étaient cachés. Un de ceux qui se tenaient près de moi était resté dans une armoire pendant plusieurs jours et lorsque les Allemands sont venus et ont fouillé la pièce, il s'est tapi derrière les vêtements, tremblant de peur d’être découvert.

Ils ont réclamé des nouvelles du monde extérieur « Quel est notre front ? » ont-ils demandé. «Quelles villes avons-nous capturées ? » Et quand je leur ai dit, ils ont soulevé leurs chapeaux et applaudi, car l’un était de Laon, un autre de Guise et un autre de Courtrai, dont ils n'avaient aucune nouvelle.

«Pendant quatre ans, dit un jeune homme, nous n'avons eu que les mensonges allemands. Connaître la vérité, c'est comme s’évader d’une sombre prison. »

Le pompier m'a touché le bras en disant : « Ne nous attardons pas ici. Ils recommencent à bombarder et trois civils ont été tués il y a une heure environ. Ce serait dommage de mourir si près de la paix. »

Il est parti d’un grand rire chaleureux et m'a conduit le long d'une route étroite vers un passage menant à un bâtiment où il y avait une longue salle voûtée meublée de tables et de lits. Le maire et ses assistants vivaient ici depuis quinze jours lorsque la bataille se rapprochait. La pièce était faiblement éclairée et il y avait là une rencontre internationale : des interprètes français qui hissé le drapeau britannique, des soldats canadiens, des officiers municipaux de Valenciennes et un ou deux officiers anglais.

Le secrétaire de mairie m'a raconté certains faits de l'occupation allemande. C'est une histoire similaire à celle de Courtrai, Cambrai, Lille et d'autres villes libérées. La domination allemande avait été sévère, il y avait continument des réquisitions, des amendes et des emprisonnements. La sévérité des amendes s'est accrue à mesure que l'Allemagne avait besoin de plus d’argent, et alors que dans les premiers temps les particuliers étaient condamnés à une centaine de marks[14] pour des délits insignifiants contre les règles militaires allemandes, ils ont dû payer jusqu' à 2.000 marks au cours des derniers jours.

Un homme a été ainsi condamné à une amende pour ne pas avoir mis les prix des marchandises dans sa vitrine.

Les réquisitions concernaient tout le cuivre, les matelas, la laine et le vin, il y a moins d'un mois, les soldats allemands complétèrent le sac de la ville en se rendant dans chaque magasin et en remplissant des sacs de dentelle de Valenciennes - un sac contenait pour 50.000 francs de dentelle - des mouchoirs de linon et des vêtements. C'était un vol officiel. Le pillage personnel par des soldats a été sévèrement puni et deux d’entre eux ont été fusillés pour cette raison.

Au cours de la dernière semaine de leur occupation, un seul régiment, le 9e[15], fut autorisé dans la ville, et ce principalement pour prévenir le pillage, car les troupes défendant Valenciennes prenaient position à l'extérieur. Mais malgré tout des maisons ont été pillées, surtout la nuit d'avant-hier, quand les Allemands se sont déchaînés et ont fait beaucoup de dégâts. De précieuses peintures ont été découpées dans leurs cadres par des officiers allemands à la recherche de souvenirs.

Pendant ces quatre années, les gens ont été mal nourris et seuls ceux qui avaient de l'argent pouvaient obtenir des choses qui dépassaient les nécessités les plus élémentaires de la vie. Le beurre valait 40 francs le kilo, le café 60 francs, le sucre 25 francs et le chocolat 80 francs.[16]

La population a été encouragée à travailler dans les jardins maraîchers et à cultiver des pommes de terre, des choux-fleurs, etc. les autorités allemandes ont alors réquisitionné tous leurs produits.

Le regard des femmes et des enfants qui, ici et là, bravant le tumulte des tirs qui les entouraient, s'approchaient des portes en criant « Bonjour Monsieur, bon jour (sic) et merci.» à tout soldat britannique qui passait, montrait qu'ils avaient vécu des jours de détresse. Les femmes avaient les traits tirés et les enfants avaient les joues creuses, bien que leurs yeux fussent merveilleusement brillants à cause de la joie qui avait succédé à leur peur.

À une fenêtre était assis un vieil homme entouré de jeunes femmes. La fenêtre s'ouvrit pendant que je passais, et le vieil homme tendit les deux mains vers les miennes. Alors qu'il les serrait contre lui, les larmes coulaient sur ses joues et il ne pouvait rien dire, bien que ses lèvres remuassent. C'était un bon vieillard, avec une petite barbe à l’impériale blanche comme un soldat de la Vieille Garde de Napoléon[17] ; l’une des dames que j'ai prise pour sa petite-fille m’a dit qu'il était capitaine d'artillerie pendant la guerre de 1870. En retournant dans la pièce, elle a ramené le portrait d'un jeune soldat où j'ai vu le fantôme de ce vieil homme enfant.

 


 

Les inondations :


Clic : Voir l'image dans son contexte

Un soldat canadien des transmissions répare un fil [téléphonique] dans une rue que l'ennemi avait inondée avant de quitter Valenciennes ; devant le soldat un panneau indique un abri où réfugier 15 personnes en cas de bombardement aérien (abri qui se trouve de fait sous les eaux !)

De nombreuses autres photos de cette journée sont visibles sur ce même blog, outre la page accessible en cliquant sur la photo ci-dessus, ainsi que ce sujet sur le 38th Canadian Battalion sur mon autre blog.

Ce n'est évidemment pas le seul article de journal relatif à la libération de Valenciennes, dernière grande ville sur la route de Mons (et renommée outre-Atlantique par sa dentelle). J'en ajouterai d'autres au fur et à mesure.

 

 

 

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31 août 2017

Listes de la Gazette des Ardennes

listicone

 

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       J'ai publié dans un autre sujet, après une présentation de la Gazette des Ardennes, les références des listes de prisonniers français en Allemagne et des camps cités, de même que les listes de blessés rapatriés via la Suisse.
Je commence ici par les victimes civiles des bombardements alliés, suivront :

  • Soldats français inhumés derrière la ligne de front,*
  • Ceux décédés en Allemagne, (dans les hôpitaux des camps) *
  • Personnes décédées en territoire occupé,
  • La transcription de "Nécrologies Françaises" (tirées de journaux parisiens),
  • Prisonniers Français faits par les Bulgares,*
  • Prisonniers en Turquie, *
  • Prisonniers en Autriche, *
  • Prisonniers ou morts en Macédoine, *
  • Infirmiers échangés par convois, *
  • Prisonniers transférés en Suisse, *
  • ou spéciales, comme celles donnant :
    • des nouvelles de PG Ardennais au camp de Friedrichsfeld,
    • la liste des victimes de la catastrophe des 18-Ponts à Lille le 11/01/1916,
    • les morts de Gallipoli,
    • les noms des évacués vers les Ardennes.

 * ci-dessous, en cours de vérification.

 

     Les numéros sont ceux des pages des albums numérisés par l'université d'Heidelberg (dont la recherche plein-texte s'arrête en 1916) auxquelles les liens renvoient, ceux en italique sont assortis d'une observation visible en immobilisant le curseur.

 


 

 "Victimes de leurs compatriotes"

     Le 2 septembre 1915, le n°79 de la Gazette des Ardennes publie pour la première fois, sous le titre "Victimes de leurs compatriotes" une liste de victimes civiles en territoires occupés.

ET592

     Il y aura en effet (sauf oubli de ma part) 370 listes publiées jusqu'au 6 novembre 1918, date de la dernière Gazette. Entre-temps l'en-tête aura été modifiée, et tiendra compte des nouveaux alliés :

ET602

     Comme toujours dans la Gazette, la qualité d'impression est insuffisante pour une reconnaissance de caractères des noms propres et je ne peux que lister ci-contre les apparitions de cette rubrique.

     A chaque fois que j'ai pu vérifier, les informations, publiées avec quelques retards, reflètent la réalité (voir dans ce même blog).

     Si grâce à ce travail vous retrouvez un civil, merci de me le signaler.

Mois de parution

Page du Volume 

 


 

Prisonniers Français décédés en hôpital Allemand

 

    Le 5 Novembre 1915 le n°102 de la Gazette des Ardennes publie une première liste - qui porte pourtant le n°2 - indiquant par hôpital les noms des prisonniers français y décédés.  La liste n° 22 qui parait dans le n°180 du 26 avril 1916 sera la dernière, et curieusement, tout au long des publications, les noms des villes seront -à quelques rares exceptions près- dans l'ordre alphabétique comme le montre la liste ci-dessous. Un millier de soldats décédés sont répertoriés.

ET724

     On ne peut pas plus que pour les autres listes espérer obtenir sans erreur les noms des soldats et de leur unité par reconnaissance de caractères ; le site d'Heidelberg ne propose d'ailleurs cette fonctionnalité que jusqu'en 1916

Je n'ai fait que deux vérifications :

  • Le premier cité RAYMOND Henri (fiche MDH) : décédé à l'Hopital de Bautzen le 29 septembre 1914 ; liste paraissant le 5 novembre 1915,
  • Le dernier cité PELTIER Adrien (fiche MDH) : décédé à l'hopital de Zwickau le 16 février 1915 (avant la parution de la première liste), cité le 26 avril 1916.

      C'est donc avec un retard de plus d'un an que les populations des territoires occupés apprennent ces décès des 6 premiers mois de guerre (la date du décès n'est pas indiquée). Les deux années suivantes de la Gazette ne sont pas documentées. Si grâce à ce travail vous retrouvez un soldat, merci de me le signaler.

 

 

 


 

Soldats français inhumés derrière les lignes allemandes

 

     C'est avec le n°196 du 24/05/1916 que la Gazette des Ardennes commence la liste des soldats inhumés derrière le front, qu'elle arrêtera le 20 avril 1916 avec la liste n°60. Comme pour les listes déjà signalées, c'est un motif de plus d'intéresser les populations des territoires occupés à la Gazette et aux messages de propagande qu'elle contient par ailleurs

ET280

     Je ne peux que recenser les lieux d'inhumation, et non les patronymes et régiments cités, que la typographie de la Gazette empêche de reconnaître informatiquement sans erreur. Il est difficile de dénombrer ces soldats, d'autant que la présentation varie d'une liste à l'autre suivant les renseignements (nom, matricule, régiment, ou rien) publiés : certainement plus de 10.000. Il y a malheureusement parfois des fosses communes sans nom ; ex : 22 soldats à Courson (Aisne).

     Les listes 15 à 27 (n° de page entouré de pointillé) dont la plupart apparaissent sur 2 pages dont elles occupent un bon tiers, sont destinées aux :

"Soldats français tombés à la bataille de Lorraine du 19 au 20 Août 1914"


La liste des lieux est en cours de réalisation.
Si grâce à ce travail vous retrouvez un soldat, merci de me le signaler.

  • Le premier cité en Mai 1916 est : MICAULT Emile Louis, décédé le 26 Août 1914 et inhumé à Avenelles (59)
  • Le dernier cité en Avril 1918 est :
    BIQUET Joseph qui pourrait correspondre à NIQUET Joseph du 13e RI, mais celui-ci est tué le 1er avril 1915 au Bois-le-Prêtre, et rien ne laisse supposer qu'il ait été inhumé à Montcornet (Aisne) à 200km de là !

  • Par contre l'avant-dernier est bien Jules Marie JOUAN, du 4eRI, décédé à Montcornet le 09/07/1917.

 

744 lieux d'inhumation sont ainsi répertoriés derrière le front allemand, dans les 12 départements cités, occupés même temporairement :

Aisne : 140 ; Ardennes : 118 ; Marne : 11 ; Meurthe & Moselle : 92 ; Meuse : 81 ; Moselle : 139 ; Nord : 88 ; Oise : 7 ; Pas de Calais : 2 ; Bas-Rhin : 49 ; Haut-Rhin : 9 ; Somme : 4 ; 

en Belgique : 71 lieux.

Quelques-un (11) cités en premier n'ont pas de localisation précise. (Toute aide est la bienvenue)

Il y eut 822 listes parues (certaines en plusieurs fois)

 

Département/ Pays         Lieux Liste N° Date Page

 


 

Infirmiers échangés par convois.

     Le 13 novembre 1917 le n°492 de la Gazette des Ardennes commence une série de noms ; les 3 premières listes sont intitulées "Infirmiers échangés par convois les 27 & 29/10/1917",  les deux suivantes et dernières en Juillet 1918 : "Infirmiers échangés par convois ces temps derniers".  Chacune contient environ 400 noms, avec, quand il est connu, le régiment, et parfois la mention : "prêtre".

November 1917  p.  666
    p.  672
    p.  678
Juli 1918  p.  417
    p.  425

 

 


 

Prisonniers Français faits par les Bulgares sur le front de Macédoine

     Bien que la première liste parue porte bien le numéro 1 et se termine par "à suivre", je n'enai trouvé qu'une seule d'environ 350 noms dans l'ordre alphabétique dans la Gazette n° 279 du 15/10/1916 : 13 officiers et deux adjudants-chefs suivis de sous-officiers et soldats de Abadie à Goueslain par ordre alphabétique.

Oktober 1916  p.  614

 
    L'un des officiers, le Capitaine BECQUE Louis, du 65e RI y est déclaré mort le 2/12/1915 à Dedeli (fiche MDH au nom de BÈQUE Louis Léon) ; son ESS le signale blessé et disparu le 12 décembre, décédé le 25 décembre 1915.

Sont également déclarés décédés :

  • COPIT Maurice, serg.-maj., 84e RI, mort à Stip le 6 décembre 1915, fiche MDH au nom de COPY Maurice Jules.
  • D'HALUIN Denis, 81e RI, mort le 29 mars 1916, fiche MDH au nom de DHALLUIN Denis.
  • DISSAUX Léon, 84e RI, mort le 20 janvier 1916, fiche MDH.
  • FOSTON Outré-Camille (sic), mort le 2 janvier 1616 : fiche MDH au nom de OUTREY Camille du 371e RI.

 


 

Français faits prisonniers en Turquie

   La Gazette des Ardennes publie dans son numéro 478 du 20/10/1917 la (seule et unique) liste concernant la Turquie. Y figurent environ 110 prisonniers des Turcs (et environ 250 prisonniers et 5 soldats morts en Macédoine, à ajouter aux listes de ce front).

On y trouve notamment des marins du croiseur Dupleix et des sous-marins Mariotte, Saphir et Turquoise.
Les camps sont ceux de :
Afion-Karahissar, Angora, Bilémédik, Bor, Césarée, Maltépé, Nigdé, Psamatia et Sivas.

Oktober 1917  p.  618

 


 

 

Soldats français faits prisonniers par les armées autrichiennes

   La Gazette des Ardennes publie dans son numéro 479 du 21/10/1917 la (seule et unique) liste concernant l'Autriche. Y figurent environ 110 prisonniers.

On y trouve essentiellement des hommes des sous-marins Monge, Curie, Fresnel et Foucault, du navire de guerre Berthilde et des navires marchands Languedoc et Mira.
Les camps sont ceux de : Deutsch-Gabel et Salzerbad.
 

Oktober 1917  p.  622

 


 

 

Soldats français faits prisonniers ou morts en Macédoine

   7 listes paraîtront dans la Gazette des Ardennes, les 3 dernières précisant "sur le front bulgare".
Il n'y a pas d'indication de camp pour les prisonniers. La première liste contient des "présumés morts " et des "douteux" ; pour certains, seuls les papiers avaient été retrouvés.

April 1917  p.  250
Mai 1917  p.  272
    p.  326
Oktober 1917  p.  618
    p.  626
    p.  630
    p.  634

 


 

Internés en Suisse

      Le 8 Février 1917 la Gazette publie une première liste de noms de prisonniers internés en Suisse (convoi du 29/12/1916), qu'elle "emprunte" au Journal des internés français. D'autres listes suivront, mais la première est la seule à faire figurer les camps de provenance.

 

Februar 1917  p.  83   Camp PG  Ingolstadt, Taubirshofsgeim, Guben, Würzburg, Heuberg, Soltau, Altengrabow, Burgsteinfurt, Brandenburg, Minden, Heidelberg, Hameln, Celle  Sch., Zwickau, Stendal, Quedlinburg, Munster
Oktober 1917  p.  640   Camp PG  -
Januar 1918  p.  14   Camp PG  -
    p.  22   Camp PG  -
    p.  28   Camp PG  -
    p.  38   Camp PG  -
    p.  46   Camp PG  -
    p.  56   Camp PG    ?  (Infirmiers)
Juni 1918  p.  400   Camp PG  -
Juli 1918  p.  433   Camp PG  -
    p.  449   Camp PG  -
    p.  473   Camp PG  -
August 1918  p.  540   Camp PG  Officiers  internés  dans  l'Oberland  Bernois
Oktober 1918  p.  630   Camp PG  -
    p.  642   Camp PG  -
    p.  650   Camp PG  -

 


 

 

 

 

 

 

19 juillet 2017

Otages féminins de représailles (V)

 

 << IVe partie                                                                                               VIe partie >>

 

    Après avoir traité des 597 otages masculins envoyé en camp de représailles en Lithuanie (pour les Allemands d'alors, "en Russie occupée"), il me fallait, outre une liste de 396 noms (voir IIe partie), un témoignage concernant les femmes déportées à Holzminden ; je n'en ai pas trouvé de direct, sous le nom de la narratrice, comme MM. Ferré, Abbés Bouxin et Leleu pour les hommes ; aucune femme déportée ne semble avoir écrit ou même simplement raconté : l'époque (et la reconstruction qui passe par la natalité) n'étaient pas favorables à de tels récits de la part de mères, d'épouses, de filles.

    Voici le récit qui figure dans la Revue des Deux-Mondes de novembre 1918 disponible sur Gallica : cliquer sur la page (655) pour avoir accès au site de la BnF, ou faites défiler les 14 pages. Il est signé Henriette Célarié, née Lemoine (1872 – 1958). Historienne, voyageuse -comme on disait alors- essayiste et romancière française qui a déjà publié en juin 1917 dans le même revue : "Emmenée en esclavage pour cultiver la terre - journal d'une déportée".
En janvier 1919 elle publie "Les otages civils dans les camps de représailles" ; entre-temps sort chez Bloud et Gay en septembre 1918 "En esclavage - journal de deux déportées" (340 pages).
Dans chacun des cas, les identités sont cachées "par une discrétion que l'on comprendra" (sic)......

De même l'opuscule qui édité par l'UGAFCPE (union des grandes associations françaises contre la propagande ennemie) sous le titre "Emmenées en esclavage" est assorti d'un avertissement en couverture :

avertissement

 

     Certains passages annoncent - de près- ce que seront les conditions de transport et de détention quelques 20 ans plus tard.

 

   Holzminden est certainement l'un des camps d'internement de civils les plus connus (et sur lequel le web est le plus prolixe). Il ne faut cependant pas confondre ce camp de 120 baraquements en bois implanté spécialement à l'écart de la ville avec l'ancienne caserne de cavalerie en dur, lieu d'internement de prisonniers de guerre (militaires) britanniques et théâtre d'une célèbre "grande évasion".
C'était un camp d'hommes, de femmes et d'enfants, non seulement français, mais également belges, polonais et russes ; de nombreux civils (masculins) du valenciennois ont été internés à travers tout l'Allemagne, voir sur ce blog

Zivilgefangenenlager Holzminden n'a pas servi lors de la guerre suivante, contrairement à d'autres, et l'emplacement a été rendu à la nature mais l'on retrouve la double rangée d'arbres de l'allée principale sur cette vue aérienne moderne :

Holsminden Zivil Lager

 

    Avant une exploitation plus complète des données, je rappelle noms et villes d'origine d'une partie de ces otages, embarquées à Valenciennes le 12 janvier 1918 après y avoir été regroupées, et dont j'ai relaté la situation dans le 1ère partie , en rappelant que l'orthographe des noms propres peut - comme toujours- avoir été altérée :
Mmes :

Devred, Aniche;
d’Haussay, Artres;
Lecompte, Vendegies;
Merlem, Aniche;
Picques, Somain-sur-Ecaillon;
d'Haussay, Monchaux;
Malet, Thiant;
Terifocq, Le Quesnoy;
Henion, Le Quesnoy;
Willot, Bavay;
Darche, Bavay;
Brasseur, Taisnières;
Vilain, Louvignies;
Cabaret, Le Quesnoy;
Moisy, Escarmain;
Hautecœur, Haussy;
Caudron, Haussy;
Filippi, Le Cateau;
Richard, Le Cateau;
Pegin, Le Cateau;
Delporte, Lewarde;
Duflos, Ecourt-Saint-Quentin;
Brogna, Remancourt;
Moriaux, Ecourt-Saint-Quentin;
Osaneaux, Caudry;
Richez, Caudry;
Qivy, Caudry;
Clouet, Denain;
Langaine (Wurth), Denain;
Sacclier, Denain;
Bricourt, Clary;
Boutin, Bertry;
Monsecourd, Oisy-le-Verger;
Conseile, Mastaing;
Boulet, Etrain;
Navet, Preux-au-Bois;
Didier, Pont-sur-Sambre;
Vinoy, Fontaine-au-Preux;
Risbourg-Chassart, Bouchain;
Wiart, Cambrai;
Tribout, Cambrai;
Parent, Cambrai;
Bricourt, Cambrai;
Charlet, Cambrai.
Mlle Noblecourt, Bousy;

 

    C'est -comme pour les hommes- le département du Nord qui compte le plus de femmes déportées : 182 ; viennent ensuite : Ardennes (101), Aisne (55), Meuse (22), Meurthe-et-Moselle (16), Pas-de-Calais (11), Somme (5). A moins d'une erreur de transcription dans les registres du CICR : Vosges, Marne et Haute-Marne, (1 chacun).

222 communes des départements envahis verront partir de 1 à 12 otages féminins.

    Pour le département du Nord, les 4 villes les plus touchées parmi les 94 recensées sont :
Douai (12), Lille (12), Tourcoing (10), Roubaix (6).

 

      A noter dans cette liste de femmes déportées 4 prénoms masculins : une erreur de typographie et 3 utilisations du nom/prénom du mari (Mme. X) dont par exemple : VANZEVEREN Alphonse de Tourcoing, dont il s'agit de l'épouse, Mathilde, née Braquerat ; il existait bien un teinturier à ce nom, rue Belle-Vue, 47, TOURCOING.

    Une seconde liste d'autant de noms a permis la rectification des erreurs les plus flagrantes, mais soulève beaucoup de questions quant à l'écriture des noms propres. Difficile de juger sans plus d'information, il n'y a que pour les localités que le problème se résout  (Les Carmins pour Escarmain). Il y a d'ailleurs dans cette liste une dizaine de noms qui ne correspondent de près ou de loin à aucun de ceux de la première et réciproquement.

 

 

17 juillet 2017

Otages en Lithuanie (IV) : des chiffres et des noms.

 

<< IIIe partie                                                                                               Ve partie >>

 

     En travaillant sur les données du CICR, incontestablement les plus fiables et complètes après croisement avec les rares autres données concernant les otages en Lithuanie (partie de la Russie occupée par l'Allemagne) on peut dégager quelques statistiques et regrouper quelques noms. Malheureusement les catégories socio-professionnelles ne sont que très rarement indiquées, et peu d'entre elles ont publié après-guerre un livre d'or de leurs victimes et déportés. Il ne faut donc pas s'étonner de ne retrouver que les membres du clergé (du moins une partie de ceux-ci si l'on en croit les témoignages), distingués dans les années 1920 par la nation.

 

     Ainsi, les 596 noms listés par le CICR avec leur lieu de résidence (Wohnort) permettent d'obtenir une répartition par département. Rappelons qu'il s'agit de départements occupés (à l'exclusion de ceux dits "annexés" que l'Allemagne considère comme siens depuis 1870.)

front dep
Le front est celui du 31/12/1917 (source)

     C'est donc dans les départements suivants (classés par nombre d'otages) que l'occupant a fait son choix :

  • Nord : 313 otages,
  • Ardennes : 131 otages,
  • Aisne : 69 otages,
  • Pas-de-Calais : 27 otages,
  • Meurthe-et-Moselle : 25 otages,
  • Meuse : 18 otages,
  • Somme : 8 otages,
     et une demi-douzaine de noms soit sans mention de lieu soit d'origine trop incertaine ("Fontaine")
     

     Il est assez logique que le département du Nord ait fourni le plus d'otages, le train étant parti de Lille.


En bleu le trajet est représenté sur route, peu différent de celui par rail qui n'existe pas avec MyMaps.
En rouge le trajet par rail depuis la frontière germano-russe, tracé à la main en suivant les voies.


 

 

Pour le Nord voici les villes ayant fourni le plus d'otages (9 sur les 139 communes citées, ayant donc fourni au moins 1 otage)

  • Douai : 25 otages,
  • Lille : 20 otages,
  • Roubaix : 12 otages,
  • Condé : 9 otages,
  • Croix : 8 otages,
  • Tourcoing : 8 otages,
  • La Madeleine : 7 otages,
  • St. Amand : 7 otages,
  • Valenciennes : 7 otages,

     C'est Douai qui a le triste privilège d'avoir fourni le plus d'otages (25) suivi par Sedan (22) puis Lille (20). Redisons une fois encore qu'il s'agissait de citoyens choisies dans 3 catégories (énoncées par l'occupant) : "Riches, Aisés, Pauvres", désignés dès l'invasion pour servir de "garantie" à l'exécution de ses volontés, ou pour protéger des lieux stratégiques (des bombardements aériens par exemple). Il faudrait pour chacun une investigation locale pour connaître sa profession, mais on a un petit échantillon avec quelques-unes de celles qui étaient disponibles :
     Receveur des impôts, Président de cour appel, Cultivateur, Juge de paix, Pharmacien, Maître de conférence, Adjoint au maire, Magistrat à la cour, Instituteur, Industriel, Brasseur, Professeur, Architecte, Prêtre, Médecin.

 

Ainsi à Valenciennes les 7 otages de représailles (dont j'ai parfois la date de naissance) sont MM. :

DUPONT DE ST.OUEN Fernand Propriétaire Né le 31 décembre 1858
EWBANK Georges Propriétaire Né le 26 décembre 1855
GIRAULT Alexandre    
GRAVIS Henri Notaire Né le 25 mars 1868
LESQUESNE Charles Pharmacien  
LEST Victor Administration des douanes Né le 11 juin 1862
TROMONT Charles Conseiller municipal  

 

     Bien entendu, la Gazette des Ardennes en profite pour donner dans son édition du 27 avril 1918 des messages des otages, quelque-uns ! Pourquoi seulement 39 ? Comment ont-ils eu connaissance de ces quelques noms se disant tous en bonne santé au camp près de Wilna ? (Plus quelques groupes anonymes ... ?). D'autant que je n'ai pas trouvé trace de l'un d'entre eux : Gerant ou Gorant de Valenciennes, .... à moins que ce ne soit GIRAULT Alexandre? Et que certains prénoms ne coïncident pas toujours.

GDA 19180427


     Voici les 38 autres que l'on retrouve dans les listes de la croix-rouge, en croisant les informations pour corriger les erreurs ..... Ceux qui ont acheté le journal - ou se le sont prêté - ont dû être déçu, d'autant qu'il fallait connaitre les communes dépendant par exemple de la Commandature de Poix-Terron dans les Ardennes, ou ce que recouvre "le groupe des otages réunis de Mohon" !
Le CICR ne donne qu'un seul nom pour chacune de ces deux villes : JAQUEMIN Em. de Mohon et JEANJOT Ernest de Poix-Terron.

SOUCOURT-HARMEL Pierre Angecourt Ardennes
PRESSOIR Léon Carignan Ardennes
MARTINET Paul Charleville Ardennes
BOBLIQUE Émile Omont Ardennes
WAHART Charles Villers Le Tourneur Ardennes
JAMEIN Philogène Vouziers Ardennes
KLEINE Charles Cons La Grandville Meurthe-et-Moselle
DAUSSE Camille Gorcy Meurthe-et-Moselle
DE LAMBERTY Raymond Longwy Meurthe-et-Moselle
GERMAINE Alfred Longwy Meurthe-et-Moselle
MARTIN Hubert Longwy Meurthe-et-Moselle
GUELORGET Charles Montmédy Meurthe-et-Moselle
FÉRRY Paul Réhon Meurthe-et-Moselle
FÉRRY Gustave Villers La Montagne Meuse
BRUYRE Paul Artres Nord
D'HAUSSY Georges Artres Nord
SANDRART Albert Felleries Nord
DELATTRE Édouard Ferrière La Grande Nord
GUIMBELLOT Maurice Ferrière La Grande Nord
WALLÉRAND Jules Ferrière La Grande Nord
BAUCHEZ Henry Jeumont Nord
THOMAS Hermann Jeumont Nord
DESMARESCAU Louis Landrecies Nord
GUILBAULT Désiré Lille Nord
THIRIEZ Julien Lille Nord
STIEVENARD Gustave Marpent Nord
AUTIER Antoine Maubeuge Nord
CHATELEYN Félix Roubaix Nord
LEPERS Georges Roubaix Nord
LEPOUTRE ? Roubaix Nord
TROCKAY Jules Rousies Nord
CARON Hubert St-André Nord
BELTETTE Achille Tourcoing Nord
LELEU Achille Tourcoing Nord
MALARD Albert Tourcoing Nord
TIBERGHIEN Louis Tourcoing Nord
GRAVIS Henri Valenciennes Nord
PIÉTON Théophil Wignehies Pas-de-Calais

     Hormis les noms cités (plus BELTETTE Achille qui est noté de Tourcoing et non de Roubaix au CICR), la mention "tous les otages de Tourcoing" recouvre MM. DEMORY Henri, LEURENT Joseph, PIERPONT Arthur et ROBBE Henri.
 

Lallart

 

Le Clergé

   Il est une catégorie qui dispose de son livre d'Or, mais recensant seulement ceux qui ont été distingués - civils ou militaires -, c'est celui "du clergé et des congrégations". Les témoignages, comme celui de Ferré citent volontiers une cinquantaine de prêtres parmi les otages, je n'ai à ce jour retrouvé que 33 d'entre eux, dont une moitié de Nordistes, parfois sans grande précision.

     Certains ont été décorés après la guerre, parfois à titre posthume : "L.H." pour la Légion d'honneur, "MRF" pour la médaille de la reconnaissance française, "MVI" pour la médaille des victimes de l'invasion. "Br" pour bronze, "Ag" pour Argent.
L'un deux est cité à l'ordre du pays, l'intitulé complet en est :

"Le Gouvernement porte à la connaissance du pays la belle conduite de"

 

NOM Prénom Né le Lieu de Naissance Affectation Dep. Remarque Distinctions
ALVIN Anselme 13/07/1870 Maretz Paillencourt 59   MVI Br
BEAUSSART Jean 1889   Haubourdin 59   MVI Br ; MRF Br
BODESCOT Jules 06/11/1858 Auchy-les-Hesdin Rumaucourt 62   MVI Ag ; MRF Br
BOURGUIGNON Alex 1872   Condé les Autry 08 Décédé à l'hopital de Vilna  
BOUXIN Emile 17/08/1855 Marquigny Deville 08   MVI Br
COLLANGETTES Gabriel 31/08/1889 Reims St Martin de Laon 02   MVI Ag
DEGREMONT Paul 22/05/1881 Paillencourt Bettrechies 59   MVI Br
DELARRA Laurent 05/07/1867 Douai Fourmies 59 Institution St Pierre MRF Ag ; MVI Br
DELATTRE Paul 25/07/1873 Halluin Loos-les-Lille 59   MVI Br
DELESALLE Auguste 04/07/1851 Marcq en Baroeul Lannoy 59 Décédé des suites à Lille en janvier 1919 L.H.
DESCHREVER Emile 12/12/1857 Lille Cambrai 59   A l'ordre du pays ; MVI Br
DIENNE Ernest 11/07/1872 Cambrai Condé/Escaut 59   British War Medal ; MVI Br
DROULERS Albert 22/12/1887 Tourcoing Loos-les-Lille 59   MRF Ag
DUTERTE Augustin 28/05/1860 Merlimont Marquette-les-Lille 59   MRF Br ; MVI Br
FLAMENT Émile 03/07/1864 Englefontaine Œuvres diocésaines 59   Méd recon Brit ; MVI Ag
GOUBÉ Félix 03/03/1879 Templeuve Roubaix 59    
GRISON Gustave 1858 Halluin Lesquin 59   MVI Br
JOUITTEAU Gabriel 27/01/1874 St Laurent sur Sèvres (85) Carvin 62   MVI Br
LALLEMANT Georges     Sedan 08    
LAROCHE Louis     Singly 08    
LEGRAIN Arsène 15/11/1870 Port-à-Binson Pauvres 08   MVI Br
LELEU Achille 13/03/1874 St-Pol-sur-Mer Tourcoing 59   MVI Br
LEMIRE Oscar 05/05/1863 Happencourt Mennevret 02   MVI Br
LEROUX Jules 19/11/1862 Roubaix Marais-de-Lomme 59   MVI Ag
MAITREBUT Louis 13/07/1868 Charleville Signy-l'Abbaye 08   MVI
MARGOLLÉ Gaston 08/04/1874 Aire-sur-la-Lys Carvin 62   MVI Ag
MATHIEU Jules 10/07/1874 La neuville les Wassigny Saulces-Champenoise 08   MVI Br
PÉCHENART Léonce 23/02/1864 Monthermé Attigny 08   MVI Br
Père Louis-Marie O.M.C           Oeuvre musicale écrite en captivité  
PHILIPPART Émile     Launois-sur-Vence 08    
QUIÉVREUX Camille 14/07/1862 Serain Serain 02   MVI Br
SION Fleury 17/05/1862 Annoeullin Fressain 59   MVI Br
VANTHUYNE Charles 06/11/1870 Bois-Grenier La Chapelle d'Armentières 59   MVI Br

 

Il n'y a que 3 photos issue des groupes en détention parmi celles qui figurent dans les mémoires de Ferré :
 

Abbé Leleu Abbé Quiévreux Abbé x
Abbés LELEU, QUIEVREUX et inconnu

 

On retrouve parfois la trace de certains autres otages dans les listes du Journal Officiel, comme celui du 11/03/1923 :
 .

FRAY Florimond 02/09/1858 Lille Secr. Gen. Mairie de Roubaix 59 Décédé le 27/01/1919 MRF Br

  ..

A suivre ..........

11 juillet 2017

Enfants évacués aux Pays-Bas

 

    En 1917, à la suite de près de 6 mois de négociations entre ce que l'on appellerait aujourd'hui des associations humanitaires néerlandaises et l'Allemagne, paraît à Lille (et dans d'autres villes) l'affiche suivante :

affiche Lille

 

     Cruel dilemme probablement pour ceux qui, enfermés dans les territoires occupés depuis l'invasion d'août 1914, au plus tard fin octobre après la fermeture du front dite course à la mer, constatent que leur situation se déteriore, n'aperçoivent pas le bout du tunnel (il leur faudra encore 22 mois pour être libérés), et voient se raréfier la nourriture, en même temps qu'empirent les conditions de vie au fur et à mesure des réquisitions de l'occupant qui n'épargnent personne.
   Il ne faut pas non plus trop croire à la bonne volonté de l'ennemi, comme il le fait déjà pour des civils qui obtiennent le droit de regagner la France non occupée par un long et épuisant voyage payant contournant le front par la Belgique, l'Allemagne et la Suisse, il y voit un moyen de réduire le nombre de "bouches inutiles" selon ses propres termes, ces enfants étant trop jeunes pour le travail forcé.

   Je m'en serais tenu à cette affiche des archives municipales de Lille si je n'y avais aussi trouvé la lettre d'une maman de Saultain, non loin de Valenciennes, qui relate en 1919 le retour de sa fille Blanche TANIEL qu'elle avait été rechercher à Zuydcoote quelques mois après l'armistice.

015

016

 

 Cette lettre termine le rapport du CCH,

011 rapport

rapport qui figure en tête d'un recueil offert après-guerre à son épouse par M. DE GOEIJEN, du comité directeur directeur du havre de Klarenbeek-Harnhem.

    125 enfants français (dont je cite les noms plus bas) seront hébergés à Klarenbeek-Arnhem, 30 de passage et 95 du 8/03/1917 au 15/02/1919, de même qu'un second groupe de 95 à Arnhem. Ce ne sont pas les seuls lieux d'accueil, les comités de : Amsterdam, Arnhem, Bréda, Doorn, Eindhoven, Gravenhage, Groningen, Haarlem, Shertogenbosch, Hilversum, Maastricht, Middelburg, Rotterdam, Utrecht, Zutphen recevront au total 1121 enfants répartis en 38 groupes. Dans l'esprit des fondateurs il devait s'agir de séjours de 2 mois, mais le gouvernement allemand a exigé que le retour soit interdit pour la durée de la guerre.

La présidence d'honneur était composé de :

Madame A. ALLIZÉ, présidente, épouse du ministre de la France à La Haye :

Allizé


Monsieur le Marquis de VILLALOBAR, ministre d'Espagne à Bruxelles,
Monsieur M.W.R. VAN VOLLENHOVEN, chargé d'affaires des Pays-Bas à Bruxelles.

    A Klarenbeek les enfants sont dans une grande maison entourée d'un parc, achetés en 1913 par Jan DE GOEIJEN (à noter que la ville de De Queen, comté de Sevier dans l'Arkansas, porte son nom après déformation - vue la difficulté de prononciation par les résidents ; une plaque commémorative est apposée près du palais de justice).

klarenbek 01

La maison

klarenbek 02
Le parc

    Ils y vont à l'école (3 classes) ont des activités sportives et artistiques, font des sorties, participent à des cérémonies : en l'honneur des USA le 4 juillet, ou du 14 juillet. La directrice est surnommée "Maman Klarenbeek" :

klarenbeek 03

     Bâtiments et parc sont restés en l'état jusqu'à une date récente, ensemble sportif, lieu de promenade, puis des résidences ont été construites, et la maison, "de Huise", a disparue dans les années 1960-70. En voici une photo aérienne :

klarenbeek home

En se promenant dans le quartier on peut encore y retrouver les pièces d'eau comme celle-ci :

klarenbeek 04
Cliquer pour agrandir la carte, le repère localise l'emplacement de la maison

    2 ans de séparation : mais quel courrier pouvaient-ils envoyer et recevoir ? Pas même les cartes à l'expression réduite et surveillée des prisonniers de guerre ! Les enfants remplissaient une ligne dans un registre, en s'exprimant dans une petite case prévue à cet effet et .... en espérant une réponse. Les plus chanceux recevront 2 réponses pour la durée du séjour, via la croix-rouge de Francfort, non de la main de leurs parents, mais transcrite en allemand et tapée à la machine .......................
Comme l'écrit M. DE GOEIJEN , c'était une manière gracieuse de faire.

courrier 01

Parfois, bien entendu, pas de réponse ........ :

courrier 02cliquer pour agrandir

En voici un autre exemple, montrant l'application à correspondre au mieux malgré l'espace minuscule :

courrier 03

   On pourra remarquer que malgré l'application des Allemands à contrôler le courrier pour éviter toute communication, Clotilde DAUBRESSE de Roubaix informe sa maman de l'état de santé du reste de la famille ....

   Voici une photo du groupe d'enfants, où l'on peut les voir tous dans la salle de jeu. Au centre la directrice, à sa gauche en tablier blanc la sous-directrice.

groupe enfantscliquer pour agrandir, si vous reconnaissez quelqu'un faites-m'en part

 

Voici les noms des 125 enfants passés par Klarenbeek, 90 d'entre eux, en photo ci-dessus, y sont restés près de 2 ans.

BEAUMONT      FIVES LES LILLE
     Lemaire Jeanne           Cauterlier Lucien
                   Cauterlier Victor
BEAUVOIS              
     Deudon Célestine      FLAVIGNY LE GRAND
     Deudon Célestin           Harvin Simone
     Deudon René           Harvin Marie
                      
CAMBRAI      FOLAMBÉ
     Chauvin Abdon           Dax Lucien
     Duquesne Marcel              
     Hosdez Pierre      FONTAINE NOTRE-DAME
     Lavtiez Marcel           Gaillard Louis
     Nivar Félix              
     Dewyse Regina      HOUILLES SEINE-ET-OISE
     Giffard Raymond           Wilbaut Alfred
     Giffard Robert              
     Payen Arthur      BOUQUEMAISON
     Wallé André           Benoit Marie
                   Benoit Germaine
CAUDRY           Benoit Joseph
     Beauvillain Fernande              
     Carrière Charles      LEBUCQUIÈRE
     Carrière Gaston           Peugnet Augustine
     Carrière Raymond              
     Lefèbvre Ida      LILLE
     Lefèbvre Amédé           Decknut Josephine
     Lefèbvre Marie           Decknut Léon
     Plet Philomène           Deschamps Germaine
     Soisson Jean           Deswarte Lucien
     Soisson Robert           Dupuis Louis
                   Fiévez Raymond
DENAIN           Fiévez Gustave
     Van Der Linden Jules           Fiévez Félix
                   Gambier Jean
DOUAI           Gambier Simone
     Blassel Émilienne           Fournier Raymond
     Blassel Jean           Fournier Eugène
     Cauchy Robert           Fournier Joseph
     Cauchy Marcelle              
     Delhaye George      ROUBAIX
     Delhaye Désiré           Fiévet Henri
     Delhaye Suzanne           Fiévet Roger
     Delhaye Paul           Bracquiéné Élisa
     Delplace Simone           Chantry Georges
     Delplace Jules           Christiaens Charles
     Delplace Madeleine           Christiaens Bernadette
     Delplace Valentine           Daubresse Clotilde
     Dubarry André           Daubresse Émile
     Dubarry Jeanne           Derrumaux Marcelle
     Havret Georges           Durieux Albert
     Havret Robert           Provoyeur Jacques
     Lacroix Louis           Renart Marie
     Lacroix Madeleine           Vial Lucien
     Leduc Jeanne              
     Leduc Amanda      TOURCOING
     Leduc Firmin           Guéret Geneviève
     Lefebvre Idelphonse           Guéret Jacques
     Lucas Berthe           Halluin Marie
     Lucas Émile           Halluin Lucienne
     Lucas Edmond           Hannotte Joseph
     Martinache Maurice           Hannotte Victoire
     Mora Marie           Leyerlé Eugénie
     Mora Gustave           Leyerlé Charles
     Obert Louisa           Vandenhaegh Donatienne
     Obert Edouard           Vandenhaegh Fortunet
     Ringeval Raymonde              
     Tailliez Suzanne      VALENCIENNES
     Tailliez Raymond           Bisiaux Edmond
     Valin Jean           Bisiaux Louise
     Valin Marie           Bisiaux Lucien
     Valin Germaine              
     Van De Walle Germaine      WASQUEHAL
                   Lacour André
ESNES           Lacour Andréa
     Champagne François              
     Champagne Eugène      ???
                   Laboue Juliette
ETREUX           Légal Gaston
     Grésillon Berthe           Mannsché Paul
     Grésillon Camille           Mannsché Rosemonde
     Grésillon André              
              BALAN
                   Daret Jean
            Daret Maurice

    Des erreurs ont pu se produire dans le document original, comme par exemple la commune de Folembé, plus probablement Folembray (Aisne) ou le nom Lavtiez, peut-être Lantiez.

 


 

    La Gazette des Ardennes Illustrée publie dans son numéro 49 du 11 novembre 1917 deux photographies d'enfants réfugiés en Hollande, avec un commentaire que l'on peut lire sous la 1ère photo. Une fois reproduites, les gravures ne sont pas de très bonne qualité, mais ont l'avantage d'être associées chacune à une liste de noms que je retranscris dans l'ordre de publication, qui correspond peut-être (pas ?) à celui des photos.
45 et 81 garçons et filles, malheureusement sans prénom dans la seconde liste, en presque totalité du Nord et du Pas-de-Calais.

     Bien entendu la Gazette donne le beau rôle à l'occupant, mais comme je l'expliquais ci-dessus, ces enfants sont trop jeunes pour des réquisitions comme travailleurs (on ne parlait pas encore de STO mais de bataillons de travailleurs civils : ZivilArbeiter Bataillon ZAB, créés en 1916) et sont considérés comme des bouches inutiles.

 

GDAI 49a(cliquer pour la taille originale)

FOINE Jean 21, rue St Nicaise Lille Nord
SCHAEFFLEN Eugène   Noumeia-les-Fouquières Pas de Calais
LALOY Edouard 6, rue St Sauveur Lille Nord
DECKNUT Léon 25 bis, rue Princesse Lille Nord
SCHAEFFLEN Victor   Noumeia-les-Fouquières Pas de Calais
DECKNUT Joséphine 25 bis, rue Princesse Lille Nord
GRENEZ Marcel rue de la petite Chouchai Fouquières les Lens Pas de Calais
SMITH Anna 39, rue d'Arras lille Nord
MAYER Jacob 90, rue de juliers Lille Nord
LEFEVRE Andréa partie pour Paris  
FIEVEZ Félix 14, Rue Emile Zola Mons en Baroeul Nord
WANTE Raymonde 29, rue des Minimes Courbevoie Seine
FIEVEZ Gustave 14, Rue Emile Zola Mons en Baroeul Nord
FIEVEZ Raymond 14, Rue Emile Zola Mons en Baroeul Nord
ANSELIN Charles 58, rue d'Arcole Lille Nord
SERGEANT Jeanne 80, rue du Mont-Cenis Paris Seine
ANSELIN Alfred 58, rue d'Arcole Lille Nord
SMITH Edith 39, rue d'Arras Lille Nord
FOINE Abel 21, rue St Nicaise Lille Nord
HERMEZ Lucien 25 bis, rue Princesse Lille Nord
FLEURIMONT Robert rue de la petite Chouchai Fouquières les Lens Pas de Calais
MICHEL Marcel parti pour Heerlerheide Hollande
V. GANSBECK Renée 114, rue de Paris Lille Nord
WANTE Alphonse 29, rue des Minimes Courbevoie Seine
SMITH Robert 39, rue d'Arras Lille Nord
MICHAUX Renée 56, rue de Flandre Lille Nord
DURIBEUX Désiré 30, rue Racine Lille Nord
DEMUYNCK Victor 11 bis, rue des Célestines Lille Nord
DEMUYNCK Eleonore 11 bis, rue des Célestines Lille Nord
LAMMENS Lucien partie pour Paris ou Angoulème  
DEMUYNCK Marie 11 bis, rue des Célestines Lille Nord
HAVET Eugène parti pour Paris  
HENNEBELLE Auguste 371, place de Barthélémy Doré Lille Nord
DEBELSANCE Adèle 21, rue St Nicaise Lille Nord
HAVET Théodore parti pour Paris Nord
BAILLEU Gabrielle 89 bis, rue Tournois Lille Nord
VANDALINDEN Pierre parti pour Heerlerheide Hollande
FREELS Robert 16, rue du Marché Paris Nord
SERGEANT Raymonde 80, rue du Mont-Cenis Paris Seine
BAILLEU Cyprienne 89 bis, rue Tournois Lille Nord
RIES Serge      
WANTE Henri 29, rue des Minimes Courbevoie Seine
HEINTSCH Paul rue du Bleu-Mouton Lille Nord
NOULETTE Fernand 41, rue Charles de Mussard Lille Nord
SUIN Armand 117, rue Colbert Lille Nord

 

 

GDAI 49b(cliquer pour la taille originale)

RAMMERY Avenue de Dunkerque Cambrai Nord
DUMORTIER rue des Moulins prolongée, 9, cité Castel Haubourdin Nord
GERREBOO 158, rue Kulmann Marais-de-Lomme Nord
WILDUMEERCH 5, cour du Sentier Haubourdin Nord
GERREBOO 158, rue Kulmann Haubourdin Nord
BOCQUET rue Victor Hugo, 3 cour du progrès Haubourdin Nord
PIOT 310, rue de Gransart Gommegnies Nord
LENGLART 78, rue des Moulins aux ciments Haubourdin Nord
WERQUIN rue de Seclin, 19, cité St Georges Haubourdin Nord
DUPREZ 110, rue Canteleu Marais-de-Lomme Nord
BRIATTE   Trith St Léger Nord
FRANCOIS 13, Digue du Canal Cambrai Nord
WERQUIN rue de Seclin, 19, cité St Georges Haubourdin Nord
DUPREZ 110, rue Canteleu Marais-de-Lomme Nord
DECOTTIGNIES      
CATEL      
RAMMERY avenue de Dunkerque Cambrai Nord
BRIATTE   Trith St Léger Nord
DEPRETZ rue aux poissons Fouquières lez Lens Nord
POLLET 125, rue de la planche à Quesnoy Marais-de-Lomme Nord
DUPREZ 7, cité St Georges Haubourdin Nord
BRIATTE   Trith St Léger Nord
SABADEY 26, rue Abel de Pujol Valenciennes Nord
LECOURT 131, rue Nationale Lomme Nord
VANGERMESCH 10, rue de la planche à Quesnoy Marais-de-Lomme Nord
CONSTANT rue de Lannoy, 14, cité Brunswicj Fives-Lille Nord
SABADEY 26, rue Abel de Pujol Valenciennes Nord
DERMINGHEM      
TOUILLEZ 25, rue de Péronne Fouquières lez Lens P-de-C
DAUVERCHAIN Hameau de St Roch Valenciennes Nord
DERMINGHEM      
DEPRETZ rue aux poissons Fouquières lez Lens Nord
HUTIN évacué à Ombres Belgique
HUTIN évacué à Ombres Belgique
POLLET 125, rue de la planche à Quesnoy Marais-de-Lomme Nord
VERHAEGEN 26, sentier Wuibert Haubourdin Nord
CARNI      
CREVECOEUR   Rouvroy P-de-C
POLLET 125, rue de la planche à Quesnoy Marais-de-Lomme Nord
LUCAS 59, rue Auguste Potier Haubourdin Nord
CREVECOEUR   Rouvroy P-de-C
LEPOUTRE 13, rue de Seclin Haubourdin Nord
POLLET      
CARNI      
DUGARDIN 19, cité Jacquart Haubourdin Nord
TOUILLEZ 25, rue de Péronne Fouquières lez Lens P-de-C
DUGARDIN 19, cité Jacquart Haubourdin Nord
DEPRETZ rue aux Poissons Fouquières lez Lens Nord
HENDRICK rue du bourg Wavrin Nord
DUPREZ 110, rue Canteleu Marais-de-Lomme Nord
DAUVERCHAIN Hameau de St Roch Valenciennes Nord
DELEPIERRE 3, rue du clocher Haubourdin Nord
PIOT 310, rue de Gransart Gommegnies Nord
MULLER rue Kulmann Marais-de-Lomme Nord
RENARD      
CROMBET 9, rue des bois Marais-de-Lomme Nord
PIOT 310, rue de Gransart Gommegnies Nord
CROMBET 9, rue des bois Marais-de-Lomme Nord
WILDUMEERCH 5, cour du Sentier Haubourdin Nord
HERBIN      
COUTTENIER marché de Wazemmes Lille Nord
PHILIPPAULT 41, avenue de Dunkerque Cambrai Nord
WILDUMEERCH 5, cour du Sentier Haubourdin Nord
CLAUS      
DERMINGHEM      
TETART      
PIOT 310, rue de Gransart Gommegnies Nord
DUPREZ 7, cité St Georges Haubourdin Nord
MULLER rue Kulmann Marais-de-Lomme Nord
MULLER rue Kulmann Marais-de-Lomme Nord
LUCAS 59, rue Auguste Potier Haubourdin Nord
DUPREZ 7, cité St Georges Haubourdin Nord
MULLER rue Kulmann Marais-de-Lomme Nord
BOCQUET rue Victor Hugo, 3 cour du progrès Haubourdin Nord
WILDUMEERCH 5, cour du Sentier Haubourdin Nord
LENGLART 78, rue des Moulins aux ciments Haubourdin Nord
DEMARQUOY 1, cour Lopé Lomme Nord
LUCAS 59, rue Auguste Potier Haubourdin Nord
LAGASSE      
DUPREZ 7, cité St Georges Haubourdin Nord
PIOT 310, rue de Gransart Gommegnies Nord

 
     Comme toujours, "les journaux en ont parlé", comme Le Temps du 12 septembre 1917,

Le temps

ou De Nieuwe Rotterdamsche Courant, journal néerlandais distribué également en Belgique occupée (15.000 exemplaires quotidiens), sous réserve de rester strictement neutre, ce qui, les obligeant à jouer avec la susceptibilité de l'occupant, leur fut reproché après-guerre. :

287
(cité dans "Lille Martyre" p287)

 

L'article suivant, de Tison, Frank. « Une neutralité bienveillante : les Pays-Bas au chevet des enfants du nord de la France. (1916-1919) », Guerres mondiales et conflits contemporains, et publié dans cairn.info, revient sur les conditions d'accueil :

 


 


   Il ne faut pas non plus oublier les Pays-Bas ont également été terre d'asile pour les soldats belges réfugiés militaires (et  désarmés), pour des soldats français évadés d'Allemagne, et pour ceux qui ont pu franchir la frontière avec la Belgique ; certains y sont d'ailleurs toujours inhumés.

 A suivre ...........

 

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28 juin 2017

Otages en Lithuanie (II)

 

<< Ière partie                                                                                                  IIIe partie >>

 

   Les registres de la Croix-Rouge contiennent une liste de 989 noms établie le 20 février 1918 : 593 hommes et 396 femmes, otages venus de France occupée, déportés en Russie occupée et vers Holzminden, en représailles des Alsaciens détenus (en France non occupée) :

229b

     Est-ce le nombre exact de déportés, alors qu'on cite généralement 600 hommes (pour la Lithuanie) et 400 femmes (pour Holzminden) ?? Il semble pourtant que cette liste tienne compte des morts - en route ou sur place - comme par exemple Emile BAUDELOT, de Vrigne au Bois (Ardennes), le premier à décéder -dans le train- à Hohensalsa le 8 janvier 1918. Malgré l'acharnement de l'occupant à respecter les nombres prévus, (compter et recompter n'est pas une légende, non plus dans les camps de la guerre suivante) remplaçant ceux qui ne pouvaient embarquer par d'autres otages, c'est probablement le nombre le plus exact.

 

   Les pages sont disponibles à cette adresse sur le site du CICR, cote Civ 7781 à Civ 7799. Je n'ai relevé ci-dessous que quelques noms déjà cités et/ou du Valenciennois pour montrer la concordance :

Chez les hommes :

  • Civ 7783 St.Amand(-les-Eaux) : BARBIEUX Emile, NONON Paul, BOUCHART Charles, DUCATILLON Clément, DAVAINE Jean, HUMBERT Camille, MOUTIEZ Louis.
  • Civ 7789 BRUYRE Paul & D'HAUSSY Georges d'Artres, HARPIGNIES Maurice de Famars, CARPENTIER Aubert de Préseau, LECERF Arsène de Maing.
  • Civ 7790 Valenciennes : GRAVIS Henri, DUPONT de St.OUEN Fernand, LESQUESNE Charles, LEST Victor, GIRAULT Alexandre, EWBANK Georges, TROMONT Charles.

Chez les femmes :

  • Civ 7793 St.Amand(-les-Eaux) : DAVAINE Rose, BARBIEUX Emilie, LEFEBVRE Adèle, REOL Gabrièle.
  • Civ 7798 Valenciennes : GRAVIES Blanche, REGARD Eugénie, MEURIN Augustine.

  

  Le livre d'Émile FERRÉ "Nos étapes de représailles en Lithuanie", illustré par Charles MARIAGE et publié à Lille dans les années 1920 permet de découvrir des croquis des lieux et de reconstituer les parcours : ( voir la Ière partie  )

  • Arrivée à Żośle (lituanien : Žasliai; polonais : Zoszle)
         Venant de Kaunas (en polonais Kowno, en allemand Kauen) le train des otages arrive en gare de Koshedari (en lituanien Kaišiadorys, Koszedary en polonais, Кошедары en russe) et continue sur Zosle, où nul n'est prévenu de leur arrivée, le train repart donc pour Koschedary et revient le lendemain à Zosle, les passagers ayant passé la nuit dans le train sans nourriture.

    K-Z

  • De Żośle à Milejgany (lituanien : Mijaugonys, village de la commune d'Elektrenai) :
         Ferré parle de la plus terrible tempête de neige qu'il soit possible d'imaginer même en Russie, le 12 janvier 1918 à 9h1/2, les otages entament une marche de 4,5km selon les précisions apportées (voir le sujet "otages en lithuanie III").

    Zosle gare - Grange


        Une route probable en respectant la distance sur carte d'époque est en rouge. Comparer avec le même chemin sur la carte moderne ; la route 143 n'existait pas alors. On arrive à "Kalniniai Mijaugonys " (Haut Milejgany (?) par opposition à Kloniniai Mijaugonys qui se trouve de l'autre coté de l'autoroute A1). A noter que la forêt était moins étendue, seule la parcelle 18 existait.

        Faute de camp prévu pour les loger, ceux-ci furent forcés d'occuper une grange et un bâtiment attenant ouverts à tous les vents par un froid tel qu'ont connu les soldats de la Grande Armée, passée de Kowno à Vilna en juin 1812, et y repassant en décembre de la même année lors de la "retraite de Russie". Les Mémoires du Sergent Adrien Jean-Baptiste François BOURGOGNE, (12/11/1785, Condé-sur-l'Escaut (Nord) - 14/04/1867, Valenciennes) contiennent d'ailleurs un passage intitulé "De Wilna à Kovno".

    Arrivée Zosle


        L'un des dessins du livre de Ferré représente le cimetière de Milejgany, peut-être celui ci-dessous à 500m de l'endroit où se termine le trajet.

    Cimetière Milejgany cimetière Milejgany vue

       
        Il n'est guère possible de situer l'emplacement de la grange, même sur d'anciennes cartes.

    grange


    La même, dessinée par Auguste Théatre (les murs semblent de briques, ce qui est un peu contractoire avec les dessins de Ch. Mariage ci-après)

    ob_b5caba_dessin-aquarelle-milejgany-auguste-the
    (mise en ligne par le Musée Municipal de Sedan)

        

  •  A Milejgany :
    Dessins de F. De Haenen, d'après les croquis de Ch. Mariage (voir la première partie du sujet)

    annexe grange interieur grange

    L'intérieur dessiné par Auguste Théatre :

    ob_33899f_dessin-auguste-theatre-vue-interieur-c
    (mise en ligne par le Musée Municipal de Sedan)

  • De Milejgany à Jewie, nom polonais de l'actuel Vievis Lituanien et dont le nom russe est Евье.
        Arrivés le 12 janvier 1918, 160 otages (dont 17 prêtres sur les 52) partent pour Jewie le 18. Il leur faut bien entendu regagner la gare de Zosle, d'où le train les conduit en une heure à celle de Jewie. De là ils marchent 15 minutes jusqu'à une église orthodoxe, qui -dit Ferré- a subi le bombardement (lors de l'offensive germano-russe).

    M-J

    1607 Zasliai-Vievis
    Marche des otages jusqu'à l'église



        Il ne la nomme pas, mais il s'agit de l'Eglise de Notre-Dame de l'Assomption. Bâtie en 1843 elle remplace l'égise (orthodoxe) paroissiale que semble-t-il "Napoléon a brûlée en 1810". Ch. Mariage nous offre un dessin de cette église, permettant ainsi de la retrouver ; refaite récemment à neuf (avec une discorde sur la forme du bulbe), sise le long de la route européenne E85 qui relie la Baltique à la mer Egée, on peut -à la neige près- la voir comme il l'a vue :

    PetiteEglise Jewie  Vievis002

        Ce groupe restera séparé moins de deux mois de ceux restés à Milejgany : le 15 mars ils partent pour Ponary près de Vilnius, ou les retrouveront les autres otages moins ceux qui doivent être hospitalisés à Vilnius.

 

  • De Jewie à Ponary (en lituanien Paneriai) :

    V-P


         Le camp de destination, dont la localisation précise n'est pas certaine s'appelle Roon (parfois cité 'Block-Roon') ; ce n'est pas une localité, mais le nom d'un général et homme d'état prussien : Albrecht Theodor Emil von Roon (né près de Kolberg en Poméranie le 30 avril 1803 et mort à Berlin le 23 février 1879), le camp ne semble pas avoir été réutilisé, ce qui peut expliquer que le nom de l'endroit n'ait pas survécu.
    Parmi la grosse centaine de cartes étudiées (sur plus d'un siècle), une seule -allemande de 1918- fait figurer le nom un peu au sud de la gare de Ponary. Ferré qui signale l'endroit à 7km de Vilnius, donne également le nom de Nejlowoj, qu'il a été impossible de situer, mais cite fréquemment le vallon de Nowo-Siolsky qui semble donner une vue sur Vilnius.

    Roon

        L'auteur qui retrace des promenades dans les bois de pins aux alentours cite le nom "Ponary (Kaplitsa)". Kapliça [kaplit͡sa] veut dire chapelle en polonais. Il ne parle jamais du tunnel sur la voie ferrée (maintenant fermé), mais un dessin d'Auguste THEATRE, professeur de dessin, montre l'entrée ouest celui-ci, on aperçoit à gauche le sanatorium :

    Aquarelle Auguste THEATRE
    (mise en ligne par le Musée Municipal de Sedan)




  • A Ponary :

    Entrée de Roon

       

        C'est un camp de 4 baraques en bois vite baptisées Joffre, Foch, Pétain et Castelnau, séparées par l'avenue de la Victoire, qui n'a rien à voir avec un sanatorium comme on a pu le voir écrit, cependant Ferré parle bien d'un sanatorium voisin non terminé, qu'il a pu approcher avec ceux qui l'accompagnaient lors des promenades autorisées. Le tsar en avait débuté la construction en 1913, malheureusement il n'en reste rien. L'excellent site lituanien Mylimas Vilnius ("J'adore Vilnius") en signale l'emplacement qui se trouve être maintenant sur le réseau ferré de triage, non loin du tunnel.

    Sanatorium GGl t
    La gare de Ponary est signalée en bleu à gauche au sud des voies

        Ferré fait allusion à un petit groupe de déportés malades que l'on va rapatrier, faisant référence à un article de la Gazette des Ardennes que je n'ai pu retrouver ; il le confirme plus tard : ils sont partis le 14 avril. Grace aux notes prises par le recteur Georges LYON de Lille, on a la confirmation que 97 otages sont de retour en France occupée le 24 avril. le recteur rend d'ailleurs visite à l'un d'entre eux  M. GAGEDOIS de Dom-Sainghin qui peut lui raconter leurs souffrances.
    L'auteur donne le nombre d'otages restants : 438, déduction faites des morts et de ceux qui sont hospitalisés à Vilna.


      Les otages morts à Roon seront enterrés près de la chapelle dont Ch. Mariage a fait un croquis. Chapelle et cimetière existent toujours "à 2km environ de Roon" ; lors de l'enterrement de Jacquemain le 4 juin, Ardennais et 22e compagnon d'exil décédé, le cercueil "excessivement lourd" sera porté par 2 équipes de 6 qu'un chariot polonais remplacera à l'inhumation de Xavier LALLE le 19.

    Chapelle Ponary Paneriai_koplyčia

          La Sainte Chapelle de Jésus Crucifié (Šventoji koplyčia Jėzaus Nukryžiuotojo) et le cimetière font toujours l'objet de visites - guidées- en souvenir de la bataille qui eut lieu en 1831 entre Polonais et Russes lors de l'insurrection polonaise de 1830-31. Le cimetière contient des tombes anciennes, certainement d'habitants du voisinage, et il n'est pas exclu que les otages décédés et enterrés y soient toujours, je n'ai trouvé aucune information concernant un possible retour des corps.

    39_1280   52_1280

          Le jeudi 30 Mai 1918 est le jour de la Fête-Dieu. Après un Dimanche de Pâques (31 mars) "abominablement gris", les otages obtiennent le droit de se rendre à l'église de Biala-Waka actuellement Baltoji Vokė (autrefois en Lithuanien Naujoji Žagarinė ; en polonais : Biała Waka, en russe : Белая Вака):

    La Fête-Dieu fut un enchantement. Nous la célébrâmes, à la faveur d'une promenade collective, -nous obtînmes ces promenades à force de réclamations - dans l'Église de Biala-Waka à quelques lieues de notre camp. Départ à 3 heures 1/2. Traversée de la forêt où l'on cueille du muguet et de magnifiques ancolies. Vers 5 heures 1/2, nous sommes à destination. Joli village dont les maisons se groupent autour d'une église neuve et d'un château blanc. A l'église, Gallois est à l'orgue et la chorale à la tribune. Chant d'un couplet de Notre-Dame de France par Thiriez. Exécution d'une composition du Père Louis-Marie : Cor Mariae immaculatum, etc, etc. La cérémonie terminée, nous sommes reçus par le curé de Biala-Waka, debout sous l'auvent de sa maison de bois. Nous lui chantons les Stances du départ, de Gallois, paroles de Beltette. Le curé parait très impressionné, il nous dit : "Merci, messieurs les Français... je regrette de ne pas savoir bien votre langue, mais mon silence vous dit mon merci ! " On applaudit. On chante le Vivat flamand. Le curé remercie encore. Et nous voila partis visiter le château, vaste propriété, qui réunit dans son pourtour les maisons des serviteurs et des attachés à la glèbe. Des cigognes s'élèvent dans le ciel et vont se poser, en un vol plané d'une suprême élégance, dans les prairies avoisinantes. Garçons et fillettes, convenablement endimanchés, font la haie sur notre passage. C'est l'époque où les envois de France nous sont enfin parvenus et nous distribuons prodigalement biscuits et chocolats, à la surprise, je devrais dire à l'ahurissement des Prussiens qui occupent cette propriété-là, comme toutes les autres. Nous revenons par un soleil couchant d'une exquise douceur....

        J'ai choisi ce passage car il montre la volonté de tenir tête à leurs geôliers, et le plaisir qu'ils se font en étonnant les Prussiens n'est pas des moindres.

         Située au sud du camp sur la rivière Waka, l'église de la "Conversion de l'Apôtre St-Paul" est achevée en 1910 ; on la retrouve aujourd'hui dans un état comparable :

    Eglise BWb



    On retrouve également le château, pour le moment délaissé :

Chateau BWb

 

     A partir du 20 mai certains otages auront la possibilité de partit pour la Suisse via Rastadt ; 26, puis 78 choisirent cette destination mais resteront au moins un mois à la frontière avant de pouvoir la franchir, les derniers partis mettront plusieurs mois.
Les autres otages opteront pour le retour vers la France : partis le 8 juin, ils passent la frontière russo-allemande à Eydtkunen  actuellement Tchernychevskoïe (jusqu’en 1938 : Eydtkuhnen, et de 1938 à 1946 : Eydtkau), en russe Чернышевское,  ils y prennent leur première douche depuis le départ en janvier, et c'est un soldat -en uniforme allemand- de Ste Marie-aux-Mines (un Malgré-Nous) qui leur tend une serviette !

Holzminden servira de camp de transit, ils y retrouvent parmi les quelques 10.000 prisonniers les 400 femmes emmenées en même temps qu'eux (dont ils resteront séparés par des barbelés) d'où il repartiront ensemble après un court séjour pour Montmédy, il y resteront une semaine dans des casemates occupées par des russes et hériteront de leurs punaises (sic), les dames étant logées dans une église. Rentrés en France, (le 24 juillet à Valenciennes) il leur fut cependant interdit de prétendre par la suite à un rapatriement vers la France non occupée via la Suisse.

 

 

     Le livre d'Emile FERRÉ permet également de découvrir quelques visages des otages, parfois avec leurs noms :

Roon Comité du camp
De gauche à droite (en commençant par en haut) : WAARTH, CHATTELEYN, MOLINIÉ, LEMPEREUR, TIBERGHIEN, BACHELET, AUBRON, l'abbé LELEU, MOUCHET, EWBANK, NININ, FERRÉ, VITTINI, GUILBAULT, DELEPOULE, ROCHON, Abbé QUIEVREUX, FERRI, FICHAUX, MARTINET.

 

Roon Section 10 otages ardennais section 8 otages Roon

section otages Roon a section otages Roon b

Voir également cette photo et quelques détails sur Europeana

Europeana
L'otage marqué d'une croix est Charles CRÉQUY, voir plus bas.

 

artistes du camp
Les artistes du camp à Roon.
Debout (de gauche à droite) : MARIAGE Charles, FERRÉ Emile, THÉATRE Auguste, LESOURD Max.
- Assis : LEBOUCQ Georges, DUVIVIEZ Maurand.

 -+-+-+-+-+-+-+-+-

THÉATRE Auguste, né le 27 décembre 1867 à Vendresse (Ardennes), décédé le 31 mars 1956 à Sedan (Ardennes) professeur de dessin artistique que l'on voit ici sur une photographie faite par l'occupant pour délivrer les papiers d'identité obligatoires

Theatre A


avait fait également ce portrait non nommé :

ob_0f5d9a_dessin-auguste-theatre-portrait-prison
(mise en ligne par le Musée Municipal de Sedan)

Le musée de Sedan, contacté, a obligeamment mis en ligne le carnet de croquis d'Auguste Théâtre : des représentations de lieux, mais aussi des visages, malheureusement la plupart sans indication de nom. Sur cette page, en bas.

 -+-+-+-+-+-+-+-+-

Une autre photogaphie, aimablement transmise par l'arrière petit-fils de l'un de ceux hospitalisés à Vilnius : Furcy BOISE.

                  Oscar ou Apollon DUBOIS     Henry MANCEAU      Louis LENFANT            Albert RATEAU
                   Obrechies ou Aisonville         St Michel               Lambersart                 Savigny
otages
  Emile RANGON             Furcy BOISE         Jules LEROUX (ecclésiastique)      Emile FACQUIR           Alfred GERARDIN
    La Neuville                 Cartignies               Le Marais de Lhomme             Sedan                    Mont St Rémy

Les noms sont écrits au dos au crayon, peu lisibles avec le temps, et délicats à interprèter pour certains..

  -+-+-+-+-+-+-+-+-

On trouve aux Archives des Ardennes le portrait de CRÉQUY Charles de La Francheville (Ardennes) qui raconte :

CREQUY Charles"Otage de représailles des Allemands, j’ai été interné en Lituanie.

"Mobilisé, je suis renvoyé dès le 12 août 1914 dans mes foyers. Je reste en région envahie où je suis cultivateur. La France ayant emprisonné des ressortissants allemands au début de la guerre, l’Allemagne décide d’interner des otages civils français. Fin 1917, je me porte volontaire pour remplacer mon père. Le voyage vers Milejgany, en Lituanie, se déroule dans des conditions épouvantables.

"La vie au camp est précaire : hiver glacial, hygiène déplorable, rations alimentaires insuffisantes, corvées multiples… Je quitte la Lituanie le 8 juillet 1918 et le 23 de ce mois, je suis de retour dans les Ardennes.

"Charles CRÉQUY (1887-1956)"


 -+-+-+-+-+-+-+-+-

     Il est difficile d'avoir des certitudes sur le devenir des otages après la guerre, et plus encore sur la reconnaissance qui leur fut accordée, mais en cherchant les honneurs qu'ils avaient pu recevoir, j'ai trouvé, au Journal Officiel de la République du 26/09/1922, le nom d'une femme faite chevalier de la Légion d'honneur à titre posthume. Il s'agit bien entendu d'un internement à Holzminden, aucune femme n'ayant été internée en Lithuanie.

Femme à Milejgany, JORF 19220926 LHP

     Il en est de même de la baronne d'Huart de Longwy qui, selon le JO du 10/02/1924, aurait été déportée en Lithuanie, mais figure bien sur la lite d'Holzminden.

LEBLON Flavie

 

Figure au même JO l'un des otages masculins de Milejgany décédés à Vilnius : LEMAIRE Donatien Edouard

LEMAIRE Donatien JORF 19220923 LHP

 On peut espérer découvrir qu'il en a été de même pour les autres, et que les survivants n'ont pas été trop vite oubliés.....

D'une guerre l'autre.

     Le nom de Ponary/Paneriai (Ponar en yiddish) resurgira lors de la guerre suivante : c'est le lieu du massacre, quelques km à l'ouest de Roon, de 1941 à 1943 de près de 100.000 personnes : 70.000 juifs, 20.000 Polonais et 8.000 Russes par l'Einsatzgruppe 9 et ses auxiliaires lituaniens : les emplacements de citernes semi-enterrées d'un un ancien site soviétique de stockage de carburant constitueront leur lieu d'exécution et dernière demeure.

Biala-Waka verra de son coté, comme d'autres localités voisines, s'installer un camp de travailleurs issus du Ghetto de Vilnius.


De la difficulté des noms de villes :

    Le futur général De Gaulle (qui, alors lieutenant, passe avec le 33e RI à Valenciennes le 5 Août 1914 au matin en direction de Dinant où il sera blessé le 15 1) a été prisonnier -notamment- dans un camp de représailles en Lithuanie dont le nom est le plus souvent écrit Szczuczyn (prononciation polonaise: [ˈʂt͡ʂut͡ʂɨn]) qui désigne un village polonais de la gmina de Szamotuły dans la powiat de Szamotuły de la voïvodie de Grande-Pologne dans le centre-ouest de la Pologne. A moins que ce ne soit Szczuczyn, village de Pologne, situé dans le gmina de Szczuczyn (dont elle est le siège), dans le Powiat de Grajewo, dans la voïvodie de Podlachie.

C'est aussi l'orthographe du registre du CICR qui le recense durant sa captivité :

De Gaulle Szczuczyn
(... venant d'Osnabrück)

On peut même voir écrit sur le web qu'il s'agirait de Szczecin (Stettin en allemand, Sztetëno en cachoube, anciennement Stetin en français), le chef-lieu de la voïvodie de Poméranie occidentale, bien loin de la Lithuanie d'alors.

     Il s'agit en réalité de Chtchoutchyn (en biélorusse : Шчучын ; en lacinka : Ščučyn) ou Chtchoutchine (en russe : Щучин ; en polonais ... ... : Szczuczyn), de la voblast de Hrodna (Grodno), en Biélorussie.

On note que ce n'est plus en Lituanie actuelle, les frontières dans cette région ayant beaucoup bougé.

 

 

    Le journal officiel de la république française ne nous aide pas non plus, malmenant parfois l'orthographe des lieux de détention : on y trouve "Mileygany", "Milejany", "Milegamy" pour Milejgany ; "Roow" et jusqu'à "Bheronne" dans lequel il faut deviner le camp de Roon.

 

 

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Credits photos Wikipedia, Panoramio, Google, collection perso.


 

1 Je me suis toujours demandé ce qu'ont pensé tous les soldats de Lille -ou d'Arras comme ceux du 33e RI - et en général des départements occupés de l'ouest, lorsqu'ils ont appris l'invasion puis l'occupation de leur région et le fait que la frontière n'y était pas défendue....

22 avril 2017

Civils des territoires occupés : Ont bien mérité du pays.

 

Légion d'honneur attribuée à titre posthume, victimes civiles : 1922, 1923, 1924

 


Décret de 1922

MINISTÈRE DE L'INTERIEUR

 Par décrets du Président de la République en date du 2 Août et 16 septembre 1922,
  Vu les déclarations du conseil de l'ordre en date des 17 juillet et 2septembre 1922, portant que les promotions faites aux termes des présents décrets n'ont rien de contraire aux lois, décrets et règlements en vigueur ;
  Vu l'article 2 de la loi du 16 août 1920 ;
  Sur la proposition du ministre de l'intérieur,

  Sont nommés, à titre posthume, au grade de chevalier de l'ordre national de la Légion d'honneur :

 

   Suit une liste de noms avec les raisons d'attribution ; je ne fais que citer les noms, professions, villes et date de décès, les faits décrits sont visibles au Journal Officiel du 26/09/1922, (pp 9698 et 9699). A une exception près ce sont des habitants de l'Aisne.

 

  • M. Denoyon (Anatole-Alexis), conseiller d'arrondissement de Coucy-le-Château (Aisne). 25/12/1914.
  • M. Michel (Auguste-Charles), commandant de sapeurs-pompiers de Vailly (Aisne). 30/10/1914.
  • M. Desjardins (Jules), maire de Renoncourt (Aisne). après mars 1917.
  • M. Pechenard (Pierre-Louis), évêque de Soissons (Aisne). 25/10/1920.
  • M. Roquin (Daniel-Paul-Eugène), maire de Coucy le Château (Aisne). 16/01/1917.
  • M. Gladieux (Charles), employé de commerce à Vaux-Andigny (Aisne). 16/10/1918.
  • Mme Drubigny (Thérèse-Isalie), née Defer, cultivatrice à la Hérie (Aisne).01/03/1919.
  • M. Demoulin (Félicien-Emile), employé de chemins de fer à Chauny (Aisne). 13/07/1918.
  • M. Lemaire (Donation-Edouard dit Antony), propriétaire à Dizy-le-Gros (Aisne). 25/03/1918. (Cf otage Lithuanie)
  • M. Plateau (Auguste-Brice), conseiller municipal de Connigis (Aisne) (y né). Fusillé en 1914. (Le JO et la base Léonore disent "à Lannoy-Aisne' je ne l'ai trouvé nulle part.)
  • M. Letombe (Ernest-Louis), curé de Martigny, canton de Craonne (Aisne). 09/01/1919.
  • M. Leguery (Edouard-Gustave-Adolphe), Maréchal ferrant à Chouy (Aisne). 11/09/1914.
  • Mme Leblon, née Lefebvre (Flavie-Clémence), rentière à Saint-Martin-Rivière (Aisne). sd. (notée comme internée à Milejgany. Il n'y eut jamais de femme. Probablement Holzminden)(Cf otage Lithuanie)
  • M. Fricoteaux (Aristide-Eugène), maire de Anguilcourt-le-Sart (Aisne). sd. voir
  • M. Evrard (Henri-Emilien, dit Auguste), cultivateur A Anguilcourt-le-Sart (Aisne). 14/03/1916. voir
  • M. Derbois (Auguste Alphonse-Alexandre), garde champêtre à Anguilcourt-le-Sart (Aisne). 14/03/1916. voir
  • M. Bleuze (François-Achille, dit Alexandre), propriétaire herbager à Laigny (Aisne). 08/03/1916.
  • M. Cambray (Désiré), ouvrier de scierie à Pierremande (Aisne). 04/09/1917.
  • M. Baillia (Nicolas), demeurant à la Malmaison (Aisne). 15/07/1917
  • M. Watin (Adrien-André-Joseph), charpentier à Vaurexis (Aisne). 18/09/1914.
  • M. Watin (Léon-André), demeurant à, Vaurexis (Aisne). 18/09/1914.
  • M. Tourolle (Joseph-Cyrille-Adolphe), apprenti maçon, à Parfondeval (Aisne). 08/11/1918.
  • M. Oudelet (André-Clément), garçon boulanger à Monceau-les-Leups (Aisne). 15/04/1918. (voir)
  • M. Lebeau (Joseph-Donat), mécanicien à Chalandry (Aisne). 01/09/1914.
  • M. Fossier (Félix-Alexandre), maire de la Malmaison (Aisne). sd.
  • M. Caron (François, dit Victor), cultivateur à Vaurezis (Aisne). 18/09/1914.
  • M. Bonnaire (Charles), garde-champêtre à Festieux (Aisne). 13/04/1917.
  • M. Adam (Charles-Léon), garçon boulanger à Monceau-les-Leups (Aisne). 16/04/1918. (voir)
  • M. Winsback, pharmacien à Briey (Meurthe-et-Moselle). 21/08/1914.

 

 

 


Décret de 1923

MINISTÈRE DE L'INTERIEUR

  Par décret du Président de la République en date du 21 septembre 1923,
  Vu les déclarations du conseil de l'ordre en date des 6 mai, 9 août, 6 octobre 1922 et 25 août 1923, portant que les promotions faites aux termes du dit décret n'ont rien de contraire aux lois, décrets et règlements en vigueur ;
  Vu l'article 2 de la loi du 16 août 1920, complété par la loi du 14 avril 1923 ;
  Sur la proposition du ministre de l'intérieur,

  Sont promues ou nommées à titre posthume dans l'ordre national de la Légion d'honneur, les personnes ci-après désignées, décédées antérieurement au 16 août 1920 qui ont bien mérité du pays au cours de la guerre pendant l'occupation ennemie dans les régions envahies.

 

Le JORF

(pp 9900 à 9903) disponible sur Gallica n'est malheureusement pas suffisamment bien imprimé pour permettre une publication en version texte, en voici donc la liste des 397 noms, sachant que le texte original fait apparaître prénoms et communes, répartis par départements ayant connu l'occupation : 

Aisne (18 noms), Ardennes (29 noms), Marne (40 noms), Meurthe-et-Moselle (19 noms), Meuse (46 noms), Nord (203 noms), Oise (6 noms), Pas-de-Calais (7 noms), Seine-et-Marne (12 noms), Somme (10 noms), Vosges (2 noms).

 carte france front dep

 

    Cependant il y eut des oublis dans le décret de 1923, les 24 nominations parurent un an plus tard, avec le décret, énoncé de la même façon, du 7 décembre 1924. Il rectifie par exemple l'oubli de 3 des 13 civils de 9 à 86 ans (tous titulaires de la Légion d'honneur à titre posthume) assassinés par l'envahisseur à Crévecoeur-sur-Escaut le 27/08/1914. Le récit est disponible dans la revue Cambrésis terre d'histoire n°10, ainsi que dans le n°70, plus récent. J'avais détaillé ceux-ci dans une autre page de ce blog.

 
civils crévecoeur
Monument aux morts de Crévecoeur-sur-Escaut.

 

   Parmi les noms ci-dessous certains ont fait l'objet d'un développement sur ce blog, soit personnellement, soit dans une page plus générale, comme les victimes de Quérénaing du 25 aût 1914. Cette liste n'est bien entendu pas exhaustive des victimes de l'invasion.

 


Décret de 1923

  • AISNE
    • Au grade de chevalier : (18 noms)
      M. l'abbé DEGARDIN
      M. ANGUET, charpentier
      M. BOUDEVILLE Alfred, cultivateur
      M. BOUDEVILLE Pr., cultivateur
      M. DUPRESSOIR, cultivateur
      M. LOREAU, cultivateur
      M. PARIS, cultivateur
      M. VARQUIN, étudiant
      M. MARTIN, Instituteur
      M. LEFÈVRE, maire
      M. MAGNIER, maire
      M. POUTRE, maire
      M. RILLART DE VERNEUIL, maire
      M. CORNAT, manouvrier
      M. DUMÉNIL, manouvrier
      M. HEULLE, manouvrier
      M. BLEUZE, maréchal
      M. THILLOIS, rentier

 

  • ARDENNES
    • Au grade d'officier : (1 noms)
      M. BAUDELOT, commandant en retraite

    • Au grade de chevalier : (28 noms)
      M. l'abbé AUFFRAY
      M. l'abbé BOURGUIGNON
      M. l'abbé VUIBERT
      M. BONNEVILLE, cultivateur
      M. BOURSE, juge de paix
      M. CARBON, cultivateur
      M. CONDOINT, industriel
      M. DELBECK, maire
      M. FRÉAL, maire
      M. GEORGE, agent général d'assurances
      M. JACQUEMIN, industriel
      M. JAMEIN, notaire
      M. JONET, rentier
      M. LALLE, marchand de moutons
      M. LAROCHE, professeur
      M. LECAT, commissaire de police
      M. MANGON, industriel
      M. MAUS, ouvrier
      M. MORIGNY, commerçant
      M. MULOT, rentier
      M. NEOILLES, adjoint
      M. OGRE, retraité
      M. PIRON, cultivateur
      M. RATEAU, cultivateur
      M. REGNERY, filateur
      M. VAUTHIER, pharmacien
      M. VISSEAUX, maire
      Mme COUSIN née DUMONT

 

  • MARNE
    • Au grade de chevalier : (40 noms)
      M. ADAM, cantonnier
      M. BEDEL, cultivateur
      M. BOCQUILLON, manouvrier
      M. BOUCQUEMONT, cultivateurs
      M. BROCHOT, agriculteur
      M. BRULFERT, garde champêtre
      M. CANUS, agriculteur
      M. CANUS, ouvrier agricole
      M. COURGIBERT, propriétaire
      M. DÉCÈS, cultivateur
      M. DESPEZELIE, agriculteur
      M. FÉLIX, cultivateur
      M. FONTAINE, cultivateur
      M. GARNIER, journalier
      M. HENRIET, rentier
      M. HENRY, garde champêtre
      M. JACQUET, berger
      M. JAQUIN, adjoint au maire de Reims
      M. JONIOT, rentier à Neuvy
      M. LABARRE, cultivateur
      M. LAPLAIGE, cultivateur
      M. LAURENDEAU, manouvrier
      M. LEFÈVRE, caissier
      M. LEMOINE, cultivateur
      M. LOIR, cultivateur
      M. LOUVET, rentier
      M. MARTIN, retraité
      M. MARTIN A., cultivateur
      M. MARTIN L., cultivateur
      M. MARTIN R., cultivateur
      M. PHLLIPPON, maçon
      M. PRIEUR, cultivateur
      M. RENÉ, cultivateur
      M. ROGE, cultivateur
      M. SAVRY, scieur de long
      M. THOMAS, vigneron
      M. TRUFFAUT, manouvrier
      M. VERDIER, manouvrier
      Mlle BOUCHE
      Mme LHEUREUX née LECOMTE, journalière

 

  • MEURTHE-ET-MOSELLE
    • Au grade de chevalier : (19 noms)
      M. BAJOLET, maire
      M. BERTRAND, cultivateur
      M. CHENIQUE, cultivateur
      M. DURAND, receveur buraliste
      M. ERARD, cultivateur
      M. FAYOU, cultivateur
      M. GEORGES, cultivateur
      M. HIBLOT, chef magasinier
      M. HOTTIER, maire
      M. HUMBERT, notaire
      M. JACQUOT, camionneur
      M. LALLEMENT, cultivateur
      M. MAHY, commerçant
      M. MARIAS, prêtre
      M. NORRE, maçon
      M. PLÉCIS, retraité
      M. ROUSSELOT, maire
      M. VEILLON, maire
      M. VOUAUX, professeur

 

  • MEUSE
    • Au grade de chevalier : (46 noms)
      M. AGAGNE, cultivateur
      M. AUBIAT, garde champêtre
      M. BASTIEN, juge de paix
      M. BEAUDIER, cultivateur
      M. BOUCHE, journalier
      M. BOURGEOIS, cultivateur
      M. BRICLOT, cordonnier
      M. BRICLOT, bonnetier
      M. BRIY, journalier
      M. BROQUARD
      M. CHABOREL, cultivateur
      M. CHEVALIER
      M. CHOPINET, cultivateur
      M. COCLICNET, cultivateur
      M. COLLIGNON
      M. COMMENIL, marchand de bois
      M. FRANÇOIS
      M. GUINARD
      M. HENNEQUIN, menuisier
      M. JACQUEMART, cultivateur
      M. LAMBERT, cultivateur
      M. LECOURTIER, cultivateur
      M. LEGLAYE, manouvrier
      M. LEMOINE
      M. LEMOINE fils
      M. LEMOINE père
      M. MAURICE, manouvrier
      M. MEUNIER, journalier
      M. MICHEL, Jardinier
      M. PAQUIER
      M. PÉRICHON, jardinier
      M. PÉRIN
      M. PERRIN, dessinateur
      M. PIERRE
      M. PIERRON, charron
      M. POULAIN
      M. RAIWORT, cultivateur
      M. RAYER, manouvrier
      M. RENAUDIN
      M. SCHNECK, sculpteur
      M. SIVRY
      M. TABOURET, sculpteur
      M. THARCYS, cultivateur
      M. TOUSSAINT, cultivateur
      M. TOUSSAINT, directeur d'école
      Mme veuve HUTIN née VINSARD, cultivatrice

 

  • NORD
    • Au grade d'officier : (5 noms)
      M. BERTRAND, professeur
      M. BOSQUET, président de chambre à la cour d'appel de Douai
      M. BUISINE, professeur
      M. DUBUE, inspecteur d'académie
      M. FEBVRET, président de chambre à la cour d'appel de Douai

    • Au grade de chevalier : (203 noms)
      M. l'abbé BEHEYDT
      M. l'abbé DELESALLE
      M. l'abbé BOGAERT
      M. BAERT, maire
      M. BARBARE, chauffeur
      M. BARDOUX, commerçant
      M. BARROIS, professeur
      M. BASUYEAU
      M. BAUDRUPT, journalier
      M. BEAUCHÊNE, jardinier
      M. BEAUVILLAIN, tisseur
      M. BILLEAU, journalier
      M. BILLIAU, commissaire de police
      M. BINTEIN
      M. BLANCKE
      M. BLANQUART, adjoint
      M. BLAREAU, journalier
      M. BLAS, cultivateur
      M. BLEUSE, ouvrier métallurgiste
      M. BOCQUET, négociant
      M. BOS
      M. BOUCHARD, conducteur de train
      M. BOUCLY (écrit Bouchy), cantonnier
      M. BOUCQUILLON
      M. BOUDRUT
      M. BOURLET
      M. BRACQ
      M. BRASSEUR
      M. BRASSEUR, agriculteur
      M. BRASSEUR, cordonnier
      M. BRICOUT (écrit Bricourt), négociant
      M. BRIEX, pharmacien
      M. BUISINE, professeur
      M. BULTEZ, ouvrier d'usine
      M. BULTEZ, usinier
      M. CAILLE, négociant
      M. CAMBIER
      M. CANONNE, cultivateur
      M. CAPRON, employé
      M. CARLIER
      M. CARON, professeur d'équitation
      M. CATEAU
      M. CAZER, verrier
      M. CHAMBEAU, juge d'instruction
      M. CLOES, propriétaire
      M. COINCHON, journalier
      M. COPPENS, homme de peine
      M. COQUELET, étudiant
      M. COUDEUR, journalier
      M. COUDOUX, ajusteur
      M. CRÉPIN, cafetier
      M. CUVELLER, chiffonnier
      M. DACHET, tisseur
      M. DANGRE, employé
      M. DANVEAUX, ouvrier tisserand
      M. DAPVRIL
      M. DE ROUCY, maire
      M. DEBIÈVE, garçon brasseur
      M. DECONINCK
      M. DEHAYE, tailleur d'habits
      M. DELANNOY
      M. DELNARDE, cultivateur
      M. DELOFFRE (Marcelin), entrepreneur de maçonnerie à Le Cateau
      M. DELOS, propriétaire
      M. DELTOUR, cultivateur
      M. DERMY, cordonnier
      M. DEMON, cultivateur
      M. DEMORY, mineur
      M. DEMOULIN, mécanicien
      M. DENARTRES
      M. DENOYELLE, journalier
      M. DEPUYDT, ouvrier agricole
      M. DEVRETZ, cultivateur
      M. DHOINE
      M. DISSART, conseiller à la Cour d'appel de Douai
      M. DRAPIER, journalier
      M. DRECQ, cultivateur
      M. DRECQ, domestique
      M. DRUMEZ
      M. DUJARDIN, mineur
      M. DUMONT, cultivateur
      M. DUQUENNE, mouleur
      M. DUREZ, cultivateur
      M. DUROT
      M. EVRARD, cordonnier
      M. FLAMENT, ecclésiastique
      M. FONTAINE, cultivateur
      M. FONTENELLE, verrier
      M. FOSTIER, adjoint
      M. FREMEAUX, domestique
      M. FRÈRE, étudiant
      M. FRIXON, directeur d'école
      M. GABELLE, rentier
      M. GABET, forgeron
      M. GALLIEX, journalier
      M. GHARTIER, retraité
      M. GHESQUIÈRE, député
      M. GIAGNET, agriculteur
      M. GILLES, cultivateur
      M. GLACET, domestiques de ferme
      M. GOSSE (Joseph Anselme), cultivateur à Catillon
      M. GRACY, propriétaire
      M. GRÉSILLON, ouvrier agricole
      M. GRESSIER, cantonnier
      M. GRONIAU, cultivateur
      M. GUICHARD, bâtonnier des avocats du barreau de Lille
      M. HANNECART, ajusteur
      M. HAPPE
      M. HARDY, propriétaire
      M. HARICHEZ, maire
      M. HAVEZ, usinier
      M. HENNEBERT, ajusteur
      M. HENRY, journalier
      M. HENRY, ouvrier d'usine
      M. HERBAU, garçon meunier
      M. HERMAN, négociant
      M. HUVELLE, journalier
      M. JACQUET, journalier
      M. JUMAUX, ouvrier agricole
      M. LACROIX, commissaire de police
      M. LADRIÈRE, maître maçon
      M. LALART, commerçant
      M. LALLIER (Henri), comptable à Le Cateau
      M. LALYSSE, employé
      M. LAMBILLIOTE, médecin
      M. LANCELIN, mineur
      M. LEBEAU, blanchisseur
      M. LECOMTE, journalier
      M. LECRU, cordonnier
      M. LEDIEU-SARSY, menuisier
      M. LEDUC, tisseur
      M. LEGRAND
      M. LEJEUNE, commerçant
      M. LEROY, commissaire de police
      M. LESAGE
      M. L'HOMME (Vital Louis Alfred), pharmacien à Le Cateau
      M. MAILLOT
      M. MAIRESSE, usinier
      M. MARCHAND
      M. MARCHAND, employé
      M. MARÉCHAL
      M. MARLIÈRE, mineur
      M. MARTINIE, ouvrier maçon
      M. MASCAUX, brasseur
      M. MASSE, garde particulier
      M. MÉRESSE
      M. MEURISSE
      M. MICHAUX
      M. MICHAUX, industriel
      M. MONIER, journalier
      M. MONNECLAY, maire
      M. MOREAU, ouvrier agricole
      M. MOREAU, président du tribunal civil de Cambrai
      M. MOSSION, commissaire de police
      M. PAGNIEN (Alfred), employé, de Wasquehal
      M. PAMART, domestique de ferme
      M. PARSIS, chef de train
      M. PARSY, conducteur de train
      M. PERRON, fonctionnaire
      M. PIQUE, tailleur de grès
      M. PRÉAUX A., ajusteur
      M. PRÉAUX O.
      M. PREVOT, brasseur
      M. PROUVOST, industriel
      M. RAGOT, journalier
      M. RÉMY, cheminot
      M. ROSE, commerçant
      M. ROUSSEAU
      M. ROUSSELIE, boulanger
      M. RUFFIN, journalier
      M. SALONE, notaire
      M. SÉPULCHRE
      M. TAMBOISE, cultivateur
      M. TELLIEZ, journalier
      M. THIRLON, fonctionnaire
      M. TOUCHART-DELILLE, chauffeur-mécanicien
      M. TRIBOU, chauffeur
      M. TRICOTTEAUX, journalier
      M. VANQUATHEM, entrepreneur
      M. VINCENT, docteur en médecine
      M. VITASSE fils
      M. VITASSE père
      M. VITRANT
      M. WAYMEL, brasseur
      Mlle CAGNARD (Louise Aimable), répétitrice au collège Fénelon à Cambrai
      Mlle DACQMINE (Palmyre Hélène), doubleuse à Croix
      Mlle DE VEIRMAN (Pauline), ouvrière de filature à Lille
      Mlle DEDOURGE (Julie), domestique à Lesquin
      Mlle LEMOINE Henriette (née en 1905), ménagère à Crévecoeur-sur-Escaut
      Mlle POREZ (Thérèse)
      Mme BOONE née RENNERIE (Clémence Virginie), cabaretière
      Mme BOSSUYT née DANEL (Georgina), agricultrice
      Mme BOURGANNOT née DANHIEZ Clarice Joseph)
      Mme CORETTE née DUFRESNOY (Rosalie), ménagère à Crévecoeur-sur-Escaut
      Mme DISPA née DEMARCQ (Léonie), ménagère à Roubaix
      Mme FOSTIER née BAYARD (Marceline)
      Mme GILLES née Bourgonnot (Aurélie), cultivatrice
      Mme GOSSE née LENAIN (Clémence Justine), cultivatrice à Catillon
      Mme LAFRANCE née LACROIX (Flore Juliette)
      Mme LENQUETTE née MOTTE CLÉOPHA, journalière
      Mme MICHAUX née DENOYELLE (Clémence Augustine Joseph), ménagère à Crévecoeur-sur-Escaut
      Mme Vve HEYNDRICK née BOSSUT (Clémence Thérèse Pauline)
      Mme WASSELIL née DESHAYES (Clémence)*

 

  • OISE
    • Au grade de chevalier : (6 noms)
      M. DHOTEL, manouvrier
      M. LABICHE, manouvrier
      M. LECOMTE, manouvrier
      M. LERÈVRE, cultivateur
      M. PICART, cultivateur
      Mme JASENNÉ née FASSEUR, ménagère

 

  • PAS-DE-CALAIS
    • Au grade de chevalier : (7 noms)
      M. BUQUET
      M. LEMAÎTRE, médecin
      M. MICHEL
      M. SAINTLÉGER
      M. VICART, ouvrier d'usine
      M. WACQUEZ
      M. WALLECAN

 

  • SEINE-ET-MARNE
    • Au grade de chevalier : (12 noms)
      M. l'abbé FOSSIN
      M. COMBE, quincaillier
      M. DENIS, ouvrier agricole
      M. JOURDAINE, serrurier
      M. LEBEL, cultivateur
      M. LERICHE, cultivateur
      M. LIÉVIN ÉPICIER
      M. MENIL, cultivateur
      M. MILLARDET, peintre en bâtiment
      M. TERRE, coiffeur
      M. VAPAILLE, cultivateur
      Mme Vve CHOSSELAIR née BIZET, rentière

 

  • SOMME
    • Au grade de chevalier : (10 noms)
      M. l'abbé CARON
      M. l'abbé VILBERT
      M. BARBIER, cultivateur
      M. GELLE, maire
      M. JAZETS
      M. LAMARE
      M. LEQUAI-POURCHELLE, adjoint
      M. MERCIER, cultivateur
      M. PAILLARD, commissaire de police
      M. SOUSTRE, employé

 

  • VOSGES
    • Au grade de chevalier : (2 noms)
      M. ANTOINE
      M. FRANÇOIS


 
 
Décret de 1924 

  • ARDENNES
    • Au grade de chevalier : (1 nom)
      M. TAVERNIER (Nicolas Prosper), garde champêtre à Petites Armoises

 

  • MARNE
    • Au grade de chevalier : (1 nom)
      M. CRAPART (Albert Louis), cultivateur à Rieux

 

  • NORD
    • Au grade de chevalier : (22 noms)
      M. BEAUVOIS (Nicolas), ouvrier tisseur à Rieux
      M. BLAMPAIN (Napoléon), lamineur à Quérénaing
      M. CORETTE (Victor), journalier à Crévecoeur-sur-Escaut
      M. DUFRESNOY (Jean Baptiste), journalier à Crévecoeur-sur-Escaut
      M. FIERQUIN (Paul), ouvrier d'usine à Hautmont
      M. GHIENNE (Jean Baptiste), ouvrier maçon à Escaudœuvres
      M. HENNION (Jean Baptiste), bourrelier à Sautes
      M. HENNION (Pierre), veilleur d'usine à Lys-les-Lannoy
      M. LEBEAU (Alphonse Jean Baptiste), blanchisseur à Lys-les-Lannoy
      M. LEGRAND (Henri Fernand Joseph), processeur délégué à l'école supérieure de Valenciennes
      M. LEPERS (Désiré Louis), demeurant à Linselles
      M. LEPERS (Louis Désiré), cultivateur à Linselles
      M. MAISONGROSSE (Joseph Bernardin), employé des P. T. T. à Tourcoing
      M. MARLOT (Léon François Florimond), employé à Roubaix
      M. PRÉVOST (Ernest), herbager à Larouillies
      M. SALEMBIER (Floris Casimir Louis), ouvrier fileur à Lys-les-Lannoy
      M. SAMAIN (Gaston Renold), demeurant à Maubeuge
      M. SPEDER (Pierre Guillaume), directeur d'école primaire en retraite demeurant à Tourcoing
      M. THUILLEZ (Pierre Joseph Henri), garde champêtre à Rieux
      M. VANDECAPELLE (Emile Joseph), demeurant à Quesnoy-sur-Deûle
      M. VAUTIER (Louis François), comptable à Maubeuge
      Mme DUFRESNOY née CORBEAUX (Flore), demeurant à Crévecoeur-sur-Escaut

 Voir à leur sujet cette autre page de ce blog.

 

 

 

24 février 2017

Fusillés des Territoires Occupés

 

    J'ai déjà eu l'occasion d'évoquer les fusillés du valenciennois, mais ils n'ont hélas pas été les seuls. Il s'agit des personnes qui ont fait l'objet d'un jugement ou d'un conseil de guerre même des plus rapides, et non des (nombreuses) exactions commises lors de l'invasion.

 

    Voici des listes qui rassemblent les fusillés connus (au moins de moi), à commencer par les 10 femmes qui ont été fusillées durant le premier conflit mondial.
En survolant l'icone apparaît leur fiche (ou l'extrait de liste) conservé aux Archives Royales de Belgique. Un lien sur leur nom permet parfois d'en savoir plus.
La nationalité reste "inc", tant qu'elle n'est pas déterminée avec certitude.

 

     Les 10 femmes du tableau ci-dessous ont été fusillées ; Louise de BETTIGNIES initialement condamnée à mort avec Léonie VANHOUTTE (peines commuées en détention à perpétuité) est décédée en prison, de même que les 3 suivantes pour lesquelles on a très peu d'information : elles figurent -sans fiche- dans les listes établies après-guerre par la Commission Belge des Archives des Services Patriotiques établis en Territoire occupé au Front de l'Ouest qui collectait l'information auprès des membres des différents services.

 

     Gand est la ville de Belgique où l'ocupant a le plus exécuté : 52 noms d'avril 1915 à octobre 1918, dont 3 femmes (citées ci-dessus). S'y ajoutent 2 noms pour lesquels on a juste une date de décès, peut-être en prison, et 3 noms figurant sur les listes des archives belges sans grande information. Je les ai classés ci-dessous par date de décès.

     Selon les fiches des archives belges, les 5 exécutions du 11/08/1916 ont eu lieu à Mont-Saint-Amand-lez-Gand (Sint-Amandsberg) et non comme les suivantes au tir communal de Gand, avenue du Sacrifice (Offerlaan)

     2 Français figurent dans cette liste : le Valenciennois Alfred PAGNIEN et BERNARD Alphonse, traités ICI, ainsi qu'un Néerlandais : BEEK Jan.

    Viennent ensuite par nombre de fusillés, ceux de Liège (48 de mai 1915 à juillet 1918), exécutés au fort de la Chartreuse.
On retrouve dans la liste deux femmes : GRANDPREZ Elise et DERACHE Louise, citées plus haut.
Une femme devait être fusillée en même temps que GAROT, HERCK, HESSE, PAQUAY et SIMON : BENAZET Anne, tailleuse à Verviers, sa peine semble avoir été commuée. (voir l'affiche : lien sous les noms.)
      A signaler : Joseph ZILLIOX, Alsacien enrôlé dans l'armée allemande, condamné deux fois à mort, pour désertion et trahison.


     Puis c'est à Bruxelles que 32 Belges (dont une femme - Gabrielle PETIT), 3 Français (Jules MOHR de Valenciennes, Émile GRESSIER de St-Amand-les-Eaux et Paul DENIS de Rimogne-Ardennes) ainsi qu'une Britannique (Edith CAVELL) ont été fusillés au "Tir National" de septembre 1914 à décembre 1917. S'y ajoute un condamné à mort, décédé en prison avant la date : WANTY Jérôme soit un total de 37.

    A noter : François Van AERDE, dessinateur industriel à Anvers avait été condamné à mort en même temps que MOHR, GRESSIER et ERNALSTEENS, mais sa peine fut commuée en détention à perpétuité.


     19 Belges et 1 Français : DUVAL Sylvain Jules, sergent au 5e Btn Douaniers à Vivier-au-Court, Ardennes, né à Gercy, Aisne, le 31/12/1875, ont été fusillés à Hasselt d'octobre 1915 à avril 1917. La raison est toujours la même : appartenance à un service d'espionnage dépendant de l'un des 3 GQG, français, belge, anglais, ou du War Office.

Les dix fusillés du 16 décembre 1916 l'ont été dans l'actuelle caserne du colonel Dusart, Charles (1860-1914).


   Un Britannique : SZÈK Alexandre Gérard Henri, 5 Français : DAUNE Auguste de Mouzon (Ardennes), GARBET René de Lihus (Oise), SAMAIN Gaston de Maubeuge-Sous-le-Bois (Nord), VAUTIER Louis François de Maubeuge (Nord) et COOL Casimir d'Anzin (Nord), ainsi que 12 Belges et d'un homme à la nationalité non confirmée ont été fusillés à Charleroi entre le 10 décembre 1915 et le 27 septembre 1917.


    17 exécutions ont eu lieu à Anvers, 16 au fort V Edeghem du 8 décembre 1915 au 16 mars 1918, une dans la rue Kronenbourg : LAVA Gustave Emile, 18 ans, employé de l'imprimerie Buerbaum, qui distribuait des journaux prohibés (Droogstoppel & De Vrije Stem)


     11 belges, un Français : SUCAUD Auguste né le 13/06/1876 à Paris, et un Britannique : FRYATT Charles né le 02/12/1872 à Southampton ont été fusillés à Bruges de décembre 1914 à août 1916. Le cas de Charles Fryat est particulier, puisque commandant du Brussels, rencontre en mer le 28/03/1915 le sous-marin allemand U-Boot 33. Plutôt que de laisser couler son navire, il tente d'éperonner le submersible qui évite l'éperonnage grâce à d'une plongée d'urgence. Traité en héros, son navire est arraisonné le 23/06/1916, le capitaine est arrêté, "jugé" et malgré sa qualité de civil, fusillé.


     Ce sont 17 noms de Français que l'on trouve aux Archives du Royaume concernant St-Quentin entre octobre 1914 et décembre 1916. Parmi ceux-ci celui de Joséphine MARIÉ, citée dans la première table qui rassemblait les femmes, et Célestin BUSIN, dont on sait seulement qu'il résidait à Villers-Pol (Nord) ce que confirme le recensement de 1906, et qu'il avait 6 enfants (5 à la date du même recensement). Le nom figure sur les monuments aux morts de Villers-Pol et de Saint-Vaast-en-Cambrésis où il était né en 1878, mais peut-être s'agit-il de son père du même prénom sur le second monument ; dans les deux cas ils sont cités comme victimes civiles. Une demande d'acte est en attente auprès des archives de St-Quentin.
    Les 5 premiers ont été fusillés "à la caserne d'infanterie" pour possession d'arme ou de munitions, découverts lors des nombreuses perquisitions opérées par l'occupant, ou encore pour avoir détenu un uniforme militaire (allié) ce qui laissait supposer avoir aidé un soldat à se cacher, voire même à s'enfuir via les Pays-Bas.
    Les fusillés du 27/12/1916 (service MARIÉ du GQG anglais) l'ont été au terrain de manoeuvres, Louis DELACROIX, condamné à la même peine est décédé en prison faute de soin le jour de Noël.

Marie Joséphine MARIÉ, veuve de Paul Henri Adonis MARIÉ mort pour la France le 30 septembre 1914 à La Chalade s'est donné la mort dans sa cellule le 18 septembre 1918. Dans son témoignage Victor MARIÉ, chef du "service MARIÉ", ne confirme pas les circonstances. L'acte de décès enregistré à St-Quentin de donne aucune précision. Elle laissait deux enfants dont Joséphine Louise née en 1903 recueillis par Victor (son témoignage) et qui seront adoptés par la nation.

StQ19151004

StQ19161227

    Voir le récit de cette journée par Elie FEURY dans "Sous la botte : histoire de la ville de Saint-Quentin pendant l'occupation allemande; août 1914-février 1917"  sur Gallica. 

    JOLY Zéphyrin, cité dans la liste, entre dans les cas d'aide aux soldats alliés, rattrapés puis dépassés par l'avance allemande en septembre 1914, et prisonniers de fait en territoire occupé. L'ennemi a multiplié il est vrai les exhortations à se rendre et à ne pas aider ces soldats essentiellement français et britanniques. Une fois passé le délai fixé par l'occupant, ceux qui étaient découverts - et ceux qui les aidaient - étaient passés par les armes.

Ainsi :

  • Les soldats ABDELKADER et BEN TUALI ont été fusillés le 16/02/1916 à Laon, ce qui a entraîné un mois plus tard l'exécution de MM. FRICOTTEAUX maire, EVRARD adjoint et DERBOIS garde-champêtre d'Anguilcourt-le-Sart (Aisne) pour assistance. (Tous trois décorés de la Légion d'honneur à titre posthume : JO du 26/09/1922)

  • Dans l'Affaire de Flaignes, il s'agit de l'exécution à Laon par les Allemands, les 2 et 3 août 1916, de quatre habitants de Flaignes-les-Oliviers et de la vallée d'Aouste (Ardennes). Tous avaient été reconnus coupables d'avoir ravitaillé des soldats français.

  • Les 11 soldats britanniques ont été fusillés à Guise en même temps que la personne qui les a hébergés à Iron (Aisne). Voir à leur sujet le site The Iron 12 ainsi que l'affiche allemande publiée à Guise en 1915 et visible aux archives de l'Aisne (tous ne sont pas nommés : voir  LOYER Griselain pour la médaille de la reconnaissance française)

  • 4 des fusillés de Lille qui figurent dans la table plus bas l'ont été pour le même motif : aide et passage de soldats alliés.

  • La table qui suit regroupe tous les fusillés de Laon dont je dispose.


     La liste suivante regroupe les fusillés à Valenciennes, Condé et St-Amand. Les archives belges font état d'un décès à Valenciennes d'un agent du service Marié : LAURENT Clément ; rien ne permet de penser qu'il a été fusillé. Tous les autres ont fait l'objet d'une page sur ce blog (lien sous le nom).

A noter que l'abbé DELBECQUE est le premier fusillé pour fait qualifié d'espionnage de l'ensemble des territoires occupés.

    8 civils français (dont deux femmes déjà citées : DANEL épouse BOSSUYT Georgina et LACROIX épouse LAFRANCE Flore) ainsi qu'un Belge décédé en détention (DEBAVAY Henri) figurent dans la liste de Tournai. Le plus jeune, MARLOT Léon François Florimond, avait 17 ans, ce qui en fait le plus jeune fusillé : sa fiche "Mort pour la France".

Tournai 19171031


    Le 2 mars 1916, 7 personnes seront fusillés au camp de Casteau à Mons pour "trahison commise pendant l'état de guerre, en transmettant des renseignements relatifs aux transports de troupes ou pour n'avoir pas prévenu l'autorité allemande". 9 noms figurent sur l'affiche émise à Bruxelles par Von Bissing. Adolphe LAMPERT et Herminie VANEUKEM ne seront pas exécutés.
Toutes peines confondues 46 noms figurent sur cette affiche.

peinedemort
cliquer sur l'image pour l'affiche complète, puis clic-droit : afficher.

Une 8e personne sera fusillée à Mons le 18/10/1916 au tir communal


2 Belges et 3 Français seront fusillés à Lille :


5 civils français ont été fusillés à Maubeuge, dont 3 plus précisément en 1918 à Colleret (leur histoire en lien sous leurs noms) :

 

 

     La dernière liste regroupe 57 noms dans les quels on retrouve BAR, BEUTOM & THERY, déjà traités dans une page du blog, comme Louise de BETTIGNIES, ainsi que 2 autres femmes (RAES Mathilde et RADAR Anna) qui apparaissent également dans la première liste.
Les informations concernant les autres sont parfois plus que parcellaires et dans la majorité des cas, je n'ai pu en savoir davantage.
Certains, comme DUERLOO et VALLEYE ont été électrocutés en tentant de passer la frontière belgo-néerlandaise.

     Le cas d'Emile DESPRES est particulier puisqu'il s'agit d'un pseudonyme utilisé par la presse de l'époque pour ne pas dévoiler le véritable nom Victor DUJARDIN, fusillé en même temps que 9 autres hommes le 25 Août 1914. Voir le lien sous le nom, ou me demander s'il est inopérant. Il s'agit là de l'une des nombreuses exactions commises par l'armée allemande lors de son entrée en Belgique et en France.

.

 

Enclos des Fusillés, Bruxelles. Cliché de l'auteur.

EdF

     Certains cas particuliers sont plus difficiles à trouver, il faut alors examiner les citations à l'ordre du pays ou pour des médailles à titre posthume, comme ces deux fusillés qui figurent au JO du 14 juillet 1919 sous le titre "Le gouvernement porte à la connaissance du pays la belle conduite de" :

M. Féron, gardien à la maison centrale de Loos ; M. Thirion, surveillant à la colonie de Saint-Bernard (Nord) : enlevés par l'occupant, en février 1918, contraints par les menaces et les violences d'accomplir des travaux d'ordre militaire, se sont évadés du camp où ils étaient retenus et ont tenté de passer dans les lignes anglaises. Grièvement blessés par des grenades allemandes, alors qu'ils franchissaient les fils de fer barbelés, et arrêtés, ces fonctionnaires comparurent devant une cour martiale.
Condamnés à mort, le 19 février 1918, et fusillés le même jour, malgré leurs blessures, ont fait preuve avant de mourir d'une grande fermeté d'âme et de courage.
Voir également ce site

Comme toujours, n'étant pas certain que les noms dans les cadres apparaissent dans le référencement de la page une liste complète figure en blanc ci-dessous.

ABDELKADER   DE SMET épse PREENEN Marie Prudence GRANDJEAN Fernand MARTIN David-Ernest STÉVIGNY Emile-Joseph
ACHTERGAEL Albert DE TAYE Camille GRANDPREZ Constant MASSART Jean François SUCAUD Auguste
ADAM Léon DEBAVAY Henri GRANDPREZ Elise-Françoise-Cornélie MASSE Philippe SZÈK Alexandre-Gérard-Henri
ALEXANDRE Jules DEBONNET Julien GRAVET   MASSY François TASSET Jacques
ALGOET Alfred DEBRUXELLES Eugène GRÉGROIRE André MATON Alphonse THERY Paul Henri Théodore
ANCELET Oscar Hippolyte Hyacinthe Jérémie DECLERCQ Octaaf GRESSIER Emile MATTHYS Alphonse-Camille THIENNOT Robert Henri Jules
AUBRY Jules-Charles DECONINCK Ernest-Pierre GUENARD Aurèle Ulysse Eugène THOMPSON William
BAECKELMANS Joseph DECROIS Paul HANOT Louis MERJAY François THUILLEZ Pierre
BAIJOT Emile-Etienne DEFÊCHEREUX Henri HANQUART   MERTENS Emile-Dominique THUYN August
BALTHAZAR Félix-Alfred DEGUCHT Désiré HANSELAER Achille MERTENS Paul Louis TITECA Charles
BALTHAZART Céleste DELACROIX Louis HENROT Dieudonné-Camille MIGUET Armand Jean TOUCHARD Henri
BAR Jules-Henri DELAPLACE Jules HERBAUX Victor MOFFATT JAMES TOURNEUR  
BARBARE Albert DELBECQUE Abbé HERCK Constantin MOHR Jules TREDEZ Paul
BARTHELEMY François DELFOSSE François HERNALSTEENS Oscar MONIER Henri TREMBLOY -
BATJOENS J DELSAUT Joseph-Pierre (Louis ?) HESSE Amédée MONTFORT Cassian-Henri TRIQUENAUX Lucien
BAUCQ Philippe-François DEMONT - HICK Joseph-Jean MOONS Félix TROUILLET Anatole
BAX Pierre DEMOULIN Voltaire HOEGEN Arie MOREAUX Gustave TRULIN Léon
BEAUVOIS Nicolas DEMUER Théodore HOFMAN Auguste-Jean MURPHY TERENCE UYTTEBROECK Isidore
BEEK Jean-Leon Augustin DEMUNCK Arnold HOFMAN Maurice-Achille MUS François VALISSANT Albert
BÉGUIN Auguste-Joseph DENIS Paul HOGERHEYDE Pierre Eugène MUS Gustaaf VALLEYE Guillaume
BEN BRAHIM   DERACHE épse FRENAY Louise HONORÉ Edmond Alexis Joseph NAELAERTS Auguste-Charles VAN ANDRUELLE Fernand
BEN TUALI Ben Saïd Ould Abdelkader DERBOIS Auguste HORGAN Daniel NASH John VAN BERGEN Henri
BERNARD Alphonse-Désiré DESCAMPS Jules HOSTE Camiel NEUFEGLISE   VAN BORM Arthur-Emile
BEUTOM Eric DESCAMPS Lucien HOUGÉE Arie NEYTS Louis VAN BUYNDER Camille-Frédéric
BLONDIE(A)UX Achilles DESCATOIRE Jean-Baptiste HOWARD George NICOLAS Jules-Léon VAN CAENEGHEM Alphonse-Francois
BODSON Mathieu DESCHEUTTER Jules HUGUEVILLE Ernest NICOLAY Emile VAN DE VELDE Joannes
BOEL Ferdinand-Arthur DESLOOVERE Jules-Arrnand INNOCENT Frederick NOIRFALISE Henri-Joseph VAN DE VELDE Cyrille-Joseph
BOITEUX Léon-Joseph DESMOTTES Léon Ghislain JACMIN Jean OLIVIER Oscar VAN DE WOESTYNE Edgard-Joseph
BOIZARD Ernest DESMOULINS Clotaire JACOBS   OTTEVAERE Camille VAN DE WOESTYNE Edmond
BOURSEAUX Jean-Victor DESMOULINS Edouard JACOBY   OUDART Léon VAN DEN BOSSCHE Désiré
BRAECKMAN Gustaaf DESPRES Emile JACQUEMIN Paulin OUDELET André VAN DEN VOORDE Jacques
BRAET Joseph DEWISPELAERE Prudent-Richard JACQUET Eugène Camille OUILDALI Salem VAN DER CAMMEN Jean-Joseph
BRIL Louis D'HALLUIN Eugène JACQUET Léon-Joseph PAGNIEN Alfred-Emile VAN DER COILDEN Alphonse
BRION Léopold D'HELDT Louis JAVAUX Auguste Alexandre PAQUAY François-Adrien VAN DER MEEREN Joseph
BUCKLEY Denis D'HONDT Alfred JESPERS Joseph-Henri PARENT Léon VAN DER SNOECK Félix-Jean
BURY Germain DILLIE Albert JOLY Zephyrin PARENTÉ Charles-Gustave VAN EECKE Louis François
BUSIERE Paul DIMANCHE   JOPPART Joseph PARZY Louis VAN EECKE René
BUSIN Celestin DOBBELAERE Jérôme KEPPENS Louis PAYNJON Oscar VAN GHELUWE Aloïs-Emile
BYN Alphonse DOUCEDAME AchilIe KERF Joseph-Louis-Hubert PEIRS Kamiel-Gustaaf VAN HECKE Adolphe
BYN Macharius DUBOIS Arthur Joseph KRICKÉ Prosper-Pierre-Auguste PERDAEN Frans VAN HOFFELEN Liévin Constantin
BYTTEBIER Julien DUCHAMPS Michel KUGE Georges PETIT Gabrielle VAN KEIRSBILCK Aloïs-Joseph
CACHERON Raymond DUERLOO Henri François KUSTERS Henri PFEIFFER Pierre VAN QUICKELBORNE Pierre-François
CAIGNET Henri DUFRASNE Désiré-François LACROIX epse LAFRANCE Flore POELS Pierre-Jean VAN THIELEN Jules
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CAUDRY Paul Joseph Ignace Anaclès EVERAERTS Pierre LECAT Angèle RAES Mathilde VERDONCK Henri
CAVELL Edith EVERAERTS Théophile LECLERCQ François RAMET Alphonse-Mathieu VERGAUWEN François-Albert
CAZER Hérasse EVRARD Auguste LECOCQ Clément-Alphonse RAMMELOO Léonie-Pauline VERGEYLEN François-Jean
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CHEVALIER Gustave FAUCHEZ Edouard LEFEBVRE Louis-Alfred-Omer RESTOUX Victor VERMEERSCH Alphonse
CLAES Pierre Joseph FAUX Léon LEFÈVRE Edouard RICHTER Adrien VERMOERE Albert-Julien
CLAUS J. FERRANT Joseph LEGAY Jules RIVIÈRE Abel VERSCHRAEGEN Edmond
COIGNÉ Achille-Léon FONTORBES Henri LEGELS Léon ROCHON Camille VERSCHRAEGEN Karel
COLLARD Antony FRANCK Alexandre LEGRAND Henri ROELS Léonce VERSCHUERE Oscar-Achilles
COLLARD Louis FRANÇOIS Léon LEGRAND Jean ROLAND Arthur VERSCHUEREN Alphonse-François
COLON Adelin-Constant FRANÇOIS Lucien LEJEUNE Jean-Gérard-Joseph SABBE René WAEGENAER Karel-Louis
COOL Casimir FREAL Joseph Victor Henri LELARGE Jacques-Marie SACRÉ Oscar-Jean WAEGENAERE (DE) Karel-Léopold
CORBISIER Jean-Baptiste FRICOTTEAUX Aristide LELARGE Oscar-Noël SAMAIN Gaston WALSH John
COSSE Auguste FRYATT Charles LEMAR Arthur SCHATTEMAN Emilie WANTY Jérôme
COTTEAU Edmond GANSE René LEMOINE Charles-Victor-Joseph SCHWENK Alfred-Charles WARTELLE Georges
CUVELIER Henry GARBET René LEMOINE Felix SEGERS Jean Pierre WATHELET Henri-Hoseph
DANEL épse BOSSUYT Georgina GAROT Andrien-André LENDERS Justin-Jaques SERVAIS Arthur WATTIEZ Arthur-François
DAUBECHIES Jérôme GEHIN Marcel LENOIR Ferdinand SIMON Charles-Adam WAUTERS Célestin Ernest
DAUNE Auguste GHISLAIN Alfred LEROY Jacob-Jacques SIMON Orphal-Jean WAUTHY Jacques
DAVID Honoré GILBERT Charles LOGIEST Jean SIMONET Charles-Joseph WIERTZ Godefroid
DE BACKER AchilIe GILET   LONCKE Joseph-Camille SIQUET Henri-Laurent WILSON Matthew
DE BELVA Jan-Baptiste GILKINET Amédée-Clement LONGUET Isaïe Dié SLOCK Ferdinand WINDELS Aloïs
DE BETTIGNIES Louise GILLES Louis MAERTENS Georges Charles SMEESTERS Augustin XHONNEUX Guillaume
DE CABOOTER Maurice GILLET Charles-Lucien MAES Theo-Camille SMEESTERS Augustin (zoon) ZILLIOX Joseph
DE LOOZE Léon GILOT Joseph-Gabriel MARIÉ Joséphine SMEKENS Aimé    
DE MOLIN Joseph GOEDHUYS Théophile-Arthur MARIEN Edmond SOMERS Louis-Joseph    
DE RIDDER Jean-Baptiste GOULARD Charles MARLOT Léon François Florimond STENT John William    
DE RIDDER Théophile-François GOUT Auguste MARQUENIE Gustaaf STEVENS Pieter    

 

7 février 2017

Léon Dreyfus : aide au passage en Hollande, arrestation, conséquences

     Dans le sujet sur les premiers mois de l'occupation est apparu le rôle de Léon DREYFUS, aidant les hommes mobilisables à s'échapper vers la zone libre tant que le front n'était pas continu de la mer à la Suisse. Le 20 octobre 1914 c'est malheureusement chose faite et le front est infranchissable. Une seule éventualité possible : fuir vers la Hollande, neutre et que les Allemands n'ont pas occupée, contrairement à la Belgique qu'il faut traverser. La frontière Belgo-Néerlandaise deviendra au fil du temps de plus en plus difficile à franchir, et l'occupant de plus en plus efficace dans la recherche et l'arrestation des passeurs et des espions.

Léon DREYFUS est né le 14 août 1859 à Valenciennes ; industriel, il est ancien maire de Lourches.

.... Les Allemands s'installaient plus que jamais dans la région, et leur force ne paraissait absolument pas diminuer.
En face de cette organisation notre pensée à tous était de lutter en secret, non plus par des actes isolés, mais avec méthode.

Les jours suivants, Léon Dreyfus, qui s'était mis à la disposition du Maire et de M.Dugardin, délégué Sous-Préfet, pour s'occuper de questions administratives, obtint un sauf-conduit pour Bruxelles et en profita pour demander à ses amis belges quelques renseignements sur les possibilités de passage des hommes à travers la frontière.

Il put se mettre en rapport avec des guides professionnels qui demandaient 30 francs par tête pour assurer la fuite par Quiévrain, Boussu, Lierre, Anvers, Liège, Maestrich. Dès lors l'organisation de passage était créée.

Val-Mastr


     Trois jeunes gens partirent avec un guide et notre ami reçut au Cécil-Hôtel une lettre de Hollande portant seulement les mots suivants : "Wagon pommes de terre est expédié". C'était l'annonce impatiemment attendue de l'arrivée à bon port des jeunes soldats.

     Peu à peu l'organisation se perfectionnant, les passages se multiplièrent. La confiance était née. M. Bataille, bourgmestre de Quiévrain, servait d'intermédiaire.
Un excellent passeur, en rapport avec Dreyfus réussit à apporter de Flessingue, des lettres pour Cambrai, Valenciennes et ses environs. Peu à peu la nouvelle du passage des hommes à la frontière se répandait dans la ville. De plus en plus les demandes affluaient.

     Bien souvent Léon Dreyfus donnait rendez-vous à la Mairie aux jeunes gens désireux de s'enfuir. Les appariteurs prirent même l'habitude, quand les hommes venaient demander des conseils, de leur dire : "Allez voir M. Delame ou M. Dreyfus". Ces renseignements étant donnés parfois sur le palier sur lequel s'ouvraient les bureaux de la commandature. Les jeunes gens ainsi envoyés étaient reçus par Dreyfus sans aucune précaution.
Inquiet de ces imprudences, je tentai de lui conseiller un peu plus de prudence. En particulier je l'avertis le 20 juillet 1915 de la nécessité de s'assurer de l'identité des jeunes gens avant de leur donner des renseignements et de les inscrire. Mais à cette époque, le bruit ayant couru en ville qu'il y aurait des sanctions contre ceux qui ne se seraient pas présentés au recrutement de France (suppression des droits électoraux, envoi aux colonies, etc...) les jeunes gens se présentèrent plus nombreux encore qu’habituellement et les précautions furent de nouveau moins strictement prises.

Le 31 juillet 1915, de nouvelles mesures de coercition furent établies par les Allemands.

     Un local au patronage Saint-Jean fut réquisitionné par eux afin d'aménager des prisons destinées aux notables de la ville. Je devais plus tard, faire connaissance avec certaines des cellules qu'ils y avaient aménagées.
Des agents de la police secrète multipliaient les recherches et essayaient par tous les moyens de surprendre les guides et les jeunes gens passant les lignes. Il y eut même des primes pour chaque arrestation ou chaque dénonciation. 40 francs pour une lettre, 100 francs pour un jeune homme, 500 francs pour un notable.

Un malaise général régnait en ville et la population s'inquiétait.

     Le même soir, vers quatre heures, un homme se présentait à Léon Dreyfus qui le reçut dans son cabinet. Il se disait guide belge et venait réclamer le salaire de 200 francs, prix du passage de dix hommes à travers les lignes. A l'appui de ces dires il montrait un fragment de billet qui avait été confié effectivement quelques jours auparavant à l'un des jeunes gens et que celui-ci devait remettre à son guide une fois en sûreté. Cette preuve, jointe à quelques lettres de France pour les habitants de Valenciennes inspira confiance à M. Dreyfus. A ce même moment on lui apportait un mot d'un M. Lenne, qui demandait à faire passer son fils et un de ses amis en France. Pensant dédommager le pseudo-guide, de sa perte de 200 francs tout en rendant un service à son compatriote, Léon mit les deux hommes en rapport et le lendemain matin à Sebourg, les jeunes gens ainsi guidés tombaient dans une souricière. En même temps, Léon Dreyfus arrêté à son domicile était emmené à la caserne Vincent où il devait être interrogé.

     Tout ce drame provenait de la trahison du guide Vaillant, arrêté par les Allemands. Il avait livré les preuves destinées à inspirer confiance à notre infortuné compatriote, déjà suspect à la Commandanture, mais qu'on n'avait pas osé inquiéter faute de faits précis à lui reprocher.
Je me trouvais sur la Grand'Place, quand je rencontrai Dreyfus en simple veston d'alpaga, qu'on emmenait sans l'avoir laissé prendre une valise, ni ses papiers.

     Dès son arrivée à la caserne Vincent, le premier interrogatoire eut lieu. Le commissaire Rutlingen lui annonça qu'il était accusé d'être à la tête d'une organisation de recrutement et le somma de lui livrer le nom de ses complices. Sur les dénégations de Dreyfus, affirmant qu'il ne comprenait rien à ces accusations, le commissaire changea de méthode et dès lors l’interrogatoire se poursuivit, employant vainement tous les procédés de chantage moral pendant plusieurs heures.
 

"Tous les noms sont connus dit Rutlingen, on va lire la liste et il suffira que vous incliniez la tête en entendant citer ceux que vous connaissez. " Après l'échec de cette manœuvre, une confrontation eut lieu avec Vaillant à qui le commissaire dit : " Vous pouvez parler devant M. Dreyfus, sans crainte de vengeance future, car c'est un homme mort et pratiquement vous pouvez le considérer comme fusillé. "

Voyant qu'il n'obtenait aucune réponse, Rutlingen se fâcha et insulta sa victime : " Vous paierez pour tous, lui dit-il, vous êtes un menteur et un juif, je vous ferai fusiller soyez-en certain. D'ailleurs j'exige que vous soyez respectueux, tenez-vous droit et enlevez vos mains de vos poches, comme il convient en présence d'un supérieur. " Léon protestant contre ce ton, Rutlingen termina enfin la séance en lui intimant l'ordre de se taire, et l'envoya dans sa cellule.

     Un deuxième interrogatoire eut lieu avant le départ de Valenciennes en présence du faux guide qui l'avait dénoncé.
Dreyfus fut de nouveau cuisiné ; on lui affirma que les jeunes gens qu'il avait cru sauvés avaient été livrés par leurs guides et le considéraient comme responsable de leur arrestation.

Déprimé physiquement et moralement par ces épreuves, le prisonnier fut transféré en secret à la prison de Saint-Gilles à Bruxelles où il resta pendant les trois mois que dura le procès du 4 août au 22 octobre 1915.

     Chargé par Arthur Vaillant qui espérait ainsi échapper à son sort, Léon Dreyfus fut condamné par le tribunal de campagne à trois ans de travaux forcés ; l'absence de preuves certaines, l'adroite défense de l'avocat belge Sadi Kirschen avaient évité à notre compatriote la peine de mort que Miss Cavell devait subir quelques jours après.

A cet arrêt, était jointe une amende de 1.000 Marks ou de soixante-six jours supplémentaires de réclusion pour transmission illicite de correspondance.
D'abord envoyé à la prison cellulaire de Reinbach (Prusse rhénane), notre ami fut transféré après un an, le 20 juin 1916 à la prison royale de Siegburg, à la suite d'une série de démarches tentées par sa famille qu'inquiétait son état de santé.

     Le 17 juillet 1916, Mme Léon Dreyfus qui avait fait faire une démarche par Mgr Ruch aumônier militaire, auprès du Saint Père, recevait du cardinal Gaspari les lettres suivantes :

Segretaria di Stato di Sua Santita, N° 18.551. dal Vaticano, le 17 juillet 1916.
" Madame,
" Dans sa tendresse pour ses enfants et dans sa souveraine sollicitude à adoucir, autant qu'il est en son pouvoir, les douloureuses conséquences de la guerre, le Saint-Père a daigné s'intéresser particulièrement au sort de votre mari, M. Léon Dreyfus, ancien Maire de Lourches, condamné à trois ans de réclusion et détenu à la prison cellulaire de Rheinbach.
" Des démarches et des instances ont été faites, par voie diplomatique auprès des autorités compétentes en vue d'obtenir la mise en liberté de M. Dreyfus ou au moins la commutation de la peine de réclusion en celle de prison ordinaire.
" Je m'empresse de vous prévenir que le Saint-Siège a été officiellement informé en date du 1er juillet 1916, que, la première faveur n'ayant pu être accordée, les autorités ont bien voulu, à la demande du Saint-Siège, commuer la peine de réclusion en celle de prison.
" Tout en regrettant que la demande d'élargissement pour votre mari n'ait pu être octroyée, j'ai le plaisir de vous faire part au moins de la concession de la seconde faveur, et je profite de l'occasion pour vous exprimer, Madame, mes sentiments distingués.
" Signé : P. Cardo GASPARI . "

    En juin 1917, après deux ans de réclusion, très fatigué et souffrant Léon Dreyfus put enfin être libéré sous caution de 100.000 Marks fournis par ses amis de Bruxelles le Baron Lambert et M. Gaston Périer. Il était placé sous la surveillance de la police allemande avec résidence officielle à Bruxelles.

     Après un court repos, Léon Dreyfus voulut de nouveau se rendre utile et il se mit à la disposition du comité national de secours et d'alimentation espagnol qui lui confia le bureau des réfugiés.
Ce rôle de charité entraînait parfois notre compatriote à quelques imprudences, mais la protection de l'ambassadeur d'Espagne, son Excellence le marquis de Villalobar, son répondant officiel, le couvrait. La police allemande, qui le surveillait de très près s’employa pour le faire arrêter à nouveau un subterfuge. .

En mai 1918, Léon Dreyfus se trouvant dans un théâtre, fut accusé par un soldat d'avoir tenu des propos anti-allemands.
Malgré ses dénégations et les témoignages de ses amis, il fut condamné pour ce fait à une peine légère mais qui entraînait le renvoi en prison pour y subir la fin de sa condamnation antérieure.

Ce n'est que le 8 novembre 1918 que les portes de la geôle allemande lui furent définitivement ouvertes par les soldats révolutionnaires et qu'il put enfin revoir son pays victorieux et sa famille.

En récompense de ses services et de sa captivité, le Gouvernement français le nomma dès l'armistice, Chevalier de Légion d’Honneur avec la citation suivante :

" Légion d'Honneur, au grade de chevalier, Dreyfus (Léon) industriel à Lourches (Nord), trente-trois ans de pratique industrielle. Pendant toute la durée de l'occupation, a montré l'attitude la plus digne et la plus énergique à l'égard de l'ennemi. A été condamné et déporté en Allemagne dans des conditions particulièrement pénibles. "

Le 18 septembre 1927,
[à Chatou, Yvelines] notre compatriote après quelques années de calme, s'éteignait entouré des siens, après une pénible maladie, suite des épreuves courageusement supportées.

René Delame : "Valenciennes Occupation allemande 1914-1918. Faits de guerre et souvenirs"
Hollande & Fils ed. 1933

 ServicesLH
extrait du dossier pour la Légion d'honneur

 

     Comme souvent, notamment quand il y avait de la famille en zone libre, des recherches ont été entreprises via la Croix-Rouge pour obtenir des nouvelles. On trouve donc dans les archives du CICR 5 cartes (du 8/9/1915 au 16/11/1918) à son nom :

 

C_G1_F_13_01_0055_0495_0     C_G1_F_13_01_0055_0498_0     C_G1_F_13_01_0055_0496_0
C_G1_F_13_01_0055_0497_0     C_G1_F_13_01_0055_0499_0

 

 Celles-ci renvoient vers 3 registres qui permettent de le situer :

  • le 11/10/1916 à la prison de Siegburg

    Siegburg 19161011

  • le 31/05/1917 au camp de Limbourg an der Lahn

    Limbourg an der Lahn 19170531

  • le 19/06/1916 au même camp de Limbourg a/Lahn

    Limbourg an der Lahn 19180619

 Selon les fiches du CICR il était toujours à Siegburg le 16/11/1918

 

On trouve dans la presse des échos de sa détention :

JdDPL 19170513
"Le Journal de Débats Politiques et Littéraires" du 13/05/1917
 

LeMatin 19170512
"Le Matin" du 12/05/1917
 

Univers Israelite 19170615
La rectification apportée par "Le Matin", reprise par "L'Univers Israélite" du 15/06/1917
 

BulRefNord 19181123
Le "Bulletin des réfugiés du département du Nord" du 23/11/1918

 

    Le bulletin, devenu journal, publiera le 1er janvier 1919 des nouvelles du 327e RI, régiment de Valenciennes, et de la famille Dreyfus-See. On sent que la guerre est finie .... :

BulRefNord 19190101

 

 

 

1 février 2017

Avant la fermeture totale du front

 

    Quand je dis simplement que Valenciennes a été occupée le 25 Août 1914 (soit 3 semaines après le début du conflit) et libérée le 2 novembre 1918 par les troupes Canadiennes, 4 ans, 2 mois et 8 jours plus tard soit après 1530 jours d'occupation, on pourrait imaginer une séparation des zones libre et occupée telle qu'on va la connaître ensuite, où de la mer du nord à la Suisse les tranchées se font face.

    Or dans les premiers temps, la situation n'est pas aussi figée qu'elle va le devenir : surgie du nord via la Belgique dont l'ennemi oublie qu'elle est neutre, la déferlante va s'étendre presque jusqu'à la capitale puis refluer quasiment à l'identique sur ce qui deviendra "le front", les deux adversaires découvrant ensuite qu'il reste une zone à combler à l'ouest, chacun tentant de déborder l'autre, dans ce qu'on appellera "la course à la mer". C'est alors seulement que le fameux front se révèle être une frontière infranchissable : il faudra attendre le 20 octobre 1914 soit quasiment deux mois pour que cette partie de France et de Belgique située globalement à l'ouest de Valenciennes subisse le même sort que les territoires déjà envahis et qui le sont restés.

    C'est ainsi que des villes comme Douai et Lille ont vu passer l'assaillant qui descendait du nord sur Paris, et ont ainsi eu l'impression d'être dans une zone épargnée par la guerre, puis l'ont vue revenir, avec une certaine incrédulité car les nouvelles qui leurs parvenaient de la capitale, propagande oblige, se voulaient rassurantes.

    J'ai décrit dans ce même blog l'odyssée et la fin tragique de l'abbé Augustin Delbecque, fusillé à Valenciennes le 17 septembre 1914, qui venait de faire -à vélo- l'aller-retour jusqu'à Dunkerque pour obtenir des consignes sur la conduite à tenir des hommes mobilisables qui se trouvaient en zone déjà occupée.

Source: Externe

    De même, l'odyssée du colonel Charlier, qui s'échappe de Maubeuge dont la place fortifiée capitule le 8 septembre 1914, lui permet de rejoindre Dunkerque le 11 septembre avec 300 hommes.

    On peut y ajouter le départ de mon grand-père maternel qui, "parti de Valenciennes le 21 Septembre 1914, a traversé les lignes allemandes pour se rendre à Beauvais (Oise) où il s'est présenté au Recrutement de cette ville le 2 octobre 1914. " Il est vrai qu'il avait à 37 ans reçu l'ordre ... d'attendre. Il sera absent 4 ans 3 mois 20 jours : il laisse sa femme et ses 4 filles nées en 1903, 1904, 1906 et le 25/06/1914.

    C'est donc bien qu'il y avait jusqu'à la fermeture complète de la ligne de front une toute relative possibilité de passage : en voici un autre exemple, raconté par René Delame.

     Dès les premiers jours de l'occupation, M. Léon Dreyfus, industriel, s'était mis à la disposition de M. Tauchon, Maire, pour s'occuper de diverses questions concernant, notamment, l'approvisionnement en farine.
Mais bientôt à ces occupations officielles, il allait en joindre d'autres d'un caractère différent.
Le 29 août 1914, circulant en ville il rencontra des jeunes gens, avenue de la Gare. Ceux-ci lui racontèrent qu'ils venaient de Lille et de Dunkerque, où on leur avait dit qu'ils pouvaient rentrer chez eux jusqu'à l'arrivée de leurs convocations militaires.
-Retournez là-bas de suite, leur dit Dreyfus, et prévenez vos camarades, car les Allemands arrêtent tous les jeunes gens et les enferment dans l'Église Notre-Dame en attendant de les envoyer en Allemagne.

Ce même jour, rentrant chez lui, il trouva une femme qui venait lui demander conseil.
Elle cachait son fils dans son grenier, de peur qu'il ne lui fût enlevé par les Allemands, mais elle craignait d'être dénoncée par une de ses voisines. Léon Dreyfus suivit la femme et s'efforça de convaincre sa voisine du danger de toute indiscrétion.
Puis il alla trouver le jeune homme dans sa cachette, rue de la Barre, et celui-ci lui exposa son désir de regagner la France non occupée. " Nous sommes, lui dit-il, plusieurs camarades dans le même cas, mais nous ne savons comment nous y prendre pour aller accomplir notre devoir en passant en France libre ".
Ému par cette situation, Léon Dreyfus lui promit de se renseigner sur les moyens de mettre ce projet de fuite à exécution.

Tandis que le jeune homme allait prévenir ses camarades et leur dire de se tenir prêts, Dreyfus se rendit chez le chef de gare des tramways de Saint-Amand à Hellemmes(1) . Là il apprit que le tramway qui partait à 13 heures chaque jour était exceptionnellement utilisé par les Allemands. Une seule fois il avait été arrêté par une patrouille qui avait interrogé les voyageurs, mais en général aucune enquête n'était faite pendant le trajet. Par contre le tramway de Valenciennes à Saint-Amand était très surveillé et seules les personnes munies d'un permis étaient autorisées à y monter.
Après avoir cherché les moyens les plus propres à éviter toute surprise, Léon Dreyfus et le chef de gare décidèrent de faire escorter le tramway d'Hellemmes par un cycliste qui le précéderait de 1 à 2 kilomètres et reviendrait alerter les voyageurs s'il apercevait une patrouille d'inspection.
Le dépôt de Lecelles fut chargé d'assurer ce service qui fonctionna régulièrement pendant tout le mois de septembre 1914.
Dès le lendemain de cette entrevue les jeunes protégés de Léon Dreyfus purent se mettre en route vers Saint-Vaast, Aubry, Wallers, Hasnon et Saint-Amand où un train leur permettrait de gagner Lille.

Telle fut la première évasion que favorisa Dreyfus.

(1) Cette ligne tramways à vapeur - ayant plutôt le caractère d'un chemin de fer départemental- à été exploitée par les Chemins de fer Economiques du Nord entre St Amand-les-Eaux et Hellemmes-lez-Lille de 1891 à 1933, longue de 32km, elle désservait :
la Gare de St Amand - Lecelles - Rumegies - Mouchin - Bachy - Cysoing - Bouvines - Sainghin - Lezennes - Hellemmes.

 Itinéraire

     Il n'était pas possible de sortir de Valenciennes sans autorisation, mais au-delà de St-Amand-les-Eaux (15 km), la surveillance était très relâchée (faute probablement de moyens humains), tandis que se déroulait la bataille de la Marne.

     Ainsi :

  • Douai, 35km à l'ouest de Valenciennes avait vu passer l'ennemi dans son mouvement vers Paris fin Août 1914, un petit nombre de soldats s'y étant installés pour un temps, mais ne sera occupé que lors de la retraite allemande, soit le 2 octobre 1914.
  • Lille, 50km au Nord-Ouest de Valenciennes, attaquée le 1er septembre 1914, sera une première fois investie la journée du 5, mais les Allemands continuent leur marche vers le sud, ceux-ci se représenteront comme pour Douai le 2 Septembre ; la ville sera sévèrement bombardée du 10 au 13 septembre, jour où l'ennemi entre dans la ville.
  • Dunkerque, où les autorités officielles avaient si peu conscience de la réalité au point de conseiller à des jeunes gens mobilisables de rentrer chez eux. Fin septembre, les ordres rapportés par l'abbé Delbecque et trouvés par les Allemands allaient dans le sens inverse.

     Pour bien marquer le niveau de méconnaissance, je reprend le récit de Delame au sujet de Léon Dreyfus :

Léon Dreyfus rencontrant M. Bouillon, conseiller municipal, apprit que trois artilleurs de Maubeuge étaient réfugiés rue Delsaux. Je me rendis avec eux à la cachette des soldats auxquels on procura des vêtements civils.
Mais sur ces entrefaites l'auto si utile aux transports en fraude des hommes avait été réquisitionnée ainsi que le chauffeur. Dreyfus obtint de Kintzel le 15 septembre, un laissez-passer pour Lille valable plusieurs jours, prétextant que la suppression de son auto rendait plus longues et plus difficiles les démarches nécessaires à l'approvisionnement de la ville.
   Et accompagné des artilleurs, il montait dans le tramway d'Hellemmes et débarquait le soir même à la Préfecture où M. Trépont, Préfet du Nord, sur les instances de notre concitoyen désireux de voir sa famille en France libre, l'autorisa à accompagner un courrier destiné au gouvernement Français, alors à Bordeaux.

     Le voyage devait se faire par Rouen et Le Mans. Ce trajet ne fut d'ailleurs pas sans incident. Signalés en cours de route nos voyageurs furent arrêtés à Mortain et obtinrent difficilement en pleine nuit d'être amenés devant un officier supérieur auquel ils purent montrer leurs papiers justificatifs et qui les relâcha avec excuses.

A Paris, Léon Dreyfus eut la surprise de constater que la population et même certains personnages officiels étaient dans une ignorance absolue de ce qui concernait les événements réels du front.
Ainsi, une personne à qui il parlait de la reddition de Maubeuge, lui conseilla avec indignation de s'abstenir de propager de fausses nouvelles. Même dans les milieux politiques les nouvelles arrivaient filtrées ; Dreyfus put le constater lors d'une visite à M. Mascuraud, récemment revenu de Bordeaux, dégoûté de la vie facile et scandaleuse qu'on y menait malgré la guerre.
Au cercle Républicain, où se trouvaient cependant quelques embusqués assez bien accueillis, notre concitoyen fut très froidement reçu, sa sortie des lignes ennemies demeurait incompréhensible aux Parisiens ignorant des conditions de la vie en France occupée.
Enfin, aux Invalides, où siégeaient les représentants du Gouvernement, l'optimisme régnait en maître. " Rentrez à Valenciennes, lui dit-on, dans trois jours les Français auront chassé les Boches " !
C'est une réponse analogue que m'avait faite le Préfet du Nord lorsque je lui avais conseillé de faire évacuer avant l'entrée des Allemands à Lille, les jeunes gens, les fonds de Banque, les autos, etc...

Heureux de ces nouvelles quasi officielles, Léon Dreyfus, joyeux, fit ses adieux à sa femme et à ses enfants, qu'il quitta pour retourner à Valenciennes "voir la rentrée triomphale de nos troupes ! ".
Grâce à un de ses amis, Ingénieur à la Compagnie du Nord, le voyage en France fut facile. Un train passant par Calais l'amenait à Lille, le 21 septembre, à une heure du matin. Tout le long de la route, la joie, l'enthousiasme des officiers et soldats français confirmaient les bonnes nouvelles données à Paris. Après quelques heures de repos à Lille, Léon repartait à 5 heures du matin pour Hellemmes où le tramway fonctionnait, toujours peu surveillé jusqu'à Saint-Amand.
Ce même jour à 16 heures, je me trouvais à Saint-Amand avec M.Turbot, qui y organisait le service postal, quand Dreyfus descendit du tramway tout heureux de nous annoncer les bonnes nouvelles de Paris.
Hélas ! Quelle désillusion pour notre ami, lorsque nous lui exposâmes les faits réels, bien différents des espérances gouvernementales.
Les Allemands s'installaient plus que jamais dans la région, et leur force ne paraissait absolument pas diminuer.

La suite de l'Histoire de Léon Dreyfus


     Dans un autre épisode, René Delame avait effectivement reçu de la part du Préfet du Nord à Lille une réponse montrant à quel point celui-ci méconnaissait la réalité :

     "En arrivant à Cysoing [le 15 septembre] la population nous regardait avec effroi, je m'aperçus seulement alors que j'avais oublié d'enlever le drapeau blanc et le drapeau allemand qu'avait exigé le Commandant Kintzel pour traverser les lignes.
Lille était en fête pour l'arrivée des Anglais. Dès notre arrivée nous nous rendons directement à la Préfecture où M. Trépont nous reçoit. Après l'avoir mis au courant de la situation, M. Durre [député du Nord] lui demande si nous pouvons compter sur la somme de 500.000 francs, pour sauver notre maire M. Tauchon.
Sa réponse ne se fit pas attendre, il refusait tout subside pour les Allemands, même s'ils devaient nous éviter les représailles.

     Ne pouvant rien obtenir, avant de le quitter, nous lui fîmes part de nos craintes, Lille devant bientôt avoir le même sort que Valenciennes. Nous lui conseillâmes de prendre ses dispositions pour faire partir les jeunes gens, les banques, les autos, etc...
Mais le préfet loin d'approuver ma manière de voir me dit:
«- Je vous défends de jeter la panique dans la population et de répandre ce bruit; dans 48 heures Valenciennes sera délivrée.
Je vais d'ailleurs faire démobiliser votre Sous-Préfet M. Cauwes pour qu'il reprenne son poste
«- Je souhaite que les circonstances vous donnent raison, lui répondis-je mais si vous aviez été témoin de l'invasion vous ne raisonneriez pas de la sorte" (voir cette page du blog)
Le sous-préfet Cauwes ne rejoindra Valenciennes qu'en décembre 1914, mais ne sera pas accepté par les autorités allemandes qui maintiendront le maire comme faisant-fonction ( il avait refusé la nomination).

 

     Pour illustrer les mouvements des deux belligérants, voici une animation pour la période du 25 août au 20 octobre 1914.
Elle a été réalisée à l'aide des cartes en grand format que vous retrouverez sur le site carto1418 qui positionne les unités combattantes sur le front jour par jour. La ville de Valenciennes est matérialisée par la tache sombre, et malgré les apparences n'a pas été abandonnée par la première armée allemande qui était intégrée au mouvement dirigé vers Paris. C'est ensuite la 6e armée située du coté de Sarrebourg et venue se joindre fin septembre au mouvement dit de "course à la mer", qui occupera définitivement ce secteur.

Cliquer sur l'image
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Source: Externe

 

     La carte suivante présente les positions cumulées des armées allemandes du 25 août au 30 septembre, entre l'arrivée à Valenciennes et le retour sur les mêmes positions, avant la course à la mer.  La petite tache bleue à l'est de Valenciennes situe Maubeuge qui capitule le 8 septembre, et qui jusque-là retardait le 7e corps d'armée de réserve allemand..

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Merci à jmm pour ses cartes

 

    On comprend mieux le sentiment de sécurité qui prévalait à Lille,  ...... jusqu'au siège du 3 au 13 octobre 1914 et son intense bombardement.

 

    Dans le Journal Officiel du 27 Août 1914, la vie semble continuer normalement, puisque l'on y trouve les différentes subventions pour les consultations des nourrissons. Les sommes sont en francs 1914 (multiplier par 3,2 pour un équivalent en euros 2018). Les villes déjà occupées - dont Valenciennes- auraient bien eu besoin de ces subsides ....

JORF 19140827

 

 

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