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Les civils du Valenciennois dans la Grande Guerre 1914-1918

10 avril 2013

1915 - Soldats Allemands décédés à Valenciennes

 Entre le 25 Août 1914 -date de l'invasion de Valenciennes- et le 2 novembre 1918 -date de la libération de la ville-, de nombreux soldats allemands ont été soignés dans les divers hôpitaux "militarisés", initialement tenus par la Croix-Rouge puis par l'occupant lui-même ; certains d'entre eux y sont décédés et figurent dans les registres d'état-civil de la commune jusqu'à ce que les autorités d'occupation cessent de communiquer les décès à l'administration :
Jusqu'en juin 1917 les actes portent réglementairement le nom de 2 témoins (français) ; ce n'est qu'en octobre que la mairie consigne 30 actes succincts antérieurs au 8 septembre et portant la mention "Dressé sur l'ordre de la Commandanture" ; ils seront les derniers de la période d'occupation à être enregistrés.

C'est donc grâce à d'autres sources que je continue de les recenser, mettant à profit celles-ci pour compléter les listes de 1914 à 1917 qui avaient déjà été publiées et seront mises à jour.

cimetière allemand Valenciennes

1051 soldats allemands de la Grande Guerre sont actuellement connus comme décédés à Valenciennes.

L'inhumation se faisait au cimetière St Roch, voir sur ce même blog le sujet sur le cimetière durant la guerre.

Il n'y a pas eu à proprement parler de combats dans la ville lors de l'invasion d'Août 1914, depuis cette date il s'agit donc de blessés amenés du front dans les Lazarett et qui n'ont pu être sauvés. A partir de mi-octobre 1918 il s'agit de combats face aux alliés qui progressent jusqu'à investir la ville le 2 Novembre, des blessés décèderont après cette date lors du repli jusqu'à l'Armistice du 11/11/1918, puis des prisonniers en 1919.

Les sources -toujours signalées- sont :

  • Les Archives Départementales du Nord, registres des décès de Valenciennes,
  • Le site Denkmalprojekt,
  • Le site Frontflieger,
  • Photos & informations personnelles
  • Des historiques régimentaires, dont celui du Régiment d'Infanterie de Réserve n°55, pour le dernier mois de guerre,
  • Le site Verlustlisten 1. Weltkrieg.

 

  • Pour chaque soldat ci-dessous un lien sous le nom permet d'accéder à la source principale (signalée après celui-ci) figurent ensuite :
    • Grade et unité - dans la mesure des informations,
    • Date et lieu de naissance (id°),
    • Date et précisions sur le lieu de décès.
      • Informations complémentaires ; le cas échéant, un lien permet d'accéder à la source, si différente de la principale.
      • Lorsque j'en ai connaissance, le lieu d'inhumation est précisé ; selon le site Volksbund.de, près de la moitié des soldats allemands inhumés au cimetière de Frasnoy (Nord-France) venaient de Valenciennes. Je n'ai cependant pas obtenu de liste auprès de l'organisation chargée des tombes, qui m'a répondu "ne pas donner de renseignements aux chercheurs", et lors de ma visite au cimetière fin janvier 2020, le livre des noms (Namenbuch) était remplacé par un avis de leur antenne française de Metz indiquant la conservation du livre "à l'abri des conditions hivernales". Ce n'est qu'après le confinement que j'ai pu revenir (le 2/06/2020) et, toujours faute de livre, photographier chaque tombe, ce qui m'a permis de dresser un plan détaillé de l'implantation de celles-ci à Frasnoy

        Les informations retrouvées sur le site Volksbund.de étant le plus souvent parcellaires, j'ai étendu la liste des noms à ceux qui sont décédés dans les derniers combats avant l'Armistice, à Valenciennes ou dans les communes voisines exclusivement

  Certains renseignements sont rédigés en allemand, avec l'usage habituel des abréviations, parfois réduites à quelques lettres, comme
i.Kr. pour Tod infolge Krankheit (ou Kriegsverwundung) : Décédé des suites de maladie (ou de ses blessures de guerre).

  En ce qui concerne l'État-Civil de Valenciennes (noté ci-dessous "ECV") aux Archives Départementales du Nord, le lien renvoie via la cote du microfilm à la page d'accueil de celui-ci faute de lien pérenne avec cette vesion du site. Il convient donc pour le moment de relever les n°s d'acte et de vue.
L'historique du RIR55 ( dont il a déjà été question ici) n'étant pas numérisé, aucun lien n'est disponible.

 

  Liste der deutschen Soldaten, die zwischen 1914 und 1919 in der Stadt Valenciennes starben, entweder im Zivilregister eingetragen oder gesammelt, insbesondere auf der Website "DenkmalProjekt".
Manchmal geben die Einträge einige Informationen über diese Soldaten, wie z.B. ihre Einheit, die ich ebenfalls wiedergebe. Diese Soldaten wurden in der militärischen Abteilung des städtischen Friedhofs von Saint-Roch begraben.
Die Leichen wurden nach dem Krieg auf den Friedhof von Frasnoy überführt oder zu ihren Familien zurückgebracht.

 

Retour au tableau des nationalités par année

Voici les 107 noms connus au 22/02/2023 pour 1915, dans l'ordre des décès :
parmi eux, 101 sont recensés au cimetière militaire allemand de Frasnoy.

Une liste alphabétique au bas de la page renvoie vers les informations personnelles.  

 

 

 

 

  • WALGENBACH Peter      Source : Etat-Civil de Valenciennes, Décès : 1915 Acte 37 vue n°10
      Grade & Unité  Réserviste ; 2° détachement de réserve Btn des automobilistes
      Naissance  08 avr 1889 Roth (Cercle de Krésig)
      Décès  15.01.1915 Ambulance du Lycée Henri Wallon, place de la République
      Inhumation  St-Roch tombe n°Tombe individuelle n°77.

 

 

  • PAETZ Kaspar Carl      Source : Etat-Civil de Valenciennes, Décès : 1915 Acte 107 vue n°28
      Grade & Unité  Premier Soldat ; Premier soldat, 1°Bie, artillerie pied de réserve, Rgt N°18
      Naissance  03 nov 1887 Hanovre (Allemagne)
      Décès  03.02.1915 Ambulance du Lycée Henri Wallon, place de la République
      Inhumation  St-Roch tombe n°Tombe individuelle n°79.

 

 

  • DIEMER Wilhelm      Source : Etat-Civil de Valenciennes, Décès : 1915 Acte 135 vue n°35
      Grade & Unité  Engagé volontaire ; 1°Cie, Rgt de fusiliers n°40
      Naissance  14.04.1896 Lüdenscheid (Westphalie)
      Décès  11.02.1915 Ambulance du Lycée Henri Wallon, place de la République
      Inhumation  St-Roch.

 

  • LUTZE Karl      Source : Historique RIR 227
      Grade & Unité  Gefreiter ; Reserve Infanterie regiment Nr.227
      Naissance  23.08.1885 Berga, Sangerhausen
      Décès  23.02.1915 Valenciennes
      Inhumation  pas d'information connue.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  • HERZENBERG (baron de) Werner      Source : Etat-Civil de Valenciennes, Décès : 1915 Acte 384 vue n°99
      Grade & Unité  Lieutenant ; 2°Cie, 3°Btn de Chasseurs
      Naissance  12 avr 1894 Heuckewalde (Zeitz) Allemagne
      Décès  02.06.1915 Ambulance du Lycée Henri Wallon, place de la République
      Inhumation  St-Roch.
      • Infos complémentaires : -

 

 

 

 

  • LINKER Ludwig      Source : Etat-Civil de Valenciennes, Décès : 1915 Acte 408 vue n°105
      Grade & Unité  Soldat ; 5°Cie, Btn d'infanterie de Landswehr de Giessen
      Naissance  10 fev 1874 Ruddigshusen (District Giessen)
      Décès  11.06.1915 Ambulance du Lycée Henri Wallon, place de la République
      Inhumation  St-Roch tombe n°Tombe individuelle n°118.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  • WECSLER (WEISLER) Rubin      Source : Etat-Civil de Valenciennes, Décès : 1915 Acte 467 vue n°120
      Grade & Unité  Offizier Stellvertreter ; faisant fonction d'officier parc d'aviation 6b (Armee-Flug-Park 6b)
      Naissance  01 avr 1876 Jossy ( Roumanie)
      Décès  17.07.1915 Ambulance du Lycée Henri Wallon, place de la République
      Inhumation  St-Roch tombe n°Tombe individuelle n°139.

 

 

  • HOFMANN Franz      Source : Etat-Civil de Valenciennes, Décès : 1915 Acte 491 vue n°126
      Grade & Unité  Premier soldat ; Premier Soldat 1°Cie, Btn d'Infanterie de Landsturm d'Aschaffenburg
      Naissance  04 oct 1872 Schmachtenberg près Obembarg (Bavière)
      Décès  29.07.1915 Ambulance du Lycée Henri Wallon, place de la République
      Inhumation  St-Roch tombe n°Tombe individuelle n°135.

 

 

 

 

 

 

 

  • ALLENDORF Georg      Source : Etat-Civil de Valenciennes, Décès : 1915 Acte 522 vue n°134
      Grade & Unité  Premier soldat ; Bureau d'approvisionnement de Guerre 4° Corps d'Armée
      Naissance  15 nov 1877 Schwagstorf près de Wittlage (Prusse)
      Décès  13.08.1915 Ambulance du Lycée Henri Wallon, place de la République
      Inhumation  St-Roch tombe n°Tombe individuelle n°144.

 

 

 

 

 

  • KUSSEROW Albert      Source : Etat-Civil de Valenciennes, Décès : 1915 Acte 561 vue n°143
      Grade & Unité  Premier soldat ; 3°Cie, 8°Reg des grenadiers garde allemande de réserve
      Naissance  14/121889 Segenfhin près Schlawe (Prusse)
      Décès  03.09.1915 Ambulance du Collège de Jeunes Filles, Boulevard Pater
      Inhumation  St-Roch tombe n°Tombe individuelle n°148.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  • SEEGER (noté inconnu à l'état-civil)      Source : Etat-Civil de Valenciennes, Décès : 1915 Acte 610 vue n°156
      Grade & Unité  - ; -
      Naissance  -
      Décès  29.09.1915 Ambulance du Lycée Henri Wallon, place de la République
      Inhumation  St-Roch tombe n°Tombe individuelle n°156.
      • Infos complémentaires : 
        n° de tombe avec nom

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  • FINKE Christian Heinrich Wilhelm      Source : Etat-Civil de Valenciennes, Décès : 1915 Acte 754 vue n°192
      Grade & Unité  Canonnier ; 6°Colonne de munitions d'artillerie 7°Corps de réserve
      Naissance  04 fev 1879 Hahlen près Minden
      Décès  02.12.1915 Wargnies le Grand Canton du Quesnoy
      Inhumation  St-Roch.
      • Infos complémentaires : -

 

 

 

  • FISCHER Heinz      Source : Etat-Civil de Valenciennes, Décès : 1915 Acte 794 vue n°202
      Grade & Unité  Sergent major ; 7°Cie, 13°IRR, dépôt des recrues
      Naissance  09 août 1889 Bielefeld (Prusse)
      Décès  20.12.1915 Ambulance du Lycée Henri Wallon, place de la République
      Inhumation  St-Roch.
      • Infos complémentaires : -

 

 

 

ALLENDORF Georg
BANZER (RANZER) Fritz
BAUMANN Arno
BELLWINKEL Karl
BERGNER Karl
BIRKENEDER Michael
BOCKER Alfred
BODE Walter
BOETTGER (BÖTTGER) Max Felix
BORCHERS Robert
BRAUN Johann
BUBA Ignaty
BUSCHENHAGEN Georg
DANNE(N)BERG Otto
DIEMER Wilhelm
ECKERT Hermann
FEHLINGS Leo
FEND Franz Xaver
FEULNER Fredrich
FINKE Christian Heinrich Wilhelm
FISCHER Heinz
FRITZKE Erich
GERLACH Wilhelm
GIESEMANN Friedrich
GODEHARDT Max
GOERLICH Alfred louis Adolphe
HAENDEL Alfons
HEIN Karl
HERZENBERG (baron de) Werner
HOFEN (von) Garrelt Janssen
HOFMANN Franz
HOSTERT Mathias
HUSSLEIN Julius
HÜTER Friedrich
IMME Franz
INGENWEYER/INGENWEYEN/JUGENWEGEN Johann
JÄNICHEN Otto
JUST Adolf
KABISCH Bruno
KALTENEGGER Xaver
KASPER Arno
KAUFMANN Wilhelm
KEHRER Franz Joseph
KNAUF Albert
KNICKENGERG Wilhelm
KRÄMER Michael
KRETSCHMER Martin
KRÜGER Ernst
KUSSEROW Albert
LAMP Julius
LANDWEHR Josef
LARDONG Franz
LEGIELNY (CEGIELNY) Peter
LEHMANN Karl
LIEBL Vincenz
LINDINGER Alois
LINKER Ludwig
LUTZE Karl
MAHR Engelbert
MARTIN Max
MASUR Josef
MATLOCH Vincent
MAY Erich
MÖBIUS Franz
MÖLTGEN (noté MELKEM sur acte d' état-civil) Mathias (Marque de reconnaissance 439)
MORWEISER Karl
MROSEK Johann
NASNER Hermann
NIEBAUER Josef
NOPENS Johann
PAETZ Kaspar Carl
PFORDT August
POHRITZSCH Kurt
PRIEBE Paul Théodor Karl
PURSCHKE Franz
RAAF Reiner
RÖCKER Karl
ROIDER (RAIDER) Johann
ROSSNAGEL George
SCHÄFER Adam
SCHÄFER Karl
SCHÄFER Wilhelm
SCHLECHT Karl
SCHLUND Hans
SCHMIEG Georg Johann
SCHMITT Alfons
SCHMITZ (SCHMIDT) Théodor
SCHNEIDER Peter
SCHU(H)MACHER Heinrich
SCHUMMER Josef
SEEBACHER Stefan
SEEGER (noté inconnu à l'état-civil)
SIEBIGS Heinrich
STEIGERWALD(T) Karl
STILLER Alois
THEISSEN Johann
TIX (FIX) Peter
TREITZ Georg
TRUKENBROD (TRUCKENBRUD) Alexander
VETTER Albert
VIETJEN Johannes
WALGENBACH Peter
WECSLER (WEISLER) Rubin
WEIDMANN Peter
WIDERA Konstantin
WOHLSCHLEGEL Ernst
ZIEGLER Alexander
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4 avril 2013

1914 - Soldats Alliés décédés à Valenciennes

     

       Ces soldats ont été inhumés au cimetière St Roch, dans un carré militaire dont les tombes ont été réorganisées après la guerre par les soins du CWGC, fidèlement à la devise "Puisqu'on ne pourra les ramener tous on n'en ramménera aucun". Les liens sous leurs noms (initialement recopiés tels que sur l'acte) permettent d'accéder à leur page sur le site du CWGC, et de rectifier les noms et les renseignements (il est conseillé de faire "ouvrir dans un nouvel onglet").

      Les registres étant en cours de dépouillement, la liste actuelle - publiée dans la largeur admise pour ce blog - est chronologique, et sera réorganisée une fois terminée, elle est destinée aux éventuels descendants ou membres de la famille de ces soldats qui en feraient une recherche sur Internet.


Retour au tableau des nationalités par année



Retour au tableau des nationalités par année

 


 

Liste alphabétique des 5 noms ci-dessus.

 

 

 

Noms Acte
BULL, Harold Alfred   (BULL, H A) 598
DAVIS, Lionel   (DAVIS, LIONEL HENRY) 615
GAILLIET, Joseph Damas 666
HAWE, Robert   (HAWE, ROBERT) 558
HUGUES, Denis   (HUGHES, ARTHUR) 576
 
 

 


 

 

 

3 avril 2013

1914 - Soldats Allemands décédés à Valenciennes

 Entre le 25 Août 1914 -date de l'invasion de Valenciennes- et le 2 novembre 1918 -date de la libération de la ville-, de nombreux soldats allemands ont été soignés dans les divers hôpitaux "militarisés", initialement tenus par la Croix-Rouge puis par l'occupant lui-même ; certains d'entre eux y sont décédés et figurent dans les registres d'état-civil de la commune jusqu'à ce que les autorités d'occupation cessent de communiquer les décès à l'administration :
Jusqu'en juin 1917 les actes portent réglementairement le nom de 2 témoins (français) ; ce n'est qu'en octobre que la mairie consigne 30 actes succincts antérieurs au 8 septembre et portant la mention "Dressé sur l'ordre de la Commandanture" ; ils seront les derniers de la période d'occupation à être enregistrés.

C'est donc grâce à d'autres sources que je continue de les recenser, mettant à profit celles-ci pour compléter les listes de 1914 à 1917 qui avaient déjà été publiées et seront mises à jour.

cimetière allemand Valenciennes

1051 soldats allemands de la Grande Guerre sont actuellement connus comme décédés à Valenciennes.

L'inhumation se faisait au cimetière St Roch, voir sur ce même blog le sujet sur le cimetière durant la guerre.

Il n'y a pas eu à proprement parler de combats dans la ville lors de l'invasion d'Août 1914, depuis cette date il s'agit donc de blessés amenés du front dans les Lazarett et qui n'ont pu être sauvés. A partir de mi-octobre 1918 il s'agit de combats face aux alliés qui progressent jusqu'à investir la ville le 2 Novembre, des blessés décèderont après cette date lors du repli jusqu'à l'Armistice du 11/11/1918, puis des prisonniers en 1919.

Les sources -toujours signalées- sont :

  • Les Archives Départementales du Nord, registres des décès de Valenciennes,
  • Le site Denkmalprojekt,
  • Le site Frontflieger,
  • Photos & informations personnelles
  • Des historiques régimentaires, dont celui du Régiment d'Infanterie de Réserve n°55, pour le dernier mois de guerre,
  • Le site Verlustlisten 1. Weltkrieg.

 

  • Pour chaque soldat ci-dessous un lien sous le nom permet d'accéder à la source principale (signalée après celui-ci) figurent ensuite :
    • Grade et unité - dans la mesure des informations,
    • Date et lieu de naissance (id°),
    • Date et précisions sur le lieu de décès.
      • Informations complémentaires ; le cas échéant, un lien permet d'accéder à la source, si différente de la principale.
      • Lorsque j'en ai connaissance, le lieu d'inhumation est précisé ; selon le site Volksbund.de, près de la moitié des soldats allemands inhumés au cimetière de Frasnoy (Nord-France) venaient de Valenciennes. Je n'ai cependant pas obtenu de liste auprès de l'organisation chargée des tombes, qui m'a répondu "ne pas donner de renseignements aux chercheurs", et lors de ma visite au cimetière fin janvier 2020, le livre des noms (Namenbuch) était remplacé par un avis de leur antenne française de Metz indiquant la conservation du livre "à l'abri des conditions hivernales". Ce n'est qu'après le confinement que j'ai pu revenir (le 2/06/2020) et, toujours faute de livre, photographier chaque tombe, ce qui m'a permis de dresser un plan détaillé de l'implantation de celles-ci à Frasnoy

        Les informations retrouvées sur le site Volksbund.de étant le plus souvent parcellaires, j'ai étendu la liste des noms à ceux qui sont décédés dans les derniers combats avant l'Armistice, à Valenciennes ou dans les communes voisines exclusivement

  Certains renseignements sont rédigés en allemand, avec l'usage habituel des abréviations, parfois réduites à quelques lettres, comme
i.Kr. pour Tod infolge Krankheit (ou Kriegsverwundung) : Décédé des suites de maladie (ou de ses blessures de guerre).

  En ce qui concerne l'État-Civil de Valenciennes (noté ci-dessous "ECV") aux Archives Départementales du Nord, le lien renvoie via la cote du microfilm à la page d'accueil de celui-ci faute de lien pérenne avec cette vesion du site. Il convient donc pour le moment de relever les n°s d'acte et de vue.
L'historique du RIR55 ( dont il a déjà été question ici) n'étant pas numérisé, aucun lien n'est disponible.

 

  Liste der deutschen Soldaten, die zwischen 1914 und 1919 in der Stadt Valenciennes starben, entweder im Zivilregister eingetragen oder gesammelt, insbesondere auf der Website "DenkmalProjekt".
Manchmal geben die Einträge einige Informationen über diese Soldaten, wie z.B. ihre Einheit, die ich ebenfalls wiedergebe. Diese Soldaten wurden in der militärischen Abteilung des städtischen Friedhofs von Saint-Roch begraben.
Die Leichen wurden nach dem Krieg auf den Friedhof von Frasnoy überführt oder zu ihren Familien zurückgebracht.

 

Retour au tableau des nationalités par année

Voici les 104 noms connus au 22/02/2023 pour 1914, dans l'ordre des décès :
parmi eux, 94 sont recensés au cimetière militaire allemand de Frasnoy
dont 48 dans une tombe commune (Carré 2 Tombe collective n° 4).

Une liste alphabétique au bas de la page renvoie vers les informations personnelles.  

 

  • KOHLS Hermann      Source : Denkmalprojekt
      Grade & Unité  Musketier ; I.R.27
      Naissance  18.03.1892
      Décès  26.08.1914 Soyre’ges (sic), Frankr. (Valenciennes)
      Inhumation  pas d'information connue.
      • Infos complémentaires : 
        (1912/14), Lehrer

 

 

  • ENGE Albert      Source : Etat-Civil de Valenciennes, Décès 1914 : Acte 572 vue n°150
      Grade & Unité  - ; 153°IR, N°189
      Naissance  -
      Décès  04.09.1914 Ambulance du collége de jeunes filles, 8, Boulevard Pater
      Inhumation  St-Roch Massengrab.
      • Infos complémentaires : -

 

 

 

  • MULLER Pierre      Source : Archives 57
      Grade & Unité  - ; Infanterie Regiment NR. 168, 2. Komp.
      Naissance  14.08.1892 Lengelsheim (Moselle), Kreis Saargemünd
      Décès  15.09.1914 Valenciennes
      Inhumation  St-Roch Massengrab.

 

 

 

 

 

 

  • HANTSCH/HÖNSTCH Gustave      Source : Etat-Civil de Valenciennes, Décès 1914 : Acte 635 vue n°167
      Grade & Unité  Soldat ; 2°esc 20°Rgt de Hussars
      Naissance  25 sep 1890 Lüban cercle de Dresde (D)
      Décès  25.09.1914 Ambulance du Lycée Henri Wallon, Place de la République
      Inhumation  St-Roch Massengrab, n°21.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  • BERGMANN Georg      Source : Etat-Civil de Valenciennes, Décès 1914 : Acte 645 vue n°176
      Grade & Unité  - ; -
      Naissance  -
      Décès  03.10.1914 Valenciennes, Frankreich
      Inhumation  pas d'information connue.
      • Infos complémentaires : -

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  • KETELHUT Paul Ernst Albert      Source : Denkmalprojekt
      Grade & Unité  Uffizier ; Infanterie Regiment 128, MGK
      Naissance  23 Jahre, Neu Jugelow
      Décès  09.10.1914 Valenciennes
      Inhumation  pas d'information connue.

 

 

  • DÜRKHEIMER Philipp      Source : Denkmalprojekt
      Grade & Unité  Gardist ; Garde-Dragoner-Reg. 23
      Naissance  23 Jahre, Mettenheim, Worms
      Décès  11.10.1914 Verwundetentransport nach Valenciennes
      Inhumation  pas d'information connue.

 

 

 

 

 

 

  • PIELER Karl      Source : Etat-Civil de Valenciennes, Décès 1914 : Acte 681 vue n°178
      Grade & Unité  premier Soldat ; 121°IR, 3°Btn, 8°Cie
      Naissance  -
      Décès  14.10.1914 Ambulance du collége Notre-Dame 17-19 Rue des Capucins
      Inhumation  St-Roch Massengrab, n°14.
      • Infos complémentaires : 
        Initialement nommé BIELER sur ECV

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  • ANDLER Adolf      Source : Etat-Civil de Valenciennes, Décès 1914 : Acte 729 vue n°192
      Grade & Unité  Brancardier réserviste ; 1°Cie, service de santé 13° corps allemand
      Naissance  04 jan 1891 Unterjettingen, département de Herrenberg (Wurtemberg)
      Décès  02.11.1914 Hopital Militarisé canton Sud
      Inhumation  St-Roch tombe n°Tombe individuelle n°41.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  • HERBER(T)      Source : Etat-Civil de Valenciennes, Décès 1914 : Acte 857 vue n°226
      Grade & Unité  Grenadier ; 9°Cie, Rgt de grenadiers N°9
      Naissance  -
      Décès  15.11.1914 Ambulance du Lycée Wallon, place de la République
      Inhumation  St-Roch tombe n°Tombe individuelle n°47.
      • Infos complémentaires : -

 

 

 

 

 

  • nom INCONNU (Namenlos) portant médaille 1499      Source : Etat-Civil de Valenciennes, Décès 1914 : Acte 859 vue n°227
      Grade & Unité  - ; appartenant 19°IR
      Naissance  -
      Décès  16.11.1914 à la Gare
      Inhumation  St-Roch tombe n°Tombe individuelle n°49.
      • Infos complémentaires : 
        recherche par date impossible

 

 

 

 

 

 

 

 

  • ACKERSBERG Emil      Source : Denkmalprojekt
      Grade & Unité  Grenadier ; -
      Naissance  11.09.1893 Obersprock-hövel
      Décès  26.11.1914 Laz. Valenciennes
      Inhumation  pas d'information connue.
      • Infos complémentaires : 
        Krankheit

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

ACKERSBERG Emil
ANDLER Adolf
BAARS Willi
BAASS Michael
BACKS Heinrich
BÄDER Karl
BAUER Ludwig
BERGMANN Georg
BERGMANN Wilhelm
BERLITT (BERLET) Richard
BESECKE Robert
BIERMANN August(in)
BITSCH Karl
BROHSEIT Ernst
BRÜDER Robert
BRÜSEWITZ Paul
BÜDENBENDER Josef
BÜHLER Karl
BUHLMANN Bruno
BUSCH Franz
BUSCH Otto
DÄTER Hermann
DEUTSCHMANN Heinrich
DÜRKHEIMER Philipp
EBELT Richard
ECKERT Heinrich
ENGE Albert
FISCHER Christian
FITZINGER Johann Adam
FRÄDRICH Wilhelm
FRANK(E) Hans
FRANKE Friedrich Andreas
FRANZ Heinrich
GENETZKI Karl
GÜNSCH Albert
GUTZMANN Georg
HADZYNSKI / HADRZYNSKI Ludwig
HANTSCH/HÖNSTCH Gustave
HARTINGER Johann
HENNI(N)G Otto
HERBER(T)
HOFFMANN Heinrich
IHLE Georg
JUNGE Ernst
KETELHUT Paul Ernst Albert
KLÖHN Hermann
KNAPP Heinrich (Hans ?)
KÖCK Michael
KOHLS Hermann
KÖSSNER Karl Hermann Ludwig
KOWALEWSKI Johann
KRAWCZYK Stanislaus
KREH Friedrich
KRÖNING Emil
LANCKNER (LAUCKNER) Rudolf
LANGE Fritz
LÛND Jakob
LUSTER Albert
LUYKEN Fritz
MAASS Heinrich
MALIK Paul
MÄRKLE Karl Emil
MARSAL Hans
MARTENS Wilhelm
MEINHARDT Erich
MERKE Ernst
MUCH Friedrich
MÜLLER Franz
MULLER Pierre
MURSCHEL Wilhelm
NETTELNBRECKER Wilhelm
NEUMANN Paul
NEUSS Konrad
NIEBUHR Simon
nom INCONNU (Namenlos) portant médaille 1499
OPPERMANN Gustav
PAULI Arno
PIELER Karl
PROPP Rudolf
RAFFEL Wilhelm
RATTEY / RATHEY Walter
REISSL Konrad
RESENBERGER Michaël
ROHWEDER Wilhelm
RUFFERT Johann
SCHARBINS (SCHARBIUS) Franz
SCHMITT Otto
SCHNIER Anton
SCHULZ Alfred
SEEMANN Ernst
SPETHMANN Heinrich
SPÖRL Johann
STEINBRECHER Ludwig
STEINER Auguste Wilhelm
STENDLE (STEUDLE) August
STUTE Freny
URBANSKI Johann
VOGT Peter
VOIGT Martin
VOL(L)MER Hermann
WEBER Rudolf
WIDMANN Karl
ZIEGLER Johann
ZIERMANN Victor
2 avril 2013

1914 - Soldats Français décédés à et de Valenciennes, civils fusillés

 

     Les archives départementales du Nord ayant mis en ligne les registres de décès des années de guerre, j'entreprends ici le relevé des soldats Français déclarés dans ces registres, et donc décédés sur le territoire de la commune, dans différents hôpitaux, ainsi que ceux -originaires de la commune mais non y décédés- dont le jugement de décès émis après guerre a été transcrit dans les registres, puis fait l'objet d'une mention marginale au plus près de la date réelle de décès.

Parmi ces noms figurent ceux de civils fusillés  :

  • CAZER Horasse Fusillé Valenciennes   26 sep 1914
  • DELBECQUE Augustin Prêtre, fusillé par les troupes allemandes Valenciennes Place Vauban 17 sep 1914  

      Les actes fournissent parfois des renseignements complémentaires sur ces soldats, notamment en ce qui concerne leur affectation, que je transcris telle que dans l'acte.


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Liste alphabétique des 114 noms ci-dessus.

 

  Liste des affectations connues.

 

Noms Acte
ALONDEAU, Henri Auguste 533b
AUGE, André Léopold Joseph 839
BASSEZ, Albert François 609
BATAILLE, Albert Edouard François 686
BERTIN, Henri Constant 784
BERTOUILLE, Victor 616
BOMBLET, Marcel 749
BOURGES, Isaïe 554
BOURSIER (BOURCIER sur acte de naissance) , François Joseph 538
BOUSSER, Marcel Joseph 542
BROUILLARD, René 539b
BURETTE, Jean Baptiste 567
CAILLE, Antoine Désiré 555b
CANTIN, Adolphe 635
CAZER, Horasse 631
CHEVAL, Charles Joseph 741
COGET, Emile 530
COUCKERKE, Louis Jean Baptiste 624b
COUPE, Emile Louis paul 553
COUPE, Fernand 537
CRETEUR mais libellé de Alondeau 533b, 532b
DECAUDIN, Olivier François 543b
DEFAUX, Jean Baptiste 656
DEGREAUX, Henri 531b
DEGREAUX, Henri 551
DEHON, Jules Leon 651
DELBECQUE, Augustin 733
DEMONCHY, Arnold 657
DEPRET, Firmin 709
DEPRET, Firmin 711
DESFRESNE, Louis Joseph 736b
DEUDON, Aimable Gaston 546b
DIERYKX VISSCHERS, Jean Joseph 568
DRANCOURT, Emile 542b
DUCATEZ, Paul François Victor 877
DUCATEZ, Paul François Victor 824
DUPONT, Jules 684
DUPONT, Théodule Louis 564
DUVANT, Edmond 544
FALCE, Victor 580
FAVERGEON, Ernest Paul 574
FAYOLA, Gaston Jules Nestor 815b
FERNAND, Joseph 548
FERRAND, Eugene 656
FLAMME, Jules 548b
FOUGNIES, Emile Joseph 597
GALIOT, Georges 523b
GEORGE, René Alphonse 529b
GERMAIN, Jean Baptiste Constant 598
GOSSET, Adolphe 578
GRATTEPANCHE, Alfred 683b
GROMAS, Alphonse 630
GROS, Renaud Paul Henri 554
GUIDEZ, Joseph 583b
HARMANT, Charles 682b
HELLEIN, Marcel Léon 560
HERDEWYN, Emile 524b
HIANCE, Pierre Paul 535
HOCHU, Louis 651
JALAIN, Fernand Lucien 652b
LABOU, Abel Fernand 792
LALANDE, Emile 748
LAURETTE, Désiré Sylvestre 550
LEBEAUX, Jacques 559
LECHANTRE, Alfred Henri Jean Baptiste 628
LECLERCQ, Paul Charles Louis 742
LECLERCQ, Victor 526b
LECLERCQ, Victor 521
LEDUC, Louis Fernand 660
LEFEBVRE, Louis Alexandre 588
LEGRAND, Firmin 603
LEGRAND, henrri 528b
LEMOINE, Emile 541
LERMISSION, Gabriel Francis 557
LERMISSION, Gabriel François 552
LEROY, Florimond 738
LUNEL, Auguste 580
MALAQUIN (Rayé), Henri 536b
MANIER, Henri Joseph 831
MARCHANDISE, Olivier 522
MARIAGE, Auguste Joseph 621
MARIN, Paul 534b
MARTIN, Auguste 549
MONTRON, Ernest 539
MORTUREUX, Léon Francois 654
PAPLENACE, Julien 644
PATAUX, François Maurice 739
PATOUX, François Maurice 783b
PETIT, Marcel 563
PHILIPPE, Oscar Joseph 716b
PREUX, Victor Antoine 740
QUESNE, Casimir 688
QUILLET, Albert Felix Ernest 547
RAIMOND, Raymond Marcellin 527
RASEZ, Elie 545b
RECOURT, Eugène 710
ROPPE, Jules Albert 561
ROSSIGNOL, Henri Auguste 831b
RUFIN, Jules 654
SALLARD, Eugene 589
SCHENIDRE, Charles Emile 582
SCHNEIDER, Prosper 536b
SEGARD, Louis Désiré 586b
SELLE, François Maurice 743
SULTAIRE, Paul 581
TAVERNE, Henri 819
TERREUX, Edmond Henri 655
THIETARD, Paul 823b
TIETARD, Georges Paul 549
TOURILLE, Adolphe 556b
TRICHON, Eugène 550
VANHAENACKER, Léon 540
VERDIER, François Vidal 655b
VERDIER, Henri 531b
 
Affectation Acte
1°RTA 660
14°HUSSARD 548
146°RI 783b
17°RIT 710
2°RIT 628
21°RI 654
22°RIT 655
26°RIT 538
26°RIT 539
26°RIT 554
26°RIT 688
27°RIT 549
27°RIT 550
27°RIT 563
27°RIT 574
27°RIT 580
27°RIT 589
84°RI 651
84°RI 526b
Etat Major 644
RMC 839

 


 

 

 

 

31 mars 2013

CAZER et LEGEL

 

 

cazer_legel

 

Une simple affiche, qui marque l'entrée en fonction du Major Von MEHRING comme commandant de la place: il remplace le 24 septembre 1914 le Lieutenant-Colonel Kintzel, installé le 25 Août, premier jour des 1530 de l'occupation.
Le 27 septembre il fera incendier la ville d'Orchies

  • CAZER Hérasse est né à Aniche (Nord) le 1er Mars 1855, de Alphonse et MATHIEU Joséphine, époux de MILLION Célina ; verrier à Aniche, un jugement du tribunal civil en date du 11 août 1920 le déclare Mort pour la France; la copie sommaire du jugement figure dans le registre des décès de l'année 1914 à Valenciennes, page 166, à la date de son décès, la transcription du jugement figure en date du 3/09/1920 dans le registre de décès de Valenciennes, précisant qu'il n'a pas été dressé d'acte de décès. Voir également sur ce blog. Il a été fait chevalier de la Légion d'Honneur à titre posthume, sous les nom/prénom de CAZER Erasme, en 1923. Il n'a pas de fiche sur le site Mémoire des Hommes .

 

  • LEGEL Léon  ne figure pas dans les registres de Valenciennes, ni de Lourches ou d'Aniche, et ne figure pas dans Mémoire des hommes.

    Il est vrai qu'hormis cette affiche, on ne dispose pas d'information à leur sujet ; on les retrouve succinctement dans les archives belges :

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Il figurent au monument aux morts de Valenciennes, parmi les 12 noms de fusillés.

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11 décembre 2012

Otages en Lithuanie (III)

 

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PREMIERS TEMOIGNAGES et RETOURS

 

Le 17 avril 1918, arrivait à Valenciennes une lettre de l'abbé J. Bodescot, otage au camp de Jewie en Russie, qu'il écrivait pour remercier les personnes chez qui il avait logé, elle était ainsi conçue ;

 «Je vous remercie de votre cordiale hospitalité, c'était alors le beau temps, le pain gris est venu après le pain blanc. Après six nuits et cinq jours de voyage, sans chauffage, ni éclairage, par un temps froid très rigoureux, nous sommes arrivés en gare de Zosle, le 12 janvier, que nous avons quitté, à pied pour Milejgany, à six ou sept kilomètres, ou se trouvaient quelques bâtiments de ferme, à usage de camp non organisé. Nous y avons passé cinq jours dans une sorte d'écurie ou grange non chauffée.
«Le camp est si insalubre, que douze des nôtres sont morts, dont un en cours de route.
«Le vendredi 18 janvier, cent soixante ont été détachés de ce camp, et dirigés sur celui de Jewie, où nous sommes encore aujourd'hui. Ce camp est installé dans une église bien petite. Nous sommes pêle-mêle cent soixante, dont dix-sept prêtres, trente-cinq restés à Milesjgany, entassés les uns sur les autres, sur des paillasses de copeaux de un mètre carré. Tout se fait dans le local intérieur. bien chauffé.
«Nourriture matin ; jus de malt; midi ; soupe claire ou de rutabaga, ou d'orge ou de semoule, avec quelques pommes de terre et quelques grammes de viande une fois par semaine.»

 

Enfin, le 21 avril 1918, nous apprîmes avec plaisir qu'un wagon entier de vivres venait de partir de Hautmont à destination de Jewie, la C.R.B. de Bruxelles prenant tout à sa charge.
Le 25 avril 1918, par un temps orageux, accompagné d'une pluie torrentielle, nous fûmes surpris de voir arriver à Valenciennes les otages âgés de plus de 70 ans, ou malades, venant de Russie, soit en tout quatre-vingt-dix personnes.
Ces malheureux avaient mis onze jours pour venir de Jewie, ou de Milejgany.

M. Maurice Harpignies que je rencontrai, me raconta la façon cruelle avec laquelle ils furent traités à l'aller, quatre d'entre eux étant morts, le voyage avait duré cinq nuits et six jours, par un froid terrible.

Ils furent d'abord parqués dans une espèce de grange, dans laquelle le trop plein d'un fumier débordait. Ils étaient les uns sur les autres, sans tables, sans chaises, sans bancs, et furent bientôt dévorés par la vermine. On les changea ensuite pour les mettre dans un petite église à Zoslé, où ils furent un peu moins mal. La nourriture était épouvantable. Bientôt tous avaient épuisé leurs ressources pour acheter en fraude quelques denrées. Ils accusaient naturellement le comité, ne se doutant pas de toutes les démarches que nous fîmes pour eux. Il n'y avait dans le camp qu'un médecin otage, qui était impuissant à soulager ses camarades, car il n'avait à sa disposition aucun remède. Il eut bientôt le même sort que ses compagnons et succomba. Vingt de ces malheureux étaient morts; et soixante étaient à l'infirmerie,  plusieurs avaient même du y rester, n'étant plus en état de supporter le voyage.
Ils avaient à peine de quoi s'étendre, tous étaient entassés les uns sur les autres. Quand l'un d'eux mourait, on le mettait sur la table au milieu de la salle. La chose la plus terrible au réveil, était de voir parfois ce cadavre sans nez, sans oreilles, les yeux mêmes ayant été rongés par les rats.
Enfin le consul espagnol vint visiter leur camp [visite du 22 Mars 1918], et c'est à la vue de ce terrible spectacle qu'il entama des pourparlers pour améliorer le sort de ces pauvres gens, qui furent transférés dans un sanatorium à Roon, près de Vilna.
Quand il fit observer à l'officier, qui avait la charge du camp, que les otages devaient beaucoup souffrir, étant si mal traités, celui-ci répondit : « C'est exprès, nous voulons qu'ils souffrent, ce sont des représailles ! »
M. Jules Lefebvre, qui faisait également partie de ces otages, revenait avec un phlegmon à la main, quand le médecin du sanatorium l'examinant lui dit qu'il était grand temps de le soigner, la grangrène commençant à s'y mettre ; mais il fallut amputer la main, quelques jours après.
Pour comble de malheur, toute correspondance avec les pays occupés était interdite, ce qui augmentait leur souffrance morale. Heureusement le premier wagon de biscuits et de chocolat venait d'arriver, quand les otages rapatriés quittèrent Vilna. En résumé, malgré les privations et les souffrances, le moral resta toujours excellent chez tous.
En rentrant chez lui, M. Harpignies constata que ses meubles et son lit avaient été pris pendant son absence, et que sa maison n'avait même pas été respectée.


 Juste une remarque sur le Camp de Roon, pourtant composé de baraques en bois, qui leur a paru un Sanatorium.


 

CORRESPONDANCE AVEC LES OTAGES

 

Enfin le 22 juin, la Commandanture, après six mois et demi de pourparlers, donna l'autorisation de correspondre avec les otages :

 1° Il est permis d'envoyer des cartes ou lettres ouvertes écrites au crayon.
 2° Comme adresse, on doit mettre simplement ; X... otage de Valenciennes en Allemagne.
 3° Les cartes ou lettres doivent être déposées à part à la Sous-Préfecture qui, elle-même, les remettra en paquets séparés par otages, hommes ou femmes, au bureau allemand des laissez-passer.

           
L'envoi des colis était également autorisé.
Le 5 juillet [1918], Mme Ewbank recevait seulement les trois premières lettres de son mari qui se plaignait particulièrement des tortures que leur infligeaient les mouches et les moustiques. De plus, un article paru dans un journal allemand le 13 juillet, nous apprenait que les huit cents Alsaciens-Lorrains qui devaient être échangés contre les otages étant arrivés à Singen ; ce qui nous faisait espérer que les nôtres allaient bientôt revenir.
Enfin, le 24 juillet, à cinq heures du matin, M. Tromont, conseiller municipal arrivant en gare avec les otages de la 11e armée vint sonner chez moi pour m'annoncer l'heureux retour des otages de Russie. On put alors servir du café et des biscuits, en attendant mieux, à ces pauvres gens, qui étaient exténués, après dix-sept jours de voyage.
Ils furent conduits dans un immeuble de la rue Flamme, dont ils ne purent sortir que vers dix heures. La plupart d'entre eux allèrent diner dans les maisons qui leur avaient donné l'hospitalité. Les Valenciennois rentrés chez eux en descendant du train, nous donnèrent des renseignements précieux sur leur voyage.

Les hommes avaient quitté le camp de Vilna, le 8 juillet 1918. Arrivés à la frontière allemande, ils restèrent complètement nus pendant deux heures, pour être désinfectés, ce dont ils avaient grand besoin. On les conduisit ensuite au camp d'Holzminden, où ils rencontrèrent les dames otages, qui reçurent l'autorisation de passer quelques instants auprès de leurs maris. Ceux-ci restèrent quatre jours au camp, puis tous partirent pour Montmédy, où ils demeurèrent encore quatre jours, au milieu d'une saleté répugnante. Ils furent ensuite conduits dans la forteresse qu'avaient occupée les Russes. Ils s'y trouvaient si mal, qu'ils allèrent loger dans une église, où on les coucha sur des paillasses infectes. Ils approchaient enfin de Valenciennes, quand avant d'arriver à Avesnes, la machine fut dételée, et ils restèrent toute la nuit au milieu des champs. Les otages de Cambrai et du Quesnoy purent quitter la ville, à six heures et demie du soir, mais ceux de Somain qui faisaient partie de la 6° armée, ne purent continuer leur voyage, que le lendemain. Les otages de Curgies et de Saint-Amand et autres communes de la 6° armée, qui étaient à peu de distance de chez eux, furent obligés de continuer sur Lille, afin de viser leur laissez-passer pour leur Commandanture. M. Ferré, du journal l'Echo du Nord, de Lille, nous raconta dans le détail, les mauvàis traitements qu'ils eurent à subir à Vilna, où vingt-cinq d'entre eux moururent, et d'où une centaine revinrent avec des santés chancelantes. Ils crurent tous au début être condamnés à mourir de faim; aussi, nous furent-ils reconnaissants des colis que nous leur donnâmes à leur départ. Dès que les secours de France arrivèrent, au bout de trois mois, de captivité, ils furent sauvés. A Montmédy, ils avaient rencontré des prisonniers français et américains, qui leur avaient donné des nouvelles très rassurantes de la guerre. En traversant l'Allemagne, ils eurent l'impression que le peuple allemand avait encore plus faim que nous. L'on n'y rencontrait pour ainsi dire pas d'hommes et la tristesse était peinte sur tous les visages.

Dans le camp, les dames souffraient beaucoup de cette vie en commun, devant procéder presque en public à leur toilette. Toutefois leur moral était resté excellent, mais toutes avaient beaucoup vieilli et les mères souffraient plus que toutes autres d'être séparées de leurs enfants.
La première nuit, du 24 au 25 juillet, que passèrent les otages à Valenciennes, fut très mouvementée. Les avions pendant deux heures consécutives étaient venus inspecter les environs, et jeter des bombes sur Fresnes, Blanc-Misseron, et Raismes, tuant plusieurs personnes.
Les otages valenciennois se distinguèrent par leur andurance et leur bon moral.
Le frère du docteur Mariage put dessiner quelques vues de la région qui complétèrent le récit admirable que fit de cette captivité, M. Ferré, rédacteur, à l'Echo du Nord.
Pour passer leur temps dans la petite église où on les avait internés, ces Messieurs firent des conférences le soir. Comme il n'y avait que deux petites lampes pour tout éclairage, l'une était placée à côté du conférencier, l'autre éclairait faiblement l'auditoire. Des fils de fer barbelés entouraient l'église, ne leur laissant que très peu d'espace pour circuler.


En allant chercher à la gare M. Hélot, qui venait de Cambrai pour assister à notre réunion de la C. R. B, je vis encore les otages de Somain et des environs, qui, depuis le matin, attendaient, ayant vu partir devant eux leur train, parce que les policiers voulaient les fouiller. Après une dernière journée d'attente, ils purent péniblement regagner leur home si ardemment désiré.
Le samedi 27 juillet, j'eus le plaisir de déjeuner chez M. et Mme Ewbank, avec MM. La Grange, Thilloy et Théodore Hollande; il ne fut naturellement, pendant ce déjeuner, question que de leur séjour en Russie.

RECIT DE CAPTIVITÉ


Nous sommes heureux de donner l'ensemble des impressions recueillies par un de ces otages :


        «Arrivés à Jewie à huit heures du soir – écrit-il – l'officier qui nous accompagnait remit le convoi à son collègue, mais ce dernier, jugeant qu'il était trop tard pour nous conduire au camp, nous fit rester en gare sans manger, grelottant, jusqu'au lendemain matin, après sept jours de voyage.
«Pendant la nuit, la neige était tombée abondamment, et c'est dans cette tourmente, nous frayant un passage, que nous arrivâmes, exténués, à Miljegany.
«Ce nom passera à, la postérité, et restera une honte pour l'Allemagne. C'est après avoir parcouru les 4 kM. 500 qui séparaient la gare de cette ferme isolée, qu'un prêtre, en me voyant passer haletant, ne put s'empêcher de faire cette réflexion que j'entendis : « En voilà un qui n'en a plus pour longtemps!»
«Dans une grange infecte, que des prisonniers russes avaient occupée, comme un troupeau de moutons, cent cinquante otages se précipitèrent, pensant y trouver un peu de repos. M. Gravis, entré l'un des premiers, fit signe à ses compagnons d'infortune de ne pas y pénétrer, ayant reculé d'horreur. Pas une fenêtre; dans le centre, de l'eau croupissait, comme lits, trois étages de couchettes dans lesquelles grouillait la vermine. Aussi, n'est-il pas surprenant que vingt-quatre otages y trouvèrent la mort, sans compter ceux qui y perdirent leur santé.
«Il n'y avait ni médecin, ni remèdes, et l'officier de répondre aux demandes de secours qui lui étaient adressées : « Les malades ne m'intéressent pas, ils peuvent mourir» .

Aussi, les otages écrivirent-ils à l'Ambassade d'Espagne, qui finit par envoyer une Commission. C'est à la suite de cette visite [22 Mars] qu'ils furent changés de camp et allèrent à Roon, dans une église nouvellement construite, qui avait été bombardée.


        «A Milejgany, il n'y avait qu'une table, sur laquelle on mettait l'otage qui venait de mourir, et c'est devant son corps que l'on devait manger la soupe, ou mieux de l'eau claire. Puis, la nuit, les rats venaient à leur tour faire leur macabre festin. Il fallut suspendre avec des cordes ces malheureuses dépouilles, pour éviter qu'elles soient rongées. Comme cercueil, quelques planches prises dans le camp, et que l'on devait payer 13 marks.»


        Nos compatriotes avaient pu trouver dans la cour de cette ferme un petit abri où, tant bien que mal, ils s'étaient blottis. Ils eurent surtout à souffrir du froid et de la soif, car, dans le camp, il n'y avait pas une goutte d'eau.
Enfin, après deux mois de privations et de souffrances, le premier wagon de biscuits envoyé par la C.R.B. arriva, qui sauva la situation. Trois mois après leur départ, certains otages mangeaient encore du pain que nous leur avions donné à Valenciennes.
A la suite de ce déjeuner, en prenant le café, Georges Ewbank nous lut un passage de ses impressions qu'il avait écrites sur le vif, au camp de Milejgany.
D'une manière saisissante, il dépeignait la mort de ces malheureux otages. Plusieurs fois, il dut interrompre cette lecture, les sanglots l'empêchant de parler; et sa femme de lui dire ; « Arrête, arrête donc, c'est horrible...»  Nous mêmes étions émus, et malgré nous, les larmes baignaient nos yeux.
On voyait que M. Georges Ewbank revivait ces moments d'angoisse et de stupeur; ses yeux étaient étincelants, sa voix chevrotante, la haine au fond du cœur.
Pour ne donner qu'un détail de la mort de ces martyrs, je ne citerai que celle d'un Conseiller à la Cour de Douai qui, ayant une maladie de vessie, mourut peu de temps après son arrivée, dans d'horribles souffrances.

        Jusqu'au 8 mars, pour les quarante prêtres otages, il ne fut pas question de service religieux. Soir et matin, on récitait en commun les prières autour du feu; les indifférents écoutaient avec respect sur leur couchette. Le dimanche, dans ces mêmes conditions, ces Messieurs lisaient à haute voix la messe. Plus tard, ils obtinrent une petite chambre, dans laquelle trois prêtres pouvaient célébrer la Sainte Messe en même temps.
Mais l'esprit français reprit le dessus, et bientôt les otages organisèrent conférence sur conférence, chansons, musique et bridge qui ne perdit jamais ses droits, et grâce aux envois de France. Nous en eûmes un agréable échantillon au déjeuner que nous offraient M. et Mme Georges Ewbank, le temps se passa moins péniblement. Il me fut impossible de décrire les mille détails de cette dure captivité, dont le souvenir ne s'effacera jamais. J'ai voulu transcrire ces lignes, auxquelles je n'ai rien changé, M. Ferré, dans son récit, les ayant complétées, ainsi que M. Mariage qui les illustra. Qu'il me soit permis, en passant, de les féliciter, car jamais on ne fera connaître assez les abominations que nous firent subir les Allemands, faisant injustement la guerre aux civils.


Le 28 juillet 1918, j'eus le plaisir de retrouver mes amis M. et Mme Gravis, dont les deux fils avaient passé les lignes pour s'engager, et qui me racontèrent leur captivité et leur séparation qui fut terrible. Ce n'est qu'en avril que M. Gravis apprit l'internement de sa femme à Holzminden, et il me confirma des détails que nous avait donnés M. Georges Ewbank de leur séjour à Miljegany.


      Comme les messieurs, les dames arrivèrent au camp d'Holzminden exténués. On leur confisqua leurs bagages à main, et elles furent enfermées pendant quatre jours dans une petite baraque sans pouvoir sortir. Toutes furent fouillées et déshabillées.
Ces quatre jours leur parurent interminables, n'ayant à manger que de la mauvaise soupe qui leur était servie dans des écuelles. Les unes étaient accoudées, pensives, sur la table; les autres pleurant sur leur mauvaise paillasse de foin. Au bout de ces quatre jours, on leur rendit les sacs, mais sans les médicaments que toutes avaient eu la précaution d'emporter, et sans l'argent. Parmi ces otages, se trouvaient des évacuées du front. L'une d'elles avait sa fortune qu'elle n'avait pas voulu confier à une banque française. Les Allemands n'y mirent pas tant de formes, et ils lui confisquèrent les 30.000 francs or qu'elle portait si précieusement.
Pour leur toilette, ces dames qui, d'habitude, étaitent très coquettes, n'avaient pas le moindre peigne, ni la moindre brosse, ni même un essuie-mains pour se laver. Ce n'est que quelques jours après qu'elles eurent leurs bagages.
Mme Gravis fut assez grièvement malade pendant sa captivité, faisant une fièvre typhoïde et souffrant, de plus, de furoncles, restant couchée sur la dure. Mais, grâce à sa forte constitution, elle se rétablit et elle put reprendre ses fonctions de cuisinière de la baraque.


Quand les otages de Russie arrivèrent à Holzminden, ils passèrent devant la baraque des dames, qui reconnurent à peine leurs maris ou leurs amis, tant ils étaient courbés et vieillis. Mais, heureux de se trouver sur le retour, tous se ressaisirent; aussi, quand ils traversèrent les rues de Montmédy, les Allemands furent étonnés, après tant de souffrances, de constater cette gaieté et cette élégance.
Les dames, surtout, avaient voulu montrer aux Allemands leur résistance. Aussi, répondirent-elles à l'officier qui leur en faisait la remarque : « Les Françaises sont toujours ainsi» .

LA VIE MUNICIPALE REPREND

Le lundi 29 juillet 1918, en ouvrant la séance du Conseil municipal, M. Damien adjoint, souhaita la bienvenue à M. Tauchon [maire de Valenciennes] et le félicita de son heureux retour d'exil. Tous nous lui fîmes part de notre amitié et nous l'accueillîmes joyeusement.

M. Tauchon remercia très simplement, ajoutant ; « En effet, nous avons beaucoup souffert, mais c'était pour la France!» Puis il adressa un souvenir ému aux vingt-cinq otages qui étaient morts en Lithuanie. Il ajouta :«Le premier d'entre nous qui mourut fut le commandant Bodement [Beaudelot], de Sedan, qui ne put supporter le voyage. On le descendit en gare de Crovenow, et nous n'entendîmes plus jamais parler de lui. [il fut inhumé à Hohensalsa/Inowrocław] Vous ne sauriez vous imaginer ce qu'est la mort, rendue bien plus horrible encore dans ces tristes conditions.
«Nous trouvions parfois, gisant sur sa couchette, un compagnon d'infortune qui, épuisé par la souffrance et les privations, ne s'était pas réveillé
Après guerre, il se forma une Association qui devait publier ces atrocités.
Malgré tout, dans cet exil, l'esprit français prenait toujours le dessus, et grâce à M. Gallois, prix de Rome en musique, l'on exécuta quelques chœurs, et les poètes eurent le temps de caresser la Muse. En terminant, M. Tauchon se fit l'interprète des otages pour remercier la Municipalité de Valenciennes des soins qu'elle eut pour eux, les colis qu'ils reçurent leur ayant rendu les plus grands services.
M. Tauchon remercia également le maire de Montmédy, qui n'avait rien négligé pour les ravitailler.
En terminant, M. Tauchon constata «que les Allemands eux-mêmes avaient été honteux de la façon dont nous fûmes traités. C'est seulement à Holzminden que nous pûmes lire la Convention de Berne, qui ne fut jamais affichée dans notre camp. En tout cas, je suis heureux de me retrouver au milieu de mes collègues que je n'ai jamais oubliés dans mon exil.»


*
**


Puis, lecture fut donnée au Conseil municipal de la Convention de Berne, du 26 avril 1918, extraite de la Nordeutsche Allegehrine Zeitung, dont nous n'avions jamais eu connaissance.
Le 31 juillet, je rendis visite également à M. Lequesne, qui avait été aussi en Russie comme otage, et qui mourut des suites de sa captivité. Il me fit le même récit que M. Georges Ewbank, me disant que les six premiers mois avaient été terribles.

Quand ils arrivèrent en gare de Jewie, il partit avec M. Girault, en tête du convoi, pour préparer le logement. Après avoir parcouru 4km. 500 dans la neige, ils se trouvèrent en face d'une grange entourée de fils de fer barbelés, que des ouvriers russes venaient de quitter. J'en ai déjà dit d'ailleurs la saleté repoussante. Ce qu'il leur fut le plus pénible, fut le manque de linge, étant restés six semaines sans bagages. Il avait comme compagnon de lit, dans une couchette de 0 M. 60 de large, M. Fernand de Saint-Ouen, mort également des suites de sa captivité.
Comme cette couchette était trop courte de 0m30, ses pieds dépassaient. Ils se trouvaient dans l'obscurité, un mauvais quinquet fumant éclairant à peine cette pièce dans laquelle ils restaient de quatre heures du soir à cinq heures du matin, ce qui rendait les nuits très longues et plus lugubres encore.


*
**

Plusieurs otages ayant demandé à être évacués, la Commandature envoya à la Mairie la note suivante, datée du 23 août :

«Il est porté à la connaissance de la Mairie que la demande des otages suivants ; Mme Dremaux (Vve Zoude), MM. Lévy-Stein, Dupont Paul, Dupas Maurice, Dupont Abel, Dupont Maurice, Delaralle Emile, Blocaille Eugène, pour renvoi en France non occupée, a été refusée parce que, suivant décision des autorités militaires compétentes, la Convention de Berne ne leur est pas applicable.»

Nous ne pouvons nous empêcher de rendre une fois de plus hommage à ces victimes du devoir qui, par amour de leur Patrie, supportèrent les plus cruelles souffrances

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     Un témoignage d'otage revenu de Russie pour cause de maladie (Monsieur A. DANIEL, industriel à Louvroil) est retranscrit à la date du 28/04/1918 dans le livre de Georges DUBUT-MASION "Journal d'un bourgeois de Maubeuge", édité en 1923 et disponible sur le site nordnum.univ-lille pp236 à 238. On y retrouve (avec une orthographe parfois approximative) les lieux d'internement des otages.

 

 

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6 décembre 2012

Otages en Lithuanie (I)

 

IIe partie >>

 

DEPART DES OTAGES POUR LA LITHUANIE

 Extraits du livre de René Delame : "Valenciennes Occupation allemande 1914-1918. Faits de guerre et souvenirs" Hollande & Fils ed. 1933

       Dès le samedi 29 décembre 1917, la Municipalité [de Valenciennes] était avisée à dix heures du matin, que cinquante-six otages de la 11e armée, devaient être logés chez l'habitant, et l'on nous demandait de préparer à manger pour soixante-trois personnes, ce qui nous fit croire qu'il y aurait sept otages pour Valenciennes.

       La Municipalité décida de remettre à chacun un colis contenant 1 kg. de chocolat, 2 boîtes de lait, 0,500 gr. de cacao, 1 kg. de riz, 1 kg. de sucre, 1 kg. de café, et 28 biscuits.
De plus, la Municipalité fit remettre aux personnes qui recevaient des évacués, un pain, 0,250 gr. de beurre, une boîte de lait, 500 gr. de riz et dix biscuits.

       Mais au lieu de cinquante-six otages, il en arriva quatre-vingt, soixante logements seulement ayant été préparées, il fallut donc loger les vingt autres dans des auberges quelconques.
Dès que j'appris cette triste nouvelle, je courus chez mon ami, J. Ewbank pour l'avertir que les Allemands allaient prendre des otages. J'y rencontrai le Baron de la Grange de Sebourg venu pour déjeuner. Nous causions de la situation bien triste où nous nous trouvions, quand un gendarme en grande tenue, accompagné d'un soldat, se présenta, tenant en main la liste des otages, et dit à M. Ewbank ;

«Je suis chargé de vous aviser que vous devez être prêt à six heures du soir pour partir en Allemagne. Vous avez droit à 50 kg. de bagages» .
Le gendarme nous montra la liste des sept otages valenciennois qui étaient MM. :

Lest, de l'Administration des douanes;
Georges Ewbank, propriétaire;
Fernand de Saint-Ouen, propriétaire;
Lequenne, pharmacien;
Gaillard, juge au Tribunal civil;
Gravis, notaire.

M. de Saint-Ouen était au nombre des invités de M. Ewbank. c'est ainsi qu'il apprit qu'il était sur la liste des otages.
Je rencontrai chez moi M. Gravis, et je lui dit de rentrer directement chez lui, qu'une mauvaise nouvelle l'attendait, car il partait le soir même comme otage pour une destination inconnue. Quant à M. Gaillard, étant gravement malade, il fut remplacé par M. Tromont, conseiller municipal.

       Je recevais chaque samedi quelques amis. Ce jour-là, notre déjeuner fut naturellement très triste, car je désirais aller faire mes adieux aux voyageurs forcés. A dix heures du soir, je fus appelé au poste de police, pour recevoir de nouveaux otages venant de Bavai, Denain, Le Quesnoy, Bouchain, etc...

       Cependant, à une heure et demie du matin, tous étaient logés, les habitants leur ayant fait un fraternel accueil. C'est ainsi que Mgr Jansoone, doyen de Saint-Géry avait donné son lit et celui de sa bonne à deux ecclésiastiques. Les premiers otages que je vis, venaient du Quesnoy. L'un d'eux, un instituteur avait été prévenu en pleine classe et avait dû sur le champ quitter ses élèves. Il avait mis ses bagages dans une malle que le commandant trouva trop grande, et les lui fit mettre dans deux vieux sacs troués. Un autre, vieillard, avait dû quitter sa femme mourante, alors qu'une voisine lui apportait une boisson chaude avant son départ ; le commandant lui-même l'empêcha de la prendre, et le brutalisa.

       Il nous semblait que cette fois, les otages étaient menés très durement. Nous ne nous étions hélas pas trompés, car ces malheureux devaient subir d'autres tourments. La Commandature, toujours sans pitié, leur fit dire qu'ils partaient dans l'Est de l'Allemagne, où il faisait très froid, et de prendre des vivres pour cinq jours.

       La journée du 2 janvier 1918, fut une journée d'émotion pour les otages, qui avaient été appelés le matin à la commandature, puis renvoyés chez eux. Mais le commandant les avait avertis de s'assurer toutes les heures si une convocation ne les appelait pas pour un départ immédiat ; raffinement de cruauté bien allemand!
Le 5 janvier, ils attendaient toujours, se demandant ce qu'on allait faire d'eux. Certains d'entre eux se trouvaient dehors, les officiers allemands ayant pris leurs logements.
Je rencontrai enfin, le lieutenant Toreksdorff qui me dit que l'appel aurait lieu l'après-midi à quatre heures, et que le départ se ferait le lendemain à trois heures. Le rendez-vous fixé était la place de la Gare.
Toutefois, cette réunion eut lieu dans les magasins Billiet, rue Saint-Géry. Les otages étaient au nombre de cent trois. Il leur fut recommandé d'être exacts au rendez-vous, et de prendre du ravitaillement pour cinq jours, la soupe devant leur être servie en route.
M. Billiet leur fit des adieux touchants, leur souhaitant beaucoup de courage, et surtout un prompt retour.

Comme il regrettait de ne pouvoir obtenir leur renvoi dans leurs familles, le lieutenant Toreksdorff lui répondit :

«  Vous n'avez qu'à vous en prendre à la France!»


              J'interromps ici le récit, car même si en temps de guerre, il n'y a pas vraiment besoin de raison, l'occupant prétendait bel et bien en avoir une, qu'il avait exposé fin 1916 dans "La Gazette des Ardennes" et qui servit de prétexte aux déportations :

     A leur arrivée en Alsace en 1914, les troupes françaises ont emmené les fonctionnaires impériaux en poste dans les villes sous contrôle de l’armée française ainsi que leur famille. Ceux-ci ont été internés dans des camps en France et en Algérie. De longues tractations ont commencé entre la France et l’Allemagne pour régler leur sort. Afin de faire céder le gouvernement français, les Allemands décident en novembre 1916 de déporter 300 civils du Nord. Ces otages – hommes et femmes – sont choisis dans les mêmes catégories socioprofessionnelles que les Allemands emprisonnés. Parmi eux se trouvent de grands industriels (Prouvost, Pollet, Motte, Masurel, Tiberghien…), des élus, des juristes, des avocats, des médecins… Un début d’accord ayant été signé entre les gouvernements français et allemand, ces premiers otages sont rapatriés en avril 1917.
    Comme les négociations franco-allemandes piétinent, les Allemands procèdent à une deuxième déportation massive (600 personnes) en janvier 1918. Cette fois, seules les femmes sont internées à Holzminden. Les hommes sont déportés en Lituanie dans les camps de Jewie, Milejgany et Roon, dans des conditions bien plus dures : vingt-six d'entre eux y trouvent la mort.
(source : l'histoire par l'image

Je rassemblerai plus loin les articles de la Gazette, et je me contente d'exposer la situation, bien que l'on puisse déjà faire remarquer que le Dr Albert Schweiter lui-même, placé en résidence surveillée dès 1914 en tant que citoyen allemand sera interné (à Garaison dans les Hautes-Pyrénées) en 1917.

Bien évidemment, ce n'est pas la première prise d'otages à Valenciennes, les faits s(er)ont rapportés ici.


 

       Les otages remercièrent M. Billiet de l'accueil qu'ils avaient reçu à Valenciennes. Ils surent supporter avec courage et résignation cette terrible épreuve, cachant leur juste émotion à leurs ennemis.
Le lendemain, par un froid de dix degrés au-dessous de zéro, tous furent exacts au rendez-vous. Nous nous étions occupés du transport des bagages et des cent caisses de victuailles, ainsi que de trois cents pains qui les accompagnaient.
Parents et amis avaient suivi les otages, de sorte que la place de la Gare présentait un aspect pittoresque, mais bien triste. Le lieutenant Toreksdorff et son secrétaire, à l'heure indiquée, firent entrer les otages un par un et firent le pointage.
A quatre heures, le train entra en gare, venant de Lille, Roubaix, Tourcoing, Douai, dans lequel étaient deux cent cinquante autres otages. Ceux de Valenciennes montèrent dans le même compartiment de 3e classe. Ce train n'arrêtant que quelques minutes en gare, nous eûmes à peine le temps de distribuer les denrées aux cent trois otages.


        Nous ressentîmes une poignante émotion quand, à quatre heures trente, le train s'ébranla, emportant ces trois cent cinquante otages. Ceux de Roubaix étaient partis à six heures et demie et ceux de Lille à dix heures ; on leur avait dit que le trajet serait de cinq jours, mais il fallait compter sur les imprévus.


       Un entrefilet de la Gazette de l'Allemagne du Nord nous révéla quelques jours après leur départ, qu'ils avaient été dirigés vers une localité située entre Vilna et Kowno, et que le lieu de leur internement était actuellement la forteresse de Milejgany et Zosle.
Le Conseil décida d'envoyer aux otages de Valenciennes, un colis par quinzaine, mais cette résolution ne fut jamais exécutée.
Enfin, le 18 janvier 1918, nous reçûmes des nouvelles de ces malheureux qui nous apprirent que le voyage de Valenciennes à la gare de Zosle, près Kowali, avait duré six jours, et que pour les remettre de cette grande fatigue, les Allemands les obligèrent à se rendre à pied, dans la neige, au château de Milejgany, qui se trouvait à 10 kilomètres de la gare ; aussi un otage de Sedan, âgé de 70 ans, mourut-il en arrivant.
Connaissant le lieu de leur internement, Mme G. Ewbank vint me prier de faire parvenir un peu de ravitaillement à son mari, mais la Commandature fut sans pitié, ayant reçu des ordres très sévères pour que rien ne fut envoyé aux otages. Je me retournai alors vers le capitaine Neuerbourg qui me promit d'en parler au Grand Quartier Général pour que la C.R.B. [Commission for Relief in Belgium] obtint la permission d'envoyer régulièrement des colis.


De Valenciennes au terminus, il leur aura fallu parcourir quelques 2100km pour atteindre Milejgany, actuellement Mijaugonis, toujours en Lituanie, qui se situait alors au-delà de la frontière de la Prusse Orientale, en territoire conquis sur le front de l'Est.

L'itinéraire depuis Roubaix et Lille passe par Douai, Valenciennes, (Charleville-)Mézières, Sedan, Luxembourg, Trèves, Mayence, Erfurt, Leipzig, Berlin, Posen (Poznan), Hohensalsa (Inowrocław), Thorn (Torun), Kovno (Kaunas).

 


En bleu le trajet est représenté sur route, peu différent de celui par rail qui n'existe pas avec MyMaps.
En rouge le trajet par rail depuis la frontière germano-russe, tracé à la main en suivant les voies.

 

 Croquis de Charles MARIAGE illustrant le livre d'Emile FERRÉ
"Nos étapes de représailles en Lithuanie."

otages1
L'arrivée des otages à Zosle le 12 janvier 1918

otages2
Étable servant d'annexe à la grange de Milejgany

otages3
Vue intérieure de la grange de Milejgany où furent parqués plus de 450 otages

 

Situation des localités à l'ouest de Vilnius (Wilno) en actuelle Lituanie :

campsKoschedary, Zosle, Milejgany, Jewjie, puis Ponary et Biała-Waka
qui apparaissent dans la suite du récit.

Avant de reprendre le sujet de la déportation des hommes, l'auteur raconte celle des femmes vers le camp de Holminden.


               Nous pensions la série des otages terminée, quand le 11 janvier 1918, la Commandature informait la Municipalité de préparer le logement pour quarante-sept otages dames qui devaient passer une nuit à Valenciennes; trois Valenciennoises, Mesdames Gravis, Regard, Meurisse, désignées pour partir à Holzminden devaient les rejoindre.
Une amie, Mlle Dubois, en apprenant cette triste nouvelle vint me demander de l'accompagner à la Commandature, afin d'obtenir la permission de remplacer Mme Gravis, dont le mari était parti le dimanche précédent comme otage en Russie.
Le capitaine Krauss, qui logeait chez moi, nous reçut très aimablement, mais nous renvoya au capitaine Toreksdorff. Celui-ci nous dit qu'il référerait à l'inspection, mais il nous laissa peu d'espoir, car il ajouta ; « Moins pour elle que pour toute autre, ses deux fils ayant regagné la France par la Hollande» .
Le vendredi 11 janvier, arrivaient, vers cinq heures les premiers otages venant des Commandatures d'Artres et de Bavay. Une pauvre dame de Bavay me pria en pleurant, de bien vouloir l'accompagner à la Commandature, ne pouvant se résigner à abandonner ses quatre petits enfants ; une autre de Cambrai, dont le mari était très souffrant, en laissait sept dont l'aînée avait onze ans.
M. Billiet m'ayant demandé d'assurer le logement en ville de ces otages, je passai une partie de la nuit au bureau de police. Ces dames arrivèrent par petits groupes, encadrées de soldats armés. Ceux-ci remettaient les otages entre les mains de la Commandature, puis elles se rendaient au bureau de police pour recevoir leur billet de logement.
Le dernier groupe arriva à minuit et demi, venant de Cambrai.
Parmi elles se trouvait Mme Risbourg, dont le père était déjà parti le dimanche pour la Russie. Voici d'ailleurs la liste de ces otages ;

Mmes
Devred
, Aniche;

d’Haussay, Artres;
Lecompte, Vendegies;
Merlem, Aniche;
Picques, Somain-sur-Ecaillon;
d'Haussay, Monchaux;
Malet, Thiant;
Terifocq, Le Quesnoy;
Henion, Le Quesnoy;
Willot, Bavay;
Darche, Bavay;
Brasseur, Taisnières;
Vilain, Louvignies;
Cabaret, Le Quesnoy;
Moisy, Escarmain;
Hautecœur, Haussy;
Caudron, Haussy;
Filippi, Le Cateau;
Richard, Le Cateau;
Pegin, Le Cateau;
Delporte, Lewarde;
Duflos, Ecourt-Saint-Quentin;
Brogna, Remancourt;
Moriaux, Ecourt-Saint-Quentin;
Osaneaux, Caudry;
Richez, Caudry;
Qivy, Caudry;
Clouet, Denain;
Langaine (Wurth), Denain;
Sacclier, Denain;
Bricourt, Clary;
Boutin, Bertry;
Monsecourd, Oisy-le-Verger;
Conseile, Mastaing;
Boulet, Etrain;
Navet, Preux-au-Bois;
Didier, Pont-sur-Sambre;
Vinoy, Fontaine-au-Preux;
Risbourg-Chassart, Bouchain;
Wiart, Cambrai;
Tribout, Cambrai;
Parent, Cambrai;
Bricourt, Cambrai;
Charlet, Cambrai.
Mlle Noblecourt, Bousy;


Le samedi 12 janvier le départ des otages nous causa une grande impression.
Malgré toutes ces tristesses, aucune d'elles ne versa une larme, et comme le faisait remarquer l'Officier allemand de service, sur le quai de la gare ;
«Ce sont de vraies Françaises, toutes ont le sourire sur les lèvres» . Mais s'il avait pu voir le fond de leur cœur, rempli de tristesse!
Le rassemblement avait lieu à midi, sur la place de la gare. Comme les messieurs, les dames entrèrent une à une, pour le pointage par la grille de la Grande Vitesse. Il faisait un vent du nord glacial ; elles durent cependant attendre le train en plein air. Il ne se fit heureusement pas attendre.
MM. J. Billiet, Gabet, Debeukelaere et moi avions seuls l'autorisation de pénétrer dans la gare pour distribuer le ravitaillement. Les otages de Valenciennes montèrent dans la première voiture du train, qui cette fois était chauffé, et nous pûmes en passant adresser quelques paroles aux dames venant de Lille, et de Douai.
Ces pauvres femmes avaient été enfermées la veille au soir dans une caserne, n'ayant qu'une paillasse pour se coucher et rien pour se laver. La femme de M. Davaine, sénateur, Maire de Saint-Amand, faisait peine à voir.
Celles de Lille, élégamment habillées faisaient contraste ; je reconnus
Mmes Wallaert et Le Blanc, de Douai.
Il y avait également sept jeunes filles :
Mlles Maroniez, Moreau, M. Dupont, Toison, A. Lavoix, de Baillencourt, Sirot,
Mmes Legrand, Jossez, Defontaine, Baude.

Je ne pourrai dire l'impression que je ressentis en apercevant Mme Legrand de Lecelles, dont le mari, qu'elle n'avait pas vu depuis un an, se trouvait par hasard à Valenciennes, car en qualité de Maire de Lecelles, M. Legrand n'avait pas voulu quitter son poste. Je sortais justement de la gare, quand je le rencontrai, il me demanda si je connaissais le nom des otages de Douai, qui se trouvaient dans le train, je ne pus lui cacher celui de sa femme.
Inutile de dépeindre son émotion. L'officier de service à qui je signalai le fait, me donna la permission de le laisser pénétrer dans la gare, mais déjà le train s'ébranlait. Il se précipita au passage à niveau, mais le dernier wagon venait de passer.
Une dame du Cateau ayant été reconnue malade par le médecin allemand, eut l'autorisation de ne pas partir, mais le commandant téléphona pour la remplacer. Or, sa remplaçante, Mme Chambel, arriva à Valenciennes au moment où le train des otages allait se mettre en route. Elle se disposait à rejoindre ses compagnes d'infortune, quand le soldat qui l'accompagnait lui fit remarquer qu'il devait la remettre entre les mains de la Commandature. Ils s'y rendirent donc mais quand ils revinrent, le train était parti. Elle coucha le soir chez M. E. Baron, toujours très hospitalier, et le lendemain, l'autorité allemande la renvoya dans ses foyers, ne pouvant la conduire seule à Holzminden.


 Le rédacteur continue avec les tentatives pour venir en aide aux otages partis en Lithuanie. Totalement dépendants du vouloir de l'occupant, comme les otages eux-mêmes, ils ne peuvent espérer d'aide que d'organisations internationales issues de pays neutres ( Hollande, Espagne) reconnues par l'occupant.


            Le Comité Hispano-Hollandais avait fait une demande pour envoyer des colis aux otages, mais à la réunion du 19 février, le délégué hollandais, M. Gorter nous avisa que l'autorité allemande refusait d'envoyer des colis aux mille otages qui étaient dans le fort de Milejgany.
Le Comité tenta cependant une nouvelle démarche pour faire partir à Hautmont, un wagon de biscuits. Pendant ce temps, les parents des otages étaient attristés de ne pouvoir leur venir en aide. Aussi, fit-on prévenir le gouvernement français, par des évacués de cette triste situation, avec l'espoir qu'il leur viendrait en aide.
M. Giraud, otage en Russie, avait pu faire parvenir une lettre disant qu'ils avaient très faim, mais que le moral de tous les Valenciennois était excellent, malgré cette rude épreuve.
Ils étaient logés dans une église orthodoxe, mais avec une installation très rudimentaire, n'ayant qu'une seule cuvette pour se laver tous.
Nous eûmes enfin la satisfaction d'apprendre que nos démarches pour venir en aide aux otages n'avaient pas été vaines, car le Comité d'alimentation du Nord de la France nous faisait bientôt parvenir la lettre suivante ;

«Valenciennes, le 28 mars 1918.
«Comité de District de et à Valenciennes
«Ravitaillement des otages français.

Nous avons l'honneur de vous informer qu'à la suite de démarches qui ont été faites par le Comité Hispano-Néerlandais, avec le bienveillant intermédiaire de M. le Hauptman, comte Wentgersky et de MM. les Verpflegungs-Offiziers [officiers de ravitaillement] attachés aux districts, le Ministère de la Guerre à Berlin, a bien voulu autoriser l'envoi d'approvisionnements pour les otages français déportés il y a environ deux mois.»

«Nous conformant aux instructions qui nous ont été données à cet effet par les autorités allemandes, et dans le but de donner le plus de sécurité possible aux expéditions, nous avons décidé de faire l'envoi de ces approvisionnements en wagons complets.
«Un premier wagon est parti le 1er mars de Bruxelles pour le camp de Holzminden, où sont internés quatre-cents otages.
«Un second wagon, emportant le nécessaire pour cinq cents otages a été expédié également de Bruxelles le 20 courant à destination de Hautmont, d'où il sera réexpédié vers le camp de l'Est, où ces otages ont été placés en résidence. (Cet envoi a été fait dès que nous avons été renseignés sur le lieu de l'expédition.)
«Les expéditions comportent de 12 à 15 kg. de biscuits et de 1,200 à 1,500 de chocolat par otage, soit une quantité pour les besoins d'environ un mois. Nous espérons renouveler cet envoi tous les mois.
«Les dépenses résultant des fournitures et du transport seront mises à charge de la réserve de notre comité.
«Nous pensons que ces renseignements intéresseront votre Comité qui pourra ainsi, si la chose est possible, rassurer les familles des déportés sur ce point.
«Agréez, Messieurs, l'assurance de notre considération distinguée.
«Signé ; VAN BREE -LE BLANC



     Réponse du comité de district de Valenciennes au comité d'alimentation du Nord de la France, Bruxelles :

 «Valenciennes, le 29 mars 1918.
«Messieurs,
«Nous avons le plaisir de recevoir la lettre du 22 mars courant, par laquelle, vous avez bien voulu nous instruire de l'heureux résultat de vos efforts, tendant à l'envoi d'approvisionnements alimentaires aux otages français à Holzminden et en Livonie.
«Nous vous sommes tout particulièrement reconnaissants, laissez-nous vous le dire, de l'empressement avec lequel vous avez étendu les soins du C. F. à soulager l'épreuve de ces otages et du zèle appliqué à provoquer et à poursuivre les démarches nécessaires pour y arriver. Tous les auxiliaires qui vous ont, en cette circonstance, prêté leur bon concours, ont part naturellement à nos remerciements. Et nous sommes assurés de parler ici, non seulement en notre nom personnel, mais au nom des familles, et de tous les concitoyens des absents, auxquels s'attache d'une façon bien compréhensible le plus sympathique intérêt.
«En prenant en outre à sa charge et la peine matérielle et les frais des envois annoncés, la C. F. a encore accru ses titres à l'affectueuse gratitude des populations des territoires occupés; nous avons à cœur d'en rendre témoignage.
«Veuillez agréer, Messieurs, l'expression de nos sentiments dévoués, et les plus distingués.
«Le directeur commercial, Le délégué central,
«Signé ; E. BRANQUART. Signé ; J TURBOT.



6 avril 1918  Comme raffinement de cruauté, la Commandanture retourna aux familles les cartes qu'elles avaient écrites aux otages de Russie. Par contre, il était arrivé quelques lettres réclamant à cor et à cri de la nourriture, tous se plaignant d'être traités très durement, et de manquer du strict nécessaire. Aussi, cette lettre du comité d'alimentation vint-elle juste à temps pour calmer l'inquiétude des parents.

 

 

IIe partie >>

 

1 décembre 2012

Le Lieutenant-Colonel BERNARD, Iwuy

Lieutenant-Colonel  Eugène BERNARD

Extrait du livre de René Delame : "Valenciennes Occupation allemande 1914-1918. Faits de guerre et souvenirs" Hollande & Fils ed. 1933

Le colonel Bernard, [du 27° RIT] continuant sa retraite, n'eut pas le temps de monter dans son auto, alors qu'il se trouvait à Iwuy :  un hussard allemand le rejoignit et lui transperça la gorge.
Tel fut le triste bilan de cette tragique journée du 25 août 1914.

  • Le 22 Août 1914, dans sa 61° année, le Lt-Cel BERNARD avait été nommé commandant d'Armes de Valenciennes.
  • Extrait du JMO du 27°RI en date du 25 Août :

027RIT_19140825_Iwuy

 

  •  L'historique (sommaire) du 27e régiment d'infanterie territoriale, disponible sur Gallica décrit la situation des unités engagées :

.....
       Le 2e bataillon, qui se trouve le plus avancé, puisqu'il occupe la région Château-l'Abbaye - Condé-sur-l'Escaut, reçoit cet ordre le 24 au soir ; les 1er et 3e bataillons le reçoivent le 25 au matin. Le mouvement commence aussitôt. Le lieutenant-colonel Bernard a dû, pendant  la nuit, évacuer Valenciennes, que les troupes allemandes commencent à encercler. Il arrive à Avesnes-le-Sec à 6 h. 30, au moment précis où le chef de bataillon Bourdel, qui occupe ce bourg, reçoit de la Division l'ordre d'aller défendre Iwuy afin de permettre aux troupes voisines de traverser l'Escaut sans être inquiétées.


Déjà, la 2e compagnie, capitaine Maury, est, depuis 6 heures, engagée fortement au Pavé-d'Hordain et s'efforce de barrer à l'ennemi la grande route de Cambrai. La colonne, composée des 1re et 4e compagnies et du convoi du bataillon, se met en marche. A 150 mètres du passage à niveau d'Iwuy, à l'entrée même de ce village, elle se voit brusquement attaquée sur son flanc droit.

Le combat s'engage, mais est de courte durée. En quelques minutes, l'artillerie et les auto-mitrailleuses ennemies détruisent le convoi, avec tous ses chevaux, et la section de mitrailleuses française, qui n'a pas même le temps de mettre ses pièces en batterie.

Les deux pelotons de la 1re compagnie, capitaine Hartuis, toute la 4e compagnie, capitaine Martin-Morel, sont décimés, tandis qu'à 8 h. 15, au passage à niveau, le lieutenant-colonel Bernard, commandant le Régiment, est tué d'une balle à la gorge.

Les débris de la colonne, rassemblés grâce à l'énergie et à la présence d'esprit du chef de bataillon, réussissent cependant à se dégager et gagnent Cambrai. Aux portes de cette ville, ils sont rejoints par la 3e compagnie, capitaine Le Motheux du Plessis, laquelle, ayant reçu l'ordre de rallier directement Iwuy, a été engagée de son côté et a réussi, elle aussi, à échapper aux étreintes de l'ennemi.

.....
  • On trouve dans le livre de Cyriaque Dreumont cette relation du décès du lieutenant-colonel Bernard (p. 26 et s.):

    Le combat d'Iwuy (25 août 1914):

    "Le lieutenant Hervé, de la 1ère compagnie, formant pointe d'avant-garde, a disposé ses hommes tout le long de la rue de la Sautière, dans Iwuy même; il les a postés à l'angle de chaque maison permettant une visibilité de tir propice et lui-même, avec le reste de sa section, s'est placé dans la maison du garde-barrière, sur la droite. 

    "Imperturbable, avec un magnifique sang-froid, il fait le coup de feu sur les tirailleurs dissimulés derrière les diziaux de récoltes sur la crête, et tous ses coups portent car il est excellent tireur; mais, il est impossible de s'éloigner de l'angle de la maison sans être aussitôt fauché par les mitrailleuses du cimetière. 

    "Le lieutenant-colonel Bernard, qui était avec le lieutenant Hervé, s'avance un instant pour voir et tombe frappé d'une balle à la gorge, il est 8h15; on le transporte aussitôt dans la maison, mais la position devient intenable, il faut chercher un abri à l'arrière de la Goudronnerie, à gauche, puis du côté de la gare, à droite, mais les obus ne tardent à tomber sur ces bâtiments. Le commandant Bourdel revenant d'une rapide reconnaissance, trouve alors le cadavre du colonel qui avait eu l'artère carotide coupée et était mort dans un flot de sang; le commandant Bourdel détacha rapidement la Légion d'honneur, prit la montre, le portefeuille et les papiers de son supérieur, il serra le tout dans son mouchoir teint de sang et il remit pieusement ces objets à la Mairie de Cambrai le soir même."

 

HS

 

 

  • Le carré communal d'Iwuy ( Nord).

IWUYMaMLe Monument dans le Cimetière d'Iwuy
(à gauche au fond la Great Cross du Cimetière britannique)

 

Cel_BERNARDAu verso du monument, l'inscription :

"1914-1918

27e TERRITORIAL
Cel EUGENE BERNARD
ALPHONSE FREDET
FERNAND GANET

REPOSENT ICI"

   

    Les états de service de cet officier supérieur étaient remarquables : BERNARD Eugène Gabriel était né à Metz le 19 Avril 1854 ; en 1871 il avait 18 ans quand son pays, la Lorraine, fut arraché à la France ; ne voulant pas servir dans l'armée allemande il s'engagea volontairement au 2me Régiment d'Infanterie de Marine le 26 Août 1872, et c'est dans nos colonies qu'il accomplit toute sa carrière militaire :

  • De 1874 à 1875, il est à La Guadeloupe;
  • Le 12 Juin 1877, il passe sous-lieutenant au 1er Régiment d'Infanterie de Marine ;
  • De 1878 à 1879, il est au Sénégal ;
  • Le 1er Juin 1880, il passe lieutenant au 3ème Régiment d'Infanterie de Marine ;
  • De 1881 à 1883, il est en Nouvelle-Calédonie ;
  • De 1883 à 1884, il fait la guerre du Tonkin ;
  • Le 31 Mai 1884, il est promu capitaine au même Régiment ;
  • De 1890 à 1891, il est à La Réunion ; en 1891, il est aux Comores et Mayotte ;
  • Le 21 Avril 1895, il est nommé chef de bataillon au 7ème Régiment d'Infanterie de Marine ;
  • De 1895 à 1897, il retourne à La Réunion; de 1895 à 1897, il est en Cochinchine et le 30 Novembre 1898, il est admis à la retraite et le 2 Août 1914, il est nommé lieutenant-colonel au 27ème R. I. T. ; il était décoré de la médaille du Tonkin, de Chine, d'Annam ; Chevalier de l'Ordre royal du Cambodge en 1888.

     Le Lieutenant-Colonel a été fait Chevalier (1893) puis Officier (1912) de la Légion d'Honneur : son dossier détaillé dans la base Léonore  permet de suivre son parcours au plus près.

    Le site "Sépultures de Guerre" confirme que les 3 hommes sont enterrés au cimetière d'Iwuy, dans une tombe collective, probablement sous le monument. Seul le lieutenant-colonel possède un acte de décès dressé en 1914 (acte n°42 d'un registre détruit par fait de guerre, reconstitué en 1924), situant sa mort au lieu-dit "la Montagne"

  

LaMontagne

 

 

  •  FREDET Francisque Marie Aimable : Alphonse n'étant pas son prénom, né à Pontcharra (Isère) le 21/11/1877. Il s'était marié à Calais en 1911. Caporal au 27e RIT, 2eme section de mitrailleuses, il est tué au combat d'Iwuy le 25/08/1914. Il n'y aura pas d'acte de décès établi à Iwuy, il faudra un jugement du tribunal de Boulogne-sur-mer en 1920, transcrit à Calais le 28/07/1921 - soit quasiment 7 ans plus tard-  pour que son décès soit officiel.  Entre-temps la famille aura tenté d'avoir des nouvelles par l'intermédiaire de la croix-rouge, l'espérant prisonnier comme l'attestent les (fiches de) recherche dans l'intéret des familles en 1915, mais qui n'ont pas abouti, n'ayant pas été inhumé dans une tombe collective que l'occupant avait répertorié.


  • GONET Fernand Jules Auguste et non pas GANET, ce que confirment les actes d'état-civil. Né le 28/12/1877 à Mamers, dans la Sarthe, ville d'origine du 27eRIT où il était sergent-major, il s'était marié en 1902 au Mans. Il est tué au combat d'Iwuy le 25/08/1914. Il n'y aura pas d'acte de décès établi à Iwuy, il faudra un jugement du tribunal de Mamers et sa transcription le 24 mai 1919 pour que le décès soit officialisé. Entre-temps la famille aura tenté d'avoir des nouvelles par l'intermédiaire de la croix-rouge, l'espérant prisonnier comme l'attestent les fiches de recherche dans l'intéret des familles : c'est en Juin 1917 que le CICR aura connaissance de son décès (et de son inhumation) à Iwuy. Une "liste officielle" sera transmise par les Allemands aux ministère français des Affaires Étrangères, puis au Bureau de Renseignements aux Familles le 27 Août 1917, à une date quasiment anniversaire.

 

 

     Ils ne sont pas les seuls à être tombés lors du combat d'Iwuy le 25 Août 1914, 20 autres noms figurent dans le registre d'état-civil de la commune, enregistrés le 27 Août. Ces soldats ne sont plus enterrés à Iwuy, mais ont été exhumés après la fin des hostilités et déplacés à la Nécropole Nationale d'Assevent près de Maubeuge, sauf GIRARD qui repose à Vendegies-sur-Ecaillon, bien que son nom soit gravé à Assevent.

 

     Cependant, très probablement parce qu'ils ont été associés dans une tombe collective (comme le précise souvent leur état signalétique et des services), ils n'ont pas reçu de sépulture personnelle mais sont dans l'ossuaire de la Nécropole.

488Assevent

Les mêmes renseignements sont repris sur le site  Sépultures de Guerre

    Le peu que l'on savait alors sur eux a parfois été altéré lors de ce déplacement, et les noms qui figurent à Assevent sont parfois différents, mais surtout certains ne sont pas morts à Iwuy -ni même durant la guerre- (CHARTIER, GOHON, MAINE), comme l'atteste leur état-civil et parfois même leur fiche matricule.

AsseventIwuy

Comme les autres, ils ont fait l'objet de recherches auprès de la croix-rouge, en attestent les fiches remplies dans l'intéret des familles ; (seuls MULLER et CHARTIER ne sont pas répertoriés, un certain nombre de fiches étant encore manquantes)

Pour tous sauf un (LHUISSIER ) l'acte de décès indique :

décédé le 25/08/1914 au territoire d'Iwuy lieu-dit la montagne lors d'un combat soutenu contre la troupe allemande.

Enfin, l'acte de décès GOHON est annulé à Iwuy le 24/08/1922.

    Les renseignements dont la Croix-Rouge a disposé pour avertir de leur décès sont des listes mises à disposition par l'occupant et collationnées par les soins du CICR, notamment la "Liste N°9 de soldats Français inhumés derrière le front allemand" parue dans la Gazette des Ardennes du 16 juillet 1916. Malgré ce que l'on peut dire de la "gazette" ses renseignements étaient aussi fiables que possible.

GDAIwuy

Là encore, on remarque des variations dans l'écriture de l'Etat-Civil, mais il s'agit bien des mêmes soldats.

 

  • BARDET Clément Théophile né le 24/05/1876 à Villaines s/ Lucé (Sarthe), soldat au 27e RIT.
    Classe 1898, Matricule 1255, centre : Mamers.
    Acte de décès n°47 à Iwuy le 25/08/1914. Ecrit "BARDOT" à Assevent.

 

 

  • BELLANGER Julien Constant né le 06/04/1875 à St Longis (Sarthe), soldat au 27e RIT.
    Classe 1895, Matricule 802, centre : Mamers.
    Acte de décès n°58 à Iwuy le 25/08/1914

 

 

  • BELLANGER Julien Louis né le 30/07/1879 à St Célerins (Sarthe), soldat au 27e RIT.
    Classe 1899, Matricule 1354, centre : Mamers.
    Acte de décès n°60 à Iwuy le 25/08/1914. Prénom Jules à Assevent.

 

 

  • CHARTIER Eugene Marie Ismael né le 14/08/1875 à St Christophe du Luat (Mayenne), soldat au 28e RIT.
    Classe 1895, Matricule 775, centre : Laval.
    Acte de décès n°56 à Iwuy le 25/08/1914.Selon son ESS, il est affecté au 28e RIT et fait prisonnier à Estrun le 26 Aout 1914. Interné à Metz, rapatrié le 05/01/1919, il est libéré du service militaire le 10/11/1924.
    Pas de fiche MDH.
    Une mention marginale de l'acte de naissance établit son décès au 28/08/1952 à Sillé le Guillaume.

 

 

  • DAILLIEZ Polycarpe Jean Baptiste né le 22/04/1873 à Hermies (Pas-de-Calais), soldat au 28e RIT.
    Classe 1893, Matricule 11, centre : Cambrai. (à noter que la fiche MDH donne à la suite d'un déménagement) un second centre  : Mamers, Matricule 245)
    Acte de décès n°61 à Iwuy le 25/08/1914. (Son ESS le signale "décédé en captivité antérieurement au 16/07/1916")

 

 

  • DUBARBIER Ferdinand né le 30/04/1879 à Paris 11e (Seine), soldat au 27e RIT.
    Classe 1899, Matricule 2410, centre : Seine 3e Bureau.
    Acte de décès n°57 à Iwuy le 25/08/1914.

 

 

  • GIRARD Louis Almire né le 28/08/1879 à Mézières sous Ballon (Sarthe), soldat au 27e RIT.
    Classe 1899, Matricule 1359, centre : Mamers.
    Acte de décès n°54 à Iwuy le 25/08/1914. Sa fiche MDH indique Famars comme lieu de décès. Il est inhumé à Vendegies sur Ecaillon, où 26 soldats Français partagent "Crucifix Corner Cemetery" avec 50 soldats du Commonwealth qui sont tombés dans les combats de la libération du 23/10 au 3/11/1918.

Girard

 

 

  • GOHON Jules Bazile né le 15/09/1875 à La Ferté Bernard (Sarthe), soldat au 27e RIT.
    Classe 1895, Matricule 1175, centre : Mamers.
    Acte de décès n°51 à Iwuy le 25/08/1914. Cet acte est annulé le 24/08/1922 par le tribunal civil de 1ère instance de Cambrai.
    Cambrai où il a été soigné pour une blessure à la clavicule gauche à l'ambulance du collège Notre-Dame, comme en témoigne la liste publiée dans l'ouest éclair du 14/11/1914. (voir)
    Il est en réalité interné à Minden,  il figure sur la liste de prisonniers N° 57 publiée par la Gazette des Ardennes du 17/06/1915, puis hospitalisé en Suisse à Interlaken enfin rapatrié le 13/07/1917. Il est libéré du service militaire le 10/11/1924.
    Pas de fiche MDH.
    Sa date de décès ne nous est pas connue.

 

 

  • HUGER Eugene Louis Jules né le 20/05/1878 à Lhomme (Sarthe), soldat au 27e RIT.
    Classe 1898, Matricule 246, centre : Mamers.
    Acte de décès n°59 à Iwuy le 25/08/1914 (décès situé à Famars sur la fiche MDH).

 

 

  • JOUENNE Charles Célestin né le 08/10/1877 à Paris 5e (Seine), soldat au 27e RIT.
    Classe 1897, Matricule 4210, centre : Seine 3e Bureau.
    Acte de décès n°46 à Iwuy le 25/08/1914.

 

 

  • LAVAUD Paul Eugène né le 08/09/1879 à Paris 7e (Seine), soldat au 27e RIT.
    Classe 1899, Matricule 3384, centre : Seine 3e Bureau.
    Acte de décès n°52 à Iwuy le 25/08/1914.

 

 

  • LECOMTE Emile Eugène né le 01/09/1879 à St Michel de Chavaigne (Sarthe), soldat au 27e RIT.
    Classe 1899, Matricule 863, centre : Mamers.
    Acte de décès n°53 à Iwuy le 25/08/1914.

 

 

  • LHUISSIER François Auguste né le 29/07/1874 à St Aubin de Locquenay (Sarthe), soldat au 27e RIT.
    Classe 1894, Matricule 737, centre : Mamers.
    Acte de décès n°32 à Iwuy le 25/08/1914 : "décédé au "Chemin d'Avesnes le Sec". Cependant l'acte est dressé le 11 juin 1917 à la suite d'une exhumation autorisée par l'administration allemande. Le soldat a été identifié par sa plaque.

 

 

  • MAICHE Louis Henri né le 30/07/1896 à St Corneille (Sarthe), soldat au 27e RIT.
    Classe 1896, Matricule 699, centre : Mamers.
    Acte de décès n°50 à Iwuy le 25/08/1914

 

 

  • MAINE Hippolyte Albert Joseph né le 29/05/1876 à Chérancé (Sarthe), soldat au 27e RIT.
    Classe 1896, Matricule 80, centre : Mamers.
    Acte de décès n°55 à Iwuy le 25/08/1914. Sur le mur de l'ossuaire d'Assevent il est affecté au 19e Escadron du Train des Equipages Militaires : il y est en effet transféré le 8 Août 1918, puis libéré du service en 1925.
    Il est déclaré "Mort pour la France" : voir sa fiche MDH
    Son décès est établi (mention marginale de l'acte de naissance) au 11/12/1968

 

 

  • MULLER Robert Alphonse né le 10/07/1879 à Issy-les-Moulineaux (Hauts de Seine), Sergent major au 27e RIT.
    Classe 1899, Matricule 3340, centre : Seine 3e Bureau.
    Acte de décès n°48 à Iwuy le 25/08/1914.

 

 

  • PAPILLON Ernest Auguste né le 08/10/1876 à Dollon (Sarthe), soldat au 27e RIT.
    Classe 1896, Matricule 1376, centre : Mamers.
    Acte de décès n°49 à Iwuy le 25/08/1914.

 

 

  • PAPILLON Jules Louis né le 31/12/1879 à Tresson (Sarthe), soldat au 27e RIT.
    Classe 1899, Matricule 829, centre : Mamers.
    Acte de décès n°43 à Iwuy le 25/08/1914.

 

 

  • PLOUSEAU Jules Armand Théodore né le 03/11/1875 à Montaillé (Sarthe), soldat au 27e RIT.
    Classe 1896, Matricule 1281, centre : Mamers.
    Acte de décès n°44 à Iwuy le 25/08/1914.

 

 

  • SAUVAGE Gustave né le 22/06/1881 à Iwuy (Nord), soldat au 27e RIT.
    Classe 1901, Matricule 1978, centre : Cambrai.
    Acte de décès n°45 à Iwuy le 25/08/1914.

 

    Une question se pose alors : si certains ne sont pas regoupés à Assevent, et si le nombre de corps dans l'ossuaire est correct, quels sont ceux qui y reposent en leurs lieu et place ??????

 

20 novembre 2012

Gazette des Ardennes : listes de soldats français inhumés derrière le front allemand.

 

GdA

  

LISTES DE SOLDATS FRANÇAIS INHUMÉS DERRIÈRE LE FRONT ALLEMAND :
Januar 1916 - Dezember 1916

 "La « Gazette » commence à s'acquitter aujourd'hui d'un triste devoir qu'elle s'est proposé d'accomplir. Il s'agit de la publication d'une liste de soldats français morts et inhumés derrière le front allemand. Nous donnons, aussi précises que possible, les informations qui ont pu être recueillies avec l'aide des autorités militaires et civiles. Là où il nous est pas possible de donner les noms des soldats enterrés, nous précisons tous les détails dont nous disposons : régiment, matricule, etc. Nous ferons remarquer qu'il ne nous est pas possible de donner aucun renseignement supplémentaire."

 

Lieux d'inhumation 

BELGIQUE

ALLEMAGNE 
AISNE   ARDENNES

NORD
En gras, voir info-bulle : affectation si majoritaire.(-en travaux-)

MOSELLE

MEURTHE ET MOSELLE

 MEUSE  PAS de CALAIS RHIN (Haut-)  SOMME


24 Mai 1916   Liste N°1.     Page 280

BELGIQUE

AISNE

ARDENNES

NORD

MEURTHE et MOSELLE MEUSE PAS de CALAIS RHIN (Haut-) SOMME
    Amagnes-Lucquy,
Le Chesnoy-Auboncourt,
Avesnes
Avesnelle
Boulogne
Flaumont
Grand-Fayt
Leval
Marbaix
Maroilles
Ramousies
Sassegnies
Saint-Hilaire-sur-Helpe
Sains-du-Nord
Semeries,
         


28 Mai 1916 Liste N°2.   Page 288 

BELGIQUE

AISNE

ARDENNES

NORD

MEURTHE et MOSELLE MEUSE PAS de CALAIS RHIN (Haut-) SOMME
  Méziéres-sur-Oise
Anisy-le-Chateau
Brancourt
Amagne-Village
Sorcy-Bauthémont
Alland'huy
Ecordal
Vaux-Montreuil
Wignicourt
Tourtebon
Guincourt
Saint-Loup-Terrier
La-Sabotterie
Suzanne
Lamets
Rilly-aux-oies
Chabbogne
Attigny
    Maizeray
Marchéville
Harville
Saulx
     


04 Juin 1916 Liste N°3.   Page 304 

BELGIQUE

AISNE

ARDENNES

NORD

MEURTHE et MOSELLE MEUSE PAS de CALAIS RHIN (Haut-) SOMME
Ardoye-Spinneken
Boncourt,
Bruges
Saint-Georges,
Ostende,
Beytem
Berthenicourt
Bohain
Maubert-Fontaine
Regniowez
Bayonville
Bazeilles
Bavay Friauville
Brainville
Anderny
Murville
Landres
Preutin
Combres
Herbeuville
Dompierre
Baalon 
     


11 Juin 1916 Liste N°4.   Page 320

BELGIQUE

AISNE

ARDENNES

NORD

MEURTHE et MOSELLE MEUSE PAS de CALAIS RHIN (Haut-) SOMME
  Benay   Crespin Xivry-Circourt
Igney
Briey, 
Woinville
Apremont
     


18 Juin 1916 Liste N°5.   Page 336

BELGIQUE

AISNE

ARDENNES

NORD

MEURTHE et MOSELLE MEUSE PAS de CALAIS RHIN (Haut-) SOMME
  Coucy-le-Chateau,
Bourguignon
Trosly-Loire,
Champs,
Landricourt,
Courson,
Bellenglise,
Le Hautcourt, 
La Capelle
Rocquigny, 
Lerzy, 
Gergny,
Remaucourt
Cerizy,
Trembloy,
Fromy, 
Sapogne,
Carignan
Crévecoeur
Séranvillers,
Le Cateau
Conflans
Labry
Hatrize
Varneville,
Bruxières,
Buxerulles,
Heudicourt,
Chaillon
Crépy     


25 Juin 1916 Liste N°6.   Page 352

BELGIQUE

AISNE

ARDENNES

NORD

MEURTHE et MOSELLE MEUSE PAS de CALAIS RHIN (Haut-) SOMME
  Buironfosse
Guise & environs
Hérie-la-Viéville
Landifay
Grandes-Armoises
La Besace
La Cassine
CremeryLe Chesne
Sauville
Stonne
Verrières
Vendresse
           


02 Juillet 1916 Liste N°7.   Page 368

BELGIQUE

AISNE

ARDENNES

NORD

MEURTHE et MOSELLE MEUSE PAS de CALAIS RHIN (Haut-) SOMME
  Chauny              


09 Juillet 1916 Liste N°8.   Page 384

BELGIQUE

AISNE

ARDENNES

NORD

MEURTHE et MOSELLE MEUSE PAS de CALAIS RHIN (Haut-) SOMME
  Chauny (Ferme)
Bertaignemont
Monceau-sur-Oise
Audigny
Puisieux
Flavigny-le-Petit
   Cambrai           


16 Juillet 1916 Liste N°9.   Page 400

BELGIQUE

AISNE

ARDENNES

NORD

MEURTHE et MOSELLE MEUSE PAS de CALAIS RHIN (Haut-) SOMME
      Cambrai (suite),
Vendegies
Saint-Martin
Sommaing
Saulzoir
Iwuy
          


23 Juillet 1916 Liste N°10.   Page 416

BELGIQUE

AISNE

ARDENNES

NORD

MEURTHE et MOSELLE MEUSE PAS de CALAIS RHIN (Haut-) SOMME
      Estrun
St-Hilaire-Quiévy
Wambaix
Seranvillers
Paillencourt
Gurvillers
  Dun-Haut
Dun
     


30 Juillet 1916 Liste N°11.   Page 432

BELGIQUE

AISNE

ARDENNES

NORD

MEURTHE et MOSELLE MEUSE PAS de CALAIS RHIN (Haut-) SOMME
Deinze,
Strooibomhoek
Melle
Gand
    Avesnes-le-Sec
Bouchain
Haspres
Hordain
Denain
Douchy
Haveluy
Wavrechain
Aulnoy
Monchaux
Thiant
Douai
         


06 Août 1916 Liste N°12.   Page 448

BELGIQUE

AISNE

ARDENNES

NORD

MEURTHE et MOSELLE MEUSE PAS de CALAIS RHIN (Haut-) SOMME
  Essigny-le-Grand Frénois
Givonne
Glaire-et-Villette
Fourmies
Anor
Wignehies
      Hartmanns
weilerkopf
Ercheu


13 Août 1916 Liste N°13.   Page 464

BELGIQUE

AISNE

ARDENNES

NORD

MEURTHE et MOSELLE MEUSE PAS de CALAIS RHIN (Haut-) SOMME
Houthult
Jonkershove 
            Hartmanns
weilerkopf
 


21 Août 1916 Liste N°14.   Page 486

BELGIQUE

AISNE

ARDENNES

NORD

MEURTHE et MOSELLE MEUSE PAS de CALAIS RHIN (Haut-) SOMME
Draibank
Hoekske
Houthulat (sic)
Handzaeme
Hoogkwartier
Iseghem
Kattestraet
Kalve
Wallemolen
Kortrijk
Loupmont
Homblières
Harly
Hirson
Holmon
Fayet
Gricourt
Thorigny
Fresnoy-le-Grand
    Herserange        


28 Août 1916 Liste N°15.   Page 502

BELGIQUE

AISNE

ARDENNES

NORD

 MOSELLE MEUSE PAS de CALAIS RHIN (Haut-) SOMME
        Biberkirch 
Bruderdorf
       


03 Sept.bre 1916 Liste N°16.   Page 518

BELGIQUE

AISNE

ARDENNES

NORD

 MOSELLE MEUSE PAS de CALAIS RHIN (Haut-) SOMME
        Bruderdorf         


10 Sept.bre 1916 Liste N°17.   Page 534

ALLEMAGNE

AISNE

ARDENNES

NORD

 MOSELLE MEUSE PAS de CALAIS RHIN (Haut-) SOMME
 Buehl, près de la
Peterskapelle
      Bruderdorf         

 

Les liens renvoient sur la page permettant une recherche plein-texte (onglet OCR-Volltext)

La liste N°17 n'est pas la dernière, les publications reprennent en mars 1917 jusqu'à la liste 60 en avril 1918 (voire cette page).

On trouve également des listes de blessés rapatriés, et des listes de prisonniers ; ces dernières ont été répertoriées ICI et LA.

 


Source: Edition numérisée sur le site de l'Université d'Heidelbeg :

logo_hhbd

 

 

 

16 septembre 2012

Ramassage des orties

ORTIES 



Les Allemands manquant de ficelles obligèrent la population à récolter les orties.

Avis concernant la récolte des Orties 

« 1° L'Administration de l'armée Allemande engage les populations indigènes à la récolte des orties qu'elles auront à lui livrer contre paiement.
« 2° On ne recueillera que les orties piquantes à tige élancée (urtica doïsa) il est inutile de recueillir le genre ressemblant à l'herbe, partagé en plusieurs branches de basse taille.
« 3° Les tiges récoltées doivent avoir une longueur d'au moins 50 centimètres, les moins longues n'ont aucune valeur.
« 4° Les tiges ne devront pas être déracinées, on aura soin de les couper au collet au ras du sol, la coupe Se fait le plus facilement au moyen d'un couteau, d'une faucille ou d'une faulx quand il s'agit de quantités plus importantes.
« 5° Pour se garantir contre les piqûres, on pourra mettre des gants d'une étoffe quelconque.
« Les plantes cessent de piquer peu de temps après avoir été coupées.
« 6° Lorsque les orties coupées ne peuvent être laissées sur place, on les liera en bottes pour les étendre par la suite en couches minces à des endroits convenables afin de les sécher.
« 7° On évitera surtout de broyer ou de casser les tiges, on y fera particulièrement attention lorsqu'on les liera en bottes ou en gerbes.
« 8° Le séchage est complet lorsque les feuilles s'enlèvent facilement.
« Le bon séchage des tiges est d'une grande importance, les tiges pourries n'ont aucune valeur.
« 9° Le séchage terminé, on enlèvera les feuilles, les branches que l'on aurait trouvées et les têtes des plantes, en faisant passer une poignée de tiges à travers des clous que l'on aura enfoncés dans une latte, de manière à former un peigne, il est utile de placer ces clous à une distance de 1 cm. 1/2 les uns des autres.
« La latte qui aura une longueur d'environ un demi-mètree, s'appliquera à une caisse ou à une poutre.
« 10° Les tiges effeuillées devront être soigneusement liées en bottes, ou en gerbes et livrées à la Mairie; dès qu'une certaine quantité s 'y trouvera (un chariot environ) les orties devront être transportées dans les magasins de la Commandanture de Valenciennes, où l'on procèdera à la constatation des poids.
« 11° Il sera payé pour les tiges effeuillées et soigneusement bottelées, par la caisse de la Commandanture, 6 cent. le kilo.
« 12° Les feuilles et têtes de plantes qui restent, constituent un excellent fourrage, et représentent la même valeur que le foin de bonne qualité.

« Etappen Inspektion, E.R.O., le 28 juillet 1916.»


Le Commandant de Place rappela à l'ordre les communes qui ne récoltaient pas les orties et leur adressa la lettre suivante 

« Valenciennes, le 17 août 1916,
« Monsieur le Maire de Valenciennes, 

« La Commune n'a pas encore livré ses orties, conformément ù l'ordre du 28 juillet 1916. On vous fait remarquer qu'on se sert des orties pour faire de la ficelle et de la corde à lier.
« Etant donné que la Commandanture ne dispose que de petites provisions de ficelle à lier, à l'avenir seulement, les communes recevront de la ficelle qui auront livré des orties.
« Des orties pourront être très facilement ramassées par les enfants, femmes, et par les personnes sans travail.

« Signé : PRIESS ».

 



A la réunion des Maires du 30 juin 1917, le lieutenant Rott distribua une nouvelle ordonnance relative à la récolte des orties qui devaient commencer dans une dizaine de jours, lorsque la tige aurait au moins 0 m. 60.

« Directions pour la récolte des orties 

« 1° Seulement l'ortie brûlante à longue tige (urtion dicica) est à récolter. L'ortie basse, herbacée et 'branchue n'est pas à récolter.
« 2° Les tiges cueillies des orties doivent avoir une longueur d'au moins 50 centimètres. Des tiges plus courtes ne sont pas à cueillir.
« 3° Le moment le plus favorable pour la récolte des orties est le temps après la floraison, c'est·à·dire à partir de la fin de juin. Des orties cueillies même plus tard sont utilisables.
« 4° Les tiges ne doivent pas être arrachées, mais sont à couper directement au-dessus du sol. On les coupe mieux avec un couteau ou une faucille, ou même avec une faux, s'il s'agit de grandes quantités.
« 5° Pour ne pas être brûlés, on recommande l'emploi de gants de n'importe quelle espèce. Peu de temps après la récolte, les plantes ne brûlent plus.
« 6° Il est, en tout cas, à éviter de déchirer ou de casser les tiges, surtout au moment où les tiges sont engerbées et mises en bottes.
«.7° Les orties coupées doivent être mises en bottes et étendues peu serrées à des places propres à sécher, si on ne peut pas les laisser sur le lieu où la récolte s'est faite.
« 8° Les tiges doivent être bien séchées; elles le sont aussitôt qu'elles se laissent effeuiller facilement.
« 9° Les feuilles des branches - s'il y en a - et les têtes sont à enlever quand les tiges sont sèches. Ce travail se fait le mieux en passant les tiges par poignées à travers des clous fixés en forme de râteau avec des écarts de 1 cm. 1/2 dans une petite planche d'environ 50 centimètres de long. Cette planche est à fixer préférablement sur une caisse ou une poutre.
« 10° Les tiges effeuillées sont à engerber ou à mettre en bottes après avoir été soigneusement rangées.
« 11° Les Commandantures de Place ou les Commandantures d'Etape, paieront 12 fr 50 pour 100 kilos de tiges effeuillées, soigneusement séchées et mises en bottes ou engerbées. Les tiges peuvent être remises contre reçu au Magasin de la Commandanture.
« Les reçus seront honorés par la Caisse de la Commandanture.
« 12° Les feuilles et les têtes d'orties qui restent, sont du fourrage précieux et ont la même valeur que du bon foin ».

 

C'est ainsi que la Municipalité reçut, le 28 juillet 1917, l'ordre d'envoyer 50 à 60 jeunes gens de plus de 14 ans, munis chacun d'une paire de gants et d'une faucille pour faire la récolte des orties. Conformément aux prescriptions contenues dans cet ordre, des professeurs ou jeunes gens (parmi lesquels dix élèves du Collège Notre·Dame) devaient répondre à cet appel.
Ils furent dirigés vers la Mairie de Saint-Saulve.
A la même heure, une autre colonne de réquisitionnés prenait le chemin de la fosse Dutemple pour le glanage d'un champ de seigle.
Ces travaux étaient surveillés par un sous-officier qui, placé sur un monticule et muni d'une jumelle, s'assurait que l'équipe sous ses ordres accomplissait un effort productif.
Les Allemands avaient également donné les ordres suivants, au sujet de la récolte: 

«Orties 
« Dès maintenant, il faut commencer à les couper, d'abord tout autour du Champ de Manoeuvres et sur la route de Marly à Saint-Saulve, car c'est de ce côté que vont les officiers de l'Inspection.
« L'usage de la faulx n'est pas recommandé, mais plutôt celui de la faucille, car il ne faut pas que les tiges soient cassées.
« Il faut désigner de suite un magasin où on les fera sécher, et que le lieutenant Rott ou le Commandant iront voir (peut-être une ou deux salles ou préaux d'écoles peuvent-ils convenir?) Il Y aurait donc lieu aussi de faire accompagner chaque colonne de vingt ouvriers ou grands élèves par une poussette qui rapporterait de suite les orties au magasin, car il est à craindre que les tiges ne soient cassées en les faisant sécher sur place. » 

 

Les Allemands ont trouvé que cela n'allait pas assez vite.
Une plainte a été déposée au Conseil du Guerre, par le Service de l'Agriculture sans doute, d'où un appel devant le juge au Conseil de Guerre.

Les explications de la Municipalité ont été résumées dans une note écrite ainsi libellée: 

« L'Administration Municipale au reçu de l'ordre qui lui a été donné relativement à la récolte des orties, a organisé immédiatement une équipe de huit ouvriers qui s'est mise au travail et a commencé à transporter les orties coupées.
« Lorsque les écoles furent fermées, nous avions engagé les enfants pour leur faire commencer ce travail, mais nous avons reçu le même jour l'ordre d'envoyer les enfants à d'autres travaux.
« Nous avons dû prendre d'autres mesures et nous avons formé une autre équipe de 15 à 20 jeunes gens et jeunes filles qui suspendent pendant quelques jours un autre travail moins pressé.
« Déjà à ce jour, dix à douze voitures à bras ont été transportées dans le local à ce destiné.
« Pour ne pas laisser traîner les orties, on les avait portées en bottes au hangar; depuis, les ouvriers ont commencé à exécuter l'ordre d'avoir à les étendre pour les faire sécher, ordre qui d'abord avait été mal compris ».

 

Enfin, pour donner satisfaction à l'autorité allemande, M. Billiet fit couper 300 kilos d'orties, qui coûtèrent à la ville 300 à 400 francs, mais qui évitèrent aux enfants cette fatigue par une chaleur tropicale.
Ainsi se termina momentanément la récolte des orties.
Mais les Allemands revinrent à la charge en 1918, obligeant M. Billiet à signer l'affiche suivante : 

E.H.O. le 14 mai 1918, 
« Ci-joint, vous recevrez une instruction pour la récolte des orties avec prière de la publier.


Signé: PLATT, 
« Oberstleutnant. »

 

« Les tiges d'orties doivent être livrées, séchées au plus tard pour le 1er septembre 1918 au Wirtschafts Inspecktor compétent, et chaque famille doit en livrer au moins un kilo.
« Si les quantités demandées ne sont pas exactement livrées, une punition de 5 francs par kilo manquant sera, infligée.


« Signé : Von WITZENDORFF ».

 

Extraits du livre de René Delame : "Valenciennes Occupation allemande 1914-1918. Faits de guerre et souvenirs" Hollande & Fils ed. 1933

 

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