Le 4 novembre 1918, le Quartier Général de la 4° division s'installe à Valenciennes

Le bureau du " Field Cashier " (trésorier de campagne) est situé au 15, Place St Géry : il y restera jusqu'au 12 décembre 1918,

 

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 La maison existe toujours, au N° 15 de la place devenue en 1921 "Place Jehan Froissart" (actuellement école élémentaire éponyme) ; devant l'immeuble qui fait angle à gauche avec la Rue du bois se trouve le monument au chroniqueur Valenciennois.

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 Derrière le bâtiment, au coin de la Rue du bois et de la Rue Wédière, on peut apercevoir dans la cour de l'école une statue de Jehan Froissart (1337-1410), œuvre du Valenciennois Henri Lemaire ;

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c'est l'original dont la copie est au centre de l'hémicycle qui a été érigé en 1856,

 Mont Froissart

et qui porte en médaillons quelques grandes figures Valenciennoises (passer la souris sur la photo pour le nom)

     
    

 

Derrière le monument on distingue une maison qui figure déjà deux fois dans ce même blog :

 

 On trouve sur le site canadien "Office national du film", une séquence montrant à partir de 3:19 sur les 9min31, des officiers montant en voiture, à 3:44 la place St Géry avec l'arrivée du général Currie et des officiels descendant de voiture devant le n°19 de la place St-Géry, puis officiels et soldats alliés sur la Grand'Place de Valenciennes. (fin à 6:19)

 



Ordnance Services

Sous-directeur adjoint des magasins militaires, 2de Division Canadienne


 Venant d'Aniche où il était installé depuis le 23 octobre 1918 après Auberchicourt, le bureau du Sous-directeur adjoint des magasins militaires s'installe à St-SAULVE le 5 Novembre. L'emplacement est localisé E.4.d.9.8 sur la carte 51a (point jaune) :

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 Il s'agit de l'immeuble occupé par les Petites Sœurs des Pauvres situé au N° 104 (n° actuel, les actes de décès sont établis à l'époque au n° 22) de l'avenue Duchesnois - du nom de la tragédienne Catherine-Joséphine Rafin dite Mademoiselle Duchesnois, née à St-Saulve le 5 juin 1777 et décédée le 8 février 1835 à Paris - mais situé à Valenciennes et non St-Saulve, à quelques dizaines de mètres près. Le domaine existe toujours, et continue à héberger des personnes âgées.

 Les sœurs auront d'ailleurs fort à faire durant l'occupation pour résister aux pressions de toutes sortes de l'occupant visant à réduire drastiquement le nombre de "bouches inutiles", puis lors de l'évacuation des villes situées sur la ligne de front au fur et à mesure que celui-ci recule et que les populations - dont de nombreux malades, personnes âgées et indigents -sont forcées à évacuer, et surtout au moment où viendra le tour de Valenciennes.

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104, Avenue Duchesnois, Valenciennes

 Le bureau restera à cette adresse jusqu'au 11 novembre, date de son départ pour Mons où il logera Chaussée du Roeulx (référence 45.Q.4.d.4.4)

 


46th Canadian Infantry Battalion (South Saskatchewan)

 Après avoir participé à la libération de Valenciennes le 2 novembre, notamment lors de la prise du Mont Houy, le 46e bataillon Canadien (Saskatchewan du sud), déménage ses quartiers de Thiant dès le lendemain (Le rassemblement se fait devant l'église de Thiant à 15h) pour gagner -via Maing et la gare de Trith-le-Poirier où on leur désigne les cantonnements prévus- le faubourg de Cambrai où il reste jusqu'au 6 puis gagne ses quartiers dans Valenciennes.

 Le commandement du bataillon s'établit à 15h15 le 6 novembre au 35 bis rue DELSAUX
Cette maison (qui rassemble les n°s 35 et 35bis) existe toujours, dans l'un des plus vieux quartiers de Valenciennes, la voici photographiée le 21 février 2006. La façade, de style Empire, n'a pas changé quand on la compare à une photo faite en 1918 par l'occupant qui -avant son départ- recensait les maisons de style :

 

0015 Source: Externe

 


 On remarque sur le document original du journal de marche (operation order n° 184) la difficulté supplémentaire rencontrée par les troupes canadiennes (britanniques en général) dans la rédaction des noms propres d'une langue étrangère : la seconde occurrence de la rue y est orthographiée "DECAULX" .

La rue n'a pas dû s'en offusquer : anciennement Rue du Saule, son nom a varié au gré de la prononciation locale ou des fantaisies des scribes. C'est ainsi qu'elle fut dite rue de le Sauch, puis rue Delsaulx ou Delsaux, rue Royale au retour de la monarchie, rue Nationale à l'avènement de la 2de République. (in André Gauvin in "Petite histoire des rues de Valenciennes" 1974)

 

 Le 7/11 le bataillon prend part au défilé lors de la Fête de la délivrance de Valenciennes.

 Il quitte la ville le 14 novembre. L'Operation Order n°185 mentionne "Billets will be left scrupulously clean and sanitary" : Les cantonnements seront rendus scrupuleusement nettoyés et entretenus. Ce qui doit changer de certaines habitudes de l'occupant précédent.

Départ à 10h10 devant la Basilique Notre-Dame du St-Cordon (qualifiée de cathédrale) et se dirige via la rue de Hesques, la place Verte et les boulevards (Watteau et Pater) vers la place Poterne (trajet en bleu) puis Blanc-Misseron (commune de Crespin) à la frontière franco-belge où il est prévu qu'ils arrivent à 14h10 pour y cantonner (environ 12km)

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 Le 46e bataillon canadien passe donc au coin de ma rue, comme l'ont déjà fait beaucoup de bataillons se rendant à Mons avant l'armistice. Le sergent Hugh CAIRNS VC, DCM, grièvement blessé le 1/11 lors des combats de délivrance de Valenciennes et décédé à l'ambulance canadienne de campagne le lendemain à Auberchicourt, n'aura pas à faire ce dernier trajet. Rappelons qu'il est le dernier soldat canadien de la grande guerre à obtenir la Victoria Cross. Le journal de marche fait état de sa nomination le 31/01/1919 à Wavre (Belgique) :

HC VC

 

 Les ordres du bataillon sont de gagner la frontière belgo-allemande où il doit prendre part à la garde sur le Rhin (ce qui n'aura finalement pas lieu, ils cantonneront à Wavre au sud-est de Bruxelles et seront rapatriés en juin 1919.)


 L'Operation Order n°185 mentionne "Billets will be left scrupulously clean and sanitary" : Les cantonnements seront rendus scrupuleusement nettoyés et entretenus. Ce qui doit changer de certaines habitudes de l'occupant précédent.


 

 
87th Canadian Battalion

 Le 3 novembre 1918 le Commandement du 87e bataillon canadien venant d'Aulnoy-les-Valenciennes, prend ses quartiers au N° 1 rue du Profond Sens (E.9.b.8.2) comme l'indique le journal de marche

Cette maison existe toujours :

Source: Externe
photographiée le 2 Mars 2006


 Pour la petite histoire, cette rue autrefois également appelée "Rue du Parfait-Sens" ou "de Parfons-Sens", conduisait à la cense (1) des Dames de Beaumont. (in André Gauvin :" Petite Histoire des Rues de Valenciennes")
(1)Cense : (Ferme ou métairie, soumise au cens c'est-à-dire à l'impôt foncier)

 

Le journal de marche du 87e Btn dévoile également l'ambiance régnant à Valenciennes fraichement libérée :

AULNOY 2 novembre 1918
Des instructions ont été reçues au cours de la soirée selon lesquelles le Btn. devait se rendre à l'aube du 3 à VALENCIENNES pour y loger. Une réunion des commandants de compagnies s'est tenue et les ordres ont été donnés pour que le bataillon fasse mouvement à 5 heures. Le lieutenant SH Smith et le capitaine H.A. Le Blanc ont été mis rapport avec la Compagnie des transports, le premier pour relever l'adjudant qui partait en permission et le second pour organiser son départ .

VALENCIENNES 3 novembre
Peu après minuit, l'officier général commandant a téléphoné pour dire qu'il y avait une rumeur selon laquelle l'ennemi organisait une contre-attaque, mais les ordres pour le déplacement n'ont pas été modifiés, bien que nous ayons reçu l'instruction de nous tenir prêts à l'arrivée à VALENCIENNES jusqu'à ce que la situation semble claire. A 4h45, un barrage de contre-préparation de nos canons a commencé et le départ a été retardé de quinze minutes. A 5h15 heures, la marche a commencé, le bataillon arrivant à 6h30 à Valenciennes. Le Q.G. du Bataillon est établi au N°1 de la rue Profond Sens. Le lieutenant Baird, qui s'était avancé avec le groupe chargé de trouver les cantonnements, rapporta que lorsque son groupe traversa le Boulevard, les pompiers qui travaillaient sur un incendie laissèrent le feu brûler et se rassemblèrent autour du lieutenant, l'un d'entre eux l'accompagnant et l'aidant très matériellement à obtenir ses cantonnements. À 8h15, un message de la brigade a été reçu : "Votre bataillon peut avancer et s'installer" et celui-ci s'est installé pour la journée. Le Bataillon fut le premier à marcher en corps constitué dans VALENCIENNES et durant la journée, la fanfare a joué sur la Grand Place sous de vifs applaudissements.

 

 Ils partent le lendemain pour Estreux et Rombies.


Canadian Corps Cyclist Battalion

 Le 5 Novembre 1918, le Bataillon Cycliste du Corps Canadien quitte Haveluy, où il est arrivé le 4/11, pour Valenciennes via Denain; le journal de marche du bataillon mentionne que QG est logé au 123 Rue de Mons.

 J'ai craint que la maison n'ait disparu, car le dernier numéro impair de la Rue de Mons est actuellement le 85 au coin de la Place Poterne ; c'était oublier que l'incendie de mai 1940 qui a détruit une bonne partie du centre ville, et la reconstruction qui a suivi après-guerre on conduit à raccourcir la rue à partir du centre : elle ne commence plus qu'au coin de la rue de la Wiewarde, au lieu de l'ancienne rue du Quesnoy.

 Le N°123 est heureusement décrit dans l'annuaire Ravet-Anceau de 1938 comme faisant le coin de la Rue de la Poterne (et de la rue de Mons). C'est donc l'actuel N°83. "Good billets" (agréable cantonnement) effectivement, mais je continue de penser qu'à la libération de Valenciennes, ses habitants ont été heureux d'héberger au mieux leurs libérateurs.

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 Le journal de marche signale que le Général Horne remet symboliquement la ville de Valenciennes à son maire le 7 novembre, lors de la cérémonie où participe également le prince de Galles et le Général Currie, puis la venue du Président Poincaré le 10/11 et bien entendu la cessation des hostilités le lendemain.

Un aperçu des maisons qui font face au cantonnement et que n'auront pas manqué de voir les locataires du 123.

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 Cette extrémité de la "grande Rue de Mons" a considérablement souffert du bombardement par les troupes anglo-autrichiennes du duc d'York, lors du siège de 1793, puis de la démolition des fortifications qui s'élevaient à l'emplacement des actuels boulevards. Ce sont donc des maisons "bourgeoises" datant au plus de la fin du XIXe siècle.

Voici pour le plaisir la maison au N° 85, ornée de figures en relief :

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En tournant le coin, sur la Place Poterne, une maison de style régional :

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 Les soldats vont emprunter l'actuelle avenue de Liège pour gagner Obourg, à 7 km au nord-est de Mons le 17 novembre. Au début de cette avenue qu'auront emprunté tous les soldats se rendant en Belgique après la libération de Valenciennes, on peut également remarquer une maison dont le faîte du toit s'orne d'un oiseau attrapant un lézard :

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Vis-à-vis une autre façade s'orne de visages :

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10th Battalion, Canadian Engineers


 Le QG du Génie du 10e Bataillon Canadien fait mouvement le 3-11-1918 à 13h30 pour Valenciennes depuis Denain où il résidait au 27, Rue de Villers (sic), Rue de Villars en fait, du nom du Maréchal qui remporta la bataille dite de ... Denain le 24 juillet 1712. (NDA : la maison n'est peut-être plus la même, la notation peut avoir changé)

 Le QG arrive à Valenciennes à 15h30 ; sa localisation sur la carte 51aNE est alors E.15.b.1.1 (place de Famars), qu'il quitte le 4 novembre pour s'installer dans une maison du centre ville, au 2 rue du Béguinage (E.15.b.2.7), maison qualifiée de "Splendid Billets" (sic) La voici photographiée le 27 mars 2006.

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2, rue du Béguinage (réticule du haut sur la carte ci-dessous)

 
La localisation E.15.b.1.1 place le premier cantonnement sur l'actuelle place du Canada, alors place de Famars. (réticule du bas)

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 S'il s'agit bien de cette maison détruite en 1974 pour faciliter le passage de nos polluants véhicules, elle ne devait pas être moins confortable que la seconde, à moins qu'elle n'ait été endommagée par l'avancée des uns - qui firent pourtant preuve d'un maximum de précautions, visant à détruire le moins possible- et le recul des autres..

 La Rue du Béguinage tire son nom d'un institution qui permettait à des femmes d'adopter une vie religieuse en se dévouant au service des autres, sans prononcer de vœux ni abandonner leurs biens : les béguines, appartenant au Béguinage Ste Élisabeth, fondé en 1239.
Il reste non loin de là, parmi les plus vieilles rues de Valenciennes, l'Enclos du Béguinage où les habitations des béguines sont encore visibles :

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 A suivre ...............