1919 : Hopital Néerlandais de Valenciennes
C'est dans la presse locale de 1919 qu'un article du Grand Echo du Nord d'avril relate la création à Valenciennes d'un hôpital néerlandais.
Une page internet en néerlandais relatant le service d'une infirmière (Jannie Folmer) à l'hopital-ambulance hollandais situé dans les locaux du Pré Catelan au Bois de Boulogne (Paris XVIe) en donne l'explication : je traduis ici (texte en bleu) ce qui concerne l'implantation de ces services dans notre ville.
Fin de l'ambulance à Paris. Après l'armistice, l'hôpital [du Pré Catelan] a continué à fonctionner pendant un certain temps, mais le 15 janvier 1919, après plus de trois ans, l'ambulance néerlandaise s'est définitivement arrêtée. Le départ a été célébré le 28 janvier par un repas festif pour le personnel de l'Hôtel du Quai d'Orsay. Parmi les plus de 200 invités se trouvaient des membres de la colonie néerlandaise, des ministres et secrétaires d'État français, de hauts militaires, d'anciens hommes politiques, quelques écrivains. |
* Arius van TIENHOVEN Médecin néerlandais (1886-1965). Il avait précédemment servi comme chirurgien en Serbie durant la guerre des Balkans et la Grande Guerre.
Il est ici photographié à son retour aux Pays-Bas avec à ses côtés l'infirmière en chef Adrie SCHIPPER.
De Paris à Valenciennes. Il avait été décidé de ne pas emmener le matériel du Pré Catelan en Hollande, mais de le donner en cadeau à l'une des villes détruites du nord de la France, pour y installer un hôpital pour la population civile. Le choix s'est porté sur Valenciennes. Elle s'appellerait "Fondation Néerlandaise". Le personnel de l'ambulance parisienne se déplace et restera quelque temps à Valenciennes pour installer l'hôpital. |
Hospice Général [voir sur Monumentum]
A Valenciennes. Le colossal bâtiment carré, l'Hospice général de l'époque de Louis XV, [inauguré en 1767] qui était destiné à l'hôpital, avait servi d'hôpital pour les prisonniers alliés pendant l'occupation allemande. [voir] |
* Henri Wilhelm August DETERDING, né le 19 avril 1866 à Amsterdam et mort le 4 février 1939 à Saint-Moritz.
Au départ, l'argent a été collecté pour permettre à l'hôpital parisien de fonctionner pendant six mois. Les dons continuaient d'arriver et lorsque l'ambulance est partie [des Pays-Bas], le capital était déjà suffisant pour plus d'un an. La pérennité de l'ambulance a été assurée par un don de M. H.W.A. Deterding, qui a couvert les frais de l'ensemble de l'ambulance pendant un an. Henri Wilhelm August Deterding, l'homme qui a fait du groupe Royal Shell une entreprise mondiale, appelé par son biographe le "Napoléon du pétrole", était l'un des hommes les plus puissants et les plus riches de son temps. En juillet 1917, il se déclare même prêt à en supporter les frais jusqu'à la fin de la guerre, quelle qu'en soit la durée. De cette façon, la position financière de l'ambulance était assurée et le travail n'a pas dû être arrêté avant la fin de la guerre elle-même.
L'inauguration officielle du nouvel hôpital a eu lieu le 31 mars. Lors de l'inauguration, tous les membres de l'ambulance étaient présents, le sous-préfet [M. CAUWEZ] et le maire de Valenciennes [le Dr TAUCHON], un représentant du ministère néerlandais des Affaires étrangères, de nombreux politiciens et administrateurs régionaux et locaux français [dont le Dr de LAUWEREYNS, chef du service de santé], des officiers anglais, le consul néerlandais. Lors de cette inauguration solennelle, tout le matériel de l'ambulance a été officiellement remis à la Commission des Hospices de la Ville de Valenciennes. L'occupation de cet hôpital était composée de trois médecins, les Drs. Van Tienhoven, Eldering et Leyba, de M. Max J. Meijer comme administrateur, de Mme Van Bevervoorde-Van Rappard, directrice, de Mme Diephuis, chef de service, de 15 infirmières dont Mme Adrie Schipper comme infirmière-chef et d'un infirmier. Ils sont restés quelques semaines de plus, après quoi le personnel français a repris le service. |
Retour du personnel ambulancier aux Pays-Bas en 1919. Dans l'après-midi du samedi 19 avril 1919, à 5h38, l'ambulance néerlandaise fut accueillie de manière festive dans la salle d'attente de première classe de la gare centrale d'Amsterdam, décorée de fleurs.Lorsque les ambulanciers sont entrés dans la salle d'attente, un grand cri de joie a retenti, suivi d'étreintes et de larmes. Un chœur de femmes a chanté "Wien Dutch blood" et la "Marseillaise". Lorsque le calme est revenu, des discours ont suivi, dans lesquels les participants ont été remerciés pour la manière splendide dont le travail a été accompli dans des circonstances souvent difficiles. On se souvient également de l'importance que l'hôpital a eue pour les relations franco-néerlandaises. Au nom du gouvernement français, Van Tienhoven a pu promettre à toutes les infirmières la "médaille des épidémies", à son avis la plus belle médaille qui puisse être donnée à une infirmière en France. |
L'homme assis au milieu est le Dr VAN TIENHOVEN.
La sœur portant le numéro 16 est Adrie SCHIPPER ; au numéro 4 Margaretha PIMENTEL.
Avant de rechercher dans le Journal Officiel si la promesse faite envers les infirmières a été tenue, je fais part du désappointement de l'auteur de la page web sur le devenir de l'ambulance, sentiment peut-être partagé à l'époque.
Malgré la promesse solennelle du maire de Valenciennes de donner au bâtiment de façon permanente le nom de Fondation Néerlandaise (ou Fondation Deterding), ce ne sont pas les Pays-Bas mais Monaco qui est honoré en tant que reconstructeur du bâtiment en 1919. Entre autres avec une référence dans le nom de la rue : Avenue Monaco, et la section des enfants s'appelle Maternité Monaco. Actuellement, l'Hospice Général, le plus ancien monument de Valenciennes, est devenu [après restauration] un hôtel de luxe, avec spa et appartements. |
Les Valenciennois savent bien qu'il s'agit de deux bâtiments différents ; il est fort probable que le matériel laissé par le comité néerlandais a continué de servir dans ce qui était alors l"Hôpital Général", situé en centre ville, et qui a ensuite accueilli exclusivement des personnes âgées requérant des soins.
Il existe bien un hôpital subventionné par la Principauté de Monaco, dont une maternité édifiée en 1960, seule unité de soins à porter ce nom (et qui permet à bien des Valenciennois de se dire "né à Monaco"). Cet hôpital avait été décidé en 1913, pour remplacer l'Hötel-Dieu qui se situait Boulevard Saly.
Interrompue par la guerre, la construction n'a pu reprendre qu'en 1926 pour s'achever en 1934. Le nom de l'avenue a été donné en hommage à la principauté amie, marraine de Valenciennes, et qui avait fait don d'une somme importante pour la construction du nouvel Hôtel-Dieu.
Conseil municipal du 10/02/1921
(Un peu plus de la même somme en euros).
Avenue de Monaco et le nouvel hôpital
La recherche des médailles remises à des ressortissants néerlandais au titre de la grande guerre ne relève rien de spécifique à Valenciennes. On y trouve cependant le personnel qui a reçu la médaille d'honneur des épidémies pour ses services à l'hopital du Pré Catelan.
J'ai relevé les noms apparaisant dans les pages déjà citées, notamment à partir d'une photographie légendée provenant du même site. Cette liste n'est pas exhaustive, le poste occupé apparait parfois avec plus de détails.
Zuster (Soeur) | Docteur | Autres |
Broeder (Frère)
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Je n'en ai retrouvé que peu, mais la recherche dans les exemplaires du JO numérisés sur Gallica est délicate, la reconnaissance de caractères du journal y étant peu aisée.
La Médaille de la Reconnaissance Française de 1ère classe (vermeil) a été attribuée au JO du 6 mars 1918 à
TREUB (Hector), de nationalité hollandaise, docteur en médecine, professeur a l'université d'Amsterdam : a pris l'initiative d'envoyer une ambulance néerlandaise en France (ambulance du Pré Catelan), membre de tous les comités en faveur des œuvres françaises en Hollande.
La médaille de bronze a été attribuée (JO du 15/11/1915) à OBREEN Jacoba :
que l'on retrouve dans la liste ci-dessus
La première Médaille des Epidémies est remise à titre posthume ; le journal l'Exelsior du 27 mai 1918 nous apprend le décès de :
Mme J DOORENBOS, née de GROOT, médecin à l'hôpital bénévole néerlandais du Pré-Catelan, morte à l'age de 27 ans, à la suite d'une maladie contractée dans l'exercice de ses fontions.
La médaille de vermeil lui est remise le 12 juin :
Peu de noms coïncident avec l'un de ceux cités précédemment :
Mais il y a d'autres noms relatifs au Pré Catelan :
de LEEUW Denis, Médaille d'argent de la Reconnaissance Française (JO du 21/12/1920)
KOPPESCHAAR Anna Maria Clasina, Médaille de bronze de la Reconnaissance Française (JO du 02/04/1919)
WOLFF Jacob Pinéhas, Médaille de bronze de la Reconnaissance Française (JO du 21/02/1921)