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Les civils du Valenciennois dans la Grande Guerre 1914-1918
25 septembre 2020

1918 Repli du 359e RI allemand à l'est de Valenciennes.

 Comme je l'ai déjà fait pour le 55e Régiment d'infanterie de réserve, je transcris ici les derniers jours du 359e Régiment d'infanterie lors de la retraite (puis son retour en Allemagne). Comme beaucoup de régiments, il était d'abord prévu qu'il s’appuie sur des lignes "préparées à l'avance" :
la Hermann-Hundig Stellung (en bleu ci-dessous) qu'il ne fera que traverser.
La position de défense la plus reculée était la ligne Antwerpen-Maas qui joignait Anvers à la Meuse, en rouge sur le croquis allemand ci-dessous qui la donne atteinte au jour de l'armistice. Pourtant les unités qui passent par et aux environs de Valenciennes, poussées par l'armée britannique dont les Canadiens, ne dépasseront pas Mons le 11 Novembre à 11h.

Deutsche_Stellungen_1918

 
 A la lecture de l’historique du 359 régiment d'infanterie édité en 1922, on constate une fois de plus un retour "tranquille" mais organisé, avec armes et bagages (de lourds chariots), à travers la Belgique en direction de la frontière allemande que le régiment, ou du moins ce qu’il en reste, atteint à marche forcée le 23 novembre. La traversée ensuite des villes allemandes sera "festive" sinon triomphale. Édité juste après la guerre, l'historique n'a pas cependant l'accent revanchard, voire très politisé, de ceux qui seront édités dans les années 1930.

 

biwak retraite
2 photos non localisées de la retraite en Belgique (source)

 

8 Octobre 1918
(.......)

79 extrait


(.......) Grâce à la défense héroïque et à l'excellente coopération de toutes les armes, le gain de terrain de l'ennemi en ce jour de combat colossal est relativement faible, et la percée espérée de notre front n'est une fois de plus pas atteinte. Cependant, nos forces limitées ne sont plus suffisantes pour une plus longue défense.

 

Combats devant et dans la ligne de défense Hermann.
(du 9 au 23 octobre 1918.)


9 Octobre : La division est retranchée sur la position peu développée «S III» au sud-ouest de Carnières (7 km à l'est de Cambrai). Le désengagement passe inaperçu de l'ennemi. Les restes des 3 régiments 359, 394 et 4 sont regroupés en un seul et même régiment et renforcés par les recrues du dépôt de recrutement de la division.
 Ceux qui sont pris au piège anglais à Forenville [S-O Cambrai] se dégagent à 4 heures du matin, laissant derrière eux les blessés, dont le lieutenant Krotki*.
 L'ennemi, qui avait pilonné les positions déjà abandonnées au lever du jour, hésitait à s'approcher de notre nouvelle ligne et s'était retranché devant elle. A 10 heures du soir, la 206e I.D. se retire, tandis que le front recule ; l'infanterie et les régiments combinés s'installe à la position reconnue par la 208e I.D. à Saulzoir, à 17 km au nord-est de Cambrai. Nous y trouvons du logement sur place.

10 octobre : Le régiment 359 est tactiquement divisé en 3 compagnies d'infanterie (1 de chaque Ier, IIe et IIIe bataillons.), 1 M.G.K. et 1 M-W-K, avec 1 état-major de bataillon (IIIe btn.). Sur le plan organisationnel, les anciennes compagnies existent toujours. Le commandement de toute l'infanterie passe aux commandants régimentaires de la division.

11 octobre : Déploiement à 16 heures au sud-est de Saulzoir ; déploiement en couverture à 17 heures en avant de Haspres. 11h30 départ pour Verchain, 11 km au sud de Valenciennes.

12 au 19 octobre : La Division est le Corps de Réserve du XIVe Corps de Réserve. Hébergement des bataillons combiné du 359 : le 14 à Verchain, jusqu'au 17 à Vendegies, les 18 et 19 à Villers-Pol, car les divisions de front sont en position sur la ligne Hermann. Le 14, le IIe btn. est dissous et réparti dans les Ier et IIIe.

20 au 22 octobre : La division est la réserve de l'armée. Logement du 359e régiment à Erquennes -à 7 km au nord de Bavai- juste au nord de la frontière franco-belge. La relève arrive le 22.

23 octobre : Départ pour Sebourquiaux (9 km à l'est de Valenciennes) en tant qu'élément d'intervention.

 

Carte A
Les n°s sur la carte correspondent à la chronologie et non aux dates.

 

Bataille de Valenciennes
(24 Octobre -4 Novembre 1918)

24 octobre : La division est à nouveau placée sous l'autorité du XIVe Corps de réserve. 9 heures à Préseau (6 km au sud-est de Valenciennes), 13h30 à Maresches (3 km au sud). 20 heures déploiement à Villers-Pol (10 km au sud-est de Valenciennes), qui devient la ligne de front le 25.

25 octobre au 2 novembre : opérations à Villers-Pol.
Disposition : Ier Bataillon à droite (lisière nord de Villers-Pol) avec les 1er et 2e comp. en première ligne, IIIe à gauche (lisière ouest) avec les 12e et 9e comp. Le tir de harcèlement ennemi augmente de jour en jour en vivacité et est fortement soutenu par sa propre artillerie en prévision de nouvelles attaques importantes.
Le 29, les signes de l'attaque imminente se multiplient. Les patrouilles sont très actives des deux côtés. Pendant le raid aérien, le 3e Compagnie de mitrailleuses abat un avion ennemi. Départs quotidiens en raison de la grippe.
Au petit matin du 1er novembre, l'ennemi avance immédiatement à droite de la section régimentaire après avoir soudainement déclenché un feu d'enfer et gagne temporairement du terrain.
Pendant la journée, plusieurs contre-attaques avec des succès variables. Le 1er btn du 394e est subordonné au régiment comme protection du flanc droit.
Le 2 à 6 heures du matin, l'attaque est renouvelée. Comme l'aile droite du régiment est sans appui, elle est temporairement repliée, mais repoussée vers l'avant après que l'espace ait été comblé par le Ier bataillon du 394e régiment.


3 novembre : Les bataillons se retirent de nuit derrière la route Jenlain-Orsinval et creusent des tranchées. Les patrouilles d'officiers qui restent en contact avec l'ennemi sont repoussées à midi. Lorsqu'un tir d'annihilation est nécessaire pour repousser l'ennemi, notre artillerie tire sur sa propre ligne de front.


4 novembre : L'ennemi renouvelle l'attaque à 6h30 du matin. Après un court et lourd bombardement destructeur, il avance sous un écran de fumée. Nos propres tirs d'artillerie s'abattent à nouveau, malgré les rapports répétés, en partie sur nos positions, de sorte que les chefs de compagnie peuvent difficilement maintenir leurs hommes rassemblés. L'ennemi pénètre à la limite de la jonction des deux bataillons, et contourne les compagnies qui font front et se défendent jusqu'à la dernière cartouche, ou se constituent prisonniers. Pendant la journée, les survivants arrêtent la progression de l'ennemi au nord et au sud de Wargnies-le-Petit.

 

 

Combats de repli devant la ligne Anvers-Meuse.
(du 5 au 11 novembre 1918.)


5 novembre : Le front de la division est ramené sur la ligne Bellignies-St. Waast, à 3 km au nord-ouest de Bavay. Le Regt. 359 est en réserve de la division à Bellignies. A partir des restes du régiment d'environ 100 hommes, un bataillon est formé de deux compagnies. Le soir, occupation des nids de mitrailleuses comme protection de l'infanterie.

6 novembre : Le bataillon combiné 359 est tactiquement subordonné au 4e. 10 heures du soir, retraite vers une nouvelle position à Hergies, 4 km au nord de Bavay .

7 novembre : L'opposant ne suit pas. Le soir, retraite sur la ligne Blaugies-Ruinsette, à 8 km au nord de Bavay, maintenant enfin sur le sol belge.

8 novembre : Patrouilles. Dans la soirée, repli de 15 km vers Hyon, à 1 km au sud de Mons.

9 novembre : La journée se déroule dans le calme. Ce n'est que le soir que l'ennemi réapparaît devant le front.

10 novembre : Journée de repos. Le soir, 11 km de retraite vers Thieu, 10 km à l'est de Mons. La patrouille d'officiers reste en contact avec l'ennemi.

11 novembre : Patrouilles et affrontements entre avant-postes. Les combats cesseront à midi [heure allemande]. L'armistice entre en vigueur.

 

Carte B
Les n°s sur la carte correspondent à la chronologie et non aux dates.

 

 Du cessez-le-feu à la démobilisation.
(du 11 novembre au 22 décembre 1918.)


Du 12 au 23 novembre : retour à la frontière allemande par temps sec et ensoleillé.


Le 12, retraite anticipée depuis la dernière position et marche (de 13 km) vers Familleureux,
Le 13, marche le long de la ligne Anvers-Meuse jusqu'à NivelIes (13 km),
Le 14, vers Ottignies, à 25 km au sud-est de Bruxelles (22 km).
Le 15, les restes du 3e bataillon stationnent comme garde de chemin de fer, le personnel des régiments et le 1er Btn. marchent vers Longueville, 6 km à l'est de Wavre (11 km).
Le 16, l'état-major du régiment et le 1er Battalion atteignent Merdorp, à 12 km au sud-est de Jodoigne (23 km), le 3e Btn. est à Glimes, à 5 km au sud de Jodoigne (27 km).
Le 17, le régiment est réuni à Latinne, à 30 km à l'ouest de Liège (marche de 15km pour le 1er Btn, de 30 pour le 3e).
Le 18 marche vers Verlaine, 18 km à l'ouest de Liège (13 km),
Le 19 le personnel et le 3e Btn sont à Seraing (17 km), le 1er à Angleur (23 km) comme garde du dépôt.
Le 20, marche vers à Pepinster (26 ou 20 km). Le 3e Btn et des éléments du 1er y restent jusqu'au 22 comme protection ferroviaire le long de la ligne Pepinster-Verviers, le reste marche et se trouve
Le 21 à Limbourg (14 km), où le 22 est jour de repos.
Le 23 Novembre 1918 à 10h40 du matin, entre Limbourg et Eupen, la frontière allemande [de l'époque] est atteinte.

 

Carte C
Les n°s sur la carte correspondent à la chronologie et non aux dates.

Du 23 novembre au 4 décembre :


Le 23 marche vers Rötgen, à 12 km à l'est d'Eupen (marche de 27 km),
Le 24 par un léger gel sur les Hautes Fagnes arrivons à Gey, à 8 km au sud-ouest de Düren (26 km),
Le 25 à Hochkirchen (20 km),
Le 26 à Brüggen (15 km). Les soldats originaires de la rive gauche du Rhin sont renvoyés dans leurs foyers.
Le 27 marche à Hermülheim (9 km).
Là, le 28, jour de repos, ont lieu les préparatifs pour la marche à travers Cologne en grande tenue.
Le 29 au matin, traversée de Cologne décorée de façon festive, passons devant le commandant de la division et traversons le pont du sud (suspendu) [Hindenburgbrücke ensuite] sur deux colonnes côte à côte pour rejoindre la 17e armée.

Pont Cologne
Passage du pont de Cologne


Logement local à Untereschbach (27 km de marche).
Le 30 marche vers Forsten (28 km),
1er décembre à Klüppelberg (24 km),
Le 2 à Altena (33 km),
Le 3 à Werl (40 km).


Du 4 au 8 décembre : repos à Werl.
Le 5 à midi, défilé du régiment devant Herr Oberst von Wurmb et discours du commandant : Reconnaissance du bon esprit et de l'ordre impeccable pendant le retour, approbation des officiers et des hommes devant être libérés.

9 au 19 décembre : jours de repos à Neheim. Une compagnie régulière "J.R. 359" est constituée, composée des plus jeunes (nés en 1896-99) et de certains volontaires et soldats confirmés
Les autres hommes sont libérés.
19-22 décembre : transport ferroviaire du matériel et du personnel vers Küstrin. Transfert des dossiers et du bataillon de remplacement au 48e régiment d'infanterie.
22 décembre : La compagnie régulière est dissoute à Küstrin et versée au bataillon de remplacement.

 

Carte G

 Pertes des combats autour de Valenciennes et retraite de novembre
(du 24 octobre au 11 novembre ).

Tués : le lieutenant Boelke* et 6 hommes ;
Blessés, disparus ou capturés : 6 officiers et 192 hommes.
Pertes totales : 205.


Pertes totales du régiment pendant la guerre mondiale :
7264 officiers, sous-officiers et hommes du rang.

 

 

 * Le lieutenant KROTKI Franz, 5e compagnie, né à Berlin le 10/04/1889 a d'abord été signalé disparu, puis légèrement blessé et prisonnier.
Les archives du CICR révèlent un peu plus d'information : blessé au coté et au cou et fait prisonnier le 9/10 à Cambrai. Renseignements communiqués à la famille le 26/12/1918.

 

 *  Le lieutenant BOELKE Hermann signalé tué entre le 24 oct et le 11 nov est probablement celui inhumé au cimetière de Frasnoy (Nord) Carré 10, tombe 10 ; la date de décès indiquée est le 30/10/1918

BOELKE Hermann
Photo perso

 

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