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Les civils du Valenciennois dans la Grande Guerre 1914-1918
19 août 2016

Autour d'une affiche à Valenciennes

 entete

     Ainsi commence l'article de la "gazette régionale" de la Gazette des Ardennes. Voici l'affiche en question :

Valenciennes 19160630 c
Théâtre Municipal de Valenciennes
Samedi 1er juillet 1916
Spectacle du théâtre municipal d'opérettes de Leipzig
Direction: Joseph Gross

"Cher Augustin"

Operette en 3 actes de Rudolf Bernauer et Ernst Welisch
Musique de Léon Fall

 

 L'article continue ainsi :

Un rassemblement ne tarde pas à se former. Des hommes et des femmes sont arrêtés devant la dite affiche à laquelle ils ne comprennent qu'une chose : c'est qu'il y aura une représentation au théâtre de Valenciennes, le samedi 1er juillet 1916 et qu'on y jouera une opérette.

Les conversations vont leur train :

- " Si ce n'est pas honteux de faire du théâtre en temps de guerre !" dit une pâle jeune fille d'une vingtaine d'années.

- "Oui, à l'heure même ou se font tuer nos maris, nos fils, nos enfants !" ajoute une femme .

- "A eux aussi, on tue des hommes et ils pourraient bien se dispenser, il me semble, de donner en spectacle des pièces à rire, quand il y a tant à pleurer pour tout le monde !" conclut un monsieur âgé.

Son observation tombe comme une sentence et tous de l'approuver du geste et de la parole .
Ils ne savent donc pas qu'à Paris, qu'à Marseille, qu'à Bordeaux, que dans toutes les grandes villes de France enfin, les cafés-concerts, les bals y sont ouverts, et qu'on y joue, et qu'on y chante et qu'on y danse ?

Ils ignorent que nos soldats prisonniers en Allemagne, ont installé des théâtres dans les camps, fondés des musiques et des chorales, et qu'ils s'amusent, eux aussi, à jouer, à chanter et à danser pour tuer le temps ?
Ou serait-ce qu'ils raisonneraient de parti-pris, avec la Haine plus aveugle encore que l'Amour ?
L'ignorance ou le parti-pris de cette foule à laquelle nous sommes mêlés nous fait pitié et résolument, nous prenons à coeur de lui apprendre, de lui ouvrir les yeux à une plus juste réalité, à un jugement meilleur. Nous lui disons tout cela, à ce troupeau de Panurge dont les "Mauvais Bergers" exploitent la naïveté et la bonne foi, depuis près d'un demi-siècle, dans les journaux, dans les livres, dans les conversations, dans tout et partout ... jusque dans l'histoire.

Et ces hommes et ces femmes qui nous écoutent, bouche bée, les yeux écarquillés de l'étonnement qu'ils ont d'apprendre ce qu'ils ne savaient pas, et le monsieur âgé semble dépité quand, à notre tour nous laissons tomber cette sentence :

"En septembre 1812, les Français parvenaient à établir un théâtre à Moscou, échappé à l'incendie, et l'on y jouait la comédie avec des acteurs français et italiens qui furent payés pour six mois, cela afin de faire croire aux Russes que nous étions disposés à passer l'hiver dans cette ville."

Ce que les Allemands font en 1916, nous l'avons fait il y a un peu plus de cent ans, et si vous en doutez, c'est écrit en toutes lettres, dans les "Mémoires du sergent Bourgogne" mort adjudant de place le 15 avril 1867, ici même, dans la bonne et franque ville de Valenciennes

Vous le voyez, rien n'est nouveau sous le soleil ...

      Je ne commenterai ni le ton ni cet article, ne sachant si le rédacteur était sur place, ni même s'il s'est exprimé, ce dont je doute fortement ..... "Das ist Propaganda".

     Il cite Adrien Jean-Baptiste François Bourgogne, né le 12 novembre 1785 à Condé-sur-l'Escaut, décédé le 14 avril 1867 à Valenciennes et inhumé avec son épouse au cimetière St-Roch :

stele B

Militaire français des guerres de l'Empire, célèbre pour ses mémoires sur la campagne de Russie. Le livre est disponible sur Gallica, en voici le passage cité :

 MSB

 

    L'auteur - pour amadouer le lecteur ? - fait également allusion au chroniqueur Jehan Froissart, né à Valenciennes vers 1337, qui disait :

Si aucun quiert qui je suis, je m'appelle Jehan Froissart, natif de la bonne et franke Valenciennes.

     La pièce, créée en 1912 fut bien entendu jouée comme beaucoup d'autres ; en voici un extrait : "Lass dir Zeit" (Prenez votre temps), chanté par Franz Fehringer vers 1950

 

 

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